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[RP] Premiers jours au Prieuré de Sainte Illinda

Ellya
Que tout le monde décline son identité! Et que ça saute!

L'accueil aurait pu être plus ... formel. Voire aimable!
Mais pour cela, il eut fallu que le soleil domine dans le ciel au lieu de ces infâmes nuages grisonnants qui déversaient sur les premiers habitants du Rivet une vilaine pluie acide se frayant un passage glacial dans vos frusques.
Pour cela, il eut été préférable, aussi, que la nouvellement nommée 'Prieure' n'ait pas la tête tondue comme un mouton... Et Dieu que sa perruque qui penchait maladroitement sur sa tête la grattait! Oui, Ellya était chauve à cause d'une ruse qu'elle avait voulu jouer à un évêque quelques semaines plus tôt. L'affaire était tombée à l'eau quand elle avait été prévenue que les travaux du Prieuré avaient enfin pris fin. Cela n'avait pourtant pas fait repousser sa chevelure plus rapidement...


Et que ça saute, j'ai dit!


En attendant que sautillent les malheureux moines choisis pour envahir les lieux, la Prieure jeta un regard navré sur le saint bâtiment. Les ouvriers avaient fait un travail de sagouin tel qu'il était difficile d'imaginer pouvoir entrer sans que le plafond ne s'écrase sur nos têtes.
Les murs étaient lézardés et, pour ce qu'elle avait vu de l'intérieur, les mites rongeaient avec entrain les 'nouveaux' meubles.

Ah, c'est sûr qu'ils allaient être bien... Bien au frais, avec les courants d'air qui faisaient autant de bruit qu'un chat sur la queue duquel on aurait marché.
Bon... Par quoi allait-elle ensuite commencer? Le planning des journées? Les consignes de sécurité? Les nouvelles prières?

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Watelse
Gueularde... Sa femelle officielle se révélait une prieure gueularde! Même pas arrivée dans cet édifice branlant que la voilà à mettre toute la petite bande de moinillons au garde à vous.

En parlant de moinillon, elle en avait toute l'apparence: Dame Ellya Watelse était fort loin de ses robes mignonnes et de sa figures juvéniles de femelle fraichement mariée. Elle ressemblait plus maintenant à un mâle chétif - ce qui n'était pas sans faire un tantinet plaisir à ce fier adorateur de la gente masculine - dans toute son humble habit de religieux unisexe. Un rien agacé par le statut supérieur de celle qu'il avait toujours appréciée en tant qu'être diminué et inutile, il prit parole devant le peu de moines que recueillait le Prieuré Ste Illinda :

Prieure Watelse, vous savez qui je suis alors faites nous grâce de ce semblant d'autorité surjoué! Moi je m'en vais "soulager ma conscience".... Quelqu'un sait où sont les latrines?


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Mucius
Le bâtiment branlant. La nonne en pleine découverte de sa vocation militaire. Les moines déconfits. Le bâtiment penché. La nonne à la voix suraigüe. Les moines trempés.

Le regard de Mucius allait d'un élément à l'autre. Un grand sourire ornait son visage quelconque, un sourire que ne décourageait pas la fine pluie. Quand la nonnette lui avait proposé de la rejoindre dans "une formidable aventure humaine faite de lendemains chantant et de fraternelle promiscuité", il n'avait pas imaginé les choses autrement. C'est bien pour cela qu'il l'avait rejoint après que leur dernière affaire ai échoué...ça devenait une habitude. Mais la donzelle avait un don précieux aux yeux de Mucius: elle déformait le continuum espace-temps pour y apporter un vent de folie et de chaos joyeux. Si elle n'avait pas été nommée Bergère en cheffe de ce Prieuré, nul doute que le temps aurait été radieux, le bâtiment conforme à la règle du réalisme qui veut qu'un mur ne tienne que s'il a plus de pierres que de trous, et les moines enthousiastes ; encore que pour ce dernier point, le premier d'entre eux à s'être présenté avait l'air pressé de prendre da place dans la magnifique chaîne de production et de transformation du houblon. A la fin même.

Mucius gloussa alors qu'une mèche rebelle et gorgée d'eau s'écrasait sur son front. Poissarde la nonne ? Pas de son point de vu. Il n'avait jamais eu beaucoup de goût pour les vies bien régulées, simples et paisibles. A ses yeux elle était un oriflamme à conserver soigneusement en à portée de vu afin de toujours se rallier au désordre qu'elle ne manquerait pas de créer. En parlant de se rallier...


Dame Ellya, comme qu'on s'retrouve ! S'exclama-t-il en franchissant en deux pas la distance mise entre elle et la piétaille avant de serrer vigoureusement la main à la Sainte. V'la qui m'fait rudement plaisir ! C'est pas comme si c'était une surprise d'vous voir vu qu'vous m'avez invité, mais le déguisement avec la perruque et l'vieux sac à patate comme robe, ça c'est nouveau ! Remarquez ça vous va bien !
Saga
Elle venait tout juste d'arriver ou presque et elle en était encore à s'étonner de son futur habitat. Pas tout à fait l'idée qu'elle se faisait d'une riche abbaye productrice de bière, la petite béarnaise. Elle fixait tour à tour les murs délabrés et la petite chose qui ordonnait de sauter.

"Que tout le monde décline son identité! Et que ça saute!"

Elle ouvrit de grands yeux, la vilaine. Toute surprise, elle en restait immobile, bouche bée.

"Et que ça saute, j'ai dit!"


Bon, puisqu'il fallait sauter, sautons ... Et elle se mit illico à faire de petits sauts, les pieds entrant et sortant régulièrement de ses sabots. Elle fixait d'un oeil noir, le grand paon braillard qui lui avait vanté la sérénité de la vie monastique

Me ... v'la ... Ma ... Mère ... J'suis ... Sa ... ga ...

A chaque saut était expulsé un mot et la vilaine, perdit la fin de sa phrase en même temps que son pied atterrissait sur le bout pointu de son sabot, l'envoyant valser dans les mollets du Sieur Watelse.
Ellya
Entre un vieillard incontinent, un détective prompt à l'insulte et une paysanne bégayante, la première communauté Rivetaine laissait à désirer. D'une main glacée, Ellya repositionna sa perruque tout en faisant sembler de se gratter.
Le temps allait passer lentement...

Agacée par la pluie et ne souhaitant pas répondre immédiatement à l'ire de son époux, ni à l'incroyable inélégance de Mucius, elle invita le petit groupe à s'abriter à l'intérieur du monastère. Une bougie crachotait sa lumière tandis que la Prieure embrassait les murs moisis du regard.


N'est-ce pas magnifique? Nos poumons vont respirer de l'air pur! Nos âmes seront ragaillardies! Remerciez le Très-Haut pour cette chance, mes amis, remerciez le!

Sa joie retomba bien vite quand elle reposa ses yeux sur le Paon de Gascogne.

Les... commodités sont à l'autre bout du bâtiment. Mais pour l'heure, et avant de visiter, je vais vous montrer vos cellules. Enfin, la cellule.

Pour des raisons financières, l'énorme salle à manger d'antan avait été remplacée en une sorte de dortoir dans lequel étaient alignées plusieurs couches. Celles des femmes n'étaient séparées de celles des hommes que par un drap grossier qui délimitait le dortoir droit du dortoir gauche.

La religieuse les conduisit donc vers cette salle glacée qui empestait l'encens. Certains ouvriers racontaient qu'on y trouvait des nichées de rat la nuit. Mais cela n'allait pas effrayer quelques moinillons baignés dans la grâce de l’Éternel.


Tadam! Messieurs, vous dormirez dans la partie gauche. Vous avez de la chance, vous pouvez choisir vos couches! Sœur Saga, vous irez à droite. Et attention! Si quelqu'un touche à cette magnifique tenture - un drap humide et jaunâtre - qui sépare les dortoirs, vous irez à confesse en moins de deux!
Alors?
Ravis?

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Mucius
Mucius n'avait jamais vu l'utilité de la Foi. Avoir foi - avec un f minuscule - dans la solidité de ses braies, c'était une chose. Mais la Foi, celle qui ébranle les montagnes et soulève les foules, il ne l'avait jamais considéré comme autre chose qu'un passe-temps amusant permettant de soutirer quelques pièces aux crédules bigots. Sauf que là, il ne pouvait que reconnaître la puissance de la Foi de la nonne. Comme il le soupçonnait, seule cette croyance aveugle en le locataire du dessus faisait tenir les murs debout. Mais de surcroît, la "Prie-ailleurs" avait l'air de sincèrement voir autour d'elle de riches tentures, des murs correctement cimentés et pourquoi pas des règles d'hygiènes respectés !

Le Détective - puisqu'il s'agissait de son dernier métier honorable - n'avait jamais vu quelqu'un réussir à se berner soit même avec tant de talents. Les murs suintaient l'humidité et - chose inouïe - arrivaient à ressembler à des ruines alors qu'on venait de les poser. Les araignées, elles, avaient entendu parler du Monastère, et elles avaient accourues en si grand nombre que Mucius se demandait si on n'allait pas devoir négocier des terres avec elle à grand renfort de verroterie. Même les ténèbres se sentaient tellement chez elles que la flamme de la bougie semblait se racornir de peur. Quant au dortoir...

Le dortoir était magnifique. Un temple de lumière. Un havre de paix et de bonheur terrestre comme céleste. Mucius comprit enfin qu'il avait été appelé en ce saint lieu et qu'il s'y sentirait à présent comme chez lui. Il tomba à genoux sans même s'en rendre compte et en son cœur il prononça une prière des plus sincères.

Ô Toi le Tout-Puissant, Toi l'Architecte Divin, merci, merci, Tu exauces mes vœux et me récompense à ma juste valeur. Merci mon pote pour ce dortoir quasi-commun et ce Drap Défendu qui ne me résistera pas longtemps !

Il resta dans cet état de béatitude pendant de longs instants, remerciant un Dieu dont il découvrait l'existence à l'occasion de ce petit miracle. Il se releva promptement ensuite, et, un sourire touché par la grâce au travers du visage, se tourna vers la nonnette.


Mais dites-moi ma soeur, vous ne vous êtes pas mentionnée dans le partage des dortoirs. Devons nous en déduire que vous avez votre propre cellule ? Ce serait contrevenir aux lois monacales qui exigent l'égalité, la fraternité et le voye...et tout ça tout ça !
Mortola
Meeeeerde... Je m'étais endormie - je crois.
Vous savez, cela ressemble un peu à ces moments où l'on entend « L'instant d'avant, j'étais là, et après j'étais ailleurs ». Ben moi, c'était un peu pareil. Paumée. Complètement paumée.
Discrètement je me relevai. Chier ! Ils étaient là... Dans le dortoir... Vous voyez le drap qui bougeait, là, sur la couche ? Ben, c'était moi. Quelqu'un - un miracle peut-être - m'avait déposé là. Eh bien moi, j'en avais profité pour piquer un petit roupillon.


- Gneh ? Heuahin. Hem. Oui. B'jour. J'suis là. Mo.

Allez Mo, on se relève, on s'époussette. J'adressai un large sourire d'excuse à un peu tout le monde, espérant éviter le regard de la prieure qui, je le savais, ne serait pas commode.
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Ellya
La nonnette savait bien que le détective Mucius était fait pour vivre dans un monastère! Voilà qu'il se posait déjà des questions pleines de bon sens et cherchait à respecter au mieux les lois divines. Ellya se réjouit à l'idée qu'il remplacerait à merveille le mouton qu'il avait lui-même tué, par la force des choses.

Et bien, mon cher Mucius, il est vrai, et j'en suis navrée, que ça bouge.... Ça bouge!

En voyant le drap se bomber et remuer, la Prieure imagina aussitôt le pire: une nichée de rat avaient élu domicile en son très saint Prieuré. Mais apparemment, elle était encore trop naïve car il y avait bien pire que le pire: une femme! Endormie! Et qu'elle avait déjà croisé qui plus est!

Sœur Mo!

Elle lui lança un regard incendiaire.

Que vous souhaitiez visiter les lieux me plaît assez. Mais vous allonger dans la couche des hommes! Par tous les Saints! La visite se poursuivra donc au confessionnal... Où la soeur Mo aura l'occasion de tester l'assise pour nous.

Sitôt dit, sitôt fait. Après quelques détours inutiles dans le lieu froid et humide, ils parvinrent derrière la chapelle (oui, oui, derrière) où se dressait une sorte d'armoire en bois.

Tadadam! C'est la dernière mode de confessionnal à Rome, vous savez.

Enfin, c'est ce qu'avaient dit les charpentiers.
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