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[RP] Vogue la galère.

Luzerne
Après quelques heures de navigation à louvoyer entre courants et bans de sable, la cuivrée làche un ironique :
"Ôôôô.... Tiens....! Nevers ..."

Le bateau amarré, quelques uns profitent des "absences" de la Duchesse pour "aller faire un tour en ville". La cuivrée elle s'affale dans des cordages, bien décidée à prendre un peu de soleil, de calme et surtout de distance face à l'épineuse question de la garde robe ducale oubliée, qui semble animer le bateau dans son entier!

En fin de journée le Kitournenrondepuistroisjours se remet enfin en branle.

La cuivrée marmonne, cynique :

Ôôôô.... Tiens.... Ca alors... Nevers dans l'autre sens...

La Loire déroule à nouveau son ruban bleu et jaune et malgré elle, la Bourguignonne se délecte de ce paysage si familier et si cher à son coeur.
Penchée en avant, les bras posés sur le bastingage, la cuivrée rêve à ce qui va venir, joue gauche délicatement appuyée sur son avant-bras. Elle se laisse aller à la douceur de l'air printanier et se sent devenir soudainement étrangement sentimentale alors que le vent fait doucement danser ses courts ressorts cuivrés. Un très léger sourire vient ourler ses lèvres qui se retroussent doucement et son regard se revêt de tendresse face à toute cette luminosité bleutée. Sans s'en rendre compte son corps se met à onduler imperceptiblement, comme tout à l'écoute d'une musique secrète, audible par elle seule...
La Bretagne... Elle ne connaît pas du tout... Peut-être que cela lui plaira après tout...

Un instant, un court instant, elle repense au chevalier Comtois qu'elle laisse derrière elle. A son étreinte aussi chavirante que la douceur du soir qui tombe sur elle et qui soudainement la piège de ses parfums sensuels...
Luzerne sent le sang battre plus fortement à ses tempes tandis que sa gorge se serre un peu. Elle ferme brutalement les yeux tandis qu'une petite voix boucle résolument en elle
:
Ne pas penser à ça, ne pas penser à... Ne pense à rien. A rien.

Un semblant de calme est retrouvé et les paupières s'ouvrent doucement sur un regard encore un peu troublé. Au loin Cosne se détache et la jeune femme sourit de l'occasion parfaite qui lui est donnée de se ressaisir:
Tiens.... Cosne... C'est dingue, il m'avait semblé qu'on l'avait quitté hier...
Finn
En dépit d’un départ chaotique, la traversée se poursuit sous les meilleurs auspices. Le corbeau de sable bouillonnais s’étend fièrement sur son lit de toile depuis qu’un vent d’Est s’est allié au courant, près d’Orléans. L’Irlandais l’a senti se lever lorsque le mât se mit à vibrer, qu’il fallut se jeter sur les écoutes et border la voile afin d’en accueillir les ardeurs. Entre îlots et bancs de sable, le vaillant petit foncet file dès lors sur l’eau sans démériter la confiance de sa propriétaire. L’allure portante ne manque pas de galvaniser le Baron qui, frisettes au vent, nargue parfois d’un « Tocards ! » les embarcations voisines qui tardent à la manœuvre. Se dresse alors la forteresse d’Amboise, dont les créneaux surplombent le fleuve, et bientôt Tours.

À l’approche du port d’escale, l’Irlandais ajuste la couverture enveloppant son fils qu’il porte au bras, l’autre main sur la barre. Le petit héritier Ó Mórdha choisit d’évacuer le ventre de sa mère alors qu’ils mouillaient à Nevers. Dans des conditions sommaires et en pleine nuit, l’enfant vit, non pas le jour, mais l’intérieur d’une cabine où l’Altesse venait de suer sang et eau pour parvenir à l’extraire. Sans berceau pour le contenir, les époux s’échangent depuis le nourrisson en vertu d’un contrat horaire réduisant la participation paternelle à un quart de la journée.

Cherchant la mère des yeux pour lui refiler le rejeton avant d’entamer les manœuvres d’amarrage, l’Irlandais trouve Luzerne.


- « On va mouiller un ou deux jours. Je dois descendre en ville pour affaires, tout comme la Charolaise. », déclare-t-il, un œil sur le port à l’horizon, l’autre sur son fils. « J’vais avoir besoin de vous à bord pour garder les brebis dans l’enclos, voire un peu plus. »

Cette fois-ci, ça sent l’embrouille. Après un regard sur l’aristocratie attablée non loin sur le pont, Ó Mórdha baisse d’un ton.

- « Prête à améliorer votre solde ? »
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Luzerne
D'un œil incrédule Luzerne regarde Finn barrer avec son nouveau né dans les bras...
Les regards se croisent, la suite ne se fait guère attendre:

Citation:
« On va mouiller un ou deux jours. Je dois descendre en ville pour affaires, tout comme la Charolaise. J’vais avoir besoin de vous à bord pour garder les brebis dans l’enclos, voire un peu plus. »

Puis un ton plus bas:
Citation:
- « Prête à améliorer votre solde ? »

Luzerne acquiesce simplement.
Elle ne va pas perdre de temps à lui expliquer que ce n'est pas l'amélioration du solde qui la motive, mais sa nature intense et son besoin de savoir.
La cuivrée a à la fois besoin de vivre fort, mais aussi de comprendre pourquoi elle est là, à le suivre sans savoir, dans cet accoutrement masculin.
L'heure a peut-être sonné pour elle d'y voir un peu plus clair...
Finn
En l’absence de réponse audible, son regard se décroche de la rade turone pour intercepter un simple hochement de tête chez la Cuivrée. Silence qui l’amène à poursuivre.

- « Vous ne trouvez pas la Charolaise un tantinet pâle ? », demande-t-il devant l’évidence qu’un mal a frappé la Pair. « Vous devriez peut-être l’aider à monter ses biens à bord, à son retour. Si elle est souffrante, elle va avoir besoin de repos. Beaucoup de repos. », surenchérit-il. « Je voudrais que vous gardiez un œil sur elle. Pour vous faciliter la tâche, enfermez-la dans sa cabine jusqu’en Bretagne. »

Comme à son habitude, le Gaélique ne dévoile ses projets qu’à demi-mots. Mais l’idée de commencer par mettre la Duchesse en fond de cale pour la durée du trajet est pourtant claire. Un regard de son fils détourne son attention de Lucien, se dessine alors un sourire asymétrique à l’adresse du nourrisson - il n’irait pas le dénoncer, ce p’tit bout de chou ?

- « Ni lettre, ni visite. Des objections ? »

Des cas de conscience ?...
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Luzerne
Luzerne écoute, impassible.
Le visage de sphinx c'est son fort. Dommage qu'elle aime pas les cartes sinon elle serait championne au poker...
Donc l'irlandais veut mettre la Duchesse au frais. En fond de cale. A peu près comme on le ferait avec un bon fût de Bourgogne...

Citation:
« Ni lettre, ni visite. Des objections ? »

Il la regarde attentivement, cherchant à déceler un quelconque tressaillement qui pourrait venir l'informer sur les jeux de pensées de la cuivrée, mais peine perdue.
Finalement, un vague sourire vient effleurer la bouche de la bourguignonne :

Pas d'objection Finn. Mais juste une question, cependant.
Encore un court instant de suspens, puis la question est lâchée, ronde, et directe, tandis que les yeux verts ne lâchent pas d'un cil le regard noir et enfoncé de son interlocuteur :
Pour quoi?
Finn
Ah, pourquoi… Il en aurait presque oublié cet impétueux besoin de tout savoir. La question n’est pas sans lui rappeler leur dernier conciliabule qui a mis en lumière ce refus de n’être qu’un simple pion dans le jeu irlandais. Si l’état de santé et son intérêt de façade pour celui-ci constitue le prétexte, la raison est, elle, infiniment plus délictueuse.

- « Comme toujours, Lucien : pour l’appât du gain. », répond-il, désinvolte. « L’étourderie de cette Duchesse nous a fait perdre assez de temps comme ça. Et le temps, c’est de l’argent. Il est maintenant l’heure pour elle de payer sa dette. »

Une marchandise, voilà ce qu’est devenue la Charolaise au fil de l’aventure. Encombrante et incroyablement bruyante, qui plus est.

- « Je compte bien entendu sur votre discrétion. », ajoute l’Irlandais, soulignant la consigne d'un regard de biais en direction des attablés. « Vous connaissez la version officielle à servir aux curieux. »

Un coup d’œil à l’accoutrement dans lequel elle sut s’attirer la bienveillance de la Duchesse.


- « Je vous laisse également voir la façon de procéder à cet isolement contraint et forcé. Ça n’devrait pas trop vous poser problème… »
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Sakurah
[Entre temps, fidèle au poste]

Après avoir nourri les quelques canassons qui tenaient le coup sur la barque Charolaise, l'encapuchonnée suintante regagnait l'arrière comptoir de la mess immaculée, même chez elle, la blondine n'en faisait pas autant. Son séant posé sur le banc des taverniers, elle saisit une bouteille de MontreCul, enleva le bouchon de ses dents et peinarde, en savoura le contenu. Bien sûr, l'irlandaise aurait pu se rendre utile, voir même, aimable et monter à ''bâbord'' histoire de désaltérer les gazelles fortunées, mais hélas pour elles, la chipie n'en ferait rien. Trop occupée à se perdre dans ses pensées, c'était beaucoup plus important -ne rien faire-.

Bien que le voyage fluvial se déroulait à merveille, malgré les haltes, elle avait plus que hâte que le foncet accoste sur une rive bretonne. Pensant à la blondasse de princesse qui jalouserait la proue s'il le fallait, à la chapelaine qu'elle ne portait pas dans son coeur, loin de là, à Finn qui tenait le gouvernail et qui, savamment, l'avait désigner tavernière, ce qui l'empêchera d'envoyer Marzina et Valyria par-dessus bord car, oui, la blondine avait ce fantasme, les voir couler au fin fond de l'eau ! À Lulu qu'elle adorait embêter en le surnommant ''Boucle d'or'', à Angelyque sur qui elle commençait à douter, la duchesse qui papotait avec les autres donzelles, qui prenait du bon temps, certes que la Mirifique n'était pas mieux qu'ELLES. Et finalement, sa petite protégée, Alix-Ann, bien que parfois étourdissante, la celtique se faisait un devoir de veiller sur l'innocente, de près ou de loin, outre tâche désignée par le Irish.

D'ailleurs, celui là se devait aussi de veiller à ce que la folie grimpante de son épouse ne fasse pas trop de dégâts, comme une tête blonde sur le bout d'une pique. Quoique, connaissant son ''art'', qui sait comment celà pourrait se terminer, elle n'en savait fichtrement rien mais, pour l'instant, elle profitait de la mess en sirotant bien tranquillou, l'alcool qui s'y trouvait.

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Angelyque
Enfin quelqu'un qui appréciait son bateau à sa juste valeur! Marzina était de la haute noblesse, donc il n'y avait rien d'étonnant donc qu'elle apprécie les belles choses. C'était un peu comme Lucien, toutes à ses réflexions la duchesse s'était fait à l'idée que Lucien était un fin esthète, ce qui expliquait son attitude toute raffinée.
Angelyque fut emballée par la proposition de l'épouse de Finn
.

C'est une excellente idée votre Altesse, Nous pourrons nous raconter les derniers potins de la Cour.

Un sourire en direction d'Alix Ann tandis que Marzina posait sa main sur son épaule.

Ravie de vous rencontrer également. J'aurai aimé avoir une compagnie féminine et pouvoir m'appuyer sur quelqu'un. Je n'ai même pas une suivante pour refaire mon chignon. Nous sommes partis trop vite. Je demanderai à Maverick s'il est d'accord pour m'aider, il semble de bonne composition.

Le "vite" de la duchesse n'avait sans doute pas la même signification pour les autres passagers qui trouvèrent le temps long. Il fallut faire un crochet à Nevers pour qu'elle retourne chercher ses affaires. Un mauvaise manœuvre de la duchesse au moment d'embarquer, et un sens de l'orientation tout mirandolien leur fit perdre de très longues heures, c'était sans compter l'enfant de Marzina qui choisit pile poil ce moment là pour voir le jour. Sans doute afin d'être bourguignon avait pensé la duchesse qui avait eu du mal à se remettre de la nuitée. Elle était plus habituée à donner elle-même la vie qu'à assister une personne hurlant et paniquant.

Tout était semble t'il rentré dans l'ordre pour chacun, sauf pour la Mirandole qui ne se sentait pas très bien. Elle ignorait si c'était le mal de mer, mais elle avait mal au crâne et sentait des bouffées de chaleur lui envahir la poitrine et le visage, avant de sentir le froid la transpercer. Elle attribua son état à une très mauvaise navigation de la part de Finn. Elle décida néanmoins de ne pas se plaindre, n'ayant aucune envie de déchiffrer la carte et de les faire tourner en rond en subissant les sarcasmes du petit groupe.

Elle avait passé l'après midi enfermée dans sa cabine, à tenter d'écrire quelques missives à ses proches. Elle commençait à ressentir le mal du pays au fur et à mesure que le Kikoulrapa s'éloignait de la Bourgogne.

L'heure de l'apéro était venue et la duchesse remonta sur le pont afin de prendre place avec les autres passagères. Droite comme un i, la duchesse commençait à s'impatienter et se tourna vers le Capitaine
.

Finn! Avez vous demandé à Sakurah de nous emmener du vin? Si vous voulez que votre fils soit nourri il faut que sa mère puisse boire du Montrecul. Votre tavernière s'est perdu où elle roule sous une table du mess? Par Saint Bynarr, bougez vous un peu!

C'était simple pourtant de tenir la barre, s'occuper du bébé et veiller à ce que chacun soit bien traité tout de même. Elle leva les yeux au ciel puis sourit à Marzina.

Votre époux semble ne pas être capable de faire plusieurs choses en même temps. Le mien est pareil. C'est je crains le point commun de tous les hommes.

Son regard fut attiré par un mouvement sur le pont et elle écarquilla les yeux en voyant Lucien -enfin Luzerne- onduler des hanches en regardant la mer.

J'hallucine! regardez donc Lucien.... La duchesse baissa le ton. Vous pensez qu'il est....enfin...euh....qu'il aime les hommes...nous avons un sodomite à la Cour de France. Le Grand Chambellan. J'avais toujours pensé qu'il avait un bâton coincé dans le derrière, mais il semblerait que le pauvre garçon aurait préféré être une femme en fait. Ca fait scan-dale. Tout le monde chuchote qu'il va finir brûlé sur un bûcher si l'Inquisition apprenait une telle chose. Chacun fait semblant de fermer les yeux vu que le type est fils d'une ancienne Reine de France.

Mon dieu mais..il remue ses hanches....il danse comme une femme!

La duchesse porta une main à sa bouche alors que Luzerne prenait place aux côtés de Finn et que tous deux regardaient dans leur direction.

Je suis mauvaise langue...il a peut être le mal de mer le brave garçon. Dommage que nous n'ayons toujours pas de vin. Nous aurions pu lever notre verre vers eux pour les saluer.

Un bref regard afin de vérifier si Sakurah arrivait avec les boissons. Toujours rien.

Sakurah doit sans doute goûter les fûts afin de choisir le meilleur cru. et chercher les plus jolies coupes. Une bourguignonne fait toujours attention à ce genre de choses.

Un petit sourire étira les lèvres de la duchesse.

Parlez moi donc de vous. Vous devez avoir hâte de rentrer chez vous je suppose. Comment avez vous donc rencontré votre époux?

La Charolaise était bien loin d'imaginer quelle était la nature de la conversation entre Luzerne et Finn. Sans doute étudiaient il ensemble la force des courants et calculaient quel trajet serait le plus court pour rejoindre la Bretagne, et éviter autant que possible l'Anjou.
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De retour, se met à jour, patience.
Luzerne
Citation:
« Je vous laisse également voir la façon de procéder à cet isolement contraint et forcé. Ça n’devrait pas trop vous poser problème… »

Mmh...
Luzerne n'avait encore jamais fait un truc pareil et elle jeta un regard dubitatif à Finn.
Se battre, soulever haut son épée et la laisser retomber sur un autre, oui. Mais enlever, baillonner, saucissonner...
En même temps, la cuivrée se sentait à l'instant tellement loin de tout ce qu'elle avait été - à commencer par son apparence physique - qu'elle n'était plus à un détail près. Elle saucissonnerait donc la Mamelue, comme ça. Pour rien. Ou plutôt parce que cet homme bizarre le lui demandait.

Un rapide coup d'oeil ver le pont. Ces dames papotaient en prenant l'apéro et "Lucien" surprit le regard indéfinissable qu'Angélyque posait sur "lui".
Bien. Ce regard étrange lui donna l'immédiate impulsion de passer à l'action.
Ne voulant pas qu'Angélyque puisse un instant deviner qui lui tombait sur le paletot, la cuivrée s'éclipsa discrètement et passa au mess pour en récupérer un sac de patate en grosse toile de jute hermétique. Elle se glissa avec l'aisance d'un chat jusqu'à la cabine de la Duchesse, en poussa la porte et se cala le long du mur le sac grand ouvert, tenu fermement entre les deux mains.
Dès que la Duchesse pousserait la porte de sa chambr,e le haut de son corps serait immédiatement happé par le sac qui tomberait sur elle. Ainsi elle n'aurait aucun moyen de connaître le visage de son agresseur. Et oui. Luzerne souhaitait protéger l'intégrité de Lucien. Après tout, il n'avait rien à voir dans cette sombre histoire!
La jeune bourguignonne, dos au mur, oreilles aux aguets et mains prêtes à intervenir s'apprêtait patiemment à commencer une plus ou moins longue attente...
Angelyque
Une fois terminé l'apéritif sur le pont et l'échange avec Marzina, le port de Tours pointa le bout de son nez. La Mirandole retourna donc dans ses quartiers, un pigeon lui avait porté une missive, qu'elle avait rangée dans son corsage afin de la lire en toute intimité. Elle avait reconnu l'écriture de son époux et son instinct féminin lui indiquait que le contenu n'était pas celui qu'elle attendait.
Elle referma la porte de sa chambre et déplia lentement le parchemin. A la lecture, toute couleur quitta son visage et une douleur sourde commença à poindre en son sein.

Il lui restait à présent deux solutions: se lamenter sur son sort et pleurer sur son amour perdu, ou relever la tête et penser déjà à l'après-Crezus.

Le choix fût vite fait. Elle avait été une épouse aimante et fidèle, elle ne serait jamais la femme effacée et soumise qu'il avait voulu faire d'elle. Il avait donné trop d'importance à des nuisibles bien trop heureux de s'immiscer dans leur couple. Il était temps que la Charolaise redevienne celle qu'elle n'aurait jamais du cesser d'être.

Avant de débarquer, elle prit le temps d'écrire à son tour. Non pas à Crezus, cela attendrait. Mais à celui qui était prêt à l'accepter telle qu'elle était vraiment. Avec ses défauts et ses qualités. Celui qui avait aimé la véritable Angelyque et non la duchesse et Pair de France
.

Citation:




De Nous, Angelyque de la Mirandole, Pair de France, duchesse du Charolais & de la Ferté Langeron, Baronne de Cruzy le Chastel,

A vous, Falco de Cartel, Baron de Cravant,

Salutations,

Vous m'aviez prévenue, je n'ai pas voulu écouter.
J'ai été la victime consentante de celui qui voulait faire de moi quelqu'un que je ne jamais été et ne serai jamais.
Aujourd'hui, c'est une femme libre de toutes attaches qui prend la plume après être restée de nombreux mois sans nouvelles.
Mais aussi une femme dont le cœur est en miettes qui vous écrit, sans fausse pudeur, je puis vous dire que vous aviez raison mon cher Falco.
J'ai été un papillon qui a volé autour d'une flamme, jusqu'à se brûler les ailes. Mais je ne le regrette pas. Jamais je n'ai regretté aucun de mes actes, ils font partie de moi et font la femme que je suis. Celle que vous avez aimé fût un temps, et que vous n'avez pu retrouver par la faute d'un homme. Finn O Mordha. C'est à cause de lui que vous avez été poutré alors que vous me rejoigniez Dijon. Notre destin aurait peut être été différent, il était encore temps alors.

J'espère qu'aujourd'hui vous êtes heureux, vous êtes marié à présent. J'ai eu l'occasion de rencontrer votre épouse. Une femme de caractère. Elle saura vous rendre heureux je pense.

Avons nous fait les bons choix Falco?

Mon époux a voulu faire d'une guerrière au caractère enflammé une femme insipide toute bonne à broder des jupons.

Il n'y est jamais parvenu même si durant les premiers mois de mon mariage j'ai tout fait pour lui plaire, je voulais être une bonne épouse. Vous saviez déjà à ce moment-là que cela ne durerait pas, j'étais aveugle.

La page est enfin tournée, et je pense à vous, je pense aux instants où vous aviez demandé ma main à feu notre bien aimé roi Eusaias en salle de plaid.

J'ai été naïve de préférer croire en des paroles creuses et vides de sens mais bien tournées du frère de mon premier époux qui n'a de commun avec lui que le nom et le visage avenant plutôt que d'accepter ce que vous m'offriez.

J'espère que vous m'avez pardonnée avec le temps Falco, et que nous pourrons être à nouveau amis. Notre complicité m'a manqué.

Que le Très Haut vous garde

Fait aux abords de Tours, un jour de mai 1462.









Le pli fût attaché à la patte d'un pigeon qui s'envola, et la duchesse put enfin se changer et débarquer à Tours. Un rapide passage au marché et dans son appartement
lui permit d'acquérir quelques bricoles nécessaire à la continuation du voyage, à savoir des simples.

C'est donc les bras chargées de fleurs de toutes sorte qu'elle remonta à bord et pénétra à nouveau dans sa cabine, ignorant complètement que Luzerne se trouvait derrière la porte. La Charolaise était d'humeur joyeuse et chantonnait gaiement toute occupée à la réflexion des bouquets qui redonneraient un peu de vie et de couleur au Kikoulrapa.



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De retour, se met à jour, patience.
Luzerne
Luzerne alias Lucien, le dos collé à la porte, le sac de toile de jute entre les mains, une grosse sangle jetée sur ses épaules afin de pouvoir lestement ficeler la Mamelue, ne respira plus quand elle vit la porte s'ouvrir sur la Duchesse.
Tout alla très vite dans sa tête. Pourquoi était-elle là? Sur ce bateau? Dans cet accoutrement? A suivre Finn? A lui obéir, voire...
A cette idée son sang ne fit qu'un tour. Luzerne obéissait rarement. On pouvait compter sur elle dans une armée, mais dans la vie il n'était pas rare qu'elle tourne les talons. Parce que les choses lui semblaient trop insignifiantes ou au contraire parce qu'elles lui devenaient trop proches... Moralité : elle tournait les talons souvent...

Sa tête fit un rapide constat des lieux. Elle n'avait aucune raison personnelle de séquestrer Angélyque. Quand elle l'avait rencontrée lors de la bataille d'Anjou... Ma foi, elle n'en avait aucun souvenir, ni bon ni mauvais. Elle se souvenait juste d'un femme à homme assez bruyante, "méditerranéenne" dans son genre, mais pas méchante. Et depuis qu'ils étaient sur le bateau... Et bien elle avait été plutôt gentille avec "Lucien". Du côté de la motivation personnelle il n'y avait donc rien à trouver.

L'appât du gain? Ca c'était valable pour Finn, mais pas pour elle. Les 500 écus qu'elle avait en poche suite à la vente de son champ, la brûlait déjà comme un poids encombrant. De ce côté on pouvait donc faire une nouvelle grosse croix.
Alors quoi? L'ennui? Cette piste pouvait apporter une réponse à l'accoutrement masculin, au fait qu'elle suivait Finn alors qu'il était incapable de lui expliquer clairement pourquoi il souhaitait sa présence. Cette piste pouvait aussi expliquer le voyage en bateau, la découverte de la Bretagne et même le fait de tourner le dos à ce beau chevalier comtois qui lui proposait une vie douce et tendre à ses côtés, chose qui aurait enchanté la plupart des femmes, mais qui faisait stresser la cuivrée plus plus!
Bien. Jusque là tout pouvait sembler à peu près clair et Luzerne arrivait à suivre son cheminement intérieur.

Mais l'ennui pouvait il expliquer qu'elle tombe à bras raccourcis sur une femme qui ne lui avait rien fait, juste pour assouvir l'appât du gain d'un autre? Elle savait bien que non et ce constat la mettait étrangement en porte à faux. De plus, elle ne souhaitait absolument pas que Finn se mette à la considérer comme sa "créature" à qui il pouvait tout demander. Mais là elle devait bien admettre qu'elle était allée trop loin et que l'irlandais l'avait pas mal embobinée... Elle était derrière cette putain de porte, collée contre le mur, un sac à la main et clairement il était trop tard pour reculer. Luzerne avait une forme de code de l'honneur, qu'elle utilisait parfois bizarrement mais qui était somme toute fort présent.

Dents serrées et humeur sombre, la bourguignonne d'une détente souple bondit dans le dos de la mamelue et la fit disparaître ni uni ni deux , tête la première dans le sac. Un autre rapide mouvement de la soldate et déjà le corps tressautant de la Duchesse encombrée de sacs et de fleurs se retrouva sanglé fermement, sans aucune possibilité d'échappatoire. Une autre cordelette vint immobiliser les mains attachés dans le dos de la brune.
Luzerne retourna le paquet mouvant et grommelant et le fit glisser au sol.
Une dernière corde vint immobiliser pieds et jambes. Puis pour parfaire le job, la cuivrée fit une petite entaille au niveau de la bouche et y enfonça un mouchoir propre entre les lèvres protestantes. Une dernière petite entaille au niveau des narines et la bourguignonne tourna les talons. Durant toute cette opération, elle s'était bien gardée de n'émettre aucun son et de rester suffisamment éloignée de sa proie pour que cette dernière n'ait aucune idée de son agresseur.
Le travail achevé, la cuivrée referma la porte à double tour derrière et remonta sur le pont.

Fulminante intérieurement mais d'apparence calme elle alla droit vers Finn toujours à la barre et dit d'une voix trop neutre pour être de bonne augure :

La prochaine fois ça se passe autrement.
Puis elle lui jeta les clés afin de lui faire comprendre que la suite ne la concernait plus et murmura la bouche en coin alors que Finn attrapait de justesse le lourd anneau de cuivre : Pour tester vos réflexes...
Et elle tourna ostensiblement les talons.
Finn
Un petit Tours et puis s’en va. L’escale en capitale tourangelle n’est que de courte durée, tout juste le temps de mettre pieds à terre en compagnie de l’épouse et de régler quelques affaires : dégotter un berceau digne de l’héritier Ó Mórdha, et honorer le contrat commercial que le Gaélique est parvenu à nouer avec la province française pour le compte de Breizh. S’il a pu négocier que le gros de la cargaison de pierre soit livrée par nave en Bretagne, la dernière centaine de quintaux est chargée à bord du fier petit foncet régalien.

Bras accordé à l’Altesse bretonne, l’Irlandais ronchonne en l’accompagnant sur la passerelle.

- « On aurait mieux fait de l’acheter chez un armurier. Ce berceau aurait eu de la gueule, tout caparaçonné d’acier. »

Il n’en reste pas moins que l’objet lui ayant coûté une petite fortune accueillera l’enfant au moins aussi confortablement que leurs bras. Un vif soulagement pour lui qui, dans sa profonde misanthropie, ne réussit que progressivement à concevoir ce petit bout de pas grand-chose comme un cadeau de Dieu.

L’équipage au complet, l’Insulaire reprend la barre. Les vents portent toujours, si bien que le bateau quitte la baie sans difficulté afin de poursuivre sa fluide descente du fleuve. À l’approche de Lucien, des grincements du pont sous ses pas, son regard quitte l’horizon dans une tentative de deviner chez le transgenre l’issue de sa mission. Mitigée, de toute évidence. Ses paroles lui font d’abord craindre quelque complication, que le jet de clés réfute aussitôt. Le vieux roublard se fend d’un sourire en récupérant le sésame.


- « Vous naviguez sur un océan de scrupules, Lucien. Gare aux obstacles. », l’avertit Ó Mórdha qui, conscient que la tâche lui fut sans doute pénible, ne peut retenir ses sarcasmes.

La Luzerne est un matériau brut qu’il lui faudra encore façonner s’il veut un jour réussir à l’affranchir de ses attaches à la morale. Elle s’éloigne déjà, rebelle et bornée, mais après tout, c’est aussi pour cela qu’il l’a choisie ; où serait le défi, sinon ?

Tandis que Montsoreau s’érige au loin, par-delà la rive, l’Irlandais avise l’équipage : ils jetteront l’ancre en eaux angevines, dans cette enclave insurrectionnelle et désolidarisée du royaume voisin. L'occasion pour lui de quitter son poste afin de rendre une petite visite à sa prisonnière.

Nulle ombre inquisitrice, nul fouineur dans les parages. La clé tourne dans la serrure, lui ouvrant la cabine. L’Irlandais s’y engouffre en prenant soin de refermer derrière lui. La Charolaise est bien là. Allongée sur le sol, la Pair patauge au milieu des pétales de fleur, pieds et poings liés, enfermée dans un vieux sac de toile. La Cuivrée n’a pas fait les choses à moitié…


- « Ça n’a pas l’air d’être la grande forme, Duchesse… », commente-t-il, au sommet de son ironie. « Jamais j’aurais cru que vous puissiez entrer là-dedans, n'empêche. », s’esclaffe-t-il ensuite, soulevant l’emmaillotée à bras-le-corps pour la hisser sur son pageot. « Voilà qui est mieux, non ? »

Pas de réponse. Elle n’y voit rien, mais elle devrait au moins l’entendre.

- « Ah oui, c’est vrai… » Le Grisonnant se penche et pose une pogne sur le bâillon qui lui obstrue la bouche. Le ton soudain plus dur, il prévient : « Pas de blague, hein ? Criez et j’envoie vos cordes vocales nourrir les poissons. »

L’intonation devrait à elle-seule convaincre que la menace n’est aucunement palabre aérienne. Ayant ôté le mouchoir, le Gaélique pose une fesse sur le matelas et fait circuler au-dessus du nez émergeant de la toile, un petit linge contenant quelques biscuits de mer.

- « J’ai pensé que vous auriez faim. »
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Marzina
Pour la blonde cependant, le voyage se déroulait plutôt bien. L’enfant enfin s’était décidé à sortir, et elle se retrouvait donc à nouveau libre de ses mouvements, bien que la fatigue limitait un peu. Mais pour une petite chose chétive comme elle, habituée à se glisser facilement dans de petits espaces, à n’être pas plus lourde qu’une plume, devoir se balader avec un ventre énorme et si encombrant avait été une épreuve. Alors bien sûr, Nolan était loin d’être un ange, vociférant sa colère chaque fois qu’il avait faim en y mettant suffisamment de force pour réveiller le bateau tout entier, bien sûr il fallait sans arrêt l’allaiter, mais qu’il était bon de se sentir enfin redevenir soi-même et ne plus avoir cette sensation d’être un incubateur sur pattes. Oh, ne plus ressentir la sensation d’être en symbiose avec ce petit être lui causait bien un peu de mélancolie parfois, mais globalement elle était heureuse : elle avait réussi à mettre au monde un petit être, et elle serait bientôt à nouveau la créature séduisante qu’elle avait toujours été. Ca valait bien un verre ou deux. Voire une bouteille. Surtout que l’Irlandais s’essayait au dur métier de paternel méritant, ce qui la soulageait du môme quelques heures tous les jours. Il fallait donc profiter de ce répit de courte durée.

« C’est sûr, la qualité du lait maternel est très certainement influencée par les repas de la mère. Si je bois du grand cru, il me semble logique que mon lait en soit aussi. »

Enfin elle ne le dit pas trop fort quand même, parce que si Finn entend, il va encore avoir de ces idées étranges. Coup d’œil à Alix Ann pour voir si la filleule est de bonne compagnie aujourd’hui. Si c’est le cas elle aura du vin. Si ce n’est pas le cas, elle devra aller faire ses devoirs. Comme l’adolescente ne pipe mot, elle aura droit à l’apéro.

« La tavernière est un peu étrange à vrai dire, je dirais. Parfois j’ai l’impression que c’est une femme vile qui cache fort mal son jeu, et attend la moindre faiblesse pour s’emparer de tout ce qu’il peut y avoir de précieux sur ce navire. Et parfois elle est d’une compagnie fort agréable. Je ne sais si c’est une femme vraiment sympathique, ou si c’est juste le Sans Nom qui tente de prendre une apparence avenante. »

Elle se fait surtout avoir par les paroles suaves de la jeune femme, mais son naturel méfiant la pousse tout de même à se méfier chaque fois qu’elle est hors de portée des beaux discours de la tavernière. Mais Nolan était devenu la priorité et le point d’intérêt numéro 1 de l’Altesse, ce qui accordait un certain répit à l’ensemble des passagers. Ecoutant attentivement les paroles de la Charolaise, elle hoche la tête lorsqu’elle lui expose ses craintes concernant Lucien.

« Il en est et…OH ! OUI ! OUI ! Je connais celui dont vous parlez ! Oh ma Doué si vous saviez ! Je l’ai vu une fois en taverne avec l’angevin au pied estropié ! Oh je ne suis pas prête de l’oublier, et Alix non plus je pense ! Il l’embrassait à pleine bouche, sans honte ni pudeur aucune ! Quel choc, j’ai cru défaillir à ce moment ! J’aurais bien demandé à ce qu’on me pince pour savoir si ce n’était pas un genre de cauchemar extrêmement étrange et perturbant, mais ma peau marque trop vite. Et puis Finn ne connait pas la demi-mesure dès qu’il s’agit de faire usage de la violence. »

Les pensées finissent par dériver sur des sujets peu aristotéliciens, notamment sur la première nuit passée avec l’Irlandais. Avant de se rendre compte qu’on lui pose une question.

« Hmm oui, mes terres me manquent. Je possède une presqu’île dont la vue est imprenable et que je ne quitterais pour rien au monde. Ce sont des terres petites mais d’une valeur inestimable, un petit joyau balayé par des vents fougueux, sans cesse attaqué par des flots impétueux, mais réchauffé par la douceur du soleil. »

Et d’ajouter, après hésitation.

« Si vous restez un moment en Bretagne, je vous montrerais. »

Privilège rare puisque l’Altesse est un véritable ermite ne partageant son trésor qu’avec Finn et Alix.

« Finn et moi nous sommes rencontrés durant une guerre lancée par ma famille maternelle, les Penthièvre. Bien que j’ai toujours eu peu de contacts avec eux, ayant été reniée par le Chiffré pour mon ascendance bretonne, j’ai le sens des valeurs familiales et je suis venue leur prêter main forte pour lutter contre la tyrannie du Fou avec qui j’avais un compte à régler. C’est ironique car la plupart des Penthièvre sont plus ou moins morts durant cette guerre, et le Fou s’est retiré du monde peu de temps après. Je suis donc plus ou moins la dernière représentante des Penthièvre encore vivante. La reniée qui sauvera peut-être le nom de la famille…Enfin bref, ayant repéré les compétences militaires de Finn et le courant passant bien entre nous, lorsqu’il m’a dit que son rêve depuis tout petit était de devenir chevalier, je lui ai proposé de devenir le mien. Je l’ai séduit en plaçant un piège à loups dans sa tente. Il est revenu le pied ouvert en trainant l’arme jusqu’à moi en taverne. Je l’ai recousu et je l’ai embarqué jusqu’en Bretagne. La proximité au quotidien a fait le reste je suppose. »

Une version un peu vite résumée peut-être. En tout cas, le souvenir cuisant du défi du piège à loups était encore bien présent dans la mémoire de l’Irlandais, tout comme les cicatrices indélébiles laissées sur son pied. La blonde marque toujours son territoire par quelques cicatrices, c’est sa signature. Mais Finn avait été le premier à y survivre.
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Les jours se passèrent aussi tranquillement que celui-ci, et c’est avec un certain ravissement que la blonde avait eu le berceau pour son fils. Faire débourser de l’argent à l’Irlandais n’était jamais aisé, mais elle finissait par connaitre les arguments à utiliser. La séduction en tenait une bonne partie. Titiller son orgueil aussi. L’Altesse avait donc confié son fils au bel ouvrage de bois pour l’apéro quotidien. Sortant de la cabine, elle fût surprise de ne pas apercevoir la Duchesse. Demandant autour d’elle, personne ne sut lui dire où elle était partie. La blonde commença donc à s’inquiéter : ne l’auraient-ils pas oubliée lors de l’une des escales ? L’ennui guettait, et l’humeur légère commençait à la quitter. Réclamant à corps et à cris son apéro entre nobles, la blonde s’était remise à harceler les marins et autres passagers. Arpentant le navire, elle se lança à la recherche de Finn ou Alix pour la renseigner.

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Angelyque
Avant d'accoster à Tours la duchesse avait apprécié converser avec Marzina. Elle faisait partie des rares personnes qui d'emblée donnaient envie à la Charolaise de les connaître davantage. Plus le temps passait, plus l'impression se confirmait et Angelyque se rendait compte qu'elle partageait pas mal de choses avec la Bretonne et qu'elle appréciait de plus en plus la jeune femme. Cet apéritif improvisé rendait le voyage plus qu'agréable.

Un petit rire avait fusé de ses lèvres quand Marzina avait confirmé les rumeurs concernant Charlemagne.

S'il n'est pas triste qu'un prince de France se fasse prendre par des valets. La vie est parfois injuste. Son frère bâtard a une principauté, est adulé et respecté, lui, prince de sang en est réduit à faire les yeux doux aux pécores qu'il méprise afin d'apaiser son fondement qui le démange et se retrouve réduit à un rôle de majordome, brossant chaque roi dans le sens du poil en espérant un jour recevoir une terre en Ile de France. Quand le pauvre tente de mettre un pied à Nevers, il est accueilli par des lancers de poissons périmés.

L'air de ne pas y toucher, la Montestier se mordit les lèvres, comme bien souvent quand elle se prêtait à des cancans. Le petit Prince ne se gênant pas de son côté, la duchesse n'éprouvait pas une once de culpabilité, elle avait couvert Petit Prince durant trop longtemps en le défendant face aux gueux qui le raillaient.

Angelyque connaissait un peu la tavernière, qui était bourguignonne et pas toujours des plus sages. Elle avait ce petit côté mercenaire qui ne déplaisait pas à la duchesse
.

J'espère que Sakurah ne me volera pas mes fûts de Montrecul, ou pire qu'elle ne les remplace pas par de la piquette. Certains taverniers sans foi ni loi le font sans vergogne avec les voyageurs de passage.

Et elle la première. Elle s'en était presque voulu d'avoir fait boire un vin quelconque à son vassal en lui faisant croire qu'il s'agissait d'un grand cru, trouvant dommage de gâcher la marchandise alors qu'il n'y connaissait rien. C'était une des nombreuses choses d'ailleurs qu'elle n'avait pas encore confessées.

Le sujet se porta sur la Bretagne, et la duchesse sourit à son interlocutrice
.

Il me plairait beaucoup de visiter votre domaine. Je vous avoue que j'ai toujours eu un apriori sur la Bretagne et les bretons en général, mais vous me donnez envie de connaître davantage la Bretagne.

La poursuite de l'échange se prolongea sur l'époux de Marzina, et la Charolaise sourit tristement. Elle aussi avait vécu une passion fulgurante qui s'était révélée dévastatrice. Désormais elle prendrait la vie avec plus de légèreté.

C'est que bien plus tard que la duchesse retourna dans sa cabine, les bras chargés de fleurs, l'esprit bien loin des tracas de la vie quotidienne.

Elle ne comprit rien à ce qui lui arriva. Une sensation d'étouffement la prit par surprise alors que Luzerne lui enfonçait un bâillon dans la bouche. Elle n'eut ni le temps de hurler ou de se débattre qu'elle se retrouva d'un coup dans le noir le plus complet avec ses fleurs pour seule compagnie, dont l'odeur trop forte dans cet espace confiné lui chatouillait les narines.

Elle tenta de se débattre, mais peine perdue à l'intérieur du sac. Des images terribles lui passèrent par la tête. Durant l'accostage, le bateau avait été la cible des pirates. Il était impossible qu'il en soit différemment. Un sentiment de terreur l'envahît d'un coup. On allait voler ses bijoux, ses robes, son vin!!!!! on allait couler le Kikoulrapa!

Les femmes à bord allaient être vendues, les hommes pendus.

Angelyque pensa à Maverick qui l'avait suivie en toute confiance.

Finn serait peut être le seul à être assez malin pour parvenir à s'enfuir. Parviendrait il à sauver Marzina et son enfant? ou tenterait il avant toute autre chose de sauver son or?

C'était bien la peine que Valyria baptise le bateau. A croire que c'est ça qui lui avait porter la poisse. Foutue Rome! Angelyque aurait du tout simplement prier Saint Bynarr comme à son habitude et boire un vin de vin en son honneur. On ne l'y reprendrait plus, tiens.

Du moins si elle s'en sortait.

Elle eu une pensée pour Sakurah, habillée en tavernière la pauvre fille se ferait surement violer avant d'être jetée aux poissons. Lucien finirait brûlé sur le mât si les pirates avaient le malheur de le voir onduler des hanches comme elle-même l'avait surpris en train de le faire.

Alix Ann était surement restée auprès de Marzina.

Et elle.....la Mirifique...qui s'inquiéterait de sa présence? peut être ses enfants....qui se battraient pour pouvoir toucher leur héritage. Phelim peut être serait capable de retourner la terre pour la retrouver...et lui hurler dessus, comme la fois où elle avait failli mourir après l'attaque des 4 armées royales commandées par Carmin qui l'avaient laissée quasi morte. si la Mirandole avait accepté de le rejoindre dans sa tente au lieu d'envoyer Riccardo, le cours des choses aurait peut être changé. La Charolaise se remémora cette douce quiétude qui l'avait envahi alors que la vie quittait peu à peu son corps. Elle avait à ce moment là eu le temps de voir le visage de Stam, celui à qui elle s'était donnée corps et âme il y a tant d'années de cela. Nul n'avait véritablement su le remplacer. Chacun de ses amants ou époux n'était qu'une pâle copie de celui à qui elle avait offert sa virginité lors de leur nuit de noces.

La mort serait douce, donc, puisqu'elle le rejoindrait. Ils seraient unis ainsi éternellement.

Des larmes coulèrent le long des joues de la duchesse et elle cessa de se débattre. Attendant la mort certaine qui ne tarderait pas à arriver, elle commençait déjà à manquer d'air, quelques pétales venant se plaquer contre son nez au rythme de sa respiration
.



Citation:
« Ça n’a pas l’air d’être la grande forme, Duchesse… ...« Jamais j’aurais cru que vous puissiez entrer là-dedans, n'empêche. »


Un œil s'ouvrit en entendant ses paroles. La voix lui parvenait déformée par l'épaisseur de la jute. L'homme s'adressait à elle comme s'il la connaissait. Etrange.

Elle tenta de répliquer tandis que peu à peu sa poitrine se regonflait au rythme d'une respiration plus soutenue mais seul un son étouffé put sortir de ses lèvres closes par un bâillon.

Hoquetant de surprise quand elle se sentit soulevée tel un vulgaire sac de paille, elle commenca à tenter de donner des coups de pied à son agresseur. Cherchant à deviner de quelle taille il pouvait bien être pour cibler les précieuses de l'homme, l'oreille aux aguets dans l'attente du cri aigu qui la préviendrait qu'elle aurait fait mouche.

Soudainement elle se sentit balancée sur ce qui devait être son lit, bien plus confortable que le sol.

Citation:
« Pas de blague, hein ? Criez et j’envoie vos cordes vocales nourrir les poissons. »


Sans douceur le bâillon fut ôté et l'air pénétra dans l'espace confiné, son nez était enfin à l'air libre et elle respira à plein poumons tandis qu'une odeur alléchante chatouillait ses narines.

Des biscuits?

Avait elle affaire à un fou? Un fétichiste qui tentait de l'amadouer? la Mirandole avait failli être mariée à l'un deux, qui avait fait une fixation sur ses pieds et s'était piqué une crise quand elle avait fait publier une annonce obligeant un conseiller illégitime à lui masser les pieds puisqu'il se refusait à démissionner. Cela l'avait rendue méfiante.


Elle tenta de remettre ses idées en place et de réfléchir, mais le souvenir des dernières heures remonta à la surface et une sourde colère commença à faire surface alors qu'en de tels cas il était important de garder son calme pour amadouer l'agresseur et lui faire la nique ensuite. Elle siffla entre dents, désirant avant toute autre chose goûter à ce gâteau. La duchesse était gourmande..

Donnez moi de cette douceur que vous tenez en main. Ensuite vous saurez de quoi il retourne pour m'avoir fait subir ça!! Chacal!

Et dépêchez vous de me libérer de cet horreur où je me trouve, que je puisse enfin voir votre sale face de rat!

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De retour, se met à jour, patience.
Finn
Quelque chose chez elle lui fait douter qu’elle ait compris la présente situation, probablement ce manque de réaction face à la trahison. À moins que ça ne soit cette curiosité pour son identité ; le prendrait-elle pour un autre ? Savourant ce rebondissement tant inattendu qu’opportun, l’homme qui ne sourit que d’un côté s’attend néanmoins à ce que le léger accent insulaire enveloppant ses paroles le trahisse tôt ou tard.

Changement de stratégie.


- « Eh bien Mamelue, en voilà des façons d’accueillir un ami. C'est moi, voyons. », lance le Gaélique en lui enfonçant un biscuit sec dans la bouche, pour la faire taire. « Et je vous ai dit de baisser d’un ton ! Vous voulez tous nous faire tuer, c’est ça ? »

Diminuant lui-même le volume de sa voix, l’Irlandais se penche sur la toile à l’endroit où devrait normalement se trouver l’oreille charolaise.

- « Nous avons été attaqués, mais… visiblement vous êtes au courant. », ironise-t-il. « Ahhh une chance pour vous que j’ai réussi à me faufiler jusqu’ici. Ces enflures fouillent le bateau à la recherche des autres passagers, je vous raconte pas la discrétion que ça a réclamée. Vous avez une idée de qui pourrait vous en vouloir à vous ou ce foncet ? Dites-moi tout ce qui vous passe par la tête, ça m’aidera à nous sortir de cette mauvaise passe. »

Fourbe Ó Mórdha…
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