Une cité de zombis
Se réveille et revit
C'est l'pari?
Ce jour-là tavais bien travaillé. Les bourses subtilement dérobées tavaient permis de récolter une coquette somme. Tu savais déjà où on pourrait te trouver le soir venu, t'étais allé exprès pour ça dans les quartiers les mieux famés de la capitale, tu avais envie, une envie pressante et pressée, de te mêler à cette bagarre de bestioles. Ça texcitait, lidée de parier face au sang, de voir du monde se saouler de foutre et dargent. Tavais à peine une dizaine dannées, mais tu te croyais déjà le plus vaillant des chevaliers et le plus sanguinaire des mercenaires, au même temps, dans un mélange maladif et nauséabond. Tu étais désormais habitué aux quartiers les plus malfamés de Paris, et ils avaient finit par conquérir ton innocence première. Et dire quavant ça, ton rêve cétait de devenir noble, de devenir chevalier et de sauver une princesse toute de rose vêtue des griffes dun dragon vert. Ça ta bien changé, ton petit passage par Paris. Voilà ce que tavait laissé ton ancien maître, un territoire inexploré de cauchemars, de lépreux et dassassins. Un royaume d'ombres et de puanteur. Et cette cape et cette petite épée. La cape que tu as passée sur tes épaules quand la nuit a envahit les ruelles, ta cape à toi, sous laquelle tu te sentais en toute sécurité, loin de tous les regards indiscrets et capable de cacher tous tes petits secrets denfant qui croit avoir grandit plus vite que la nature ne le permet. Ta cape à toi, ta cape dinvisibilité, sous laquelle tu jouais à être un autre, la scène de toutes tes pièces de théâtre, le témoin de tous tes personnages. Et ta petite épée, forgée pour ta petite taille, qui devenait tantôt une dague baignée du sang de tes victimes et tantôt une épée dor gravée de runes mythiques.
Tu connaissais le quartier, tu connaissais lendroit et tu connaissais le rendez-vous. Dès que ta bourse était remplie, tu te vêtis, essayant de contrôler ta hâte. Tu savais pertinemment quil fallait se montrer patient et désintéressé, et quil ne fallait rien oublier du rituel habituel. Le dernier détail, comme toujours, ce fut ta carte, sortie au hasard, comme toujours.
XIII. La Mort. Tavais souri. Taurais dû écouter le destin, ça taurais permis de savoir que ça nallait pas être une nuit juste comme les autres. Taurais dû être préparé pour le changement radical qui approchait. Les cartes te lavaient dit. Mais tavais juste souri et tétais parti, te mélanger à la foule sans nom et sans visage qui sort la nuit et dort le jour. La carte était devenue juste une habitude, un truc auquel te raccrocher, un rituel qui te permettait de te sentir protégé par des forces supérieures aux tiennes. Parce que même si tavais pas envie de lavouer, tavais quune petite dizaine dannées, un corps frêle, des traits fins et une voix aiguë. Et puis, tétais un peu tout seul au monde.
Tavais appris à te promener dans la crasse en évitant les flaques de boue, les assassins et les lépreux. Tavais appris à ne poser tes yeux verts sur personne et ignorer les petits rires des catins qui te voyaient passer.
Quand tes arrivé au lieu dit, tu as bien pensé à mettre tes cheveux noirs et mi-longs sur ton visage. Tu savais que là personne ne demande lâge, tant que tu payes, tu peux participer, mais tavais quand même envie quon te donne, tout au moins, quatorze ans. Plus ça naurait pas été possible. Tavais une voix bien trop aiguë et un nez et un menton trop fins.
Lendroit accueillait déjà du monde. Tas remarqué lodeur à foutre et à saleté tout de suite, à alcool et à argent et à sang, la triade clef des endroits tels que celui-là, et la sueur entremêlée de tous les hommes et toutes les femmes qui sadonnaient, sinon à tous, au moins à lun des vices autorisés et encouragés en cette place. Tas demandé quelques renseignements et reçu quelques moqueries en échange. Mais tas pas réagi. Tétais pas idiot même si jeune, et tu savais très bien que cétait pas lendroit ni lhomme à provoquer. Haussant les épaules tes allé voir là où il y avait du mouvement.
Tas entendu quelques bribes de conversation, fragmentées par les aboiements des chiens et les cris froissés des catins, et sans plus tu tes approché.
Devant toi, un mec barbu, quelques femmes, un borgne qui puait encore plus que les cloaques, une poule et une dinde. Tas tiré ta bourse de sa cachette, et tas ignoré royalement tout ce beau monde qui faisait, tout au moins, une tête de plus que la tienne.
Jveux parier
Ta main a plongé dans la bourse en y sortant une poignée de monnaies, écus et deniers mélangés. Tu tes même pas demandé combien ça faisait, le gars qui se chargeait des paris conterait sans doute devant toi et taurais, alors, le temps de vérifier. Le seul truc qui importait, en faite, cétait de garder assez dargent pour que le divertissement puisse continuer toute la nuit. Si jamais tu perdais cette fois, taurais toujours un petit quelque chose de plus à parier au prochain tour. Tétais déjà un petit garçon prévoyant. Tas déposé toutes les monnaies sur lespèce de comptoir improvisé, devant le gars qui soccupait des inscriptions et de largent.
tout ça
Toutes tes monnaies sauf une, que tas tout de suite balancée en lair, attrapée dans la paume de ta main droite. Puis, comme toujours, tas fait un mouvement rapide pour retourner la pièce sur le dos de ta main gauche. Tas finalement ôté la main droite. Pile.
qu'la dinde gagne._________________