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[RP] Il est des nœuds secrets, il est des sympathies

Xalta
Dont par le doux rapport les âmes assorties

s'attachent l'une à l'autre et se laissent piquer.

Par ces "je ne sais quoi" qu'on ne peut expliquer.

(Corneille)


Sur le chemin qui la ramène à Montargis, elle fait une étape dans la ville de Conflans. Ceux qui l'accompagnent sont aussi présents que les fantômes qui hantent les villes champenoises. Si deux d'entre eux réagissent, elle ne devrait plus les compter ce soir dans les rangs d'un groupe qu'elle a formé. Groupe qui devait rejoindre l'armée des Lames, mais armée qui a fait demi-tour dépitée. Si l'on peut se réjouir de rentrer sains et saufs chez soi, de retrouver famille et amis, il y a quand même ce goût âcre et amer d'avoir été berné, d'avoir mobilisé des énergies pour une vaine promenade dans la campagne champenoise.

Néanmoins, elle aura eu une satisfaction, celle d'avoir pu partager le temps d'une escale la couche de son époux. Il faut dire qu'ils étaient séparés depuis plus d'un mois, ils ne s'étaient revus depuis leur mariage, un brin rocambolesque. Mariage qu'ils n'avaient pas célébré par une longue et éreintante nuit de noce puisqu'elle avait décidé de se venger à sa façon du tour qu'il lui avait joué. Mais avec le recul, si elle se montrait honnête: la plus punie de sa vengeance, fut certainement elle. Avant d'être une femme aimante, elle était surtout une amante. Tellement plus simple d'offrir son corps que son cœur.

Elle contemplait donc par la vitre d'une fenêtre étroite d'une taverne de Conflans la rue qui s'offre à elle, peu de passage, peu d'animation. Jusqu'à ses narines lui parvient les arômes d'un vin chaud. Boisson qu'elle boit exclusivement en hiver, par goût et par souvenir. Un léger sourire ourle malgré tout ses lèvres. Elle n'est pas déprimée, ni triste malgré la morosité ambiante. Elle a des projets et pour la première fois depuis des années, elle va penser à elle, à sa famille. Elle va enfin concrétiser ses envies de voyages loin du Domaine Royal, loin d'Orléans.

Mais il lui faut prévenir quelques personnes de son prochain départ, et plus particulièrement une personne: Lui. Pourquoi ? Parce qu'elle s'est attachée au jeune homme, parce qu'elle est liée à lui d'une façon que les mots peinent à décrire. Elle lui a fait le serment d'être toujours là pour lui, quoiqu'il advienne, où qu'elle soit. Elle a bien des défauts mais elle tient toujours ses engagements. Bien souvent elle a repensé à cette journée, cette longue promenade qu'ils avaient fait dans les jardins d'Amboise, après qu'elle eu officié le mariage de Lexhor et d'Ellesya.

Elle ôte le gants de cuir , dévoilant un autre gant de tissu, elle attrape la plume qui repose près d'un vélin déplié. Elle prend de la main gauche le bol fumant, boit une gorgée ou deux, le replace sur la table, enfin elle entreprend la rédaction de sa lettre.


Citation:
Conflans Lès Sens, neuf novembre mil quatre cent soixante et un.

Cher Feodor,

Nous nous sommes croisés trop brièvement lors des joutes qui se déroulèrent à Reims. J'aurai aimé prendre plus amplement de vos nouvelles et c'est ce que cette missive, qui je l'espère vous trouvera en bonne santé, va me permettre de faire.

Mais ce n'est pas l'unique but de ce courrier. Je dois aussi vous annoncer mon départ prochain pour un long voyage qui, si tout se déroule comme convenu, devrait me mener jusqu'en Guyenne. Je vais enfin mettre en oeuvre des projets que je n'ai que trop repoussés. Me trouvant toujours des raisons pour demeurer en Orléans. Des raisons qui, aujourd'hui, s'amenuisent.

Dites moi: où en êtes-vous dans le cheminement de votre propre pardon ?
Êtes-vous toujours hanté ou bien cela s'estompe-t-il un peu ? Je sais que vous avez traversé des deuils, j'aurai aimé être plus présente mais la pudeur _ peut-être_ m'en a empêché.

Bien que très bientôt des centaines de lieues nous sépareront, je voulais vous affirmer encore que je serais toujours présente pour vous, et bien qu'éloignés vous occuperez toujours mes pensées et mes prières. Je vous écrirai plus longuement une prochaine fois.

Que le Très Haut vous garde!

Exaltation Lablanche d'A.

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Feodor


« A raconter ses maux, souvent on les soulage. »

(Pierre Corneille)



Un léger rayon de soleil vint se poser délicatement sur l'homme nu. Les idées légèrement embrumées d'une nuit d'oublis, il se leva péniblement. Il lui fallut quelques temps pour s'apercevoir qu'il venait d'être soulagé de quelques écus. La chose aurait été finalement trop tentante. Elle s'était donc octroyée un supplément. Il haussa les épaules, peu lui importait après tout, n'y avait-il pas un prix à payer pour malmener les préceptes de l'homme d'église qu'il apercevait par la fenêtre. Il le suivit du regard pour s'arrêter ensuite sur la place du marché qui commençait à s'activer. Orléans s'éveillait et il se réjouissait de pouvoir effectuer une halte en ce qui était, depuis la veille, son hôtel particulier. Les routes de Champagne l'avait épuisé. Non pas que les combats furent rudes, bien au contraire. Il n'y eut que marches, chevauchées pour n'apercevoir que couards ou affiches annonçant de facétieux traités. Heureusement une toute autre direction les attendait. Aujourd'hui, ils partiraient pour la Touraine. Il était possédé par un agréable sentiment; celui de revoir des personnes familières et chères.

Il sortit de ses pensées quand on vint frapper à sa porte. Il ajusta ses braies puis salua Ava, sa domestique, qui lui tendit une missive.

Il la remercia et s'amusa de son regard réprobateur. Elle avait été au service de son père et se désolait de le voir toujours seul. Mais pouvait-il en être autrement ? Était-il d'ailleurs capable d'éprouver de tels sentiments favorables à une vie beaucoup moins dissolues ?

Quand il vit le nom de l'expéditrice, il ferma les yeux et se replongea dans ses souvenirs d'Amboise, de cette promenade et de cette rencontre salutaire, bienveillante, délicate. En se confessant, il lui avait ouvert ses secrets. Elle était devenue celle qui lirait en lui, qui le guiderait. Le destin avait fait d'elle son juge. Il s'était aliéné ainsi pour survivre, il lui avait accordé sa confiance et il aimait se plonger dans son regard. Il s'en était rendu dépendant.

Il regarde à nouveau Ava. Son repas pouvait lui être apporté. Une réponse s'imposait et il ne descendrait pas tout de suite.

Il balaya les bouteilles de Vouvray de sa table et prit plume et vélin.


Citation:
Orléans, dix décembre mil quatre cent soixante et un.

Chère Xalta,

Je regrette profondément de ne pas avoir su profiter de ce qui va devenir notre dernière rencontre avant de bien trop longs mois. J'ignorai vos desseins et en toute connaissance j'aurai certainement comploté égoïstement afin d'entraver un tel voyage. Aucune méchanceté dans mes propos, simplement une tristesse de ne plus voir ce regard dans lequel j'aime à me plonger. Simplement une mélancolie à ne plus sentir la douce caresse de votre main qui a le don de calmer mes démons. Vous vous éloignez et la crainte de vous perdre m'envahit.
Je vous ai livré mon âme et j'aime à savoir qu'elle demeure ouverte pour la personne qui a su m'écouter, vous mon Amie.

J'ai été ravi d'apprendre votre union. J'y vois là un futur bonheur et certainement qu'il me faut accepter de vous savoir en Guyenne si tel est votre choix. Mes prières vous sont allouées et j'aspire à ce que notre éloignement ne va pas s'éterniser. En attendant, je vous écrirai à n'en pas douter.

Mes nuits sont toujours agitées. Toutefois, je m'efforce de chasser mes démons par quelques nuits de menus plaisirs. Pas très aristotélicien tout ceci mais j'y trouve un certain bien être. Et comme les journées sont actuellement fort occupées avec les Lames et bien il m'est aisé de vous dire que les souvenirs du passé sont actuellement refoulés. Je sais que je vais vous déplaire mais à chaque fois que ma main passait sur une de mes cicatrices, il m'était difficile de ne pas me souvenir ...

Et puis Carlotta nous a quitté, m'a quitté. Mon socle familial est parti avec elle. Ma peine fut profonde et demeure. Alors je m'évertue a avancer. Je confesse que les sentiers pris ne sont pas très vertueux mais ...

Nous partons pour la Touraine dans la journée. Je vais revoir Aemilia et Sya. Des dangers sont apparus dans cette région. Je vous enverrai de mes nouvelles et je vais prévenir Ava de faire suivre votre courrier.

N'hésitez pas à me donner de vos nouvelles ainsi que me narrer votre voyage. J'aimerai avoir également des nouvelles de vos proches. J'ai hâte de vous lire. Embrassez tout votre petit monde et dites leur que mes prières vont aussi vers eux.

Avec toute ma dévotion et mon affection.

Que le Très Haut vous garde!


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Xalta
La réponse n'avait pas tardé, par contre la sienne, elle prit du temps non point par désintérêt mais parce qu'elle avait appris entre temps une triste nouvelle pour ne pas dire funeste. La lecture puis sa relecture au moment de la rédaction de sa missive lui ourlèrent les lèvres en de tendres sourires.
Citation:

Cher Feodor,

Comme à chaque fois, vos mots savent me toucher. Vous savez susciter en moi des émotions dont je ne laisse rarement libre cours. En vous lisant, mon premier sentiment fut de vous proposer de vous joindre à nous pour ce voyage dans lequel j’entraîne une partie de mes proches. Mais ce serait fort égoïste de ma part, je vous sais engager auprès des Lames. Mais si l'aventure vous tente, sachez que vous serez le bienvenu.

Je tiens à vous assurer, à vous rassurer: jamais vous ne me perdrez. Ni la distance, ni les aléas de la vie, rien ne pourra se mettre entre nous. Je vous écrirais aussi souvent que possible. Même mon mariage avec Ghost, d’ailleurs je vous remercie pour votre sympathique pensée, ne sera pas un frein. Un mariage inattendu, un brin brutal que je vous conterai surement une prochaine fois.

Je ne vous reprocherai pas de profiter de ce que vous nommez "menus plaisirs". S'il y a bien une personne sur cette terre qui ne peut objectivement le faire c'est bien moi. Puisque au cours de certaines périodes de ma vie, j'ai également joui de ces derniers pour oublier ou ne pas dormir. Mais soyez prudent, ne versez pas dans l'abus. S'ils sont des distractions plaisantes, ils ne sont pas un remède.

Me déplaire ? Du tout. Peut-être un peu surprise...


Elle se lève, pose sa plume, se rapproche de la cheminée, puis tend ses deux mains difformes au-dessus des flammes. Elles sont glacées comme souvent comme si les flammes d'il y a quatre ou était-ce cinq ans avaient consumé la quasi totalité de leur vie, de leur chaleur. Elle reste un moment contemplative et songeuse. Feodor était un des rares hommes , même personnes qui acceptaient de voir ses mains telles qu'elles sont sans éprouver ce dégoût qu'elles suscitaient régulièrement. Elle se souvenait encore du contact de ses mains sur les siennes. Elle retourne à son bureau, reprend place, plume dans l'encrier, elle reprend ou presque au même en droit sa rédaction.


Citation:
Pour votre cousine, j'ai appris, je vous présente mes plus sincères condoléances, j'aurai aimé vous dire plus, mais les mots sont souvent vains à exprimer. Je comprends votre douleur, elle ne s’atténuera qu'avec le temps sans jamais disparaître. Je suis certaine qu'elle a retrouvé enfin paix et sérénité entourée de la bienveillance du Très Haut.
Vous n'êtes pas seul Feodor, vous avez des amis au sein des Lames, et vous m'avez aussi.

Il n'est pas trop tard pour votre âme et emprunter des sentiers plus vertueux, vous êtes jeune. Et je sais votre volonté et la profondeur du repentir. C'est un long chemin que nous parcourrons ensemble.

Mon voyage risque de reculer un peu, Ghost se fait rare, très occupé par diverses ... préoccupations qui devraient trouver rapidement une solution.

Quant à vous soyez prudent en Touraine, ne prenez pas de risques inconsidérés.

Mais j'y pense des joutes auront bientôt lieu à Limoges, j'y assisterais sans participer, vous devriez y venir et jouter, cela vous ferait certainement une distraction et un entrainement avant de possibles escarmouches. Je serais ravie de vous y voir, nous pourrions ainsi nous voir et discuter.
D'ailleurs je me suis également inscrite aux joutes qui se dérouleront en fin d'année en Normandie. Il me faut tuer l'ennui avant même qu'il ne me gagne.


Un léger sourire, elle a volontairement omis que lors des joutes qui se dérouleront à Limoges le vainqueur pourrait se trouver une épouse. C'est un petit oubli qui, elle l'espère, ne provoquera pas son courroux quand il le découvrira si jamais il acceptait de venir.
Citation:

Avec toute ma tendresse.

Exaltation.

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Feodor
Cela faisait maintenant quelques temps que le soleil s’était levé. La nuit avait été tranquille et plutôt surprenante. Mais il n’eut le temps de se laisser errer à ses rêveries . On vint lui apporter une missive et c’est du haut des remparts qu’il en fit lecture.
Cela venait d’Orléans. Il reconnu l’écriture féminine et hésitante de sa servante. Après Aemilia il avait entreprit d’apprendre à lire et écrire à Ava. Cela avait été plus compliqué mais maintenant il pouvait s’appuyer sur cette personne de confiance pour lui donner quelques nouvelles d’Orléans et de ses propriétés.
Deux missives !!! Il lu d’abord la première ...


Citation:
Monseigneur,

Les travaux avancent doucement mais au rythme que vous avez demandé. Les hommes suivent vos ordres.
Je n’ai pas de nouvelles de la seigneurie. Mais Bertuccio doit vous donner des informations. Aux champs, tout se passe bien et je n’ai pas dépassé le budget que vous m’avez donné.
Vous avez une lettre de Dame Xalta.
Je l’envoie avec cette missive.

Que le Très Haut vous protège.

Ava.


Il sourit tout en repliant ce vélin avec des nouvelles qui se voulaient rassurantes. Il songea qu’il serait temps d’accélérer les travaux à son retour. Il avait là assez attendu. Et puis il conviendrait d’étendre sa mesnie ou la réorganiser.
Il décacheta la missive de Xalta et la lu attentivement. Il regarda l’horizon et remercia le Très Haut du temps qu’il lui accordait pour saluer comme il se doit la duchesse.

Il termina sa ronde avec la missive sous son mantel puis se rendit dans la taverne municipale. Il se fit prêter plume et vélin tout en commandant un frugal repas.


Citation:


Chère Xalta,

Vos mots me rassurent et me réconfortent. Je vous remercie pour les pensées qui accompagnent ma cousine. Elles me vont droits au cœur même si les mots sont peu de choses en te telles circonstances. Je tâcherai aussi d’éviter de tomber dans les excès et de prendre des risques inconsidérés. Je vous en fais la promesse. Rien ne m’y engage me direz vous, mais j’y tiens. Cela m’obligera à tenir une parole dite et malgré quelques travers, j’ai remarqué que je n’ai encore jamais dérogé à de tels engagements. Ce déplacement en Touraine semble m’être bénéfique. Je mets des actes sur vos paroles et je prends conscience d’appartenir à une famille. Les Lames m’entourent effectivement et je peux me reposer sur elles. A ce propos, hier au soir on m’a fait deux demandes consécutives. Je vais devenir le parrain d’Aemilia et de Maheut la fille de Dotyy. J’ai accepté naturellement même si je ne mesure pas encore toutes les conséquences que cela peut engendrer. Et puis j’ai fais une rencontre hier qui m’a troublé. Etrange ! Mais c’est un sujet qu’il convient de différer la narration, je n’arrive pas encore à trouver les mots justes.

Aussi, il semble que ce soit quelque chose que nous ayons en commun. Je vous relis et vous semblez me cacher certaines choses. Rien ne vous y oblige mais vos hésitations m’inquiètent. Autant je savoure l’histoire que vous allez me conter concernant votre mariage, autant j’appréhende ce que vous évitez de m’écrire. Ghost se porte-t-il bien ? Vous arrive-t-il quelque chose ? Je me réjouis que votre départ soit ajourné non pas par méchanceté mais cela va pouvoir me permettre de vous faire mes au revoir. Cependant je serai vraiment attristé s’il y avait là contraintes alarmantes.

Je ne raterai pas ces dernières joutes pour rien au monde. Vous voir m’enchantera.

Mes pensées se tournent vers vous et vos proches.

Affectueusement





Il finit de plier sa missive et la fit envoyer. L'heure du départ avait sonné. Après Tours se devait être Loches et il passerait son temps a laisser vagabonder son esprit au gré de ses humeurs. Il laissa quelques écus sur la table et on pu le voir disparaître dans la pénombre une fois la porte franchie.
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Xalta
Arrivée assez tôt sur Conflans, ils avaient fêté la nouvelle année en Champagne. Sauf que ce voyage débutait bien mal en effet, sa soeur et son époux avaient du rester sur Montargis. Elle attendait de savoir ce qu'ils feraient afin de décider de la suite du voyage. Assise au chaud dans la salle principale de la taverne municipale, tout en buvant un vin chaud qui embaumait les épices, elle prit sa plume pour écrire à Feodor. Elle n'avait pas grand chose à lui dire puisque le voyage débutait à peine, mais l'envie était là. Presqu'un besoin. Elle prit papier et plume , et , baignée de la douce chaleur de l'âtre, elle rédigea une courte missive.

Citation:
Cher Feodor,

Tout d’abord, je tiens à vous souhaiter tous mes voeux pour cette nouvelle année. Qu’elle vous apporte joie, bonheur, prospérité et félicité. Mes prières et mes pensées vous accompagneront tout au long de celle-ci.

J’ai pris la route hier soir, nous avons fêté la nouvelle année en arrivant à Conflans. Nouvelle année, nouveau départ. Très symbolique et quelque peu niais de ma part je ne m’en cache pas.Un voyage qui ne commence pas comme je l’espérais car ma soeur Bella et son époux n’ont pu nous suivre, je ne sais pas encore au moment où je vous écris ce que nous allons décider: retourner sur Montargis pour les chercher, les attendre à Conflans ou bien poursuivre la route et espérer qu’ils réussissent à nous rejoindre.

Sachez, bien que les dernières joutes ont eu lieu récemment, j’attends les prochaines avec impatience car je sais que je vous y retrouverai. J’apprecie les moments que nous partageons. Parfois j’aimerai vous être plus utile. Êtes vous retourné en Touraine ? Les menaces sont elles toujours aussi pesantes ou bien ce début d’année permet un répit et quelques moments de grâce ? je vous sais bien entouré, je sous sais apte à vous défendre et pourtant je ne peux m’empêcher de m’inquiéter de votre sort.

Affectueusement.

Rédigé à Conflans Lès Sens, le 1er janvier 1462.

Exaltation Lablanche d’Abancourt.

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Feodor
Il commençait à se languir. L'inaction mêlée aux festivités de fin d'année passées loin des proches n'engendraient que morosité et lassitude. Et puis, et puis son visage lui apparaissait continuellement. Il s'était permis une escapade à Tours pour la revoir. Cela n'avait fait que renforcer son sentiment. Son coeur si longtemps fermé s'ouvrait peu à peu vers des horizons qu'ils désespéraient de maîtriser. Cette envie de tout contrôler, cette envie de dompter ses émotions s'évanouissait au gré du temps. Ou du moins, l'envie demeurait mais l'accomplissement d'une telle oeuvre devenait de plus en plus ardu.
Qu'il est étrange de se sentir devenir aussi fragile en pensant à l'être aimé. D'ailleurs pouvait-il utiliser ce terme ? Avait-il seulement mesuré ces subtilités et ces incidences ? Le temps le dirait.

Attablé au coin du feu, il allait prendre des nouvelles d'Exaltation quand un cavalier fit claquer la porte de la taverne. Servi d'un vin chaud il fut agréablement surpris quand on lui apprit qu'un des hommes recherchés n'était autre qu'ici au sein de ces murs. Il tendit a Feodor une missive.

Lecture faite, un tendre sourire apparut sur son visage


Citation:
Chère Xalta,

Je vous remercie pour vos voeux. Comme à leur habitude, vos mots me réjouissent et me réchauffent le coeur. Puisque vous avez décidé de mettre cette nouvelle année sous le sceau du voyage, a mon tour alors de vous souhaitez bon voyage. Qu'il soit le fruit de plaisantes rencontres, d'un nouvel esprit familial et par dessus tout, je veux vous savoir heureuse. Que votre destination soit source de ce renouveau qui sait réchauffer le coeur et l'esprit.  Mes pensées, mes prières, mon affection se joignent à vous. Et même s'il apparaît que vous ne serez pas ménagé de vos efforts, je gage que ce déplacement sera comme votre famille, plein de surprises. Voyez vous même, à peine partie et vous voilà déjà avec des imprévus. Chef de famille ! Quelle bien beau sacerdoce ! J'espère que mes mots vous font sourire, ils ont en tout cas cette ambition. Vous me manquez déjà et tout comme vous, j'aspire à de nouvelles joutes signent de nouvelles entrevues.  Les moments que vous m'accordez embellissent une vie qui paraissait bien terne. Le Très Haut m'a fait vous rencontrer et je le remercie tous les jours. Ma destinée a croisé votre chemin et sachez que lors de ma confession vos mots se sont encrés en mon être. Il n'y a pas une action, une parole qui ne soit le fruit de vos propos. Vous ne m'êtes pas utile, vous m'êtes précieuse.
Je vous écris de Loches, il était inconcevable que je ne rejoigne pas les Lames après ce séjour en Normandie. Et rassurez vous pour le moment nous vivons hors de tout danger au grand damne de certains. Moi même, je suis un peu lassé de cette ville. Mais en tout transparence, ce sentiment est provoqué par une rencontre qui sut éprouver mon coeur. Je vous ai écouté, je n'ai pas fuit devant ce regard, devant cette femme. Je lui ai confessé mon trouble, je me suis risqué à oser lui parler et écrire en courtisan. Me voilà bien emprunter et bien gauche et pourtant ses mots me rassurent, ses gestes m'enhardissent à présent. J'ignore où cela va me mener, nous mener. Je succombe à la tentation par pensée, je veux pécher par gourmandise et je me raisonne. Elle mérite toute mon affection et tout mon respect que son rang exige. J'espère me porter digne de son regard qu'elle pose sur moi.
Dites moi, comment se porte votre époux ? Votre missive omet de me donner des nouvelles. Se porte-t-il bien ? Distrayez moi en narrant les exploits de votre soeur. Rassurez moi en vérité, donnez moi de vos nouvelles.
J'allais oublié, des festivités auront bientôt lieu à Vincennes. Je vous en dirai plus lorsque tout cela sera mis en évidence mais peut-être nous reverrons nous en cette occasion.

Avec tout mon dévouement et mon affection

Feodor


Il porta sa chope à sa bouche pour en vider son contenu d'une seule traite puis alla rejoindre ses amis...
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Xalta
Voici quelques jours qu'elle avait reçu le courrier de Feodor, elle ne l'oubliait pas mais elle avait repoussé pour diverses raisons sa réponse. Non pas que cela l'ennuyait, bien au contraire, elle songeait régulièrement à lui. Mais d'une aprt , son voyage ne se déroulait pas forcement comme elle l'avait envisagé, ensuite, il l'avait surpris en lui apprenant qu'il ouvrait son coeur et suivait donc un de ses conseils. Point de jalousie en elle, elle se réjouissait sincèrement pour lui, mais il avait piqué sa curiosité au vif et si elle avait répondu dans la foulée, elle l'aurai noyé sous un flot de questions concernant celle qui avait su susciter de tels émois chez l'Orléanais.

Citation:
Cher Feodor,

Quel plaisir d'apprendre que vous avez osé franchir le pas et ouvert votre cœur!
Rassurez vous et n'ayez crainte de paraître gauche, si vous parlez avec votre cœur, vous saurez trouvé les mots qui feront mouche. Accordez vous plus de crédit ! La femme qui a su suscité votre intérêt a beaucoup de chance. J'espère que vous m'en conterez davantage lors de votre prochaine missive car vous avez piqué ma curiosité au plus haut point et puis sachez que si jamais , même dans ce domaine, si vous aviez des doutes, des questions, n'hésitez pas. Si je ne suis pas des plus douées concernant ma vie propre, il parait que je suis tout de même de bons conseils quand il s'agit des autres.

Mon époux se porte bien malgré l'attaque dont il a été la victime entre Tonnerre et Sémur, car Monsieur n'a pu nous suivre, me prévenant au dernier moment qu'une petite plaie qu'il avait semblait s'infecter, nous l'avons donc attendu à Semur mais si j'avais su nous serions allé le chercher car il a été rossé et laissé inanimé dans un fossé. Mais il se rétablit très bien. Entre Semur et Dijon, ce fut le tour de Ptitbroth d'oublier que nous reprenions la route , il nous a rejoint avec des Bourguignons. Et depuis quelques jours nous goûtons l'hospitalité dijonnaise en attendant que la fille de Ghost nous rejoigne. Enfin surtout moi, puisque mes compagnons de route dont mon mari se font rares. Quant à ma sœur Bella, elle a préféré rentrer pour rejoindre son époux. Fort heureusement je ne suis pas de celles qui se morfondent !


Un léger sourire ourle ses lèvres en pensant aux heures qu'elle passe en taverne à discuter: redécouvrant ou découvrant certaines personnes. Même si rien ne se passait comme elle l'avait imaginé, elle ne se laissait pas abattre. Prise d'une soudaine nausée, elle se lève , et soulage le contenu de son estomac dans une cuvette. Est ce la maladie qui semble se répandre sur Dijon ou bien ses doutes qui se confirment concernant son état ?

Citation:
Enfin un voyage mouvementé mais riches de rencontres. Seule chose qui me soucie un peu c'est l'épidémie qui semble frapper Dijon, je m'inquiète surtout pour Tancrède qui est encore bien petit et dont la constitution est encore fragile , chose que je n'évoque que rarement , peu de personnes savent en effet qu'il est né quelques semaines trop tôt. Mais nous reprendrons la route surement dimanche ou lundi pour nous rendre à Montélimar tout en quittant surement Dijon avec une pointe de regrets.

Je change de sujet, quelles joutes de Vincennes ? Je n'en ai pas du tout entendu parler. Mais oui je serais ravie de vous revoir au cours de celles-ci d'autres, j'irai vérifier le calendrier des joutes. D'ailleurs, je pense que je vais réitérer les joutes pour l'anniversaire d'Orléans, je les avais mise en place lors de mon mandat de duchesse, et si ma mémoire ne me fait pas défaut nous avions eu une belle participation. Et puis l'anniversaire du duché est une chose qui me tient à cœur parce que lié au souvenir d'une personne.

Bien affectueusement

Exaltation

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Feodor
Cette fois ci la lettre de Xalta l'attendait en sa demeure. Que de passage, il se réserverait ce plaisir de la lire sur le trajet qui allait être à nouveau le sien. Loches, Tours, Blois et Orléans s'étaient succédées lors de son périple et voilà qu'à peine arrivé il s'apprêtait à refaire chemin inverse. Tours d'abord et ensuite vers d'autres destinations jusqu'alors inconnues.  Vendôme était froid mais il se réjouissait depuis les joutes normandes de ne pas vivre de nouvelles journées pluvieuses.
C'est avec le coeur léger qu'il prit plumes et vélin ...


Citation:

Chère Xalta,

Votre lettre a eu le don de me faire passer par tous mes états. Je fus tout d'abord fort inquiet de la santé de votre époux. Même si vos nouvelles ont été ensuite rassurantes, j'imagine les soucis, les émotions par lesquelles vous avez dû passer et les souffrances qu'à pu subir Ghost. Dites lui que je pense fortement à lui et lui souhaite un prompt rétablissement.
Puis, vous avez su me faire sourire. Je vous visualise bien avec tout votre petit monde à courir dans tous les sens. Votre voyage est agrémenté d'aléas qui tue votre ennui. Je me demande même s'ils ne le font pas exprès. Une manière de penser à vous en quelque sorte. Je pourrai même leur donner quelques idées ...
Mon humeur est légère vous pourrez le constater. Je sais qu'il vous en faut bien plus pour vous mettre en difficulté et les rencontres que vous faites sont sources de vie et d'espoir. Non, décidément j'ai aimé vous lire, j'aime vos nouvelles, j'aime vous savoir vivre. Quant au petit Tancrède, et bien je me refuse à penser, à croire en un dessein venant altérer cette humeur. Je vous sais mère aimante et protectrice, il est entre de bonnes mains. Vous saurez lui donner force et détermination, le forger pour un destin digne du votre. Je n'en doute pas et j'ai hâte de lire vos prochaines aventures.

Concernant Vincennes je vous ai parlé de festivités il me semble et non de joutes. Mais peut être ai-je commis une erreur. Pas de joutes donc, chasse, tournoi d'archers, banquet ... seront à l'honneur. L'annonce devrait d'ailleurs être propagée dans tout le royaume.  
J'ai hâte de participer aux joutes d'Orléans. Par contre ma mémoire doit être me jouer des tours, de qui parlez vous ? Elle furent l'occasion de porter hommage à qui ? Pardonnez moi cette omission que j'espère vous pourrez combler.

Quand à la personne qui occupe mes pensées et désormais mon coeur ! Que vous dire ? Je ne peux être avare de compliments tellement sa compagnie m'est agréable, tellement sa beauté ... Je préfère m'arrêter là, je risquerai de vous ennuyer. Me voilà donc pris à ce doux piège des sentiments qui me mènent par le bout du nez. J'aimerai vous la présenter même si je gage qu'avec vos fonctions vous puissiez avoir déjà fait sa connaissance. En ce moment, je profite que le Prince nous ait laissé libre quelques jours pour la découvrir jour après jour et je me met à rêver d'un avenir commun. Longtemps nos échanges ne furent que des mots et maintenant ils se transforment en paroles. Enfin, nous verrons bien ce que le destin nous réserve.  

Une ombre est toutefois venue ternir ce tableau. Je l'ai rejoins mais j'en veux un peu à Lexhor. Il nous a laissé partir sans nous dire le malheur qui s'abat sur lui. Faut-il que je sois à Tours pour apprendre que son fils Keridil se porte fort mal. Certes je le savais en mauvaises forme mais rien ne laissait penser à une funeste fin. Mes prières se joindront certainement aux vôtres pour sa famille et son rétablissement s'il n'est pas trop tard.

Faites attention à vous.
Avec toute mon affection.

Feodor

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Xalta
Montauban, pour la seconde fois, ils faisaient halte dans cette ville et ce ne serait pas la dernière fois puisqu'il faudrait de toute façon repasser par celle-ci après avoir enfin déposé Orcus à bon port. En parlant de port, elle avait été faire un tour sur celui de Toulouse la veille. Les souvenirs avaient afflué lors de sa contemplation de la Garonne endormie.

Montauban, la ville était plutôt charmante et l'accueil sympathique dans l'ensemble malgré tout il lui restait un sentiment mitigé, quelque chose d'indéfinissable. Peut-être du à la soirée qui s'était déroulée et qui avait vu La Déterminée et le Sanglier des Ardennes s'affronter. Rien de très palpitant en soi. Juste une de leur confrontation, l'un comme l'autre n'aimait pas plier et tous deux aimaient avoir le dernier mot.

Assise bien au chaud dans la chambre d'auberge, Tancrède dormait paisiblement pour sa sieste quotidienne, le souffle lent de sa respiration soulevait sa poitrine. Il était si serein, si apaisé. Un léger sourire ourla ses lèvres devant le tableau qu'il offrait , lové contre le vieux Dago qui semblait apprécier le voyage et plus particulièrement la présence de la féline Kitty, l'animal de Ptit et d'Isa. Profitant de ce moment de calme, elle prit plume et papier afin de se mettre enfin à jour dans son courrier.

Une lettre pour chacun des prétendants de sa soeur Isabella. Elle savait qu'une rencontre aurait lieu sur ses terres entre cette dernière et un jeune seigneur. Elle souhaitait vivement que celle-ci trouve l'homme qui saurait la chérir comme elle le mérite. Un courrier à Jean_Loing, son intendant , une à Euphémie pour s’enquérir surtout de sa santé. Elle remet à plus tard celles pour ses sœurs, préférant se mettre à la rédaction d'un courrier qui n'avait que trop tardé, bien qu'entre temps, elle avait pu recroiser le jeune homme à Souvigny puis à Vincennes.

Citation:
Mon cher Feodor,

Vous me pardonnerez je l'espère mon long silence. Soyez assuré qu'il ne s'agit pas d’indifférence ni d'oubli, je pense très souvent à vous et vous êtes toujours au cœur de mes prières. J'ai apprécié de vous voir à Vincennes où vous n'avez pas démérité et ravie d'avoir croisé celle qui fait battre votre cœur. Vous voir ensemble m'a permis de m'assurer que vous étiez heureux.

Je vous écris de Montauban où nous séjournons pour la seconde fois, en effet , Orcus, tout à sa joie d'être enfin proche de sa destination, a oublié de prendre la route, et pour une fois, je ne m'étais pas assurée que tous étaient bien présents. C'est donc en franchissant les murs de la Ville Rose que nous nous sommes rendus compte qu'il manquait à l'appel, nous avons donc passé la journée à Toulouse avant de faire demi-tour pour aller le quérir. J'ai songé un instant à l'enfermer dans une malle pour qu'il n'oublie pas ce soir de bien grimper dans le carrosse.

Nous avons traversé nombre de villes fort accueillantes et animées, cela change tant de Montargis où tout est si ... mort. Quelques coups de cœurs partagés par Jehanne et Attala pour certaines cités visitées. Vous vous demandez certainement qui sont ces deux jeunes femmes. La première est la fille de Ghost, qui est venue nous rejoindre à Dijon depuis son couvent lorrain.

Nous nous apprivoisons et je l’apprécie chaque jour davantage. Tout comme Attala, Lyonnaise qui nous a rejoint depuis Lyon. Nous avons patienté une journée pour qu'elle puisse nous accompagner et pour être sure qu'elle nous suive, j'ai déboursé quelques écus pour qu'elle puisse acquérir son premier champ. Puis à Montélimar, nous avons récupéré Ulrick, qui deviendra mon apprenti-veneur et aussi ma pupille.

Sinon Ghost a très bien récupéré, comme vous avez pu le constater à Souvigny et à Vincennes. Par contre je ne saurais dire s'il apprécie vraiment ce voyage. Quant à mon fils, il n'a été victime que de légères fièvres, ce qui est miraculeux vu que nous avons tous été malades à tour de rôle. Oui il est d'une constitution fragile car né prématurément, ce qui a valu quelques commérages concernant la paternité de Belgarion. Heureusement, je ne porte pas d'intérêt à ce genre de ragots. J'y suis habituée. Tout comme je sais que certaines mauvaises langues feront probablement des commentaires sur ma grossesse en cours.

Je viens de me relire et je me rends compte que je vous noie sous un flot de lignes et en oublie de prendre de vos nouvelles. Comment vous portez vous ? Voyagez vous toujours entre Touraine et Orléans ? Comment se porte votre dame ? Racontez moi, j'aime à connaitre tout ce qui vous touche de près ou de loin.

Avec toute mon affection.

Exaltation.

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Feodor
Il avait gardé sa lettre avec lui et au coin d'un feu de camps entre Orléans et Tours il prit quelques temps pour répondre à Xalta.

Citation:
Chère Xalta,

Jamais je ne penserai que vous puissiez m'oublier. Jamais je ne vous accuserai d'indifférence à mon encontre. Je vous sais noble, sincère, droite et vos paroles, vos gestes, vos écrits également sont de perpétuels attentions que vous me portez et qui me ravissent. Vous êtes à jamais gravée dans mon coeur et mes pensées.
Il y a une chose qui me chagrine toutefois; me cacher votre état et me l'annoncer comme une chose anodine me laisse perplexe. De surcroît, Madame joute et chute ! Quel bel exercice pour mettre à l'épreuve le fruit de votre amour ! Oui vous lisez bien, je me permets de vous réprimander. Voilà que ma jeunesse et mon inexpérience en la matière m'emportent. Vous n'êtes que enceinte et non malade ou mourante mais je m'inquiète tout simplement. Reposez vous bien et je me réjouis que vous soyez arrivée à bon port. J'imagine la joie de Tancrède de le savoir bientôt grand frère. A ce propos, mes prières lui sont toujours adressées pour qu'il continue à bien se porter et que le froid ne fasse pas son oeuvre sur les plus chétifs d'entre nous.
A vous lire, je vous devine heureuse; cela me ravi et embrassez tout votre petit monde. Quant aux mauvaises langues et bien là où vous vous demeurez à présent n'êtes vous pas à l'abri de ce genre de choses ? Je gage que vous serez vivre en parfaite harmonie loin de telles considérations et entourée de vos nouveaux compagnons de route.
Vous avez raison, je suis heureux. Mon affection a son égard ne cesse de grandir et me savoir dans ses pensées ne fait qu’accroître mon envie d'être à ses côtés. Tant que le Prince ne me réclame pas, je passe mon temps sur les routes. Demain je serai à Tours et je souris à l'idée de la revoir. Je me prends même à rêver d'un avenir commun, d'une vie partagée. Je vous disais être heureux, c'est une certitude comme je suis aussi inquiet voyez vous. J'ai pris une décision, de celle qui me distinguera de la voie de mon père, de celle qui va m'engager à lui promettre un amour éternel, de celle qui va me permettre de fonder une famille. Je ne sais pas encore comment mais je compte lui demander sa main. Il me reste un peu de temps me direz vous ! Si elle devait dire oui j'aimerai vous savoir à mes côtés. Voyez comme vous êtes devenue importante à mes yeux. voyez comme je tiens à vous, voyez comme j'ai besoin de vous.
Aux dernières nouvelles, elle se portait bien. Elle vient d'être élue et recommence à œuvrer pour son duché en occupant le poste de Cac. Quant à la jeune Aemilia, la voilà juge. Que le temps passe vite !

Si non, l'on m'a rapporté que vous seriez nommée ambassadrice en Bretagne pour le domaine royal. Est-ce vrai ?


Avec toute mon affection
Que le Très Haut veille sur vous et votre famille.

Feodor

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Xalta
Citation:
Cher Feodor,

Mon état est celui courant d'une femme mariée. L'enfant que je porte en mon sein prend peu à peu sa place. Si j'en parle peu c'est parce que je ne souhaite pas susciter d'inquiétude. Il est des âges plus faciles pour porter un enfant, surtout pour la seconde fois. Pour les joutes, je ferais une pause après celles qui auront lieu dans 15 jours environ en Orléans. Ensuite je crains de ne plus pouvoir enfiler une armure . J'espère avoir le plaisir de vous y voir en compagnie de votre Mie.

Tancrède semble se réjouir bien qu'il est peut-être encore un peu jeune pour comprendre ce que cela signifie. Jehanne par contre du haut de ses 15 ans s'est réjouie de cette nouvelle. Il est vrai que je suis heureuse au milieu des miens, même s'il me manque mes sœurs: l'une est retournée à Montargis et de ce que je sais vit des jours égayés par la présence d'un homme, l'autre est retournée chez les moines se réfugier, je pensais pourtant qu'elle ne sombrerait plus dans ses accès de mélancolie depuis sa rencontre avec Helie.

Ma surprise fut grande en lisant que vous souhaitiez vous engager solennellement à ses côtés. Mon premier mouvement fut de tenter de vous tempérer, de vous expliquer qu'il faut savoir prendre son temps, que les premiers temps sont toujours très beaux, intenses mais que souvent cela s’atténue avec le temps et qu'il faut alors apprendre à aimer la personne telle qu'elle est et non telle qu'on la voit dans les premiers élans du cœur. Mais je ne le ferais point, je sais, vous connaissant, que vous avez du réfléchir longuement à tout ceci avant de vous lancer dans cette nouvelle aventure qui est aussi l'un des défis les plus difficiles à relever car il ne dépend pas que de votre propre volonté.

Je vous souhaite qu'elle accepte et je serais des plus heureuses pour vous. Être à vos côtés, bien entendu! Je n'imagine pas les choses autrement. Vous avez en mon cœur, en ma vie une place éternelle. Je vous accompagnerai et probablement physiquement car nous sommes sur le chemin du retour, bien que nous ayons fait un détour par Montauban afin que je puisse officier un baptême. Oui, même loin de mon diocèse je poursuis cette mission avec l'accord bienveillant du Primat de France.

Et sinon l'on vous a bien rapporté: je suis effectivement ambassadrice royale en Bretagne. Mais je me pose néanmoins des questions sur le rôle que j'aurai à jouer là-bas car il semble que la diplomatie se joue en des lieux et des compétences au-delà des miennes. Si mon rôle se contente d'être celui d'une jolie potiche porteuse d'annonces dans un sens ou dans l'autre, je crains de ne pouvoir l'assurer. Ce n'est pas ainsi que je conçois la charge d'ambassadeur.

Avec toute mon affection.

Exaltation.


Plume posée, lettre cachetée puis confiée à un coursier. Elle regagne sa couche, sur laquelle elle s'allonge , habillée, fatiguée, elle pose les mains sur son ventre qui s'arrondit tout doucement mais pas suffisamment si elle en croit ses calculs et son expérience passée. Peut-être devrait-elle songer à se reposer vraiment et cesser de parcourir autant de lieues.

Elle énumère les villes depuis leur départ, le 31 décembre dernier: Montargis, Conflans, Tonnerre, Sémur, Dijon, Châlon, Macon, Lyon, Vienne, Valence, Montélimar, Uzès, Alais, Mende, Espalion, Cahors, Montauban, Toulouse, Montauban, Toulouse, Montauban, Agen, Bazas, Bordeaux, Blaye, Bordeaux, Castillon, Marmande, Agen et de nouveau Montauban. Elle ferme les yeux et s'endort.

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Feodor
Feodor était toujours en Touraine, le temps nécessaire pour organiser son mariage et attendre que sa promise soit plus libre de ses mouvements.  Il s'était acheté une demeure en plein cœur de la capitale mais c'est à Rivau, sur les terres de Gatimasse qu'il commença à rédiger son courrier.

Citation:
Ma chère Xalta,

Votre état est certainement l'état courant d'une femme mariée. Je peux le concevoir aisément. Ce qui me chagrine c'est de vous savoir prendre des risques à chaque fois que vous jouter. Je vous en conjure, songez à vous reposer. Les déplacements et les joutes ne sont pas très souhaitables pour l'enfant que vous portez. Et même s'il est vrai que je suis bien ignorant en la matière, je pense vous écrire avec bon sens et sincérité. Promettez moi de vous faire remplacer pour les prochaines joutes. Celles d’Orléans s'approchent à grands pas et je serai fort aise de vous voir en tribunes. Gatimasse m'accompagnera je pense même si ses charges et obligations l'accaparent beaucoup. D'autre part nous nous préparons pour notre union devant le Très Haut et nous pourrons très prochainement publier les bans et communiquer sur une date. Oui, elle a accepté de devenir ma femme. Je ne comprends pas votre surprise et vos doutes mais je vous suis reconnaissant de me faire confiance. Sachez toutefois qu'à partir du moment où mon âme fut éprise, je ne pouvais concevoir autre solution que de respecter son honneur. Je souffre trop de mon passé pour être hésitant en la matière et jamais je n'engendrai souffrance pour avoir éconduit une dame qui mérite toute ma droiture. Je fus d'abord ému par sa beauté, sensible à sa passion, épris de ses mots durant une longue correspondance pour finalement devenir courtisan, soupirant et enfin amant. Voilà des mois que je ne quitte plus Tours pour être à ses côtés et à partir du moment où nous nous sommes donnés l'un à l'autre, le mariage devenait inéluctable. Je ne peux concevoir hésitation en la matière. Etre certain ? Peut-on avec conviction affirmer la chose ? Par contre, il est évident que je ne souhaite pas être homme qui succombe à la tentation avec frivolité et sans en mesurer les devoirs d'un gentilhomme. Je veux la rendre heureuse et me satisfait amplement du bonheur qu'elle me procure sans songer si ailleurs il y aurait un meilleur destin.
Vous savoir à mes côtés me réjouis. Je compte demander également au prince de devenir mon témoin. Lexhor connaissait mon père; il m'a accorder sa protection depuis ma venue dans le duché alors, il me paraissait évident de prendre une telle décision.  

Votre retour à Orléans est une bonne nouvelle, nous pourrons certainement nous y voir et revoir tout votre petit monde sera un plaisir. Tancrède se porte bien et c'est là une grande satisfaction. Je constate une profonde affection pour Jehanne, j'en conclue donc que vos relations ne cessent de se renforcer. Chacun trouve donc sa place.
Seule ombre au tableau finalement, la mélancolie d'Hélie qui doit se morfonde de voir votre sœur absente. L'impétueux doit mal vivre la situation et j'espère que la prochaine fois votre missive sera accompagnée de bonne nouvelles concernant vos deux soeurs et votre écuyer.

Je vous embrasse et je prierai pour que le Très Haut veille sur vos actions et que vos projets se réalisent. Mais je gage que votre détermination œuvrera à la tâche.

Avec toute mon affection

Feodor


Il plit parchemin et y appose son scel puis reste un moment au bord du feu accompagné d'un verre de vouvray. Devait-il accepter la proposition d'être sur une liste ducale ? La nuit venait à la bonne heure pour être de bons conseils.
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Xalta
Citation:




Mon Cher Feodor,

Je me révèle être une bien piètre amie, ne vous offrant ces dernières semaines que mon silence. Je pourrais vous donner moult raisons, mais bien qu'elles soient toutes vraies, elles ne doivent pas me servir à me justifier et à me disculper de ce sentiment de culpabilité que j'éprouve à votre égard.

Je vous ai écouté : c'est mon fils Titouan qui joutera sous mes couleurs en Bourgogne sur les terres de mon ami Niall. Il n'aurait pas été raisonnable que je prenne de tels risques. Les joutes qui se dérouleront à Clichy me verront être remplacée par celle que je nomme avec plaisir ma fille: Jehanne. Malgré tout je les accompagnerai et les soutiendrai avec ferveur.

Ne prenez point ombrage de mes doutes, ils sont ceux d'une femme qui préfère la raison aux élans passionnés du cœur. Peut-être parce qu'à votre âge, j'étais comme vous et que j'ai récolté chagrin et déception. Peut-être parce que ma charge de diaconesse m'a permis de côtoyer nombre de couple qui se pensaient solides et ont fini par s’entre-déchirer. Je sais que vous êtes un homme sage et que votre décision fut mûrement réfléchie. Je vous souhaite d'être heureux, un bonheur conjugal partagé, c'est tout le mal que je souhaite. Et ce sera une grande joie de vous accompagner lors de cette nouvelle étape de votre vie d'homme.

Pour Hélie, il se remet doucement de l'absence d'Iloa, il semble même être épris de Jehanne. Ce qui risque de lui causer quelques soucis avec Ghost qui voit en lui un séducteur et un manipulateur. Quant à Iloa après des semaines et semaines de silence, j’ai eu de ses nouvelles, elle est à Tulle en ayant perdu la mémoire, elle ne se souvient même plus qu’elle est la mère de sa fille Yselda qui l’accompagne. Je la ferais venir aux joutes en Bourgogne pour tenter de raviver sa mémoire et comprendre ce qui a bien pu se produire. Isabella semble avoir enfin trouvé l’amour, tout comme pour vous, je préconise la patience et la prudence. D’ailleurs je fais de même avec Jehanne. Voyez je me montre ainsi avec ceux que j’aime, et vous en faites partie.

D’ailleurs, je vais cesser de parler de moi et je vous conterai tout ceci dans quelques jours en Orléans. En attendant et vje vous demande de me conter votre vie, quand aura lieu le mariage ? Où se déroulera-t-il ? Où vivrez-vous ?

Affectueusement

Exaltation

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Feodor
Citation:
Ma chère Xalta,

Vous vous sentez coupable ? Vous m'en voyez navré et je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses. Je vous ai laissé pensé qu'il pouvait y avoir une gêne entre nous ! Je vous sais mon Amie, je vous reconnais comme mon Guide, je me sens protégé sous votre regard protecteur. Cela me suffit amplement. Et puis je vous sais fort occupée par votre projet. Il me chagrinait au départ mais je suis persuadé dorénavant qu'il est source de votre bonheur à venir. Voyez je ferai aucun grief à votre encontre, bien au contraire je me réjouis de vous avoir à mes côtés.

Et comme il ne peut y avoir de gêne entre nous permettez alors que je puisse vous réprimander à nouveau. Est-ce votre fils qui a jouté pour vous à Orléans ? Est-ce Jehanne qui a jouté pour vous à Orléans ? Je vous ai vu chuter et cela m'a profondément attristé. Je m'inquiète et j'aurai été votre époux quel drame aurais-je fais de cet épisode ! Voilà je me révèle sous un jour nouveau : bien trop protecteur. Mais cela devient plus fort que moi. Je commence à agir de la sorte également avec la vicomtesse. Son dernier mandat l'épuise et je n'ai de cesse de vouloir l'enlever à toutes ces turpitudes qu'elle subit. Et pourtant vous comme elle avez suffisamment montré de persévérance, de force de caractère et  n'avez certainement pas besoin d'un jeune homme qui vous dise ce que vous avez à faire. Mais voilà les raisons de mon coeur me poussent à agir de la sorte.

Quand à prendre ombrage de vos doutes, je n'en ferai rien. Je sais que vous voulez que mon bonheur. Et, je puis vous assurer qu'il n'y a eut au départ que raison; une raison qui m'a poussé a me frustrer longuement d'une passion certaine. A mon âge, il convient que je puisse fonder une famille. A mon âge il convient que je puisse vivre, face au monde, en toute respectabilité. Non, chère Xalta, c'est la raison qui me pousse à fuir ma bâtardise, à fuir mon passé. C'est la raison qui me pousse à ne pas engendrer de bâtards au gré des aventures ou mésaventures d'ailleurs. C'est votre raison qui m'a poussé à faire confiance à mes sentiments. Et c'est ma droiture qui me poussera à vivre dans des actes assumés et pleinement réfléchis malgré les difficultés de la vie.

Je suis heureux de savoir pouvoir compter sur vous. Ma vie d'homme dites vous ? Je vais vous la devoir à vous et au Prince. Et pour cela il y aura une éternelle reconnaissance et affection. Vous savoir à mes côtés sera toujours un réconfort. Je vous aime en retour de cet amour qui lie deux êtres par une profonde amitié.

Je suis navré pour Iloa. Vous voilà dorénavant avec un peu plus de responsabilités. Je prierai pour son prompt rétablissement et un avenir à vos côtés. Je crois qu'elle a besoin d'un peu de stabilité au près des siens. Et je suis fort aise d'apprendre que Ghost va mener la vie dure à notre ami Hélie. Jehanne mérite certainement que l'on fasse preuve de persévérance pour attirer son regard. Je m'en amuse même. Rien de malsain rassurez vous. Mais je pense que vous comprendrez pourquoi un tel parti pris. Je suis curieux de connaitre le nom de l'homme qui a pu séduire Isabella. Nous voilà tous les deux sous vos conseils aimants et protecteurs. Elle est donc bien guidée et protégée. Saluez la je vous prie. Saluez les tous de ma profonde inclination.

Vous trouverez joint l'invitation pour notre mariage. La cérémonie aura lieu à Tours le vingt et un avril. Je souhaite que vous puissiez vous rendre disponible.
Dans un premier temps, elle compte me rejoindre pour s'accorder un peu de repos bien mérité puis nous projetons notre vie commune sur les terres de Rivau. Je ne souhaite pas la priver de son attachement le plus profond. Et je dois avouer que je m'y sens bien aussi.

Nous verrons de toute manière, le temps fera son oeuvre.

Avec toute mon amitié.

Feodor

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Xalta
Quelques jours avant les joutes de Clichy

Bientôt quinze jours qu'elle était bordelaise. L'accueil avait été chaleureux. Elle redécouvrait avec plaisir les joies simples des bavardages de tavernes, des rencontres et aussi d'être une inconnue. Enfin presque car certaines personnes avaient été prévenues de son arrivée et lui avait fait savoir qu'elle avait été attendue, ce qui avait eu pour effet de presque la faire rosir de plaisir, si seulement elle savait rougir. Il fallait désormais qu'elle ne déçoive pas ces personnes.

Elle s'installe dans son bureau, fenêtre ouverte, le soleil de mai la réchauffait timidement, le bruit de la rue montait jusqu'à elle tout comme l'ai iodé venait chatouiller ses narines. Les premiers jours, elle avait été un peu perdue, tant de nouvelles têtes, tant de rues à découvrir. Une main posée sur son ventre qu'elle caresse avec tendresse. Un verre de vin, non loin: du Rebréchien, vin orléanais qu'elle avait emmené avec elle tout comme un fut de Gienlain et de la Cuvée d'Isa. Non elle n'oubliait pas sa province.


Citation:
Mon cher Feodor,

Je vous aurai bien écrit plus vite, mais je n'ai pas voulu troubler les jours qui ont suivi votre mariage, vous laissant apprécier votre nouvelle condition d'homme marié. Bien que je sache où vous avez emménagé, je ne sais si vous êtes en déplacement mais je fais confiance à mon coursier pour vous trouver où que vous soyez : Touraine ou Orléans. J'espère que vos premiers pas dans cette nouvelle vie se sont bien déroulés et surtout que cela perdurera. Votre épouse et vous étiez magnifiques et rayonnants. Votre bonheur faisait plaisir à voir.

Pour ma part mon installation à Bordeaux s'est déroulé à merveille. Si parfois Orléans et quelques personnes dont vous faites partie me manquez, je ne regrette pas ce choix. Nous vivons en famille. Oh bien sur cela ne va pas sans heurts parfois, mais rien qui ne soit si grave pour que nous restions fâchés.

Je pense que nous nous verrons aux joutes qui se dérouleront sur les terre de son altesse Iohannes à Clichy. Bien entendu je ne jouterai pas , mon fils Tancrède me représentera et je me contenterai de trembler dans les tribunes comme j'ai pu le faire pour Titouan en Bourgogne et pour Jehanne en Limousin. En espérant que cela ne provoque pas d'accouchement prématuré, je ne souhaite pour rien au monde avoir le prince en accoucheur même s'il parait selon certains qu'il a déjà assisté deux femmes. Enfin voici de quoi vous rassurez, je ne prends plus de risques. Et votre inquiétude me touche.

Vous ne me devez rien, je n'ai été qu'un jalon dans votre parcours, vous portiez déjà en vous la solution à tous vos tourments. Vous manquiez seulement de confiance. Si vous saviez la fierté que j'ai ressenti en vous voyant vous avancer vers l'autel au bras de la femme que votre cœur a choisi. Même si je vous sais en de bonnes mains et qu'il soit désormais normal que vous vous tourniez d'abord vers votre épouse. Je n'ai qu'une parole, pour vous je serais toujours là. Que ce soit dans les bons ou les mauvais moments.

Iloa recouvre des bribes de souvenirs, ce n'est pas forcement simple, pour moi elle est toujours Iloa, et je suis une inconnue encore, même si elle ressent le lien qui nous unit profondément. Pour mal faire les souvenirs qu'elle recouvre ne sont pas forcément ceux que j'aurai aimé dont elle se souvienne en premier. Mais tant pis, nous faisons avec et je lui explique. Cela me rend parfois nostalgique de mon passé pas si lointain en Orléanais.

Helie est devenue ambassadeur et je pense que vous le croiserez sous peu dans les ambassades orléanaises car il est affecté au DR. Helie, qui demeure mon écuyer malgré ses doutes, ses choix qui blessent tour à tour Jehanne ou Iloa. Il y a peu nous avons eu une vive discussion où j'ai tenté de lui faire comprendre qu'il ne peut continuer à jouer ainsi avec les sentiments des deux. Qu'il fallait qu'il détermine enfin laquelle il aimait et qu'il se tienne à ce choix. Helie est un jeune homme indécis qui en ne voulant pas faire souffrir, provoque le malheur des deux. Quoiqu'il fasse, l'une des deux souffrira. C'est ainsi, il faut qu'il s'y résigne.

Pour ma part depuis le 29 avril je suis devenue la diaconesse de Bordeaux, j'ai hâte de faire mon premier office dominical. La Guyenne est une terre complexe où Reformés côtoient Eglise de Rome et Eglise de France. Mais cela ne m'effraie pas bien au contraire. Je pense également intégrer un des quatre partis politiques guyennois, si ma candidature leur plait bien entendu. Avant de m'investir plus en avant dans une quelconque charge ou fonction autre que diaconesse, je vais attendre d'être accouchée ce qui ne devrait plus tarder. Je me fais l'effet d'être aussi énorme qu'un fût de chêne.

Je vais m'arrêter là pour cette missive. Nous nous verrons à Clichy.

Avec toute mon affection

Exaltation

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