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[RP] Le rapt d'une Hirondelle.

Isaure.beaumont
-Hors de question, Cazayous. Vous n'avez que trop épuisé cette identité. D'ailleurs, je n'ai rien d'une écuyère, ni d'une castillane. Et quel homme sensé s'embarrasserait d'une écuyère avec un enfant ! C'est illogique, vous êtes illogique. Elle lui tourna le dos un instant, histoire de réfléchir encore un peu à cette identité qui ne la trahirait pas. Ici je serai…

Et tandis que les méninges isauriennes s'activaient, dans son dos l'on armait la terrible machine. L'effroyable vacarme du boulet détruisant son coche manqua de la faire mourir. Quelque peu remise de ses émotions, la jeune femme se retourna et constata les dégâts.

-FINN ! FINN ! MAIS QU'AVEZ-VOUS A LA PLACE DE LA TETE !!! MON COCHE ??! SAVEZ-VOUS COMBIEN CELA VA ME COÛTER ??? QUE VAIS-JE DIRE A JUDAS QUAND IL DEVRA REMBOURSER AU LOUEUR CE COCHE !!! MAIS VOUS VOULEZ MA MOOORT !!!! QUEL PIETRE AMI VOUS FAITES !!!

Elle gesticulait dans tous les sens, la figure rougie par la colère qui s'emparait d'elle.

-VOUS AURIEZ PU NOUS BLESSER. PIRE ! NOUS TUER ! TOUS !

Les yeux se posèrent alors sur Marzina dans les bras de laquelle son fils ne se trouvait plus. Instant de panique, avant d'apercevoir enfin Béatrice, chargée de l'enfant, s'avancer vers elle. Elle s'avança à sa rencontre, et rassurée, pressa ses lèvres contre le front froid d'Amadeus.

-Oui, vous avez raison, Béatrice. Conduisez-le à l'intérieur. Demandez à cette fichue nourrice de lui faire préparer une bouillie et qu'on le mette au lit. Les derniers jours ont dû être éprouvants pour lui. J'ai encore quelques affaires à régler avec… nos hôtes.

Et tandis que sa compagne de voyage s'éloigne avec son fils, elle se tourne vers les protagonistes restant.

-Je croyais qu'avec l'âge, l'homme s'assagissait. Bon dieu Finn, vous êtes vieux et vous êtes toujours si… si… !!!


Elle s'avança vers les ruines de son coche, et commença à s'appesantir sur son malheur. Comment expliquerait-elle à Judas qu'il lui faudrait rembourser un coche que Finn venait de détruire sur les terres de sa bretonne fiancée quand elle avait promis de ne pas se rendre en Bretagne, ni de rencontrer Finn.

Elle resta là en silence, les bras ballants.

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Finn
Les décibels ont monté d'un cran, tout à coup. À tel point que l'Irlandais ne s'entend même plus gueuler sur les servants responsables de ce fiasco. D'abord le morveux, dont tout être sensé aurait anticipé la frayeur, puis la mère. Marzina, elle, semble étrangement ravie de lui reprocher la destruction du carrosse. Sans se préoccuper outre mesure du chaos ambiant et du tumulte qui sévit autour de lui, Le Gaélique continue tranquillement de touiller du doigt le contenu de son godet, à la recherche de nouveaux débris. Certains font retraite pour trouver refuge au château, il lève alors un sourcil perplexe puis tourne finalement la tête vers une Miramont en pleine crise d'hystérie.

En bon amateur de devinette, il se prête au jeu.


- « Si... Sirupeux. »

Oui, c'est un mot qui lui plaît « sirupeux », même si Isaure préférerait peut-être « siphonné ». Mais elle lui a laissé le choix alors c'est lui qui décide. La Wagner allant se recueillir sur les décombres de son défunt moyen de transport, le Frisé en profite pour voler un baiser aviné à sa désormais seule voisine de table. La véritable responsable du désordre engendré, en fait. Et décidé à apaiser les tensions, il passe un bras autour de ses épaules pour réchauffer sa promise tout en s'adressant à sa visiteuse.

- « Miramont, je comprends votre colère. Vous venez de subir un accident... » La barbe se fend d'un odieux sourire en coin. « Un terrible accident de la route qui a failli coûté la vie à votre bambin. Qui doit-on alors blâmer ? Les chemins bretons sur lesquels vous n'avez pas posé l'ombre d'une poulaine, l'Irlandais que vous n'avez jamais retrouvé, ou l'époux qui vous a envoyé vous et votre fils dans un pareil cercueil ? »

Son sourire disparaît au profit d'une gorgée de vin, dont il se pourlèche les babines.

- « Quel genre de père est assez négligent pour faire voyager son fils dans un coche aussi mal entretenu ? Quel genre de père est assez pingre pour ça, hein ? Non mais dites-moi. »
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Isaure.beaumont
Ne me parlez pas de Judas. Siffla-t-elle entre ses dents dans le même temps qu'elle se retournait vivement vers Finn. S'il y avait bien une chose pour l'énerver plus qu'elle ne l'était déjà, c'était bien de lui parler de cet époux violent à qui elle désobéissait délibérément pour satisfaire le présent irlandais. Son regard bleu se posa sur le responsable de tous ces maux: Finn. S'il ne l'avait pas invitée à ses noces, jamais elle n'aurait envisagé de venir en Bretagne, alors jamais Judas ne se serait défoulé sur elle, ni même ne l'aurait séquestrée quelques jours à Verneuil. Et l'envie de lui rendre coup pour coup fut si forte qu'elle ne sut y résister. Et de ses petits poings rageurs, elle tenta de meurtrir Finn. Un coup pour tous ceux qu'elle avait reçu. Un autre pour tous les jours qu'elle avait passé à attendre, enfermée dans son manoir vernolien. Un troisième pour avoir détruit le coche. Un quatrième parce qu'il avait le malheur d'être Finn. Et tous les autres, parce que mine de rien, ça défoulait bien.
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Finn
Quelle violence…

Montrez-vous serviable. Faites preuve de charité avec l’âme en détresse. Partagez avec elle votre précieux savoir-faire, votre art du mensonge. Sortez-la du pétrin. Allez-y, soyez un ami et voilà comment l’on vous remercie : par des coups. Une volée de petits poings hargneux qui s’abattent sur vous comme autant de raisons de cracher à la gueule de son prochain, à l’avenir. Et on s’étonne encore que l’Irlandais soit l’incarnation la plus crasse du misanthrope ? Certes, il l’était probablement déjà aux origines. Sur le paillasson de son existence. Voire même dans le vestibule, avant d’enfiler son manteau, si l’on se rappelle avec quelle sauvagerie l’enfoiré s’extirpa des entrailles de sa pauvre mère, au point de la laisser pour morte afin de mieux vivre. Et vivre, il l’a fait, souvent au détriment des autres. S’il pouvait vous dérober votre air pour se remplir les poumons avec, l’infâme sal
opard le ferait sans tousser. D’ailleurs, il vous pompe souvent l’air.

Pour l’heure, le fils d’Erin se garde des coups portés à son intégrité, bras levés, et hèle les soldats s’étant mis à prier pour tenter d’éviter le gibet suite à leur bévue.


- « Je crois qu’il est temps d'escorter Madame Wagner à sa chambre ! » Un coup qu’il n’aura pas anticipé, grimace et grogne. « Et abattez-moi ces maudits chevaux, on s’entend plus souffrir ici ! »

Miramont n’en aura plus l’usage, écrasés qu’ils sont sous la carcasse dévastée du coche et avec juste ce qu’il leur reste de force pour hurler à la mort. Certains gardes enfoncent leurs lances dans les poitrails des bêtes agonisantes, d’autres bravent la violence des coups pour écarter la furie de leur futur Baron et la conduire à ses appartements. Une chambre que l’Insulaire a pris soin de faire décorer de bleu et de jolis rubans à la gloire de son hôte. La pièce est en parfaite harmonie avec la couleur qu’elle vient de donner à ses avant-bras, finalement.

Le soir venu, les protagonistes de cette journée éprouvante sont conviés à la grande table. Lui dînant en tête-à-tête avec sa promise, quand à l’autre bout se réunissent Miramont et ses demoiselles, les deux groupes étant retranchés à une extrémité opposée et séparée par la ligne Maginot formée par salière, poivrière et corbeille de pains. Ainsi s’entame le repas, chacun attendant les mets dans un silence de veillée funèbre. Ambiance que ni l’âtre ni l’arrivée du personnel, les bras chargés de plats encore fumant, ne parvient à réchauffer.

Un plateau décoré d’une énorme tête de cheval, langue tirée, atterrit sur la tablée. Ó Mórdha y a tenu, tous pourront goûter la viande rôtie des défuntes montures du coche.


- « Je déteste le gâchis. », déclare-t-il avant de s’enfourner un morceau de jarret.
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Marzina
Un accident...Comme si elle ne l'avait pas vu arriver tiens! Loin de se sentir coupable pour avoir offert cet engin de destruction à son futur mari, la bretonne se félicite surtout d'avoir indiqué à Finn avant la destruction du coche qu'il serait responsable financièrement de tous les dégâts qu'il causerait. Et ça, c'était l'expérience qui parlait, à force de côtoyer un radin pareil, elle finissait par acquérir des réflexes pingres à son tour. L'élève déjà était en passe de dépasser le maître!
Petit moment de panique quand Marzina se rend compte que l'enfant a disparu...avant de rapidement le voir dans les bras de sa nourrice. Ah. Bon. Tout va bien alors.
Regard en coin au monstre miniature, pendant que la blonde essaie de faire le point: est-ce qu'elle est déçue ou soulagée que la gueuse lui ait arraché l'abominable baveux des bras? Alors que la mère de ce dernier explose sur Finn, l'Altesse a décidé: elle est soulagée...ET déçue. Elle a même pas eu le temps de dépasser le stade de la panique!

Voyant qu'une bagarre se déclenche entre l'invitée et l'Irlandais, la blonde se trouve à nouveau en plein dilemme. En profiter pour rentrer discrètement au chaud et se taper la cloche en douce, ou rester observer un peu la baston parce que c'est le truc le plus excitant auquel elle ait assisté depuis le début de sa grossesse? Finn lui a retiré son seul loisir, l'équitation, et l'Altesse compense par la nourriture et mettre le bazar partout où elle passe (on s'amuse comme on peut!). Mais bientôt, l'Irlandais lui vole ce choix, hélant les gardes pour calmer la jeune mère. Soupir désabusé de la blonde qui rentre en trainant les pieds pour se jeter sur quelques chouquettes, non sans préciser à l'infâme au sujet des chevaux:


"Faites pas ça dans la cour, y'en a assez des détritus que vous avez causé sans que vous y rajoutiez une mare de sang! Ca va puer, faites ça dehors ou vous nettoierez vous-même avec vos grosses pattes velues!"

Et d'enfoncer rageusement les mains dans les poches de sa cape en ronchonnant avant d'aller rejoindre un bon feu de cheminée. Seule la nourriture pouvait encore améliorer l'humeur massacrante de la maîtresse des lieux, et ceux qui la connaissaient savaient parfaitement qu'il ne manquerait plus qu'une goutte d'eau dans ce vase empli de mauvaise humeur hormonale pour qu'elle reprenne les rênes de son petit monde et foute tout le monde dehors à coup de pied au cul, à commencer par Finn. Et pour lui, les coups de pied au cul se feraient à coup de soleret pointu.

Fort heureusement, les gens de l'Altesse avaient prévu l'aggravation de l'humeur à l'arrivée d'invités et à l'approche du mariage, et quelques chouquettes avaient été savamment égrainées jusqu'à sa chambre (à moins que ca ne soit Finn qui les ait commandées, l'enflure avait découvert son point faible et s'en servait odieusement pour échapper aux châtiments bien mérités). Aussi arriva-t-elle détendue dans sa chambre où elle se mit à pioncer, avant qu'on ne la réveille scandaleusement. Môsieur avait décidé de manger, alors il fallait qu'il réveille tout le monde!

A pas lourds, la blonde se ramène dans la salle en fusillant Finn du regard. Attendant la nourriture sur le pied de guerre, le service n'allant pas assez vite, la bretonne détruisit la fragile frontière en engloutissant le pain, créant sans vergogne une brèche dans la muraille. Voyant arriver les plats, elle se redresse, le nez princier se lève pour tenter d'apercevoir le menu du jour...et manque s'étrangler en voyant la tête d'un cheval sur un plat.


"M'enfin, c'est pas famine! S'il n'y avait plus de viande, il y a pléthore de poisson, pas besoin de dégommer les montures, mallozh doué*!"

Le nez se fronce tandis qu'elle dévisage l'équidé qui lui fait de l'oeil (qu'il a unique maintenant). Mais la faim tiraille l'estomac de l'engrossée. La faim, et la nausée maintenant aussi. Le cheval cuit et la blonde affamée s'affronte un instant du regard. Une fourchette se plante alors dans la chair de l'animal qu'elle déchire et observe avec un air décidé, déclamant comme pour se convaincre elle-même:

"C'est pas du gâchis, c'est du hachis."

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*malédiction de Dieu
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Isaure.beaumont
-Assassin, assassin de chevaux !

La nouvelle du sacrifice équin raviva la colère de la jeune femme. Solidement escortée par quatre gardes qui étaient venus au secours de l'irlandais, elle tenta de se défaire de leur poigne.

-Lâchez-moi ! Je sais encore me tenir !

Le regard était noir, les lèvres pincées et la mine sombre. Toujours encadrée par les gens d'armes de Quiberon, elle s'éloigna, se retournant parfois pour regarder Finn, marchant alors à reculons. Elle vit les gardes encercler les bêtes agonisantes et alors que les lances s'enfonçaient dans les chairs, elle se retourna vers le château, hâtant le pas, la tête rentrée dans les épaules et les mains plaquées sur les oreilles pour s'empêcher d'entendre les hurlements de détresse de chevaux qu'on achevait.

La chambre, décorée en son honneur, ne parvint pas à lui arracher un sourire. Elle s'installa dans un silence pesant que seuls les rires ou pleurs de son fils, s'élevant de la pièce voisine, venaient troubler. La tenue de voyage fut quittée pour le confort d'une robe d'intérieur, bleue. A peine eut-elle fini de se coiffer que le dîner fut sonné. Si la faim ne l'avait pas tenaillée, elle serait restée enfermée dans sa chambre.

Seule en bout de table, bien droite sur sa chaise, Isaure ruminait. Amadeus dormait sagement, sous la surveillance de sa grosse nourrice vernolienne. Béatrice était restée dans sa chambre, trop lasse pour avoir le courage de venir manger. Le regard froid errait d'un tableau à une chaise, d'une chaise à la cheminée, de la cheminée à un domestique, d'un domestique à Marzina et enfin de Marzina à Finn. Les mâchoires se serraient à cette vision. Et aussitôt, elle détournait le regard et balayait de nouveau la pièce. Plutôt restée seule et muette que d'adresser la parole à Finn, coupable de bien trop de choses.

C'était sans compter sur l'arrivée des plats. Ce fut d'abord l'odeur qui vint lui chatouiller les narines, la faisant saliver d'avance. Mais si le nez fut séduit par le délicieux fumet, le spectacle visuel n'emporta pas le même succès. L'horreur se peignit sur les traits isauriens. L'ultime affront.

Les yeux se rivèrent alors sur Finn, et s'ils avaient pu lancer des éclairs, Finn aurait été foudroyé instantanément. Les poings s'enserrèrent autour de la nappe et les mâchoires se contractèrent.


-Je vous hais, siffla-t-elle, suffisamment fort pour que cela puisse être entendu par ses hôtes.



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