Vasco.
Debout dans la pièce réservée à celui qui était l'offensé, Vasco se préparait à affronter l'une des furies de la famille. Il posa son sac dans un coin de la pièce et vint prendre place sur la chaise de toile mise à la disposition des combattants. Comment tout cela avait commencé? Pourquoi en était-il là, alors que la messe de vêpres venait de se terminer, à attendre Agnesina Corleone dans la lice de Mâcon? Son esprit se projeta dans les évènements de l'après-midi...
Perdu? Il avait déjà perdu? Vraiment? L'italien se leva et envoya valser sa chaise à l'autre bout de la pièce d'un cout de pied rageur. Et bien, puisqu'il avait déjà perdu, autant s'amuser un instant. Que cela lui serve au nom de leçon! Vasco délaça sa chemise, l'ôta, la plia soigneusement et la posa à même le sol. Il retira bottes et bas. Le col, la cape avaient précédé la chemise. A un moment, il avait pensé se battre en haillons. C'eut d'ailleurs été le meilleur des choix pour la tactique qu'il s'apprêtait à mettre en uvre. Il savait cependant qu'elle ne comprendrait pas. Elle...et toute sa famille. Même si leur père avait une once de sang grec dans les veines, nul doute que ses filles ne devait pas en avoir hérité la moindre goutte! Alors, tant pis! Sa tactique serait sans doute un peu moins efficace mais il devrait pouvoir s'en sortir malgré tout.
De son sac, l'italien sortit une flasque d'huile qu'il avait volé au marché juste avant d'aller assister à la messe de vêpres. C'était de l'huile d'olive. Sans doute, n'était-ce pas là de la grande qualité parce que l'huile qui se vendait en France devait être celle que les autres méditerranéens refusaient de déguster mais celle-ci ferait tout de même bien l'affaire. Vasco s'en aspergea le visage, les bras, le torse et le bas des jambes, bref toute la peau visible. Oh non! Ne croyez pas que c'était simplement pour le plaisir de ressembler aux gladiateurs de l'antiquité! Dites-moi... Avez-vous déjà essayé d'attraper un filet de bidoche huilé? Hum? Et? Ça fait quoi? Ça vous glisse entre les mains? Eh oui! Et si la bidoche est sur deux pattes et pas encore découpée en morceaux, eh bien ça fait pareil! Vous comprenez maintenant où le marin voulait en venir? C'est ça! Être insaisissable! Agnesina avait dit : pas d'armes. Le combat serait donc un combat à mains nues. A chacun sa technique! Vasco lui, de part ses voyages aux quatre coins de la méditerranée avait quelques rudiments de lutte grecque et il était bien décidé à essayer ce que cela pouvait donner sur une donzelle qui manquait d'éducation.
Se saisissant de la corde qui trainait dans son sac, Vasco s'entoura le poignet avec l'une des extrémités. Il maintint le reste des dix à douze pieds de longueur dans sa main gauche et sortit dans la lice. Dehors, il faisait déjà nuit. Des torches et des braseros avaient été allumés à différents endroits de manière à éclairer le lieu du combat. L'italien espérait que la Corleone n'aurait pas la fâcheuse idée d'équiper chacun des combattants d'un flambeau. Là, le combat deviendrait vite plus dangereux.
- Lean? Tu es là? Moi je suis prêt à en débattre avec Ina! Veux-tu t'assurer que je ne porte pas d'armes sur moi? Ina? Prête? Montre-toi! J'ai une petite surprise pour toi! Si tu veux, on fait ça comme sur un bateau...
...La main gauche de chaque combattant attachée à la corde. Le premier qui la lâche a perdu. Il faisait encore frais par cette nuit d'hiver. Se battre torse nu n'était pas la plus riche idée qu'il avait eu. Mieux valait que le combat ne s'éternise pas. Levant le visage vers le ciel, quelques petites gouttes de pluie vinrent s'écraser sur sa peau. Ouais! Si en plus, il se mettait à pleuvoir, cette lice se transformerait vite en piscine de boue et il n'était pas sur que sa tactique à base d'huile d'olive serait encore bien efficace. Ce qui était sur, c'est que ce soir, une première leçon de savoir-vivre serait donnée. Il restait à déterminer qui la déclamerait et qui la recevrait.
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Taverne de Mâcon la grande. Dans un coin de la pièce, adossée au comptoir, une femme semble ruminer sa tristesse. L'italien l'a déjà vu. Selon ses souvenirs, elle fait partie de la famille. La discussion s'engage, confirmant ses suppositions. Elle s'appelle Lean, et à son grand étonnement, elle en connait trop sur son compte. La porte s'ouvre. C'est alors que les ennuis ont commencé. Elle est brune et soeur d'une rousse. Elle a soit disant un caractère tempéré, et quand on connait un tout petit peu sa rousse de soeur, on ne peut qu'être d'accord. Mais n'oublie pas une chose Vasco : elle fait partie de la famille. Donc elle aussi, elle est un peu...spéciale! Spéciale et mal éduquée. Ou alors, pas éduquée du tout. Elle se vautre dans sa chaise comme le plus rustre des paysans. Mon cher Vasco, ça manque de discipline dans cette famille. Il faut croire que le paternel leur a donné un peu trop de latitude à toutes celles-là. Mais ça, ça n'est pas tes oignons, ni tes rognons! Tu sais que tu ne devrais pas faire ça. Tu le sais n'est-ce pas? Tu vas avoir toute la famille sur le dos : les sanguinaires, les colériques, les coupeurs de morceaux en tout sens, les pyromanes. Sans compter que tu ne sais même pas comment est le frère! Peut-être que lui, il est sympa. Peut-être qu'il est simplement psychotique. Toujours est-il que l'italien ne peut malgré tout s'en empêcher. ll se lève, passe derrière la brune tempérée, glisse ses mains sous ses bras et tire d'un geste sec vers le haut, la relevant brutalement.
- Voilà! Une position plus adaptée à une personne de qualité! Et en plus, vous aurez moins de courbatures ainsi!
Et toc! L'italien regagne sa place pendant que l'autre prend une mine furibonde. Toi, tu t'es mis dans un sacré pétrin! Le pain demain risque d'avoir un arrière-goût de Syracuse tu sais. Et puis, faites attention quand vous mordrez dedans : si vous trouvez une boucle d'oreille, ça n'est pas parce que le boulanger aura voulu tirer les rois!
Tu ne t'y attendais à sa réaction n'est-ce pas? Tu la croyais plus calme que sa sur et voilà qu'elle tonne autant qu'un orage en pleine Méditerranée. Un duel!?!?!?! As-tu bien entendu ce qu'elle désire? Un combat en lice! Eh oui! Tu ne te trompes pas le rital! C'est bien ça qu'elle désire! Certes, tu pourrais refuser. Elle croirait alors que tu es un pleutre, un lâche, que tu as trop peur d'être humilié. Et si tu acceptes, quels sont les cas de figure? Eh bien, c'est simple. Imagine un instant que tu perdes : tu vas en entendre parler pendant des semaines et des semaines. Elle va se gausser qu'une Corleone est bien plus forte qu'un Visconti, qu'une femme vaut dix hommes au combat. Et si tu gagnes? Alors là, tu as toute la famille sur le dos! Argument numéro 1 : tu as triché. Argument numéro 2 : tu l'as eu par traitrise. Argument numéro 3 : Tu n'as pas honte de te battre avec une femme pendant qu'elle a ses menstrues? Et ça, c'est sans compter l'intervention potentielle du frérot : "Quoi? Tu as osé touché à ma soeur? ... Pardon? Tu as dit quoi? Tu ne t'es pas approchée de ma sur? Qu'est-ce qu'elle a ma sur? Elle pue ma sur? Elle n'est pas belle ma sur?". Vous comprenez? Inutile de vous faire un dessin : quelle que soit l'issue du combat, tu as déjà perdu l'italien!
Perdu? Il avait déjà perdu? Vraiment? L'italien se leva et envoya valser sa chaise à l'autre bout de la pièce d'un cout de pied rageur. Et bien, puisqu'il avait déjà perdu, autant s'amuser un instant. Que cela lui serve au nom de leçon! Vasco délaça sa chemise, l'ôta, la plia soigneusement et la posa à même le sol. Il retira bottes et bas. Le col, la cape avaient précédé la chemise. A un moment, il avait pensé se battre en haillons. C'eut d'ailleurs été le meilleur des choix pour la tactique qu'il s'apprêtait à mettre en uvre. Il savait cependant qu'elle ne comprendrait pas. Elle...et toute sa famille. Même si leur père avait une once de sang grec dans les veines, nul doute que ses filles ne devait pas en avoir hérité la moindre goutte! Alors, tant pis! Sa tactique serait sans doute un peu moins efficace mais il devrait pouvoir s'en sortir malgré tout.
De son sac, l'italien sortit une flasque d'huile qu'il avait volé au marché juste avant d'aller assister à la messe de vêpres. C'était de l'huile d'olive. Sans doute, n'était-ce pas là de la grande qualité parce que l'huile qui se vendait en France devait être celle que les autres méditerranéens refusaient de déguster mais celle-ci ferait tout de même bien l'affaire. Vasco s'en aspergea le visage, les bras, le torse et le bas des jambes, bref toute la peau visible. Oh non! Ne croyez pas que c'était simplement pour le plaisir de ressembler aux gladiateurs de l'antiquité! Dites-moi... Avez-vous déjà essayé d'attraper un filet de bidoche huilé? Hum? Et? Ça fait quoi? Ça vous glisse entre les mains? Eh oui! Et si la bidoche est sur deux pattes et pas encore découpée en morceaux, eh bien ça fait pareil! Vous comprenez maintenant où le marin voulait en venir? C'est ça! Être insaisissable! Agnesina avait dit : pas d'armes. Le combat serait donc un combat à mains nues. A chacun sa technique! Vasco lui, de part ses voyages aux quatre coins de la méditerranée avait quelques rudiments de lutte grecque et il était bien décidé à essayer ce que cela pouvait donner sur une donzelle qui manquait d'éducation.
Se saisissant de la corde qui trainait dans son sac, Vasco s'entoura le poignet avec l'une des extrémités. Il maintint le reste des dix à douze pieds de longueur dans sa main gauche et sortit dans la lice. Dehors, il faisait déjà nuit. Des torches et des braseros avaient été allumés à différents endroits de manière à éclairer le lieu du combat. L'italien espérait que la Corleone n'aurait pas la fâcheuse idée d'équiper chacun des combattants d'un flambeau. Là, le combat deviendrait vite plus dangereux.
- Lean? Tu es là? Moi je suis prêt à en débattre avec Ina! Veux-tu t'assurer que je ne porte pas d'armes sur moi? Ina? Prête? Montre-toi! J'ai une petite surprise pour toi! Si tu veux, on fait ça comme sur un bateau...
...La main gauche de chaque combattant attachée à la corde. Le premier qui la lâche a perdu. Il faisait encore frais par cette nuit d'hiver. Se battre torse nu n'était pas la plus riche idée qu'il avait eu. Mieux valait que le combat ne s'éternise pas. Levant le visage vers le ciel, quelques petites gouttes de pluie vinrent s'écraser sur sa peau. Ouais! Si en plus, il se mettait à pleuvoir, cette lice se transformerait vite en piscine de boue et il n'était pas sur que sa tactique à base d'huile d'olive serait encore bien efficace. Ce qui était sur, c'est que ce soir, une première leçon de savoir-vivre serait donnée. Il restait à déterminer qui la déclamerait et qui la recevrait.
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