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[RP ]Quand la vie est poésie ... ou pas

--Zoe
L'endroit était feutré. Ici et là, des coupelles de terres dans lesquelles elle pourrait déposer des huiles essentielles pour rependre des odeurs tantôt fleuries, tantôt fruitées.

Des pupitres sur lesquels étaient déposés des morceaux de parchemins vierges.

Des canapés de velours pourpre devant lesquelles étaient installées des petites tables basses qui accueilleraient boissons, envoutantes ou non, et douceurs sucrées des quatre coins du monde.

C'était une face cachée de sa maitresse. Le plaisir de l'écriture et de certaines lectures. Autant, entendre un homme lui susurrait des poèmes romantiques au creux de l'oreille avait plutôt tendance à l'insupporter, autant écrire ou lire quelques vers, quels qu'ils soient, était quelque chose qu'elle appréciait. Un rare moment où, en effet, on pouvait aisément s'imaginer que la Charlotine avait basculé dans le monde coloré des bisounours. Il n'en était rien. Mais ça l'amusait que certains puissent le penser, qu'ils se fassent une fausse opinion d'elle et se persuadent qu'ils la connaissaient mieux qu'elle ne se connaissait elle même.

C'est vrai que parfois, elle l'agaçait mais elle l'aimait bien quand même sa maitresse. Elle avait fait préparer le lieu exactement comme elle le lui avait décrit. A son retour, elle serait fière du travail qu'elle avait accompli. Son atelier de poésie serait ouvert pour elle d'abord, parce qu'elle avait un côté très égoïste, mais pour les autres aussi "ceux qui auront envie de passer la porte" m'avait elle dit. Comme si au fond, ce n'était pas le plus important, les autres, si elle, faisait quelque chose qui lui plaisait.

C'est alors qu'elle ouvrit les boites contenant déjà quelques parchemins écris de sa main. Elle les mis à disposition pour la lecture.




Promesse

Une rose est fanée
Une autre va éclore
Du jardin enchanté
Ne partez pas encore.

Pour voir fleurir le lilas
Dans toute sa splendeur
Nous dirigeons nos pas
Pour en respirer l'odeur.

Les violettes sont bien cachées
Nous saurons bien les découvrir
Nous annonçant le mois de mai
Plus tard le muguet va fleurir.

Tout au long des saisons
Tant de beauté à voir
Tout autant de raisons
Pour conserver l'espoir.


Charlotine D.


Voilà. Tout était prêt. Le panneau installé, la porte ouverte.




Entrez dans l'antre de la poésie
Un moment de lecture
Un moment d'écriture
La porte vous est ouverte
--Zoe
Depuis la route, Charlotine fit parvenir un nouveau parchemin à Zoé. Avec le paquet, quelques lignes pour lui raconter son voyage, ses rencontres et pour lui demander une attention particulière pour le poème qui l'accompagnait. C'est son père qui l'avait écrit, et ses quelques textes avaient été son seul héritage.

Ravie de savoir sa maitresse sur le retour, Zoé déposa le parchemin à la lecture, comme promis.




J'ai encore au fond d'un tiroir
Quelques poèmes à revoir
De doux et touchants souvenirs
Ou bien des projets d'avenir!

Réunis en un petit recueil
Vous le lirez dans un fauteuil
Ces heures que j'ai vécu
Je vous en donne un aperçu.

En famille quand on se réunit
Ou quelques lignes pour des amis
Le rappel de ces réunions
Pleines de joie, ou d'émotion.

Je le dédie à mes enfants
Comme un bouquet odorant
Rempli d'amour et de tendresse
Comme souvenir je leur laisse

A. D.
Charlotine
Enfin, elle pouvait venir profiter du petit atelier que Zoé avait préparé pour elle. Elle l'avait d'ailleurs conviée à la rejoindre afin de prendre le thé ensembles.

Ce n'était pas qu'elle aimait particulièrement ces moments entre femmes mais Zoé lui avait beaucoup rendu service ces derniers temps, et c'était la moindre des choses. Et puis, elle restait sa confidente, même si elles n'étaient pas toujours d'accord sur tout.

Sans compter qu'elle avait décidé de lui rendre sa liberté. Plus de dame de compagnie. Elle en avait fini avec les palais et autres châteaux. Une vie qu'elle ne regrettait pas mais qu'elle avait définitivement mise de côté. Il n'y avait rien d'excitant en Provence de ce côté là. Le faste et le luxe n'était pas l'égal de ce qu'elle avait pu connaître ailleurs. Et elle ne souhaitait plus partir, du moins, si ça devait être le cas, elle espérait que ce serait pour autre chose.

Alors Zoé n'avait plus de raison de subir ses quatres volontés. Et elle la savait presque placée ailleurs donc elle n'avait pas l'impression de la mettre à la rue pour autant.

En l'attendant, elle se plongea dans ses pensées. Elles n'étaient plus autant confuses que ces dernières semaines même si beaucoup d'ombres persistaient à ses questions. Et tout en se perdant dans ses songes, elle gribouillait les prémices d'un nouveau poème sur un bout de parchemin.

_________________
Charlotine
La nuit avait fait son apparition depuis un moment déjà. Zoé n'était toujours pas arrivée et elle le savait, elle ne viendrait pas. La ponctualité était de loin sa plus grande qualité.
Le pire c'est qu'elle en était l'unique responsable. C'est elle qui lui avait conseillée de rejoindre ses nouveaux maitres pour pouvoir se rapprocher d'Albert en connaissant pertinemment leurs convictions. Mais au fond d'elle, elle pensait que ça ne les empêcherait pas de se voir, de se parler

Elle perdait là une des rares personnes en qui elle avait totalement confiance, une de ses rares, pour ne pas dire "unique" confidente. Elle avait apprit à ne jamais trop se dévoiler. C'était dangereux car on ne pouvait jamais prédire des gens. C'est d'ailleurs comme ça qu'elle s'était forgée, quitte à donner parfois l'impression d'être sans cœur.

Pourtant, un cœur, elle en avait un, et il était bien rempli. Elle avait sans nul doute de l'amour et de l’amitié à revendre, le tout étant, de ne pas se tromper. Et à trop vouloir se préserver des déceptions en tout genre, elle avait fini par se forger une carapace.

Ces derniers temps, elle avait laisser quelqu'un la fissurer, un peu, et avait même accepté, contre tout attente, l'idée qu'il arrive à la briser, complètement. Ce nouvel évènement ne fit que ressasser doutes et souvenirs. La vie était elle donc fait uniquement de déception?

L'ouverture discrète de la porte de son atelier la sortie de ses pensées. Une jeune fille se tenait devant elle, une lettre à la main. Elle l'avait déjà croisée, une connaissance de Zoé. Sans mot dire, elle prit le pli qu'elle lui tendait et la remercia avant de fermer la porte derrière elle, retournant au passage la pancarte. La vie est poésie, oui, mais de quelle vie parle t on?

A ce moment là, le froid la saisie, et elle réalisa que la cheminée était presque éteinte. Elle fit un aller retour dans sa maison, qui était accolée, réalimenta le feu et profita de l'occasion pour se servir un verre de vin. Reprenant place sur un des boudoirs, elle ouvrit l'enveloppe et en attaqua la lecture

Son contenu était clair. Si Zoé ne manquait pas d'estime pour son ancienne maitresse, si elle soutenait certains de ses choix, il n'en restait pas moins qu'elle ne pouvait se permettre de la suivre sur le nouveau chemin qu'elle avait choisi. Elle ne voulait pas prendre le risque de se faire renvoyer de son nouveau travail, et par la même, de faire renvoyer Albert. Elle insistait bien sur le fait qu'elle n'était pas "elle", que malgré sa "grande gueule", elle n'avait pas sa force de caractère et qu'elle avait déjà suffisamment subi les critiques de ses détracteurs en son absence pour ne pas en supporter d'avantage.

Les choses étaient dites. Il n'y avait rien à ajouter, et surtout, aucune réponse à faire, car tel était son souhait.

C'était là, la première gifle qu'elle recevait ....

_________________
Charlotine
17 février 1461



Il est d’un passé que l’on voudrait oublier

Il est d’un présent que l’on voudrait prolonger

Il est d’un futur que l’on se prend à imaginer


La soirée précédente avait été belle. La confiance s’instaurait, les doutes s’apaisaient. Le baiser avait été doux, la chaleur de son corps si proche du sien avait été réconfortante.

Mais comme si l’humain ne savait se complaire de sa propre et triste vie, les rumeurs avaient alors commencé à naitre sans laisser au temps la possibilité de les rendre réelles. Pour une partie du moins.


La voilà affublée de tous les noms, accusées de trahison et autre acte de la pire espèce. Et étrangement ça ne lui faisait rien. Le doute avait laissé la place à une certaine sérénité. Ses questions trouvaient chaque jour un peu plus réponse. Elle connaissait à présent le chemin qu’elle devait suivre. Elle n’en avait pas peur.

Elle s’était alors rendue à Avignon pour y découvrir les décisions de la Cour Suprême à son égard. Les verdicts avaient été sans appel. Les deux plaintes lancées pour Haute Trahison avaient été jugées irrecevables. Normal se dit elle.

Elle avait alors organisé son nouvel élevage, de beaux moutons qui produiraient de la belle laine.

La journée s’annonçait belle, et elle le fut. Le soleil avait été rayonnant. Elle la finirait en lecture, assise au coin du feu. A ses pieds, l’ouvrage offert par son parrain au jour de son baptême. Dans ses mains, le livre des vertus originel. Elle avait fini par le lire en entier et se demandait si elle ne devait pas lire l’autre aussi, juste pour se faire sa propre comparaison. Elle le prit dans ses mains et la journée passée à Cassis lui revint en mémoire. Le doux visage du jeune garçon aussi. Comment prendrait il les choses lui qui avait déjà tant souffert.

Elle se décida à prendre la plume pour lui écrire


Citation:
Mon cher parrain,

Voilà maintenant un moment que je suis rentrée en Provence, et je m’aperçois que je n’ai même pas prit la peine de vous écrire.

Comme se passe votre séjour au Berry ? Avez-vous pu revoir les membres de votre famille ? Et Miss ? Comment va-t-elle ? Essayez de faire en sorte qu’elle ne se noie pas dans un tonneau de bière, ce serait dommage !

Pour ma part, j’ai déménagé sur Arles. Vous allez surement vous demander pourquoi ce désir soudain de changer de ville. Les raisons sont nombreuses, et je n’aurais surement pas assez d’encre pour que ma plume vous les explique toutes. Alors je nourris le doux espoir que vous rentriez bientôt. Il faut que je vous parle. Ma vie a quelque peu changé. Je crains que des rumeurs n’arrivent à vos oreilles, infondées, et ne me laissant pas le temps de m’expliquer devant vous. Je vous le dois pourtant.

Je vous dis donc à très vite

Prenez soin de vous

Amitiés

Charlotine

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Charlotine
17 février 1461, suite

Le pigeon venait de prendre son envol. Elle hésitait à reprendre sa lecture ou à se pencher sur son prochain article, mais ses yeux se posèrent sur le petit coffre en bois déposé dans la niche du mur. Elle le caressa du bout des doigts avant de l'ouvrir. A l'intérieur, un petit bout de satin dans lequel elle avait enveloppé la croix

Léamance la lui avait remise lors de son petit passage dans les locaux de la compagnie. Elle l'entend encore lui dire "Un Ichtus s’offre par plaisir, par envie. Libre à celui qui le reçoit de le porter ou non. Ce n’est pas une croix Romaine qui se mérite par une aliénation au Pape"

Et elle lui avait passé cette petite croix en bois aussi simplement que ça.

Charlotine ne l'avait pas encore portée et ne l'avait pas non plus montrée à Vignolles vu qu'elle la gardait chez elle ... et qu'il n'était jamais entré. Et il lui fallait encore avoir cette discussion avec Arystote. Alors, elle pourrait enfin l'avoir sur elle, maintenant qu'elle était sure d'avoir emprunté le chemin qui lui convenait.

Elle le replaça là où elle l'avait prise, à coté de la mèche de Métanie qu'elle avait placée dans une petite fiole de verre. Ou comment réunir en même lieu l'objet de son avenir et celui de son passé.

Et c'est sur son article qu'elle décida de travailler finalement.

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Charlotine
De retour de la taverne, une soirée pourtant ordinaire

"La nuit paraît courte dans le plaisir, les veilles semblent longues dans la solitude"*

Elle se serait bien passée de cette discussion juste avant de rentrer. La route de la taverne jusqu'à chez elle lui avait parut plus longue que d'habitude et elle avait veillé à ne pas emprunter un chemin qu'elle aurait regretté par la suite, laissant vaine sa curiosité.

Les paroles qu'elle venait d'entendre raisonnaient encore dans sa tête et elle avait beau se forcer à penser à tout autre chose, elle n'arrivait pas à s'en défaire tant elles ressemblaient à une vérité qu'elle faisait mine de ne pas croire.
Pourtant, au plus profond d'elle, elle était convaincue qu'elle ne faisait pas fausse route, que les sentiments étaient sincères et que bientôt les actes accompagneraient les paroles passées. Il fallait juste laisser faire le temps. Un jour, elle aurait la joie d'ouvrir la porte et de découvrir son visage souriant. Pour l'instant, elle apprenait tout simplement à profiter des instants que le Très Haut leur accordait ensembles.

Une réflexion après l'autre, elle était arrivée chez elle. En ouvrant la porte de sa maison, elle espérait y trouver de la chaleur, mais il n'en fut rien. Elle n'avait rien trouvé de mieux que de laisser le foyer de la cheminée s'éteindre, laissant le froid hivernal envahir les lieux. Décidément, elle n'avait pas la tête au bon endroit en ce moment.

Alors, le temps de rallumer le feu et de se servir une tisane bien chaude, elle s'installa à son bureau. Elle devait préparer le courrier pour Waldemar, et elle n'avait que trop perdu de temps. De toute façon, ses draps devaient être bien trop froid, et elle savait qu'elle ne trouverait pas le sommeil, alors autant qu'elle reste là, au coin du feu, à faire quelque chose d'utile.





*proverbe chinois

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Lys_charlotte
[Quand Charlie devient femme]

Charlie aurait perdu le sourire ? Oui, c'est ce qu'elle entendait depuis des jours. Faut dire que les derniers évènements en Provence n'egayait pas la jeune fille, sa motivation de ses débuts arlésiens s'était estompée, ne participant plus guère à la vie politique. De sa vie personnelle, les choses n'étaient guère mieux, quittant son homme d'alors, bien qu'elle y tenait beaucoup.

Du haut de ses quinze printemps, elle aspirait déjà à l'amour avec un grand A, celui qui, en un coup d'oeil, lui ferait chavirer le coeur. Cette étincelle là, elle ne l'avait pas encore ressenti sauf ce jour où...ses yeux gris se posèrent sur ce jeune homme, blond aux yeux bleus, aussi frêle qu'elle. Leur conversation à peine entamé que déjà son coeur battait la chamade. Serai-ce cela que l'on appelle un coup de foudre ?

Elle ne voyait plus que lui, et lui..plus qu'elle, ils passaient tout leur temps libre ensemble à rire et discuter pendant des heures. Puis est venu le temps du premier baiser, à la fois doux et fougueux. Ce baiser qui produisait en elle, des réactions dont elle ne soupçonnait pas l'existence.

Ce désir ardant les avait conduit chez lui en cet bel après-midi d'hiver, où la raison n'était plus de mise, où la passion et l'insouciance de leur quinze ans s'exprimaient en un moment intime et charnel, où la jeune fille devint femme, tout simplement.

Un instant merveilleux qu'elle n'oublierait sans doute jamais, des baisers, des caresses échangée, cette osmose qu'ils partageaient ensemble la submergeaient de bonheur. Elle venait de lui donner la chose la plus importante qu'elle possédait et que personne d'autre ne pourra avoir. mais des questions...les taraudaient. C'est ainsi qu'elle décida de se rendre chez Charlotine, la seule femme a qui elle pouvait se confier, encouragé par l'inquiétude de son blondin.

Les derniers rayons de soleil berçaient le chemin, essoufflée, elle tambourina à la porte, espérant qu'elle soit seule chez elle.


M'zelle Cha' ! M'zelle Cha" ! Z'êtes là ? Je dois vous parler !

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Charlotine
"Celle là, oui ... celle là ... oui ... celle là .... ah non pas celle là, je l'aime trop .... " voilà la préoccupation du moment pour Charlotine ... faire le tri dans sa garde robe. Fini les froufrous, les robes cousues dans des tissus raffinés et brodés de fil d'or. La majorité de ses robes allaient rejoindre une vente aux enchères dont les profits iraient à un orphelinat.

Elle qui, jusque là , avait dépensé la majorité de ses écus dans ses toilettes, devait à présent les utiliser pour acheter des moutons et payer les ouvriers qui travaillaient dans ses champs. Bien sur, elle n'en restait pas moins coquette. Si la tenue ne faisait pas l'amante, elle restait convaincu que n'importe quel homme un tant soit peu censé préférait de loin dévêtir une jolie fille dans une jolie robe que dans des guenilles même si la suite dépendait bien plus de la capacité de ladite fille à savoir lui donner du plaisir que de la couleur de ladite robe.

Sur cette réflexion, elle comptait les écus qu'elle avait mis de côté car donner tout ça valait bien de se faire plaisir et Sanctus avait le mérite d'avoir des tissus qui se prêteraient sans mal à ses attentes.

Les coups donnés dans sa porte la sortirent de ses calculs, et les cris de Charlie la ramenèrent immédiatement à la réalité. Elle alla lui ouvrir.


Charlie! Quelle surprise. Oui, je suis là, rentres voyons!
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Lys_charlotte
Charlie entra dans la demeure de Charlotine, ses mains sur ses genoux, elle tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Des robes magnifiques trônaient ici et là, on se serait cru sur le marché tellement il y en avait.

Bonser m'zelle Cha', j'espère ne pas vous déranger ? Sinon j'repasse demain ! Enfin non, perque je veux pas mourir moi !

Elle s'affala sur une chaise sans attendre qu'on l'y invite, regardant Charlotine d'un air affolé, elle chercha ses mots et se lança dans un monologue aux paroles saccadées par la gêne.

Je savais pas vers qui me tournait, z'êtes la femme dont j'suis la plus proche et je sais que ce que je vais vous dire restera entre nous.

Ben voilà euh...Carlito et moi, on a..enfin on est..amoureux, vous savez. Alors on s'est embrassé et pis...
Son regard se baissait au fur et à mesure qu'elle avançait dans ses explciatins. Et pis..une chose en entrainant une autre, on a...euh..on s'est retrouvé sur sa couche, comme emporté par un tourbillon de désir, vous voyez ?

Elle inspira profondément avant de poursuivre, se posant mille et une question.

C'était la première fois pour lui comme pour moi. C'était bien, très bien même mais j'ai eu mal ! E pis je crois qu'il m'a blessé perque...Elle chuchota comme si elle avait peur que d'autres entendre alors qu'elles étaient seules j'ai vu quelques gouttes de sang et pis aussi euh...une substance bizarre...Je vais mourir ?

Ca fait toujours aussi mal ? Je vais avoir un bébé ? Perque moi j'suis trop jeune pour avoir un mioche, je sais déjà pas m'occuper de moi !

Elle finit par relever la tête plantant ses perles grises sur Charlotine, se demandant si ce genre de conversations se faisaient même entre femmes mais pour le coup, c'était trop tard, elle avait tout raconté.

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Charlotine
Elle n'avait pas eu le temps d'ouvrir la bouche. Telle une tornade Charlie était entrée chez elle, déversant un flot de paroles qui ne purent que faire sourire la brune.

L'heure était moins grave qu'il n'y paraissait et elle devait admettre être touchée que la jeune fille vienne chez elle pour se confier ainsi.

Tout en l'écoutant, elle prépara du thé. Sans doute allaient elles passer quelques heures ensembles à discuter. Quand elle eut fini, elle la regarda d'un air qui se voulait des plus rassurant


Mourir? non, rassures toi, tu ne vas pas mourir. Nous allons commencer par nous installer autour d'une bonne tasse de thé, veux tu? viens, on va aller dans mon atelier, ce sera bien plus agréable pour papoter.

La prenant par la main, elle l'emmena dans son antre, où des parchemins se baladaient partout, comme si le mistral avait prit un temps possession des lieux. Puis elle la fit assoir sur un de ses confortables boudoirs, tout en prenant place en face d'elle.

Alors comme ça tu as fait le grand saut avec ton blondinet ... c'est qu'ils faisaient des ravages ces blonds se dit elle ... tu viens de franchir un nouveau cap dans ta vie, et pas des moindres, et je suis ravie d'entendre que malgré les petits inconvénients de la "première fois", tu y ais pris du plaisir. c'est bon signe. Cela veut dire qu'il a su bien s'occuper de toi.

C'est que c'était important la première fois. Elle se souvenait encore de la sienne, et de cet homme, bien plus âgé et tellement ... attirant ... que même sans amour elle n'avait eu d'autre choix que de succomber.
Elle allait donc vite passer sur la partie "petits désagréments" pour parler de choses bien plus sérieuses.


tu sais, le sang, c'est normal, c'est .... qu'au début faut toujours un peu forcer le passage ... mais ça n'arrive que la première fois. quant à la substance bizarre, là, par contre, faut t'y habituer ... mais c'est le signe que tu as su donner du plaisir à ton partenaire. Par contre, c'est aussi le risque de tomber enceinte, mais bon, ça ne veut pas dire que tu vas automatiquement avoir un bébé demain. Regardes, je n'en ai jamais eu ... et pourtant ...

Ne pas s'étendre trop sur cette question non plus et ne pas rentrer dans le détail du comment on fait des bébés, parce que c'était franchement pas son truc!

Alors, dis moi. tu es amoureuse?
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Lys_charlotte
Elle se laissa mener jusqu'à l'atelier où elle prit place confortablement sur un boudoir bien moelleux, admirant la beauté des meubles malgré le foutoir qui y régnait. C'est qu'elle doit lui manquer sa dame de compagnie...Elle esquissa un petit sourire malgré le rouge qui lui montait aux joues au fur et à mesure que Charlotine avançait dans la discussion.

Charlie observait cette femme dont elle enviait l'élégance et l'intelligence lui parler de plaisir et pris soudain conscience qu'elle venait de lui confier quelque chose de très intime. Un sujet qui aurait pu mettre mal à l'aise les deux filles mais qui par son air rassurant, soulagea Charlie d'un gros poids.


Pfiouu donc tout est normal ? J'ai l'air idiote d'avoir paniqué comme ça...

Dans l'affolement, elle en avait oublié que le plus important était qu'elle avait fait le grand saut, par ce geste, elle était devenue femme, se donnant corps et âme à cet homme. Ses yeux pétillaient de bonheur rien qu'en pensant à lui et ses explications l'avaient bien rassurées, il ne lui avait fait que du bien.

Je suis tellement rassurée, mercé m'zelle Cha' !
C'était pas prévu que je le fasse aussi vite, j'ai pas compris comment qu'on avait fait pour en arriver là...mais je regrette pas du tout ! Perque mon blondin, il est merveilleux...Je ne me vois plus vivre sans lui. Il est le seul, l'unique homme dont j'ai envie même si on est encore que des gamins pour beaucoup, je veux tout découvrir avec lui.

Ses yeux perlés de gris se posèrent sur Charlotine, lui prenant la main, elle la porta sur son coeur, instinctivement.

Dès que je le vois, mon coeur bat la chamade, mon corps..je vous raconte même pas ! Et son sourire...Un sourire béat s'afficha sur sa frimousse, voyant Carl lui apparaitre comme s'il était présent devant elle. Elle secoua la tête et revint à elle, l'air penaud.

Si c'est ça être amoureuse, alors oui je le suis et j'espère que jamais, ce sentiment ne disparaitra.

Ca vous fait pareil à vous quand vous voyez m'sieur V ?

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Charlotine
Rien ne valait la fougue de la jeunesse, l’insouciance, ces moments où l'on se dit que rien ne peut nous arriver. Et en cet instant, Charlie en débordait et Charlotine allait bien se garder de lui dire que tout ça ne durait qu'un temps. Elle devait la laisser profiter de chaque instant au risque d'être déçue un jour.

Elle l'écoutait, amusée par ses paroles, quand la question fusa.


Ca vous fait pareil à vous quand vous voyez m'sieur V ?

Bim! pour celle qui n'aimait pas vraiment se confier et qui aimer encore moins faire état de ses sentiments, ça n'allait pas simplifier la tâche. Elle marqua un temps d'hésitation. Il n'était pas lié à un quelconque doute sur ses sentiments mais plutôt sur les paroles qu'elle allait prononcer

C'est différent!
très recherché comme réponse pensa t elle

rien n'est comparable au premier amour et même si les sentiments en eux mêmes ne sont pas différents, leur approche diffère.

Avec le temps, avec l'expérience, on se veut plus "mesuré". Mais oui, j'éprouve toujours beaucoup de joie quand je le vois et son absence me procure vite un manque que je tente de combler en m'affairant à des tâches diverses et variées. Et puis, comme je te l'ai déjà dit, à toutes absencses sont associées des retrouvailles qu'il faut savoir savourer.


Elle défiait quiconque d'arriver à lui faire dire qu'elle était amoureuse. Le mot "amour" avait chez elle un gout plus qu'amer. Ses sentiments grandissaient chaque jour un peu plus. C'est tout ce qu'il y a à savoir. "passez votre chemin" comme dirait l'autre. Elle embraya donc sur la suite, pour ne pas trop que l'on s’éternise sur le sujet, en espérant que la jeune fille ne fasse preuve de plus de curiosité, mais rien n'était moins sur.

Carl m'a l'air d'être un gentil garçon. Faudra que je lui parle un de ces jours. Je veux m'assurer qu'il te traitera bien et qu'il ne te fera jamais souffrir. sinon, je m'occuperais personnellement de son cas.


Elle ne put s'empêcher de rire comme pour laisser à penser qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Si seulement Charlie avait sur , pas dit qu'elle en ait ri, elle ....
_________________
Charlotine
"On dit que le temps change les choses, mais en fait le temps ne fait que passer et nous devons changer les choses nous-mêmes"*

Du temps avait passé. La discussion s'était éternisée, un peu, et puis Charlie était partie, de cet endroit, d'Arles et de Provence. Elle avait suivi celui qu'elle aimait. Tout le mal qu'elle lui souhaitait était donc d'être heureuse, tout simplement.

Du temps avait passé, oui, mais Charlotine était toujours là, des jours plus tard, assise encore et toujours à ce bureau qu'elle occupait des heures durant quand elle ne traversait pas la route vers la maison d'en face, histoire de se rappeler aux plaisirs simples, mais tant agréables, de la vie.

En attendant, l'heure était à la préparation des prochaines élections. Un temps parmi les candidats, elle avait laissé sa place à Waldemar et c'était bien mieux ainsi. Elle savait pertinemment comment cela finirait. Elle se connaissait trop bien et elle finirait par s'éparpiller si elle ne canalisait pas son énergie à bon escient. Elle devait continuer sur la voie qu'elle s'était tracée. Cela prendrait du temps mais du temps qui serait mit au profit du changement, et c'était la seule chose qui comptait. Tant pis si son impatience habituelle était mise à mal.

En attendant, elle allait passer sa soirée à écrire aux provençaux pour les guider dans le choix de leurs futurs dirigeants. Puissent ils faire les bons choix. Il fallait sortir de cette politique malsaine menée par les autorités actuelles sans pour autant laisser le pouvoir entre n'importe quelles mains. Vouloir que les choses changent, c'est bien. Le faire, c'est mieux. Mais c'est travailler pour que cela dure qui s'avérait être la tâche la plus délicate. Alors autant faire en sorte de ne pas se retrouver avec ceux qui prenaient le pouvoir pour un nouveau jouet dont ils auront vite faits de se lasser.

C'est soucieuse mais confiante qu'elle fit partir ses courriers.


Citation:
Amis Provençaux,

demain s'ouvre le vote pour l'élection de votre prochain conseil comtal. Comme vous l'aurez constaté par vous même à la sénéchaussée ou encore en gargote où nous avons installé notre stand, PRP a choisi de présenter sa liste, malgré les menaces qui pèsent sur ses membres.

Nous sommes profondément convaincus que la Provence a besoin d'un réel changement et que la politique sectaire appliquée depuis trop longtemps doit cesser pour redonner un nouveau souffle à notre comté.

Cela va faire quatre mois que les provençaux ne sont plus écoutés et que les soucis du quotidiens ne sont plus la priorité de nos élus.

Nous disons STOP à cette politique conservatrice et restrictive qui renferme le Comté sur lui même
Nous disons STOP à ces élus qui ne respectent pas la charge qui leur a été confiée et qui ne respectent pas la voix du peuple
Nous disons STOP à cette intolérance qui ne fait qu'attiser les frictions entre provençaux

Nous prônons intégrité, fidélité et dévouement. Nous prônons une Provence réellement indépendante qui ne sera plus sous le joug d'autorités despotiques.

Alors, parce que "le changement c'est maintenant", votez PRP (pour voter village / sénéchaussée / élection du conseil / Parti Réformateur Provençal)

Les membres de PRP



*Andy Warhol

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Charlotine
"Il y a ce qui nous tourmente plus qu'il n'est nécessaire, ce qui nous tourmente avant qu'il soit nécessaire, ce qui nous tourmente alors que ce n'est absolument pas nécessaire. Notre douleur, nous l'augmentons, nous l'anticipons, nous l'inventons." *

C'était comme un mal récurrent qu'elle ne savait expliquer, ou, si, réflexion faite, tout au fond d'elle, elle en connaissait les causes mais se refuser de l'admettre. Et chaque fois, c'était la même chose.

Avoir l'impression que ses entrailles se déchirent.
Se dire "arrêtes tout maintenant" mais continuer dans sa lancée.
Se dire "rebrousses chemin" mais continuer à avancer.
Se dire "tu t'es trompée" mais agir comme si ne rien n'était
Se dire "apprends la patience" et être impatiente à en crever.
Faire, encore et encore, jusqu'à ne plus savoir quoi faire.
Être partout et nulle part à la fois.
Écouter mais ne pas entendre, son cœur, surtout.
En vouloir à la terre entière, et se sentir unique responsable.

Elle avait bien reçu quelques courriers qui, en temps normal, auraient stimulé sa motivation. Mais rien n'y avait fait. Elle y avait répondu, remerciant, avec sincérité, leurs auteurs. Puis elle avait déposé le tout dans un coin de son bureau. Le temps ferait le reste pensait elle.

Il allait pourtant falloir qu'elle fasse la chasse aux idées noires et aux doutes en tout genre. Peut être qu'aller se balader dans la pinède ou aux abords du Rhône lui ferait du bien? ou alors faire un tour sur le marché, pour dépenser quelques écus? parait que ça faisait du bien aux femmes de dépenser des sous. Mais de mémoire, ça leur faisait encore plus de bien quand ce n'était pas les leurs. Ou alors, tout simplement fallait il qu'elle se trouve une nouvelle activité.

Et là il y avait eu l'appel à candidature pour le poste de chef de port d'Arles. Et si elle postulait? pauvre fille! il lui en fallait peu pour sortir de ses tourments, si tant est qu'elle en soit réellement sortie ou que provisoirement.

Plume à la main, elle rédigea son courrier à l'amiral


Citation:
A Frim du Comtat, Amiral de Provence
De Charlotine Durand

par la présente, je vous demande de prendre note de ma candidature au poste de chef de port d'Arles.

Je n'ai jamais occupé directement cette fonction mais dans le passé, j'ai eu l'occasion de travailler en étroite collaboration avec des chefs de port que ce soit au niveau sécuritaire ou économique, de par les différentes autres fonctions comtales que j'ai occupé. J'ai aussi été maire de Brignoles à plusieurs reprises.

La régularité n'est pas qualité me faisant défaut et j'ai également un sens assez poussé de l'organisation. Concernant la disponibilité, elle vous est toute acquise vu que je n'occupe aucune autre charge et n'envisage d'en occuper. Enfin, pour ce qui est d'œuvrer pour ma ville ou mon Comté, c'est déjà quelque chose que j'entreprends régulièrement depuis mon installation en Provence. Je ne peux donc qu'être motivée par le fait de pouvoir m'impliquer une fois encore, notamment au niveau de l'amirauté.

Je vous remercie pour l'attention que vous porterez à ma candidature.

Fait à Arles, le 2 avril 1462






*Sénèque, Apprendre à vivre

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