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[RP] Il est l'or mon seignor...

Gwilwileth
Un jeu d'enfants.

La résistance n'a pas été farouche, les quelques gardes présents sont vite tombés. Les voilà maîtres de la mairie, maîtres du monde et de tout son or. Gwil est excitée et euphorique. La porte est défoncée, et elle court vers le champ de bataille. L'air sent le sang, la sueur et l'alcool. L'enfant se dit que sans doute, les miliciens, trop occupés à se croire en sécurité, se sont adonnés au plaisir du vin chaud. Rien n'expliquerais mieux que cela la facilité avec laquelle les Corleone ont brisé les défenses. Ça, et la nuit, et le plaisir visible sur chaque visage que l'enfant croise. Le plaisir du meurtre et l'appât du gain. Elle court et enfin elle se sent libre. Paradoxe de l'existence, c'est enchaînée à une promesse qu'elle se libère. Un brise calme lui frappe le visage et ébouriffe ses cheveux, et au son du fer qui cogne se joint un rire cristallin de bonheur pur.

Le vent frais se transforme en terre et sang. Sa bouche goûte l'amère liquide visqueux qu'elle devine rouge. Son front est douloureux. Elle tarde quelques secondes d'immobilité avant de comprendre qu'elle vient de chuter. Sa langue repasse ses lèvres et une grimace naît au contact du goût de métal. Elle prend conscience de sa cheville capturée quand une voix rauque, presque inaudible, se fait entendre derrière elle.


Ai...aide moi...

Elle bascule la main avec un coup de pied et s'assied avec vitesse. Devant elle un homme qui saigne, une flèche proche du cou. Gwil le regarde. Le regard est suppliant. L'homme se meurt lente mais sûrement. Elle penche légèrement son corps vers la droite et d'une poche de ses braies en tire une pièce de monnaie délavée par le temps. Elle lance la monnaie en l'air, pas trop haut pour ne pas la perdre de vue dans l'obscurité. Elle l'attrape.

Pile. D'solée.

Son regard vert croise le regard emplit d'incompréhension du garde, puis, elle se relève. Elle range la monnaie et passe ses mains sur ses braies pour enlever un peu de terre. Elle récupère sa petite épée qui s'était échappée de son emprise pendant la chute, et la course reprend. Bientôt elle atteint la mairie et avant d'en franchir la porte, elle jette un regard en arrière. Victoire. Victoire des crapules, des indésirables, des immondices, des illégaux. Victoire du chaos, des enfers, des lunaires et des bâtards. Victoire à ceux qui osent être et s'avouer.
Elle sourit, tourne les talons, rentre dans la bâtiment de leur conquête. Certains alliés s'y trouvent déjà. L'endroit devient rapidement l'image du chaos intérieur de chacun des présents. Des chaises ont été balancées, et les anciens vestiges du prestige brisés. On cherche et on fouine, on veut trouver l'or et la boisson. Gwil s’éclipse entre des jambes d'adultes et arrive finalement dans Le bureau du maire. L'autel sacré de l'ordre établit. La première chose qu'elle remarque c'est le parterre, couvert de parchemins qui tardent à tomber. Et levant les yeux, les jambes puis la figure entière d'un vieux gars bien formé. Et finalement, sur une table, une cascade de blondeur. Le souffle en est coupé. Une perte? Qui est-ce? Elle s'approche discrètement. La silhouette et à peine plus petite qu'elle-même. Un enfant. Un autre enfant. Ses yeux son clos et sa respiration douce. Trop douce. Pour bien voir, Gwil monte sur un fauteuil. Le visage est paisible. Trop paisible. Des yeux verts croisent d'autres yeux verts.


J'apporte quoi?

C'est presque un murmure, comme si elle avait peur de briser le repos de le petite fille sur le bureau. Jeune, mais pas stupide. Elle sait que s'il faut apporter quelque chose, une môme, avec un grand sourire, peut, même une nuit pareille, se faufiler un peu partout.
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Enjoy
    Pour une dernière danse.

    Un peu de Belladone pour enjoliver davantage ses prunelles pénétrantes, noires comme les ténèbres. Un index pour remuer ses lippes ourlées qui s'étirent tendrement à la vision de son épouse. Son visage s'embellit à chaque fois qu'elles se côtoient. Malgré les tendres guerres, malgré les tempêtes, l'arbre de leur relation possède des racines indestructibles. Ce sont des inséparables. Même loin, même lorsque la distance s'abat sur leurs êtres ainsi torturés, leurs cœurs continuent de palpiter à l'unisson de leur passion. Ce soir là, pour on ne sait quelle raison, la mélancolie propre à la nostalgie faisait courir ses doigts sur la croupe de Corleone. Hier encore, une simple combattante, une battante. Solitaire et implacable. Puis tout doucement, sa rencontre avec Laell fit jaillir ce sentiment d'unité. L'esprit de la famille ronronnait entre les bras de la Sombre. Cette fierté sans égale, même dans la déroute, la dignité prenait le pas sur la souffrance. Le fort des malheurs ne résistait jamais bien trop longtemps à l'éternel optimisme de ce bout de femme : Laell Corleone. Elles avaient appris à s'apprécier en se jaugeant et se défiant sans cesse. L'une était le soutien de l'autre dans une réciproque inextricable. Finalement, l'essence d'une relation hors du commun embauma l'aura d'un couple naissant. L'amour est à leur image. Le Cœur-Leone a ses raisons que la plupart ignore. Cette histoire suivait le même cours d'eau. Deux femmes ensembles, deux cousines n'ayant eu connaissances de leurs liens que peu de temps auparavant. Mais quelque fois, et personne ne démentira, il y a de ces évidences enivrantes. Celles qui tissent les dorures d'un lendemain ensoleillé. De ses débuts jusqu'à aujourd'hui, le monde est mis en branle par un Clan dont les rênes sont tenues par des femmes. Douce ironie.

    Comme d'habitude, une manie lassante, elle mène la Spiritu Sanguis. Les flammes des enfers ne s'emportaient plus, ses pupilles teintées de reflets mordorés commençaient à s'éteindre. La fatigue, sans doute. Usée par les vicissitudes d'une existence guerrière, rongée par les décès, les responsabilités d'éviter le pire pour les siens. Les siens, justement. Que du sang italien coule ou non dans leurs veines, elle, sans descendance et n'en aura sans doute jamais, les considérait tous comme ses enfants. Qu'ils soient plus ou moins vieux, plus ou moins expérimentés. Qu'ils aient de la répartie ou non, qu'ils soient partis vers d'autres horizons ou encore là, en fidèles compagnons. Ils étaient une raison de vivre, la première était son Autre. Ses onyx rongeaient les cartes jaunies par le temps, ses neurones et son corps entier vibraient pour leur épargner le pire. Veillant comme une mère louve sur sa portée. Ils ne savaient sans doute pas qu'elle eut vendu plus d'une fois son âme au diable uniquement pour les protéger. Elle les respectait, les connaissait et chaque murmures venaient poindre à ses oreilles. Elle les savait capables et compétents. Et via l'éducation par l'exemple, son savoir fut transmis en particulier à ses protégées. Aujourd'hui, elles étaient à la tête de lances, à négocier avec les couronnés, à s'assurer de leurs semblables. Penser "Nous" avant soi, c'était tout ce qu'il y avait à retenir. Un héritage léguait par le sang.

    Un jour, ce fut une jeune femme. Puis une meneuse redoutable. Désormais, c'était la Zia, la « cheffe », la tête pensante du groupe. Au fond, l'éternelle quête, cette chimérique recherche de liberté n'était qu'un songe. Ils ridiculisent bien des contrées, ils pactisent, négocient, se repaissent, s'abreuvent, naissent, baisent et meurent en touchant du bout des doigts une licorne, à moins qu'il s'agisse d'un Cerbère. Dans la bataille, ils jouent une musique aux allures de symphonie tandis qu'en face, c'est la cacophonie. Ordonnés à l'instar des cailloux de la Belette, prêts à rationner le royaume d'un peu de chaos. Une légion car ils sont nombreux. Un mal pernicieux et incurable. Et depuis peu Corleone s'était entichée d'une drôle d'oiselle, une recrue remportée aux jeux. Une apprentie, le symbole ultime de ce cycle. De la Régicide en passant par la tatouée jusqu'à maintenant, l'écrasante succession, le fardeau familial changeait d'épaules au fur et à mesure des pertes et des années. Quoi de mieux pour le personnifier que cette gamine ? Elle, et tous les autres. Ses mustélidés. Hermine et Belette. Mais un jour, ce ne fut qu'une jeune femme...

    Alors que les badauds insouciants se roulent dans la suffisance, qu'eux montent aux créneaux et prennent ce qui, d'une manière, leur appartiennent. Elle s'avance dans les ruelles avec le privilège d'enjamber les corps inanimés, foulant le pavé rougi par un ruissellement lymphatique. La démarche assurée, la posture bien droite. Bien qu'intérieurement, l'apathie l'étreint. Perdue dans les dédales de ses pensées, l'haleine chargée brûle l'épiderme de sa nuque. Une lame s'engouffre entre les pans de sa chemise. Lorsque le noir se charge de carmin, il ne s'empourpre pas, il se renfrogne d'autant plus. La douleur envahit son être et la riposte se met immédiatement en marche. Volte-face pour asséner une réponse macabre, rétorquer au centuple. Offrir une sentence à la mesure de cet affront. Son fanchon crisse en limant les bords du fourreau, et vient embrasser la peau de l'inconscient. Une décapitation ratée, un spectacle atroce qui ne lui provoque aucun sentiment de remords. Son agresseur était déjà agonisant, un survivant de la première vague voulant marquer sa fin en essayant d'emporter dans sa chute, un des assaillants. Ce qui, à en juger l'algie lancinante au bas de son dos, allait porter ses fruits. Chancelante, les genoux heurtent la pierre bien trop dure à son goût. Dextre recouvre maladroitement la blessure, tandis que senestre lui sert d'appui.

    Esseulée dans la tourmente. La ride du lion rugit avec une rage incomparable, mais au loin, les feux de la ville divulguent leur plus belle pièce. Son Clan, là, troussant la ribaude Artésienne. Une pièce remarquable, peut être la dernière. L'ultime danse avec la faucheuse, la fin d'une époque. A l'esprit, les trognes défilent comme si on entonnait déjà les chants funéraires. Une rasée de la Zoko, son fidèle maître es armées, le Goupil, la Sanguinaire, Blondie la frangine de sa femme et le souvenir de sa réaction à l'annonce du mariage. Une esquisse de sourire s'en suit. Sa première campagne militaire, puis les épisodes sanglants de la Bourgogne. Ses nombreuses prises, ses trophées de chasse. Les nuits mouvementées, les ires à atténuer, la jeunesse à recadrer. La lune luisante, oui. Les étoiles si éloignées saupoudrant d'orgueil les cieux.

    *

    Vous nous voyez ? Mais nous restons inaccessibles.

    Un ou deux nuages pour agrémenter le tout, lorgnant sur eux, les connexions de son cerveau confectionnent une toile étrange : un visage. Une aube pour éclore, un crépuscule pour faner. Tous là ou presque. Le Bavard, le Barbu, la Hydre et ses poussins farcis, sa comparse, la chaperon rouge, le Balafré, la Dyme, le mouflet, la mutique, le médicastre, la flamboyante, la nordique et le nouveau tatoué, tête d'blé et son charbon de cousine. Ailleurs, une pensée pour l'ortie, une ombre aussi. Nièces, neveux de roys, assassins de reyne, un Clan. Un vrai. Mais cette marche-ci, elle devra la passer seule. Une tentative pour se remettre debout mais ses jambes flageolent légèrement. "Oui, restons un peu ici. La vue est pas si mauvaise..." se dit-elle recrue.

    La fin, non plus.

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Eve_ella
Un cauchemar, ça ne pouvait être qu’un cauchemar ! Bientôt j’allais me réveiller, allongée bien en sécurité sur ma paillasse, et je pourrais en rire avec Clisson…
Mais non, c’était bien trop beau pour être vrai… enfin rêve… il fallait que ça m’arrive en réalité !

Et à défaut de paillasse, je me trouvais recroquevillée au pied d’un mur, sur le pavé froid et dur, dans la nuit, avec une douleur palpitante au cou et un bras momentanément hors d’état de fonctionner. Ce qui ne l’empêchait de se manifester à mon bon souvenir en étant parcouru d’ondes brûlantes qui me faisaient grimacer – je retenais à grande peine des gémissements – de douleur.

Pour l’une des rares fois dans ma vie, j’étais vraiment sans repères. Perdue dans une ville que je croyais connaître, perdue dans la peur et la panique qui s’étaient emparés de tout mon être, m’empêchant d’aligner deux pensées cohérentes, m’empêchant de chercher à me situer pour retrouver mon chemin.

Naïvement, je pensais être seule. Envahie par la douleur et l’incompréhension, j’avais failli à la règle que je m’étais fixée : ne jamais – jamais ! – faire de ma cécité une faiblesse en me laissant surprendre. Mes oreilles, mon nez, tous mes autres sens devaient – auraient dû – remplacer ma vue.

Je me rendis compte de mon erreur en entendant le chuintement de la lame sortant de son fourreau, le sifflement de l’air alors qu’elle se pointait vers moi.

À nouveau je sentis mon rythme cardiaque s’emballer dans une danse que je ne contrôlais plus, et je compris à cet instant comment devait se sentir une proie lorsqu’on la mettait en chasse. Faible, seule, impuissante. A la recherche d’une sortie de secours qui n’existe que dans son fol espoir de désespéré.

- C'est pas bien de rester seule dans son coin sans venir jouer avec les autres! Parfois, il y a des choses dont il vaut mieux ne pas se rappeler! Et pour m'en assurer, tu vas venir avec moi. Je veux vérifier un petit truc! Allez! Marche! On retourne d'où tu viens!

- Et je te préviens, je suis de mauvaise humeur!


Une autre voix. Ce n’était donc pas l’homme à l’haleine putride.
Une seconde vague de panique me submergea. Ils étaient partout, voyaient tout, entendaient tout… Comment Péronne allait-elle pouvoir se défendre contre… ça ?! Et où était Péronne en ce moment ? Où la garde, les soldats, les habitants ? Étais-je donc seule, au mauvais endroit au mauvais moment ?

Je me mordis les lèvres pour ne pas laisser la peur déferler totalement en moi.
Me lever et le suivre… Ben tiens, comme ça il pourra me planter sa lame dans le dos dès que je serais levée ? Et Monsieur est de mauvaise humeur ? C’est vrai que j’étais ravie d’être là, moi aussi…

Tachant de contrôler les trémolos de ma voix, je répondis d’une voix plus aiguë que ce que je prévoyais.

Enlève d’abord cette pointe de ma gorge, je ne tiens pas à finir embrochée…

T'as l’air d’une souris apeurée devant un rapace…
Je me sens un peu comme telle figure-toi !


Très courageux, un homme armé contre une femme sans défense…
Ou comment prendre un air bravache alors qu’on est mort de peur.
Un peu tard, je me rendis compte que j’aurais peut-être dû me taire. Cela ne servait à rien de le remonter un peu plus, surtout quand mon objectif était de survivre… et de ne surtout pas retourner là-bas, où se trouvait son groupe.
Arsene
    « She's a rebel,
    She's a saint,
    She's salt of the heart,
    And she's dangerous. *»


    Green DayShe's a rebel.


    La rousse est assise sur le sol humide, les genoux repliés pour qu’un parchemin puisse y prendre appui. Les traits concentrés et une plume entre les doigts, elle gribouille maladroitement quelques mots sur son vélin à la qualité et la propreté douteuse. L’écriture est fine et la main, fébrile, tremble d’une inactivité qui commence à peser sur la maigre carcasse.

    Petit diamant impulsif et torrent incontrôlable, le corps hyperactif se bride et se contient maladroitement. Le sang bouillant d’une tension montante. Patience et calme sont le fil conducteur de la journée. Elle s’impatiente et gronde intérieurement, la Bestiole, pestant largement contre cette torpeur et ce repos forcé. Le temps s'égrène avec une lenteur délibérée, mettant à nu les nerfs de la jeune femme. La main délicate est amenée jusqu'aux carminées, coinçant son doigt entre deux lippes, elle entreprend de ronger un ongle déjà court.

    Les mirettes vertes sont songeuses, elle cherche l’inspiration et ses mots dans la contemplation d’un feu, allumé par ses soins. Les flammes assaillent le bois qui craque en signe de capitulation. Dans un dernier gémissement et soubresaut, une bûche rend les armes et roule au sol. Les flammèches, ravivées par une bourrasque de vent, crépitent et exultent leur victoire. Ici se déroule les prémices de la bataille qui aura lieu dans la soirée sur le parvis de la mairie. Et même si l'issu du combat semble évidente dans la tête de la roussette, les doigts s'agitent à écrire et à transmettre ses dernières volontés. Morbide habitude qu'elle a depuis toujours.

    Une fois le papelard coincé dans le bandage maintenant sa poitrine, la carcasse se met en branle. La démarche fière et rigoureuse, elle rejoint les siens à grandes enjambées. Pressée d'en découdre et de relâcher la pression qu'elle a accumulé pendant l'attente. Comme une soupape prête à imploser, le sang italien bouille dans les veines de la frêle. La silhouette se faufile en douceur entre les membres de son Clan et elle prend la tête d'un groupe. Dispersant quelques ordres de dernières minutes.

    Dégainant sa lame, la Corleone replace quelques mèches de cheveux rebelles et bouclées, les muscles se tendent et les prunelles observent, méfiantes, les alentours. Le signal est donné et Spiritu Sanguis s'élance comme un seul homme contre les gardes. Dans une cohésion et un ensemble logique, les coups pleuvent et les lames s'entrechoquent avec fracas. Dans un automatisme bien rodé, le corps se tord et se plie aux exigences d'un combat proche. Le revers de la main vient se fracasser contre un plexus solaire tandis que la dague mord dans les chairs proches. Les bras en action, la rousse continue sa danse macabre, cherchant à accéder le plus rapidement possible aux portes de la mairie.

    Les iris scrutent la pénombre à la recherche d'une tignasse blonde et d'une trogne balafrée. Elle ralentie le pas et le regard s'affole, essayant de distinguer la rare faiblesse qu'elle s'est accordée. Un poing puissant la cueille dans sa quête et s'abat sur sa joue. D'abord sonnée, la Roussâtre titube de quelques pas avant de se lancer contre son adversaire. Plus couillue qu'un homme pourvu de ses attributs, elle évite de justesse une lame qui entaille sérieusement sa chemise et assène un premier coup de genou dans l'entrejambe masculine, le poignard venant mordre silencieusement et rapidement l'épiderme du cou. Elle abandonne l'homme à son sort pour rejoindre le parvis de la mairie.

    Spiritu Sanguis et les mairies s'évanouissent !

    Assise sur une marche, la Belette essuie sa joue comme une louve panse ses plaies. Farouchement et solitairement. Pourtant, l'arrivée fracassante d'Elvy et de ses paroles percutent les pensées de la jeune femme et elle se redresse vivement. Sachant la blondine mutique entre de bonnes mains, elle part à la suite de son frangin, bien décidée à en finir avec l'homme qui a osé frapper la petite.

    Bestiole s'étire et gronde tandis que les yeux verts brillent d'une lueur dangereuse. Se repérant aux bruits, elle ne tarde pas à rejoindre Gabriele. Silencieusement, elle se place à ses cotés et le regard se braque sur une silhouette estropiée à la démarche hésitante. Un rictus étire le charnu des lèvres alors que la lame sort une nouvelle fois de son étui, dans un chuintement menaçant. Promesse future de sévices lentes et douloureuses. La tête dodeline un instant.


    « Petit, petit, petit.. Viens. On t'veut pas de mal. »


*C'est une rebelle
C'est une sainte
Elle est le sel de la terre
Et elle est dangereuse

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Elwenn
"Chez nous, il n'y a pas de "je"- "tu" - "il" - il n'y a que des nous "


"Nous" , voilà comment décrire le groupe qu'ils sont.
Unis et soudés. Pour ceux qui en font preuve.
Preuve de mériter qu'on se batte et se saigne aux quatre sangs pour lui ou elle.
Preuve du mérite, preuve de confiance. Tous sont différents mais tous le mérite.

Elwenn n'avance et ne vit que pour cela dorénavant. Sa famille, les siens, certains ne sont pas du même sang et pourtant, elle donnerait sa vie si il le fallait pour sauver l'un de ceux là.
Si une pièce du puzzle qu'ils constituent devait disparaitre, c'est un vide immense qui viendrait se loger à la place, tel la disparition de Sadnezz et celle de Rodrielle.
Un manque que l'on ne comble jamais. Un trou béant qui ne cicatrisera que lors des retrouvailles dans un monde parallèle.

Mais ce soir, Péronne est en ligne de mire, à aucun moment la roussette n'envisage que l'un des membres de la Spiritu puisse y rester.
Ce n'est qu'une mairie comme tant d'autres qu'ils ont pu investir de leurs présences.
Celle ci ne résistera pas plus.
Quelques écorchures, petites entailles au pire, rien de bien méchant.


La rouquine est en retrait, bien en arrière des troupes.
Elle n'a pas peur de mourir, non, la mort est son amie qu'elle invoque lorsqu'elle s'ennuie ou qu'elle cherche une réponse à son mal être, elle la connait bien assez pour l'avoir côtoyé trop souvent, elle l'a apprivoisé depuis le temps.
Ce n'est que pour son fils, Leandro- Luciano, qu'elle a enveloppé dans une large écharpe qui lui passe au devant de la poitrine ainsi qu'en travers de son dos et qui sert de cocon au rejeton, logé tout contre son cœur pour éviter qu'il ne soit délaissé comme la dernière fois dans un recoin, qu'elle reste en arrière plan.
Amalio est revenu, elle a été le chercher.
Et ce n'est pas pour faire pâle figure, il doit refaire surface son brundinet.
Bien qu'il se soit occupé du bambin durant les derniers jours, c'est à elle ce soir d'y veiller dessus.
Alors la Corleone reste dans l'ombre et laisse sa moitié libre de reprendre ses marques, ses habitudes et sa place.


Petit à petit, les corps s'élancent et dansent comme ils savent si bien le faire, tapissant le décor d'un écrin rougeoyant qu'elle chérie tant et dont elle voudrait être l'unique artiste d'une si belle peinture.
Du rouge vif ici et là, et encore et encore, comme Mamma savait si bien le faire ...
Durant l'euphorie de ses autres qu'elles suit du regard c'est à ses lippes qu'elle fait subir sa frustration.
Les noisettes s'arrêtent alors sur un blondin en pleine poursuite de la petite Lili qui elle même poursuivie par un pleutre du coin.
Malgré sa lassitude cette scène lui arrache un rictus, elle sait d'ors et déjà que le pauvre va passer un sale quart d'heure.
Le regard enflammé se perd dans la pénombre dans laquelle les trois corps se sont engouffrés, c'est alors qu'il se tourne sur celui de sa cousine.
Elle la regarde s'avancer, Joy, de sa démarche féline habituelle tandis que des bribes de voix résonnent non loin et ce peu de temps que la Corleone détourne son attention pour tenter de comprendre ce qu'il passe suffit à lui offrir une vision des plus cauchemardesque.

Elvy scandant et ameutant à qui veut bien l'entendre que Lili avait besoin d'aide?!
Suivie de Niz' transportant le corps de l'enfant comme il le pouvait, filant tout deux directement dans les locaux municipaux.
Pour Elwenn cela frôlait le drame, revoyant l'épisode de la fronde se déroulait une nouvelle fois mais le pire ne s'arrêtait pas à ça ...

Enjoy avait disparu.
Elle n'est pas sur le parvis de la mairie où elle devrait se trouver, un léger rictus au coin des lèvres , elle n'est pas non plus dans le périmètre ou elle l'avait localisé dernièrement. Du moins debout.
D'un bond la rousse s'élance malgré le poids du marmot, filant directement dans la dernière direction où elle l'avait vu.
Bizarrement l'obscurité est bel et bien là, elle les entoure, les enveloppe, tout autant que les corps inanimés qui jonchent le pavé, dorénavant plongés dans la pénombre de leur destin mais rien ni personne ne pourrait l'empêcher de retrouver une partie d'elle même, son sang, sa famille.
Genou à terre, elle posa lentement une main sur la joue de la brune blessée qu'elle reconnue dans la noirceur.


'Joy.


Sa seule idée fut celle d'appeler sa moitié, le doc', mais les bribes de voix non loin le réclamaient déjà pour Lili.
Les doigts de la tachetée tapotèrent doucement le visage de la brune afin qu'elle ne sombre pas.


Reste avec moi Joy!
Reste avec nous!


Le regard de la roussette se dirigea vers la mairie éclairée de ces torches qui lui paraissait bien trop loin puis vers les recoins où ils étaient tapis juste avant que ça ne dérape ...
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Vasco.
    « Quand on arrive en ville
    Tout l'monde change de trottoir
    On a pas l'air virils *
    Mais on fait peur à voir
    Des gars qui se maquillent
    Ça fait rire les passants
    Mais quand ils voient du sang
    Sur nos lames de rasoir
    Ça fait comme un éclair dans le brouillard
    Quand on arrive en ville...»

"Et toc! Prends ça Velasco, tu ne peux dire le contraire : tu joues les fiers à bras face à une femme apeurée. Ça se voit dans ses yeux. Ça se voit à sa posture. Ce soir, la Spiritu Sanguis est maître des lieux. Avant l'action, tu avais eu un doute. En arrivant aux abords de Péronne, la présence d'autant de camps de voyageurs t'avait inquiété n'est-ce pas? Tu savais la Spiritu Sanguis puissante, mais il aurait fallu finalement peu de monde pour contrecarrer tous vos projets. Et maintenant, si Ina avait atteint l'objectif alors la ville allait connaître des moments difficiles. Reprendre Péronne de force aux mains de la famiglia ne serait pas aisé, non." Velasco en était conscient. Les vagues d'artésiens pouvaient venir se heurter longtemps aux positions fortifiées détenues par la Spiritu Sanguis. Le Visconti n'avait aucune idée des pertes que l'attaque avait provoquées dans leurs rangs mais il connaissait leur nombre. Et à moins d'une catastrophe...

Le poignard s'écarta de la gorge de la péronnaise. Il suffisait au marin d'avoir l'oeil aux aguets pour éviter qu'elle ne puisse fuir... ou l'attaquer. Mais elle avait beau être frêle, sans arme, et apeurée, elle était sans doute la personne la plus courageuse de cette ville, la seule qui ait osé défié les brigands et se dresser contre eux. Vasco l'empoigna par la main et la remit sèchement sur pieds.


- Tu as raison! Pas besoin d'un poignard pointé sur ton cou. C'est dangereux pour toi et ça me fatigue le bras. Marche devant moi!

Le ton de la voix jusqu'ici impérieux prend une allure moins martiale et vindicative. Après tout, ça ne servait plus à rien de lui faire peur. Elle avait vu ce dont ils étaient capables. Elle savait qu'ils ne plaisantaient pas. L'enfoncer plus encore dans la spirale de la peur était totalement inutile. Et sans doute même contre-productif. Un brigand devait avoir plusieurs cordes à son arc s'il voulait survivre. Les brutes sanguinaires n'étaient...que des brutes sanguinaires. Rien de plus.

- Ne fais pas la maligne et il ne t'arrivera rien. Tu es courageuse, je le reconnais. Ne franchis pas le pas qui mène à la témérité, ce pourrait être le pas de trop. Je suis habile au lancer de poignard et crois-le ou non, je déteste tuer! Je le fais toujours par nécessité, jamais par plaisir.

Tu crois que tu la rassures vraiment en disant ça? Tu crois qu'en marchant ainsi derrière, te sachant armée, elle ne doit pas faire dans ses vêtements?

- Où sont les tiens? Où est Péronne? Les maréchaux sont-ils grassement payés pour se terrer quand il y a un peu d'action? Et le prévôt? Elle est où? Elle a toujours une aussi petit poitrine? Son compagnon? Toujours aussi prompte à réagir à la provocation mais invisible quand il faut assumer?

Il connaissait un peu l'Artois. Il y était déjà passé il y a presque un an. Peu de choses avaient changé dans les mentalités. Il avait essayé de s'intégrer. Il avait essayé de nouer des contacts mais l'artésien ne semblait pas aimer les étrangers, surtout quand ils ont un visage hâlé par le soleil comme le sien. Sans doute une histoire de jalousie dans cette contrée réputée pour avoir peu de jours de soleil.

- Allez! Avance! On retourne de là où tu viens. Tu as peut-être vu certains de nos visages. Tu as peut-être aussi entendu des choses, des noms. Tu comprends qu'on ne puisse pas te laisser en liberté tant qu'on est en ville. Tu pourrais témoigner contre nous dans un éventuel procès, et ça, on ne peut pas l'accepter. J'imagine que tu le comprends n'est-ce pas?

Pouvait-elle vraiment le comprendre? Le sang coulait dans tous les coins de la ville. Elle était visiblement la prisonnière du Visconti et elle devait déjà se demander si elle verrait le jour se lever. Alors quoi? Comment pouvait-elle comprendre un discours qui ne reflétait qu'une seule facette de la situation actuelle?

- Je vais te dire, je ne suis pas un sanguinaire. Vraiment pas. Dans notre groupe il y en a d'autres qui collectionnent les attributs masculins et les oreilles. Pour la première catégorie, tu ne devrais pas avoir de soucis à te faire. Pour la seconde, eh bien...tu es ma prisonnière et tant que tu resteras tranquille, il ne t'arrivera rien, je t'en donne ma parole! Mais reste tranquille. Je n'ai pas beaucoup de patience en ce moment.

Elle ne le connaissait pas. Comment pouvait-elle savoir qu'il était loyal? Comment pouvait-elle comprendre que certains brigands, aussi noirs soient-ils avaient bien plus de de parole et étaient plus loyaux que de nombreux nobles bardés de tous leurs titres? Non, ça elle ne pouvait pas le comprendre. Pas tant qu'elle n'aurait pas vu cette loyauté à l'oeuvre.

- Par contre, je peux aussi te prévenir. Qu'il arrive quelque chose à l'hermine et je laisserais la belette brûler toute cette ville. Tu as compris? On ne touche pas à l'hermine! Sous aucun prétexte! Sans ça...Pouuuffff! La belette, c'est une pyromane, une vraie! Elle se fera un plaisir de faire un beau brasier!

L'hermine... Ina... Et Beren! Et avec ça, toutes ses chimères qui revenaient le hanter.

- Et on vous appelle comment?

* Ça, c'est peu de le dire qu'ils n'ont pas l'air virils quand on sait que les Corleone forment un clan matriarcal...
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Gabriele.
Parfois, il n'est rien de plus doux que la Mort.

Silencieux, la fureur allumant mon regard d'une folie toute nouvelle chez moi, une part de sadisme qui m'enveloppait de pulsions malsaines. Le malsain est encore une notion plutôt subjective. Finalement, j'y trouve une sorte d'exutoire, comme une réponse à tout ce que je suis devenu, comme une façon de protéger ceux auxquels je tiens.
La souffrance comme punition. Le bougre sous mon regard ne le sait pas encore, mais dans quelques minutes, il va supplier être égorgé, il va appeler la Mort, la douce faucheuse, de tous ses souhaits, et je me ferai un plaisir de la repousser toujours un peu plus, de jouer avec la vie de l'impudent. La tension qui s'échappe de moi a déjà du dresser les poils du soldats blessés sur sa peau, et à raison, il doit sentir le sort funeste qui l'attend. Je vais lui faire ressentir la chienne de vie dans tous les pores de sa peau.

On va lui faire ressentir. Je tourne légèrement la tête, juste assez pour reconnaître celle qui vient de me rejoindre. Arsène. La Belette, la petite sœur, aussi imprévisible qu'efficace. Sait-elle ce que ce bastardo a fait à Lili ou n'est-elle venue que parce qu'elle m'a vu m'éloigner du reste du groupe ? Au final, ça n'a que peu d'importance, elle est là, et visiblement ses intentions sont les mêmes que les miennes concernant cet estropié.
Le regard qu'il nous lance et plein de détresse, et décuple mon envie de lui faire mal. Je veux qu'il hurle, que toute la ville sache ce que ça fait de blesser un Corleone. Que tous craignent notre Nom. Que tout courage les quitte, pour qu'ils n'aient même plus celui de frapper une enfant, si encore il est nécessaire d'en avoir pour s'en prendre à une bambina.


- Ha fatto del male alla piccola stella.*


La petite étoile, c'est ainsi que Rodrielle appelait parfois sa fille. J'énonce peut-être une évidence, mais au moins si elle n'était pas au courant, la frangine l'est, maintenant.
Lentement, je m'abaisse pour me mettre à la hauteur du soldat tétanisé de peur. Il a déjà un bras hors d'état de nuire, et je compte bien l'empêcher de se débattre lorsque je lui apprendrai ce qu'est la vraie souffrance. Avec une expression proche de la neutralité, j'enfonce ma dague dans son autre épaule, avec une force dont on ne pouvait pas douter en me voyant, grand et relativement sec, à l'instar de mon Padre. Un premier hurlement déchire la nuit péronnaise. Le premier d'une très longue série.
De ma ceinture, j'extraie une lame extrêmement fine, que j'ai déniché tout récemment. A peine la taille d'un cure-dent, mais extrêmement pointue. J'ai appris qu'il existe des douleurs telles que l'on préférerait être amputé du membre atteint. Une douleur qui ne permet pas l'évanouissement, qu'il faut endurer, qui rend fou.

Finalement, ça me donne du plaisir, et une ombre de sourire glacé se dessine sur mes lèvres alors que, scrutant le visage endolori du soldat, j'introduis la pointe de mon arme improvisée sous l'ongle de son majeur, de sa main qui me semble la moins abîmée.
Le cri déchirant est une douce symphonie pour moi. Le visage endolori, une œuvre d'art. Le carmin qui recouvre la lame est mon pinceau. C'est jouissif de venger la petite Lili. Ma large main vient s'écraser sur la gueule de l'inconscient. Je lui ouvre le gosier. Et ma pique vient déchausser, lentement, l'une des dents.
J'ai hâte d'en voir plus, j'aime déjà ce que je vois.
Mon regard se porte sur ma Frangine.


- Alla tua torre.**


C'est beau, les activités entre frangins, non ?


*Il a fait du mal à la petite étoile.
**A ton tour.

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Groland
Groland était tranquille peinard chez lui avec des amis autour d'un fut de bière quand la nouvelle tomba arrivé par un messager... il prit le message et commença à s'éclater de rire

Mouaaaaaaaahahahahahah oh les boulets
Se faire prendre une ville par des gamines!
Et bien ça fait longtemps que ça n'était pas arrivé ça


Il continua à lire le message incluant des rapport... le messager demanda à Groland


Messire, c'est la guerre?

Groland répondit

Pour une bande de gamine payées par le roi? Tu crois que j'ai que ça à foutre?
En plus la fosse ou on met les corps des victimes française est pleine là!

En plus, la France nous envoie des victimes qui doivent nous penser allié à Fatum...

J'avoue que c'est rigolo de tailler les victimes en pièce, mais bon, là, je viens de nettoyer mon épée parce que ma femme veut que je sois propre... mon épée avec.

Encore, quand les victimes.. heuu, les français viennent en armée... bon ok mais quand les français font de la sous traitance... sérieux... on ne va pas se faire chier avec ça....

Nan, tiens... va à la bibliothèque, Allé 6 rangé 2, tiroir rouge, tu prends le dossier et tu ramènes ça à la comtesse, pas la première fois que le DR, pairie, PARS ou autres nous envoie des brigands. Va donc falloir les dégager!

Les chieuses de ce genre, c'est comme la création d'essence curative, il faut la bonne recette, les bons ingrédients, ça les fera bosser un peu au conseil
Appliquer le bon remède et dans 1 semaines, les pisseuses vont devenir pleureuses et dans 2 semaines, elles se seront barrées.

Le messager un peu perplexe regarda le créateur des bourrins et lui demanda

- Et la protection des villes?

- Arrête de causer, va donner ça à la comtesse, ça me donne soif tout ça

Le messager parti, Groland bu et un de ses amis demanda

- C'est marrant, les français, en nous voyant, il font une drôle de tête, c'est quoi?

- Ahhh toi, tu n'a pas voyagé beaucoup, moi je sais c'est la peur!

- Ahhhhhhhhh, c'est donc ça.... mais la peur ... d'après des légendes, ça donnerait des ailes non? Hors ils n'ont pas d'ailes...

- Non, par contre, ça a un côté magique la peur et je te jure que c'est vrai! Grâce à la peur, on court très vite et on arrive à faire caca en même temps!
J'ai pourtant essayé de courir et de faire caca en même temps... je n'y suis jamais arrivé!

- La magie, c'est donc de la merde Gro!

- Et .... oué... allez, continuons à picoler. La bière, c'est aussi magique, et ce n'est pas de la merde!
Un pour tous... Tous bourréééééééééééééés!

Le comte de Sade continua donc tranquillou sa vie pépère.... et après avoir bien rit, il retournait voir sa Déesse..
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Clisson
Onze ans. Il avait passé onze ans à courir les Royaumes, de l'Irlande en Orient, comme mercenaire. Onze ans, ça laisse des traces, dans le corps et dans l'esprit. On lui disait souvent qu'il faisait plus vieux que ces vingt cinq ans, et il l'admettait volontiers.

Mais c'était fini tout ça. Arrivé un soir de décembre à Péronne, crevant de faim et de maladie, il s'était installé, il avait su apprécier le peuple artésien et avait décidé que ce serait sa Terre à présent, et que, si son sang devait couler, ce serait pour ceux qu'ils considéraient maintenant comme les siens. Et il avait rencontré Eve. Et cette rencontre l'avait aidé à se convaincre que tout n'est pas que bruit et fureur en ce monde, et à commencer une nouvelle page de son existence.

Mais ce soir là, quand il apprit ce qui se passait, quand il entendit des hurlements qu'il ne connaissait que trop bien, tout ressurgit d'un coup.

A la hâte, on avait organisé quelques groupes armés. Certains avaient pour mission de défendre les quartier encore épargnés, d'autres, comme celui de Clisson, devaient s'approcher de la Mairie pour évaluer la situation, avec ordre de ne pas intervenir dans l'immédiat.

Péronne était tombé, et les assaillants devaient s'en donner à cœur joie. Mais ce qu'ils ignoraient peut être, ce que la plupart des péronnais avaient une longue expérience des armes. N'avaient ils pas défendus leur cité, des jours entiers, pendant cet hiver ? Aussi, le premier mouvement de panique passé, s'organisait on rapidement. Peu de mots, des regards farouches, brillant de fureur plus que de peur. Le problème n'allait pas être de motiver les habitants de la cité, mais plutôt de les empêcher de se jeter de façon désordonné à l'assaut .

Quant à lui ? La tête froide et le feu dans les veines. Les préparatifs méticuleux du soldat, et l'excitation du combat. Il se surprit à se demander si ce n'était pas tout simplement de la joie qu'il ressentait, joie du fracas des armes, plaisir à jouer sa vie à pile ou face, volupté et peur de se retrouver face à la mort.

Il pense à Eve, il n'a pas le temps de lui envoyer un mot pour la prévenir. Un tiraillement au fond de lui, et si....mais il faut y aller. Sa dague à la main, il mène le petit groupe en se faufilant dans les ruelles péronnaises, en direction de la mairie.

Un premier corps, dans la pénombre. On se penche. Un homme assez corpulent, couché sur le ventre. Clisson le retourne. La vue du corps mutilé, faiblement éclairé par les torches du groupe, provoque un murmure confus. Un jeune homme se cache les yeux avec un petit cri aigu. Agenouillé près de Clisson, un vieux de la vieille, comme on dit, un ancien du Ponant, avec lequel Clisson a plusieurs fois discuté en taverne, a les yeux brillants de haine


Ch'le connaissait c'est l'Jacquelin. Un brav homme que c'était.

Il se redresse et siffle d'une voix rauque

Qu'ils vont nous le payer ! On a jamais plié, on pliera jamais ! On va r'prendre notre ville, et on va leur faire la fête. On va avoir de belles têtes de carnaval bien saignantes pour décorer nos rues ! Pas de pitié pour ces crevures, on va leur rendre cent fois c'qu'ils nous ont fait !

Un grondement en signe d'approbation. Clisson intervient

D'abord on cherche à savoir combien ils sont, et on ne se jette pas comme des ânes au combat. Ensuite on revient avec des renforts, et on leur fait gouter nos dagues et nos piques.

Hochements de tête. Le groupe repart, et arrive à proximité de la Mairie.

Tapis dans la pénombre d'une ruelle qui débouche sur la petite place devant la mairie, Clisson observe. Des corps étendus. Quelques cris, mais le combat a cessé. Les pilleurs s'affairent. Certains très jeunes.

Y a des gosses quasiment... murmure le vieux soldat qui l'a suivi.

Peu importe. Soyez sans pitié quand l'heure sera venue de combattre lui répond Clisson.

Puis il reprend

Trop nombreux...il faut au moins trois groupes de plus.

Son regard se fixe tout à coup sur deux silhouettes qui avancent sur la place.

Eve, il la reconnaitrait entre mille, et sa démarche ne trompe pas.

Eve, suivie de près par un des pilleurs.

Une vague de souffrance et de fureur l'envahit. Il respire pour tenter de se contrôler, de ne pas se jeter, en vain, la vague ne reflue pas. Il n'y a qu'une chose à faire, combattre le mal par le mal, combattre le chaos qui vient de s'emparer de son esprit au moyen d'une souffrance simple, physique.

Brutalement, il s'entaille l'avant bras d'un petit coup de dague. Le sang coule, et cette nouvelle douleur l'apise, le calme, comme quand on se mord les lèvres pour oublier un autre mal.

Son compagnon le regarde un bref instant héberlué, regarde sur la place, et hoche la tête, sans rien dire. Les mots sont inutiles, il a compris.

Clisson souffle un instant, puis se retourne vers le groupe

Vous deux, vous allez trouver Exosteal. Il faut au moins trois groupes pour reprendre la mairie. Nous autres, nous restons là, en attente. Et personne ne bouge, nous ne sommes pas de taille encore à les affronter, compris ?

Ils se postent silencieusement. Clisson ne cesse de fixer Eve et le pillard. La nuit est rouge, proies et prédateurs s'observent et le Très Haut lui même ne saurait à présent les distinguer...
Velasco_visconti


- Chiabrena! La maréchaussée! Viens ici toi!

Le sicilien passe son bras autour du cou de son ôtage et l'attire dans la pénombre contre la paroi de cette maison de pierre. La route vers le blondin semble coupée. ça n'était pas la peine de jouer les héros. Tenant toujours son otage sérré contre lui pour éviter qu'elle ne s'enfuit, dans son dos, la main du brigand cherchait à ouvrir la porte contre laquelle ils étaient adossés. L'endroit semblait désert. Avec tout le raffut q'il y avait dans les rues, sans doute que les villageois étaient nombreux à se terrer chez eux. Mais vasco savait aussi que la plupart des villes étaient désormais bien moins peuplées qu'elles ne l'avaient été dans un passé récent, que des tas de maison devaient être vides de tout occupant. Il ne mit pas trop de temps pour réfléchir. Sa décision était prise. Quand la porte s'ouvrit enfin, il tira sa victime vers l'intérieur.

L'endroit était plongé dans l'obscurité. Pas une chandelle, pas une lampe n'éclairaient la pièce. Il faisait froid. La cheminée n'avait pas du chauffer l'endroit pendant des lustres. Le marin lâcha sa victime. Ici, elle ne pourrait pas fuir aussi facilement que ça. Petit à petit ses yeux s'adaptaient à l'obscurité ambiante.


- Tu ne cries pas. Tu ne cherches pas à t'enfuir...et tu ne fais pas de bêtises en te pensant plus forte que moi. Si tu respectes ça, je te donne ma parole qu'il ne t'arrivera rien. On va simplement laisser passer cette raclure de patrouille et on reprendra notre chemin.

L'italien jeta un coup d'oeil par la fenêtre, cherchant du regard où la patrouille avait bien pu se faufiler. Au pire, ils resteraient ici un petit moment. Ce n'est pas le travail qui manquait pour les gens d'armes ce soir et nul doute qu'ils ne resteraient pas autour d'une maison à se tourner les pouces bien longtemps.

- Ici, tu es plus à l'abri que dehors. Certains de mes amis sont plus sanguinaires que d'autres. Je te l'ai dit : je ne tue que par nécessité. Comme les bêtes!

Dans quelques centaines d'années, quelqu'un parlera du syndrôme de Stockholm. En attendant, les yeux toujours rivés vers l'extérieur la majeure partie du temps, Velasco cherchait à apaiser la peur qui devait animer la péronnaise supposée.

- Tu habites ici ou tu as eu la malchance de passer au mauvais endroit au mauvais moment? Tu sais, je comprends parfaitement que tu puisses avoir peur. Moi, je peux te dire que celle que j'aime se trouve quelque part devant, du côté de la mairie sans doute. Je n'ai pas encore de nouvelles d'elle. J'espère que ça va bien pour elle. Quoi? Ça t'étonne qu'un brigand, un pilleur de mairie comme moi puisse ressentir ce genre de chose? eh bien, tu vois, on a plus de points communs que tu ne l'imagines. Et on t'appelle comment ici? Tu as un amoureux? Un compagnon? Un mari? Quelqu'un qui peut s'inquiéter pour toi ce soir?
Clisson
Etourdiment, certains membres du groupe s'étaient trop avancés. Repérés. Aussitôt, un remous agita les bandits sur la place, et le pillard qui tenait Eve disparut dans la pénombre. Clisson poussa un juron et se retourna.

Ils nous ont vus. Reculez jusqu'à la ruelle voisine. Et faites vous discret, si vous ne voulez pas y passer ! Vous ne voyez pas qu'ils sont plus nombreux que nous ?

Partez. Je reste en arrière.

Le groupe recule prudemment. Clisson ne les suit pas. Il observe la place, puis court vers l'endroit où ont disparu Eve et le pillard, espérant ne pas être aperçu.

Un cri retentit. Deux brigands le repèrent, s'approchent au moment où il s'engouffre dans la pénombre. Sans hésiter, il pousse une porte à moitié ouverte, sans doute par quelque pillard, entre dans la maison, et regarde par la fenêtre.

T'es mort, bourgeois.

Une douleur au flanc gauche au moment où il entend ces mots, prononcées d'une voix qui fait songer à celle d'un gamin. Aussitôt, la douleur se mêle à d'autres sentiments. Volonté de survie, haine, frapper assez bas, d'un coup.

Il se retourne et assène en revers un coup de dague, à l'aveugle. Sifflement de l'arme, gémissement sourd, bruit mat d'un corps qui s'effondre, et convulse quelques instants à ses pieds avant de s'immobiliser.

Clisson regarde autour de lui, pour vérifier s'il n'y a personne d'autre, puis palpe son flanc. Blessure superficielle, le Très Haut lui a été favorable, il s'en est fallu de peu. Il n'en est pas de même pour son adversaire. Il se penche sur son corps. C'était bien un gamin. Dix, douze ans peut être ? La dague a entaillé la base du cou, détachant presque la tête. L'ancien soldat ne ressent rien. Pas maintenant. Il sait qu'il reverra cette tête et son expression de surprise muette le hanter pendant de nombreuses nuits. Mais pas maintenant. Maintenant, il est juste un soldat qui fera ce qu'il a à faire pour défendre Péronne, et pour retrouver Eve. Il fouillera la ville, maison par maison s'il le faut, mais il la retrouvera.

Brève visite du logis. Deux cadavres égorgés, surpris dans leur sommeil, œuvre du gamin peut-être ? Mais aucune trace de sa compagne. Sortant prudemment par la porte de derrière, il se retrouve dans une courette malpropre qui donne sur d'autres logis. Essaye d'ouvrir une autre porte, en vain.
Il sort un morceau de métal, et commence à crocheter la serrure. Il doit faire un boucan du diable, mais peu lui importe, si on l'entend, on ne le voit pas, dans cette pénombre. La serrure cède, la porte s'ouvre en grinçant. Une autre maison à visiter, avec prudence...
Eve_ella
Sa lame s’était éloignée de ma gorge, et un imperceptible soupir de soulagement m’échappa. Je ne connaissais certes rien à l’escrime, mais je me doutais qu’il ne fallait pas être très bon en la matière pour trancher une gorge…
Répit de courte durée, car je me retrouvai brutalement debout, relevée sans ménagement par le pilleur. Un piaillement de surprise et de douleur jaillit d’entre mes lèvres et je serrai les dents pour juguler la vague de souffrance qui s’emparait de mon bras droit blessé.

Au moins c’est la preuve que tu es toujours en vie…
Merci. Vraiment, merci.

À ses paroles qui suivirent, je ne répliquai rien, mais son ordre me signifiant d’avancer ne souffrait aucune désobéissance, et c’est donc à pas lents que je me mis en mouvement, dans la direction dont je pensai qu’elle était la bonne. Sachant qu’au moindre faux pas mon gardien saurait me le faire savoir… plus ou moins gentiment… Et sachant que je ne savais absolument plus où je me trouvais.
Je laissai passer son discours sans aucune remarque, me concentrant pour enregistrer le plus d’informations possibles sur le brigand. Vraiment, il n’était pas sanguinaire ? Peut-être bien, mais ses menaces concernant le reste de la bande me firent frissonner d’effroi. Et redoublèrent mon désespoir lorsque je réalisai que chaque pas de plus me rapprochait de ces acolytes.

Mon Dieu… qu’est-ce que je dois faire ?! Je ne peux pas le laisser gentiment me mener à ces brutes !
Réfléchis ! Et vite !


Et on vous appelle comment ?

Pour le coup, je marquai un arrêt, sous le choc. Môssieur voulait faire la conversation ?! Mais avant que je ne puisse lancer une réplique cinglante, son bras entoura mon cou, déjà endolori par la lame de l’homme à la mauvaise haleine, et m’attira contre lui.
La maréchaussée !! Peut-être ma seule chance de survie ! Ou mon arrêt de mort si je donnai l’alerte… De dépit, de peur, de déception, que sais-je, je ne pus ravaler les larmes qui dévalèrent sur mes joues. Injuste. Je n’avais rien demandé, juste à vivre tranquillement mon petit bonhomme de chemin sur terre, et je me retrouvai dehors, la nuit, prisonnière d’un pilleur de mairie alors que des gens d’armes se trouvaient à quelques pas d’ici.

Vaincue, je me laissai entraîner dans la maison dont il venait d’ouvrir la porte. À ma grande surprise, il me lâcha. Et je compris que ce serait ma dernière chance.

L’air était froid et sentait le renfermé. Il devait faire noir, sinon jamais le bandit ne se serait caché ici. Il ne semblait pas s’être aperçu que je ne voyais rien. Il fallait donc que j’en tire avantage. La nuit était mon monde après tout.

J’écoutai sa voix se réverbérer contre les murs pour évaluer la taille de la pièce. Peu d’écho, elle ne devait pas être très volumineuse, j’en aurais vite fait le tour. J’écoutai aussi le son de mes pas, volontairement plus appuyés, sur le sol. Mon bras droit ne m’était d’aucune utilité, il pendait lamentablement le long de mon corps, aussi faudrait-il que je me serve du gauche pour ne rencontrer aucun obstacle.

Je compris au son de sa voix qu’il me tournait le dos, vraisemblablement en train de faire le guet à la fenêtre. Avec un peu de chance, il faisait plus clair à l’extérieur, si bien qu’il lui faudrait quelques secondes pour se réhabituer à la luminosité de la pièce s’il venait à se retourner.

D’accord. C’est bien beau tout ça, mais tu fais quoi ?

Pas question de tenter de sortir par la porte que nous avions franchie. Trop risqué.
Aucun intérêt non plus de le menacer avec un objet trouvé dans la pièce. Je risquais et de le louper, et de me prendre un coup de couteau dans le ventre. Après tout, m’éliminer était encore la meilleure option pour lui.

Doucement, avec précaution et le plus silencieusement possible, je commençai à marcher dans la pièce, le bras gauche tendu devant moi et à l’opposé de l’endroit où se situait mon ravisseur, espérant qu’il n’ait pas l’ouïe assez affutée pour noter mes déplacements, que je tentai de masquer en répondant à ses questions d’une voix que j’espérai contrôlée.


Que j’habite ici ou non ne change rien à la situation, et ce n’est pas dans mes habitudes de raconter ma vie à un parfait inconnu qui me retient prisonnière, sanguinaire ou non.
Et non, ça ne m’étonne pas que tu aies des sentiments d’inquiétude ou d’amour, après tout tu es homme comme nous tous.
Des ressemblances ? Je crois plutôt que notre différence réside dans le fait que tu as choisi la voie de la facilité. C’est facile de s’en prendre aux plus faibles, de prendre tout ce que bon lui semble aux dépends des autres. Ça l’est moins de parvenir à atteindre quelque chose par un travail honnête, mais je peux te dire qu’on s’en sent d’autant plus fier.
Qu’est-ce que cela te fais d’avoir la mairie de Péronne ? Pas grand-chose, tu l’abandonneras aussi facilement que tu l’as obtenue, sans regret parce qu’elle ne t’a rien coûté, elle ne t’a demandé aucun effort et ne représente rien pour toi.


Je ne savais plus ce que je disais, je laissais simplement les mots couler, une part de mon esprit étant concentrée à trouver un moyen de sortir d’ici. Et enfin, enfin, mes doigts longeant le mur rencontrèrent le bois rugueux d’une porte. Un espoir fou m’étreignit, et je baissai lentement la poignée.

Pourquoi veux-tu savoir mon nom ? Je ne suis qu’une victime gênante de plus qui pourrait te dénoncer lors d’un procès.

Fermée. La porte était fermée. Pour un peu, j’en aurais hurlé de rage.
Ne rien laisser paraître. Parler, gagner du temps.
Si j’avais un amoureux, un compagnon ? Oh oui, et qu’est-ce que j’aurais donné pour l’avoir à mes côtés en cet instant…

Clisson, où es-tu…

Si j’avais su le matin que je n’aurais probablement plus jamais l’occasion d'entendre sa voix, son rire, de lui serrer la main, de sentir sa joue sous mes doigts, je ne serai pas partie aussi vite à la mine, je lui aurai encore assuré une dernière fois que je l’aimais, que dans la nuit où je vivais continuellement il était ma source de lumière…

Allez ma vieille, fais en sorte qu’il soit fier de toi !

Je ne retournerai pas à la mairie. Pas vers ces pilleurs sanguinaires. Je préférais encore mourir ici.
Mes doigts tremblants parcoururent quelques meubles jusqu’à ce qu’ils butent contre un objet froid, lisse et dur. Une chope.
Un sourire ironique s’afficha sur mes lèvres. Quelle arme dérisoire face à un poignard…
Velasco_visconti


- Comment je m'appelle? Hum...Si je te le dis, après, il faudrait que je te tue.

Geste gratuit mais ô combien utile car elle sait que le Visconti a participé à la prise de la mairie et elle pourrait témoigner contre lui dans un procès que ces abrutis pourraient vouloir lancer contre la Spiritu Sanguis.

- Appelle-moi...il foro!

Et non, il ne lui dira pas non plus que ce surnom, c'était celui que les gens du port à Syracuse lui avait donné après qu'il se fut décidé à porter cette boucle à son oreille. D'ailleurs, peut-être ne devrait-il plus la porter cette boucle d'oreille pendant les assauts...ou alors mieux la cacher. C'était un signe distinctif. Peu d'homme portaient une boucle d'oreille. Ici, ça n'avait plus d'importance. Elle avait vu sur visage. Le sien et celui de quelques-uns de la Spiritu Sanguis. Mieux valait qu'elle ne témoigne pas. La meilleure des choses serait encore de la tuer...Mais le Visconti ne pouvait se résoudre à cette extrémité.

- C'est joli il foro tu ne trouves pas?

Dehors, la situation avait retrouvé un calme relatif. Des cris se faisaient entendre encore ça et là. La ferraille clinquait de temps à autre, mais la patrouille de la maréchaussée s'était dissipée dans la nuit. Le Visconti rabaissa le rideau et poussa un soupir de soulagement. Le danger était évacué pour l'instant. L'intérieur de la pièce était plongée dans la pénombre. Seuls quelques rayons du premier quartier de la lune* parvenaient faiblement à franchir le seuil de la fenêtre. L'intérieur de la pièce était totalement silencieux. Le sicilien entendait même les bruits de rongeurs qui devaient couiner quelques part le long des murs. Il prit la chaise qui lui tendait les bras, posa lourdement ses pieds bottés sur la table de chêne et s'octroya un petit moment de détente en répondant aux questions de l'habitante.

- Je vois que les autorités locales t'ont bien bourré la tête avec leur propagande. Déjà, si j'étais toi, je substituerais le terme de pilleur à celui de mercenaire. En déclarant son indépendance, ces abrutis qui vous gouvernent n'ont pensé qu'à leur propre intérêt. Ils se foutent de la population, de vous. Pour eux, vous n'êtes là que pour travailler, produire et payer des taxes. Eux, ils doivent vous protéger, et pour cela, ils plongent l'Artois dans une guerre perpétuelle avec le royaume de France... et tu vois ce que cela donne ce soir. Je hais la noblesse! Ces êtres arrogants qui croient tout savoir, qui se permettent de décider de la vie d'autrui en fonction de leurs propres intérêts. Si j'étais un noble, tu serais déjà morte!

Et s'il avait un semblant de raison, tu le serais également! Il ne devrait pas te laisser en vie. Tu le sais. Ça n'a tout simplement pas de sens. Le Visconti a encore trop de compassion pour le métier qu'il fait.

- Je ne connais pas les raisons de l'action de ce jour. Je ne suis pas dans le secret de mes chefs. Par contre, je l'imagine bien plus comme un acte de guerre que comme un pillage de richesses. La guerre petite ne se déroule pas toujours sur un champ de bataille loin des villes et des villages. Et parfois, il est bien moins couteux de la faire avec des mercenaires qu'avec une armée régulière. Tu vis dans un pays en guerre, même si tu ne l'as pas choisi. Et si tu veux des explications, c'est à ton régnant et à son conseil que tu dois poser des questions. Pas à moi. Moi, j'obéis...de la même façon qu'un maréchal. Lui défend un ordre établi corrompu qui asservit sa population. Moi, je défends le droit de ne pas être asservi par ceux qui ont le pouvoir et l'argent. A chacun ses valeurs.

Elle ne lui a pas dit si elle avait quelqu'un qui pouvait s'inquiéter pour elle. Lui, il s'inquiète pour Ina...malgré ce sale séducteur de Beren, malgré l'attirance de la Corleone pour le parfumeur ! Beren...C'est lui ce soir que Vasco aurait voulu avoir comme otage. Avec lui, il n'aurait eu aucun scrupule. Le seul doute qui aurait pu naître en lui, c'est de savoir s'il le tuait immédiatement ou s'il avait le temps de s'amuser avec lui un peu avant. Beren venait chercher en Vasco ce qu'il y avait de plus mauvais au fond de lui. Il exacerbait sa jalousie de sicilien. Il extirpait de son âme ses desseins les plus noirs, ses envies les plus meurtrières, son instinct de chasseur, de bête, celui qui le commandait d'écraser sans aucune pitié le "jeune" prétendant afin de rester aux yeux d'Ina le mâle dominant. La main du sicilien se resserra sur la garde du poignard à l'évocation de ces images. Beren...Il lui casserait volontiers les deux genoux avec sa canne. Il lacérerait son corps avec la lame de son poignard et ensuite, il déverserait le parfum de la trahison sur ses plaies à vif. Et pour finir...Le supplice du rat! Voilà ce qu'il aurait fait s'il avait eu le petit chaton entre ses mains ce soir.

- J'espère pour toi que l'on abandonnera rapidement Péronne. Tu seras libre quand nous partirons. Une fois partie, tu pourras faire ce que tu veux, je serais...

Un craquement lugubre du plancher de bois interrompit le discours toujours trop long du Visconti. La pause semblait fini. La situation d'alerte était revenue. La maison était-elle finalement habitée?

- Tu as entendu?

Le mercenaire s'était redressé, bottes au sol, oreilles tendues. Si seulement, ça pouvait être Beren...
Clisson
La maison était plongée dans l'obscurité. Mais Clisson avait appris à utiliser d'autres sens que la vue. D'abord pendant son ancienne vie de soldats, pendant les nombreuses opérations nocturnes qu'il avait eues à mener. Ensuite, en vivant avec Eve, et en apprenant à "voir" comme elle voyait le monde. Avec leur ami Vitali, il s'était exercé, les yeux bandés, à aiguiser son sens de l'ouie, du toucher, de l'équilibre, à sentir presque la présence des êtres et des choses sans les voir.

Et il avait entendu des voix derrière une porte, qui s'étaient brusquement tues. Il s'arrêta devant celle-ci, la palpa silencieusement, méthodiquement. Maison pauvre, abandonnée, porte d'intérieur, bon marché, peu solide, un peu vermoulue, avec un peu de chance, et vieille ferronnerie, peut être abîmé, peut-être rouillée aussi, qui sait ? De toutes manières il n'avait pas le choix, il n'avait pas le temps, et devait garder l'initiative autant que possible.

Il se recule et donne un violent coup d'épaule sur la porte qui craque brutalement et commence à déjà à céder. La douleur de la blessure au flanc augmente et le fait grimacer. Un deuxième coup d'épaule, et la porte s'ouvre, les gonds à moitié détachés du chambranle.

Deux silhouette. Eve, et le pilleur aperçu plus tôt sur la place. Il regarde à peine sa belle, se concentre sur l'homme, évalue sa taille, son attitude, examine son arme, sa position. Si Eve est rapide, ils ont une chance.

La chemise souillée de sang, les yeux fixés sur l'homme, il s'adresse à sa compagne

Eve, par ici, vite !

L'homme s'attend peut être à un combat. Clisson joue alors son va tout, misant encore une fois sur la surprise. Ne laissant que peu de temps à l'homme, il lance avec force sa dague sur lui. S'il le blesse, s'il le surprend, il peut s'enfuir avec Eve, et lui échapper, le bandit ne se risquera guère à les poursuivre dans Péronne alors que les groupes de défenseurs commencent à se multiplier. S'il le rate complètement, alors il n'aura plus qu'un simple poignard glissé sous sa chemise pour les défendre contre un homme qui sera bien mieux armé que lui...
Eve_ella
A pas de loup, je m’avançais vers le mercenaire – vu que c’était comme ça qu’il se considérait -, ma… chope à la main.
Ce que je voulais faire ? Je n’en avais aucune idée à vrai dire. Peut-être la lui fracasser sur le crâne, le surprendre, juste le temps que je puisse m’enfuir ? Honnêtement je n’y croyais pas moi-même, mais je ne pouvais attendre simplement qu’il fasse de moi ce qu’il voulait.

Et brusquement, il s’arrêta de parler. Sur le qui-vive, je m’immobilisai, à peine à quelques pas de lui, la main tremblante.
Oui, j’avais entendu le grincement du bois. Mais dans le silence qui s’ensuivit, je pus percevoir d’autres petits bruits, probablement impossible à entendre pour les voyants dont l’ouïe n’était pas aussi affutée que la mienne. Des raclements de l’autre côté du mur, légers, discrets, puis des frôlements sur la porte que je venais de quitter. Quelqu’un était là, tout près.

Ami ou ennemi ?

Il nous avait entendus, j’en étais certaine. Et un ami du mercenaire ne se serait pas appliqué avec autant d’ardeur à passer inaperçu. Un espoir fou m’envahit – peut-être que je n’aurais pas à mourir !-, et je répondis d’un ton que je voulus ironique à « il foro », espérant couvrir les faits et gestes de la personne derrière la porte.

Risqué… Tu seras bien, avec deux mercenaires à la fois...
La ferme.


Quel homme ! Vous avez peur d’une planche qui grince, du chat qui en est vraisemblablement responsable ? Le métier ne doit pas être facile pour vous, j’en ai peur… Pensez peut-être à une reconversion, je ne peux que vous conseiller le monastère, tout y est calme ! Je…

Le bois craqua, grinça, hurla, sous l’assaut d’un violent coup porté à la porte, et la chope m’échappa, venant se briser sur le sol. Un deuxième coup vint à bout des planches, et j’entendis la porte céder brusquement, le tout dans un immense fracas.

Eve, par ici, vite !

La lumière revient, la peur se fait plus légère, Il est là.

Secoue-toi ! Bouge de là !

Je me retins de crier son nom et m’élançai dans sa direction, sans m’occuper de l’homme derrière moi, de sa réaction, sans même réfléchir à comment mon compagnon avait pu me retrouver ici. Il était là, c’était tout ce qui comptait.

Quelque chose siffla et fusa dans l’air sans que je ne m’en préoccupe.

Vite, dépêche-toi, le pilleur n’est pas idiot, il réagira vite !

Je connaissais la pièce à présent, je savais où se trouvait la porte. Sauf qu’elle avait été ouverte. Mon épaule droite se prit de plein fouet ce que je devinai être un reste de la porte encore accroché au chambranle. Me mordant les lèvres pour ne pas hurler, j’arrachai de la main gauche un bout de bois venu se loger dans mon épaule. Pour l’instant, il y avait plus urgent. C’est-à-dire sortir d’ici. A deux. Vivants.

Dans un souffle rauque, je murmurai vers Clisson:
Je suis là.
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