Taliesyn_de_montfort
Janvier au crépuscule, Port du Légué
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Sous une pluie battante, le Prince tient son tricorne sur la tête, résistant aux bourrasques des vents d'hivers. Le sang se glace à travers le cuir vieillie qui est censé le protéger. L'autre main tiens le cordage du vieux bateau de commerce réarmé qui appartenait jadis à son père, le quartier maître a pris le relais en l'absence du Capitaine-Baron. La conversation se fait dans la peine, déjà une partie des vivres ont été chargées et dans les rares moment d'accalmie le bois de l'armature et les tensions des bouts répondent au clapots des vagues sécrasant contre les obstacles qu'offrent le port.
- La houle agite la mer, mais ne la rend pas aussi furieuse qu'il y'a quelques jours. Seulement, il va falloir appareiller, le grain risque de revenir sur la côte si nous partons trop tard nous prenons de gros risques.
Je me tourne vers le vieil homme qui servait aussi mon père en son temps et qui connaissait mieux ce bateau que sa propre femme certainement. Depuis que j'avais repris le navire au Grand-Duché, j'avais investi dans ce bijou, assez léger pour rester marchand et rapide, mais sacrifiant une partie de la place pour y ajouter quelques pièces de canon tant bien mortier que sur pivot aux pièces simples. Pas capable de rivaliser avec des navires de guerres, il était envisageable de tenir à distance un navire corsaire qui voudrait tester les cerbères, ces trois mortiers placés en proue du bateau, je ne pouvais mempêcher de lâcher un sourire dans cette pensée qui couvrait les mauvais présages du quartier-maître. Enfin j'imagine que c'est à la découverte de mon sourire qu'il sarrêta net en pleine phrase concernant le fait qu'on courrait tous à une mort certaine à continuer a attendre ainsi, je ne saurais dire si cétait la pâleur des loupiotes accroché au bardage qui faisait son visage blême mais je me mis a éclater de rire sans retenu, couvrant la tempête froide.
- Allons Allons, Erwann, vous allez pas faire dans votre froc pour cette brise, on a vu pire, nan?
Au grognement, j'ai compris que c'était non, j'haussais les épaules, confiant dans les capacités de l'équipage et de Meerclaw. Et laissant le quartier-maître partir en maugréant, je continuais de guetter, Alix-Ann, était certainement dans le carré des officiers, au sec, attrapant une lanterne j'avance sur le ponton pour rejoindre les quais, retrouvant les quelques mousses de quarts, ou plutôt de corvées au vu de la pluie qui s'abattait.
- Messieurs, double ration d'hypocras pour ceux sont de corvées ce soir
Je me penchais ayant cru voir un mouvement sur les quais, et ma vue se troubla l'ensemble de l'eau recueillie dans le tricorne se reversant sur moi... Maugréant contre ma bêtise, un frisson de froid me traversant, je commence à grogner de ne pas voir arriver les autres. Et de me poser la question de savoir dans quoi on s'engageait au vu des éléments qui se déchaînaient contre nous.
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