Papy mange la soupe, elle attend sortant quelques noix, jouant avec...
Evidement elle ne rend pas compte qu'il a vraiment l'air endimanché avec son present...
Le col brillait elle a trouvé cela zoli et pis voilà...
C'est vrai qu'au premier geste, pour peu qu'il l'enfile ca craquera, adieu le beau mantel, il resistera pas. Miette voit avec les yeux de son age.
Le Circulus est à l'heure de la famille, bruit de repas, pris en silence, comme dans bien d ' autres familles, sauf que le lieu change et les intervenants.
Meme au creux des Enfers les liens existent, comme quoi...
La Frulg est là, crane que l' on respectera plus que le corps, cloué sur la porte de ce qui fut sa taverne...Papy decoupe quelques lamelles et la Miette redoute, qu'il y en ai une pour elle...
Mais non tout va à l'ecuelle fumante...
Si elle aime faire le mal avec un naturel inquietant et si ces jeux sont bizarres, manger des cranes elle ne pourra pas, c 'est trop caca!!
Miette est noire ca oui, pensées aux abimes insondables, qui peut savoir ce que cache l'ange apparent, l'obscur de l'esprit et la violence en latence.
Elle grandira oui, elle tuera certainement, mais à sa manière, à coups silencieux, en traitre, l'epée elle en usera, oui sitot que ses bras le pourront...
Mais preferera toujours le poison, l'arme du silence, implacable et sans trace , comme sa mere avant elle...
C'est un peu une malédiction, un savoir, un trait de famille...Sauf que des fois l'eleve...
Dejà elle s'entraine à la fronde, ciblant rats, chatons et à l'ocassion les marmots de là haut , douée la mome...
Ce n 'est pas le gout du sang et de la chair qu 'elle a, c 'est celui du mal...
Sitot commis le larcin dejà ne se preoccupe plus de rien, ni remords, ni regrets, à croire que nulle conscience ne l'habite...
La mome observe le vieux, lui elle l'aime trop et des fois elle voudrait pas, parce que, quand il partira, elle sait bien que ca fera vide...
L'aura plus d'histoires, les cranes seront tout seuls, p'tet meme qu'elle pleurera pour de vrai cette fois...
Elle sera la dernière à porter la faucille...Race en disparition, pour une ligne si prestigieuse, grands guerriers, grandes empoisonneuses...Voués à Nestrecha depuis l'aube des temps...
Mais pour l'instant ca va, il est là, mangeant sans suspicion le plat apporté, il a meme presque fini, la gamine fait rouler les noix dans ses paumes, jouets anodins, à defaut de poupée. Dans ses poches les feuilles qui guerissent et qu'elle reconnait à l'odeur, aux couleurs quelque soit la saison, elle trouve toujours, inné la reconnaissance de ce qui est bon ou pas...
Champignons, plantes, herbes, baies, le nez sait, Maman a appris et le reste se devine, c 'est dans le sang...L'instinct...
Il a fini, elle lui montre sa menotte et lui dit, chuchotant, car aussi elle aime le silence...
Ti sais que le Mossieur du manteau z'ai donné les noix...Il avait dit vilaine à moi...Pas gentil, voulait pas donner, alors z'ai tout pris...
Sort les feuilles les lui montre aussi...Meme si ca fait bien et peur aux autres, les blessures, elle sait qu'il faut les soigner...
Ti dois mettre ça dessus ton oreille, apres ca coule plus, je sais moi...Dis...apres tu racontes une histoire à Miette ?
Journée bien chargée, l'oeil est plombé, la Place des Martyres ca sera pas, pour de suite...Une pause, un repit. Miette a cinq ans et au vu du programme, les paupieres crient reddition...
S'installe comme les chatons qu'elle ramene, en boule, il fait bon ici, les cranes dorment et la Frulg est morte, le riche aussi, son coeur est allegé...
L'enfant qui sommeille parfois derriere la façade et l'infernale gamine reculant devant la mechanceté peut reparaitre, elle attend...