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[RP]Au 8 du Barri Mesteiral, chez Stromb et Matou. Adieu VF

Stromboli
C'était la der des der

Pour Stromb qui passait les portes de la ville se matin là, difficile encore de réaliser qu'il allait quitter sa ville natale pour de bon. Les rues endormies et à peine éclairées par un soleil matinal capricieux lui rappelèrent la dure réalité de cette ville. Une ville perpétuellement en sommeil, mais qu'il avait étonnamment toujours été fier de présenter comme la sienne.

Enveloppé dans un épais mantel d'hiver, ses bottes battaient en silence le pavé. Le convoi remontait la rue du quartier Mesteiral, le quartier des artisans. Les maisons défilaient, Stromb les connaissaient toutes. Endormies, ou abandonnées, elles étaient toutes là, seules les années avaient eu un impact sur certaines d'entre elles.

Ils finirent par arrivé au numéro 8. Stromb attrapa les rennes des chevaux qui marchaient paisiblement à ses côtés et tira doucement dessus. Un regard sur l'embarcation : tout le monde dormait paisiblement. Il tourna alors la tête et son regard se posa sur la vieille bâtisse de pierre devant lui, plus grande en taille que les autres, plus majestueuse, témoin d'une époque de faste et de grandeur aujourd'hui oubliée. Elle semblait à l'abris des assauts du temps, mais pour combien de temps encore ?

Stromb poussa la grille qui donnait sur le jardin. Dans un grincement, elle laissa le chemin libre au maître des lieux qui s'engagea dans l'allée. Sa main se perdit dans sa besace tandis qu'il s'approchait de la lourde porte d'entrée. Il grimpa les quelques marches et trouva enfin la clé. Deux cliquetis dans la vieille serrure qui marchait parfaitement, et Stromb poussa la porte. Une odeur de renfermé lui parvint aux narines, ce qui était somme toute logique, mais pas sa préoccupation première. Il lui fallait faire du feu pour accueillir ses invités encore endormis. Il alla chercher quelques bûches jalousement entreposées derrière la maison, et bientôt un bon feu se mis à ronfler dans l'âtre. Les flammes redonnaient vie peu à peu à ce qui les entouraient. Elles dansaient sur les murs froids, sur les meubles recouverts de draps blancs, les grands chandeliers qui restaient éteints.

Stromb retira l'un des draps et découvrit une large banquette confortable. Il se laissa tomber dessus et le brun de son regard se perdit dans les flammes qui dansaient devant lui. Ce serait la dernière fois qu'il verrait revivre cette maison. La séparation d'avec le phare à Fécamp avait été difficile aussi, mais il n'y avait pas passé sa vie comme ici. Il savait que Matou en avait souffert et s'apprêtait à vivre exactement la même chose avec la villa Mazaryck. Quelle épreuve de laisser derrière soit la source même de ses souvenirs... les rires et les pleurs qui résonnaient encore en ces murs, chaque pièce avait sur elle la caresse du soleil estival, la cheminée connaissait par coeur les histoires racontées aux plus jeunes les froides soirées d'hiver, le jardin avait protégé tout les jeux d'enfants et bercé les plus grands dans leurs siestes les plus divines. La bergerie derrière avait gardé en elle le bêlement des moutons qui avaient vécu là, la magie de certaines soirées où deux êtres se roulaient dans le foin à l'abris des regards... Stromb repensa à son grand-père, lui qui avait construit cette maison et donné les nobles lettres à son nom qu'il lui avait transmis. Que dirait-il ? Assis dans son bureau ou dans l'immense bibliothèque, entouré de parchemins, de cartes, d'inventions plus ou moins scientifiques pour en savoir toujours plus sur le monde et sur ce que l'église refusait de voir. Peut-être qu'en fin de compte cet homme cultivé, curieux et ouvert aurait sourit.

Le grand salon était baigné d'une douce chaleur à présent. Stromb sortit de ses pensées et se leva, découvrit quelques banquettes et fauteuils confortables, prêts à accueillir ses amis, et sortit de la maison. Il remonta l'allée à travers le jardin endormir, et le froid l'enveloppa à nouveau.

Arrivé au portail, il se figea en découvrant la plaque de la maison qui avait cédé, tombée à ses pieds. Ainsi cette plaque, apposée à la construction de la maison, sonnait bel et bien de départ définitif de la famille qu'elle avait vu naître et grandir. Stromb s'accroupit et ramassa la plaque qui était anormalement abîmée, rongée par le froid et le temps, la rouille et la mousse. Son nom était gravé dessus, le même nom que portait la demeure, un nom quasiment illisible désormais. Son regard trahissait un bouleversement que son silence voulait masquer. Une page était en train de se tourner, et même la maison semblait l'avoir compris.

Stromb se redressa et pris quelques secondes pour reprendre contenance. Il s'approcha de la charrette, faisant disparaître la plaque dans sa besace, et entrepris de réveiller tout le monde.


Eleena, Eremon, Smooth... Kaths ? Elle est où... Arf, elle est roulée en boule dans un coin... Matou... Les enfants... réveillez-vous, on est arrivé, il fait chaud à l'intérieur.

Sa voix était calme, posée, volontairement neutre. Il s'appliquait à ne rien faire ressortir de l'émotion qu'il vivait à ce moment là. Il pris dans ses bras Luna qui ronchonnait et Antoine qui dormait à point fermé. Tandis que les autres se réveillaient avec plus ou moins de grâce, il repris le chemin de la maison pour mettre les plus jeunes au chaud.

Dans son regard dansaient encore les flammes de l'âtre du salon. Et elles ne le quitteraient pas jusqu'au départ...

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Matouminou


Enfin, ils étaient arrivés! La route avait été longue, et même s'ils avaient fait une petite pause à Montpellier, Matou ressentait la fatigue de ces longues nuits à voyager.

Et puis, au fond d'elle elle était inquiète pour Stromb. Le retour à Villefranche n'était ni plus, ni moins qu'un adieu. Il avait pris sa décision depuis déjà un moment, il ne voulait plus vivre en Rouergue. La première étape avait été de vendre ses champs, la seconde serait de détruire sa taverne, la dernière serait de refermer à jamais la vieille maison, cette maison qui avait été le fief de sa famille et plus particulièrement de son grand-père.
Elle n'avait pas connu le vieil homme, mais lorsque Stromb lui en avait un peu parlé, elle avait bien compris, même si stromb était resté évasif sur lui, combien il avait compté et il comptait encore pour lui.

Et Matou en avait les larmes aux yeux, car cette maison, même si elle n'en gardait que des souvenirs récents, elle l'avait immédiatement aimée, dès ce jour où elle l'avait vu se découper dans son écrin de verdure, et où elle en avait franchi la porte, suivant Stromb, se souvenant de l'immense sourire et de la fierté qu'il avait eu à la lui faire découvrir.
Il lui avait raconté l'histoire de chaque pièce... le bureau de son grand père et où il adorait s'installer pour écrire ses courriers ou lire ou encore prendre un peu de repos...la bibliothèque avec ses centaines de livres à la couverture de cuir, bien rangés sur des étagères...la pièce qui avait fait briller les yeux de Mahaut et qui contenait une série d'objets en relation avec l'astronomie, passion de la fillette... et chaque chambre, décorée avec soin, celle qui avait le plus impressionnée Matou étant la chambre de Stromb , enfant.
Émue, elle avait regardé chaque jouet en bois, imaginant son Volcan, petit et sans aucun doute plein de malice et débordant d'énergie quant à l'invention de jeux où se mêlaient, sûrement, pirates, soldats, et quelques héros grecs sans oublier les princesses, car, elle ne doutait pas que même enfant, Stromb avait du faire battre le coeur de quelques petites camarades de jeux. Il suffisait de croiser son regard, de voir son sourire espiègle....oh oui Matou l'imaginait bien, tantôt chef, tantôt brigand au grand coeur, tantôt gladiateur....Et, sans difficulté, elle savait aussi qu'il avait mis son imagination au service de nombreuses bêtises.

Matou avait rajouté sa touche, changé quelques tentures, disposé parfois quelques meubles autrement, notamment dans le salon...demandant l'avis de Stromb à chaque fois. Elle pensait qu'il était heureux de voir que la vieille dame, nom qu'ils aimaient donner affectueusement à la grande maison, avait immédiatement adopté celle qui quelques mois plus tard était devenue son épouse.

Ainsi était-elle plongée dans ses songeries, les yeux mi-clos, et elle sursauta quand la charrette s'arrêta devant la maison du 8 Barri Mesteiral. Elle aurait voulu s'étirer mais Luna s'était roulée en boule contre elle. Aussi, avec précaution et une infinie douceur, elle déplaça la fillette puis remit sur elle la couverture qui avait glissé. Luna ne se réveilla pas, tant elle dormait profondément. Elle jeta un oeil vers Antoine, endormi dans les bras de Suzon et chuchota à cette dernière:


- Reste avec eux....inutile de les réveiller, Stromb doit ouvrir la maison....je vais voir s'il a besoin d'aide...

Pour autant, Matou savait que son époux n'avait besoin que d'un peu de solitude pour rerouver sa maison. Il aurait fallu qu'elle soit aveugle pour ne pas savoir combien ça lui était dur de la quitter. Il n'était pas homme à montrer ouvertement ce qu'il ressentait. Même en public, il optait souvent pour une certaine froideur. Sauf vis-à vis d'elle, où il était incapable de ne pas lui tendre les bras pour qu'elle viennent s'y blottir, en revanche, il attendait toujours qu'ils soient seuls pour lui dire ces mots pleins de douceur qu'elle aimait tant entendre.
Oui son Volcan était bourru, oui, il pouvait même passer pour un rustre, mais elle savait combien il était sensible dès lors qu'il s'agissait d'elle et des enfants. Il taisait ses peines, parfois dans de grosses colères. Elle le laissait exploser, avec l'impétuosité de son caractère, sachant qu'il n'y avait rien à faire dans de tels moments, si ce n'est laisser passer l'orage. Puis, elle lui apportait toute sa douceur afin qu'il se calme...et ça marchait! Étrange couple qu'ils formaient, le feu et la brise légère, l'impétuosité et la douceur, tout en contraste...mais tellement complémentaires!

Elle attendit donc un moment, humant les odeurs d'un printemps encore un peu timide mais qui avait su reléguer aux oubliette l'hiver. Elle fit quelques pas, histoire de se déourdir les jambes.
Quelques oiseaux chantaient, volant deci, delà. Certains transportaient des brindilles dans leur bec, signe incontestable que la saison des amours allait bientôt commencer et qu'il fallait les abriter dans un nid qu'ils étaient en train de construire.
Au loin, un chien aboya, un autre, immédiatement lui répondit. Le coq d'une ferme voisin, peu-être pour n pas être en reste, se mit à chanter, s'égosillant presque pour sortir un "cocorico" puissant. Matou sourit, imaginant que le message devait être quelque chose comme "réveillez vous bande de paresseux! il est temps de vous bouger...le soleil brille!!!"

Elle regarda autour d'elle, la végétation s'était épanouie, le long des jardins de magnifiques amandiers étaient en fleurs. Un peu plus loin, elle aperçut des forsythias d'un jaune éclatant.
Le clocher de l'église sonna, mais elle se perdit dans le nombre de coups. Elle revint sur ses pas, s'arrêta au niveau de la deuxième charrette, écouta...aucun bruit. Eremon, Eleena et leurs deux enfants devaient encore dormir. Il devait en être de même pour Kaths.
Elle eut une pensée pour Smooths et Ado, restées à Rodez, mais qui ne tarderaient pas à les rejoindre.

Finalement, tandis qu'elle se dirigeait vers le portail laissé entrouvert, elle vit son Volcan revenir . Au niveau du portail, il ramassa quelque chose qu'elle ne put identifier et qu'il regarda avant de l'enfouir dans sa besace. Il s'avança vers les charrettes et interpella tout le monde.
Elle sut combien l'épreuve était difficile au bouleversement qu'elle pouvait lire dans son regard. Pourtant, il offrait un visage impassible, mais s'il pouvait tromper les autres, elle, il n'y parviendrait pas.

Il prit Luna et Antoine dans ses bras. Quant à elle, elle prit leurs besaces et le suivit.
Le long de l'allée, elle put se rendre compte que la végétation avait repris ses droits, les mauvaises herbes avaient envahi ce qui, au printemps dernier avait accueilli de jolis parterre de fleurs. Cette fois-ci, la nature avait gagné.

Elle grimpa les quelques marches qui menaient à la porte d'entrée qu'elle franchit non sans une certaine émotion, et laissa dans le hall leurs affaires. Il régnait dans la maison une odeur de renfermé, ce qui était normal.

Elle attendit qu'il recouche, sur les banquettes qu'il avait débarrassées de leur drap de protection, les petits. Alors, elle s'approcha de lui. Elle enfouit sa main dans la sienne, espérant lui insufler un peu de réconfort, comme il l'avait fait quand elle avait quitté le phare quelques semaines auparavant.

Seul le bruit du crépitement du feu se faisait entendre. Tout était calme en ce petit matin. Aristote savait combien Matou pouvait être bavarde, mais dans les moments importants et pleins d'émotion, elle savait se taire.
Elle ne dit donc mot, debout, à côté de Stromb, toujours sa main dans la sienne, son corps touchant le sien, sa tête légèrement posée sur son épaule.
Kaths
Kaths sursauta... des hurlements l'avaient réveillé et son premier instinct fut, après avoir repoussé
le petit schtroumpht de matou qui s'était endormi
dans ses bras la veille, de se durcir la nuque, prête à donner du coup de boule à qui mieux............


STROMB, C'EST TOI QUI HURLE ? tu es malade, tout le monde dort...

Son regard hagard fit le tour du tout le monde et vit matou qui était aussi
réveillée, aussi secoua t'elle le sosie de stromb en miniature, qui bien
sur imita son père et hurla, légèrement mécontent...


Bon, le grognon, tu vas aider ta mère, je dors encore un peu, je travailleeeeee
moi, je suis fatiguée, allez gamin, bouge


Dans un dernier élan, elle poussa le gosse du pied et se rendormit.
Stromboli
Le soleil avait pointé son nez tôt ce matin là. Stromb s'était levé avec les poules, profitant dès la première journée de leur retour à entamer le déménagement. C'est qu'il y avait fort à faire... La maison regorgeait de choses qu'il fallait emballer, protéger, charger dans la charrette, démonter parfois, plier, tasser... De longues journées en perspective, tout comme cela avait le cas avec le phare à Fécamp.

Stromb avait motivé tout le monde. Les hommes sur les choses lourdes et encombrantes, les femmes sur le reste. Chacun avançait, et petit à petit la maison se vidait, alourdissant les charrettes solidement apprêtées.

Aux alentours de midi, alors que tous savouraient un déjeuner bien mérité, Stromb avait avalé rapidement un morceau de pain et s'était éclipsé en ville. Il avait traversé le bourg tranquille pour arriver devant une enseigne qui avait porte close. Les rideaux tirés, le bâtiment se dressait pourtant fièrement face au village. L'endroit, discret, était surmonté d'une enseigne :



La Chatte sur un Toît Brûlant


Autrefois réputé et très fréquenté, l'établissement avait été laissé à l'abandon lors des voyages sans fin de Stromb. La taverne, vidée, n'attirait plus que les couples désireux d'avoir un peu d'intimité, si tant est qu'il y en ait encore à Vf... Stromb regrettait cette époque. Aujourd'hui cette taverne était un problème. Pas un problème pour lui, mais pour le comté visiblement, qui avait décidé de pourrir la vie de Stromb à cause de taxes professionnelles qu'il ne payait pas. Stromb avait toujours eu horreur de jeter l'argent par les fenêtres. C'était pourtant la spécialité du Rouergue. Et maintenant, il était en procès car il refusait de payer une taxe qui ne servait à personne...

Stromb laissa s'échapper un soupire. Non pas un soupire triste. Mais un soupire las, agacé de constater autant de médiocrité, de bassesse chez les hommes. Stromb avait décidé de déménager depuis des semaines, il avait aussi décidé de détruire cette taverne à laquelle il tenait. Il ne paierait jamais ces taxes ridicules c'était une certitude, mais au moins les dettes ne continueraient pas de s'entasser.

Alors il pénétra à l'intérieur de l'établissement et fit un tour rapide. Mobilier, fûts vides, vaisselle... Il n'y avait rien à récupérer. La seule chose qu'il tenait à garder, c'était ce petit écriteau sur lequel était inscrit le nom de la taverne. Il la décrocha et posa dessus un regard morne. Quel gâchis. L'écriteau disparut bien vite dans sa besace et Stromb se redressa les manches. A l'intérieur, la petite cheminée semblait morte, de glace. Stromb s'évertua à déblayer les vieux débris de bûches cramées, les morceaux de verres... Pour y faire place nette. Quelques bûches toutes neuves, et quelques minutes après, un feu s'élevait doucement dans l'âtre.

Quelle manie, le feu. Il n'avait rien de viking pourtant, absolument rien. Et pourtant... Une bûche enflammée à la main, il enflamma les rideau, calme et sûr de lui. Quelques bâtons enflammés jetés dans la charpente firent crépiter la paille et le bois au dessus de la tête. Le buffet et le bar subirent la caresse torturée de la bûche dont les flammes venaient engloutir chaque centimètre carré. Le bois s'étirait grossièrement sous le contact du feu, comme en proie à un spasme d'infini douleur. Stromb lâcha sa bûche à ses pieds, presque toute consumée. La fumée avait envahit la pièce, les flammes dégageaient une chaleur mêlée effluves de bière et de quelque chose de plus profond. C'était l'odeur du bon temps que Stromb respirait. Un temps révolu, qui avait eu des funérailles de viking.

Il toussait, et il finit par s'en rendre compte. La fumée, acre, s'était infiltrée dans sa bouche, ses poumons. Son sang battait dans sa tête. La porte était quasiment invisible dans l'opacité de la fumée, et Stromb fit quelques pas en avant avant de la trouver, à tâtons. Il la poussa et jaillit au grand air, s'éloignant de quelques pas. Ses jambes plièrent et il se retrouva à terre, le visage mâchuré, les cheveux quelques peu roussis par le feu, les vêtements noircis. Il en avait cure. Son regard se posa sur la taverne qui se consumait. Durant plusieurs minutes, elle brûla, insensible aux cris des rares habitants qui avaient remarqué les flammes. Le toît finit par s'effondrer dans un nuage de débris et de poussière. Ce qu'il restait de la Chatte, c'était un tas de bois qui finissait de se consumer à présent.

Stromb avait la nausée. Il se releva doucement et tourna les talons. Dans son regard, dansaient les dernières flammes qui avaient avalé sa taverne et tout les moments inoubliables qu'ils y avaient passé.

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Stromboli
Les jours s'égrainaient, filant comme l'éclair, ne laissant que guère le temps de savourer ce cours séjour à Vf. Ils y étaient venu pour déménager, pensant faire les choses vite et bien, et voilà que finalement ils seraient tentés de prendre d'avantage leur temps... allez savoir pourquoi.

Stromb était d'humeur changeante. Depuis qu'il avait appris la décision du comté de le compter comme un scélérat, il ne décolérait pas. Pourtant, son sourire revenait lorsqu'il se baladait en ville ou encore lorsqu'il passait quelques moments avec ses enfants dans la maison. Luna s'en souviendrait, c'était certain. Mais Antoine était bien jeune, trop jeune pour garder des souvenirs de ce lieu. Stromb le déplorait.

Le reste du temps, il se consacrait pleinement au déménagement. Le plus gros avait été chargé. Mais Stromb avait dû ressortir les plans, car il savait que quelques lieux plus cachés contenaient encore des trésors qu'il ne fallait oublier sous aucun prétexte. Il arrivait encore à être étonné en découvrant une planque qu'il ne connaissait pas, des objets qu'il n'avait jamais vu.. Incroyable comme cette maison, 25 ans après, arrivait toujours à l'étonner. Stromb ne ménageait pas ses efforts et chaque surprise découverte ici et là faisaient naître en lui une curiosité comme il n'en avait plus ressenti depuis longtemps.

Cela faisait des semaines qu'ils planifiaient une nouvelle vie, le rêve était désormais tout proche. Depuis le temps qu'il devait quitter le Rouergue, il avait maintenant hâte de s'installer dans son nouveau chez lui. La mer, le soleil, les amis, une belle et grande maison... Que demander de plus ? Un de leur projet les plus important allait bientôt voir le jour, et Stromb en était ravi.

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Matouminou


Chaque ville, même celle que l'on va quitter, est belle sous le soleil. Villfranche n'échappait pas à cette règle. Et Matou essayait autant que possible de se parer de cette insouciance dont elle était habituellement coutumière. Etre ainsi l'aidait en principe, mais là, elle avait du mal.
Elle voyait Stromb trier, mettre avec soin, objet après objet, sa maison dans les malles qui ne cessaient de s'amonceler. Il faudrait plusieurs charrettes pour tout déménager. Mais, ils avaient l'habitude.

Et elle, que faisait-elle au milieu de tout ça? Elle voyait Stromb sourire, mais ses yeux ne souriaient pas. Elle s'inquiétait pour lui, elle aurait aimé lui apportait encore plus de réconfort. Elle le voyait passer du temps avec les enfants, et elle souriait de les voir si complices, Luna et Antoine lui ressemblaient tellement, des miniatures du volcan.

Elle avait fait ses malles, il n'y en avait pas tant que ça, des vêtements qu'elle avait laissés à la fin de l'été dernier, pour éviter de voyager trop charger.

Elle se tenait au courant du procès dont Stromb faisait l'objet. cachant son inquiétude, il était menacé de prison, pour ne pas avoir payé les taxes de la taverne et pour couronner le tout, il avait reçu un pigeon dont le contenu était un vrai abus de pouvoir, lui signifiant que d'ici la moitié du mois d'avril, il serait considéré comme personne non désiré en Rouergue.
Elle avait serré les poings en entendant cela, Stromb était relégué au rang de brigand, de voleur, et cela, elle ne l'acceptait pas.
Dans ces moments, elle savait qu'il n'avait cure d'entendre ce qu'elle en pensait, elle savait que sous son air calme, il bouillait littéralement. Et tel un bûcher qui ne demandait qu'à s'embraser, il ne fallait plus qu'une étincelle.
Alors elle le laissait vaquer à ses occupations, jouer avec les enfants qui l'apaisaient sans doute mieux qu'elle n'aurait pu le faire dans ces instants.
Avec Suzon, elle avait rangé la cuisine, les nombreux ustensiles de cuivre avaient pris place dans une grande malle. Seul ce qui était nécessaire pour préparer les repas, restait encore à la disposition de Suzon. On ne mettait plus les petits plats dans les grands plats mais c'était tout aussi convivial et personne ne s'en plaignait.

Ce jour là, elle s'était un peu confiée à sa fidèle servante qui, depuis le temps, était devenue une confidente, un amie. Suzon était une tombe, et rien de ce que Matou pouvait lui confier ne serait répété, Matou le savait.

- Je suis inquiète tu sais, Stromb est si près de moi, mais si loin aussi, cette histoire le met hors de lui, mais il se retient...j'ai peur du jour il explosera....

Suzon se voulut rassurante:

- Ne vous faites donc pas autant de souci, vous le connaissez...

Hochement de la tête de la Dame, oh oui, elle le connaissait.

- J'avoue que je suis vraiment stupéfaite d'une telle décision du Comte....tu sais que je le connais cet homme...C'est un ancien normand...

Elle poursuivit, perdu dans ses souvenirs:

Je l'ai croisé quelquefois en Normandie. Je ne connais pas grand chose de lui, si ce n'est qu'il n'était pas apprécié plus que cela. Et je sais une chose, à chaque fois que le nom de Twa corby était prononcé en Normandie, les gens qui l'avaient côtoyé faisait la grimace.
Et maintenant, voilà qu'il a fait sa place en Rouergue...


Elle se mordit la lèvre et regarda Suzon:

- ça sonne désagréablement arriviste, je trouve...il est vrai qu'en Normandie, c'était plutôt mal parti pour lui!
J'ai le souvenir d'un homme qui maniait le verbe avec poésie...là, franchement, il a perdu de sa superbe...mais c'est vrai que troubadour et Comte, ça ne va pas bien ensemble...


En disant cela, elle s'aperçut qu'elle lui aurait bien dit ses quatre vérités à cet ersatz de Comte. Mais hors de question de tout mélanger. de plus, elle savait que Stromb n'apprécierait pas ce genre d'intrusion dans une affaire le concernant, même si elle était sa femme et qu'il aimait avoir son avis.
Elle soupira:


Tu vois Suzon, je déteste ces personnes qui se cachent derrière des pseudos lois...et qui croient être grand dirigeant...enfin du moins d'en donner l'illusion....
Tout le monde sait que ces taxes sont parfaitement inutiles....

Ils n'ont rien trouver de mieux à se mettre sous la dent pour se donner l'impression d'excercer un quelconque pouvoir ?


Suzon ne répondit rien, elle connaisait la sensibilité de la Dame de Guilberville. Elle savait qu'elle avait besoin de déballer ce qu'elle avait sur le coeur. Il y avait la fatigue de ces dernières semaines de voyage, ce second déménagement et ce que vivait le Seigneur Stromboli. Elle savait aussi que lorsqu'on touchait le"volcan", on touchait son épouse. Elle secoua doucment la tête, sa maitresse prenait sans doute trop les choses à coeur. elle se leva, alla prendre un plat recouvert d'un linge propre qu'elle enleva avec précaution.

- et bien, moi, je dis une chose, quand on en a gros sur le coeur, rien de tel qu'une bonne part de tarte aux pommes...avec....

Elle prit un air mystérieux puis fit un grand sourire:

- ...avec une cuillère de crême fraiche....

Les yeux de Matou s'illuminèrent:

- Tu as l'art et la manière de me réconforter...donne m'en une bonne part...après tout, au diable les formes...et moi, c'est deux cuillères de crême fraiche que je mets!!

Elle pouffa.
Stromboli
Les jours avaient passé.

Le déménagement était quasi terminé maintenant. Il ne resterait plus qu'à régler les dernières affaires, au dernier moment.

Une dernière journée à Vf... Stromb comptait bien en profiter

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Matouminou


La maison se vidait doucement mais sûrement. Elle avait fait un tri sérieux dans ses vêtements et avait décidé de se séparer d'une floppée de houppelandes, de jupes et de chemises dont la plupart étaient soit usagées, couleurs passées, dentelles éffilochées...soit trop démodées ou encore parce que finalement, elle avait enfin compris le sens du mot "voyager léger". Aussi curieux que cela puisse paraitre, cela ne fut pas un crêve coeur de s'en débarrasser. Trop de choses lui avaient crevé le coeur, dans sa vie, pour qu'elle sache remettre à sa juste place une histoire de vêtements. D'autre part, les nonnes, chez qui elle était allée déposer tout ceci, lui avaient assuré que cela ferait des heureux dans une population plus défavorisée.
Alors c'est avec une fierté non dissimulée qu'elle avait anoncé à son époux qu'en ce qui la concernait, elle n'avait qu'une seule malle, elle avait ajouté en souriant:


- Et tiens toi bien, une seule malle pour les vêtements des enfants et les miens....

Ce dernier avait hoché la tête, sans dire un mot. Il est vrai que la garde- robe de Matou était un détail dans l'immensité de cette maison regorgeant de meubles à la belle facture, d'objets ayant chacun une histoire liée à un voyage, à un voyageur, à une situation particulière.

Elle regarda autour d'elle, il y avait encore quelques petits meubles, des tapis et tapisseries roulés, en attente de trouver une place dans une des nombreuses charrettes qui formeraient le convoi les ramenant vers la ville où Stromb déposerait tout cela.

Dehors, elle entendait Luna et Antoine s'amuser et rire sous la bonne garde de Suzon, qui, un ouvrage de broderie à la main, s'était installée pour aussi profiter du soleil de plus en plus chaud au fur et à mesure qu'on s'avançait dans le printemps.

Elle poussa quelques caisses en bois, dans lesquelles Stomb avait soigneusement déposé des objets qui ne craignaient pas la casse, puis décida de rejoindre Suzon. Elle avait besoin de se poser un peu, et de sentir la douce chaleur du soleil sur son visage blanc, digne d'une normande .

C'est en sortant qu'elle entendit les pleurs d'Antoine. Elle fronça les sourcils, que se passait-il encore? elle hâta le pas vers l'arrière du jardin et la scène qu'elle découvrit lui fit battre un peu plus fort le coeur. Elle put sans grande dificulté reconstituer la scène: voyant que Suzon s'était assoupie, Luna et Antoine en avaient profité pour s'éloigner et atteindre un grand tilleul contre lequel une échelle en bois avait été oubliée. La suite n'était pas difficile à deviner, Antoine avait dû vouloir monter, Luna l'avait aidé, et maintenant, il était assis, ses petits bras agrippés au tronc de l'arbre, ses jambes se balançant dans le vide et la frayeur de ne pouvoir redescendre avait eu raison du petit garçon intrépide.
Luna perchée sur l'échelle tentait de le rassurer en vain.

Matou s'approcha en soupirant. Qu'avait-elle fait à Aristote pour avoir des enfants aussi turbulents? Depuis qu'Antoine marchait et cela remontait à quelques mois, il ne cessait de se mettre dans des situations délicates. Loin d'en tirer des leçons, intrépide, têtu, il allait jusqu'au bout de ses bêtises. Luna, qui n'était pas en reste, se retrouvait bien souvent complice quand elle n'en était pas l'investigatrice.

Lorsque les deux enfants la virent, un sourire de soulagement éclaira leurs visages....Dieu qu'ils ressemblaient à Stromb, c'était frappant.
Elle leur sourit ne voulant pas effrayer Antoine qui aurait pu lâcher son tronc jusque là salvateur, et lui tendit les bras afin qu'il quitte cet arbre. Pour elle la hauteur de la branche n'était pas un souci, pour les enfants, cela représentait une belle hauteur.
Le petit garçon se laissa glisser dans ses bras et spontanément, comme s'il pensait éviter une réprimande, il se lova contre elle.

Luna préparait déjà sa défense en piaillant:


- Maman, faut que je t'explique, il a voulu absolument imiter le singe et il a couru vers l'arbre et il a commencé à escalader l'échelle....moi, j'ai pas eu le temps de lui dire non...

Matou posa Antoine par terre, et demanda perplexe:

- Le singe??? qu'est ce que c'est que cette histoire?

Antoine, le visage barbouillée de larmes, hocha la tête avec véhémence:

- vi....le sinze...papa....

Matou écarquilla les yeux, ne comprenant pas tout, mais déjà Luna donnait des explication, voyant son air perplexe.

- Papa nous a raconté qu'il y avait des animaux qui vivaient très loin...pas en Normandie, parce que là bas il y a que des vaches et pas ici non plus, parce qu'ici y'a des moutons et que les moutons ça grimpe pas aux arbres....tu comprends?

Hésitation de Matou, hochement de tête:

- euh oui, oui...et il font quoi ces ...singes?

La fillette la regarda, genre "pffffffff, faut que t'explique tout"

- Ben ils grimpent et sautent d'arbre en arbre...Et avec mon frère, on s'est dit que...

A ce moment Luna se mordit la lèvre, se rendant compte qu'elle venait d'avouer qu'elle n'était pas étrangère à cette nouvelle bêtise.

- 'fin...euh...Antoine m'a dit "ze veux faire le sinze"

Elle avait pris une voix de bébé afin d'imiter Antoine. A ce moment précis, Matou se retint de rire, cela aurait enlevé toute crédibilité à ce qu'elle allait dire après. De nouveau, elle hocha la tête et lâcha:

- Je comprends...en effet, c'est très interessant de vouloir faire comme les singes....mais je me pose une question....

Les deux enfants, sans doute se disant que le spectre de la punition s'éloignait, la regardaient un peu soulagés, attendant la suite.

- hum....donc, j'aimerais savoir si ces singes...enfin les bébés singes...

Regard noir vers Antoine qui se colla à sa soeur pour l'occasion, sentant que ça n'allait pas bien se terminer.

- ...s'ils finissaient en pleurant accrochés à un tronc d'arbre?

Luna secoua la tête, haussa les épaules, serrant la main de son petit frère, elle aussi consciente que l'intérêt de leur mère pour leur aventure, n'était pas bon signe. Elle tenta:

- Ben...papa, il a pas fini l'histoire!!!

Matou se pencha vers eux et avec une voix sévère leur dit:

- C'est la dernière fois que vous faites ça!! Qu'avez vous en tête tous les deux? Antoine, tu te casses assez la figure comme ça sur un sol plat, pourquoi faire encore plus compliqué? Quant à toi, Luna, tu sais que c'est dangereux...surtout quand il n'y a pas un grand pour vous aider...
Bon, et bien, vous serez privés de ce délicieux dessert qu'a confectionné Suzon...tiens d'ailleurs Suzon...


Elle les regarda:

- Suivez moi, et je ne veux rien entendre!!

L'espace d'un instant, l'image de Antoine et Luna, tombant de l'arbre, passa devant ses yeux, elle frémit.
Suzon avait émergé de sa torpeur. Matou lui fit aussi des remontrances, elle ne pouvait laisser passer cela.
Elle conduisit les deux enfants dans leur chambre:


- Il y a encore trop de désordre, rangez vos jouets dans cette malle, nous partons bientôt! Tous les jouets qui ne seront pas bien rangés resteront ici!!

Ils acquiéscèrent, sachant que c'était sans appel et Matou les laissa, en bougonnant:


- Je t'en fich'rais moi des singes qui sautent d'arbre en arbre....
Stromboli
Et voilà, le jour du départ était arrivé.

Après quelques jours de déménagement, tout était enfin prêt à partir, rangé et ficelé avec soin sur le convoi sans fin des charrettes. C'est qu'il y avait des choses dans cette maison... Stromb avait profité au maximum de ce lieu qu'il chérissait, ses souvenir étaient et resteraient là, qu'il transmettrait à ses enfants.

Jamais il ne l'avait vue vide. La maison soudain, paraissait immense, démesurée. Mais son âme n'était plus là. Comme écorchée à vif.

Alors il avait fait un dernier tour, dans chaque pièce, afin de s'assurer qu'ils n'avaient oublié. Et aussi et surtout, afin de revoir chacun de ses endroits tels qu'il les avaient vus au fil du temps. Il regrettait à présent de n'avoir pas passé d'avantage de temps ici, ces dernières années.

Après un ultime tour, il descendit les marches des grands escaliers, et ferma tour à tour les volets. Il effectuait ce geste mécanique pour la dernière fois. Pourtant, pour ce dernier adieu, la maison était loin d'être froide. Les mains dans les poches, Stromb s'approcha de l'âtre dans lequel brûlait un feu déchaîné. Les yeux perdus dans le vague, il fixait les flammes qui se reflétaient dans le noir de son regard. La der des der...

Lorsque Stromb ferma de façon définitive la lourde porte d'entrée, le silence régnait dans la nuit noire. Les charrettes étaient sagement alignées, prêtes au départ, muettes. Tout le monde était là.

Il longea l'allée du jardin et ferma une dernière fois le vieux portail grinçant derrière lui. Son regard se posa la bâtisse, troublé, rempli d'une multitude de sentiments qui n'attendaient que de s'exprimer avec violence. La villa, volets clos, avalée par la nuit, semblait s'être éteinte. Elle avait poussé son dernier soupire.

Un observateur attentif aurait pu voir s'échapper de minces filets de fumée par les ouvertures. Stromb lui, ne voulait pas les voir, ne voulait pas voir la suite. Il tourna les talons et donna l'ordre à Didier, sur la charrette de tête, de démarrer. Le convoi se mit doucement en branle, déchirant à peine le silence pesant autour d'eaux. Stromb ferma la marche, à pieds, fidèle à lui même.

Ils quittèrent le quartier et déjà un épais nuage de fumée s'élevait dans le ciel derrière eux. Stromb fit une halte rapide au bureau du cadastre, désert, pour rayer son nom et celui de sa famille sur le registre poussiéreux du village. Sa main ne tremblait pas, mais la plume troua le papier tant il avait appuyé.

Il leur fallu peu de temps pour franchir pour la dernière fois les remparts de la ville, direction Rodez. La fumée au dessus du village était inquiétante, opaque, un incendie ravageur semblait avoir pris. Stromb lança un dernier regard sur ce spectacle, sur sa ville en éternelle agonie, sur le nuage de fumée qui n'était autre que les cendres de sa maison qui s'envolaient... Et il su désormais qu'il n'était plus rouergat.

Il tourna le dos à la ville et se remit en marche. Au loin, un roulement terrible déchira la nuit, et un fracas du tonnerre parvint à ses oreilles. Sans se retourner, il continua. Il savait.

La vieille dame n'était plus. Adieu VF.

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