Axelle_f.
*Arthur Rimbaud
Un sale coup. Un coup mal placé et la seule évidence de sa vie sétait vue remise en cause. La peinture.
Oh, bien sûr, elle pouvait peindre, encore, sinon il y aurait eu fort à parier que ce soit sous les roues dune chariote ou au fond dun lac quelle aurait sans mal trouvé la solution à son problème, et non pas sur les chemins du Royaume. Néanmoins, elle devait à présent compter les heures passées à colorer ses toiles pour ménager ses yeux affaiblis et éviter les migraines qui lassaillaient dès quelle leur imposait trop defforts. Si elle pouvait se résigner à cette frustration latente et imposée, une évidence avait rapidement émergée. La peinture serait dorénavant insuffisante pour la faire vivre décemment. Une autre activité simposait.
Laquelle ? Où ? Elle nen avait aucune idée, raison pour laquelle elle sétait éloignée de la capitale, prétextant un besoin de se dégourdir les jambes quelques temps, en bonne gitane quelle était, cachant les raisons véritables de cette escapade. Cachant cette vue tortionnaire et vacillante à tous sauf à un.
Aussi depuis son départ de Paris, elle enchainait les escortes et quelques menus travaux dans les champs. Rien pourtant qui ne soit assez constructif pour lui permettre de sassurer un avenir décent. Elle en était même à envisager rentrer sur Paris et sabaisser simplement à demander de laide quand lannonce claqua devant son nez telle une aubaine.
Le prince de Clichy recherchait des bateleurs.
La gitane était malgré son manque évident de coquetterie bel et bien femme quand la préférence allait aux hommes et si un tambourin bringuebalait à la bandoulière de sa besace, elle était danseuse et non musicienne. Mais quelle diablerie aurait pu la dissuader de tenter sa chance ? Aucune. Surtout quand lannonce émanait de lui. Lui quelle avait rencontré, des mois et des mois auparavant durant le siège de Dijon. Lui qui lavait intriguée, silencieux pour mieux faire résonner la justesse et la magnanimité de ses propos. Patient pour mieux saisir son auditoire de son humour fin et facétieux, tout teinté dune pointe dironie dosée pour ne jamais blesser gratuitement. Lui qui, malgré ses titres et ses fonctions les plus hautes, avait accompagné ses saluts dun sourire discret mais toujours présent. Lui qui, de la simple puissance de sa présence, avait demblée inspiré un profond respect à la Bestiole. Et elle, pourtant farouchement indépendante, navait besoin de rien dautre pour envisager se mettre au service de quelquun. Raison pour laquelle, devant le vélin vierge sa plume était fébrile, car tant elle pouvait insouciante, tant ce défit là, elle refusait de le perdre.
Un sale coup. Un coup mal placé et la seule évidence de sa vie sétait vue remise en cause. La peinture.
Oh, bien sûr, elle pouvait peindre, encore, sinon il y aurait eu fort à parier que ce soit sous les roues dune chariote ou au fond dun lac quelle aurait sans mal trouvé la solution à son problème, et non pas sur les chemins du Royaume. Néanmoins, elle devait à présent compter les heures passées à colorer ses toiles pour ménager ses yeux affaiblis et éviter les migraines qui lassaillaient dès quelle leur imposait trop defforts. Si elle pouvait se résigner à cette frustration latente et imposée, une évidence avait rapidement émergée. La peinture serait dorénavant insuffisante pour la faire vivre décemment. Une autre activité simposait.
Laquelle ? Où ? Elle nen avait aucune idée, raison pour laquelle elle sétait éloignée de la capitale, prétextant un besoin de se dégourdir les jambes quelques temps, en bonne gitane quelle était, cachant les raisons véritables de cette escapade. Cachant cette vue tortionnaire et vacillante à tous sauf à un.
Aussi depuis son départ de Paris, elle enchainait les escortes et quelques menus travaux dans les champs. Rien pourtant qui ne soit assez constructif pour lui permettre de sassurer un avenir décent. Elle en était même à envisager rentrer sur Paris et sabaisser simplement à demander de laide quand lannonce claqua devant son nez telle une aubaine.
Le prince de Clichy recherchait des bateleurs.
La gitane était malgré son manque évident de coquetterie bel et bien femme quand la préférence allait aux hommes et si un tambourin bringuebalait à la bandoulière de sa besace, elle était danseuse et non musicienne. Mais quelle diablerie aurait pu la dissuader de tenter sa chance ? Aucune. Surtout quand lannonce émanait de lui. Lui quelle avait rencontré, des mois et des mois auparavant durant le siège de Dijon. Lui qui lavait intriguée, silencieux pour mieux faire résonner la justesse et la magnanimité de ses propos. Patient pour mieux saisir son auditoire de son humour fin et facétieux, tout teinté dune pointe dironie dosée pour ne jamais blesser gratuitement. Lui qui, malgré ses titres et ses fonctions les plus hautes, avait accompagné ses saluts dun sourire discret mais toujours présent. Lui qui, de la simple puissance de sa présence, avait demblée inspiré un profond respect à la Bestiole. Et elle, pourtant farouchement indépendante, navait besoin de rien dautre pour envisager se mettre au service de quelquun. Raison pour laquelle, devant le vélin vierge sa plume était fébrile, car tant elle pouvait insouciante, tant ce défit là, elle refusait de le perdre.
Citation:
A son Altesse Sancte Iohannes von Frayner, Prince de Clichy, Comte du Lavaur, Seigneur de Labastide San Peyre, de Bressols, d'Eyrignac, de Donvalier, de Varennes les Narcys & de Castelloubon.
DAxelle Felryn.
Jsais pas si vous vous souviendrez dmoi. Moi, jme souviens dvous, quand jvous ai rencontré, là bas, à Dijon, alors qula guerre faisait rage. Si vous me remettez, jespère quvous noterez les progrès que jai faits en matière dconnaissances héraldiques. Enfin, si tant est qufinalement je nai pas fait dbévues sur la façon que jdois vous appeler. Faut dire que cest rudement ardu de se souvenir de tout ça.
Bref, vous devez avoir bien mieux à faire que dlire mon autocongratulation davoir réussi cet exploit inespéré.
Jen viens aux faits, donc, qui font que jsorte ma prose.
Voilà, mes pérégrinations mont conduite jusquen Guyenne où qujai pu prendre connaissance dvotre envie de vous entourer de bateleurs. Jvais pas mentir, jsuis meilleure danseuse que musicienne, mais jai un tambour sur cadre. En même temps, je ne risque pas les fausses notes avec ce genre dinstrument. Pis surtout, vot projet, ben y plait rudement, alors si jpouvais en être jserai rudement contente pis pas peu fière.
Jsuis pas très douée pour vendre mes mérites, jpeux juste vous dire qusi jsuis prête à suivre vos pas, moi quaime tant mon indépendance, cest qumon engagement cpas du chiqué.
Si ma proposition est susceptible dvous convenir, jsuis toute prête à revenir au plus vite en Guyenne.
Bien à vous.
A.F.
A son Altesse Sancte Iohannes von Frayner, Prince de Clichy, Comte du Lavaur, Seigneur de Labastide San Peyre, de Bressols, d'Eyrignac, de Donvalier, de Varennes les Narcys & de Castelloubon.
DAxelle Felryn.
Jsais pas si vous vous souviendrez dmoi. Moi, jme souviens dvous, quand jvous ai rencontré, là bas, à Dijon, alors qula guerre faisait rage. Si vous me remettez, jespère quvous noterez les progrès que jai faits en matière dconnaissances héraldiques. Enfin, si tant est qufinalement je nai pas fait dbévues sur la façon que jdois vous appeler. Faut dire que cest rudement ardu de se souvenir de tout ça.
Bref, vous devez avoir bien mieux à faire que dlire mon autocongratulation davoir réussi cet exploit inespéré.
Jen viens aux faits, donc, qui font que jsorte ma prose.
Voilà, mes pérégrinations mont conduite jusquen Guyenne où qujai pu prendre connaissance dvotre envie de vous entourer de bateleurs. Jvais pas mentir, jsuis meilleure danseuse que musicienne, mais jai un tambour sur cadre. En même temps, je ne risque pas les fausses notes avec ce genre dinstrument. Pis surtout, vot projet, ben y plait rudement, alors si jpouvais en être jserai rudement contente pis pas peu fière.
Jsuis pas très douée pour vendre mes mérites, jpeux juste vous dire qusi jsuis prête à suivre vos pas, moi quaime tant mon indépendance, cest qumon engagement cpas du chiqué.
Si ma proposition est susceptible dvous convenir, jsuis toute prête à revenir au plus vite en Guyenne.
Bien à vous.
A.F.