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[RP] L'herboristerie "Au mille plantes"

Albanne
J'écoute attentivement les propos de l'herboriste. Bien. Cela m'a l'air facile. Simple. Si simple. Trop simple. Je chancèle de nouveau. Plus vivement cette fois. Je crains un instant de m'évanouir. Mon teint devient encore plus pâle. Presque cadavérique. Mes yeux bleus semblent immense, perdus dans mon visage. Je dois avoir un air un peu fou. Je flotte dans ma robe, je le sais. Je respire avec difficulté, et un sifflement aigu s'échappe d'entre mes lèvres entrouvertes.

Faire quelque chose, je répète. Quelque chose...

Je secoue la tête. Je dois reprendre mes esprits ! De quoi vais-je avoir l'air ? La douleur, soudain, me courbe en deux. Je tousse. Un filet de sang s'échappe de ma bouche, et vient mourir sur le sol. Je me relève, l'oeil farouche. Je n'ai pu cacher ma faiblesse. La Bête rongeant mon ventre m'a ridiculisé.
_________________
--Aileen.


Elle la vit tousser et cracher du sang. Prise d'une panique qu'elle refoula aussitôt, Aileen la guida de force sur son tabouret, derrière le comptoir.


- Grand Dieu, Mademoiselle !


Rapidement, elle fouilla dans ses étagères, en sortit diverses plantes, qu'elle mit à bouillir dans de l'eau bien chaude, qui chauffait au dessus d'un petit brasero, un peu en retrait de la boutique. Elle lui tendit le godet, la faisant boire lentement mais sûrement.


- Vous avez été voir un médicastre ?


Non bien sûr. Le poison, comprit-elle en un instant. Pour en finir, sans doute. une jeune fille si maigre, si pâle ! Elle semblait pouvoir rendre l'âme d'une seconde à l'autre...


- Restez là... Reprennez-vous un peu... Je vais faire mander un fiacre, vous ne pouvez repartir à pieds dans votre état.


Et si c'était le Grand Mal ?
Soren
[Chambrée d'Aileen]

Pour une première expérience, c'en avait été toute une! J'ai adoré! Je n'ai qu'une idée en tête! Recommencer le plus vite possible! Syu est caline, aimante. Elle me semble heureuse elle aussi! Est-ce l'effet de l'opium ou est-ce simplement le plaisir d'être avec moi? Bah, dans la vie, il y a des questions auxquelles il vaut mieux ne pas répondre!

- Dis-donc toi! Et si on allait trouver un endroit où l'on pourrait profiter de la vie ? Hum? Qu'en dis-tu? Sais-tu de quoi j'ai envie là, à l'instant? D'une énorme pinte de bière accompagnée de leverpostej*! Ouais... pas sur qu'on trouve ça à Paris hein? Tu sais ce qu'on devrait faire Syu? Ouvrir une taverne à Sarlat! On y servira du scotch, la meilleure bière qui soit et des spécialités danoises et écossaises! Faut juste qu'on trouve du personnel qui s'occupe de faire les repas en fonction des recettes qu'on leur donnerait. Tu en dis quoi? Hum?

La tête va mieux, beaucoup mieux. Discuter ainsi avec Syu a permis de dissiper les quelques brumes d'opium qui obscurcissaient encore mon esprit. Combien de temps sommes-nous restés ainsi allongés l'un à côté de l'autre? Aucune idée! Combien de temps depuis la première tirage sur la pipe? Encore moins d'idées! Bah, ça n'a pas d'importance! Nous n'avions rien d'autres de prévu aujourd'hui de toutes façons!

- Allez! Allons remercier notre hôtesse! C'est une superbe adresse que tu as dégottée là! Tu sais quoi? Il y a des chances que nous devenions ses plus fidèles clients?

Je lui lance un sourire en coin qui en dit long sur mes intentions futures. On a qu'une vie! Mieux vaut en profiter au maximum! Je farfouille sous les coussins à la recherche de ma chemise et sitôt présentable, je descends en compagnie de ma rousse escote.

[Au Rez-de-chaussée, dans la pièce principale]

Je suis sur le point de saluer notre herboriste lorsque je vois que celle-ci est en affaires avec une cliente. Hum! Je préfère ne pas la déranger. Je me retourne vers ma compagne et la plaque contre le mur pour lui délivrer un message qui me brule les lèvres depuis quelques instants.

- Tu sais que ça te va bien les tenues féminines? Tu devrais en porter plus souvent... le soir!

J'ai bien dit un message qui me brule les lèvres n'est-ce pas? Dois-je vraiment expliquer comment un homme fait pour apaiser un tel feu lorsqu'il a sa compagne dans ses bras? Dois-je aussi préciser que la-dite compagne étant un tantinet bavard, il se doit de la faire taire pour mieux profiter de l'instant présent? Dois-je vraiment expliquer comme il s'y prend?

Lorsque je rouvre les yeux, je vois qu'Aileen est toujours en grande conversation! Bah! Tant pis! J'entraine Syu par la main, direction la sortie. Nous nous trouvons à la hauteur de l'herboriste et de sa cliente lorsque mon visage se décompose sous l'effet de surprise...


- Albanne? Vous ici? Ça alors! Pour une coincidence, c'est toute une coincidence!

Facheuse coincidence me direz-vous... Pour deux personnes qui désiraient être discrètes, c'est plutôt raté! Cependant, quand je détaille Albanne, j'ai bien l'impression que tout ceci n'a pas bien grande importance...

- Albanne? Hum... Vous allez bien? Albanne?

* Plat danois
_________________
Syuzanna.
[Chambrée d'Aileen]

Elle l'écoute pérorrer, souriante, amusée. Se relevant des coussins, elle quitte un à un les habits de l'herboriste, les remettant à l'endroit trouvé, avant de repasser ses propres oripeaux. Elle laisse toutefois ses cheveux libres, cascader dans son dos.
Ils quittent bientôt la chambre, main dans la main, et stoppent net au seuil de la boutique. Et le voilà qui se met à l'embrasser avec ardeur. Ouais, songe la rousse tout en lui rendant son baiser avec au moins autant de passion. Dommage qu'ils ne soient pas restés dans la chambre plus longtemps.


[Dans la boutique]

Albanne ? Est-ce bien ce prénom qu'il vient de prononcer ? Se glissant aux côtés de son Danois, elle étudie la frêle jeune fille des pieds à la tête. Elle ? Albanne ? Elle s'apprête à corriger Søren, lui assurer qu'il se trompe, que d'ailleurs son loup n'est pas là, lorsqu'elle croise enfin le regard bleu de glace de la demoiselle. Et force lui est de constater qu'effectivment, la jeune fille malingre devant eux est bel et bien... Albanne.

Mais que lui est-il arrivé ? Cette maigreur ! Ces yeux bordés de rouge ! Cet air hagard ! Où est passé la belle jeune fille en fleur, au sourire étincellant et aux yeux pétillants de vie ?
Lentement, l'Ecossaise lâche la main de Søren, et s'avance vers le pâle reflet de celle qui fut autrefois l'une des plus belles jeunes filles de ce pays. On distingue toutefois le souvenir de cette beauté extraordinaire et envoûtante. Mais si lointainement...


- Albanne ? Par les Dieux ! Mon amie ? Mais que t'est-il arrivé ?

Elle pose une main sur l'épaule osseuse de la Danoise, cherchant à comprendre, dans l'immensité de ses yeux qui, dans son visage amaigri, semblaient encore plus immenses qu'auparavant, ce qui avait bien se passer.
Albanne
Le contact de la main de l'herboriste sur mes bras me fait frissonner. Je ne le supporte pas. Elle me force à m'assoir. Me fait boire une potion infecte. J'avale à grand peine. Elle me parle. Je l'entends. A peine.
Combien de temps se passe-t-il avant qu'il surgisse. Combien de temps. Avant. Qu'il. Arrive. Et elle avec. Lui aussi me parle. Je lève les yeux, conservant le ne incliné vers mes genoux. Mes doigts s'enfoncent dans ma chair. Je sais qu'à cet instant, j'ai l'air que Brume avait. Sauvage. Dangereuse.
Elle s'approche. Je reconnais son visage. Syuzanna... Elle me prend l'épaule d'un air compatissant. Que n'ai-je à faire de sa stupide pitié ?! Brusquement, je lui attrape la main, et la mord à pleines dents. Jusqu'au sang. Puis je la repousse. Malgré ma maigreur j'ai de la force. Je la regarde tomber au sol.


Laissez-moi tranquille ! je hurle en bondissant dans la pièce.

Je me saisis de quelque chose. J'identifie. Un manche. Je me mets à grogner. Comme Brume.

Ne m'approchez pas !

Un voile passe devant mes yeux. Je ne vois rien. Ma main s'affermit autour du manche. Autour de moi le monde s'efface. Lentement. La brume s'infiltre. Partout. Je chancèle. Et doucement. Je perds pieds. Tombe à genoux.
Mais NON ! Je me relève aussitôt, mon instinct me hurlant de fuir. Ce que je fais. En lançant le bâton à travers la boutique. Il heurte quelqu'un. J'entends. Le cri. Je ne me retourne pas. Je m'enfuie en courant. Loin d'eux. Je m'en fiche. J'ai la digitale.

_________________
Soren
A l'étonnement de la croiser ici, succède la stupéfaction de son comportement. Elle mord Syu? Je ne m'attends pas du tout à cela. Je ne sais même comment réagir. Je suis comme paralysé. Mon esprit refuse tout simplement d'analyser froidement la situation. Il cherche encore une explication. Il cherche à savoir si tout cela est la réalité... ou si les brumes de l'opium sont encore présentes en lui. Je suis d'habitude assez vif... mais aujourd'hui n'est visiblement pas une bonne journée pour ça!

- Alb...?!?!?! Mais...

Enfin, je porte ma main à la ceinture pour m'emparer de mon poignard danois. Mon esprit vient enfin de comprendre que la situation doit être classée comme... dangereuse. Intégrité corporelle menacée. Risque de blessure élevée. Mais... c'est le vide que rencontre ma main! Je peste intérieurement et extérieurement contre ma stupidité. J'ai du oublier de reprendre ma dague en me rhabillant là-haut. Je frappe du poing contre le comptoir de l'herboriste et je décide finalement de pallier à ma bêtise en m'emparant de la danoise. Je me jette sur elle, mais elle est plus prompte que moi! Son état de lassitude d'il y a quelques instants était-il feint?

- Albanne! Attendez! Je....

C'est le vent que j'attrape dans mes bras... Chancelante il y a peu, la voilà qui fuit en courant après que j'eus attrapé ce qui semble être un pilon pour écraser les plantes afin de préparer des décoctions médicinales. Je lâche un cri. Le pilon atteint mon biceps droit. L'objet a été lancé avec force. J'espère juste que le bras n'est pas cassé! Je passe au dessus d'un tabouret qui m'a presque fait trébuché. J'arrive devant la porte que j'ouvre à grands fracas et me précipite dans la rue. Je jette un coup d'oeil à droite... puis à gauche. Plus personne! Albanne a disparu, envolé tel un fantôme. Sur le côté, git un pavé qui s'est détaché de la chaussée. Je donne un violent coup dedans! La douleur se propage de mes orteils jusqu'à mon genou!

- Ah for fanden! Bon sang! Mais ce n'est pas vrai!

Du toit situé en face de moi, retentit le croassement ricaneur d'un corbeau qui me dit quelque chose...
_________________
Syuzanna.
La douleur lui cisaille le bras tout entier. Elle sent presque chacune des dents de la Danoise s'enfoncer dans sa chair, entre le pouce et l'index. Puis elle chute, sans trop savoir comment, et la brutalité du choc la tient immobile et un peu secouée sur le dallage en tommette de la boutique.
N'ayant pas encore retrouvé les facultés entières de son être, elle n'a pas le reflexe de réagir. Elle reste assise, les yeux grands ouverts, contemplant sa main ensanglantée. Elle voit à peine Søren se jetter sur la petite Danoise, ni le pilon lui arriver dans le bras.

Lentement, très lentement, elle se relève, et pose sa main blessée sur le comptoir. Aileen, où est Aileen ? Là. Et elle, à juste titre, médusée, dépassée par la situation.


- Pourriez me soigner ça ? demande-elle, elle-même encore abasourdie.

Mais qu'est-il donc arrivé à Albanne ? Cette jeune fille si charmante ? Comment peut-on passer de l'ange... au démon ?
Pendant qu'Aileen s'occupe de sa main, la rousse tourne lentement le nez vers son Danois. Il a l'air tout aussi surpris. Son bras visiblement, le fait souffrir. L'ambiance est on ne peut plus tendue. Un fin sourire se dessine sur les lèvres ourlées de l'Ecossaise.


- C'est dans vos gênes, à vous scandinaves, de pratiquer le cannibalisme ?
--Aileen.


Les évènements s'enchainèrent à une vitesse folle. La demoiselle mordit la cliente rousse et s'enfuit en courant.


Aileen se précipita vers la blessée, elle étala sur une compresse de la teinture d'ail, avant d'enrubanner la main de la femme.



Incapable de se taire, elle lança, une fois les soins terminés :


- Ne la laissez pas toute seule, votre amie brune ! Elle m'a acheté de la digitale ! C'est un poison violent !


Elle était affolée. La dernière cliente était vraiment dangereuse, et avec du poison...


- Quant à vous, Dame, gardez cela durant deux jours. Je suis navrée de vous dire que vous aurez là une belle cicatrice !
Soren
Il était temps de partir. L'expérience avait été très enrichissante. Dommage simplement qu'Albanne ait gâché la fin! Je regarde la main bandée de Syu et ai peine à y croire. Elle s'est comporté en véritable bête sauvage la Castral-Roc!

Dame Aileen, je tiens à vous remercier pour le service que vous nous avez rendu. Vous devriez retrouver votre chambre plus ou moins dans l'état où vous nous l'aviez confié. Soyez sure que nous retiendrons votre adresse et ne manquerons pas de revenir quand nous en aurons besoin.

Je regarde Syu et lui dit.

Viens-tu jolie rousse?

Je passe ma main sur son bras et l'emporte au dehors. Je lui murmure à l'oreille.

Ouais! je crois que nous avons un beau problème sur les bras maintenant...
_________________
Syuzanna.
[21 Juillet 1460 ~ Début d'après-midi]

Ce qui est pratique, quand on est herboriste, ou en passe de le devenir, c'est d'avoir des plantes. Pour les étudier, et aussi pour apaiser les maux. C'est donc directement qu'elle se rend chez Aileen, l'herboriste de Paris. Peut-être sa consoeur acceptera de lui venir en aide ?

Poussant la porte du lieu, elle s'avance vers le comptoir, derrière lequel Aileen se tient, visiblement absorbée par quelque tâche relatif à la tenue d'une boutique telle que celle-ci. Posant les mains sur le bois ciré, l'Ecossaise se racle la gorge, attirant l'attention de la commerçante.


- Latha math... Bonjour ! Vous me remettez ? Syuzanna NicDouggal, je suis venue il y a un mois environ. Non, non, ne vous en faites pas, ce n'est pas du tout pour la même chose que je viens.

Elle lui adresse un large sourire, avant de poursuivre :

- Puis-je savoir si vous vendez aussi des alambics ?

La porte s'ouvre derrière elle, laissant entrer un autre client, mais Syu ne se retourne pas, concentrée qu'elle est par l'espoir d'acquérir bientôt ce qu'elle cherche.

- J'ai évidemment de quoi payer. Et si vous-même n'en vendez pas, peut-être pourriez-vous m'indiquer un endroit où en trouver ?
Lola
[Même jour, même heure]

-Sauvez ma femme... Avait supplié le jeune homme.

Les traits tirés, la jeune femme sortit d'un pas lent de la petite maison. Malgré la chaleur, elle s'enroula dans une cape pour dissimuler les larges taches qui maculaient son bliaud.


-Une demi heure tout au plus et je serai revenue. Continue à lui donner à boire pendant mon absence.

Caitriona MacNeil -ou simplement Catherine comme elle se présentait depuis qu'elle était en France- était sage-femme depuis peu. Pour tout dire, elle s'était improvisée sage-femme pendant la traversée de la Manche et maintenant exerçait cette fonction en la capitale pour pouvoir se constituer un petit pécule. Certes, elle avait quelque connaissance des plantes et savait comment faire naître un enfant. Mais son savoir était encore limité. Trop limité pour sauver la vie de sa jeune parturiente.

La nuit avait été fort longue, et ce n'était pas encore terminé. Elle avait aidé la jeune mère -quatorze ans, pas plus- à donner naissance à son premier rejeton et l'on avait tous craint pour la vie de celui-ci. Chétif et bleu, l'enfançon avait mis du temps avant de se mettre à hurler. Maintenant enveloppé dans des langes à peu près propres et lavé avec du miel, l'enfant dormait. Pour qu'il survive, il fallait sauver sa mère. Celle-ci était d'ailleurs au plus mal. Son pouls s'affaiblissait et elle devenait brûlante. Une fièvre puerpérale sans doute... La poche contenant le bébé n'avait pas été expulsée encore malgré le vigoureux massage de l'abdomen que la jeune femme avait exécuté. Et puis elle saignait beaucoup, la pauvre femme.

Quoi faire en ce cas? Quelle plante utiliser? Devait-on aller chercher l'enveloppe au creux du vendre de la mère? Dans le doute, l'accoucheuse avait cru bon de se rendre chez un apothicaire. Sans doute aurait-il quelque connaissance sur le sujet. Et elle préférait éviter d'avoir un macchabée sur la conscience. L'Écossaise se rendit donc Aux Mille Plantes prendre quelques conseils et acheter les herbes appropriées.

Comme on le lui avait indiqué, la petite boutique se trouvait à une dizaine de minutes de marche de la maisonnette. Elle poussa la porte et se retrouva dans l'échoppe. Une jeune femme rousse pianotait sur le comptoir, visiblement en attente d'un service de la part de l'herboriste. La rouquine marcha d'un pas vif en sa direction, ouvrant les pans de sa cape par la même occasion.


-Tha mi duilich* Euhm... Pardonne-moi.

Dit-elle d'une voix où pointait un fort accent. L'urgence de la situation la faisait buter sur certains mots.

- Cela te dérange si je passe avant? Bean**. Une femme en couche. Mal passé.

L'absence de vouvoiement ne se voulait pas impoli. Il s'agissait simplement d'une subtilité langagière que l'étrangère n'avait pas encore intégrée. Le ''Tu'' lui semblait beaucoup plus facile à employer. Sans vraiment attendre la réponse de la femme, elle héla l'herboriste qui semblait absorbée dans une quelconque besogne.

-J'ai besoin de marós***. Du, du, du romarin. Oui c'est cela. Ou peut-être de l'herbe aux chats... C'est pour une accouchée qui n'a pas encore expulsé la poche.

Ne voyant pas la tenancière s'activer, elle se tourna vers sa voisine le regard inquiet et le débit se fit rapide:

-Tu sais ce qu'il faut pour faire sortir les suites? Elle fait de la fièvre aussi. Beaucoup.


Les bras se croisèrent sur la poitrine et quelques regards sont lancés de temps à autres en direction de l'herboriste.

___________
*:Excuse-moi
**:Une femme
***: Romarin. Le romarin et l'herbe aux chats étaient, je crois, considérés comme ayant des propriétés abortives ou bien pour favoriser le retour des règles. C'était aussi parfois employé pour faire expulser le placenta dans certains cas où celui-ci restait collé.
Syuzanna.
A peine a-t-elle eut le temps de demander son alambic, qu'une rousse, sensiblement de la même taille qu'elle, et aux cheveux de la même teinte enflammée. Visiblement, l'affaire de la nouvelle venue est pressée. Et c'est avec plaisir, mais non sans une certaine surprise, qu'elle reconnait les mots prononcés dans sa langue natale. Elle a fort peu l'occasion de l'entendre sortir d'une autre bouche que la sienne. Et l'identique accent... Souriant à demi, s'écartant - après tout, l'alambic n'est pas nécessaire dans la seconde - elle cède la place à la jeune femme, dont les traits trahissent la fatigue et l'inquiétude.

- As aonais dragh *, répond-t-elle, trop heureuse de pouvoir s'exprimer comme chez elle, avec une parfaite inconnue.

Puis, viennent les questions, prononcées rapidement, et de nouveau, l'inquiétude est palpable, dans son comportement. Plissant les paupières, elle se concentre,activant ses méninges pour trouver la solution au problème.

- Tu as calmé les fièvres avec une tisane au fleur de sureau ? Ou une aux écorces de saule blanc ?

Souverain pour faire tomber la température, ces deux plantes doivent bien être en vente ici. Longeant les étagères, elle s'empare bientôt de deux sachets de grosse toile étiqueté au nom des plantes, et les dépose sur le comptoir. Une autre question vient bientôt : que faire quand la poche n'est pas sortie avec l'enfant ? De nouveau, intense réflexion, puis :

- Ce n'est pas parti ? Depuis combien de temps a-t-elle mis au monde l'enfant ? S'il n'est pas trop tard, il faut y mettre la main et le faire à sa place. Et lui donné du romarin, oui, pour évacuer les potentiels résidus, ensuite...

Le tutoiement lui vient naturellement. Quelque chose, dans ses traits, lui rappelle quelqu'un. Sensation étrange, elle est certaine de n'avoir jamais vu cette petite jeune femme aux cheveux de feu. Et pourtant, elle a l'impression de la connaître déjà. L'examinant aussi discrètement que possible - donc avec autant de facilité qu'un loup dans un troupeau de moutons - elle tente de se rappeler... Un membre de sa famille peut-être ? La forme de son nez, l'ovale de son visage... Mais qui ? Qui ? Et surtout, où ? Lui demander son nom ? Peut-être ue cela lui reviendra ?
Mais l'heure n'est pas aux questionnements, aussi intriguant soient-ils. Chassant ces pensées d'un mouvement de tête, elle se reconcentre aussitôt.


- Tu es seule pour t'occuper de ça ? As-tu besoin d'aide ?


* Pas de problème
Lola
-A bheil Gàidhlig agaibh* répondit Caitriona lorsque l'autre jeune femme s'adressa à elle.

Un large sourire se dessina aussitôt sur le visage fatigué de l'Écossaise. Une herboristerie parisienne était vraiment le dernier endroit où elle aurait pensé rencontrer un de ses semblables Gaël. Elle remarqua à peine une ressemblance entre elles. Après tout, les roux se ressemblent tous. Sans doute avaient-elles quelque ancêtre en commun. C'était si fréquent... Ses soucis lui revinrent presque aussitôt en tête. Elle s'agite, questionne dans un français hésitant, visiblement fort inquiète pour le destin de sa patiente.


-Peut-être aussi je devrais appeler un prêtre... Elle ne passera pas la nuit à ce rythme.

Fleur de Sureau? Non. Elle ignorait de toute façon ce qu'était que cette plante.

-Tha**, du saule. Mais cela n'a pas fonctionné. Et le lait de pavot n'a fait que l'endormir.

Lui vint en tête l'image de la jeune mère, pâle, le teint cireux, les yeux clos et une large flaque de sang qui s'agrandissait entre ses cuisses ouvertes. La sage-femme avait-elle tenté de calmer le saignement avec des linges imbibés de vinaigre? Un hochement de tête. Oui, elle l'avait fait.

-Le travail a commencé depuis après Vêpres. L'enfant est venu au milieu de la nuit. Elle n'a pas cessé de se réchauffer depuis. La fièvre, je crois. Elle va s'empoisonner si je ne reviens pas bientôt...

Les épais sourcils orangés se froncent et un pli soucieux orne le front. Caitríona observe son interlocutrice du coin de l'oeil. Celle-ci la détaille plus ou moins discrètement. L'avait-elle déjà vue? Non. Elle se souviendrait d'une telle rencontre si elle avait eu lieu en terre française. Elle força son esprit fatigué à fouiller dans sa mémoire, cherchant une correspondance.

La voix à l'accent chantant, semblable à la sienne se fit entendre soudain, sortant la jeune femme de ses réflexions.


-Seule? Tha.

De l'aide? Son orgueil aurait voulu répondre qu'elle n'avait pas besoin d'aide merci, que tout irait bien si elle pouvait se rendre à temps. Mais elle était fatiguée et un esprit rompu prend toujours de mauvaises décisions.

-J'apprécierais. Oui... Bien sûr, je te paie.

Et elle lui offrit un sourire fatigué, reconnaissante après tout de pouvoir se reposer un peu sur quelqu'un d'autre enfin.

-J'apprécierais beaucoup, oui.

L'Écossaise laissa donc sur le comptoir quelques pièces pour régler ses achats, fourra les divers sachets dans son escarcelle puis tourna les talons et refit le chemin inverse d'un pas rapide. Ses cheveux, plus ou moins coiffés rebondissaient gaiement sur ses reins qu'elle avait fort charnus. Elle se retournait de temps en temps pour s'assurer que l'autre rousse la suivait.

Essoufflée, elle lui lança
:

-Caitríona MacNeil is ainm dom***. Cad is ainm duit?****

___________

*: Tu parles gaélique
**: Oui
***: Je m'appelle Catherine MacNeil
****: Et toi, quel est ton nom?
Syuzanna.
C'est plus une affirmation qu'une question, songe Syu, à la première interjection de la rousse. Elle aurait pu lui faire la même remarque, mais l'heureuse surprise d'entendre parler sa langue, ici, et le ravissement qui en découlait l'avait tant acaparé, qu'elle ne s'était même pas demandée comment il était possible qu'elle parle un gaélique si pur. A vrai dire, pour elle, il n'y a qu'une seule possibilité : elle est Ecossaise, voilà tout.

- Tha mi Albannach *, répond-t-elle enfin, esquissant un léger sourire en coin.

Puis, de nouveau, l'écoute. Depuis après Vêpres ? Et la mère est brûlante de fièvre. Elle grimace.Voilà qui n'est franchement pas pour lui donner envie d'avoir des enfants. Mourir au combat, d'accord, mourir en mettant un enfant au monde... Déjà bien moins glorieux. Pas question que le sort de sa mère soit le sien.
La petite rousse va vite. Son débit de parole est assez impressionnant, mais celui de ses actes l'est d'avantage. Après avoir accepté son aide, voilà qu'elle paie les herbes, et se dirige déjà vers la sortie. La situation est urgente, aussi, pourquoi s'attarder ? L'alambic attendra.

De nouveau, la surprise, alors que l'inconnue, qui ne l'est plus tant que cela puisqu'elle vient de se présenter, utilise le nom de MacNeil. L'étonnement lui en fait même oublier l'injure commise plus tôt : à savoir, l'informer qu'elle compte la payer. Payer de quoi ? Elle était juste là au bon moment. Payer un verre, d'accord. Payer d'argent, pas question. A moins qu'elle parlait de payer les plantes ?

- MacNeil ? Smaoineachail ! **

Songeuse, elle la suit au dehors, sourcils quelque peu froncés. MacNeil... Au pays, il y avait un MacNeil, autrefois ennemi des MacDouggal, mais qui avait fini, grâce à un traité de paix, par devenir un allié. Et même si les MacNeil n'avaient pas pris part aux combats divisant les MacDouggal - cela avait été bien trop vite pour que quiconque puisse intervenir, de toute façon - nul doute que la paix devait toujours régner entre le nouveau Chef et le vieux MacNeil. Voilà peut-être pourquoi Syu a l'impression de la connaître. Les deux Clans se rencontraient souvent, et il n'était pas impossible, après tout, qu'au cours d'une visite de l'un à l'autre, elles se soient rencontrées.

- Is mine Syuzanna NicDouggal. Nigheann William MacDouggal. ***

A chaque fois qu'elle prononce ces mots, elle a comme l'envie de se frapper le buste, marquant ainsi la fierté qui l'habite à être la fille d'un tel Chef. Certes, il ne l'avait pas aimé, certes, il avait été dur, et violent avec elle. Certes, il l'avait façonné de telle sorte à ce que durant bien longtemps, elle ne sache plus si elle était fille ou garçon. Mais force lui est de reconnaître qu'elle l'avait toujours considéré comme un grand Chef, et elle se devait d'admettre qu'encore aujourd'hui, elle l'admirait. Mais si elle lui conservait une certaine rancoeur...
Mais une question germe bientôt dans son esprit :


- Caitríona MacNeil... De la famille ayant conclu un accord de paix avec les MacDouggal il y a une vingtaine d'années ?


________________
* Je suis Ecossaise
** MacNeil ? Incroyable !
*** Je suis Syuzanna NicDouggal. Fille de William MacDouggal.
Lola
- Oui, exact. Je crois que la paix a été conclue entre les deux familles suite à un mariage de deux jeunots. Ou peut-être autre chose, je l'ignore.

Haussement d'épaules. Si la situation avait été opportune, la jeune femme se serait mise à babiller sur ses origines, sur son passé, sur ce qu'elle cherchait et surtout sur qui elle cherchait. Mais elle garderait cela pour plus tard. Pour l'heure, il leur fallait se rendre au plus tôt au chevet de la malade.
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