Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2   >>

[RP ouvert] Le port de La Rochelle.

Zephyre
Des pas. Une pirouette. Repart dans l'autre sens. Et arpente.
La machine à penser est en pleine action. Tandis qu'elle laisse ses amies deviser dans la salle principale de l'auberge, à l'étage, au lieu de se reposer, la Ventée se triture le cerveau, lui faisant vivre un enfer. Parfois... elle s'arrête, net. Comme enfermée dans sa bulle, son univers, elle n'entend plus le brouhaha qui a mugit toute la soirée, telle une houle portée par des bruits de voix étouffés, des rires lointains, des éclats ternis qui sombrent dans le néant provenant de la foule devenue silencieuse à mesure que la nuit s'est installée. De fait, son esprit était ailleurs tout ce temps là, revivant encore et encore, se déroulant toujours plus, les scènes vécues le matin même sur le port. Elle n'a de cesse de se poser des questions et de répéter à mi-voix


"Et si..... ?!"


[Tôt ce jour-là, sur les quais]


"Vos gueules les mouettes !"

Quel habitant des bords de mer ne se piquera pas un jour de s'exclamer cela au vu du vacarme assourdissant que ces volatiles aussi gros que des dindes volantes répandent par delà les mers, accoutumés qu'ils sont de la présence humaine, dévoreurs de tout et de n'importe quoi, aux chiures aussi puantes que salissantes et qui se manifestent à grands renforts de cris jacassants ?!
Pourtant, et malgré les nuisances qu'ils provoquent et qu'elle a voulu fuir, ce matin-là, c'est ce spectacle que la Ventée est venue retrouver dès son entrée en ville. Oui. Car un envol de mouettes, c'est aussi le présage du retour au port des navires partis dans la nuit au large pour aller pêcher. Et voir les frêles esquifs autant que les grands voiliers débarquer dans la rade au lever du jour a toujours été un plaisir sans bornes pour celle qui vécu si longtemps dans une, des ville(s) portuaire(s).

C'est donc flânant le long des berges puis gagnant à pas mesurés les quais qu'elle va, s'approchant des navires tour à tour, devisant avec quelques membres d'équipages, souriant aux plaisanteries oiseuses houleuses autant que vaseuses que lui font quelques marins, la confondant -ou pas- avec les filles qui garnissent les tavernes des ports. Tout ceci l'amuse, la replongeant dans ses souvenirs bordelais, rochelais et .. autres...
Le port s'anime de plus en plus : les grouillots se hâtent de transmettre les ordres de leurs maîtres à peine les amarres larguées et les cordages arrimés aux bites d'amarrage ; les cargaisons se chargent ou se déchargent, se croisent pour le moins, changeant de mains en même temps que des bourses plus ou moins garnies.
Parfois des cris, rarement des coups, quelques lames brillent occasionnellement par un rai de soleil levant qui les caresse au moment où leur propriétaire les extirpe de leur fourreau, histoire de rappeler qu'un contrat est un contrat, ou à effet dissuasif d'un éventuel fraudeur.
Bref, la vie portuaire dans toute sa splendeur quoi.
Mais ce matin là, le bruit coutumier enfle de quelque chose de différent. Les gens se pressent, s'attroupent, s'agglutinent même en un point donné.
S'échappe du lieu vers lequel elle s'approche à son tour une sorte de bousculade d'où fusent des "mais laissez le respirer bon Dieu!" "vous croyez qu'il est possédé ?" "il va mourir ?" "trouvez un médecin viiiite !!!"

Alors elle joue des coudes, interroge. Curieuse la Ventée, oui, comme tout le monde, ça lui arrive.

Que se passe-t-il ici ?

Bah ma p'tite Dame, z'êtes pô du cru vous pour poser d'pareilles questions !

Elle hésita à contester mais l'explication serait tombée dans l'oreille d'un sourd, autant enchaîner.

Pourquoi un médecin ?

C'est t'y pô qu'le pauv' gars qu'il a attrapé dans son filet une de ces raies qui vous mettent aussi à plat qu'elles ! Une grosse !!! Que ça f'sait longtemps qu'on n'en n'avait vue d'aussi noire et énorme. L'a pris une telle châtaigne qu'il en a le corps encore tout tremblotant. J'suis sûre qu'avec un coup pareil, un mort l'aurait pu s'mettre à marcher !

Elle remercia d'un sourire affable le marin qui retourna à sa besogne. Esquivant quelques personnes elle parvint à se faufiler jusqu'à se retrouver près du corps commotionné, étendu là sur le ponton d'embarquement, un soigneur accroupi près de lui, des soubresauts réflexes le secouant un peu encore. Il vivra. Même s'il a eu chaud.
La vision la laisse pantoise, presque ébaudie, comme captivée par la situation.
La foule finit par se dissiper, plus rien d'intéressant à voir : le type n'a pas crevé.
Le rythme frénétique reprend son cours, les odeurs se répandent, l'air saturé de sel et de poiscailles envahit les narines jusqu'à l'écoeurement. Et pourtant, elle ne sent plus rien. La donzelle est juste... fascinée.
Elle demande alentour quelle espèce de poisson est capable d'un tel prodige. On lui désignera d'un haussement d'épaules méprisant suivi d'un bras tendu agacé vers la direction d'un fil tendu où pend une étrange bestiole, mise à sécher à grand peine par les pêcheurs s'étant efforcés de ne pas entrer en contact avec l'animal comme leur coéquipier.
La Brune restera là un long moment. Très long moment. Elle posera tout un tas de questions sur où il se pêche, et comment, et si c'est dangereux et la taille, et si on en trouve facilement.... Pourquoi ? Une idée, totalement saugrenue, vient de germer dans sa tête aérée.
Plus tard dans la journée, elle ira s'enquérir du pêcheur. Certes un peu plus intéressée que par la seule préoccupation de sa santé au type.

Le port, qu'elle laissera derrière elle, finira par mourir dans un fondu silencieux. Seule perdurera dans sa tête cette phrase, que les passants ne pourront comprendre à voir ses lèvres s'agiter pour la murmurer, la prenant peut-être pour moitié folle à l'observer ainsi soliloquer en déambulant au hasard des ruelles, étant plus perdue dans les méandres de ses pensées que des artères de cette ville qu'elle connaît si bien, et récitant comme une incantation en ritournelle

Un mort aurait pu se mettre à marcher...



_________________
See the RP information <<   <   1, 2   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)