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[RP] L'herboristerie "Au mille plantes"

Soren
[Chambrée d'Aileen]

Pour 10 écus, je n'ai pas à me plaindre. La chambre me convient. Et puis, ce n'est pas comme si j'allais passer toute ma vie ici... ou comme si j'amenais une conquête pour la primae noctis. Je regarde Syu s'installer et à mon tour j'envoie paître les bottes dans un coin de la pièce. La chemise suit le même mouvement, ainsi que les bas le col. Je viens ensuite m'allongger aux côtés de la rousse. Allongé sur le ventre, les coudes solidement ancrés au sol, je tire quelques bouffées sur la pipe que Syu me présente. Sans aucune hésitation. Et là...

...En un instant, je blémis. Une grande sensation de froid me transperce de part en part. J'ai l'impression qu'un grand vide se creuse au niveau de mon estomac. La tête est soudain plus lourde que tout le reste de mon corps. J'ai l'impression que je ne suis plus capable de la supporter. J'ouvre la bouche comme si je recherchais quelque goulées d'air bienfaisantes. Je m'affale au sol, face contre terre. Des nausées me prennent d'assaut. Je sens battre mon coeur au niveau de mes tympans. J'ai les yeux complètement exorbités. Ils fixent un coussin rouge...le croisement d'un fil de trame avec unfil de chaîne. Un croisement bien précis. Un seul. Le croisement qui tient tout le coussin. Le croisement qui est la clé de voute de tout l'univers. Syu est à mes côtés mais je n'en n'ai pas conscience. J'ai d'ailleurs du mal à ne pas perdre pied avec la réalité. Ma bouche est sèche. Le tambour dans ma tête est puissant. J'ai l'impression qu'une goutte d'eau vient frapper mon front à intervalles réguliers. A chaque fois qu'elle heurte mon crane, c'est comme si un clou métallique venait s'enfoncer dans la tête sous les coups ravageurs du marteau Mjolnir.

Peu à peu les nausées s'estompent. Un grand frisson me parcourt, hérissant ma chair au passage. Un plaisir infini me transcende littéralement. Une intense sensation de bien être m'enveloppe alors. J'ai l'impression de me trouver dans un immense cocon qui me caresse de l'extrémité du gros orteils jusqu'à celle de la plus longue touffe de cheveux...

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Syuzanna.
[Chambrée d'Aileen]

Elle inspire, inspire, inspire, jusqu'à en avoir la tête qui tourne. Le monde lui parait flou, soudainement. Iréel. Comme emplit d'une brume blanche. Son champ de vision est brusquement restreint à ce qui se passe droit devant elle. La périphérie est noire. Inexistante.

- Qu'est-ce que c'est que ce truc ? marmone la rousse en fronçant les sourcils, agacée de constater que ses sens lui jouent des tours.

Des fourmillements parcourent son corps, des pieds à la tête, la faisant frissoner de tout son être. Puis le court moment de froid cesse, pour céder la place à une intense chaleur. Et un bien-être jamais ressenti auparavant. Rien ne parait important, maintenant. Peines et douleurs, envolées ! Inquiétude, soucis, disparus ! Elle se sent bien, tout simplement. Le monde est merveilleux. De quoi diable se plaignent les gens ? S'ils achetaient plus de coussins, ne seraient-ils pas plus heureux ? Si !

Elle se lève en titubant légèrement, et s'en va ouvrir la fenêtre en grand. L'air frais la ravit au plus haut point. Et le monde, vu de haut, est si ridicule.
Elle retourne bientôt se vautrer sur les coussins. Jambes croisées en tailleur, elle chantonne un air sans suite, avant de fixer autant qu'elle le peut, son regard sur son compagnon.


- Par tous les Dieux des Enfers ! Seurn ! Tu es blond ?

Elle éclate de rire, amusée par l'idée d'une telle couleur de cheveux. Puis, elle reprend un air grave. Aussi grave qu'elle le peut, du moins.

- Qu'est-ce que tu ferais, si en fait, Loh n'était pas morte, seulement disparue, et qu'elle revenait de sa cachette ? Que ferais-tu, Seurn ?

Son visage se fend d'une immense sourire, qui aurait pu largement faire trois fois le tour de sa tête, si ses muscles faciaux l'avaient permis.

- Tu sais quoi ? J'ai trouvé ça hallucinant, quand tu m'as dit qu'en fait, tu es à moitié Ecossais. Tu sais pourquoi ? Parce que mon père t'aurait détesté !

Elle éclate d'un rire suraïgu, bien peu naturel. Du coin de l'oeil, elle avise soudain l'armoire de la propriétaire des lieux. Ni une, ni deux, elle bondit sur ses pieds et l'ouvre en grand. Que contient-elle, cette armoire ? Des jupes colorées et des chemises largement échancrées. Tiens donc !

- Attends une minute !

Elle se dévêt en vitesse, manquant de tomber à plusieurs reprises, riant à chaque maladresse. En moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, l'Ecossaise est vêtue à la mode "Aileen". Jupes amples, pleines de jupons donnant un effet gonflant, une chemise lâche au niveau du col, dont les bretelles larges tombent systématiquement des épaules sur les bras, et un corselet fauve. Les cheveux désormais libres, cascadant jusqu'à la taille, elle virevolte dans la pièce, avant de s'écrouler sur le dos au beau milieu des coussins.

- Alors, ronronne-t-elle en gloussant. Comment tu me trouves ?
Soren
[Chambrée d'Aileen]

- Comment je te trouve? Ah facile de te trouver! Tu es prêt de moi!

En temps normal, l'humour danois n'est certes pas très raffiné, mais avec l'opium qui enveloppe mon esprit d'une gangue de douceur, il est carrément mal dégrossi. Je m'étire comme un gros chat. Ma tête dodeline agréablement. je tourne sur moi-même pour porter à nouveau mon regard sur Syu. Sa silhouette féminine est savamment mise en valeur par une robe qui, en temps normal, serait des affriolantes. Mais ce soir, c'est la gourmandise qui prend le dessus sur la luxure. Aussi étrange que cela puisse paraître, je n'ai aucune pulsion sexuelle pour…cet assemblage de nourriture. Le premier plat qui attise mon envie est constitué de deux beaux melons de Cavaillon encore à moitié emballage dans un fichu de lin. Ils me semblent gorgés de soleil, sucrés et juteux à souhait. Arrosé d'un bon verre de rouge (Eh oui! Pour le melon je veux bien faire une infidélité à la bière), et une tranche de jambon sec, ça doit être un véritable délice… à condition de bien savoir le préparer. Oui, tout le secret est dans la préparation. Ce melon, prenez-le main, soupesez-le, faites-le rouler dans le creux de votre main et ensuite faites-lui subir les derniers outrages en le tenant fermement par la petite queue! Couic! Couac! Découpez-le en tranche épaisse et mordez dedans à pleine dents! Un pur régal.

Le premier plat avalé, je me concentre sur le principal: le cuissot de biche sauce écossaise. Commencez par le caresser dans le sens du poil puis dépoilez-le en commençant par le bas pour remonter progressivement vers le haut. Raffermissez la chair par quelques massages bien appuyés et faites mijoter lentement à petit feu après avoir badigeonné avec un peu de beurre à la fleur de sel. Faites-le cuire dans son jus en arrosant souvent. Ajoutez quelques champignons, un peu d'herbes aromatiques et… régalez-vous!


- Comment je te trouve? Très... appétissante! Je suis bien… trèèèèèèès bien! Sais-tu quoi? Je pense que je n'ai jamais été heureux de toute ma vie qu'en cet instant précis!

Je n'ai vraiment pas envie que tout ceci se termine. Je suis sur mon petit nuage. Plus rien n'a d'importance excepté cette petite pipe qui me donne tant de plaisirs. Allez hop! Je tire une nouvelle fois dessus. Des volutes d'allégresse s'emparent de mon esprit. Mes yeux se ferment ostensiblement. Je roule sur moi-même en étirant mes membres, puis je me mets dans une position fœtale. Je savoure chaque instant de cette joie artificielle. Maintenant je sais ce qu'est le paradis! Inutile d'essayer de gagner le mien en me faisant baptiser, je viens de trouver les clés d'une porte dérobée qui mène au même endroit.
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Syuzanna.
[Chambrée d'Aileen]

Pour toute réponse, elle éclate de rire. Il lui faut quelques minutes entières pour que son hilarité cesse. Elle ponctue le silence ainsi établit par un gloussement, lancé à un intervalle régulier.

Le bien-être qu'elle ressent est sans pareil. De sa vie, elle n'a jamais été aussi bien. Aussi calme. Aussi détendue. Elle sourit bêtement au plafond, les yeux pleins d'étoiles. Elle tourne la tête de côté, contemplant rêveusement la nuque de Søren. Etrangement, elle ne sent pas physiquement attirée par lui.
Il est là, et c'est tout.


- Heureux ? Jamais aussi heureux ?

Elle répète les mots à la fois vides de sens et remplis de signification. Heureuse. L'est-elle en ce moment, elle ? Oui ! Elle vole, elle est ailleurs, et rien ne lui fait mal. Si elle avait eu ses facultés totales de penser, elle se serait demander si même avec elle sans l'opium, il était heureux. Mais cette idée ne lui traverse pas l'esprit. Elle s'éloigne doucement de la pièce, pour planer au-dessus d'une vaste pleine verdoyante. Elle le revoit, avec ses cheveux châtaigne, tout bouclé. Il rit, et ses yeux sont si bleus. Si bleus qu'elle se surprend parfois à s'y perdre, et... "Tha ghoal agam ort, Syu *". Il les lui avait chuchoté au creux de l'oreille, et cela avait été la plus douce des mélodies. Et puis...

Le plafond d'une chambre lui revient devant les yeux. Un homme est roulé en boule à ses côtés. Prise d'une soudaine soif, elle tatonne autour d'elle, mais ne trouvant rien, finit par se lever. Elle avance d'un pas très mal assuré vers la fenêtre. Prenant place juste devant, Syu ramène sur sa poitrine ses cuisses découvertes par la jupe largement fendue. Appuyant la tête contre le chambranle, elle se perd de nouveau dans sa contemplation d'une scène ayant eu lieu bien des années auparavant. Tirant sur sa pipe, elle laisse les contours de la pièce disparaitre. Une bouffée d'air pur, une bouffée de pur bonheur. Une bouffée d'insousciance. Une bouffée de paradis.



* Je t'aime, Syu (gaélique)
--Aileen.


[Dans la boutique]


Depuis combien de temps étaient-ils là-haut, les deux estrangers ? Si elle en croyait l'inclinaison du soleil, cela faisait juste une heure. Il était temps de monter voir si tout se passait bien. Elle inscrivit sur un parchemin un mot informant les éventuels clients de son retour imminent, puis monta à l'étage.

[Chambrée d'Aileen]


Elle toqua une ou deux fois, et n'obtenant pas de réponse, mais n'en attendant pas vraiment non plus, elle entra.
Le spectacle qui s'offrit à ses yeux la glaça d'effroi. La jeune Dame se tenait bien trop au bord de la fenêtre basse. Un mouvement brusque, et elle tombait.
Le Sieur était vautré dans les coussins, l'air rêveur.
Aileen grimaça. L'opium. Voilà bien une drogue qu'elle n'appréciait pas.



- Dame, écartez-vous ! Vous allez... Enfin écartez vous de là, vous voulez ?


Elle s'approcha de la jeune dame aux cheveux roux, et lui ôta délicatement la pipe des mains.


- Allez donc rejoindre votre époux, c'est plus prudent.


Elle s'avança de l'homme blond, et tout pareillement, lui retira la pipe des doigts. Les réservoirs étaient quasiment vides, d'ailleurs, et arrêter maintenant ne pourrait leur être que salutaire.


- Reposez-vous une heure ici, je viendrais vous chercher.


Et elle s'en fut, pipes en mains, vers sa boutique.
Soren
[Chambrée d'Aileen]

Avez-vous déjà été dans le noir total? Là où pas un grain de lumière ne passe. Paupières closes ou pas, il n'y a aucune différence. Eh ben, c'est là où je suis actuellement. Il n'y a rien autour de moi. Rien. J'ai beau tendre le bras dans tous les sens… Rien! C'est le vide le plus complet. La vue, l'ouïe, l'odorat, le toucher… Rien n'est stimulé! Je me sens perdu. Je ne sais que faire.Avancer? Vers où? Sans aucun point de repère, la notion même de direction perd tout son sens, tout autant que celle de la vitesse.

Enfin, un rai de lumière apparait. Une porte s'entrebâille. Je m'approche et l'ouvre entièrement. Un flot de lumière blanche m'aveugle. Je passe la main au dessus des yeux pour mieux me protéger.Au noir succède le blanc. Un blanc aussi étincelant que le noir était sombre il y a quelques instants. Une vague de chaleur vient heurter la peau de mon visage. Qui suis-je? Où suis-je? A quelle époque? Le blanc reflue enfin. Les contrastes se forment, des contours apparaissent. Peu à peu la vie reprend ses droits.J'ai en face de moi une étendue liquide d'un bleu intense. Quelques touches de blanc viennent partager cette surface uniforme.

La scène se précise, les rochers bruns émergent dans le décor par-ci par-là. Sur le sol, un sol meuble s'étend jusqu'au rivage. Des traces de pas sont encore visibles. Instinctivement je les suis. Elle me mène devant une grande assemblée. Je distingue à peine leur accoutrement. J'essaie de me frayer un chemin jusqu'aux premiers rangs. En face de moi, un couple de blonds. Une femme et un homme. La femme me parait séduisante. Belle. Très belle. Elle est typiquement le genre de femme que l'on peut désirer âprement. Elle fixe l'homme en face d'elle comme si elle attendait quelque chose de lui.. une réponse… un geste.

Son partenaire m'intrigue. Il me met mal à l'aise. J'ai l'impression de le connaître. Une étrange sensation s'empare de moi. Oui! Son visage me dit quelque chose. L'idée nait naturellement dans mon esprit. Elle ne m'étonne même pas. Et d'ailleurs, je sais que je ne me trompe pas. Ce sieur au visage dur, fermé. Ce sieur qui ne veut manifestement pas offrir à la donzelle ce qu'elle désire…. c'est moi! Oui..moi! C'est étrange de pouvoir se voir. Très étrange! D'ailleurs je commence à comprendre ce qui se trame ici et j'ai l'impression que je connais la fin de l'histoire…Un mariage! Je suis entrain de me marier. Ou plutôt…on essaie de me marier. Je m'attends à ce que je refuse. Oui, c'est ça! En principe, je dois refuser. Je connais déjà cette histoire. Je l'ai déjà vécu! Si tout se passe comme cela s'est déjà passé, je vais refuser. Le vieux singe là-bas aux premières loges va se mettre dans une colère noire. Il va me gifler. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il va me faire mettre genou à terre. Le visage ensanglanté, il va une dernière fois me demande de prendre cette dame pour épouse… et je vais refuser. D'ailleurs, c'est exactement ce qui est entrain de se passer sous mes yeux. Le vieux sort son épée et me l'a met sur la nuque. J'ai envie d'intervenir, de m'aider, de donner un gros coup de bottes dans les côtes de Larsen! Mais je ne peux faire tout ceci. Je ne suis qu'une créature éthérée. Personne ne me voit. Je ne prends pas de place. Je m'aperçois alors que je peux survoler l'assemblée.

Étrange sensation oui, que de se voir. Oui. Très étrange. Que suis-je pour cela? Je plane au dessus de moi. J'ai l'impression qu'il y a deux tête qui gouverne un seul corps. Ou plutôt non… Une seule tête. Moi, de là-haut, je ne contrôle rien. J'observe. Je lis. J'analyse. Je suis relié à ce corps par un lien bien particulier. Je sais qu'il me représente, que je suis lui. Mais en même temps, j'ai l'impression d'être très loin de lui, de n'avoir aucun contrôle sur lui. Est-cela qu'on appelle une âme? Un esprit? Ce corps que je vois en bas n'est-il qu'une coquille qui m'a abrité quelque temps? Une coquille dans laquelle j'étais installé et qui me nourrissait de ses sens, de son expérience. Une coquille qui m'aidait à grandir, à m'épanouir en tant qu'esprit… Mais visiblement une coquille qui n'est pas nécessaire à ma survie. J'ai l'impression que je peux changer de coquille quand celle-ci n'est plus bonne à rien, ne peut plus m'alimenter. Est-ce cela un corps? Un ensemble de sens d'alimentation d'un esprit? Rien de plus? Un objet jetable? Interchangeable? Rideau sur cette scène! Tout s'obscurcit! Les ténèbres redeviennent maitresse des lieux…

… et se dissipent à nouveau sur une autre scène. Une chambre… un couple… des cris qui s'échappent de l'endroit… deux corps enlacés…Des mains qui glissent sur de longue jambes à la peau satinée. Son visage se perd dans l'abondance de chevelure. Son corps glisse contre celui de sa partenaire. Les dos se cambrent pour mieux se compléter…un goutte de sueur perle sur son front masculin…des yeux se ferment, une bouche s'entr'ouvre...

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Syuzanna.
[Chambrée d'Aileen]

« Allez ! Demande-moi ! » Allongée sur l'herbe, les jambes relevées en équerre, Syuzanna gesticule, visiblement impatiente. Une natte enroulée autour d'une main, elle fixe de ses yeux noisettes, le jeune garçon assis devant elle. Celui-ci ne semble pas ravi de la teneur de la conversation, et fixe intensément le sol, et les brins d'herbe ondulant à peine sous une brise si légère qu'elle semble inexistante. « Allez, Dun. Nous sommes là pour ça après tout. » Son compagnon ne répondant toujours pas, Syuzanna pousse un profond soupire. « On se connait depuis quoi, quinze ans ? Alors, de quoi as-tu peur ? » « On se connait depuis que tu es née ! Et je n'ai pas peur. Les Ecossais n'ont peur de rien. » « Raison de plus pour me demander. » Il détourne le regard mais ne répond rien, se contentant de serrer les poings. « Tu sais que Père s'attend à ce que tu me poses la question, Dun. » « Je ne suis pas idiot, Zann ! J'espérais juste... Un peu moins de pression. Que ce soit comme naturel. Pas par obligation paternelle. » Syuzanna esquisse un sourire, et pose une main sur le genou de son ami. Il tourne son regard vers elle, souriant à demi. « Tu ressembles à ton père. Tu es tellement têtue ! » La rousse éclate de rire, et pose la joue dans l'herbe fraiche. Non loin d'eux, les chevaux paissent calmement. Ils sont absolument seuls, dans ce coin-ci, au bord de l'eau. « Mais très bien ! Et de toute façon, j'aurais fini par te le demander un jour, Zann. » Il se redresse et elle l'imite, puis le jeune garçon la regarde dans les yeux, et fait enfin sa demande, le plus sérieusement au monde. « Zann NicDouggal, m'acceptes-tu pour époux, selon les lois ancestrales, qui obligent un brave fils de forgeron à se lier à jamais avec la peste de fille du Chef ? » Elle se retient de rire, et répond aussitôt. « Dun MacAvoy, je t'accepte pour époux, même si je ne doute pas une seconde que tu seras le pire d'entre tous. »

Corde en main, elle se dirige à grands pas vers l'enclos des chevaux, lorsque la voix d'Aonghas, son Oncle, la fait stopper net. Se dirigeant vers lui avec un large sourire, les nattes battant son dos, elle dépose un affectueux baiser sur sa joue. « Alors ma nièce ! Comment as-tu pris la décision de ton père ? Pas trop déçue ? » Elle hausse les épaules. « Je ne sais trop ce qu'il voulait, en me fiançant. Voilà trois ans qu'il nous fait attendre. » « Es-tu heureuse de son choix ? » Elle hausse de nouveau les épaules, tirant sur ses nattes, gênée de devoir répondre. « Son choix fut bon. J'aurais pu être promis à Wallace le Borgne, ou Callum le Boiteux. Et Duncan est un bon ami. » Aonghas sourit, en lui tapant sur l'épaule. « Je suis fier de toi, ma nièce. Je sais que cela te parait fort long et entame le peu de patience que tu possèdes, mais Duncan sera un bon époux. Maintenant, va.» Elle s'exécute, sans pouvoir s'ôter immédiatement la conversation de son esprit. Mais à quoi songe son père, en désirant la marier ? Il l'a élevé comme un homme, étouffant la douceur et la sensibilité qu'elle aurait pu avoir, lui mettant dans les mains des épées au lieu de poupées, lui aprenait à se battre plutôt qu'à tricoter, et maintenant, il veut la marier ? Même si cela fait maintenant bien longtemps qu'ils sont fiancés, le mariage n'aura lieu qu'au cours de l'année à suivre. Et Syuzanna sait parfaitement ce que cela veut dire. Prendre époux signifie enfanter, et renoncer à tout ce qui fait d'elle ce qu'elle est. Frappant du pied une pierre sur son chemin, elle se met à courir, en direction de l'enclos à chevaux. Se positionnant au-dessus de l'abreuvoir, elle s'observe, maudissant les formes, quoi que légères, qui lui rappellaient chaque jour qu'elle n'était pas née garçon. « Non, grogne-t-elle. Je n'aurais jamais d'enfants ! Par les Dieux, jamais de ma vie ! » Elle balance la corde dans un coin, et s'assoit sur le bord de l'abreuvoir. Fixant un Galloway tout à côté d'elle, elle relâche un peu de sa colère. A quoi ressemblerait sa vie, si pour lui plaire, elle oubliait tout ce qu'elle était ?

Quelqu'un lui parle. Mais qui ? On lui ôte une chose des mains. Mais quoi ? On la porte à moitié ailleurs. Mais où ? Peu importe. Elle aperçoit au loin des yeux bleus rieurs, sous une masse de cheveux châtain
.
Albanne
J'entre dans l'herboristerie. Je suis seule. Complètement seule. Brume, mon loup, est resté dans la forêt, près de Saint-Aignan. Il a retrouvé son état sauvage naturel. Je sais que dans quelques mois, il m'aura tout à fait oublié. De plus, la jeune louve qu'il a rencontré devrat bien l'y aider.

Une jeune femme aux courbes volupteuses range de-ci de-là dans la boutique. Nul doute alors, que ce soit la tenancière du lieu. Je m'approche en silence. Mon séjour chez les nonnes m'a amaigri encore d'avantage. Mes yeux bleus autrefois pétillants de vie sont maintenant voilés.

Je m'approche du comptoir. Pose mes mains diaphanes sur le bois lustré et ciré. Me racle la gorge pour attirer l'attention de la belle rousse. Celle-ci se tourne vers moi.


Bonjour, je lance. Auriez-vous de la digitale, je vous prie ?
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--Aileen.


Une bruit attira l'attention d'Aileen, qui se tourna vers l'intérieur de la boutique. Une jeune femme d'une maigreur stupéfiante lui faisait face. Sa peau était si pâle qu'on y distinguait le bleu des veines. L'herboriste frissonna. De plus, la demande qu'elle fit...


- De la digitale, Damoiselle ? En êtes vous bien certaine ?


Elle se gratta l'intérieur du poignet, comme toujours quand elle était mal à son aise.


- Vous savez que c'est létal ?
Puis-je vous demander dans quel but, vous désirez les feuilles de digitale ?



Décidément, les commandes étranges se succédaient !
Albanne
Un hideux sourire se dessine sur mes lèvres pâles. Mes yeux bleus presque translucide désormais, sont bordées de rouge, et je les ferme brièvement. Ils semblent alors me brûler, aussi je rouvre les paupières aussitôt. Oh, oui, je sais que cette plante est mortelle. C'est précisément pour cela que je viens l'acheter. Pour toute réponse, dans l'immédiat, je pose une bourse en cuir bleu brodé d'étoiles argentées. Tirant sur les cordons, je dévoile des pièces d'or. En grand nombre.

Je le sais, Dame, je le sais parfaitement.

Je pousse un profond soupir. Tente de garder les idées claires malgré la fatigue intense qui menace de me faire chanceler.

Je ne vous demande pas de me poser des questions, Herboriste. Je veux dix grammes de feuilles de digitales, et je veux me passer de vos commentaires idiots !

Je me redresse de toute ma taille. J'ai parfaitement l'air de ce que je suis. Une jeune fille de dix-sept ans, riche, très riche. Ce genre de personne qui ne supporte pas d'être contredite.

Savez-vous seulement qui je suis, Damoiselle ? Je suis Albanne de Castral-Roc ! Alors servez-moi immédiatement ! Et vous obtiendrez les quatre-vingt écus présents dans cette bourse.
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--Aileen.


Aileen se redressa sous le ton de la voix de la jeune femme. Elle n'avait pas l'habitude de cotoyer la noblesse, même si elle savait qu'ils avaient en général très mauvais caractère et une très haute opinion d'eux-mêmes.


- Désolée Damoiselle, j'ignorai votre nom.


Elle se gratta le poignet.


- Dix grammes de feuilles de digitale ? Tout de suite.


Dix grammes ? Elle voulait tuer qui ? Un régiment ? Un taureau ?
Elle ouvrit le placard sous le comptoir et en fouilla. Un instant plus tard, elle en sortit un sachet de tissu, et pesa dix grammes de feuilles sur sa balance. Cela représentait un beau tas ! Le glissant dans un sac de toile adapté, elle le tend à la jeune femme.



- Excusez-moi, mais je ne peux pas accepter les 80 écus. C'est seulement 50.


Elle ne put s'empêcher d'ajouter.


- Et faites très attention avec ça. Qui que vous projetiez de... supprimer... réfléchissez-y à deux fois. Et s'il s'agit de votre propre personne... Rien de ce que vous avez vécu ne justifie cela... Vous êtes jeune !
Soren
[Chambrée d'Aileen]

La tête est lourde, j'ai l'impression que je ne serais pas en mesure de la supporter. La tourner de gauche à droite me demande aussi un effort démesuré. Je suis décontracté. Après quelques essais infructueux, les paupières acceptent enfin de rester en position ouverte. Je ne sais pas vraiment où je me trouve mais qu'importe. J'ai l'impression que je n'ai pas vraiment besoin de toute mon attention en ce moment. Ma vie n'est pas en danger. Quand à mes biens, je ne sais même pas ce que j'ai sur moi en ce moment, et c'est le moindre de mes soucis.

J'ai l'impression d'exister dans un monde au ralenti, comme si je vivais dans un monde aquatique. J'ai l'impression qu'une certaine résistance s'oppose au mouvement de mes bras, de mes jambes, de ma tête. Même mes pensées se forment avec une bonne latence. Suis-je vraiment éveillé? Je sens une présence à mes côtés. Lorsque l'ordre de se mouvoir atteint enfin ma tête, j'aperçois une rousse aux formes de rêve allongée à côté de moi. Ses traits sont fins. L'expression de visage semble me prouver qu'elle dort d'un sommeil paisible. L'ordre de bataille au complet est envoyé aux différentes troupes de première ligne. Peu à peu elles se mettent en branle et mon corps armé se tourne entièrement vers elle. Ses cheveux cascadent le long de son échine pour mourir quelque part du côté de sa chute de reins. Ses épaules découvertes donnent envie d'y passer une main. Une main caressante. une main exploratrice. Une main qui rend un hommage appuyé à sa forme parfaite. Les pans de sa robe longue rassemblés entre ses jambes découvrent ces dernières de manière presque indécente.Mon regard se perd sur le bas de sa cuisse, non loin de la rondeur de son genou. Mes yeux roulent sur sa peau satinée, suit leurs courbes harmonieuses pour glisser, telle une goutte de pluie de printemps entre ses doigts de pieds. Il suffit souvent d'un petit détail pour prendre conscience de toute la chance que l'on.

Une question me taraude l'esprit depuis quelques temps. Je n'ai pas envie de rompre la tranquilité du moment et pourtant, je sens que cela vire à l'obsession.


- Syu... Pourquoi ton père m'aurait détesté?
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Syuzanna.
[Chambrée d'Aileen]

Est-ce que tous les rêves doivent prendre fin ? Est-ce valable aussi pour les cauchemars ? Est-ce que, pour le savoir, il lui faudrait ouvrir les yeux ?
Mais pour l'instant, ses yeux sont clos, et bien clos. Et ce qu'elle voit, derrière ses paupières parfaitement fermées, n'est autre que le visage de son ami d'enfance. Le dernier regard qu'il lui lance. Les porteurs qui le lâchent. La corde qui se tend. Son visage virant au violet. Et ce hurlement, ce hurlement ! Prendra-t-il fin un jour ?

Elle se redresse brusquement, les yeux grands ouverts, haletante, elle tente de fixer ses pensées. Elle comprend que ce cri provient d'elle, et aussitôt, le bruit cesse.
Où se trouve-t-elle ? Quel est cet endroit ? Elle lève une main devant elle. Bouge lentement chacun des doigts. Retombe lourdement sur les coussins en soupirant. La tête lui tourne. Elle sembler peser un veau ! Son brusque élan de vigueur a bien vite disparu. Lentement, ses membres retrouvent leur souplesse. Ses sens s'aiguisent de nouveau, comme si on lui ôtait petit à petit un casque de chevalier. Elle entend sans comprendre la phrase de son voisin. Les mots s'infiltrent lentement dans son esprit. Jusqu'à ce qu'elle finisse par saisir ses propos.


- Pourquoi mon père... T'aurait détesté ?

Elle passe sa langue sur ses lèvres sèches, tourne les yeux vers lui, cherche sa main, ne la trouve pas, renonce, et enfin, répond :

- Parce que tu es... Elle sourit. Tu n'es pas capable de... obéir sans rien dire. Tu es trop... Indépendant d'esprit.

Enfin, ses doigts rencontrent ceux de Søren. Elle les serre brièvement, et poursuit, sans le regarder toutefois.

- Moi, je ne te repproche pas ça. Mais Père... Il aimait bien trop être obéit pour te supporter, Seurn.

Elle se tourne enfin vers lui, glisse une main sous sa joue, conservant l'autre dans celle du Danois. Saura-t-elle, un jour, lui raconter ce qu'il ne sait pas d'elle ? Parviendra-t-elle a se laisser complètement aller ? A décrire l'indescriptible partie de sa vie ? Son regard noisette détaille avec une attention grave chacun des traits du blond. Sa main quitte les coussins et sa joue, pour longer l'arrête du nez de Søren. Le contour de ses lèvres. La forme de ses yeux. Elle s'approche de lui, jusqu'à mêler leurs souffles. Sa bouche effleure la sienne, pour finir par prendre plus de hardiesse, et l'embrasser tout d'abord avec tendresse, puis avec ardeur. S'écartant de lui juste assez pour lui permettre de parler, elle murmure, les yeux mi-clos :

- Mais qu'importe son avis. Si je t'avais connu à l'époque, c'est tout de même toi que j'aurais choisi.
Albanne
Je regarde l'herboriste, surprise. Je cache toutefois ce sentiement. La colère d'une noble... Cela fait donc effet. Parfait.
La digitale est pesée, et vient le moment de payer. Elle refuse mes quatre-vingts écus. Cinquante ? Soit. J'étale la somme rondelette sur le comptoir. J'imagine que les poisons doivent être plus chers que les calmants.
Je m'emparre du sachet. Je le glisse dans ma besace. J'hésite. Me décide.


Comment dois-je l'ustiliser ?

Mon ton est toujours aussi froid. Glacé. Je resserre les pans de ma cape autour de moi. Je chancèle. Me rattrape au comptoir de bois. Ne pas paraître faible. En aucune circonstance. Mais cette souffrance... Ce mal qui me ronge le ventre... Je ne parviens pas toujours à me contrôler parfaitement.
_________________
--Aileen.


Elle encaissa la somme demandée, et ferma le tiroir où elle conservait son argent.
Puis elle leva le nez vers la jeune femme bien peu en rondeurs.



- C'est bien simple, il suffit d'ingérer les feuilles. Le poison y est contenu. Huit grammes suffisent pour tuer.
Vous pouvez aussi, mais faites attention, en enduire les tissus d'un vêtement, fabriquer une chandelle en y incorporant la digitaline.
Il y a donc diverses façons. Quasiment toutes mortelles. En tous cas toxiques.



Elle était mal à l'aise. Cette jeune femme avait quelque chose d'inquiétant, dans sa physionomie.


- Je peux faire quelque chose d'autre pour vous ?
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