Jean et Badour discutaient gaiement autour d'un bon vieux génépi, entre deux pigeons rouges. Le nouveau arriva, et Jean de commenter :
Badour se marre et se penche pour vérifier un « truc ». Il lui met la main au paquet.
Et de lâcher un gros rire caverneux.
Mon épinence
euh non
Votre Eminence,
Êtes-vous tellement sûr de vous, tellement obtus, que vous préférez ignorer qu'une partie des Comtois, roturier comme noble, ne cautionnent pas les actes qui se sont passés et tout ceux qui en ont découlés ? Faut-il donc uniquement s'appeler Lothilde, pour être contre la direction donnée à notre comté depuis plusieurs mois déjà ? Nous comprenons aisément, mes amis et moi, qu'il est plus simple de lutter contre une femme que contre 20 Indignés Comtois.
Toutefois, je vous l'assure ; il y a en FC, des gens qui n'ont jamais compris pourquoi l'armée municipale de Saint-Claude est allée prendre la mairie de Genève. Il y a ceux aussi qui aimeraient volontiers croire en vos arguments de dangerosité, menaces de brigands et autres, mais qui se rendent surtout compte qu'on leur a tout caché. Quand nos mairies ont été menacées, puisque vous dites « à de nombreuses reprises », n'en a t-on jamais su quelque chose ? Non. Et un beau jour, vous venez nous dire que tout a été fait dans notre dos, pour nous protéger car les brigands faisaient de nombreux pillages en nos terres. Ne vous étonnez pas que nous ne cautionnons pas vos faits, ces faits même que vous nous avez cachés pendant des mois !
Vous êtes heureux ? Vous vous sentez victorieux ? Nos hommes, nos soldats, nos paysans, nos artisans, et nos érudits sont tantôt en Helvétie, tantôt en Savoie. L'économie de la FC s'écroule, on peine à trouver à manger, mais vous êtes heureux. Vous avez vos petites victoires, vos grands succès, et vos jolis procès. Oh quelle belle Franche Comté ! Quel grand respect Aristotélicien. Ruinée, abandonnée, dépeuplée, mais
victorieuse. Le jour viendra où vous rirez en gargote, comme vous le faites :
Content, j'ai tué le voisin.
Et un indigné comtois vous répondra :
Magnifique, juste une chose
pendant ce temps, tes amis sont morts.
Mais continuez donc. Faites de notre Terre, une terre d'austérité et souffrances. Faites puisque Dieu vous protège. Amusez-vous avec quelques élites lotharingiennes et impériales à fomenter à court terme. Nous continuerons à mourir de faim, ou à réagir !
Ce n'est pas une Franche Comté forte que vous voulez. Vous cherchez à affirmer votre pouvoir, à vous faire un nom, vous et quelques amis, passionnés de dictature. Pour cela vous êtes prêts à laisser décliner les vôtres, et à mentir effrontément. Comment osez-vous parler de Poligny ? Comment ?! Votre même petit groupe qui prenait quelques jours plus tard Genève, ne s'est même pas bougé le fion pour aller défendre nos terres, nos villages. Et vous venez nous parler de brigands. Vous aviez les forces pour reprendre Poligny, mais vous n'avez pas voulu gâcher votre petit plan. Vous étonnerez vous donc qu'on retrouve beaucoup de Polinois dans nos rangs d'indignés Comtois ?
Étant moi-même noble, je confirme les dires de mon cher Jean, le gueux. Avez-vous fait un tour en chambre de la Noblesse ? Pardon
peut être ne faut il pas tout dévoiler dans ce courrier. Il me semble que les conversations ont été des plus vives, si vous n'en avez point souvenance, demandez aux sieurs Imladris ou Kalvin. S'il ne se passe rien au Parlement, et là encore je le déplore, la chambre de la noblesse est particulièrement remontée. Étrangement, les Nobles Comtois, dès la menace de procès en Haute Trahison et de retrait de leur terre, sont rentrés de leur voyage et ont accepté de venir défendre, ce qu'il trouvait encore quelques jours plus tôt indéfendables. Car beaucoup d'entre nous, pardon d'entre eux, ne voulait pas couvrir cette invasion irraisonnée et non votée. La Carotte ne fonctionnant plus, vous avez appris à jouer du bâton à la perfection.
Est-ce là ce que vous appelez Courage Comtois ? N'est-ce pas juste oppression sous menaces de représailles ? Et vous venez vous étonner de l'anonymat des Indignés Comtois ? Combien la FC, dirigée par on ne sait qui au final, compte déclencher de procès pour haute trahison ? Combien de comtois aller vous faire taire sous la menace, la torture ou la peine de mort ? Et vous vous dites homme d'église !
Une dernière chose, votre Eminence, les missives ne portent pas de masque. Elles se font juste dans le plus strict anonymat, pour qu'une voix différente que celle qui a plongé la Franche Comté dans l'embarras et la famine, puisse s'exprimer.
D'une seule voix.
Les Indignés Comtois.
Puissiez vous cesser d'attaquer en vain les auteurs de ces courriers, et un jour peut être vous attardez sur l'essentiel, le contenu du message