Gwilwileth
Un jeu d'enfants.
La résistance n'a pas été farouche, les quelques gardes présents sont vite tombés. Les voilà maîtres de la mairie, maîtres du monde et de tout son or. Gwil est excitée et euphorique. La porte est défoncée, et elle court vers le champ de bataille. L'air sent le sang, la sueur et l'alcool. L'enfant se dit que sans doute, les miliciens, trop occupés à se croire en sécurité, se sont adonnés au plaisir du vin chaud. Rien n'expliquerais mieux que cela la facilité avec laquelle les Corleone ont brisé les défenses. Ça, et la nuit, et le plaisir visible sur chaque visage que l'enfant croise. Le plaisir du meurtre et l'appât du gain. Elle court et enfin elle se sent libre. Paradoxe de l'existence, c'est enchaînée à une promesse qu'elle se libère. Un brise calme lui frappe le visage et ébouriffe ses cheveux, et au son du fer qui cogne se joint un rire cristallin de bonheur pur.
Le vent frais se transforme en terre et sang. Sa bouche goûte l'amère liquide visqueux qu'elle devine rouge. Son front est douloureux. Elle tarde quelques secondes d'immobilité avant de comprendre qu'elle vient de chuter. Sa langue repasse ses lèvres et une grimace naît au contact du goût de métal. Elle prend conscience de sa cheville capturée quand une voix rauque, presque inaudible, se fait entendre derrière elle.
Ai...aide moi...
Elle bascule la main avec un coup de pied et s'assied avec vitesse. Devant elle un homme qui saigne, une flèche proche du cou. Gwil le regarde. Le regard est suppliant. L'homme se meurt lente mais sûrement. Elle penche légèrement son corps vers la droite et d'une poche de ses braies en tire une pièce de monnaie délavée par le temps. Elle lance la monnaie en l'air, pas trop haut pour ne pas la perdre de vue dans l'obscurité. Elle l'attrape.
Pile. D'solée.
Son regard vert croise le regard emplit d'incompréhension du garde, puis, elle se relève. Elle range la monnaie et passe ses mains sur ses braies pour enlever un peu de terre. Elle récupère sa petite épée qui s'était échappée de son emprise pendant la chute, et la course reprend. Bientôt elle atteint la mairie et avant d'en franchir la porte, elle jette un regard en arrière. Victoire. Victoire des crapules, des indésirables, des immondices, des illégaux. Victoire du chaos, des enfers, des lunaires et des bâtards. Victoire à ceux qui osent être et s'avouer.
Elle sourit, tourne les talons, rentre dans la bâtiment de leur conquête. Certains alliés s'y trouvent déjà. L'endroit devient rapidement l'image du chaos intérieur de chacun des présents. Des chaises ont été balancées, et les anciens vestiges du prestige brisés. On cherche et on fouine, on veut trouver l'or et la boisson. Gwil séclipse entre des jambes d'adultes et arrive finalement dans Le bureau du maire. L'autel sacré de l'ordre établit. La première chose qu'elle remarque c'est le parterre, couvert de parchemins qui tardent à tomber. Et levant les yeux, les jambes puis la figure entière d'un vieux gars bien formé. Et finalement, sur une table, une cascade de blondeur. Le souffle en est coupé. Une perte? Qui est-ce? Elle s'approche discrètement. La silhouette et à peine plus petite qu'elle-même. Un enfant. Un autre enfant. Ses yeux son clos et sa respiration douce. Trop douce. Pour bien voir, Gwil monte sur un fauteuil. Le visage est paisible. Trop paisible. Des yeux verts croisent d'autres yeux verts.
J'apporte quoi?
C'est presque un murmure, comme si elle avait peur de briser le repos de le petite fille sur le bureau. Jeune, mais pas stupide. Elle sait que s'il faut apporter quelque chose, une môme, avec un grand sourire, peut, même une nuit pareille, se faufiler un peu partout.
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La résistance n'a pas été farouche, les quelques gardes présents sont vite tombés. Les voilà maîtres de la mairie, maîtres du monde et de tout son or. Gwil est excitée et euphorique. La porte est défoncée, et elle court vers le champ de bataille. L'air sent le sang, la sueur et l'alcool. L'enfant se dit que sans doute, les miliciens, trop occupés à se croire en sécurité, se sont adonnés au plaisir du vin chaud. Rien n'expliquerais mieux que cela la facilité avec laquelle les Corleone ont brisé les défenses. Ça, et la nuit, et le plaisir visible sur chaque visage que l'enfant croise. Le plaisir du meurtre et l'appât du gain. Elle court et enfin elle se sent libre. Paradoxe de l'existence, c'est enchaînée à une promesse qu'elle se libère. Un brise calme lui frappe le visage et ébouriffe ses cheveux, et au son du fer qui cogne se joint un rire cristallin de bonheur pur.
Le vent frais se transforme en terre et sang. Sa bouche goûte l'amère liquide visqueux qu'elle devine rouge. Son front est douloureux. Elle tarde quelques secondes d'immobilité avant de comprendre qu'elle vient de chuter. Sa langue repasse ses lèvres et une grimace naît au contact du goût de métal. Elle prend conscience de sa cheville capturée quand une voix rauque, presque inaudible, se fait entendre derrière elle.
Ai...aide moi...
Elle bascule la main avec un coup de pied et s'assied avec vitesse. Devant elle un homme qui saigne, une flèche proche du cou. Gwil le regarde. Le regard est suppliant. L'homme se meurt lente mais sûrement. Elle penche légèrement son corps vers la droite et d'une poche de ses braies en tire une pièce de monnaie délavée par le temps. Elle lance la monnaie en l'air, pas trop haut pour ne pas la perdre de vue dans l'obscurité. Elle l'attrape.
Pile. D'solée.
Son regard vert croise le regard emplit d'incompréhension du garde, puis, elle se relève. Elle range la monnaie et passe ses mains sur ses braies pour enlever un peu de terre. Elle récupère sa petite épée qui s'était échappée de son emprise pendant la chute, et la course reprend. Bientôt elle atteint la mairie et avant d'en franchir la porte, elle jette un regard en arrière. Victoire. Victoire des crapules, des indésirables, des immondices, des illégaux. Victoire du chaos, des enfers, des lunaires et des bâtards. Victoire à ceux qui osent être et s'avouer.
Elle sourit, tourne les talons, rentre dans la bâtiment de leur conquête. Certains alliés s'y trouvent déjà. L'endroit devient rapidement l'image du chaos intérieur de chacun des présents. Des chaises ont été balancées, et les anciens vestiges du prestige brisés. On cherche et on fouine, on veut trouver l'or et la boisson. Gwil séclipse entre des jambes d'adultes et arrive finalement dans Le bureau du maire. L'autel sacré de l'ordre établit. La première chose qu'elle remarque c'est le parterre, couvert de parchemins qui tardent à tomber. Et levant les yeux, les jambes puis la figure entière d'un vieux gars bien formé. Et finalement, sur une table, une cascade de blondeur. Le souffle en est coupé. Une perte? Qui est-ce? Elle s'approche discrètement. La silhouette et à peine plus petite qu'elle-même. Un enfant. Un autre enfant. Ses yeux son clos et sa respiration douce. Trop douce. Pour bien voir, Gwil monte sur un fauteuil. Le visage est paisible. Trop paisible. Des yeux verts croisent d'autres yeux verts.
J'apporte quoi?
C'est presque un murmure, comme si elle avait peur de briser le repos de le petite fille sur le bureau. Jeune, mais pas stupide. Elle sait que s'il faut apporter quelque chose, une môme, avec un grand sourire, peut, même une nuit pareille, se faufiler un peu partout.
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