Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP] Maudite Aphrodite !

Axelle
En robe de deuil et sous ton chapeau sombre
Où lui la tache de lune de tes cheveux,
Demeure avec moi sans lumières, si tu veux
Enchanter mon amour saturnien de l'ombre.

Je ne te vois que lorsque s'en vont tes contours
Absorbés par le clair-obscur propice
Où, seul, un coin de bouche accuse un maléfice
Railleur, sous ton profil comme au temps des Cours,

Où tes yeux bleus troublés qui toujours fuient la gêne
Du morose grand jour me fixent enfin,
Pleins de la vérité de leur vice sans fin
Triste et grand comme un rêve et sans honte ni haine...

Ainsi, tu seras le premier spectre du soir,
Et je posséderai cette imprécise dame,
Noire parmi des lys respirés sans les voir, -
En un baiser muet plus profond qu'une lame.

Lucie Delarue-Mardrus Ombre



Rosa… Tout n’était que chaleur et délices au creux de ce ventre dont l’incongruité s’évaporait au rythme des soupirs de la Rousse, envoutant le sang gitan sans que la brune ne puisse, ou ne veuille, lutter. Le velours de la peau blanche n’était que refuge lénifiant quand dehors, la tempête faisait rage. Trêve, escale, tocade égoïste ou chavirement irrémédiable ? Axelle ne se posait plus même la question à l’ombre de leur étreinte scandaleuse où tout semblait si limpide. Et pourtant…

Qu’importait.

Subjuguées par ce gout tenace à ses lèvres chavirées, les tempes brunes n’admettaient aucun questionnement, aucune hésitation, aucune réflexion malgré l’équilibre vacillant invitant au vertige. Qu’elle se perde. Qu’elle tombe. Ses yeux resteront fermés sur les risques, la cataracte trop toxique pour songer à y échapper. Qui était fautif ? Le corps additif de son amante ? L’embrasement dévastateur de sa vie depuis quelques jours auquel elle ne savait faire face ? Recroquevillée dans un soulagement inopiné, la Gitane fermait des yeux pourtant déjà aveugles. Qu’importait si elle devait s’en mordre les doigts. Elle le ferrait, à coup sûr, elle le savait. Les élans du cœur n’étaient que douleurs et déchirements. Pourtant, malgré le regard posé sur cette porte qui la protègeait de tourments pour mieux la livrer à d’autres, le noir de ses prunelles se raccrocha à la langueur des courbes de nacre, et la bouche fautive sourit, d’un de ces sourires rares, dénué de prudence, dépouillé de sarcasmes. L’Ambre s’allongea aux cotés de l’Ivoire, l’enlaçant de ses bras, enfouissant son nez au parfum de ses boucles rousses, les caresses fusèrent, empreintes d’une tendresse déjà trop ambiguë pour ne pas être coupable. La Rose à griffer, le Coquelicot s’épanouit sous les paupières lourdes d'un sommeil volé à l’arraché.


Tu as ma peau, j’suis écorchée vive.

La Gitane s’endormit, enfin, rescapée d’un jour pour mieux se noyer le lendemain.

Ainsi soit-il.

_________________

* Traduction du romani: Je te dis voici la route, voilà les épines ; toi, marche comme tu sais.
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)