Vasco.
Sale période! Entre les nuits sans sommeil à combattre et celles à crapahuter la campagne, le sicilien n'était plus dans son état normal. Il y a deux jours, son groupe de mercenaire avait été intercepté en pleine campagne par les rebelles francs-comtois. Une taupe avait tenté de creuser ses galeries sous les pieds de la Spiritu Sanguis et elle était parvenue en partie à atteindre ses objectifs même si des chausses-trapes avaient été posées autour de lui. Certains de ses compagnons de combat étaient tombés et la chienne campait aux alentours des cerbères hydriques aux abois. Des conciliabules avaient été menés. La décision avait été prise : ils tenteraient de forcer le passage avant que la Fiole Ébrechée ne referme son piège sur eux. Le plan était risqué, ils le savaient. Ne pas agir était tout aussi risqué.
Alors que la nuit était maintenant maître des lieux, plongeant la campagne environnante dans l'obscurité la plus totale, les mercenaires progressaient silencieusement, passant d'un rocher à un taillis, d'un buisson à un arbre. Ils n'étaient pas de taille à affronter l'armée en face d'eux et ils le savaient. De temps à autre, des bruits d'épées qui s'entrechoquaient se faisaient entendre ça et là? Escarmouche? Bataille rangé? Entrainement? La situation n'était pas des plus aisée. C'est à peine si chacun des membres du clan se voyait l'un l'autre. Pire, une purée de pois commençaient en se lever de terre, nimbant les mercenaires d'un halo cotonneux à double tranchant. Certes, ils étaient mieux protégés des yeux de l'ennemi, mais les lignes hydriques et spiritueuses risquaient de s'étirer dangereusement. Pour Velasco, le plus dur était de se taire, éviter de se faire repérer par l'ennemi en prononçant des paroles inutiles.
Lorsqu'enfin, il estima avoir progressé d'au moins trois lieues, il fit une halte. Le groupe se reforma. Les lances se reconstituèrent. On se comptait. On se congratulait. On était heureux d'avoir dupé la chienne. Du regard, le Visconti chercha son Agnesina parmi les mercenaires qui affluaient encore peu à peu. Mais d'Agnesina, il n'en n'eut point. Une ride soucieuse apparut sur le front du sicilien.
- Chiabrena! Ina, où es-tu?
Le flux d'arrivant finit par se tarir. Chacun avait pris une petite pause après ce moment de tension extrême. Les lances étaient prêtes à marcher vers l'objectif final de leur nuit et Ina n'était toujours pas réapparue. Le sicilien allait voir la Dyme, sa cheffe de lance. Il tenta de négocier un délai supplémentaire. En vain. Praséo avait de ordre et elle les appliquait. Elle réussit à convaincre qu'Ina était capable de se débrouiller seule et de les rejoindre au petit matin.
Lorsque le soleil se leva enfin sur la campagne suisse, Velasco était appuyé contre un gros rocher, soucieux. L'inquiétude montait en lui. Personne n'avait vu Ina. Où pouvait-elle bien être?
- Tu n'as pas le droit Ina. Non...Tu n'as pas le droit...
Les scénarios les plus incroyables fusaient dans l'esprit du Visconti. Avait-elle été attaqué par un loup ou un ours? Avait-elle rebroussé chemin pour retrouver Enjoy et Arsène. S'est-elle perdue dans la campagne suisse? A t-elle été accrochée par l'ennemi? Est-elle cachée quelque part, blessée? Ses forces commençaient à le lâcher. La fatigue, le doute, l'inquiétude... Il se sentait inutile ici, perdue aux milieux d'inconnus qu'il fréquentait depuis plusieurs mois pour la plupart d'entr'eux. Il n'était pas à sa place. Il voulait rebrousser chemin, partir à la recherche de sa Corleone. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'il discuterait les ordres et ce n'est pas la première fois non plus qu'on lui en tiendrait rigueur. Depuis une semaine, les relations avec Ina n'étaient pas au moins. Il y avait eu cette dispute à propos de son comportement avant la prise de Saint-Claude. Il y avait eu cette aveux qu'elle lui avait fait sur son désir envers Beren de la Fiole Ébrechée et de Lancelot de Bénoic. Lancelot...le mari même de cette chienne à qui ils venaient d'échapper cette nuit. Se pouvait-elle qu'elle s'en fut retournée vers lui? Vers eux? Cette pensée furtive disparut aussitôt de l'esprit du Visconti. En ce matin, l'inquiétude était plus forte que la jalousie. Ses sentiments le poussaient à faire machine arrière. Il n'y avait jamais de bon moment pour cela, mais la disparition d'Ina après toutes ces péripéties tombait vraiment mal. La raison, quand à elle, l'avisait de prendre un peu de repos et de décider de ses actions par la suite. Seul, il n'irait pas loin. La fatigue aurait raison de lui et ce n'est pas donner une sauce sicilienne à manger à une bête sauvage qui aiderait Agnesina. Aussi, le Visconti coupa la poire en deux. Il prit sa plume, rassembla ses idées et contacta l'ensemble des maires des villes environnantes pour savoir si la Corleone n'aurait pas réussi à rallier leur ville.
Alors que la nuit était maintenant maître des lieux, plongeant la campagne environnante dans l'obscurité la plus totale, les mercenaires progressaient silencieusement, passant d'un rocher à un taillis, d'un buisson à un arbre. Ils n'étaient pas de taille à affronter l'armée en face d'eux et ils le savaient. De temps à autre, des bruits d'épées qui s'entrechoquaient se faisaient entendre ça et là? Escarmouche? Bataille rangé? Entrainement? La situation n'était pas des plus aisée. C'est à peine si chacun des membres du clan se voyait l'un l'autre. Pire, une purée de pois commençaient en se lever de terre, nimbant les mercenaires d'un halo cotonneux à double tranchant. Certes, ils étaient mieux protégés des yeux de l'ennemi, mais les lignes hydriques et spiritueuses risquaient de s'étirer dangereusement. Pour Velasco, le plus dur était de se taire, éviter de se faire repérer par l'ennemi en prononçant des paroles inutiles.
Lorsqu'enfin, il estima avoir progressé d'au moins trois lieues, il fit une halte. Le groupe se reforma. Les lances se reconstituèrent. On se comptait. On se congratulait. On était heureux d'avoir dupé la chienne. Du regard, le Visconti chercha son Agnesina parmi les mercenaires qui affluaient encore peu à peu. Mais d'Agnesina, il n'en n'eut point. Une ride soucieuse apparut sur le front du sicilien.
- Chiabrena! Ina, où es-tu?
Le flux d'arrivant finit par se tarir. Chacun avait pris une petite pause après ce moment de tension extrême. Les lances étaient prêtes à marcher vers l'objectif final de leur nuit et Ina n'était toujours pas réapparue. Le sicilien allait voir la Dyme, sa cheffe de lance. Il tenta de négocier un délai supplémentaire. En vain. Praséo avait de ordre et elle les appliquait. Elle réussit à convaincre qu'Ina était capable de se débrouiller seule et de les rejoindre au petit matin.
Lorsque le soleil se leva enfin sur la campagne suisse, Velasco était appuyé contre un gros rocher, soucieux. L'inquiétude montait en lui. Personne n'avait vu Ina. Où pouvait-elle bien être?
- Tu n'as pas le droit Ina. Non...Tu n'as pas le droit...
Les scénarios les plus incroyables fusaient dans l'esprit du Visconti. Avait-elle été attaqué par un loup ou un ours? Avait-elle rebroussé chemin pour retrouver Enjoy et Arsène. S'est-elle perdue dans la campagne suisse? A t-elle été accrochée par l'ennemi? Est-elle cachée quelque part, blessée? Ses forces commençaient à le lâcher. La fatigue, le doute, l'inquiétude... Il se sentait inutile ici, perdue aux milieux d'inconnus qu'il fréquentait depuis plusieurs mois pour la plupart d'entr'eux. Il n'était pas à sa place. Il voulait rebrousser chemin, partir à la recherche de sa Corleone. Après tout, ce n'est pas la première fois qu'il discuterait les ordres et ce n'est pas la première fois non plus qu'on lui en tiendrait rigueur. Depuis une semaine, les relations avec Ina n'étaient pas au moins. Il y avait eu cette dispute à propos de son comportement avant la prise de Saint-Claude. Il y avait eu cette aveux qu'elle lui avait fait sur son désir envers Beren de la Fiole Ébrechée et de Lancelot de Bénoic. Lancelot...le mari même de cette chienne à qui ils venaient d'échapper cette nuit. Se pouvait-elle qu'elle s'en fut retournée vers lui? Vers eux? Cette pensée furtive disparut aussitôt de l'esprit du Visconti. En ce matin, l'inquiétude était plus forte que la jalousie. Ses sentiments le poussaient à faire machine arrière. Il n'y avait jamais de bon moment pour cela, mais la disparition d'Ina après toutes ces péripéties tombait vraiment mal. La raison, quand à elle, l'avisait de prendre un peu de repos et de décider de ses actions par la suite. Seul, il n'irait pas loin. La fatigue aurait raison de lui et ce n'est pas donner une sauce sicilienne à manger à une bête sauvage qui aiderait Agnesina. Aussi, le Visconti coupa la poire en deux. Il prit sa plume, rassembla ses idées et contacta l'ensemble des maires des villes environnantes pour savoir si la Corleone n'aurait pas réussi à rallier leur ville.
Citation:
Campagne suisse, le 6 Avril 1462
Sieur, Dame,
Je m'appelle Velasco Visconti, humble commerçant en vadrouille sur les routes suisses. Hier, à la croisée de chemins, j'ai fait la connaissance d'une charmante jeune femme qui s'est présentée à moi comme étant Agnesina Temperance Corleone. Nous avons discuté, échangé. Ce matin, elle a disparu alors que nous avions convenu de faire route ensemble. Je suis inquiet pour elle. Je me demande ce qui a bien pu lui arriver. Aussi, je me tourne vers vous et votre maréchaussée pour savoir si des habitants de votre ville ne l'aurait pas vu passer. Si tel est le cas, pourriez-vous me répondre en utilisant ce présent pigeon?
Avec mes plus sincères respects,
Velasco Visconti
Et les réponses ne tardèrent pas...
Citation:
Salves,
Je suis navré aucune information.
Vous pouvez vous renseigner auprès de l'avoyère de Sion et de Grandson.
Bon séjour
Gauvin_1er
Avoyer
Citation:
Bonjour Vasco.,
Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer Agnesina Temperance Corleone. Sans doute devait-elle se rendre quelque part en hâte.
Si elle est toujours présente dans le village, elle vous contactera sûrement pour que vous puissiez voyager avec elle.
Cordialement.
Shenkj
Citation:
Saint-Claude, le 7 avril 1462,
Messire,
Je vous conseille fortement de ne point chercher à revoir cette jeune femme, toute aussi charmante qu'elle soit. Vous risqueriez de gros ennuis.
Elle est actuellement en procès à Saint-Claude pour prise de mairie ainsi que non respect de la loi martiale comtoise.
Cordialement,
Mimi Guyader
San Claudienne
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