Camillle_
[Ce RP comporte des scènes qui peuvent choquer les plus jeunes.]
Deux semaines sétaient écoulées depuis lincident. Les marques sétaient dissipées, les bleus effacés et lEnfumée avait à nouveau été souillée de soupirs et de nacre, de draps griffés denvie et de murmures féminins. La courtisane avait surmonté sa crainte et son appréhension en soffrant à un nouveau client dans cette même pièce, sur ces mêmes étoffes. Tout était semblable et pourtant si différent. Lodeur de ces encens, les danses incessantes de ces bougies incandescentes, cette peau quelle sentait glisser sous ses doigts et ce désir quelle vit naître dans ce regard. Néanmoins, lattention était différente et ce ne furent pas les coups qui sabattirent contre sa peau ambrée mais bel et bien des caresses. La douceur, cétait là tout ce quelle espérait Les nuits étaient désormais paisibles, la chemise dAdryan toujours cachée sous ses draps et des sourires se glissaient, ci et là, à lattention du mentor et de portier. Deux hommes placés sous la confidence et la confiance.
Néanmoins, Camille gardait pour elle, la raison même de ce changement dapparat. Son tablier de serveuse avait été abandonné au profit des toilettes élégantes de courtisane et sa dignité vendu au plus offrant. Tout nétait quune question décus et de rapidité. Plus vite elle accumulait les écus et plus vite ses engagements seraient tenus. D'ailleurs, l'aube frappe les carreaux de lAphrodite, transperçant les couloirs dune clarté venue dun autre monde. Les courtisans dorment encore et pourtant Camille se prépare en silence. Habituée, elle revêt cette tenue masculine qui la rendait transparente et insignifiante et alors quelle arpente les couloirs de la Maison Haute, elle sengouffre dans la Maison Basse pour retrouver la Droguerie. Depuis ce soir funeste où Etienne avait répondu le sang au rythme de ces cris qui déchiraient les entrailles de lAphrodite, la courtisane sétait réfugiée au cur de cette salle et cest, heures après heures, jours après jours, quelle se noyait dans la lecture de ces parchemins abandonnés par les anciennes herboristes et sorcières du bordel. La Droguerie était devenu, son propre échappatoire. Ce matin, méticuleuse, elle réalise une dernière inspection avant de quitter lAphrodite et de fouler le sol des quartiers Parisiens.
Le chemin, elle le connait par cur et les pas suivent linstinct jusquà la bâtisse apparaisse, impressionnante et stérile. Ils sont tous dehors, cest lheure où tous samusent et savourent leur insouciance mais pour Elle, cest lheure des retrouvailles, des baisers bloqués par les barreaux, des caresses fraternelles qui se perdent sans jamais sétreindre. Enfin, les larmes apparaissent sur les joues de Camille qui abandonne, entière et humaine, son masque d'impassibilité. Agenouillée, elle effleure le visage de sa petite sur ainsi que ses boucles sombres. Elle na de cesse de grandir et la naïveté disparait au profit de questions plus matures. Elle simpatiente, souhaite son retour et la questionne sur ses activités.
- Tu reviens quand Camille ?...
- Bientôt, je te le jure. Jai trouvé un nouveau travail et jarrive à gagner plus décus. Encore quelques semaines et nous pourrons être ensemble. Je te le jure ma belle Je ne te laisserai jamais tomber.
- Promis ? Dis pointant du doigt lune des responsables de lorphelinat, Alice fronce les sourcils.Elle mdit quune famille va vouloir de moi Jveux pas partir Jveux être avec toa.
Sous les paroles, lesprit de Camille se brise. Ainsi donc une famille était prête à ladopter. Cétait une bonne comme une mauvaise nouvelle. Elle ne pouvait espérer mieux pour sa propre sur que de lui redonner un père et une mère, une famille unie qui saura léduquer et être présente pour elle. Mais pourtant, elle est tout ce quil lui reste et elles sétaient juré dêtre ensemble coûte que coûte. Que sera-t-elle sans Elle ? Elle est tout ce qu'il lui reste...La raison même de cette prostitution...Elle avait tout donné pour Elle et finalement...Camille était malgré tout incapable de lui donner ce dont elle avait réellement besoin, une famille unie et entière. La blessure est là, saignante et saisissante, écrasant sa poitrine sous la culpabilité et l'impuissance...A quoi servait-elle maintenant ? Qu'était-elle sans Alice ? Rien. Et si par Amour, elle devait tout simplement la confier à des personnes, qui mieux qu'elle, sauront l'aimer et la chérir. Et si, devenir une putain n'avait pas été un sacrifice ultime...Et si le Très Haut attendait plus que la simple offrande de sa dignité et de ses cuisses...
Avec des "Si" le monde pouvait être refait.
Finalement, Camille remet son masque et alors quelle effleure les boucles brunes à travers les barreaux, elle inspire doucement.
- Ils sont gentils ?
- Oui Elle ma donné ça ! Elle lui montre aussitôt un bracelet qui orne son poignet et Camille sourit en coin. Apparemment, ils ont de quoi lentretenir et la gâter
- Cest très joli Alice ! Tu devrais essayer de leur parler un peu plus Voir si tu les aimes bien.
- Non jveux pas Ils vont menlever à toi
- Arrête tes bêtises Alice, quoi quil arrive Je serai toujours là pour toi. Tu mentends Toujours
La cloche retentie, sèche et abrupte et un baiser est lancé à lattention dAlice qui doit désormais rentrer avec les autres enfants. Le cur est déchiré et Camille doit retourner au Bordel. Elle inspire doucement et redressant léchine, elle fait volte-face. Il lui faut retourner à lAphrodite et continuer à travailler Mais la question se pose Pour qui désormais ? Elle avait accepté tout cela pour Elle, pour pouvoir la retrouver rapidement mais au final, il semblerait que le destin lui-même ait mieux à lui offrir quune vulgaire putain comme sur. Pourtant, une petite conscience intérieure lui rappelle son devoir dainée et si cette famille décidait dadopter Alice, Camille devait être à même dêtre là au cas où pour répondre à ses attentes, pour la retrouver malgré la distance Une larme coule à nouveau et la jeune femme essuie dun revers de main la Transparente.
Regagnant les ruelles infâmes, Camille plongée dans ses pensées finit par trébucher sur une bête au pelage noir. Un miaulement strident attaque aussitôt les tempes de la courtisane qui après un sursaut réalise que lune de ses bottes écrasait, indélicate, la queue dun chaton.
Ça cest fait !
Han ! Le pied se relève et les mains semparent de lanimal qui sapprêtait à prendre la fuite. Maladroite ? Camille létait mais à ce point Plaqué contre elle, les doigts effleurant le pelage puant, elle se cale quelques instants contre un mur pour calmer la bête. Une façon comme une autre de sexcuser. Doucement Doucement Tu es vraiment maigre toi Effectivement, la bête est loin dêtre élégante et cest soucieuse que la jeune femme finit par rejoindre le marché. Quelques abats et restes sont récupérés avec quelques sourires et demandes polies et lanimal nourri et rassasié suit désormais les pas de la courtisane jusquau bordel.
Non non...Je ne peux pas tamener là Jaurai bien aimé Mais Je nai surement pas le droit .Lanimal est caressé devant les marches de la Maison Basse et finalement, Camille abandonne à nouveau ceux qui s'accrochent à elle. Le destin sacharne Finalement, tous avaient mieux à espérer que sa propre personne Sa sur, une famille. Ce chat, une liberté.
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