Comment ça, il sort pas ? Non mais vous allez le faire sortir, oui ?! C'est votre travail d'accoucheuse, ça, non ?! Aaah, bon sang !
Bon.. Inutile de lui hurler dessus. Si jamais elle n'y arrivait pas.. C'est que le bébé se présentait mal, et/ou qu'Asami n'avait plus la force de le faire sortir. Si la mère avait été tendue, contractée, que la grossesse c'était pas super bien passée, alors oui, on pouvait craindre des complications. Et si l'autre restait à se plaindre que ça sort pas, alors le saignement terminerait cette histoire d'une funeste façon.
Bref, si on peut pas catapulter le bébé assez fort pour qu'il passe la porte, faut lui ouvrir la porte. Maintenant, le coté amusant c'est d'aller expliquer à des japonais que j'allais devoir pratiquer une opération expérimentale sur une femme, alors même que j'étais pas sensé la toucher.
Et ça c'était dans l'optique ou je passerai pas déjà pour un fou en parlant de césarienne.
Je méditais dur, il faut bien le dire, en rongeant mon frein. Aussi lorsqu'on me laissa entrer, c'était un peu comme le « Pan ! » sensé lancer les coureur du marathon. Autant dire qu'elle avait à peine terminé sa phrase que j'étais déjà dedans, a refermer la porte. Sauf que j'avais strictement rien fais de ce qu'elle m'avait demandé. Je regardais déjà Asami, la forme de son ventre..
Pendant une seconde, j'avais été le centre de l'attention : « Oh, un homme », ça avait été la seconde du médecin pour comprendre ou on en était : au point mort.
« Restez éloigné et guidez-nous » ?
-Non.
Le ton de ma voix était doux et froid en même temps. C'est à dire qu'en même temps, on aurait pu croire que je m'adressais à une enfant.. Et d'un autre coté, j'aurai pu concrètement lui dire « Va te pendre à Pékin » que ça aurait été pareil.
Je remontais mes manches en posant ma trousse au sol, avant d'attacher ces dernières pour qu'elles ne retombent pas, m'accordant une liberté de bras totale. Puis je fixais une broche sur mon écharpe pour qu'elle ne glisse pas avant de vérifier que mon catogan tiendrait bien.
-Apportez-moi.. De l'eau chaude, des linges propres, du saké, et faites chauffer un jeu d'aiguilles.. Allez !
J'étais visiblement le seul à savoir quoi faire et à parler avec assurance et gravité. En fait, je ne tolérais pas la moindre objection. Je posais les yeux sur cette Ria qui m'avait demandé de rester en retrait.
-Concrètement voilà : si le bébé ne sort pas, Asami mourra. Si on prend la journée pour le faire, Asami mourra. Si vous comptez sur Asami, fatiguée et au bord de l'inconscience pour accoucher, elle mourra. Et dans tout les cas, l'enfant y passe aussi. Il faut donc agir vite et bien, et aussi démentiel que ça puisse vous paraître, il existe une opération visant à permettre à un médecin de prendre lui-même le bébé, et je sais la pratiquer.
D'un geste du pied, je dépliais ma trousse de soin, montrant une batterie d'outils de médecine, depuis les pinces de précision jusqu'au scalpel en passant par un tas d'autre d'instrument servant à manoeuvrer le corps humain pour le réparer. Le tissus épais se terminait avec une série de bourses contenant mes herbes les plus rares. Le but de la manuvre était bien sur d'impressionner.
-Je vous laisse 10 secondes, le temps que je me coiffe correctement pour pas être dérangé pendant que je vais essayer de lui sauver la vie.
De base, je disais bien que c'est moi qui agirait.
-Pendant ces 10 secondes, vous réfléchirez au dilemme présent : faire une légère entorse aux traditions en cas de force majeur.. Ou espérer pouvoir accomplir une chirurgie, et, je vous le dis sans détour, être responsable d'un double meurtre.
Moi j'ai prêté serment, je ne les laisserai pas mourir. Si les Kami me reprochent de sauver des vies, alors j'assume le fait de ne pas être un bon bouddhiste.
Je me retournai et refis ma coiffure, tout en ramassant ma trousse. 10 secondes pile poils, je lui refis face, parlant avec douceur, mais un éclat d'acier dans les yeux.
-Ca fait 10, vous vous écartez de plein gré, ou c'est moi qui passe. Je ne la laisserai pas mourir.
Elle voulait m'arrêter ? Même quand on veut, on peut pas toujours.