Valyria Ah la Provence, son soleil, ses grillons, ses gens à laccent incompréhensible, sa guerre et
Ses soirées sans fin. Sous ta tente qui fait aussi office de lieu de culte de la troupe, donc qui nest visitée que par elle- la Chapelaine se morfond. Assise sur un tapis, à même le sol, elle grommelle en Breton, désireuse de retrouver un semblant de confort.
Elle na pas bonne mine, la Chapelaine. Si dévidence ses finances se sont améliorées depuis quelle est dans le giron de la Princesse et de son époux -, là, elle nen mène pas large. Foutue guerre. Pourquoi foutue guerre ? Car les gens pleurent, perdent leurs proches quils aiment très très fort, et il y a du sang et en plus cest sale ? Non car elle se trimballe des « troubles digestifs » et quils passent leur vie sur la route. Comment être de bonne humeur, comme ne pas être pâle comme la mort quand on crève la dalle mais que manger est un risque incommensurable pour sa dignité ?
Ronchonne. Se lève. Et passe la tête à lextérieur de la tente. Que faire ? Aller tuer des grillons ? Ca commence à lagacer ça aussi les grillons. Ca a son charme, au départ. Le vent de Bretagne lui manque. La pluie lui manque. Même la boue Bretonne est plus sexy que la boue Provençale. Son regard se tourne vers lautel de pacotille. Même prier lennuie. Autant aller tuer des grillons, ça passera le temps.
Ni une ni deux, elle natte à nouveau ses cheveux bruns, se tapote un peu les joues pour avoir lair plus fraiche et entoure ses épaules dun châle. Le campement est relativement calme et le jour décline. Austère comme une porte de prison elle se faufile entre les gens et les piquets. Dans approximativement quinze minutes ils seront certainement tous saouls, ça va lénerver donc autant séloigner du camp.
La brune avise alors un arbre et
Une silhouette familière. Un grand homme par la taille ne nous méprenons pas surmonté dune tête frisée. Frisette ! Cest presque un sourire que lon croirait voir sur son visage. Voilà loccupation de la soirée, enquiquiner Ó Mórdha. Pour conserver sa dignité et effacer le sourire mesquin qui sest dessiné sur son visage, elle se met à penser à des choses très tristes, comme le fait quils pourraient rester en Provence jusquà la fin de leurs jours, et savance en silence vers lIrlandais.
- Votre pose serait presque poétique.
Sans la bouteille. Coucou, je suis contente de te voir ! Elle se décide à poser son séant sur le sol encore une fois -, resserrant le châle sur son buste car faut pas oublier quelle a des troubles digestifs et quil va bientôt faire frais. Le nez se fronce.
- Vous permettez que je me joigne à vous. Cest déjà fait. Comment allez-vous, Chevalier ? Remplissez-vous votre âme de prières comme vous remplissez votre ventre de malt ?
Valyria Baron.
La voila qui hausse un sourcil. Il joue à ça avec elle ? Oui Baron mais vous parlez à une représentante du Très-Haut, du Seigneur sur Terre, alors votre titre matériel face à ma vie spirituelle hein vous savez ce que jen pense ? Jen pense que
Mais le Baron, dans sa verve toujours si fleurie, interrompt son flot de pensées qui allait se transformer en flot de mots du même genre. Christos sur sa Croix
Lattaque frontale faite à sa fierté est suivie dun ricanement et même les choses très tristes pensées quelques instants plus tôt ne font plus effet. Pourtant cest très triste de penser vivre en Provence.
- Tant que ça ? Christos sur sa Croix et vous pensez vous éteindre ? Je pense que cest plutôt à vous de parler à votre confesseur alors
Baron.
Elle sinstalle un peu plus confortablement et joint ses mains. Le médaillon dAristote est bien en avant sur sa tenue, seul bijoux de son austère apparence. Lattitude clownesque de Frisette est loin de lui donner lenvie de déguerpir. Décidément les hommes ne comprennent rien aux femmes, et encore moins aux Chapelaines.
- Mais merci de vous inquiéter de mon état. Je déteste la Provence et la vie de vagabonds que nous menons qui ne permet aucune rigueur et met à mal la Foi par l'inconstance des journées. Mais malgré tout, sachez que je me porte comme un charme.
Elle marque un temps de pause en souriant. C'est vrai que maintenant ça va un peu mieux, la perspective d'un âme à guider (punir) et tout repart comme sur ces roulettes. Elle jette un oeil sur l'Irlandais. Et du bout de sa poulaine lui donne un léger coup sur le mollet. Oh! Du nerf! La brune veut s'amuser ce soir.
- Vous pourriez vous redresser. Est-ce le mariage qui vous rend si abattu? Ou lidée de la paternité ? Etes-vous comblé?
Valyria Elle ouvre des yeux ronds comme des soucoupes, et rougirait presque de colère. Nan mais
Lui faire du pied pour le mener sous sa tente ? Ah Finn, Finn la modestie, Finn lhomme simple qui pense être une attraction vivante pour elle, Chapelaine, très certainement frigide de son état. Il dépasse les limites. Qu'il soit saoul elle s'en fiche, qu'elle ne soit pas la compagnie rêvée pour un homme saoul elle s'en fiche aussi. Elle est là pour représenter Dieu sur terre bon sang - oui si peu-.
On peut lui parler de tout. Elle est Chapelaine, elle est habituée à entendre des horreurs en confessions, des choses très surprenantes quelle ne pensait pas possible de la part dun être humain. Et sur ce dernier sujet d'ailleurs, les gens de Quiberon savèrent être surprenants et créatifs, à l'image de leurs Seigneurs dirons-nous. Mais par contre on ne parle pas dhistoires de galipettes, pas trop, et ENCORE MOINS si on linclut, elle, dans lhistoire. Le visage de fronce donc de colère, elle se redresse et toise de toute sa hauteur le Baron.
- Dieu est partout, il est ici, là-bas et soyez certain quIl vous regarde. Il est même sous ma tente et figurez-vous qu'en tant que confesseur jaimerais vous y voir plus souvent : cela serait un signe de préoccupation pour votre âme, ce qui semble être le dernier de vos soucis.
Elle attrape le malt des mains de lIrlandais.
- Ca, cette horreur puante semble bien plus vous préoccuper que lidée de brûler en enfer.
La boisson dans son camps, elle la planque derrière son dos, hors de portée des mains peu certaines de Frisette, et continue de le regarder en mode pas contente. Petit impertinent.
- Car si vous ne vous préoccupez pas de votre âme vous allez brûler en enfer, Baron. Et si vous ne vous en préoccupez VRAIMENT PAS votre progéniture en souffrira. Voulez-vous que le courroux du Très-Haut à votre égard se répercute sur lui ? Elle marque une pause, sentant le bon filon pour ficher la trouille à son mouton égaré. Voulez-vous avoir un fils avec un bras ? Une seule jambe ? Un il en moins ? Une fille chauve ou à barbe? Ou une fille chauve ET à barbe? Un héritier avec l'accent laccent Provençal ?
Bam, la dernière menace qui fait flipper.
- Si non, oui vous pouvez vous confesser, je vous écoute, vous semblez en avoir besoin. Pensez à votre âme, et au courroux du Très-Haut, et à votre descendance.
Valyria Si il continue comme ça, lépée quil lui a siiii gentiment offerte va trouver son utilité. Ne pensez pas quelle veut le tuer, non. Ca cest mal, tuer son prochain. Amis se tuer elle-même
Un petit peu de drama queen, au crépuscule, sous un arbre, paf, elle se plante lépée dans le cur car elle na pas réussi à vraiment montrer le droit chemin à son mouton égaré
Ca cest sur, elle est loin du compte. Le voilà qui engueule le Seigneur, lui reprochant tout bonnement davoir enlevé sa sur. Doù on reproche, doù on accuse le Seigneur ? Il a vraiment pas tout compris
- Cétait très charitable à vous de lavoir laissée dormir dans votre cave. Jimagine que cest le confort qui la faite fuir, elle devait se sentir mal à laise face à un tel sens de laccueil.
Faut pas déconner non plus.
Peut-être a-t-elle trépassé mais cest pas une raison, bordel de merde. Jai jamais eu à faire ce choix, mais jai lu quon pouvait faire celui de revenir, une fois devant le grand taulier.
Les sourcils se haussent, surprise la frigide. Il y aurait-il là une lueur despoir ? Y aurait-il là quelque chose quil a retenu de toutes leurs discussions ? Y aurait-il là une sorte de croyance, despoir de sa part en la religion ? Ca alors !
- Le Très-Haut peut ne pas ouvrir les portes de son monde Céleste, en effet.
Elle se redresse un peu, garde lalcool toujours planqué de son côté et commence à parler dun ton docte, genre madame-je-sais-tout.
- Le fait est que le Très-Haut peut vous offrir les portes de son Paradis Solaire, ou tout nest que Bonheur, mais il peut aussi vous refuser et vous diriger vers lEnfer Lunaire ou je vous assure, même un coquele
Un brave Chevalier comme vous, naimeriez pas être. Pour aller dans le premier il faut avoir mené une vie exemplaire, pour le second, il faut avoir mené une vie à lopposé de lexemplaire. Si vous continuer à reprocher au Seigneur la disparition de votre sur, vous vous approchez plus du second. Et ils sauront comment vous rendre malheureux, là-bas.
Il faut leffrayer. Devrait-elle en mettre des caisses, genre les petits diablotins rouges vont vous couper les parties Baron ? Non, pas immédiatement.
- Par contre le Très-Haut peut juger que ce nest pas votre heure. Et comment juge-t-il ceci ? Les voies du Seigneur sont impénétrables. Toutes fois, on peut imaginer quil a dautres plans, pour la personne en question.
Allez, on donne un peu despoir pour la surette qui sest fait la malle. Même si elle aurait tendance à la comprendre: le frère un tantinet rustre, la belle-soeur enceinte et prise de pulsions meurtrières, l'Alix-Ann ado et la Chapelaine véreuse... C'est pas des fréquentations qui font rêver les jeunes filles en fleurs.
- Une fois à votre jugement, pensez aller au Paradis Solaire ou à lEnfer Lunaire ? Ou alors pensez-vous avoir loccasion de faire un choix ?
Valyria Aurai-je droit à un avocat, ce jour-là ? Vous, peut-être ?
Le regard glisse vers lIrlandais. Si elle nétait pas Chapelaine la question aurait pu se poser. Sans être Chapelaine aurait-elle voulu sauver lâme dun macho à légo très trop- développé ? Certainement pas. Or, elle est Chapelaine donc
- Moccuper des âmes perdues est ma vocation.
Donc oui, elle le défendra le jour venu. Ne serait-ce que pour se dédommager du temps passé à lécouter parler de galipettes ou à se penser plus fort que son mec à elle, Dieu. Et puis sur un autre registre lIrlandais savait se montrer attachant, parfois, et elle aimait à penser quil était juste un peu beaucoup benêt sur certaines choses. Manque de spiritualité, voilà.
- Je vous défendrais ce jour-là, et prierais aussi fort que je le peux.
Ça pourrait presque être une déclaration damour venant. Presque, le moment devenait tout cheesy et
À vous de me dire : pensez-vous que le Seigneur ait dautres projets pour moi ? Ses voies me sont impénétrables mais probablement le sont-elles moins pour vous, Chapelaine.
Et il lui balance une nouvelle énormité. Bon cette fois-ci plutôt à sa faveur, le bougre la pense tellement balèze quil pense quelle a ne serait-ce quune once didée des plans du Grand Créateur. Elle se redresse, flairant là lamusement et les écus.
- Bien sûr quil a dautres projets. Mais je ne vous le dirais pas
Je ne peux divulguer les dessins de notre Créateur car si Il me les a confiés cest pour vous mener sur le chemin, vous découvrirez par vous-même
Le ton se fait vaguement mystérieux, conspirateur, toujours avec son air mi-caillou, mi-coincée, sur le visage. Penser à des choses tristes, penser à des choses tristes
- Appelons ça
Le Grand Projet du Trèfle.
Tataaaaam! Elle se tait, et prend une profonde inspiration.
- Le Grand Projet du Trèfle pourrait même être lié à votre descendance à venir. Le Très-Haut voit beaucoup plus loin que nos simples vies. Elles ne sont pas misérables si nous Laimons mais elles sont infimes à léchelle de Ses actions. Qui sait quels plans notre Seigneur a pour votre enfant
Prendre un air un peu rêveur puis regarder à nouveau lIrlandais dans les yeux, histoire de voir sil mord à lappât.
- Enfin, avant ça, avant de savoir, avant davoir une idée, avant que je ne vous guide sur le chemin, il faut dabord que vous soyez un bon Aristotélicien. Etes-vous prêt à être un bon Aristotélicien ? Pour de bon je veux dire.