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[RP] Première leçon de savoir-vivre

Vasco.
Debout dans la pièce réservée à celui qui était l'offensé, Vasco se préparait à affronter l'une des furies de la famille. Il posa son sac dans un coin de la pièce et vint prendre place sur la chaise de toile mise à la disposition des combattants. Comment tout cela avait commencé? Pourquoi en était-il là, alors que la messe de vêpres venait de se terminer, à attendre Agnesina Corleone dans la lice de Mâcon? Son esprit se projeta dans les évènements de l'après-midi...

    Taverne de Mâcon la grande. Dans un coin de la pièce, adossée au comptoir, une femme semble ruminer sa tristesse. L'italien l'a déjà vu. Selon ses souvenirs, elle fait partie de la famille. La discussion s'engage, confirmant ses suppositions. Elle s'appelle Lean, et à son grand étonnement, elle en connait trop sur son compte. La porte s'ouvre. C'est alors que les ennuis ont commencé. Elle est brune et soeur d'une rousse. Elle a soit disant un caractère tempéré, et quand on connait un tout petit peu sa rousse de soeur, on ne peut qu'être d'accord. Mais n'oublie pas une chose Vasco : elle fait partie de la famille. Donc elle aussi, elle est un peu...spéciale! Spéciale et mal éduquée. Ou alors, pas éduquée du tout. Elle se vautre dans sa chaise comme le plus rustre des paysans. Mon cher Vasco, ça manque de discipline dans cette famille. Il faut croire que le paternel leur a donné un peu trop de latitude à toutes celles-là. Mais ça, ça n'est pas tes oignons, ni tes rognons! Tu sais que tu ne devrais pas faire ça. Tu le sais n'est-ce pas? Tu vas avoir toute la famille sur le dos : les sanguinaires, les colériques, les coupeurs de morceaux en tout sens, les pyromanes. Sans compter que tu ne sais même pas comment est le frère! Peut-être que lui, il est sympa. Peut-être qu'il est simplement psychotique. Toujours est-il que l'italien ne peut malgré tout s'en empêcher. ll se lève, passe derrière la brune tempérée, glisse ses mains sous ses bras et tire d'un geste sec vers le haut, la relevant brutalement.

    - Voilà! Une position plus adaptée à une personne de qualité! Et en plus, vous aurez moins de courbatures ainsi!

    Et toc! L'italien regagne sa place pendant que l'autre prend une mine furibonde. Toi, tu t'es mis dans un sacré pétrin! Le pain demain risque d'avoir un arrière-goût de Syracuse tu sais. Et puis, faites attention quand vous mordrez dedans : si vous trouvez une boucle d'oreille, ça n'est pas parce que le boulanger aura voulu tirer les rois!

    Tu ne t'y attendais à sa réaction n'est-ce pas? Tu la croyais plus calme que sa sœur et voilà qu'elle tonne autant qu'un orage en pleine Méditerranée. Un duel!?!?!?! As-tu bien entendu ce qu'elle désire? Un combat en lice! Eh oui! Tu ne te trompes pas le rital! C'est bien ça qu'elle désire! Certes, tu pourrais refuser. Elle croirait alors que tu es un pleutre, un lâche, que tu as trop peur d'être humilié. Et si tu acceptes, quels sont les cas de figure? Eh bien, c'est simple. Imagine un instant que tu perdes : tu vas en entendre parler pendant des semaines et des semaines. Elle va se gausser qu'une Corleone est bien plus forte qu'un Visconti, qu'une femme vaut dix hommes au combat. Et si tu gagnes? Alors là, tu as toute la famille sur le dos! Argument numéro 1 : tu as triché. Argument numéro 2 : tu l'as eu par traitrise. Argument numéro 3 : Tu n'as pas honte de te battre avec une femme pendant qu'elle a ses menstrues? Et ça, c'est sans compter l'intervention potentielle du frérot : "Quoi? Tu as osé touché à ma soeur? ... Pardon? Tu as dit quoi? Tu ne t'es pas approchée de ma sœur? Qu'est-ce qu'elle a ma sœur? Elle pue ma sœur? Elle n'est pas belle ma sœur?". Vous comprenez? Inutile de vous faire un dessin : quelle que soit l'issue du combat, tu as déjà perdu l'italien!


Perdu? Il avait déjà perdu? Vraiment? L'italien se leva et envoya valser sa chaise à l'autre bout de la pièce d'un cout de pied rageur. Et bien, puisqu'il avait déjà perdu, autant s'amuser un instant. Que cela lui serve au nom de leçon! Vasco délaça sa chemise, l'ôta, la plia soigneusement et la posa à même le sol. Il retira bottes et bas. Le col, la cape avaient précédé la chemise. A un moment, il avait pensé se battre en haillons. C'eut d'ailleurs été le meilleur des choix pour la tactique qu'il s'apprêtait à mettre en œuvre. Il savait cependant qu'elle ne comprendrait pas. Elle...et toute sa famille. Même si leur père avait une once de sang grec dans les veines, nul doute que ses filles ne devait pas en avoir hérité la moindre goutte! Alors, tant pis! Sa tactique serait sans doute un peu moins efficace mais il devrait pouvoir s'en sortir malgré tout.

De son sac, l'italien sortit une flasque d'huile qu'il avait volé au marché juste avant d'aller assister à la messe de vêpres. C'était de l'huile d'olive. Sans doute, n'était-ce pas là de la grande qualité parce que l'huile qui se vendait en France devait être celle que les autres méditerranéens refusaient de déguster mais celle-ci ferait tout de même bien l'affaire. Vasco s'en aspergea le visage, les bras, le torse et le bas des jambes, bref toute la peau visible. Oh non! Ne croyez pas que c'était simplement pour le plaisir de ressembler aux gladiateurs de l'antiquité! Dites-moi... Avez-vous déjà essayé d'attraper un filet de bidoche huilé? Hum? Et? Ça fait quoi? Ça vous glisse entre les mains? Eh oui! Et si la bidoche est sur deux pattes et pas encore découpée en morceaux, eh bien ça fait pareil! Vous comprenez maintenant où le marin voulait en venir? C'est ça! Être insaisissable! Agnesina avait dit : pas d'armes. Le combat serait donc un combat à mains nues. A chacun sa technique! Vasco lui, de part ses voyages aux quatre coins de la méditerranée avait quelques rudiments de lutte grecque et il était bien décidé à essayer ce que cela pouvait donner sur une donzelle qui manquait d'éducation.

Se saisissant de la corde qui trainait dans son sac, Vasco s'entoura le poignet avec l'une des extrémités. Il maintint le reste des dix à douze pieds de longueur dans sa main gauche et sortit dans la lice. Dehors, il faisait déjà nuit. Des torches et des braseros avaient été allumés à différents endroits de manière à éclairer le lieu du combat. L'italien espérait que la Corleone n'aurait pas la fâcheuse idée d'équiper chacun des combattants d'un flambeau. Là, le combat deviendrait vite plus dangereux.


- Lean? Tu es là? Moi je suis prêt à en débattre avec Ina! Veux-tu t'assurer que je ne porte pas d'armes sur moi? Ina? Prête? Montre-toi! J'ai une petite surprise pour toi! Si tu veux, on fait ça comme sur un bateau...

...La main gauche de chaque combattant attachée à la corde. Le premier qui la lâche a perdu. Il faisait encore frais par cette nuit d'hiver. Se battre torse nu n'était pas la plus riche idée qu'il avait eu. Mieux valait que le combat ne s'éternise pas. Levant le visage vers le ciel, quelques petites gouttes de pluie vinrent s'écraser sur sa peau. Ouais! Si en plus, il se mettait à pleuvoir, cette lice se transformerait vite en piscine de boue et il n'était pas sur que sa tactique à base d'huile d'olive serait encore bien efficace. Ce qui était sur, c'est que ce soir, une première leçon de savoir-vivre serait donnée. Il restait à déterminer qui la déclamerait et qui la recevrait.
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Agnesina_temperance
«- Non mais ce n'est pas vrai !

Agnésina se débattait avec le chignon qu'elle était en train de refaire. Les vêtements propres et changées, les bottes lacées, la brune Corleone allait à un rendez-vous. Tant mieux pour elle, c'est sa vie direz-vous. Seulement, elle ne faisait rien comme les autres filles. Au lieu de rougir bêtement et d'attendre que l'homme lui demande une promenade romantique où il devra ruser de mille charme pour attendrir la Belle, Agnésina avait fait le premier pas. Et bien évidemment, ce serait trop simple si c'était un rendez-vous galant. Non, ça ne l'était pas. Elle avait défié Vélasco en lice pour lui faire manger ses phalanges en pleine poire et elle avait proposé à Arsène d'être son témoin, peut-être que sa petite sœur ramassera quelques dents au passage pour les revendre. Arsène avait un sens des affaires particuliers mais son aînée était bien obligée de s'en accommoder, sinon elle finirait en dépression. En parlant de dépression, Agnésina ne se remettait toujours pas du breuvage qu'elle avait bu. En effet, elle avait voulu faire la maligne à boire du jus de burne du Borgne mais tout ça, encore une fois, c'était de la faute de Vélasco. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Il avait dit " Tu bois, je bois", idiotement, c'est ce qu'elle avait fait avant d'être prise de haut le cœur et de finir par vomir, quant à lui, elle ne savait pas s'il avait bu du breuvage maudit.

Elle secoua la tête en repensant à cette journée, parce qu'elle n'avait rien fait de normal. Qu'est-ce qui lui avait pris de le défier ? Elle ne le savait pas, elle-même. Elle s'était affalée, il l'avait redressé. Rien de méchant et pourtant, la réaction de la Corleone avait été violente. Elle lui aurait pu se contenter de lui adresser un doigt d'honneur en lui demandant " T'sais ce que c'est ça, hein ? " mais non, elle l'avait défié. Quelle idiote ! Elle savait qu'elle avait des chances de se faire faucher comme un épi de blé, parce qu'il devait être fort. Sa musculature ne lui avait pas échappé lorsqu'un soir, il avait été obligé de changer sa chemise. Sacré torse ! Elle n'avait même pas détourné le regard et avait été déçue lorsque le tissus l'avait recouvert. C'était un marin à ce qu'elle avait compris, donc... la force, il l'avait dans les bras et pas dans le... Oups. Ailleurs ! Seulement, il ne le savait sans doute pas mais elle n'était pas pucelle de lice. Elle s'était déjà battu contre un homme mais pas totalement, un homme. Elle lui avait donné une raclée mais... Il tenait plus du gamin que d'un homme. Enfin, c'était toujours une expérience qui pourrait lui tourner en avantage s'il la sous-estime.

Le chignon est refait, elle le délaisse pour fouiller dans sa besace. Des graines de fenouil sont sortis et les mâchent délicatement. Pour l'haleine. Ce n'est pas parce que c'était un combat qu'elle devait négliger son apparence, tout ça. Belle en apparence et uniquement en apparence, son attitude, c'était autre chose mais que voulez-vous. Avant, elle était calme, se tenait bien droite sur une chaise et elle ne disait jamais un gros mot mais ça, c'était avant. Quelques mois d'éducation Corleonnienne et elle en avait adoptée les codes. En terrain hostile, il vaut mieux ressembler à autrui plutôt que de cultiver sa différence, sinon il est vite fait de devenir le vilain petit canard. Et le voilà, lui, sur son cheval blanc, venant redresser la Corleone. Qu'est-ce qu'il pouvait l'énerver. Il l'agaçait. Il la cherchait. Il parlait beaucoup. Au final, lui aussi avait des leçons de savoir-vivre à apprendre et pourtant, même si elle le voulait, elle ne le détestait pas. Au contraire et elle n'oubliait pas qu'il l'avait tiré d'un mauvais pas lorsque le drôle s'était décidé à montrer ses talents de dresseur de danseuse de ventre à vendre à des sultans en la prenant en otage. Ce soir-là, une brèche s'était formée sur la glace. La brune s'était rendue compte qu'elle n'était pas si indifférente vers les autre qu'elle ne l'avait cru. Troublée, voilà le sentiment qui la poursuit et qu'elle essaye de chasser, sans succès.

C'était l'heure.
Elle manquait de confiance en elle pour ce combat. Elle ferma les yeux et respira doucement. Dans ces cas-là où tout semble désespéré, un dernier verre de breuvage de carmin et c'est reparti ! Elle s'engouffre dans l'obscurité, jetant de temps à autres des regards autour d'elle pour voir la place du village déserte avant de baisser la tête et de tracer sa route. Un regard vers le ciel. Depuis qu'elle avait retrouvé sa famille, une devise avait trouvé une place dans ses pensées.


«-Ce que Femme Corleone veut, Dieu exécute, n'est-ce pas ? T''vis comme un Roy là où tu es et tes représentants voudraient nous faire croire qu'on devrait se priver toute une vie pour avoir une place auprès de toi ? Comme ils doivent se tromper lourdement... T'sais ? J'crois qu'ils sont un peu jaloux d'nous, parce qu'on a la possibilité d'monter et d'briller comme une étoile à côté d'la Lune. L'soleil, lui, cache les étoiles pour briller à lui-seul... C'est un peu égoïste, non ?

A défaut d'être allée à la messe, elle lui octroya une parole. Depuis qu'elle avait choisi cette vie, les églises la mettent mal à l'aise, comme un étau qui lui ressaierait la poitrine et abaisserait ses épaules. La lice. Elle y était et déjà, Vélasco se faisait entendre. Elle mesurait ses pas pour arriver le plus silencieusement possible et elle se plaça dans l'ombre. Un sourire narquois s'étira sur ses lèvres. Un peu. Avant qu'elle ne se rende compte qu'il était torse nu. Qu'est-ce qu'il foutait torse nu ? Il ne pouvait décidement jamais rien faire comme tout le monde.

«- Il n'est pas un peu trop tôt pour que l'coq déplumé s'mette à chanter, Vélasco ? Ou est-ce une complainte, parce que c'sont les poules qui veillent sur lui ? Raconte-moi tout, t'sais que t'peux tout m'dire.

Plus sérieusement. Elle sortit de son ombre, d'un pas lent, pour s'approcher de Vasco, se retroussant les manches.

«- Faire comme sur un bateau... Bien tenté, le Bavard. Une épreuve de force que tu es certain de remporter, je présume ?

Bordel mais qu'est-ce qu'il fiche torse nu ? Se doutait-il combien ça pouvait déconcentrer la Jeune Corleone ?
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Vasco.
L'italien sursauta en entendant sa voix. Bon sang! Mais par où était-elle passée? Il fit demi-tour et elle était là, postée devant lui! Bravo Vasco! Tu te rends compte que si le combat avait commencé, elle aurait pu t'assommer avec l'effet de surprise? Tu devrais être plus prudent marin! Tout le monde ne te donnera pas la chance de te reprendre ainsi. Le chemin que tu as pris il y a quelque temps ne te permet pas ce genre d'erreur là tu sais.

- Ciao signorina, come stai?*

Le contraste entre leurs tenues était assez marqué. Le sien était caractérisé par la simplicité et l'efficacité. Oui, c'est comme ça que l'on pouvait illustrer une paire de braies. Quand à elle, elle était l'incarnation même des travers de la féminité : toujours élégante même quand il s'agissait de massacrer son prochain. L'italien remarqua cependant qu'il y avait un défaut dans sa présentation et il était bien décidé à réparer cela dès que possible.

- J'avoue que j'avais un doute sur votre présence ici ce soir. Oh je sais qu'une Corleone honore toujours sa parole...surtout quand c'est elle qui lance le défi! Mais vous étonnerai-je si je pensais que vous enverriez un champion m'affronter? Gabriele par exemple. Ou Nizam...

Et toc! Ça, c'est de la préparation de combat. Tu viens de lui dire que tu sens supérieure à elle. Tu sais, ce genre d'arguments peut-être à double tranchants. Ça pourrait très bien la galvaniser. Tu es un homme. Ça déjà, c'est mauvais. Tu fais preuve d'arrogance. C'est pire. Tu n'es pas de leur famille et qui sait, peut-être même que ton arrière grand-père a vendu à sa famille un âne boiteux. Et depuis, ils ne cherchent qu'une moment privilégié pour te faire ravaler ton dentier et essuyer cet affront. En attendant, si tu pouvais trouver quelque chose d'intelligent à lui répondre à propos du coq...

- D'habitude, quand le coq chante à cette heure de la journée, c'est qu'il veut se trouver une pondeuse. Le problème, c'est que quand les poules se prennent pour des coqs, elles en oublient de pondre!

Les témoins ne semblaient pas présents. Tant pis! Il était inutile d'attendre après eux. Et puis, Ina ne venait-elle pas de lancer la joute? Vasco s'était mis en flexion sur ses jambes et il avait commencé à tourner autour d'Ina, concentré sur le sujet. Surtout ne pas se faire surprendre. Tu peux parier l'ami que c'est sur cette arme-là qu'elle mise! L'effet de surprise! Par essence, une femme même c'est fourbe! Rappelle-toi bien que leur présence sur un navire est sujet à des maux de tête infernaux. Te rappelles-tu la dernière fois que tu as pris une femme sur ton bateau? Draganya Katerina Romanov! Résultat : Il a fallu une chance inouïe pour que vous évitiez le naufrage. Ta meilleure décision cette fois-là fut de la mettre à fond de cale avant l'abordage.

Et cet effet de surprise pourrait bien venir du temps. La pluie fine n'avait pas cessée. Si ça continue, le sol allait devenir glissant. Et là, ton mauvais choix d'équipement podal pouvait vite devenir catastrophique. Malgré tout, soit donc bon joueur. Oublie la corde! Elle va crier ensuite dans tout le poulailler que tu as truqué le combat! D'un geste souple du poignet, l'italien déroule la corde et la lui montre. Il lui montre l'objet du litige puis l'envoie à une vingtaine de pieds derrière lui.


- D'accord! Pas de corde! Mais dans ce cas, il faut que la poule qui se prend pour un coq retire sa crête...

Continue à tourner autour d'elle. Surveille ses mains. Vérifie où se porte son regard. N'oublie pas à qui tu as à faire : Agnesina Temperance Corleone. Rappelle-toi le moindre détail que tu as pu observé sur elle en taverne.

- La pluie ne semble pas vouloir s'arrêter. Vous risquez de salir vos précieux habits. Est-ce ainsi que vous vous êtes présentée au mariage de votre cousine? Cela vous va à ravir!

Maintenant! L'italien place sa première attaque. Il feint de placer un mouvement d'immobilisation sur sa droite, tend ses mains pour attraper son bras d'arme. Puis, jouant sur ses appuis, il bloque son mouvement, change radicalement de position pour orienter son torse vers la gauche. Il s'arc-boute vers l'arrière pour esquiver le bras qu'elle pourrait envoyer pour le saisir. Son dos frôle son bras gauche. L'italien termine son pivot et se retrouve dans son dos, le torse orienté vers elle. Il lève le bras pour se saisir de la pince qui retient son chignon, l'envoie valser dans les airs et rompt immédiatement le combat. Il s'en est fallu d'un cheveux pour qu'il ne glisse et ne termine les fesses au sol. Mais l'important, c'est que la manoeuvre ait réussi. Le chignon défait, ses cheveux retombent en cascade sur ses épaules.

- Cachez donc cette nuque que je ne saurais voir signorina! Première leçon de savoir-vivre : On ne se gausse pas d'un adversaire en le comparant à un coq. Et vous avez oublié de me saluer. C'est très impoli!



* "Bonsoir ma demoiselle. Comment allez-vous?" Pour des facilités de lecture, toutes les répliques de Vasco sont transcrites en français bien que le marin les prononce dans sa langue natale.
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Agnesina_temperance
«- Silence !

Pourquoi est-ce qu'à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, Agnésina avait ce besoin de massacrer tout ce qui bouge ? Tout bonnement, parce qu'un jours, elle s'était demandée quelle torture on pourrait lui infliger pour lui faire révéler des informations sur la Spiritu Sanguis et après avoir pensé au Séparateur de genoux ou au à la manivelle intestinale, le visage de Vélasco est apparût. La torture physique était terrible mais la torture morale l'était tout autant. Elle, attachée à une chaise et un Vélasco, en train de parler pour tout un régiment entier, rien que cette image lui fit hérisser les poils de la nuque. Bien évidemment, il y'avait une raison beaucoup plus profonde mais chaque chose en son temps.

L'italien est une langue qu'elle commençait à maîtriser et elle comprit quelques mots qu'il disait. Elle ? Envoyer un champion pour l'affronter ? Dans ses rêves. Tout d'abord, elle n'y avait pas pensé. Deuxièmement, même si elle avait pensé à choisir un champion, elle ne l'aurait pas fait. Question d'orgueil, parce que la plupart des femmes de son âge étaient mariés avec un homme pour s'occuper des mioches et de la maisonnée et elle avait bien failli prendre ce chemin mais ça, c'était avant qu'elle ne rencontre sa famille, alors elle avait une revanche à prendre. Elle enviait les femmes de son Clan, si libres, si belles et si dominantes, alors jamais, elle ne s'abaisserait devant un homme en lui laissant croire qu'il est supérieur. Les mœurs le faisaient suffisamment mais dans les mots du Visconti, elle le prenait pour de l'arrogance et ça, il allait le payer. Ce sera une de ses leçons de savoir-vivre, à savoir que l'arrogance envers une Corleone, c'est le mal ! Troisième raison, Arsène lui avait dit que si elle prenait une raclée, elle était en droit de lui demander de la soigner et ça, pour rien au monde, elle ne maquerait de voir le Visconti la soigner.

Elle serre ses poings, prête à bondir sur lui et le cogner mais une voix la rappela à l'ordre. Pas tout de suite. Il cherche à la déstabiliser. Elle doit apprendre à contrôler ses émotions. La glace ne doit pas s'approcher du fer chaud au risque de s'y brûler et de fondre totalement. La glace s'était fissurée et elle devait attendre que l'ambiance se refroidisse pour mieux frapper. Ne pas l'attaquer tout de suite. Ne plus parler. L'analyser, parce qu'imprévisible soit-il, il devait avoir une faille et elle s'y accrochera pour en trouver d'autres.

Ses bonnes résolutions furent mises à al lorsqu'il lui répondit sur la question du coq. Est-ce qu'elle avait bien compris ? Il venait de lui dire que lorsque le coq chante à cette heure de la journée, c'est qu'il veut se trouver une pondeuse ? Et que lorsque les poules se prennent pour des coqs, elles oublient de pondre ?


«- Ahem.

Ne rien dire de plus. Ne pas laisser monter l'envie de le cogner, ce n'est pas bon pour la santé et surtout, pour faire intimider, il y'a mieux. Agnésina partait du principe que l'ennemi le plus silencieux et le plus impassible était plus terrible que celui qui laissait éclater sa colère. Elle analysera tout ce qui l'entourait. Arsène lui avait conseillé de lui envoyer du sable dans les yeux et ce conseil était compromis car à cause de la pluie, le sol devenait boueux en plus de devenir glissant. Elle misait sur l'effet de surprise pour lui en coller une et cet espoir fût, une nouvelle fois, compromis car il se mit à courir autour d'elle. Elle fronça les sourcils, comprenant qu'il n'était pas un adversaire facile. Il était imprévisible, audacieux et arrogant.

L'idée de la corde est abandonnée mais ses propos font monter la méfiance de la jeune femme. Qu'est-ce qu'il veut dire ? Ne pas se laisser déconcentrer. C'est difficile, d'autant qu'il lui parle vêtement avant de passer à l'attaque. Il feint de placer un mouvement d'immobilisation sur sa droite, tend ses mains d'attraper son bras d'arme mais change de position. A quoi joue t'il ? Il essaye de la déstabiliser, c'était certain. Quel était son but ? Elle était perdue. Il était sournois. Plus sournois qu'une femme. Il se retrouve rapidement dans son dos et elle sent qu'il enlève la pince qui retenait son chignon et elle se retourne brusquement, ses cheveux tombant en cascade.

C'était donc ça son but et l'histoire de la crête.
Est-ce qu'il avait une idée de combien de temps, elle avait mis pour faire ce chignon ?! Elle ne se sentait pas bien sans chignon. Elle se sentait vulnérable. C'était bête mais c'était vrai. Il va falloir qu'elle soit plus prudente envers ses adversaires pour ne plus se laisser surprendre.
«- Soit, dit-elle en pencha sa tête en arrière, attrapant avec ses cheveux avec ses mains, les ramenant comme pour faire une queue de cheval, avant de les laisser retomber. Un sourire en coin se dessine tout à coup sur le coin de ses lèvres et fit une révérence d'une manière exagérée, tout comme le ton qu'elle adopte.

«- Signore le Coq, je vous remercie de l'attention que vous portez à mon égard et de me donner des leçons de savoir-vivre. Tellement de femmes vous entourent et ce soir, c'est en ma compagnie que vous êtes et il semblerait que nos témoins ont préférés nous laisser un peu d'intimité pour le début de nos hostilités, mio amico. Mais permettez-moi de de vous apprendre quelque chose, il ne suffit pas d'enlever la crête pour qu'une poule ne se prenne plus pour un coq !

Il s'attendait sûrement à ce qu'elle le frappe entre les jambes et elle ne le ferait pas. Pas tout de suite. Le nez était une bonne option mais il devait déjà penser à protéger son visage. Alors, elle n'avait pas d'autres choix. Elle se campa sur ses jambes et plia ses genoux. Ne pas rester immobile. Elle commença à se déplacer autour de lui, doucement. Tel un animal qui tourne autour de sa proie, attendant le bon moment pour le frapper quand soudain, elle pointa son doigt vers un point derrière lui en simulant la surprise.

Qu'est-ce qu'elle fout Arsène à poil ?!

C'était fourbe. C'était pas beau. C'était de la triche mais Agnésina devait bien compenser ses lacunes au niveau du combat et surtout, sa moindre force. Elle en profita pour s'approcher rapidement de son adversaire. Enchaîner les coups pour le surprendre et même s'il pare un coup, il ne pourra pas le temps de l'autre. Elle lança un coup de pied au niveau de la cuisse inférieur et un coup poing avec pour objectif de s'écraser sur le plexus solaire.

Surprise. Qu'est-ce qu'il s'était mis sur le corps ? Déconcentrée par ce que son poing avait ressenti, elle en oublia de se dégager rapidement.

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Vasco.
    "Stooop! Arrêtez! Merci. Maintenant! Revenez en arrière. Oui. Oui! En arrière. Encore...Encore un peu. Stooop! En avant, juste un petit p... oui! Là! Parfait! Ne touchez plus à rien. Et maintenant observez le jeu de l'acteur. Voyez l'expression de son visage au moment où la tête frappe ce pilier de bois derrière lui. Vous avez remarqué les traits du visage, les yeux grands ouverts, les pupilles dilatées? Je vous invite également à noter la courbure des sourcils : la droite est plus accentuée que la gauche n'est-ce pas? Oui, vous avez raison. Mais le véritable élément-clé de cette image, c'est ça : cette ridule vaguée qui lui barre le front, presque d'une tempe à une autre. C'est là que l'on peut constater le génie du metteur en scène et le jeu parfait de l'acteur. Celui qui ne discerne pas ce détail ne peut rien comprendre à la profondeur du scénario qui se joue devant ses yeux. Rien! Et pourquoi? Qui peut me le dire? Hum? Oui, évidemment! Votre silence est à la hauteur de ma déception. Pourtant j'aurais dû m'en douter! Pour ceux qui dormaient au début du film, je vous rappelle que Vasco se retrouve en lice contre Ina, et que si Ina est déstabilisée émotionnellement parlant en présence du sicilien, Vasco lui a la tête remplie de points d'interrogation depuis qu'il a rejoint les Corleone. Il essaie de trouver une explication logique au comportement des membres de la famille envers lui. Le génie de l'auteur et du metteur en scène se conjuguent ici pour former une scène qui se joue sur deux paliers différents : celui d'Ina qui fauche le champ sur un plan sentimental et sur celui de ses relations complexes avec les hommes, et celui de Vasco qui cherche à comprendre la psychologie qui sous-tend la cohésion Corleone. Celui qui a cru depuis le début que ce film n'est qu'une pure série B basée sur la violence et sur le sexe est un fat qui n'a rien à faire dans ma classe. Cette ride qui barre le front de Vasco au moment où sa tête heurte le pilastre suite au coup dans le plexus donné par Ina matérialise LA révélation. Notre marin vient de comprendre, ou du moins, il croit avoir compris comme vous le verrez plus tard. Dans sa tête, c'est comme si des morceaux de puzzle distincts et sans cohésion venaient de s'assembler pour former un tableau complet. Ce coup, c'est ce qui lui fait découvrir la clé de voute du mystère qui le torture. Clic! La tête qui frappe le bois dur vient de tout mettre en place dans sa tête. Vous pouvez ici faire le parallèle entre cette scène et celle de la révélation faite à Marie par l'Ange Gabriel dans "Il était une fois Noël", un autre film que je vous recommande d'ailleurs! Bon! Maintenant que les explications sont données, êtes-vous prêts à savourer cette scène d'anthologie? Oui? Alors, retour arrière jusqu'au moment où Ina s'adresse à Vasco en l'appelant Signore le Coq! Et silence dans les rangs, concentrez-vous un peu! Ce que vous voyez, c'est de l'art à l'état pur!"

-Eh bien, je vois que mes leçons portent signorina. Plus de doigt d'honneur et votre langage s'est bien amélioré depuis la dernière fois que nous sommes croisés en taverne. Je dirais même qu'il est courtois et de bon aloi...Même si me considérer comme un c...

L'italien n'a pas eu le temps de terminer sa phrase que la brune s'exclama bruyamment. Vasco mit un certain temps à comprendre ce qu'elle signifiait tellement elle lui parut incongrue. Arsène ici? Que pouvait-elle bien faire ici? Et qui plus est à poil? Le cerveau un peu retors du sicilien imaginait déjà l'ourse Corleone demander une oreille ou une partie plus personnelle en guise de tribut lorsqu'un coup donné dans le creux du ventre l'envoyé valser six pieds derrière. Sa tête heurta lourdement un pilastre de pin. L'italien rebondit contre l'obstacle, tituba et se retrouva le fessier au sol, les bras en croix, les jambes chancelantes, le regard planté droit en direction du ciel tout noir.

- Ainsi donc, c'était ça!

Vasco se secoua la tête pour tenter de récupérer du déluge de coups qui s'était abattu sur lui en un laps de temps si court. Il se redressa sur son séant, prit une profondeur respiration et se releva péniblement, marchant en direction d'Ina.

- Ainsi donc, c'était ça!

De ses deux mains, il bouscula la Corleone à hauteur des épaules, dardant son regard dans le sien, les yeux clairs de celui qui vient de percer un mystère.

- Tout s'explique maintenant! Vous venez d'avouer pour tout le clan? J'aurais du m'en douter. Quel niais je fais!

Il venait d'entamer un mouvement tournant. Les deux opposants se trouvaient désormais à portée de coups. Vasco provoquait Ina en reproduisant de temps à autre son mouvement de déséquilibre, la poussant au niveau des épaules.

- Tellement de femmes m'entourent? Il est là le souci! Tout se justifie. Pour votre famille, cela ne posait pas de problème que j'accompagne Kalliope. Kali, c'était le choix d'Enjoy. Moi j'étais la pièce rapportée pas encombrante hein, le petit plus qui vient avec la donzelle!

Cette fois il était bien décidé à ne pas se laisser surprendre, mais sa garde laissait à désirer. Son attention restait focalisée sur les réactions de sa partenaire, sur l'impact de ses paroles.

- Seulement voilà Kali qui s'est envolée et moi qui ait décidé de rester. A partir de ce moment-là, je deviens à vos yeux un élément perturbateur n'est-ce pas? Un renard dans le poulailler. Ou un coq qui fait le beau? Vous avez peur que je vienne mettre la zizanie dans la famiglia qui est essentiellement composée de femmes! C'est ça n'est-ce pas? C'est ça qui justifie ma mise à l'écart!

Son ton de voix était posé. Il ne montrait aucun signe d'énervement ou de violence. Il tenait plus de l'homme satisfait qui venait de mettre à jour un complot dont il était la victime. Vasco cherchait la faille dans la défense d'Ina. Il la testait. Il tentait d'agripper son bras et se repliait quand il voyait qu'elle contrait, qu'elle avait deviné la menace. Pour lui, c'était une phase d'observation qu'il ponctuait de paroles, tentant de la décontenancer en lui montrant qu'il avait percé la stratégie de ses soeurs, cousines, nièces et autres pièces rapportées.

- Vous avez peur que je séduise l'une d'elle, qu'une autre en soit jalouse. Vous craignez que je joue le jeu des dissensions en passant de l'une à l'autre? Est-ce pour cela que l'on m'a transféré du groupe d'Arsène à celui de la Dyme? Est-ce pour cela qu'on m'a tenu à l'écart du groupe principal de combat à Poligny? Est-ce pour cela que vous, Arsène, Enjoy, Laell et toutes les autres se comportent de manière aussi arrogante avec moi? Vous avez peur de l'impact que je pourrais avoir sur le clan? De l'influence de part le fait même que je sois un homme entouré de femmes? Et un sicilien qui est plus parmi une bande de femmes qui ont toutes du sang de cette île dans leurs veines? Parce que vous estimez que tous les siciliens sont forcément de vils séducteurs qui veulent devenir Zia à la place de la Zia?

Sa faille, il venait de la trouver. Les bras d'Ina étaient suffisamment écartés pour qu'il puisse agripper les revers de sa chemise à hauteur de son cou. Sa prise, il l'avait et il ne la lâcherait pas.

- Je n'ai pas compris pourquoi vous aviez demandé un duel pour un simple geste...de bonne conduite! Mais cela fait partie de votre stratégie. M'isoler, m'humilier, me laisser à la place qui est la mienne n'est-ce pas? Et surtout me faire comprendre quelle est cette place! Maintenant, tout s'explique, tout est clair dans ma tête. Et pour ça, il me faut vous remercier.

Il tenta alors de lancer son attaque, plaçant ses pieds habilement derrière les siens. Mais elle était sur la défensive, et fut-ce volontaire ou pas, elle déjoua son attaque. Pour Vasco, c'était une partie d'échecs qui se jouait. Il tenait le centre de l'échiquier. Il ne restait plus qu'à réussir à la déborder sur ses flancs.

- Vous savez, je vous ai observé à Poligny et je crois que vous avez encore pas mal de chose à apprendre dans l'art du combat. Qu'il soit armé, poignard, épée ou autre... ou au corps à corps! J'ai même hésité à demander à la Dyme de m'affecter à votre protection parce qu'il aurait été dommage pour l'opération en cours qu'une des filles d'Amalio Corleone soit blessée ou capturée par les francs-comtois...

Là! Maintenant! C'était l'instant idéal. Il bascula sa jambe gauche derrière les siennes et pressa de toutes ses forces son corps contre le sien, de manière à faire basculer son centre de gravité vers l'arrière. Là! Comme ça oui!

- ... Mais je sais désormais où est ma place dans le poulailler : loin de l'endroit où les poules se regroupent...et si possible pas loin de la brèche dans l'enclos qu'utilise le renard pour s'infiltrer n'est-ce pas?
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Agnesina_temperance
Satisfaction.
Jubilation.
Fierté.

Si Agnésina avait été expressive et issu d'une autre époque, elle aurait fait la danse des canards pour se foutre de la gueule du sicilien mais fort heureusement pour son adversaire, la Jeune Corleone n'était pas expressive et ne vivait pas à la bonne époque. Intérieurement, c'était autre chose. Ses yeux - normalement inexpressif, comme si rien ne pouvaient les intéresser - s'étaient animés avec vivacité. Elle se délectait du spectacle qu'elle venait de provoquer. La jeune femme souffrait de temps à autre d'un manque de confiance en elle, qu'elle essayait de palier en adoptant une attitude hautaine. Voir que ses coups portent ses fruits la rendait fière d'elle. Tellement, qu'elle poussa le bouchon à baisser ses gardes. Le cœur bat la chamade. Le sang coule plus rapidement dans ses veines. La respiration se fait lente et longue. La poitrine se gonfle de fierté. La démarche est arrogante. L'adrénaline et l'orgueil sont là. A cet instant, elle s'égare. Elle se sent forte et est certaine qu'elle déjouera tous les obstacles avec facilité et habilement.

Pensait-elle être la Déesse de la lice ? D'un point de vu extérieur, on peut voir une femme debout et essayant de garder une posture droite. Sans sourire. Sans expression. Juste les yeux qui trahissent son attitude impassible. Elle regarde son adversaire de haut. Cependant, une petite voix l'appelait à plus de prudence. Ne jamais sous-estimer son adversaire et en particulier, celui-ci. Imprévisible. Il pouvait lui faire tout et n'importe quoi. Et il ne tarda pas à lui prouver.

Normalement, n'importe qui, qui aurait été dans la même situation que Vélasco, aurait répondu par une mandale dans la figure de la Brune Corleone, parce que de toutes les manières, elle ne maitrisait pas encore l'art du combat. Et bien, non. Le sicilien n'était pas n'importe qui. Il créa la surprise chez Ina quand il s'approcha d'Ina en lui disant " Ainsi donc, c'était ça ! " Elle se recula, en plissant des yeux. C'est qu'elle n'avait vraiment pas l'esprit tranquille.

Azy, il a mangé des fruits et il a tout compris ! Tu ne pouvais pas être plus prudente ? Tu es démasqué Agnésina. Quelle idée de l'avoir défiée en lice pour une raison aussi futile, ça s'voit à trois mille lieue pourquoi tu l'as défiée. Maint'nant la honte va frapper ta famille pendant les trente générations à v'nir.


Il la bouscule à hauteur des épaules, la regardant droit dans les yeux et elle, elle est sur la défensive. L'attaquer maintenant n'est pas une bonne idée. Le sol est glissant et elle essaye d'tenir sur ses deux choses. De plus, elle avait trop peur qu'il ait découvert le pot-au-rose. Elle était déconcentrée jusqu'à ce qu'il lui dise que tout s'expliquait et qu'elle venait d'avouer pour tout le clan ? Qu'est-ce qu'il dit ? Elle fronça le sourcil.

Si ça s'trouve, il croit qu'on est toutes amoureuse d'lui. Il s'prend pas du tout pour un lapin d'six s'maine. L'Coq, ça lui va décidément si bien ! Vas-y Agnésina, n'le lâche pas des yeux et fais attention à n'pas tomber ! Et en plus, il vient s'plaindre que les femmes l'entourent ? L'est vachement gonflé. N'importe quel homme aurait été content d'être entourés avec autant de femmes ! Humm... L'est peut-être grec. Ah oui, tout s'explique s'il est inverti mais p'tain, la poisse !

Elle continue de le regarder droit dans les yeux. Décidément, elle ne regrettait pas de l'avoir défié en lice, même si elle était contrariée. Oui, elle l'était énormément. Et une Agnésina contrariée ne réagit pas tout de suite. Elle rumine. Elle intériorise. Elle s'assombrit quand soudain, elle comprend qu'elle avait tout faux. Ah mais c'était donc ça, le Vélasco pensait qu'il était l'élément perturbateur de la famiglia. Un sourire en coin se dessine sur les lèvres de la jeune Corleone. C'était donc ça ! Il se sentait mis à l'écard. Ah s'il savait.

Malgré qu'il avançait ses pions, la jeune femme restait sur la défensive. C'était sa stratégie pour l'instant car la défense permettait de réfléchir et de voir comment attaque l'autre. Il essayait de lui agripper le bras et elle contrait. Comme elle s'en doutait, son adversaire avançait ses pions bien trop vite. Il était impulsif. Bon à savoir. Cependant, l'attaque verbal avait son avantage. S'il frappait mal, il n'empêchait pas qu'il pouvait la frôler.

Elle le laissa parler, prudente et sur la défensive, parce qu'il ne lui laissait pas l'avantage d'en placer une, jusqu'à ce qu'il lui agrippe les revers de sa chemise à hauteur de son cou. Elle essayait de se dégager, en mettant ses mains sur les siennes pour le faire lâcher, mais surprise ! Sa main glissait. Qu'est-ce que c'était ? De l'huile ? Il s'était mis de l'huile ? Le fourbe. Elle grogne, le regarde de travers et lui, parle toujours et encore.


«- Bordel, mes vêtements ! Vous avez intérêt à m'en payer d'autres !

Elle n'avait pas pu déjouer son attaque cette fois-ci et les fesses étaient dans la boue. Ses vêtements étaient fichus ! Non mais vous vous imaginez ? Les vêtements coûtent chers, hein et c'était difficile à entretenir. Revenons à nos moutons car après le choc des vêtements foutus, Agnésina comprit dans quelle position délicate, elle était. Le combat n'était pas à son avantage. Que fait donc une Reyne lorsqu'elle est en position délicate ? Vous allez vite le savoir.

Elle releva les yeux vers lui.


«- Vous n'êtes qu'un idiot, Vélasco. Elle ne souriait pas et le regardait, de nouveau, avec cette froideur qui la caractérisait. «- L'coq vous va si bien... Parce que comme lui, vous vous croyez au centre et vous vous sentez mis à l'écart. Alors qu'il faudrait que vous regardiez jusqu'au bout de votre bec pour voir ce qu'il en est vraiment !

Elle envoya un coup de pied vers Vélasco. Peu importe où. Peu importe si elle le touche ou pas. Ce qu'elle voulait, c'est se dégager. Elle se leva, agrippant les bras de Vélasco pour qu'il la lâche.

«- Vous parlez, vous parlez. Mais vous avez tout faux. On n'met jamais personne du Clan à l'écard alors oui, on n'est pas tendre envers vous mais on n'est tendre avec personne ! Vous croyez que quoi ? Qu'on a l'habitude de faire des bisous ? Et si vous n'aviez pas votre place dans l'Clan, vous ne seriez pas là. Vous croyez qu'on a l'habitude de prendre des personnes indésirables avec nous ? Réfléchissez, le Sicilien !

Jamais, elle n'avait parlé autant en une seule fois mais tout à coup, elle s'était mise en colère. La glace se brisait. Elle le regardait dans les yeux, à mesure qu'elle s'avançait. Ils étaient proches.

«- Je vous déteste ! Ah les hormones de l'adolescence, ça fait dire n'importe quoi. «- Vous n'avez rien compris ! Les adolescents sont souvent de grands incompris. «- Vous croyez réellement que je vous aurais défié juste parce que vous m'avez redressé ? Sait-on jamais, la crise d'adolescence, toussah.

La main vient s'écraser sur la joue du Sicilien.
Han, la claque.


«- Vous savez quoi ? Ce ne sont pas les poules qui se prennent pour des coqs mais le coq qui se sent inférieur et qui n'ose pas encore prendre sa place, en croyant que les poules l'rejettent. Hu hu. Admirez la Corleone en colère qui vient faire de la philosophie de comptoir. Tout tremble chez elle. La voix. Elle. Tout. Proche de lui, serrant la mâchoire et détournant le regard, elle lui murmura : «- Et vous aviez raison de ne pas avoir demandé à la Dyme de vous affecter à ma protection car j'aurais aimé m'mettre en danger pour que vous veniez m'sauver, comme l'autre fois...

Vas-y. Crache le morceau, Agnésina.

«- Visconti, j'ai un faible pour vous et vous pouvez crever pour que je vous embrasse. Vous ne le méritez pas.

Paradoxe.

    Petit obier, petit obier, mon petit obier !
    Dans la lice, il y a des petits sentiments, mon petit sentiment !

    Ah, joli garçon, chère jeune garçon,
    Tombe donc amoureux de moi !
    Ah, liouli, liouli, ah liouli, liouli,
    Tombe donc amoureux de moi !*


__________

Tiré de la célèbre chanson russe Kalinka et modifié à ma sauce.

_________________
Vasco.
[Les échecs sont aussi mystérieux que les femmes*]

Si le premier round s'était terminé à l'avantage d'Ina, le second venait de virer de cap, direction la Sicile. Une tête contre un poteau d'un côté, les fesses au sol de l'autre. La tension venait de tomber brusquement. Un instant, il avait hésité à tirer profit de la situation et à frapper. Clore ce duel une fois pour toute et finir en vainqueur. Il s'était retenu. L'occasion était passée, et ça n'était pas le moment de se demander s'il avait pris la bonne décision ou pas. Se fier à l'instinct :voilà ce qu'il lui restait désormais. Sa poitrine montait et descendait au rythme d'une respiration haletante. L'effort physique combiné à la tension de l'esprit avait nécessité qu'il puise dans ses réserves. Une goutte de sueur vint sourdre sur sa tempe, pour finir par se perdre dans les broussailles de sa barbe. Il esquiva la hargne de ses coups de pieds et tendit le bras dans sa direction pour l'aider à se relever.

- Vous payer des vêtements? A vous? Dites, auriez-vous oublié que la relation hiérarchique qui nous lie fait de vous celle qui est placée au dessus de moi? Vous ordonnez, j'exécute! N'est-ce pas la logique des choses? En ce sens, n'y a t-il pas là un paradoxe à ce que JE vous paie vos vêtements?

Vasco mon ami, on te l'a déjà dit sans cent fois. Tu parles trop. On dirait que tu négocies tes gages! Tu sais que ça n'est ni l'endroit ni le moment pour ça? Tu le sais ça?Se penchant vers son oreille dans un geste qui aurait pu paraître naturel pour l'aider à se relever, il ajoute en murmurant au cas où le vent aurait pu entendre ses paroles...

- Qui plus est, je ne connais ni le tour de vos hanches, ni celui de votre poitrine. Alors il est fort à parier que je risque de vous apporter des vêtements trop amples...ou trop étroits.

Ces mots sont loin d'avoir calmé la furie. Au contraire, voilà que d'une tactique défensive, elle passait à l'attaque, et avec efficacité qui plus est. Échec! Mais le mat est encore loin. Elle a bénéficié de ta stratégie offensive pour renforcer ses arrières. Elle a subi. Elle a sacrifié, volontairement ou non, son cavalier, et maintenant, elle s'infiltre dans les brèches que les propres décisions de Vasco ont créées. Ina se libèra de l'emprise de l'italien. Alors qu'il s'attendait à une avalanche de coup, c'est de mots qu'elle le submergea. De mots et d'une colère déterminée.

- Tout faux moi? Allons bon, vous savez bien que...

Elle l'acculait vers les cordes, ne lui donnant pas l'occasion de placer ses attaques verbales. Le centre subissait une attaque orale de grande envergure. La tempête sur l'échiquier malmenait ses positions. La Reyne avait eu chaud pour ses fesses, mais elle avait réussi à s'extraire du piège qu'il lui avait tendu. Somme toute, les dégâts pour elle étaient minimes.

- Je n'ai que faire de vos baisers... ou de vos bisous!

Troublé l'italien qu'il était. Il en arrivait à se tromper dans les mots qu'il voulait prononcer. Il y avait comme un décalage entre son esprit et sa bouche.

- Et d'ailleurs pouvez-vous me dire pourquoi nous nous vouvoyons ici même alors que le tutoiement est de rigueur en taverne? Est-ce que ce combat vous trouble à ce point? Est-ce parce que vous cherchez à maquiller la vérité? À vous cacher derrière de faux-semblants?

Lui-même en avait oublié ce qu'ils avaient entamés ici-même. Le regard dardé dans le sien comme une ancre s'accrochant à son rocher, exprimant la colère qu'il ne contenait plus, son nez effleurant presque celui de sa partenaire de joute, le combat avait viré de sa forme martiale vers celle plus verbale. Il ne tournait plus autour de sa proie, ne cherchait plus à se défendre, ni même à prendre le dessus sur elle. Seuls les mots avaient désormais de l'importance.

- Vous me détestez? Ça n'est pas une grande nouv...

Bang! La main vola. La gifle explosa sa joue, le prenant par surprise. Il ne s'attendait pas à ça. Pas ici. Pas à cet instant. Pas venant d'elle... vers lui. Pour lui, ce geste s'utilisait en d'autres circonstances. Il le laissait pantois, abasourdi. Il pouvait répliquer à des paroles sans fondements. Il pouvait affronter un adversaire solidement armé et lui faire mordre la poussière. Contre les gifles, encore plus quand elles étaient irréelles, il était démuni. Ses mots décuplèrent l'effet de la claque qu'il venait de se prendre, la complétant à merveille. Se pouvait-il qu'elle ait raison? Se pouvait-il qu'il se sentent inférieur? Inférieur...ou différent? Ce pouvait-il que son comportement soit une façon de se défendre contre ces différences? Contre sa situation d'infériorité? Sur son navire, il commandait. Ici, il obéissait. Sur son navire, les femmes étaient proscrites. Ici, elles décidaient et imposaient. Ouf...Sacrés différences pour un homme, sicilien de surcroît! Mais ne voilà t-il pas qu'elle en rajoutait en lui murmurant une phrase qu'il avait du mal à interpréter différemment de la manière la plus naturelle et évidente qu'il soit. Elle le perturbait, le mettait mal à l'aise, l'envoyait dans un domaine qu'il ne contrôlait plus, un coin de la mer qu'il ne connaissait que de nom et qui, pour lui, était peuplé de récifs destructeurs. Ce n'était plus une attaque en règle qu'elle déployait, c'était un véritable assaut d'envergure qu'elle menait désormais. Le coup de grâce, elle le donna avec la phrase suivante. "Visconti, j'ai un faible pour vous, et vous pouvez crever pour que je vous embrasse. Vous ne le méritez pas". Le pont était pris. Le gaillard d'arrière était déjà envahi, les toiles déchirées depuis longtemps.Ça sentait la défaite à plein nez. Il fallait qu'il se ressaisisse, sans cela, c'est au fond de l'eau qu'il allait finir. Oui, au fond de l'eau, en compagnie des petits poissons!

Il releva sa tête, son torse, mettant ainsi une distance plus salutaire entre elle et lui. La tempête faisait rage dans son esprit. Le bateau de sa conscience était malmené par des vagues de plus de vingt pieds de haut. Elles passaient au dessus du bastingage emportant tout sur son passage : hommes, vivres, convictions, certitudes. Elles l'amenaient sur un terrain qui n'était pas le sien, un endroit qu'il avait quelques fois essayé de pénétrer et qui s'était toujours refermé devant lui...ou qu'il avait volontairement refermé dans un simple mécanisme d'auto-défense. Combien de temps s'était-il écoulé depuis qu'elle avait prononcé sa phrase? Certains diraient une éternité sans doute. Oui, cela fait bien ça, une éternité... même si c'est assez conventionnel et si ça manque un brin d'originalité.


- L'amour n'est pas une faiblesse, c'est une force au contraire! Si vous vous considérez faible face à ce que vous ressentez, c'est que...vous n'êtes pas sure de vous!

Pfffff....! N'importe quoi! Et tu y connais quoi à l'amour toi? Hein? Tu peux me le dire? Allez! On est entre nous là! Elle n'écoute pas. De toi à moi, combien de fois as-tu eu le courage de faire ce qu'elle vient de faire? Hein? C'est du grand n'importe quoi! C'est aux catins des ports que tu disais ça peut-être? Tu as peut-être combattu sans vergogne pour défendre ton navire, tu as risqué ta vie en maintes occasions. Oui, certes, je le reconnais. Et maintenant, tu n'hésites pas à passer du côté de l'illégalité pour rassembler les sommes d'argent dont tu as besoin. Mais face aux sentiments, tu te caches. Tu es un couard! Tu ne sais pas si tu as même aimé celles, les très rares, qui ont croisé ton chemin. C'est ça hein? Tu dis même que tu ne sais pas si tu es capable d'aimer vraiment? Billevesées que tout ça! Tu as peur! Peur de t'engager!

- Après une leçon de savoir-vivre, est-ce d'une leçon de séduction dont vous auriez besoin?

Alors là, bravo! J'applaudis des deux mains! Et avec un ton hautain en plus! Dis-moi, heureusement que le ridicule ne tue pas, n'est-ce pas? Parce que là, crois-moi l'italien, tu fais pitié! Mais rassure-toi, elle ne connait pas ton passé. Elle ne connait pas tes faiblesses comme moi je les connais. Alors, oui, tu as raison, il se peut qu'elle ne te trouve pas si ridicule que ça. Mais moi, tu ne me trompes pas. Celui que je connais n'est en rien celui pour lequel tu désires passer en ce moment.

- D'habitude, la meilleure façon de clore le bec...

Tiens, tiens...Voilà l'allégorie de la poule et du coq qui revient? Je croyais que les échecs avaient ta préférence?

D'un geste provocateur, son index vient dessiner le contour des lèvres de la Corleone, les effleurant à peine au passage.

- ... c'est de l'embrasser! Mais rassurez-vous, je respecterais vos volontés!

Alors là! Bravo! Tu m'épates! Tu m’époustoufles! Non mais franchement, tu l'as trouvé où cette réplique? C'était écrit au fond d'une chope de bière? C'est un mot que tu as trouvé dans la bourse d'une de tes récentes victimes? Allez, dis-le moi quoi! Je suis tout de même ta conscience. Je sais que je te tourmente de temps en temps, mais c'est pour ton bien hein! Faut que tu arrives à grandir capitaine! Et que tu passes outre ces faiblesses qui te pourrissent la vie!

Vasco fit trois pas en arrière, croisa son regard une fois encore, puis lui tourna le dos, direction la pièce où il avait laissé ses vêtements.

- Je crois que la leçon est terminée. Vous en avez assez appris pour aujourd'hui.

Dans son esprit, des bravos et des éclats de rire tonitruants se firent entendre, semant encore plus la confusion en lui. Il n'aurait jamais du accepter ce défi! Jamais!



* Cecil Purdy
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Agnesina_temperance
La jeune Corleone s'était transformée en tempête sans le vouloir, elle avait passé à l'attaque pour redevenir Maîtresse de la situation, parce qu'elle a bien compris qu'elle n'était pas si forte en confrontation physique. Elle ne le savait peut-être pas mais si le Visconti avait décidé d'en finir avec elle, il aurait pu le faire mais son orgueil refusait de l'accepter. Agnésina préférait les mots aux armes, un sacrilège pour une voleuse et pourtant, il fallait bien qu'elle palie sur le fait que son apprentissage des combats a débuté il y'a pas si longtemps mais elle savait que les mots pouvaient être des armes. Ils pouvaient manipuler, blesser, enfoncer le coup ou au contraire, faire aimer. Ils étaient la base de tout. A cet instant, elle avait attaqué sans laisser le temps à son ennemi de répliquer et pour finir, par avouer ses sentiments. Comme le Visconti, elle ne faisait rien comme tout le monde. Les gens normaux avouaient le plus simplement du monde leurs attirances à autrui et ils se mariaient mais Agnésina, non. Elle l'avait défié en lice, lui avait collé une, lui avait dit ses quatre vérités et enfin, dire qu'elle avait un faible pour lui.

Non mais il m'a cherché aussi. Tout est d'sa faute, 'façon. La guerre et la famine dans les villages. Tout, tout. On peut me dire pourquoi il m'a redressé, hein ? Comme si je ne connaissais pas la politesse. Je la connais mais je la renie. Parce que les gens qui sont polis, on se moque d'eux. Dans ce bas monde, on a moins tendance à embêter quelqu'un qui est affalé que quelqu'un qui est raide sur sa chaise, du moins je le pense. Tous les membres du Clan ont leurs caractères et pourtant, je me suis sentie différente au début, de part mes idées et mes attitudes. Très différente. Alors, je me suis mise à l'écart et j'ai observé. Je n'avais pas non plus l'habitude d'être avec autant de personne. Je me suis contentée d'observer, jusqu'à ce que je ne me décide de me prendre par la main et décide de m'imposer. Et je ne le regrette pas. J'ai trouvé ma place jusqu'à ce qu'il arrive, lui, bouleversant mes certitudes, parce que je pensais être indifférente et insensible.

C'était la séquence émotion. Elle est devant lui, encore remuée de ce qu'elle venait annoncer. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Elle n'avait pas su retenir ses sentiments. Ils s'étaient exprimés malgré sa volonté. Qu'est-ce qu'elle devait faire maintenant ? Fuir ? Non. Il fallait qu'elle reste là. Elle devait rester là.

Allez Agnésina, prends un air méchant. Tiens-toi droite et le menton haut. Voilààà. Tu sauves presque les apparences. Déjà, tu n'as pas envie de chialer et c'est une bonne chose. Elle plisse les yeux. Il est en train de réfléchir là ? Il a une drôle de tête quand il réfléchit. Il a une tête d'une personne qui a vu la Grâce. Il est ému, c'est ça ? Respire Agnésina, ne tourne pas de l'œil, tout va bien se passer, tu vas voir. Il n'a pas l'air bien méchant, et puis il n'a pas une tête à manger les gens. Qu'est-ce qu'il dit ?

La femme le fixait, elle ne savait plus vraiment ce qu'elle éprouvait tellement que ses sentiments étaient contraires. Fermer son visage pour mieux se renfermer, elle. Comme une tortue. La Reyne avait abattu les pions du Roy. Tout deux étaient au centre de l'échiquier. Est-ce qu'un des deux risquent de brûler ses ailes ? Lequel est-ce que ça sera ? Est-ce qu'au final, n'est-ce pas une partie nulle ? N'étaient pas tout deux en mat ? La Reyne face au Roy. Le Roy face à la Reyne. C'était inattendu. Donc qu'est-ce qu'il disait ?

L'amour n'est pas une faiblesse mais une force. Hum. Si elle se considérerait faible face à ce qu'elle ressent, c'est qu'elle n'est pas sûre d'elle. Que voulait-il dire ? Qu'elle n'était pas sûre de son amour envers lui ou qu'elle n'était pas sûre d'elle tout court ? Elle encaisse le coup. Parce que quoiqu'il ait voulu dire, il venait de l'irriter.

L'amour n'est pas une faiblesse, tu parles. Le nombre de fois que tu vois ces femmes qui se suicident parce qu'elles tombent amoureuse du vilain garçon et qu'il les a engrossé, faut pas venir me dire que c'est une force. Ou pire encore, quand t'as une fille qui tombe amoureuse d'un garçon mais qu'elle apprend qu'elle ne peut pas l'épouser car elle est promise à un autre. T'as aussi ceux qui se servent de l'amour pour juste passer du bon temps. Ou pour soutirer des infos. L'amour est une brèche dans l'esprit et le corps d'une personne. Un ennemi peut s'en servir pour l'agrandir un peu plus et fourvoyer le reste du corps et de l'esprit. Je pensais être au-dessus de ça, Visconti mais tu m'as prouvé que je me trompais. Oui, Visconti, vous ne me laissez pas indifférente et je vous déteste pour ça, même une part de moi est amadouée mais ça, vous ne le saurez pas. Pas tout de suite. Malheureusement si vous pensez que je ne suis pas certaine de ce qui bouillonne en moi, vous vous trompez. Si vous pensez que je manque de confiance en moi, peut-être avez-vous raison.

Une leçon de séduction ? Elle fronça les sourcils et grinça des dents, hésitant à faire un pas en arrière. Sa main la démangea. Oui, sa main voulait rencontrer une joue une nouvelle fois mais elle se retient, ça ne servait à rien. Pas maintenant. Elle ne dit rien sinon elle risquait de passer pour la femme qui lui courait après ou qui était vexée. Ne pas répondre à sa provocation était la meilleure chose à faire. De toute façon, il venait lui couper l'herbe sur le pied. Elle lui aurait bien fait un doigt d'honneur mais ce serait s'enfoncer encore plus. Elle tempérait. Le Roy attaquait encore. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il pouvait le pousser à être si arrogant et si provocateur après les révélations qu'elle venait de lui faire ?

Adopter une attitude passive lors qu'il lui dit que la meilleure façon de clore le bec et qu'il lui vient, avec son index, effleurer le contour des lèvres de la brune. Elle chercha son regard, pour le soutenir et il rajouta que c'est de l'embrasser. Bref espoir car il la rassure en lui disant qu'il respecterait ses volontés.

Goujat ! Telle est la pensée féminine. Il se recula et lui tourna le dos en lui disant que la leçon est terminée. Elle ne le retiendra pas. Elle pourrait le frapper derrière la tête pour lui prouver qu'on ne tourne pas le dos de la Corleone mais elle ne le fera pas.


«- Belle fuite en essayant de rester digne, mais au fond de vous, êtes-vous aussi digne que vous le dîtes ? Si mon vouvoiement vous paraissait étrange, n'oubliez pas que vous faîtes de même. Vous cacheriez-vous derrière de faux semblant aussi, Visconti ? Vous seriez digne que vous m'auriez mis un sacré vent à l'instant que je vous ai avoué que j'avais un faible pour vous. Vous auriez rigolé ou vous auriez eu l'amabilité de me replacer à ma place.

Elle lance un regard vers le ciel étoilé, pensive.

«- Votre long silence en a dit long, vous savez ? Vous m'avez dit que je n'étais pas sûre de moi mais m'en voudrez-vous si je vous... retourne le compliment ?

Elle fixa une dernière fois son dos avant de se retourner et de partir vers le côté opposé mais au bout de quelques secondes, elle s'arrêta.

«- Il va de soi que si vous m'auriez pris des vêtements, ils auraient été les plus beaux et que vous les auriez payé.

Un sourire en coin de façade et elle continua son chemin. Il fallait qu'elle se change et vite. Il ne faudrait pas que quelqu'un la rencontre dans cet état.
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