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[RP] Il est l'or mon seignor...

Gabriele.
...L'heure de se remplir les poches !

Silencieux, j'observe. Immobile, j'écoute. J'écoute le souffle de ces autres auprès de moi. Mon clan, et ma famille. J'observe ces hommes et ces femmes à mes côtés, avec la pensée furtive que cette prise sera pour Elle, la Matriarche qui nous a quitté il y a quelques mois déjà, pour Rodrielle. Ses enfants sont là. Ses neveux, et petits-neveux, aussi.
Cette ville, je l'ai déjà connu, j'y suis resté un moment lorsque je cherchais ceux dont je fais à présent parti. Peu importe, les lieux ne comptent pas, il n'y a qu'eux, avec qui je vais aujourd'hui me battre. Ma main d'épée se plie et se déplie, éprouvant la tension de mes muscles, alors que je la porte sur le fourreau de ma dague. S'il n'y avait pas de grabuge cette nuit, je n'aurais pas besoin de me servir d'une lame plus grande, et ma rapière resterait dans son fourreau de cuir. S'il y en avait, et bien...advienne que pourra.

Du regard, je recherche la chevelure rousse caractéristique de ma Nordique. Elle n'est pas trop au devant, et pour cause, notre enfant devrait arriver dans un mois, deux tout au plus. Il y a beaucoup de flamboyants dans cette bande, mais je ne peux pas la louper, elle et sa mèche argentée.
Un sourire, je compte bien lui montrer aujourd'hui de quoi je suis capable, et je sais qu'elle fera de même également, malgré son état.
Mes yeux se portent un peu plus à l'avant, vers les donneurs d'ordres. J'attends le signal, la main sur la lame d'acier, calme, sûr de moi. La discussion avec Ina revient à mes pensées « Fais juste ce qu'on attend de toi, et on te respectera. » et j'allais le faire. On attend de moi que j'agisse comme un seul homme avec toutes ces personnes, et c'est ce que je m’apprêtais à faire.

Un signe, tous se mettent en mouvement, à mon instar.
L'approche du bâtiment municipal me permet de me rendre compte que les gardes ne sont pas très nombreux. La petite Lili n'est pas loin, je la regarde, future graine de grande mercenaire. Et je me reconcentre à l'approche de la cible. Lame au clair, j'accélère, et fonce sur le premier gars venu, pris par l'effet de surprise.
Un sourire quasi sadique s'élargit sur mon visage lorsque je frappe, la dague remontant droit entre ses défenses pour venir trancher la carotide. Du sang s'échappe sur mes vêtements, ma peau, je m'en moque. Cette mairie nous est presque donnée, tant les défenses ne sont pas conséquentes. Je monte les marches, en compagnie de mes sœurs, mon père, ma femme, et de tous les Spiritu qui nous accompagnent.

L'or nous attend, et qui sait, peut-être l'une ou l'autre bonne bouteille, aussi !

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Praseodyme

Cerbère a ouvert Ses Portes en grand.

Un courant d'air glacé comme la Mort s'est échappé de la bouche des Enfers, haleine putride du Sans-Nom qui s'est venu vautrer dans la couche douillette des bonnes gens. Les gueux se sont levés, les brigands, les déshérités, les malandrins, les assassins, les hommes de peu de Foy, les filles de grande Joye, La Mesnie des Morts vient en Artois réclamer sa dime. Elle s'est invitée à la table, Elle est venu ripailler, vider coffres et tonneaux, trousser les filles, occire les hommes et manger les petits enfants. Ils ont pour nom Plaie, Peste, Famine, Châtiment. Ils ont pour nom Mort. Ils ont pour nom Spiritu Sanguis.

Ils sont chez vous ! Accueillez-Les avec tous les Honneurs qui Leurs sont dus.


Menant sa lance, une figure macabre plaquée sur son casque de fer, tenant une grande faux à la main, Praséodyme s'est avancée au devant des défenseurs, et infatigablement, elle a fauché, elle a glané, faisant une large moisson de têtes détachées de leur col, le geste ample, fière moissonneuse du Sans-Nom, appliquée à la tâche. D'une voix rauque, elle exhorte ses suiveurs
Tue ! Tue ! Tranche ! Tranche ! Ne faiblis pas, la Victoire du Mal est proche et Elle est inexorable !

Ils ont gagné, ils ont conquis la ville. Le Mal triomphe toujours, car Sa Cause est Juste. Maintenant ils peuvent piller, torturer et châtier à leur guise, puisqu'ils en ont conquis le Droit par la Force, la seule vraie Justice en ce bas Monde.

Du fin fond des entrailles de la terre, une voix sépulcrale s'élève alors, pour prononcer cette funeste sentence :


Péronne, la Main du Sans-Nom est sur Toi, hores apprête-Toi à souffrir les Mille Morts !
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Daeneryss
    Nous faisons peur. Et nous le faisons bien. *


Nous y voilà. Peronne.

D'une ombre parmis les ombres, nous nous sommes rassemblés encore une fois pour unir nos idéaux face à l'adversité. Le clan des Spiritu Sanguis peut être fier de lui pour tout ce qu'il a accompli, sans compter pour le moment le combat que nous mènerons cette nuit.
Il fait froid. J'ai froid dans la pénombre. La brume m'enveloppe comme dans un draps de coton, protectrice, douce, mais sa fraîcheur réveille un frémissement de mon échine jusqu'à ma nuque.
Les ordres avaient été clairs, simples : Pillez, pauvres fous!**

Mon regard s'accroche une dernière fois à celui de mon Corleone, ma force, alors que je me redresse pour tendre mon arc. Le crin subit la pression nécessaire, tandis que mes doigts retiennent la flèche qui ne demande qu'à partir. Une tension énorme, tant dans l'instant que dans mon arme qui ne demande qu'à faire son office.

L'heure est venue.

Les dirigeants du clan donnent le signal et s'élancent déjà vers les gardes. Nous sommes nombreux, nous sommes postés partout, ils ne seront bientôt plus. Je décoche et laisse la flèche filer comme il se doit, pourfendre l'air dans un sifflement presque inaudible pour les oreilles non expérimentées.
Un cri.
Un bruit sourd.
Un corps à terre.
Le carmin qui s'en échappe est imminent alors que le corps se vide de son liquide vital. Je ne m'étais pas loupée et l'entraînement quotidien portait ses fruits, alors qu'on apercevait parfaitement la flèche transpercer de part et d'autre la gorge de ce garde. Là, je me sens bien. Rien que la vue de son sang me réchauffe et une force nouvelle en moi se décuple. Non pas une force nouvelle, mon enfant. Ce Corleone qui me change de l'intérieur et me fait devenir cette rousse aux pratiques étrangement sadiques. Mais j'aime ça. J'aime ce que je deviens. J'aime ce que je suis.
Sadique. Tueuse. Avide du sang des autres.


Peronne, livre toi! Ou le sang de tes enfants inondera!

Et ainsi s'enchaînent les flèches décochées au vent, arrachant les cris des assenés. Chacun mène sa tâche à bien et bientôt les portes de la mairie craqueront sous la puissance d'Amalio...


* Monstres et Compagnie.
** Adaptation du Seigneur des Anneaux

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Ash
J'étais planqué là, dans les broussailles, avec le reste de mon clan, attendant le signal du début de l'attaque. Lorsque l'assaut débuta, je sortis mon petit couteau de chasse que l'on m'avait offert le jour même. Je bondis or de ma planque et me suis mit à courir avec les autres en direction de la mairie. Les gardes étaient au moins deux fois moins nombreux que nous. Je bondis sur l'un des garde et lui planta ma lame dans le coeur. Le laissant agoniser, je sécurisais le périmètre avec le reste de mon équipe.

La mairie était à nous, la richesse était à portée.
Gwilwileth
On dit toujours que la première fois c'est la meilleure.

C'est l'heure de prouver la véracité d'un tel dicton. La jeune fille, du haut de ses dix ans, s'est préparée pour l’événement. Aujourd'hui va être le premier jour de sa nouvelle vie. L'heure de prouver qu'elle n'a qu'une parole et qu'elle la tient toujours. L'heure de montrer à Enjoy qu'elle a un brin d'honneur. Gwil s'est perdue elle-même lors d'un pari. Elle en a perdu sa liberté, du moins pour un certain temps. Désormais, elle est au service d'une Corleone et cette nuit-là, elle sera initiée.

Au silence pesant de l'attente, se suivent les premiers bruits. Des épées sortant de leurs fourreaux. Des flèches brisant le vent. Les derniers soupirs des condamnés et le bruit sourd des corps qui tombent sur les flaques de sang. Et les cris de guerre. La terre retentit sous les pas de l'armée d'ombres et Gwilwileth se joint à l'euphorie générale.

Demain, elle sera riche, et demain, elle pourra voir le regard d'Enjoy changer, assurée que la jeune fille tiendra sa promesse. Tant que son propre petit secret ne sera pas dévoilé.

Elle n'a jamais tué personne et cette nuit-là elle ne tuera sans doute personne non plus, mais son épée, forgée pour sa petite taille, se tient prête aux imprévus et tremble d'une joie grotesque au même rythme que sa main et que son corps. L'enfant se sent enfin, de nouveau, part de quelque chose. De quelque chose d'énorme, de géant, de monumental. Sa première prise de mairie. Son premier combat aux côtés des Spiritu Sanguis. Ses émeraudes brillent d'exaltation tandis qu'elle tente de graver dans sa mémoire certaines figures et de repérer la coupable de sa présence. Maudite et bénie Corleone.

Quand les damnés de la terre se soulèvent, rien ne peut les arrêter. L'odeur du gain et le simple plaisir d'aller contre l'ordre établit se mélangent et explosent avec l’ébullition des plus meurtrières passions. Qui décide du tort des révoltés? Comment empêcher l’excitation volée à un cœur qui cesse de battre?

Gwilwileth se lèche les babines et sautille partout dans le champs de bataille. Elle pointe son épée vers un ennemi imaginaire et fantastique.


Que crèvent tous les couillons, les cur'tons, les maires et les bourgeois !

Elle profite de sa petite taille et de son grand sourire pour se frayer un chemin dans le désordre du plaisir vers un point élevé du paysage et contemple l'action. Bientôt les défenses seront brisées et défoncer la porte sera un jeu d'enfants. La petite calcule. Si tous les gardes sortent, elle pourrait sauter par une fenêtre et ouvrir la porte de l'intérieur. Ça leur ferait gagner du temps. Son destin se scelle: elle ne deviendra plus noble ni chevalière, à partir de maintenant, son métier c'est mercenaire.
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Lililith
La Muette est là aussi.

Elle n'a pas peur. Elle attend. Elle regarde autour d'elle tous ces gens qui sont là pour se battre. Elle cherche d'instinct la Matriarche avant de se rappeler qu'elle n'est plus. Que c'est pour cela qu'elle ne parle plus vraiment.

Et pourtant elle sent bien que la Mamma est là, pas loin ; qu'elle vient pour se battre aussi même si elle n'est là qu'à travers les gestes d'autres.

La fillette, la blondine est là, elle serre entre ses petits doigts le couteau dérobé il y a si longtemps à Blois. C'est toujours celui-ci qu'elle utilise en premier. Toujours. Parce que c'est cette fois-là qu'elle a rencontré Elouan et sa mère pour la première fois.

Elle s'avance, suit la voix hypnotique de Praséo, croise le regard de Gabriele. A un demi-sourire en voyant le tatouage luire. Oui, la Tatouée est bel et bien là. Alors qu'elle s'élance, elle la sent courir à ses côtés, l'arme au bout du poing.

La Minusculissime passe, glisse entre les jambes des Grands, les esquivant comme elle peut. Mais tout à coup elle ressent une douleur à l'arrière du crâne, alors qu'elle s'est éloignée de tous, dans une ruelle adjacente, pour poursuivre un homme qui s'enfuit lâchement.
Elle a mal, et elle s'effondre sans un cri, fidèle à son silence.

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Eve_ella
Un soir comme les autres. Ou presque.
Mes pas, légers et rapides, me menaient à travers les ruelles que je connaissais sur le bout des doigts à présent. A peine esquissai-je une quelconque hésitation avant de m’engager dans une rue, d’obliquer dans une direction ou une autre.
J’étais fatiguée, le travail à la mine m’avait épuisée et je n’avais qu’une seule envie : rentrer et me blottir dans les bras de mon Chevalier.
Je n’avais alors aucune idée de ce qu’il se déroulait au même instant devant la mairie. Jusqu’à ce que j’entende des cris, des bruits de combats, des corps qui chutent, d’autres qui courent, des gémissements, des épées qui s’entrechoquent…
Mon rythme cardiaque accéléra tandis que mon allure, elle, ralentissait. Qu’est-ce qu’il fallait faire quand quelqu’un s’attaquait à la ville ?? Car même si j’avais perdu la vue, je ne doutais pas un instant que ce fut de cela dont il s’agissait, le tumulte étant bien trop grand pour une simple altercation de rue.
Un frisson parcourut mon échine et je sentis la peur me gagner. J’étais seule, aveugle, et à une rue de là des gens se faisaient massacrer.

Fous le camp ! Et vite !
Tu plaisantes !? On ne peut pas les laisser faire !
Tu tiens à ta vie ?
Là n’est pas la question !
Bien sûr que si ! Que feras-tu lorsque tu seras morte ? Pas grand-chose, j’en ai peur !


J’étais au coin de la rue. Que faire ?? Mais que faire ?
Chercher de l’aide. Mais chez qui ? J’étais morte de peur et mon cerveau à vide refusait de m’aider.
Je fis volte-face sur mes jambes tremblotantes et longeai les murs pour ne pas me perdre… ni me faire voir… et butai contre quelque chose, par terre. Ce fut trop et un cri de terreur m’échappa.

Oh Clisson, où es-tu… qu’est-ce que je fais là…

Je tendis la main vers le sol… Après quelques instants, l’évidence me gagna : c’était un corps, un corps de petite fille…
Elvy_lee.
Barbu, barbu ♪ ♫

Berdol, on se serait cru au tournoi. Les gnons en moins. La même ambiance bon enfant. Elle sautille de place en place. Elle a enlevé ses bottes fourrées ferrées, on court bien plus vite pieds nus. Elle avance sans trop d'effort, serrée contre ses compagnons, tellement ils sont nombreux, sans rencontrer de réelle résistance. C'en est déconcertant de facilité. Son épée s'enfonce dans quelque gêneur au corps sans consistance, aussi mou qu'une motte de beurre.
Elle a finalement bien fait de ne pas se fendre d'un bouclier, le sien étant resté à Sion dans la masure plantée au beau milieu du marché. Le sang a un peu giclé, éclaboussant sa jupe blanche, ça suffit à décupler sa hargne. Non mais !
Les Artésiens, elle leur doit un poutrage qui lui a couté des mois de Normandie. Et la Normandie, ça se paie. On ne peut souhaiter même à son pire ennemi d'aller croupir en Normandie. Bien fait, Artésiens de malheur ! La vengeance à retardement, c'est un plat qui se mange avec appétit.

Elvy se fraie un chemin parmi les corps à corps, dans le froissement des lames, au milieu des « han han » de ceux qui frappent et de ceux qui reçoivent. Au loin, des bruissements de fuite.
De temps en temps, un hurlement déchire la nuit : elle reconnaît les voix de la Spiritu Sanguis.

Allez allez, on avance ! Poussez vous !

Les portes s'ouvrent avec fracas.

Le silence devient pesant, les ruelles se referment sur leur obscurité impénétrable. Une silhouette craintive longe les murs, pousse un cri en butant contre une forme à terre.


Mince, Lili !!
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Nizam
    La lune était haute, luisante d'un seul quartier. Elle perçait les pupilles d'un Balafré qui la fixait, impassible, seul un maigre éclat brillait dans les yeux bleus sales de l'homme d'armes. La trogne abîmée se détourna afin de distinguer les silhouettes du clan réunies. La nuit cachait des visages, enroulant de noirceur des traits qui, depuis longtemps déjà, baignaient dans le sombre. Par dessus sa brigandine, Nizam avait sanglé aux épaules et à la gorge ses plaques d'armure. La ferraille était bruyante, mais qu'importait, elle renforçait la carrure du mercenaire et dissuadait les crétins d'y porter un coup. Il avait préféré dans sa dextre son fauchon germain à l'épée, dégainée qu'en cas d'opposants particulièrements tenaces. Il doutait d'en rencontrer. Il songea à repérer une tignasse rousse parmi le sang italien qui trépignait devant lui, et resta proche de l'ambitieux à qui il avait cédé son couteau de chasse pour la prise.

    Un geste et tout se mit en place. La vieille criarde grondait de tout son lard et s'élançait comme la Faucheuse dans une cité pesteuse. Le Blond eut un rictus mauvais, des fols, voilà ce que penseront les gardes, et il n'y avait rien de tel pour éveiller l'inquiétude des imbéciles. La recrue d'Argonne venait d'user de sa lame, le pauvre homme s'était écroulé et les sillons des pavés se gorgeaient d'écarlate. A cette vue, le mercenaire se souvint du bruit du choc entre le fer et la chair, et il sourit comme lorsque l'on retrouve quelque chose qui nous est familier.

    Il repoussa à l'aide d'autres les gardes affluant, cogna et trancha froidement jusqu'à ce que le plus malin comprît qu'il valait mieux sauver sa peau et déguerpir devant la Spiritu Sanguis. La pâleur des iris détaillèrent le parvis, le clan s'appropriait aisément le lieu, mais une chevelure blondine le bouscula. Lili. Elle quittait le groupe et s'engouffrait dans une ruelle, les foudres de la fillette devaient s'abattre sur un fuyard, et Nizam ne fut pas le seul à le remarquer, un des gardes encore en vie les suivirent.

    Le Balafré grogna, délaissa le parvis où les derniers affronts résonnaient, et rejoignit hâtivement la rue où il avait cru apercevoir l'ostien et la môme. Un poing sembla sortir du mur et s'écrasa sèchement à sa mâchoire. N'avait-il pas vu ce même garde l'attendre dans un repli de pierres ? Trahi sans doute par le cliquetis métallique des spallières et de sa bâtarde. Etourdi, il fut tiré vers le sol et n'eut le temps que de lever subitement sa lame contre le bras qui l'empoignait. Le fauchon entailla vulgairement le biceps et malmena l'articulation. Le membre pendit comme celui d'un pantin, le garde jura, et Nizam en profita pour se dérober non sans cogner du genou la virilité de l'ostien, en représailles pour sa mâchoire douloureuse. Devant l'arme, l'estropié fuit.
    Un cri dans la ruelle le força à presser le pas. Elle était là, Lili, au sol. Le chien avait dû la suivre pour l'assommer. Une femme avait la main posée sur le corps de l'enfançonne, le mercenaire ne réfléchit pas en prenant la femelle par les cheveux et la tourna face à lui afin de presser le fauchon rougi et visqueux à sa gorge. Il rugit.


    - Ne la touche pas !

    Alors la lune éclaira et perça de nouveau des pupilles, mais celles-ci étaient voilées et ne savaient quoi fixer. Il se tut et comprit. Nizam plaqua sa main noircie sur la bouche de l'aveugle, la forçant au silence. Cette femme serait là par malchance, désarmée, et incapable de le reconnaître. A quoi bon enduire sa lame d'un autre émail ? Il planta son regard dans celui, vide, de l'effrayée, le souffle lourd et saccadé du Balafré se mêlant au sien. Il décida de la relâcher brutalement en la poussant contre les pavés.

    - Allez, dégage ! Barre-toi !

    Nizam récupéra le corps inconscient de la gamine et le cala sur une épaule, pogne vérifiant que du sang ne coulait pas. Elle respirait. Il revint sur ses pas sans se soucier de l'aveugle. Il aperçut la mairie et ses nouveaux occupants, dont une tête hydreuse guettant les ruelles.

    - Elvy ! Appelle Ama', fais-le venir, tout d'suite !
Eve_ella
Tout se passa trop vite pour que je puisse saisir ce qu’il m’arrivait. Je fus brusquement tirée par les cheveux tandis qu’une lame froide se pressait sur ma gorge et qu’un rugissement sauvage malmenait mes oreilles et me glaçait le sang.

C’est fini. Terminé. Ce fut tout ce qui me traversa l’esprit en cet instant qui pourtant parut durer une éternité. Ma vie allait s’achever là, alors qu’elle venait à peine de commencer.
J’étais partie, acceptant la fin, fronçant juste le nez en respirant l’odeur pestilentielle de mon agresseur. L’idée ne m’était même pas venue d’opposer une quelconque résistance, que je savais veine.

Ma gorge me faisait mal. Pourquoi n’étais-je toujours pas morte ?

Et soudain je fus violemment projetée à terre, m’écrasant sur le pavé sans que mon bras tendu instinctivement pour amortir ma chute ne la rende plus douce. J’étouffai un nouveau hurlement, de douleur cette fois-ci.

Je n’avais ni la force, ni l’envie de m’appesantir sur le fait que j’étais encore vivante et, sans demander mon reste, serrant mon bras blessé contre mon corps, je me trainais plus que je ne courus dans la rue la plus proche.

Pars, vite ! Tu as de la chance, il s’occupe d’autre chose !
Mon bras…
On s’en fout ! Cours !

La maison ne devait pas être loin, peut-être même que Clisson était déjà rentré et m’attendait sur le pas de la porte… Peut-être…
Laissant échapper un gémissement de douleur, je fis pas après pas, m’éloignant du lieu de bataille.

Encore un peu !

Je ne savais plus où j’étais. Je ne voyais rien bon sang !
Lentement, je glissai le long d’un mur et restai prostrée à terre. J’étais assez loin, les fracas de leurs combats me parvenaient à peine…
Elvy_lee.
Elle l'a vu œuvrer à quelques pas d'elle, cognant, lacérant sans faire dans le détail. Celui qu'on appelle le Balafré. Elle le croyait à l'intérieur avec les autres, mais au cri poussé par la femme penchée sur l'enfant, il a bondi dans la venelle.

Il se saisit de la donzelle apeurée par les cheveux, la jette à terre et la fille déguerpit comme un animal blessé, dans un hurlement de douleur. Alors il porte à son épaule une Lili désarticulée comme une poupée de chiffon.

Ama ?
Ama...
Amalio bien sûr.
Elle se souvient qu'il a enfoncé la porte de sa botte avant d'entrer dans la mairie.
A grandes enjambées, elle court.
Lili... silencieuse, si douce, si attentive. Lili endormie dans ses bras, son petit corps lové contre le sien. Lili qui apporte ses pigeons avec une régularité déconcertante...

Elvy traverse la place, s'arrête un instant devant le grand édifice dont les grilles ont été forcées. Elle passe le parvis, traverse le hall et enfile rapidement un escalier de pierre. A l'étage, deux battants s'ouvrent sur une salle pavée aux murs tendus de soie bleue aux couleurs de l'Artois. Le vaste bureau trône en son milieu et le fauteuil dans lequel est assis Amalio semble confortable. Impassible, le visage fermé, il repousse quelques papiers de sa main.
Elle a entendu dire qu'il était médecin.
Il lève vers elle un regard sombre, comme contrarié d'avoir été dérangé. Ses traits sont creusés.
Elle annonce dans un souffle :

Lili...

Puis plus fort.

Lili !!! Vite !!!!

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Agnesina_temperance
L'attente est le moment le plus insupportable et ce calme avant la tempête jouait sur les nerfs. Allongée sur le sol et les yeux rivés vers le ciel, Ina s'occupait à mâchouiller une brindille. Elle n'était plus une débutante dans les prises de mairie et commençait à adopter des habitudes pour rester calme avant l'attaque. Elle avait donné les consignes au groupe et il fallait, dès cet instant, attendre le signal. Le signal était la Lune. La précieuse Lune, si souvent incomprise, mais qu'on pourrait nommer Sainte Patronne des Gredins. Si mystérieuse et si séductrice, elle, qui est témoin de tous les méfaits et regarde de haut ce Royaume qui montre son vrai visage. Les masques des gens tombent, l'alcool coule à flot, le mari besogne sa femme, l'amante se fait besogner par un mari, les hommes vont au bordel, les épouses se font besogner par leur amant, les voyageurs sont délestés, les mairies tombent et les meurtriers tuent. Liste non exhaustive. Les songeries d'Ina l'amènent dans un terrain inattendue, elle se remémore sa dernière soirée à Compiègne et elle se surprend à penser qu'elle aurait pu être quelqu'un de bien. Beren et sa compagne l'avaient ébranlés. Là où la Corleone s'attendait à de l'agressivité, ils lui avaient proposés un travail et ce qu'elle avait interprété comme de la confiance. Ina savait répondre aux insultes, elle se débrouillait pour les bagarres mais elle a perdu complètement contenance face à cette proposition. Elle était jeune et n'avait pas encore les crocs acérés des plus anciens du Clan, même si elle tendait à changer parmi eux.

    Ina. Tu as retrouvé ta famille et tu as une place dans la Spiritu Sanguis. Avec eux, tu es toi et pas ce qu'on voudrait que tu sois. Tu aimes cette vie. Tu t'es bien jurée de voler de tout. Voler pour voler pour l'amour du geste. En volant le beurre et l'argent du beurre, tu feras ton profit du bien mal acquis La voleuse n'a qu'une loi : Ce qui est aux autres est à elle.* Ina. Tu es une voleuse. Tu n'iras pas sur le paradis solaire et tant mieux. Il faut toujours viser la Lune, car même en cas d'échec, on atterrit sur les étoiles**. Et si tu n'étais pas ce que tu es maintenant, tu n'aurais jamais plu au Visconti.


Elle haussa les sourcils à cette dernière pensée et se dit qu'ils se retrouveront pour la prise. Il ne devait pas être caché loin. Quand elle se redressa, elle vit un objet de la taille d'un écu qui brillait. Elle passa sa langue sur ses lèvres, parce qu'elle avait envie d'aller le chercher et pour le chercher, elle devait sortir de sa cachette. La vie était faite de choix et elle en avait un bel exemple à cet instant. Rester couchée ou aller chercher le possible écu et risquer d'être aperçu. Sa raison lui recommandait de rester où elle était et la tentation lui disait d'aller chercher l'objet qui brille. Cruel vie. Cruel choix. Une grimace se forme sur son visage. Le genre de grimace qui rappelle le faciès d'une personne qui est au-dessus des latrines et qui n'arrive pas à se libérer du fardeau de ses intestins. La situation était effroyable.

    Et merde. C'est quand même un écu !


Son ventre quitta le sol et confiante, ses pas la menèrent vers l'objet brillant. Les yeux s'animent d'un intérêt. Un écu. Ina était une camée d'écus. C'était une obsession et une drogue. Plus elle accumulait, plus elle se sentait bien. Si au contraire elle en perdait, elle se sentait mal allant jusqu'à ce qu'elle en tombe malade et vomisse. L'écu récupéré, elle se sentait mieux. Elle se sentait planer. Au moment où elle se retourna, elle tomba nez à nez avec ce qui ressemblait à un maréchal. Un miracle qu'elle n'ait pas crié. Rien de pire qu'un cri, pour être considérée comme suspect. Pour un écu, elle était dans de beaux draps.


« -Je ne vous connais pas. Dit le maréchal.
« -Heu. Je ne vous connais pas non plus. On est deux à ne pas se connaître ! Répond Ina.
« -Vous n'êtes pas d'ici. Constate l'homme.
« -Et vous, si. Réplique la Corleone.
« -Votre nom. Demande le maréchal.
« -Jeanne Dubois. Ment-elle.
« -Parfait, voici une lettre du Lieutenant du Guet. Bonne journée à vous. Explique-t-il avant de partir.

C'était moins une ! Elle avait eu chaud et elle froissa le papier pour le jeter au sol. Elle retourna dans sa cachette pour ne plus en sortir avant que la Lune soit bien haut dans le ciel.

Telle une brume de mauvaise augure, la Spiritu Sanguis se rassembla pour traverser le village. Ils ne faisaient plus qu'un. Chacun d'eux avait un rôle à jouer. Chacun d'eux était la Spiritu Sanguis. Les Corleone était une famille. La Spiritu Sanguis était un groupe de mercenaire. La démarche arrogante, elle se sentait déjà comme chez elle à Peronne car il ne faisait pas de doute qu'ils deviendraient maîtres de ce village. La Spiritu Sanguis passe et les mairies trépassent. Nul porte ne se ferme pour le Cerbère. Au contraire, il les garde et ceux qui oseraient s'y aventurer, s'y brûle. Cette mairie était un cadeau. Une offrande pour le Cerbère, tant elle était si peu gardée. Une poignée de garde contre un groupe nombreux. C'était déjà joué d'avance. Les gardes, désespérés, couraient pour engager le combat contre les assaillants.


«-Halte, arrê...»
« -Ta gueule !

L'avantage avec la nuit, c'est que les gardes avaient des torches et des lanternes. Ils étaient facilement reconnaissable et la lumière n'était pas à leur avantage. La Spiritu Sanguis oeuvrait dans l'ombre. Si bien que le garde dépassa Ina, qu'elle s'approcha de lui et qu'elle comptait le frapper par derrière quand une flèche vient le transpercer.

Elle ne comptait plus les fois où elle avait cette injonction. Les mairies trépassent et les gardes manquent d'originalité. Ils pourraient les accueillir avec une bouteille de vin à la main et les inviter à dîner à la mairie. Ina soupira, elle savait qu'elle ne pouvait pas tout avoir. Elle regarder l'homme s'écrouler. Mort ou vivant. Elle n'en accorda pas d'importance et il lui sembla même qu'elle l'entendait gémir. Ina n'était pas là pour tuer. Ce n'était pas comme Poligny où sa raison et sa lame réclamait vengeance pour l'affront qui avait été fait à son Clan. On avait tenté de la tuer, elle avait tué. Ce n'était que Justice. Ce jour était différent, elle avait pillage. Son regard chercha la personne qui avait décoché la flèche. Daé, sa belle sœur.


« - Bien visé.

La porte de la mairie ne résista pas et Ina entra, observant le lieu. Mazette. Quelle fierté de voir la récompense du dur labeur. Le Clan découvrait le lieu et prenait leurs marques. Très important de prendre ses marques, car chaque mairie qu'ils prenaient étaient différentes de celle d'avant. Il fallait s'habituer. Ivre de cette prise de mairie, elle était euphorique. Si bien qu'elle donna un coup de pied à une chaise qui trainait là pour la faire tomber. Les caisses de la mairie ne devaient pas être loin. Elle était en train de fouiller quand l'Hydreuse déboula en criant. Lili, la petite blonde, qui ne parlait que rarement. Les fouilles minutieuses de la Corleone s'arrêtèrent et se tourna vers le Padre, parce que l'Hydreuse le regardait. Ina ne pipa mot, parce qu'elle sentait un mélange de colère et d'angoisse s'emparer d'elle.

Si quelqu'un avait fait du mal à Lili, il le paierait.
Parole de Corleone.


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* La petite voleuse d'Olivia Ruiz
** citation d'Oscar Wilde.

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Gabriele.
La ville tombe. Les portes s'ouvrent, la richesse et la gloire pour Spiritu Sanguis, avec la participation des Corleone. Le Cerbère a montré les griffes et les crocs, et les Péronnais en ont fait les frais. Avec fierté, j'observe mon Paternel prendre le siège de Maire, mon padre, mon modèle, l'homme le plus parfait à mes yeux.
L'allégresse, la joie de voir les coffres de la mairie qui s'ouvrent à nous, je vois la Nordique qui nous rejoint avec un large sourire. D'elle aussi je suis fier, elle a su se montrer plus qu'utile avec son arc, malgré ses huit mois de grossesse. Malgré mon enfant dans ses entrailles, qui lui donne une force exceptionnelle, le sang Corleone en elle la transforme petit à petit en une créature encore plus exquise, plus dangereuse, que lorsqu'il est tombé amoureux de cette jeune femme introvertie. Mon regard sur elle en dit long sur ce que je ressens en la voyant là, son arc en main.

Soudain, les sourires s'estompent, l'Hydre est là, et dans ses bras...La petite Lili. La fille de sa Zia. Une colère sourde monte en moi, une fureur comme je n'en ai jamais ou presque ressenti. Mon regard passe sur la petite blonde inconsciente, je compte bien retrouver qui lui a fait ça. Je compte bien le retrouver et...lui faire payer très cher son geste.
De l'un à l'autre, j'essaie de comprendre ce qu'il s'est passé. C'est un des hommes de l'extérieur, un garde. Un putain de garde qui a tapé sur une bambina. Un putain d'homme qui va regretter son geste. Mon regard se fait froid, mauvais, tueur, et il se tourne vers ma compagne. Il n'y a pas besoin de mots. Qu'elle me suive.
Je sors dehors, d'un pas décidé. Je regarde derrière moi pour voir si ma rousse me suit.

Les ruelles se succèdent, je ne suis aucune trace spécifique, je regarde les quelques traces de sang de ci-de là. On ne touche pas à une Corleone impunément. Encore moins à celle-ci. Lili avait une place toute particulière pour lui. Petite cousine peut-être, mais il ne la considérait pas moins comme une petite sœur.
Les rues défilent, les minutes également, mes poings sont serrés sous la tension, l'envie de meurtre. L'envie de faire souffrir. Je me sens envahi par une rage indicible qu'il est vital de libérer au plus vite. Le silence de la nuit est entrecoupé par des gémissements de douleur. Je suis une piste de sang frais. L'odeur de fer me mène à ce soldat. Estropié.
Je sors ma dague de son fourreau. Il ne pourra pas s'échapper.

Il va souffrir.

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Vasco.
Il n'y était pas! Son corps était bien là mais son esprit était ailleurs. Occupé dans ses tracas du moment. La maréchaussée de Péronne? Peuh! Ils n'y avaient vu que du feu. La dyme lui avait donné sa mission : escalader les remparts ouest de la ville. S'infiltrer, se faire silencieux. Ne pas se voir et surtout : ne pas parler! Ça, en tant normal, pour le sicilien, c'était tout un défi. Pourtant ce soir, il y arriva sans mal. Sa bouche ne formulait aucun parole, mais son esprit grondait de suppositions, de conjectures, d'extrapolations et autres doutes. Et tout ça pourquoi? A cause de cette soirée en taverne dans une ville dont il ne se rappelait même plus le nom! Le hasard avait voulu qu'il le rencontre. Et la mine qu'avait faite Ina avait généré un tas de question en lui. Sa réputation était sulfureuse. Le fait qu'il voyage en compagnie de sa compagne et d'enfants n'était pas fait pour le rassurer. A vrai dire, rien ne pouvait le rassurer quand Beren était dans les parages d'Ina.

Péronne...Pour Vasco, c'était la deuxième mairie qu'il attaquait avec les Spiritu Sanguis. Lors du précédent assaut, il ne savait réellement comment s'y prendre. On lui avait demandé d'ouvrir les portes. Il l'avait fait. Il n'avait pas mis les pieds dans la mairie. Il avait appris. Beaucoup. Il avait observé les autres, s'abreuvant de leur savoir-vivre. Aujourd'hui, il aurait du en être ainsi mais cette soirée avait tout changé. Au début, il n'y avait pas fait trop attention. A moins que son esprit ait volontairement occulté la situation. Et puis, les images et les mots sont revenues le hanter. Il avait pris place à côté d'Ina. Non pas par hasard : par envie. Elle s'était tut. Elle était troublée. Il la troublait. Avait-elle eu...un autre moment de faiblesse? Si lui, Velasco Visconti était devenu brigand et pilleur de mairie par nécessité, qu'est-ce qui avait poussé Beren à être un pilleur de femmes? Tapis dans l'ombre, attendant l'arrivée du reste de la famiglia, des images venaient le torturer. Des mains qui passent autour d'un cou, un chemise féminine largement entr'ouverte, elle assise à califourchon le corps arc-bouté, la tête penchée vers l'arrière. Lui, les yeux fermés, ses lèvres qui parcourent le moindre vallon de sa silhouette, ses mains se faisant insidieuses, sensuelles, affolantes. Au sol, une canne. Un rictus déforma le visage du Visconti. Ses mâchoires se serrèrent. Il porta ses mains à ses oreilles dans un geste de refus de ses cris imaginaires de plaisir qui le secouèrent alors. Ses ongles s'enfoncèrent dans son avant-bras, vinrent meurtrir la cicatrice encore fraiche de son poignet gauche, souvenir d'une leçon de savoir-vivre.

Les cris affolés de paysans le sortit de sa torpeur. Le cliquetis des armes le mit sur pied. Il fallait qu'il chasse toute ses chimères et l'action sera la meilleure des potions pour cela. Vasco arpenta les ruelles latérales à la rue principale, cherchant à retrouver un visage commun. Il crut un moment discerner le visage de la petit Lili, celle avec laquelle il jouait parfois à faire des tours de passe-passe le soir. Lili Corleone, la fille de la matriarche qu'il n'avait jamais connu. Lili Corleone qui ne parlait presque jamais et qui pourtant ce soir-là en taverne avait osé révéler le ton de sa voix. C'était, pour Velasco, un beau souvenir. Un souvenir bien plus agréable que...celui de regard concupiscent que Beren avait jeté sur Agnesina. L'action...Le feu de l'action...Le combat, il n'y avait que celui qui pouvait l'éviter de trop cogiter!

Alors qu'il s'apprêtait à prendre le chemin de la mairie pour retrouver Ina, des éclats de voix attirèrent son attention. Il reconnut le blondinet. Qu'est-ce que tout cela voulait dire? Le monde courait dans tous les sens. La ville était devenue un véritable chaos. Une silhouette qui fuit, celle de Nizam en arrière-plan. Bon sang! A t-il eu des problèmes avec un habitant? Quelqu'un qui l'aurait vu? Qui pourrait témoigner dans un éventuel procès? Elle court, elle cherche un abri. Nizam, ça a beau être le blond de la rousse qu'il ne comprendra jamais et avec laquelle il s'accroche souvent, il n'en reste que dans l'action, tout cela disparait au profit de la loyauté envers la famiglia. Dans les rues de Péronne, une ombre s'enfuie, suivi de près par un sicilien emmitouflé dans sa cape. Il s'éloignait du bruit de la bataille. Pas bon ça! Mais si c'était un témoin...

Enfin, elle s'était arrêtée. Elle se pensait en sécurité sans doute. La lame brilla sous le reflet de la lune. Elle vint pointer sa gorge dans un geste impératif et qui ne se discute pas.


- C'est pas bien de rester seule dans son coin sans venir jouer avec les autres! Parfois, il y a des choses dont il vaut mieux ne pas se rappeler! Et pour m'en assurer, tu vas venir avec moi. Je veux vérifier un petit truc! Allez! Marche! On retourne d'où tu viens!

Oui. Parfois il vaut mieux ne pas se rappeler...comme d'une rencontre en taverne par exemple!

- Et je te préviens, je suis de mauvaise humeur!

Mais ça n'est pas à cause de toi, ni même à cause de cette ville. Si je te disais que c'est à cause d'un boiteux, tu ne me croirais pas.
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Amalio
Le patriarche avançait de rue en rue, posément, sans se presser. Son épée frappait du plat ou tranchait net, écartant de sa route ceux qui s'interposaient. À ses côtés, sa famille, ses enfants, des recrues... les Corleone, les Spiritu Sanguis. Il entendait hurler la vieille Praséodyme et ne put s'empêcher d'admirer intérieurement sa verve guerrière : elle avait de la gueule ! Après deux mois d'absence, et bien qu'il n'ait pas encore entièrement recouvré l'entièreté de sa force, Amalio sentait avec plaisir ses muscles rouler à chaque mouvement de lame, à chaque pas en avant, à chaque coup donné. La piqûre acide d'une balafre lui arracha même un sourire - accompagné d'une décapitation en règle pour le coupable - enfin, il se sentait revivre, malgré le poison qui avait abîmé son corps.

Il ne fallut pas très longtemps pour que les attaquants défoncent les portes de la mairie. Amalio les acheva à coup de pied, pénétrant dans l'établissement sans autre forme de procès et virant un valet terrifié en le traînant par le col vers la sortie, aidé d'un coup de pied au cul. Ceci fait, et tandis que quelques autres se mettaient à fouiller coffres, coins et recoins, le grand Italien se dirigea vers le bureau du maire. L'apanage de l'âge et de l'expérience ! Bon, il devait avouer que la jeune génération possédait à présent davantage de réflexes et de puissance que lui, qui à près de quarante ans, commençait à vieillir doucement mais sûrement. Mais il avait encore le temps de prendre part à sa tâche, et non sans déplaisir !

En attendant, il avait à effectuer un travail plus intellectuel que physique : en quelques gestes, il sortit parchemins et registres de l'armoire qu'il trouva au fond de la pièce, posa le tout sur le bureau, et repoussa ce dont il n'avait pas besoin. Ceci fait, il prit place tout à fait tranquillement dans le fauteuil confortable, et commença à faire le compte des richesses de la mairie et de tout ce qui était pillable, volable, mangeable ou buvable. Ou juste cassable. C'est bien aussi, cassable. Faisant fi des hurlements sauvages ou d'agonie qui résonnaient alentours, l'Italien se plongea dans les comptes de Péronne pour débuter le partage du butin.


Elvy_lee a écrit:
À l'étage, deux battants s'ouvrent sur une salle pavée aux murs tendus de soie bleue aux couleurs de l'Artois. Le vaste bureau trône en son milieu et le fauteuil dans lequel est assis Amalio semble confortable. Impassible, le visage fermé, il repousse quelques papiers de sa main.
Elle a entendu dire qu'il était médecin.
Il lève vers elle un regard sombre, comme contrarié d'avoir été dérangé. Ses traits sont creusés.
Elle annonce dans un souffle :

Lili...

Puis plus fort.

Lili !!! Vite !!!!


Amalio se leva rapidement en la voyant entrer, tenant la petite fille dans ses bras : tueur, pillard, voleur, oui. Mais aussi médecin et patriarche du clan. Le Protecteur. Plus assez vif pour être le meilleur des voleurs, plus assez rapide pour être le meilleur des tueurs, mais toujours le seul à pouvoir sauver ceux qui, à trop vouloir donner la mort, se la prenait parfois très près du coin de la gueule. Et quand il s'agissait d'un des enfants du clan, Amalio abandonnait sans sourciller or et fauteuil.

- Que s'est-il passé ?

Il n'avait pas sur lui davantage qu'une minuscule sacoche pas plus large que ses deux mains réunies, mais il faudrait se contenter du strict minimum tant que la ville n'était pas assez sécurisée pour qu'il puisse envoyer quelqu'un lui chercher davantage de matériel au campement. Les registres de Péronne furent balayé d'un grand geste, débarrassant le bureau, et il s'avança vers Elvy pour lui prendre l'enfant des bras. Le poids plume contre lui n'émit pas le moindre son et resta inerte. Elle était souvent discrète, la petite, mais là, elle était clairement mal en point... Avec une douceur inespérée chez un tueur, il étendit l'enfant sur le bureau du maire, et se pencha vers la petite tête blonde. Posément, il appela, touchant la gorge et le front, décalant délicatement des cheveux pour chercher une blessure :

- Lili? Tu m'entends ? Lili ?
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