Silanie
Le vent sifflait. Froid, mordant, croquant. Un frisson, vous parcourant, pinçant chaque centimètre carré de votre peau. Un voile noir qui se presse, un frisson qui disparait. Une volute blonde, du tissu sombre, dépourvu de la moindre fioriture. Une brise glaciale, troublant la surface de l'eau. Le lac d'Annecy. Majestueux. Ténébreux.
La journée était bien avancée. Le soleil, surement caché derrière les hautes montagnes, offrait une lumière éblouissante se répercutant sur la surface de l'eau. Deux yeux se perdait sur cette immensité. Des yeux dans le vague, songeur, loin, bercer par le spectacle dont ils n'avaient pas conscience. Et pourtant, le lac les menaient en un voyage de nostalgie.
Le vent, joueur, allait et venait selon ses envies. Tantôt virulent, tantôt doux. Entremêlant ses boucles si joliment travailler au petit matin. Vêtu d'une simple robe marron, dénotant de son présent, tirant sur le passé. Emmitouflée d'une robuste cape noire, qu'elle pressait au plus près d'elle, la jeune femme se tenait assise à même l'herbe gelée.
Elle regardait ce lac, dans lequel elle noyait malgré elle, le flot de ses longues pensées. Il lui rappelait sa première leçon de nage que ce mystérieux voyageur lui avait si gentiment offert au détour d'une promenade. Daragorne. Brut et si tendre à la fois. Sa première mésaventure aussi. Sa première vrai guerre, première victoire. Elle soupira.
Un soupire vite rejoins par un autre, plus bestial. Elle sursauta, elle avait oublier sa présence, oublier le lac, oublier la ville. Elle se leva, ne prêtant guère d'attention à sa mise. Une main sortie de sous le lin noir de la cape pour se glisser sur l'encolure du soldat aux quatre fers. Elle lui sourit. Son ami. Quand tant l'avait laisser, lui était rester, se battant ensemble pour leur vie, profitant ensemble de leur maigre répit.
Elle le prit alors par la bride et, suivit de prés par le noir destrier, se mit à marcher à pas lent sur les rives du lac. Ses yeux se portant parfois sur les hauteurs des Sabaudias, parfois sur les profondeurs du lac.
Dieu qu'il était bon d'échapper aux réalités du monde. De l'oublier un instant et de se retrouver en arrière, à celle que l'on fut et qui à jamais, a disparu.
Aujourd'hui, un nouveau tournant se préparait, et plus que jamais, il faudrait se battre et user de toutes les ficelles. La blondine marchait pendant que toutes ses pensées fusaient. Des projets se formant peu à peu. Sombre ou heureux, elle marchait le pas sur, de ceux qui connaissent déjà les grandes lignes du future.
Elle revenait vivre en Savoie. Son duché, son cur, sa bataille. Savoie toujours la même, et pourtant différente.
Elle marchait, le long du lac, aussi majestueux que ténébreux, inconsciente de ce qui l'entourait, si ce n'est la compagnie de son fidèle ami.
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Deuil Impérial