ellesya Dans la colère née de son effarement écoeuré devant la scène qui s'était joué devant la collégiale, Ellesya avait oublié de se munir d'un mantel en filant d'un pas rageur vers les jardins surplombant de plusieurs dizaines de mètres la cité d'Amboise et la Loire. Le choix de la robe, prévu pour rappeler quelques agréables réminiscences à son époux, avait pour désavantage de laisser sa gorge uniquement protégée d'un voile. L'hiver avait tôt fait d'y planter ses crocs glacés. Quelque part cela apaisait l'ire qu'elle ne pouvait décemment pas extérioriser.
Le regard acier vaguait à l'horizon alors que la jeune femme décortiquait ses pensées et sentiments, entre culpabilité, tristesse et dégoût.
Ce furent les bras chaleureux de son époux qu'elle n'avait pas entendu venir, confiante qu'elle était à Amboise, qui la ramenèrent au présent. Contre lui, elle se rendit compte à quel point son corps s'était refroidi, exposé aux vents hivernaux. La Louve se laissa alors mener vers les logis, silencieuse. Passant non loin de la collégiale, son regard l'évita soigneusement. Un sentiment de salissure, similaire à celui qu'elle avait ressenti lors de la mascarade de mariage d'Angelyque, lui semblait imprégné les lieux. Ce ne fut que lors qu'ils furent à l'abri du logis des 7 Vertus, cheminant vers leurs appartements de l'autre côté de l'imposant castel que sa langue se délia et qu'elle conta à son conjoint la scène à laquelle elle avait assisté, n'omettant pas sa propre réaction et ses propos.
Je n'y retournerai pas. Je ne peux témoigner de ça.
Conclut-elle en demandant l'aide du prince pour se déparer de ses atours.
Lu vint les informer de la suite des événements. Elle mit l'attente à profit pour se réchauffer dans un bain délassant, puis rejoignit la petite chapelle Saint Hubert pour méditer.
Enfin, l'âme douloureuse mais calmée, elle lut à Lexhor ce qu'elle rédigea dans le pli qu'elle confia ensuite à Lu.
Le page arriva sur les talons de l'archevêque de Tours. Lorsqu'il fut pris sur le côté par la fiancée, il délivra au seigneur de Maillé le bref message dont l'encre avait à peine eu le temps de sécher.
Ainsi, Anthoyne put lire.
Citation:Anthoyne,
Je ne puis témoigner en la collégiale, sur le tombeau de notre parentèle, après ce qui s'est déroulé.
En tant que cousine, chef de famille et suzeraine, je m'oppose à ce mariage.
Il nuira à ta personne et à notre Maison où, de toute manière, ta fiancée ne sera pas la bienvenue avant longtemps. Peu m'importe les qu'en dira-t-on. Ils seront moins lourds à porter qu'un mariage si mal engagé.
J'ai scellé ma conviction pour te complaire mais mon attachement envers toi m'interdit de te laisser continuer sur cette voie.
Peut-être ne me pardonneras-tu pas mais je suis ma conscience, apaisée bien que fautive de la colère qui m'a consumé ce tantôt.
A Dieu vat !
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>Cousin à marier