Finalement......
Cali plongea la tête du chat dans le vin fin et le noya...
S'en suivit une folle échappée qui sans être lyrique n'en fut pas moins épique.
Une cuisse de dinde fut arrachée, lacérée par ses dents pointues et enfoncée bien profond dans le premier décolleté plongeant et pigeonnant qu'elle croisa.
Un bel homme qui se penchait, sans doute pour ramasser l'élégant mouchoir qu'une galante avait laissé tomber au sol comme par mégarde, en prit pour son grade. Les mains agiles de la médecin agrippèrent la culbotte qui dépassait des braies et la tira de toutes ses forces pour lui coller sur la tête, relevant et tirant en arrière de ce fait le nez du pauvre infortuné
Mais la tornade ne s'arrêta pas là. Sabaude se retrouva affublé de la perruque rose de son canard quand le canard lui même fut projeté dans les airs, atterrissant dans les bras du vieux sage barbu qui s'époumonait tantôt avec ses chansons paillardes.
Agrippant au passage un grand blond, en lui enfonçant l'index et le majeur dans les narines, elle revisita un tango argentin dans la moins pure des traditions, sans lâcher pour autant le nez du malheureux en dansant.
Entre temps, Cali la furie arracha quelques jupons dont les propriétaires se retrouvèrent culs nus, et dans la plus grandes des confusions occasionnées, elle grimpa ensuite sur la tablée en pointant son doigt sur Judas et
chanta en virant tous les plats à renfort de grands coups de pieds bien envoyés. Un immense lustre de cristal trouva assez faveur à ses yeux pour qu'elle s'y suspende et s'y balance, avant d'atterrir de ses deux pieds sur le parquet, de frotter ses mains l'une contre l'autre, satisfaite, et de mettre les voiles.
Cependant....
Il eut fallu pour cela que le grain de folie qui animait parfois Cali soit un haricot magique capable de pousser à vitesse grand V dans son imagination fertile. Hors, elle était pour l'instant, sage comme une image, et loin de se douter de ce que pouvait engendrer parfois son esprit espiègle tapi dans un coin.
Donc.....
La jeune femme caressait doucement la tête du chat, demandant au serviteur qu'une coupelle d'eau lui soit apporté pour l'abreuver, ainsi qu'une petite assiette dans laquelle elle coupa minutieusement de tout petits morceaux de viande blanche pour nourrir le chaton posé sur la table, tandis qu'elle même savourait avec délice la chair tendre du Paon qui fondait dans sa bouche à chaque petite bouchée. Judas lui avait dit de faire comme chez elle. Cali goûta donc à la générosité des plats qui flattaient son palais, tout en observant, complètement à l'aise, les allées et venues des invités dont certains commençaient à prendre place autours des tablées. En souriant Il lui sembla reconnaître d'ailleurs la jolie silhouette de Cerdanne se faufilant entre les gens._________________