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[RP]Fallait un titre bateau

Taliesyn_de_montfort
Janvier au crépuscule, Port du Légué


    Sous une pluie battante, le Prince tient son tricorne sur la tête, résistant aux bourrasques des vents d'hivers. Le sang se glace à travers le cuir vieillie qui est censé le protéger. L'autre main tiens le cordage du vieux bateau de commerce réarmé qui appartenait jadis à son père, le quartier maître a pris le relais en l'absence du Capitaine-Baron. La conversation se fait dans la peine, déjà une partie des vivres ont été chargées et dans les rares moment d'accalmie le bois de l'armature et les tensions des bouts répondent au clapots des vagues s’écrasant contre les obstacles qu'offrent le port.

      La houle agite la mer, mais ne la rend pas aussi furieuse qu'il y'a quelques jours. Seulement, il va falloir appareiller, le grain risque de revenir sur la côte si nous partons trop tard nous prenons de gros risques.

    Je me tourne vers le vieil homme qui servait aussi mon père en son temps et qui connaissait mieux ce bateau que sa propre femme certainement. Depuis que j'avais repris le navire au Grand-Duché, j'avais investi dans ce bijou, assez léger pour rester marchand et rapide, mais sacrifiant une partie de la place pour y ajouter quelques pièces de canon tant bien mortier que sur pivot aux pièces simples. Pas capable de rivaliser avec des navires de guerres, il était envisageable de tenir à distance un navire corsaire qui voudrait tester les cerbères, ces trois mortiers placés en proue du bateau, je ne pouvais m’empêcher de lâcher un sourire dans cette pensée qui couvrait les mauvais présages du quartier-maître. Enfin j'imagine que c'est à la découverte de mon sourire qu'il s’arrêta net en pleine phrase concernant le fait qu'on courrait tous à une mort certaine à continuer a attendre ainsi, je ne saurais dire si c’était la pâleur des loupiotes accroché au bardage qui faisait son visage blême mais je me mis a éclater de rire sans retenu, couvrant la tempête froide.

      Allons Allons, Erwann, vous allez pas faire dans votre froc pour cette brise, on a vu pire, nan?

    Au grognement, j'ai compris que c'était non, j'haussais les épaules, confiant dans les capacités de l'équipage et de Meerclaw. Et laissant le quartier-maître partir en maugréant, je continuais de guetter, Alix-Ann, était certainement dans le carré des officiers, au sec, attrapant une lanterne j'avance sur le ponton pour rejoindre les quais, retrouvant les quelques mousses de quarts, ou plutôt de corvées au vu de la pluie qui s'abattait.

      Messieurs, double ration d'hypocras pour ceux sont de corvées ce soir

    Je me penchais ayant cru voir un mouvement sur les quais, et ma vue se troubla l'ensemble de l'eau recueillie dans le tricorne se reversant sur moi... Maugréant contre ma bêtise, un frisson de froid me traversant, je commence à grogner de ne pas voir arriver les autres. Et de me poser la question de savoir dans quoi on s'engageait au vu des éléments qui se déchaînaient contre nous.

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Minral
Minral lança un regard mauvais en direction du groupe d'hommes qui avait pris la tangente dès qu'elle avait parlé de l’aider à faire monter les chevaux à bord des navires en partance. Elle se retrouvait donc seule, avec ses deux garçons d'écuries et ses trois palefreniers, pour convaincre une trentaine de chevaux rétifs de s'engager sur la planche instable qui reliaient le sol aux bâtiments qui allaient les mener en Irlande. Ou ailleurs... Elle n'avait pas trop suivis. Tout ce qu'elle avait vu c'était la prime rondelette que le Prince lui avait promis si elle les accompagnait pour s'occuper des montures en Irlande. Pas que l'idée de voyager en mer lui soit d'un grand enthousiasme, mais vu les chiffres annoncés, elle ne pouvait pas faire sa difficile.

Ses longs cheveux noirs pendant lamentablement dans son dos malgré sa tresse, la jeune femme décida de prendre le taureau par les cornes, ou plutôt le cheval de son Altesse par la bride... Il s'agissait d'un étalon andalous blanc absolument magnifique mais au caractère en proportion. Autrement dis, il était hargneux, orgueilleux, capricieux, sournois et généralement de mauvaise humeur. La monture parfaite pour le Prince. Et s'il n'essayait pas de mordre celle qui le menait d'une main de fer, c'était qu'il avait trouvé en elle un être dont le courroux et la vengeance le faisait hésiter à user de ses dents. Pour les autres, pas de bol... Même le Prince avait eut le droit à un coup de dents.

Poussant un gros soupire, songeant avec nostalgie à sa petite maison bien chauffée à côté des écuries de Retz, Minral commença à s'engager sur le ponton instable avec la mer qui faisait gros dos. Bien entendu, l'étalon ne l'entendait pas de cette oreille et freinait des quatre fer en essayant de ruer.


Saleté de canassons de m....

Manquant de peu de finir à la mer avant d'avoir pu finir sa phrase, elle attrapa l'oreille de l'animal rétif et la tordit violemment pour le rappeler à l'ordre, à savoir qui était le plus dangereux des deux.... Elle, ou le bateau. Finalement se rendant à la sage décision de la considérer bien plus redoutable, l'étalon posa prudemment un sabot puis l'autre sur la passerelle. Finalement, à force de cajoleries, de menaces et de pas mal de jurons, elle réussit à le faire entrer dans la cale où elle l'entrava avec soin. Ne manquerait plus qu'un des chevaux se mette à gambader pendant la traversée. Elle transpirait malgré la pluie glaciale, ce qui lui promettait un rhume monumentale... Il allait l'entendre le Prince.... Embarquer par un temps pareil... Remarquez, fallait s'y attendre en Bretagne... Ressortant, elle s'avança vers ses aides. Les pauvres gamins claquaient des dents.

Bon, on va pas y passer la nuit.... Klael, Emmet, chargez le matériel. Et ne mélangez pas tout. Je n'ai pas envie de passer la traversé à faire le tri dans les harnais et les selles pour retrouver à quel cheval cela correspond. On aura assez de boulot comme ça.

Les deux gamins s’empressèrent de s’exécuter, ravi d'échapper à la corvée de dompter les chevaux rendu nerveux par la tempête. Les trois palefreniers se chargèrent chacun d'un cheval, car il était plus prudent de les monter un par un au vu du temps. Il ne manquerait plus qu'une de ses bêtes de prix se brisa une pâte en glissant. Sa tenue de cuir collant à sa peau tant elle était détrempée, Minral veilla elle-même à ce que les montures les plus précieuses montent à bord. Puis elle abandonna son équipe quelques instants pour aller annoncer l'avancé du chargement au Prince. La lenteur des choses n'allaient pas lui plaire.

Elle aperçut son Altesse se mouillant les quais, surprenant car elle l'aurait cru au sec. S'avançant, elle tâcha de dégager son visage des mèches trempées qui lui collaient aux joues. Sa tenue de cuir et sa chemise de lin étant plus mouillées que dans un baquet de lavage, rien de son anatomie n'était à l'abri des regards, mais son regard belliqueux fit tourner les yeux des gardes qui se faisaient trop appuyé sur les parties de sa personne ainsi dévoilées. Pas qu'elle fut prude, mais ne la reluquait pas qui voulait.


Votre Altesse, l'embarquement des chevaux à commencer. Mais ce sera long. Les passerelles sont glissantes et les animaux réticents. On ne partira pas dans l'heure, ça je vous le garantie. Il nous faudra sans doute toute la journée voir même plus...

Autant prévoir large, comme cela si elle faisait mieux, il oublierait son mécontentement.
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Meerclaw
Depuis Rennes ils avaient chevauché, le baron et sa compagne, avec à leur suite autant d'hommes qu'ils avaient pu en emmener sans que le château de Chéméré fût laissé complètement sans défense. Avec tout leur équipage, ils entrèrent dans Saint-Brieuc sous une pluie battante, les vents chargés d'embruns fouettant leurs visages et leurs vêtures. La colère des cieux était comme un écho des combats féroces qui se déroulaient sur mer comme sur terre, au-delà des flots gris qu'il leur faudrait bientôt affronter.

Leur arrivée sur les quais ne fut guère tonitruante, la pluie et le vent étouffant jusqu'au bruit des sabots. Sur la grisaille uniforme de la mer et du ciel se détachait la silhouette familière de l'An Esperans, fier vaisseau qui, une fois de plus, incarnait les espoirs du baron Meerclaw.

Arrivé presque au bout de la jetée, près de la passerelle du navire, Meerclaw reconnut le Prince de Retz. A la mine qu'affichait son suzerain, encore plus sombre que d'habitude, le baron comprit que la situation était grave. Avaient-ils fait la route à bride abattue pour rien ?
Alix_ann
Au sec exactement. À essayer de se trouver un endroit où rien ne bouge partout, surtout par elle. Elle n'y comprenait rien d'abord, à ce machin fait de bois, aux bateaux. Ce qu'elle comprenait c'est davantage qu'il s'agitait dans tout les sens, et de fait elle avec. Il y a des gens qui passent, les portes qui s'ouvrent sur leur passage, sa robe qui se coince dans le parquet. Très franchement, c'était quoi ce nouveau plan? Qu'elle rouspète intérieurement. L'Irlande. Très sérieusement? Alix, dévouée vassale, avait accepté de le suivre sans rechigner. À peine rentrée de son escapade Toulousaine qu'on la retrouvait à suivre l'ombre de son oncle en relevant bien proprement les pans de sa cotte, acquiesçant à chacun des commentaires et faisant mine de pas trop prendre en comptes toutes l'attentat nasale que représentait les environs du port et ses occupants. Comme le vieux du bâteau, celui qui avait l'air le plus habitué, serait-ce avec passion qu'il était entrain de conter les nouvelles de son rafiot à Taliesyn? Alix fait semblant d'écouter. Et vas-y que je te fais un sourire à la con, et vas-y que je te regarde le bâteau avec admiration comme si elle comprenait ce qu'il avait d'exceptionnel. C'est une embarcation, rien de plus, rien de moins.

L'Irlande, il n'avait rien pu trouver de mieux qu'une île sur-éloignée. À peine avait-elle songer à rebouger un orteil en Bretagne que son oncle avait déjà prévu des plans pour elle, à croire qu'il s'était reposé tout le temps de son séjour pour pouvoir lui en mettre plein la gueule à son retour. Une guerre, pour aller sauver la capitale Westhingor machin, Irlandaise, des mains anglaises. Elle n'avait pas tout comprit la première fois, et avant même de s'inquiéter pour la guerre ou pour l'expatriation provisoire à l'autre bout du globe (en exagérant à peine) elle avait du se préparer à monter pour la première fois sur un bateau. Elle s'était bien gardée de dire à son oncle qu'elle n'avait jamais posé un orteil en mer, à peine avait-elle accompagnée sa chaperonne Anaon à la pêche une fois.


-« & comment on fait pour tenir dans son lit? »
Qu'elle lance au hasard d'une nouvelle porte ouverte, une chambre plutôt spacieuse.
-« Et v'savez où que j'dors moi? »
De s'éloigner en rouspétant.
-« C'est par là les cuisines? »
En allant par là.
-« C'est vous qui faîte à manger? J'peux grailler un bout? »
En plissant les sourcils.
-« Vous voulez dire que vous ne savez pas faire les madeleines?! »

Et tant d'autres préoccupations dont Alix devait se charger avant de se retrouver perdu au milieu de la mer. Fallait dire qu'à part elle qui allait bien pouvoir vérifier que des choses aussi importantes que la qualité des draps dans laquelle elle allait dormir ou encore qu'ils disposaient bien du nombre suffisants de couverts pour mange..

-« Pas de couverts?! »
Avec un regard interloqué à l'intention de son interlocuteur.
-« Comment ça vous savez pas ce qu'est une fourchette?! »

Manger avec les doigts? So 1452!
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- Bob Marley
Cassius
Voilà bien trop longtemps que Kervegon s'était éloigné des siens, au détriment de ses proches et de ses diverses responsabilités. L'intendance de son Comté assurée, l'homme d'armes avait pris le large loin de tout, loin de sa Breizh, celle pour laquelle il avait donné de son sang à moultes reprises, loin de ses hommes, les mêmes qui avaient mis leurs vies entre ses mains, loin de sa famille, celle pour qui il avait toujours été des plus fidèles en toutes circonstances et le plus important, loin de sa fille, seule héritière de son amour perdu, qui depuis ces longues années d'absence devait lui tenir rancœur que nul ne pourrait décrier.

C'est une missive princière aux couleurs de Retz qui ramena le Comte à ses obligations, lui qui n'avait jamais cru bon de répondre à nulles missives transmis à son encontre... la raison? La crainte de ne savoir quelle justification apporter à tel départ... peut être... aujourd'hui encore, la raison serait trop confuse pour bon nombre.

Port du Légué, prochaine destination du contingent Comtal sur le point d'être mis à disposition de la proposition qui fût faites par le jeune Duc de Retz. La route fut longue, et non dénuée d'embuches, mais l'homme d'armes qu'était le Montfort savait parcourir ce genre de distance en limitant le danger et qui plus est sa suite tout comme lui était des plus aguerris. Malgré cela, ce n'est point la brigande en tout genre qui avait nécessité que la sécurité durant le voyage soit renforcée, mais nombres de personnes en Bretagne ou ailleurs ne souhaitaient point que les différents contingents appelés réussissent à rejoindre cet embarcadère... Et certains avaient les moyens de rivaliser avec la suite bien que aguerris d'un Comte de Bretagne.


Votre Grandeur, les éclaireurs nous signalent que la route est sûre et que nous arrivons.

Il n'était point utile de préciser au Comte la distance restant à parcourir, il était à nouveau chez lui, cette terre, que foulaient les puissants destriers de guerre n'avait pas de secrets pour lui, cette pluie battante, aveuglante, revigorante, il la connaissait fort bien pour l'avoir à de nombreuses reprises embrassait lors de ses chevauchés nocturnes.
Un léger signe de tête fut le seul signe d'approbation que reçu l'homme d'armes apportant les nouvelles.

A l'approche des quais, dans la torpeur de cette nuit glaciale, une voix puissante et impactante se fit entendre...


Brandissez nos couleurs!

Kervegon avait répondu à l'appel, il était là, du haut de son destrier, le visage anesthésié par le vent glacial mêlé à la froideur de la pluie ruisselant sur son visage, un léger sourire réussi tout de même à se dessiner à l'encontre du Duc de Retz, son jeune oncle, qui lui faisait désormais face du haut de son embarcadère.

Sous l'excitation du canasson qui ne tenait place malgré la force employée sur ses brides, le Montfort s'exclama à son parent...


Kervegon sera des votres mon ami!
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Comté de Kervegon
Equemont
Assis sur un muret face au large, Equemont est prostré ainsi depuis quelques jours. Une missive, tel un couperet, est venu trancher le dernier membre de sa famille, emportant avec lui toute joie et espérance. Son frère cadet, Aloan est mort mystérieusement dans une forêt. En apprenant cette nouvelle, Equemont n’a ni pleuré, ni gémi. Il est simplement venu ici au port de Montpellier pour attendre la fin du monde.

Mort, où donc est ta victoire ?

Ses proches le laissent se morfondre dans sa peine. Ils n’ont pas le choix. Aussi, ils payent un matelot désœuvré pour s’approcher avec pudeur de l’endeuillé. Il se glisse comme l’anguille derrière le muret et gratte discrètement l’épaule du blond.


    « Mestre Capitaine, un pli pour vous, d’importance. »


Sans même un regard pour le commissionnaire, Equemont, d’un tourbillonnement de main, le chasse. L’homme sans fléchir adoucit le ton, par compassion et relance la charge.

    « Mestre, tous vos amis vous supplient de l’ouvrir ! »


Le malheureux frère reste en silence, les yeux toujours rivés sur les flots.

Troisième essai pour le messager qui ne veut pas perdre le bel écu promis. Cette fois, il franchit le Rubicon en sautant le muret et se place face à Salar. Il lui glisse la missive sous le nez, comme s’il voulait lui la rentrer dans les narines, de façon à ce que le sceau ne puisse être ignoré.


    « Regardez ; chien à plusieurs têtes et z’ont dit que "le phrasé" vous intéressera. Moi, chai pas lire. »


Le bougre a touché juste. Intrigué malgré lui, Equemont relève la tête pour effleurer le vélin du bout du nez. Une réponse. Le Prince de Retz avait daigné s’intéresser à son cas. Il faut qu’il juge de cela par lui-même. Mais un dilemme intérieur s’immisce en lui. Faut-il rompre le deuil du à son frère par des considérations personnelles ? Enfin personnel, il s’agit tout de même de leur famille...

D’un mouvement sec, il fait sauter le sceau et entreprend la lecture sans plus prêter attention au jeune gaillard encore à ses côtés, s’apercevant encore moins que ses amis, qui de loin espionnaient la scène, s’approchent timidement en voyant la situation tourner à leur avantage. Lorsque la lecture se termine, Equemont se lève brusquement. Sa décision est prise ; se concentrer sur l’action pour oublier le malheur.

Salar rentre chez lui, attrape son épée, son armure et son écu, puis il selle sa monture avec célérité. Une plume et un vélin pour répondre à Montfort en espérant que le pli arrive avant lui. Enfin il se retourne vers Hortense, et pour la première fois depuis ces derniers jours la regarde.


    « Hortense, je m’en vais rejoindre au triple galop le Prince de Montfort. Suivez-moi avec le reste. Je vous fais toute confiance pour gérer la liquidation de tout ça. Je vous écrirai, comme convenu... »


Elle comprendra son attitude cavalière (haha) mais aussi le sous-entendu de ces derniers mots. Pour cacher leur idylle, ils ont mis en place un principe d’écriture secret. Il lui passe délicatement la main le long du visage comme pour implorer pardon pour sa dureté. Puis claquant des talons monte en selle.

Depuis quelques années, la famille Torre e Tasso s’ingénie à étendre son inventivité sur l’Europe. Originaires de Bergame en Lombardie, ils installent ici et là des services connus sous le nom de malle-poste. L’idée est simple, répartir sur le territoire de petites équipes de chevaux et cavaliers, de sorte que lorsqu’un message d’importance doit transiter, il progresse de relais en relais tous les sept lieux*, jour et nuit. L’exploit est donc, dans l’espace de vingt-quatre heure, de parcourir cent-quarante lieues**

Or Equemont par son expertise équine avait été amené, lors de l’installation d’un relais, à conseiller sur le choix des bêtes, et même à en fournir. Il possédait en effet alors le fameux haras du Salar à Nevers. Il s’était ainsi frayé une sorte de réputation au sein de cette compagnie vénitienne balbutiante.

C’est pourquoi en arrivant à vive allure, Equemont est reconnu et peut donner ses consignes en maître. Il utilise, moyennement dédommagement le service équestre de la poste privée. Un homme ne peut pas chevaucher jour et nuit sans s’arrêter. Mais la hargne et la condition physique de Salar est telle qu’il parvient à cavaler douze heures d’affilée. Le soir, épuisé et affamé, il se remplit le ventre puis s’affale dans la paille d’un relais. Il repart dès l’aube. Ces conditions qu’aucun homme sensé n’eut supporté, ne serait-ce que par honneur, visent à se vider l’esprit du souvenir douloureux qui hante son cœur.

Cinq jours plus tard Equemont, exténué, voit enfin Saint-Brieuc. Le crachin accompagné de quelques bourrasques lui permet de se rafraîchir sommairement le visage. Cette précaution ne retirera pas l’odeur nauséabonde qui se dégage de lui. Un dernier regard depuis la hauteur avant de lancer sa monture avec puissance vers le port. Il voit les quelques navires amarrés et repère immédiatement celui qui arbore le fanion du Prince.

Le bateau semble justement larguer les amarres, ou en tout cas en donne l’impression... Inquiet, Equemont approche sa monture et constate que la nave est à moins de huit pieds*** de la berge. C’est ici que la cavalier hors pair fait son entrée. Il positionne avec habileté le cheval dans l’axe et le maintient fermement entre ses cuisses pour l’appeler à la confiance et à l’obéissance. Ensuite il exerce une pression plus arrondie grâce aux rênes pour ramasser le quadrupède sur ses appuis. La bête prend son élan avec grâce et tremblement mais demeure effrayée par l’eau. Equemont donne tout ce qui lui reste de force dans ses éperons pour éviter un refus. La monture finit par se soumettre et saute en dernier instant. Cependant un des sabots manque son appui sur le quai et un déséquilibre s’opère dans l’envol, si bien que les jambes antérieures atteignent avec justesse le pont supérieur et que le bassin s’écrase avec fracas sur la balustrade. A force de donner des coups de sabot sur la coque, l’animal entier finit par monter à bord, réussissant ainsi ce coup magistral.

L’ultime effort éreinte Equemont. Il se laisse choir de la monture, aux pieds du Prince de Retz. Un genou en terre il lui présente son épée.


    « Votre Altesse, me voici. Pour que vous sachiez que je ne suis ni un lâche, ni un menteur et que mon épée vous appartient. »



*environ 23 km
** environ 450 km
*** environ 2m40

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Taliesyn_de_montfort
    Mon humeur étaient maussades, entre les courriers que j'avais eu à échanger avec mon Baron, les nouvelles du front qui nous parvenaient, celles des combats navales et les échanges épistolaires avec le Grand-Duc à ce sujet avait laissé la décision en suspens. A défaut nous embarquions, mais je craignais moins la tempête que l'armada qui nous attendaient et qu'il faudrait traverser pour atteindre les vertes contrées. Minral approche et plissant les yeux, elle doit comprendre qu'il attend une forme de rapport sur l'avancée.

      Votre Altesse, l'embarquement des chevaux à commencer. Mais ce sera long. Les passerelles sont glissantes et les animaux réticents. On ne partira pas dans l'heure, ça je vous le garantie. Il nous faudra sans doute toute la journée voir même plus...


    Je lève un sourcil au voir de la transparence qu'offre la pluie, mais l'humeur n'est pas là, mon regard parcours les quais et je siffle mon calfat et lui fais signe de s'approcher.

      C'est parfait Minral, le départ n'est pour le moment pas certain, j'attends encore les dernières instructions, il faudra être capable de partir rapidement cependant, en attendant, couvrez-vous que diable, vous vous faites peut-être peu de cas de la pluie, mais si c'est pour semer la discorde sur le bateau entre les hommes, nous mettrions en danger la bonne course du navire.


    Le Calfat arrivant à mon niveau je lui fais comprendre qu'il faut qu'il enlève son mantel de cuir et lui fais signe de le tendre à Minral.

      Mettez-moi ca et allez donnez l'ordre aux soldats en cale de venir vous aider pour accélérer le tout. Mais vous n'êtes pas de l'expédition pour que l'on vous soigne, mais bien pour que vous preniez soin des chevaux, alors faites moi ce plaisir de ne pas attraper la crève.


    Les craquements du bois me rappellent à l'ordre quand les bourrasques gagnent en puissance, je soupire et me rapproche à mon tour du bateau quand les sabots couvrent les clapots, toujours pas de messager mais mon Capitaine qui arrive, le Baron Meerclaw. Pas un mot, seulement un signe de tête, nous savons tout deux ce qui nous attend et les lettres échangées ont suffit. A sa suite j'aperçois d'autres cavaliers un peu plus en amont, tout en sachant pertinemment qu'ils ne sont pas avec le Baron, je pense à l'homme d'armes du sud qui m'avait contacté, et je n'imagine pas possible de revoir mon neveu, qui cela dit est un poil plus vieux que moi. Heureux de le revoir, un parent, un breton, un homme d'armes de confiance avec nous, comme si de fait nous gagnions en assurance et que la tempête n'était qu'un murmure, à sa rencontre je lui attrape le bras. Pour l'accompagner jusqu'au bateau.

      Heureux de te revoir parmi nous, le temps à fait son office sur la Bretagne, et la valeur des hommes défaillent de jour en jour. J'ai l'impression de te voir resurgir du passé, j'espère que tu ramènes avec toi la vaillance qu'avait la Bretagne du temps de mon père.


    Arpentant le bateau pendant que les matelots finissent de charger les derniers tonneaux, j'entends les consignes passées, pour dénouées les cordages laisser malheureusement ballant et aux proies de la tempête. Regardant les courageux partir a l'assaut du mat pour rejoindre la hune je me rends compte que la pluie est tellement dense que je n’aperçois même pas flotter le cerbère sur le mat de misaine. Pour le coup seule la connaissance des côtes par le pilote nous permettrait de nous sortir de là. Avant tout embarquement j'attends toujours la missive du Grand-Duc, qui confirmera ou pas le départ et me tourne vers l'embarcadère pour voir avec étonnement un cavalier dans un élan inconsidéré foncé en direction du bateau pour sauter sur le ponton, risquant monture et cavalier sur une prouesse des plus inutiles, les cordages sont encore noués aux pontons.

      « Votre Altesse, me voici. Pour que vous sachiez que je ne suis ni un lâche, ni un menteur et que mon épée vous appartient. »


    Et moi de répondre avec un sourire suite à la prestation du Cavalier.

      Allons bon, Equemont, je ne peux dénier que vous avez du courage, voir même un peu de témérité. Nous verrons si celle-ci survit sur le champ de bataille, ou si la dernière ne fut qu'une chance. Ma parole sera tenue, et...


    Et de voir un garde me montrer un pli avec le sceau grand-ducal me coupant dans ma phrase. Décacheté, ma mine s'assombrit au fur et a mesure des phrases, une guerre pour une autre, nous ne partirons pas par la mer.

      Messieurs, Dames, le Grand-Duc nous convoque pour la Provence...

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Equemont
Arrivé avec la légèreté d’une fleur au printemps sur le bateau, Equemont se sentit assez penaud en voyant la passerelle encore installée, malgré le mauvais temps, et de lire dans le sourire du prince quelque moquerie pour cet acte tout aussi inutile qu’absurde. Il est donc devant Taliesyn présentant son épée qui se trouve être reçue. Maintenant le fil de son aiguillon servira la grandeur de la Bretagne, comme ses ancêtres avant lui le dire, peut-être même avant que ce monde ne fut...

    Profitant de l’arrivée du courrier, je me relève et rengaine mon épée. Un certain nombre de personnes ici présentes ne me sont pas encore connues. D’une oreille distraite j’entend parler de la Provence, et intrigué je demande bien pourquoi. Je me suis tapé une remontée en suant toute les larmes de mon corps pour devoir prendre le chemin inverse alors qu’on m’avait vendu l’Irlande ? Je me voyais déjà les doigts de pieds en éventail sur le pont à attendre l’accostage dans les vertes contrées humides. La pluie montrait que de toute façon cette traversée eut plus été un long calvaire, entre pluviosité et mal de mer.

    Puis une idée me germe dans ma petite tête de linote. Et si je faisais la route inverse et armais moi-même un groupe pour me joindre au Prince. J’aurais ainsi la possibilité de régler mes affaires tout en me préparant à cette campagne. Je me tourne donc vers l’altesse.


« Alors je me propose à votre Altesse pour aller en avance par chez moi, et vous aider localement à quelques préparatifs, puisque je suis non loin de notre objectif. Je pourrai ainsi vous faire part des dernières nouvelles. »

D’un regard le gaillard interroge Montfort sur le bien-fondé de sa proposition. Et pourtant, arriver enfin en terre bretonne pour la quitter aussi rapidement, c’est une certaine forme de déception.
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Alix_ann
Il y avait du raffut qui venait d'en-haut, et puis Alix s'ennuyait un peu, à vrai dire. Elle avait déjà bien fait le tour du propriétaire, superviser les opérations, fait l'inventaire, elle avait même changé de tenue puisque sa robe ne semblait pas des plus appropriées. S'étant perdue lors de ses pérégrination elle mit quelques temps à retrouver le chemin jusqu'au pont du navire. Une fois en haut, cape bien en place, elle se mit à essayer de discerner quelque chose.

Rien.
Quoique... serait-ce des chevaux?
Elle écarquille les yeux, elle ne l'entend pas tout de suite, Kervegon. Puis la voix la frappe. Papa? Sérieusement? Non, elle devait halluciner. Et pourtant Taliesyn continuait, semblant s'adresser à ce qui, si elle n'en distinguait pas la forme, avait la voix de son paternel.

Alix trottine, manquant par endroits de glisser lamentablement à terre. Faut pas se faire de faux espoirs, se ravisse t'elle, esquivant de justesse un homme chargé. Mais elle a besoin d'en avoir le coeur net.


-« Ma eontr ? »
Mon oncle?

En plissant les yeux. Maudite pluie !

-« Tad? Te eo? Gwir? »
Père? C'est toi? Vraiment?

S'embarrasser de la Provence? Que nenni, elle en avait cure pour l'instant! Ne comptait que son père qui avait réapparu, ou ce qui y ressemblait très fortement.
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- Bob Marley
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