Watelse
Georges Léonard Watelse avait fait long voyage. A dos de mulet, il avait parcouru la Guyenne jusqu'à ce bout de cailloux sans artifices que son épouse adorait : l'abbaye de Sainte Illinda. Watelse abhorrait ce genre d'édifice sans dorure ni tralala. Il avait un temps essayé de raisonner la trop humble nonnette en susurrant qu'une statue en argent massif attirerait le regard du Très-Haut, et qu'une cloche au battant diamanté tintinnabulerait plus efficacement pour l'attroupement des ouailles. En vain. L'orfèvre ne voyait aucune trace de Beau dans cet amas gris et austère.
En parlant de belle trace, le Maitre orfèvre songea à en laisser dans ce petit recoin qu'il avait pris en affection car sa femme ne l'y suivait jamais : les latrines. Bien qu'il n'y ait jamais trouvé un quelconque autre attrait particulier.
Séant posé, le regard se fixait sur un recoin où une pierre semblait pointer vers les ciel et Watelse sut alors qu'Aristote avait un grand dessein pour lui en ce lieu. Le silence de cet espace trouvait un écho artistique dans l'esprit du génialissime Watelse. Une divagation céleste. Une imagination grandilotesque. Une dissipation cérébrale presque honteuse. Une uvre embryonnaire watelesque.
Braies remontées, aussitôt, il scrute les murs, frôle leur rugosité, s'imprègne de leur caractère âpre, se l'imagine plus en courbes, plus lisse, plus watelesquement convivial.
Le jour suivant, le Maitre orfèvre se mit à l'uvre : le Beau s'emparait de lui et donnait à ses mains et ses actes tout le crédit qu'il fallait à la réalisation des watelesques latrines. Il en dilapida la totalité de l'argent que son épouse Ellya préservait pour les pauvres. Diantre! Pour sûr, les affamés seraient de son avis : aucun ventre ne réclamerait trognon de pomme tant que l'évacuation gastrique ne serait pas en place en ces murs! Aussi, Watelse dépêcha les meilleurs tailleurs de pierres. Ceux-ci devant l'amoncellement d'écus ne pipèrent mot devant ce projet délirant.
Ainsi, dans le plus grand secret et surtout loin du regard d'Ellya de la Duranxie, trois têtes moniales prirent forme en moins d'une semaine et furent prête à acceuillir entre leurs seins purs les déjections malpropres si semblables à la pourriture du Sans-Nom.
Quoi de plus agréable et de plus fantasmatique que de dresser la virilité d'Aristote, le plus grand des Hommes, contre l'implacable virginité d'une nonne? Quoi de plus révérencieux que de montrer la présence du Très-Haut et de sa mâle-attitude dans cet espace de profond recueillement et de dévôte purge? Quoi de plus divinement spirituel que cet alignement mural de la pureté comme trou du soulagement anal et spirituel?
Et c'est sur cette conclusion théologique, que braies à terre et derrière à l'air, Watelse baptisa les latrines de l'abbaye.
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En parlant de belle trace, le Maitre orfèvre songea à en laisser dans ce petit recoin qu'il avait pris en affection car sa femme ne l'y suivait jamais : les latrines. Bien qu'il n'y ait jamais trouvé un quelconque autre attrait particulier.
Séant posé, le regard se fixait sur un recoin où une pierre semblait pointer vers les ciel et Watelse sut alors qu'Aristote avait un grand dessein pour lui en ce lieu. Le silence de cet espace trouvait un écho artistique dans l'esprit du génialissime Watelse. Une divagation céleste. Une imagination grandilotesque. Une dissipation cérébrale presque honteuse. Une uvre embryonnaire watelesque.
Braies remontées, aussitôt, il scrute les murs, frôle leur rugosité, s'imprègne de leur caractère âpre, se l'imagine plus en courbes, plus lisse, plus watelesquement convivial.
Le jour suivant, le Maitre orfèvre se mit à l'uvre : le Beau s'emparait de lui et donnait à ses mains et ses actes tout le crédit qu'il fallait à la réalisation des watelesques latrines. Il en dilapida la totalité de l'argent que son épouse Ellya préservait pour les pauvres. Diantre! Pour sûr, les affamés seraient de son avis : aucun ventre ne réclamerait trognon de pomme tant que l'évacuation gastrique ne serait pas en place en ces murs! Aussi, Watelse dépêcha les meilleurs tailleurs de pierres. Ceux-ci devant l'amoncellement d'écus ne pipèrent mot devant ce projet délirant.
Ainsi, dans le plus grand secret et surtout loin du regard d'Ellya de la Duranxie, trois têtes moniales prirent forme en moins d'une semaine et furent prête à acceuillir entre leurs seins purs les déjections malpropres si semblables à la pourriture du Sans-Nom.
Quoi de plus agréable et de plus fantasmatique que de dresser la virilité d'Aristote, le plus grand des Hommes, contre l'implacable virginité d'une nonne? Quoi de plus révérencieux que de montrer la présence du Très-Haut et de sa mâle-attitude dans cet espace de profond recueillement et de dévôte purge? Quoi de plus divinement spirituel que cet alignement mural de la pureté comme trou du soulagement anal et spirituel?
Et c'est sur cette conclusion théologique, que braies à terre et derrière à l'air, Watelse baptisa les latrines de l'abbaye.
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