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Journal "La Votz"

Acanthe
C'est d'un pas lent et hésitant que l'Acanthe entra dans le bureau. Il avait un texte sous la main, avait l'accord, il ne lui restait plus qu'à le publier.



Comprenne qui veut !

Un jour un homme fût puni de s’être trop exprimé, c’était un orateur hors pair. Haranguant la foule il clamait des vérités, mais la vérité dérange et fait peur.
Les bien-pensants et dirigeants, victimes de ses diatribes, ordonnèrent qu’on lui coupe la langue. Ce qui fût fait.
Sans paroles, il prit la plume et la trempa dans l’encre réfractaire au pouvoir bien en place. Il devint vite un pamphlétaire connu et reconnu pour sa pertinence.
L’ordre fut donné de lui couper les mains. Ce qui fut fait.
Sans paroles, sans pouvoir écrire, comment lutter contre ce qui vous indigne ?

Depuis ce jour l’on peut entendre des « boum-boum » provenant de son logis.
A longueur de journée, c’est le bruit de sa tête cognant sur un mur………..et les passants se souviennent alors de ses paroles……

Acanthe

« J'avais entrepris une lutte insensée ! Je combattais la misère avec ma plume. » Honoré de Balzac

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Colhomban
Les échanges épistolaires étaient rares ces derniers temps. Les échanges tout court également. C’est avec plaisir qu’il reprit la plume.



Chère Aelyenor,

Je me souviens également de notre cohabitation et de l’excellent travail qui fut le vôtre au sein du conseil comtal. J’ai pu par la suite apprécier votre dynamisme et surtout votre investissement à la maréchaussée. Et vous qui dites que j’y ai fait un bon travail, sachez, et je l’ai déjà dit, qu’un prévôt sans de bons maréchaux n’est rien du tout. Le mérite revient à vous tous, et je suis encore ému de constater que dans certains villages les âmes charitables et passionnés, désireuses de faire un bon travail sans attendre de lauriers, subsistent pour le bien du Rouergue. Et les soirs de grandes amertumes je couve cette idée.

Vous vous dites réductrice ou peu aimante envers les hommes. Je modérerai plutôt en disant « ouverte aux uns et pas aux autres », ou encore « aimante envers certains de ses prochains ». Après tout, le choix existe, pourquoi s’en priver ?

Pour revenir au sujet de nos échanges, j’ai envie d’écrire « nous y voilà ». Car dans votre premier billet vous ne décriiez pas au final les anonymes, mais bien la teneur des messages. A vrai dire je m’en doutais un peu. J’avais juste l’espérance de me tromper.

Sachez que le travail monumental que vous citez n’existe qu’avec des personnes qui s’y prêtent. Ce que vous avez connu n’est pas chose commune, et notre cohabitation s’est passée sous de beaux jours car nous avions une comtesse qui tenait son Comté. Et surtout une équipe de conseillers qui souhaitaient en découdre, partant à l’assaut des Institutions des projets plein les poches. Et quand on demande des comptes et qu’on n’a que du déni. Quand on pose une question et que le rire vient en réponse. Je ne pense pas qu’il soit aisé « d’arranger les choses ».

Arrondir les angles convient à certaines situations, tandis qu’à d’autres, un coup de serpette affine la coupe. Au final, de ces cris lancés au hasard, on sent bien une volonté d’en découdre. C’est une envie qui délie la langue. Pourquoi se passer de cette passion pour s’affadir à lisser le sol bosselé par des dizaines « d’histoires » ? Pourquoi passer à autres choses ? Ce sont des problèmes, et les problèmes ça se règle. Je ne dis pas que les crieurs publics sont toujours justes, mais ils clament là un souci actuel qui doit trouver une solution. Ce n’est pas enfoncer que de clamer. C’est faire surgir du néant un mal être commun, qu’on soit d’un côté ou de l’autre de la barrière. Ne pas avoir de réponse nourrit de la frustration, et je refuse d’avoir en Rouergue un Peuple frustré qui préfère passer outre une situation pour ne pas en rajouter. Pire, un Peuple qui ne dit rien, c’est au final un Peuple qui s’en fout.

Je m’inquièterai plus du silence, que des cris. Au moins les cris parlent d’eux même.

Bien cordialement,
Colhomban

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Aelyenor
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on pouvait s'insurger, condamner ou fustiger Sieur Colhomban, il avait ce qu'on appelle la certitude de ce qu'il pensait et le faisait savoir. Ce qu'Aely appréciait, était cette ouverture d'esprit qui appelait sans cesse à la réflexion et à la communication. En cela elle le remerciait, même si on ne pouvait ne pas être d'accord avec ce qu'il avançait.

Bref...le journal devait se poursuivre, bon gré mal gré, toujours dans l'attente d'une officialisation.

Vu les circonstances actuelles et l'actualité débordante, elle déplia un vélin et en lettres arrondies laissa sa pensée errer.





La chronique d'Aelyenor


De la même façon que les nombrilistes gâchent une part importante de leurs ressources cérébrales à se féliciter d'être ce qu'ils croient qu'ils sont, le parlement sacrifie une bonne moitié de son temps à s'auto-proclamer. Quel paradoxe !
Nos dirigeants ont mis un point d'honneur à se débarrasser de tous nos anciens pour mettre à l'honneur les nouveaux nominés en leur martelant la cervelle d'anecdotes des anciens lourdés ou des morts.

Donc, si je suis toujours, les programmes politiciens sont du même tonneau que les précédents, ceux qui ont constitué les moments d'une époque où les responsables de notre région cherchaient le talent au lieu d'approfondir leurs sens.

Qu'attendent alors les jeunes élus au parlement pour protester contre un système qui contrôle leurs initiatives ? Qu'attendent les gens d'esprit pour s'insurger chaque fois qu'au lieu de faire appel à eux, on préfère déterrer les honorables retraités ou défunts toujours disponibles et peu regardants ?

Comme disent les goliards, l'avenir n'appartient à personne, et surtout pas aux élus, dont les mandats durent toujours moins longtemps que les problèmes des électeurs.







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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Colhomban
Ses oreilles commençaient à s'échauffer à force d'entendre des balivernes sur sa façon d'être ou de penser. Et tout ceci de la part de personnes qui ne le connaissaient guère et avec qui il n'avait jamais parlé. La dernière en date avait failli l'étouffer : apparemment il soumettait les gens à sa volonté. Un vrai sorcier ! Muni d'une plume il acheva un court billet qu'il alla déposer au journal du Rouergue.



Octobre 1461, la pluie balaie nos collines. Le nez collé au carreau je regarde les éléments laver les sols et gonfler les rivières. Dans quelques jours le paysage changera. Détrempés, les végétaux rouleront sur eux même et prendront des teintes pourpres pour laisser derrière eux un Rouergue différent.

Ça n’en restera pas moins le Rouergue, avec ses villes et ses habitants. Le jugerai-je autrement parce qu’il change avec la saison ? Le déprécierai-je parce que l’automne me plaît moins que le printemps ? Le pourrai-je seulement avec l’assurance de bien le connaître ? Un jugement hâtif sur ce que je vois derrière ma fenêtre serait un jugement dangereux. Et sans avoir mis un pied dehors pour me rapprocher de la nature, sans avoir goutté à l’air vif, je ne pourrai avoir la certitude d’être dans le vrai.

A vous, à la sentence facile, au verdict sans appel,
A vous qui vous permettez de croire une vision unique, un point de vue rétréci ou encore des ragots de taverne,
A vous qui colportez des faits biaisés, loin de la vérité qu’il est parfois bon de demander,
A vous qui ne regardez que le seul et même côté d’un denier,
A vous, aux œillères étroites que vous finissez par trouver confortables,

Apprenez à élargir votre conception du monde et des gens,
Courez de l’un à l’autre pour connaître tous les reliefs qui les composent,
Posez des questions et n’ayez pas peur qu’on vous réponde,
Ne jugez pas sans connaître,
Si par mégarde vous détestez ne le faites pas dans son intégralité,
Et sans avoir cherché à aimer au préalable,
Si vous avez un point de vue, ayez le en connaissance de cause, sans le tenir de la bouche d’un autre.
Basez-vous sur vos ressentis plutôt que sur ce d’un autre,
Ne soyez pas tranché.

Alors, à ce moment-là, vous pourrez vous dire « Juste ».
Seulement à ce moment-là.


Colhomban d’Eusébius
Qui serait prêt à inviter deux trois personnes à discuter.

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Aelyenor
Une société doit être déclarée cruelle quand elle se passionne davantage pour le déclin provoqué de ceux qui ont œuvré pour redorer un blason au Rouergue que pour leur ascension.

En lisant et relisant avec toutefois un pincement au cœur, l'article de Colhomban, la brune ne put que hocher la tête de dépit en pensant que l'obsession des principaux acteurs politiciens nouveaux à paraître humains et bienveillants, est attendrissante et pathétique à la fois, alors qu'ils n'ont pu se hisser jusqu'aux sommets qu'en écrasant leurs ennemis et surtout leurs amis !...




Bienvenu !


J'ai failli ne pas connaître celui dont je cause aujourd'hui. En effet, à l'issue d'une campagne de recrutement en faveur de la maréchaussée, j'ai fait la connaissance de Sieur Colhomban. Si je m'étais trompée de chemin je serais passée à côté d'une prévôté du meilleur tonneau et d'une protection sans failles, tout comme Elegencia le pratiqua par la suite.

Des noms et des visages traversent de temps à autre mes souvenirs. Ils correspondent à des personnes en compagnie desquels j'ai fait un bout de route et qui ont disparu du paysage social, économique et politique, touchés par la grâce d'une retraite espérée ou mutilés bien souvent par le couperet d'un éloignement honni.
Pendant quelque temps, ils étaient sur le devant de la scène, au cœur d'une actualité dont rien ne leur échappait. Et puis, à l'issue d'un vin nouveau et d'honneur au goût de piquette amère, ils sont partis pour un quelque part avec la ferme intention d'y vivre tranquillement le reste de leur âge. D'autres ont quitté l'estrade avec à l'âme une tristesse d'autant plus rageuse qu'ils ne disposent plus d'aucune tribune pour l'exprimer. J'ouvre les portes de mon journal pour eux, avec amitié et inquiétude.

De quelle humeur se réveillent-ils le matin depuis que les jardiniers du Conseil ont cessé de s'intéresser aux fruits de leurs méninges ? Considèrent-ils que depuis qu'on les a condamnés au repos forcé, la profession de parlementaire bat de l'aile ? Condamnent-ils le présent au nom d'un passé où ils ont tenu le haut du pavé et d'un avenir dont ils sont exclus ? Que pensent-ils de leurs contemporains qui ont échappé aux charrettes de la grande faucheuse d'activités ? Les tiennent-ils pour des privilégiés, des masochistes, des renégats ? Voyagent-ils ou bien se bornent-ils à cultiver ces légumes qui rapprochent sagement de la terre finale l'homme vieillissant ?

Ils me donnent l'impression d'être comme ces condamnés à mort récalcitrants qu'il faut traîner de force jusqu'au gibet.

En ouvrant toutes grandes les portes de "La Votz", j'espère seulement retarder un trépas professionnel en leur offrant une reconversion qui ne sera pas pour me déplaire ; avec cette satisfaction que donne le sursis et la peur qu'inspire la menace de passer un jour du courageux au pathétique.





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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Colhomban
Le brun avait fait envoyer un pigeon au Journal. Il souhaitait partager son court voyage.



Voyage, Voyage

Les chevaux bien harnachés, les malles glissées dans la carriole, et les biscuits sous le banc de conduite, me voilà prêt pour le départ. Un voyage ! Depuis des mois que je n'avais pris la route, il me semble que cette dernière n'a pas changé. Les gestes me reviennent : vérification des vivres, des habits, de l'itinéraire à suivre... C'est grisant d'autant plus que je suis accompagné.

Je laisse derrière moi une ville aimée, et des gens appréciés. Juste le temps de trois semaines. L'occasion de faire état des villes frontières avec le Rouergue et de noter le besoin de toutes les mairies. Parce que ce voyage est aussi l'occasion de reprendre du service.

Bien à l'abri sous une cape fourrée, côte à côte avec ma dulcinée, j'entreprends une première halte en Toulousain.

Voilà donc des vallées riches de couleurs, de gens bavards, et de villages charmants ! Albi et sa cathédrale Sainte-Cécile, au parvis de briquettes rouges rutilantes. Le Tarn indolent qui court à ses pieds, recouvert de gabarres qui charrient des denrées vers la capitale. Castelnaudary et son fameux cassoulet ! Si le paradis était un plat, il semblerait qu'il soit tout enclin à prendre cette forme. Saucisses délicieuses et canard confit. Que demande le peuple ? Enfin la belle ville rose qu'est Toulouse. Avec ses capitouls qui veillent sur le comté, et son église Saint-Sernin impressionnante tant par l'architecture que par ses fidèles. Ici la ville est bercée par la Garonne, qui est déjà plus vive et plus chargée. L'activité qui règne en la capitale donne envie, et on se sent pousser des ailes. Négociations avec les marchands, concertation avec les taverniers, discussion avec le bourgmestre.

Qu'il est bon de voyager !

Pourtant le Rouergat que je suis n'oublie pas sa cité, et c'est le coeur ampli de merveille qu'il lui tarde de partager tout ceci avec ses amis et sa famille.

Colhomban

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Aelyenor
Il paraissait bien désert son bureau. Nulle âme qui vive depuis quand ? Depuis que Sieur Colhomban avait décidé de prendre un peu de bon temps et d'aller jouir sous d'autres cieux de quelques réjouissances non négligeables.

Elle s'assit à sa table et rédigea - histoire de se refaire la main - une petite diatribe sur certaines discussions entendues en taverne qui ne furent pas pour lui déplaire...





Ce que les femmes préfèrent chez les hommes...


Attention, si un jour l'envie me prend de demander à une personne éminente un entretien privé, cela pourrait ressembler étrangement à un guet-apens consistant à poser à la sus-dite personne une question la contraignant à me répondre.

Ces questions pourront-être de tous ordres...

- Avec quel homme ou femme politique aimeriez-vous passer la nuit ?
- Ronflez-vous ?
- Quel comique parlementaire préférez-vous ?
- Etc...


Les personnes interrogées se sentiront obligées de répondre sous peine de passer pour des gens fuyant leurs responsabilités.

Aujourd'hui on se doit d'avoir un avis sur tout et n'importe quoi. Et comme disait l'autre,
" ce n'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule "


J'ai involontairement assisté à un entretien, en taverne. Entretien naturellement animé par un homme. Des jeunes femmes à qui on demandait de dévoiler ce qu'elles préféraient chez les hommes...Voici quelques réponses bien formulées assez représentatives de la mentalité de notre époque.

" Un homme qui pleure c'est beau, ça prouve qu'il n'est pas trop dur "...se reprenant après un bref silence elle tient à rajouter : " il ne faut pas qu'il soit trop mou non plus..."

Elles veulent voir les hommes à genoux je vous dis ! Pas pour la gâterie du samedi soir non, mais pour vous voir chialer les hommes comme des gamins. Elles ont beau prétendre aimer les purs esprits, les bougresses sont quand même travaillées du minou.

Autre réponse...

" ...en premier je regarde les mains et je les imagine dans d'autres situations ",
dit une belle brune.

Et voilà, ça va vite tourner au vulgaire. Elle continue en disant devant tout le monde qu'elle est un peu étroite.
Si on résume les préférences de ces Dames, on a les yeux et les mains, mais rien sur le sexe, le postérieur, le torse, la longueur en bouche...
Alors Mesdames, je vous préviens, si demain l'une d'entre vous décide de renverser la situation (de me faire parler) et qu'on me demande mes préférences concernant les hommes, je dirai :


" Ce que je préfère chez un homme, c'est la pureté de son cœur et la noblesse de ses sentiments, ses facultés de dévouement pour les autres ainsi que sa foi dans les valeurs de construction du couple." Et j'ajouterai..." Maintenant je vous laisse, j'ai rendez-vous pour me faire masser chez la grosse Lulu, vous connaissez non ? Lulu...la perverse, dont je vous recommande le "body boudin".




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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor


Recette culinaire


Le soufflé revu et corrigé, revient à la mode


Le soufflé social revient au goût du jour. Il est mijoté dans les offices corporatifs qui jouxtent les cuisines électorales. La recette en est très simple : vous prenez une jeune doléance, de préférence bien en chair, à défaut une revendication rancie préalablement marinée dans un chaudron d'espérances déçues fera très bien l'affaire.

Nappez d'une fronde assez épaisse pour ne plus laisser transpirer aucune trace de lutte des classes avant de faire mijoter sur un feu alimenté par des nostalgiques de derniers soulèvements ou de parchemins sur lesquels ont été transcrits des textes de lois privés de décrets d'application.

Saupoudrez avec un peu de sel de discorde en ajoutant juste avant le terme, le piment de la contestation.

Découpez en autant de tranches qu'il existe de rapaces en ayant soin de garder un bel os pour le meneur de la liste adverse.

La livraison a lieu généralement devant le château de Rodez ou devant la porte d'un porte-parole surpris et s'échappant par la porte de service pour mander conseil à ses supérieurs.

Le service est assuré par la jeunesse montante et idéaliste, mais c'est le service d'ordre qui, en fin de repas, se charge de disperser les restes devant lesquels les conseillers concernés, souvent sujets aux acidités gastriques, font généralement la fine bouche.





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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Acanthe


Plus j’apprends et plus je me rends compte que je ne sais rien !

L’étendue de mon ignorance est bien plus grande que celle de mes connaissances.
Mais ça pousse à la curiosité…….l’ignorance ! La vie doit être bien triste pour celui qui pense tout savoir ou qui ne s’intéresse qu’à ce qu’il sait déjà.
Apprendre c’est les connaissances d’un autre à prendre, cet autre enrichit mon savoir sans réduire le sien.
Si j’allume ma chandelle à la flamme d’un autre, il me donne la lumière mais ne se retrouve pas pour autant plongé dans l’obscurité. C’est le partage, le don.

Plus j’apprends et plus je me rends compte que je ne sais rien ou bien peu de choses.
Ce que je sais, je le sais, mais c’est bien peu. Et pourtant déjà beaucoup.

J’aime apprendre, même les choses les plus futiles. Un observateur m’a dit dernièrement que l’abeille repliait ses petites antennes vers l’avant pendant son sommeil et que, parfois, ses petites antennes s’agitaient quelques instants durant ce même sommeil. Rêve-t-elle comme nous ?
Ma vie n’a pas été chamboulée depuis, mais j’ai appris, l’abeille me semble un brin moins mystérieuse et l’envie me prend d’en savoir encore plus.
Vous me direz que cet observateur n’a rien d’autre à faire dans sa vie, mais peut-être qu’observer les abeilles est plus intéressant que d’observer son semblable.

J’aime apprendre, mais je n’aime pas être le prétexte d’une autosuffisance.
Certains partagent par plaisir, d’autres pour se permettre une once de plus-value face à votre ignorance….surtout si un public assiste à la scène.

J’apprends chaque jour de mes erreurs, chaque jour j’essaie d’être meilleur que la veille (et il y a du travail !). J’apprends de moi, j’apprends sur moi dans le regard de l’autre.
Je me vois comme en reflet avec mes défauts, c’est à ce moment-là qu’une remise en question s’impose. Parce que « apprendre » c’est aussi comprendre l’autre et se comprendre soi-même, se voir avec les yeux d’une autre personne.
Voir ce que l’on ne voit pas, ce que notre égo nous cache. Qu’on se le dise, notre égo est notre pire ennemi en ce bas monde, il nous est bien plus néfaste que le gredin volant nos pommes.

Plus j’apprends et plus je me rends compte que je ne sais rien !

Ne craignez jamais de poser une question, de dire « non je ne sais…..mais explique-moi ! ». Il n’y a aucune honte à ne pas savoir.

Pour finir ce texte j’emprunte quelques mots d’un poète : Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard*

*Aragon – Extrait du poème « Il n’y a pas d’amour heureux »

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Aelyenor


A Dame Thibali, cette prose en forme d'hommage.
Très affectueusement.



Départ de Dame Thibali. A l'issue de ma période de formation à la maréchaussée voici maintenant quelque temps, je faisais sa connaissance au Fort de Rodez.
Ambiance pesante entre hiérarques décharnés dont les bajoues rejoignaient les fanons, futures pillardes de mairie, inconnus ayant accédé à une notoriété éphémère et celle qui fut Capitaine de l'Ost et Prévôt : Madame Thibali.

Sa constance et son professionnalisme l'ont empêchée d'aller se pendre. Si elle n'avait pas eu cette pugnacité à remettre les choses en place, je serais passée à côté d'une personne attentive, consciencieuse, ferme et autoritaire, ne souffrant aucune faille, aucune désinvolture quand à la sécurité des Rouergats.

Que voulez-vous, un prévôt est réputé courageux quand il est résolu à faire le bonheur des autochtones contre leur volonté.

Chaque départ de sommité place le survivant de service devant cette alternative : ou bien il n'a pas connu le sortant et il n'en parle qu'à travers ses actions passées, ou bien il l'a connu et il parle de soi en parlant de lui puisque c'est l'amitié qui authentifie son témoignage.

Jamais je n'ai rencontré femme plus pudique. Jamais je n'ai vu gaieté plus franche. Jamais je n'ai pu ressentir confiance plus complète en ses troupes...à l'exception des Grandeurs Mel de Kerdoret et Elegencia. Jamais je n'ai observé en une même personne si peu d'illusions sur les brigands et tant de bonté pour "ses petits" de l'Ost et de la Maréchaussée.
Et cachottière avec cela ! Ses amis et sa famille savaient qu'elle avait un cœur gros comme son talent.

Qu'elle tire sa révérence est le dernier signe de sa générosité.

Elle laisse la place au jeunisme, justifiant l'avènement de visages lisses aux mines gourmandes. Jeunes loups aux dents longues.

Je me garderai bien de sous-estimer le pouvoir des petits chefs, entre le moment où ils sortiront du néant et l'instant où ils y retourneront.





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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor


Bonne année !!!


Des vœux à prendre avec des pincettes. Pour certains ils sont forts sincères, pour d'autres je ne ferais jamais mon beurre que rance. Mon encrier est rempli de larmes et de sang, ma plume est une dague parfois. Je ne raterais pas un scandale quitte, en période de pénurie, à aider un peu à en fabriquer.

Parce-qu'on m'avait expliqué que c'était la seule façon de rendre service à son Comté, j'avais signé un engagement à la maréchaussée afin de me solidariser avec les miliciens et autres maréchaux vivant chichement de leur dévouement et auxquels, depuis peu on imposait de ne plus faire remonter en mairie les allers et venues des étrangers sur nos terres.
Volée de bois vert.

Certes personne ne saurait s'insurger contre une décision aussi inadéquate qu’inefficace.
C'est d'en haut que vient la décision. J'ai compris le calcul du nouveau jouvenceau prévôt qui a voulu s'en charger lui-même étant donné qu'on a besoin de lui pour décider. Les inférieurs privés de leur chef sont des rouages sans remontoir.

Cela vient du système qui supprime les initiatives. Quelqu'un en prendrait il serait vite remis dans le rang. Je m'insurge. C'est mon droit.
Mais enfin, c'est pourquoi tant de seconds en matière administrative sont des mous, des traîne-dossiers, du jus de chique et de l'extrait de cerveau poisseux. Soumis de nature, approbationnistes inconditionnels, sentant toujours là où le vent tourne. Valable autant à la Prévôté qu'au Conseil Municipal !

Ils sous-commandent et ils me font rire avec leur foutue marotte de se prendre au sérieux, de s'affirmer indispensables. Je suis contente de ne plus les voir ces simagreurs contents d'eux-mêmes, s'embaumant de leurs pets surpétés, contrepétés. Et manipulateurs avec ça !...paraît qu'il y en a qui attendent toujours leurs lots promis pour allécher la participation quand aux animations proposées et gagnées !

Par la fenêtre de mon auberge je me dresse sur mon séant. J'aperçois une pelouse d'un vert très anglo-saxon et tout au bout la mer. Je contemple cet infini d'azur. J'ai de la joie dans l'âme et aussi, chose curieuse dans ma chair. Rare que le corps soit content, vraiment content. Ça ne se produit que par brefs instants, lorsqu'on mange un plat qui nous met les papilles en folie ou que je me sens frissonner sous les mains de mon pêcheur...mais aussi lorsque je peux m'exprimer librement, lorsque l'envie me prend de me respecter. Comme ça. Pour dire à certains que j'étais heureuse en Rouergue jusqu'à ce que des arrivistes n'arrivent et flanquent tout par terre.

Enfin...je m'endors désormais plus facilement depuis que je ne lis plus les mémoires et visions insipides et monotones des visiteurs fantômes, voulues par un prévôt qui n'est pas une lumière.




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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor


Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort.*




Les routes des Royaumes qui accueillent mes pérégrinations me confortent dans mes idées. Comprenne qui pourra les subtilités de la politique intérieure rouergate.
Alors qu'on nous révèle à quelques écus près les dépenses personnelles de nos dirigeants, on nous cache soigneusement le visage des criminels, bandits de grand chemin, révoltés et tous ceux dont il conviendrait que la société connaisse les traits afin de mieux s'en méfier.
Ainsi, au sortir des rapports des maréchaux, la Prévôté ne se rend-elle pas coupable de complicité en sacrifiant à la mode délinquante de la couverture sur la tête qui dispense le pseudo brigand de faire la une des différentes gazettes et pourquoi pas de l'A.A.P.

Dans certains Comtés, la tête et le nom des indésirables sont clairement affichés sur les portes de toutes les tavernes. Enluminures et rapports de police très précis dans un lieu approprié démontrant ainsi que les maréchaux ne fournissent pas le matériel et n'aident pas les bandits épris d'incognito à se dissimuler. Allez voir du côté du Comté de Toulouse par exemple...

Pour ma part, je pense que le Rouergue devrait obliger les auteurs de désordres graves à montrer leur tête au peuple avec le double souci de l'exemplarité et de l'information.
Et qu'on n'aille pas arguer d'un secret instructif devenu un secret pour personne, ou d'un droit à la préservation de l'image s'agissant de gens qui ne respectent pas le droit à la vie et le droit des autres, on nous ferait avaler des couleuvres.

Non, je crois qu'il y a un sacré manque de confiance entre les uns et les autres dans ce Comté.

Franchement, je crois qu'il existe une belle égalité des gens du peuple dans l'accès aux petits bonheurs de la vie quotidienne et une énorme inégalité dans la faculté d'en profiter.






*Phrase de Beaumarchais (Le mariage de Figaro)

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
CONSTATATION

Des nouveaux nobles...




Etant absente du Rouergue pour quelque temps, force est de constater que les éditoriaux et autres articles se feront moins présents durant quelques lunes, toutefois je n'en oublie pas moins mes devoirs envers vous et j'envoie mes meilleurs pigeons pour vous informer de ce qui me trouble et m'amuse sur les chemins de nos royaumes.

Actuellement en Guyenne, j'en arrive à la même conclusion. Le Rouergue est comme le Languedoc, et le Languedoc ressemble étrangement au pays d'Armagnac. Sauf ! En ce qui concerne le recensement des brigands ! Hé hé hé. Bah oui quoi, certes chaque Comté fait comme il veut mais faut dire quand même qu'on s'en va plus rassuré sur les chemins ailleurs qu'en Rouergue, et que la confiance est nettement plus établie dans les autres Comtés qu'ici. Mais bon. Passons outre. Le problème est bien plus palpitant.

Je ne me lasse pas de m'informer des chroniques mondaines, de m'informer des nouveaux bourgeois et autres nobles qui se dressent chaque jour comme des champignons.
J'y note des souverains en exercice, des princes en exil, des prétendants au trône ou aux parlements en goguette, des dauphins à la recherche de dauphines, des anciens ducs et des récents comtes, des nobliaux nouveaux aussi acides que les vins nouveaux, des barons d'Empire, des altesses exotiques, des marquises tortillantes dans leurs vertugadins récemment greffées sur un arbre généalogique et des bataillons de convives portant à la couleur du noeud près le même costume noir que les maîtres d'hôtel qui les servent, bref, tout un savant dosage obtenu avec l'excipient de jeunes roturières dont le décolleté en forme de raie de fesse, indique qu'elles ne font pas fi de la fortune.
Rien ne flatte davantage mon regard populaire que ces cavalcades princières, surtout lorsque s'y mêlent quelques manants bien tolérés pourvu qu'ils règlent la facture des festivités.





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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Utopie et Mégalomanie (1ère partie)



Il y a eu Athènes, il y a eu Rome, il y a le Rouergue !

Que seraient les royaumes sans le Rouergue hein ? Un printemps sans soleil, un corps sans âme, une tête sans cervelle.

Silence Rouergue ! Écoute ! Je vais parler comme par la bouche de Deos sur le mont Sinaï, dictant ma loi au monde et à l'avenir
.


Électeurs.

A bas la Politique moderne
Vive l'Art, la Politique future,
A bas ce qui nous divise !
Vive ce qui nous réunit !



Peuple.

Choisis des lettrés, des artistes du Rouergue pour te représenter au Roy.
Assez de ventres ! Des cerveaux !
Assez de phraseurs ! Des chanteurs !
Plus d'avocats, des orphées !
Laisse les apothicaires à leurs bocaux
Les vétérinaires à leurs écuries
Les médicastres à leurs cholériques
Les araignées à leurs plafonds
les avocats à leurs barres
Les pigeons à leurs cages
Les pitres à leurs tréteaux.


Programme.


Rouergue ! Rouergue ! Rouergue !

Laisse de côté les programmes mesquins, les revendications banales de tous les fidèles suppôts de la médiocrité. Lance-toi dans l'arène électorale avec une philosophie et une politique sociale qui ne sentent point le rance.

Si nous détruisons c'est pour reconstruire. Et si nous gardons quelques débris du passé, ce sera pour les améliorer.

Améliorons au possible, mais détruisons et pulvérisons pour
RECONSTITUER !

Nous voulons reconstituer la joie humaine depuis si longtemps bannie de la terre par les politiques des vieilles écoles. La joie humaine, c'est-à-dire l'adoration du beau sous toutes ses formes naturelles ou artistiques, le culte des pourpres couchers de soleil et des lys majestueux, des femmes grandement belles et des statues énergiquement plantées sur des socles de marbre, des rêveries errantes au hasard des sentiers sylvestres et des éclosions d'étoiles dans l’œil des poètes.

Que la science vienne à nous et nous la parerons des beaux atours de la poésie. Nous voulons reconstituer la joie des yeux, des oreilles. La joie des sens et l'allégresse des cœurs et nous commencerons par abolir la haine, la haine faite d'encre et d'envie égalitaire ainsi que de niveau médiocratique, pour la remplacer par la sainte et naturelle...


HIÉRARCHIE !!!


(à suivre...)



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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
Aelyenor
Utopie et Mégalomanie (2ème partie)

Poursuivons et terminons notre programme.



HIÉRARCHIE !!!

Non point la hiérarchie féodale pesant les hommes au poids de leurs armes de fer, de leurs cuirasses de bronze, de leurs palefrois et destriers ; non pas davantage la hiérarchie financière mettant les hommes les uns au-dessus des autres en raison de leurs écus résonnant dans leurs bourses...

Mais,
la hiérarchie intellectuelle !

Si j'étais sophiste* comme tant d'avocats, si j'étais charlatan-ne du progrès, j'inscrirais sur ce programme l'abolition des maladies affligeant l'humanité. Je promettrais aux électeurs la destruction de la phtisie et de la peste, l'extinction du choléra et même l'abolition de la mort.
Pourquoi pas après tout ; ne nous promettent-ils pas perpétuellement ces maudits siégeant au Conseil, ne nous promettent-ils pas une éclosion de justice et d'humanité ainsi qu'un tas de réformes impossibles ?

D'abord, et avant tout, méprisons et foulons à nos pieds le Codex, monument cyclopéen et barbare qui enferme la liberté des gens en de si étroites limites, en des articles cellulaires si miraculeusement transformés en camisole de force par les juristes, rats-de-cave et autres, que les honnêtes gens, intelligents et joyeux sectateurs de la bonne harmonie générale sont forcés de vivre en une perpétuelle demi-asphyxie, n'osant bouger de leur cachot légal, n'essayant pas de briser leur cellule juridique, tandis que d'habiles gredins se taillent un large empire, rien qu'à se tenir sur les marges du Codex.


Sois maudit Ô Codex !

Restaurons le DROIT D'AINESSE !

Ne crois pas ô Rouergue, que je veuille restaurer l'antique privilège du premier-né ; non pas plus que nos aïeux d'après la loi salique n'admettaient l'aînesse pour la femme, frêle et fragile créature, pas plus que je ne l'admettrais pour le faible ou l'imbécile.
L'aîné de la famille sera l'aînesse au choix, non à l'ancienneté.

Le plus intelligent des enfants deviendra apte à faire partie de la hiérarchie. Puis, entre les aînés de cette espèce, le hameau fera son choix, puis le village, puis la ville, puis la Capitale.
Après ce triage hiérarchique, nous créerons les représentants du Rouergue.

Ils seront les grands élus de la nature qui leur aura accordé l'intelligence et les suprêmes hiérarques de la vie. Quand la société comprendra enfin qu'elle doit calquer la nature pour atteindre à la suprême justice contenue dans les flancs de la terre...

Dès lors, les élus deviendront les grands juges dont les tribunaux statueront sur tous les cas litigieux, politiques, religieux et sociaux. A la manière de Salomon sur son trône et de Saint-Louis sous son chêne.

Joie des yeux et des oreilles, joie des sens, allégresse du cœur. Les Rouergats écriront des poèmes, des odes, des musiques savantes ou gracieuses, jetteront sur la toile ou dans le marbre des figures et des formes, partageront leur pain avec tous et donneront pour rien leur âme élevée et généreuse et grande.

Notre politique sera amusante.

Le responsable de l'aménagement des villes devra formuler son budget en vers hexamètres à double césure**, les capitaines d'armée chanteront les louanges des nouvelles recrues, le responsable du budget dessinera les recettes et le responsable agricole peindra les églogues*** de grands peintres renaissants Italiens sur le fond sombre du budget.

Je vous salue Rouergats ! Vous, adeptes d'une Politique d'avenir !


VIVE LA JOIE !


Ô peuple grand ! Choisis des peintres, des sculpteurs, des artistes, des écrivains, musiciens. Écris sur ton parchemin quelques-uns des noms qui te plairaient de voir siéger et jette-les comme une protestation à la tête des politiciens de tous horizons qui t'ennuient et t'empêchent de danser en rond.

Lion Rouergat, chasse les moucherons qui rongent ta chair. Rappelle à toi cigales et abeilles, chant et miel.

Ô Rouergue, ouvre tes urnes à nos noms, rends-nous beauté et joie.


A bas la Politique !

Vive l'Art !


J'ai dit.



* Sophisme : Argumentation prononcée avec l'intention de tromper l'auditoire.

** hexamètres à double césure : Vers a six pieds ou six syllabes coupés par des tirets.

*** Églogues : Poésies pastorales.

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Ce n'est pas nous qui ne marchons pas droit, c'est le monde qui va de travers.
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