Lenaic_
*Soan, pustule
Envie de poster ? Ici !
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C'est un Lenaïc méconnaissable qui faisait son entrée au point de départ. Le hasard l'avait ramené ici, plus d'un an depuis le début de sa poursuite, et depuis quelques jours, naïvement, il attendait que quelque chose se passe, que sa solitude, enfin, prenne fin, le Trés Haut sait comment. C'était ici que tout avait commencé, c'était ici que tout devait finir, la chose était presque mathématique.
Et pourtant ..
Et pourtant le temps passait. Les Tonnerrois, au départ indifférents, avaient finis par repérer ce gamin sale, aux traits tirés : les marchands de légumes et de pain, autrefois simplement méfiants et inexpérimentés, ne laissaient désormais plus que très rarement leurs biens leur échapper et l'enfant sentait arriver le jour où l'aventure se finirait, une fois de plus, dans les locaux de la maréchaussée. Il était temps de partir, ça en devenait tellement évident que le petit homme ne se montrait plus guère que très rarement, en dehors de ses cachettes.
Alors, le cur lourd, il se résolut finalement, un matin où l'animosité populaire s'était montrée encore plus forte qu'à l'accoutumée, à quitter enfin la ville, où il n'était pas le bienvenue.
Il avait gardé de son ancienne vie la haine des voyages et des routes, et ne quittait jamais d'ordinaire une ville sans s'être trouvé une petite place, au fond d'une malle ou sous des mètres d'étoffes, dans la charrette ou la roulotte d'un marchand. Cette fois, il n'en avait pas le loisir. Il avait trop attendu.
C'est donc à pied et le ventre creux, après un dernier passage devant l'auberge maudite, qu'il franchit les murailles en construction de la cité ..
Sémur serait donc, hasard des chemins, sa prochaine étape. On restait en Bourgogne, il le savait, quelque part, mais ce fragment d'espoir qu'avait rallumé chez lui la redécouverte de Tonnerre avait été consciencieusement mis en sourdine et il était désormais plus résigné que jamais à cette vie qu'il s'était faite. Elle avait ses avantages, après tout, même s'ils étaient minces.
Cette fois, il avait choisis la mendicité. Cela rapportais nettement moins qu'un travail honnête, mais la mine l'avait refoulé. Trop tard .. Et trop de gosses, lui avait t'on dit. Les fils de paysans, qui suffisaient au labeur, étaient certainement plus fiables qu'un enfant inconnu .. Restait le larcin. Il y viendrait sans doute. Mais en attendant, il comptait profiter de l'attendrissement passager qu'il savait encore provoquer, dans le coeur des bourgeoises.
Il jeta un regard à ses habits. Il quitta son manteau, merveilleux souvenir de l'époque des joies simples Spinalienne, qu'il était parvenu non seulement à conserver, par miracle, mais à maintenir dans un état presque correct, à ses yeux du moins, afin de ne laisser au regard du passant qu'une chemise déchirée et des braies blanchies et usées. Il ôtât du mieux qu'il pût la poussière et la saleté qu'il devinait sur son visage mais passât longuement ses mains dans ses cheveux devenus gras et ternes, leur donnant une allure ébouriffée et poussiéreuse savamment étudiée.
Il s'assit enfin, dans une rue passante sans l'être trop, une des plus lointaine du poste des gens d'armes, repéré un peu plus tôt.
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