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[RP] J'ai pas trouvé de mots pour expliquer l'inexplicable.

Gabriele.
    « Mieux vaut mourir de mort que de mourir d'amour » - Saez.

Je ne suis que le plus grand des abrutis, au moins aussi grand que le sang qui coule dans mes veines.
Gabriele Corleone. Tu es beau, glorieux, tu as tout pour toi, et pourtant tu ne cesses de tout gâcher. Pourquoi mettre dans d'ardeur à briser tout ce que tu as de plus cher ? Que veux-tu donc prouver ?
J'ai tout à prouver encore, mais pas ça. Prouver que je peux être un parfait imbécile ne faisait pas vraiment parti de mes priorités.
Seul face à la possible perte de celle qui est tout pour moi, je n'ai qu'une envie : rendre les armes pour cesser de lui faire honte.
J'avais eu le plus cruel des gestes pour faire face à la douleur de l'absence et à la peur. J'avais souillé son honneur, souillé tout ce qui fait de nous un tout inséparable. Elle m'a changé à force de baisers, elle m'a rendu loyal, fidèle, et l'insinueuse peur n'avait rien fait de moins que de tout gâcher.

La peur, ma pire ennemie. Elle me rend faible, et si lâche, si incapable de faire face aux épreuves de la vie. Il y avait eu la naissance de Romeo d'abord, et maintenant cela.
Elle m'a changé. Elle m'a fait découvrir ce qu'étaient la peur et la douleur. L'ancien Gabriele ne se serait jamais inquiété pour quiconque, arrogant et égoïste que j'étais alors. Mais l'Amour fait les choses les plus folles. En aimant cette femme à la chevelure de feu et d'argent, j'ai grandi, je suis devenu meilleur, plus fort et à la fois plus fragile, puisque la force apporte son lot de faiblesses.
Sur le champ de bataille, aux portes de la mort, mes pensées étaient allées vers Elle, vers notre fils, mais l'erreur était déjà commise.

Il a tout détruit, le Corleone.


    « J'aurais aimé t'écrire
    Le plus beau des poèmes
    Et construire un empire
    Juste pour ton sourire
    Devenir le soleil
    Pour sécher tes sanglots
    Et faire battre le ciel
    Pour un futur plus beau. » - Saez.

Si encore j'avais eu la décence de mourir pendant l'affrontement pour éviter tout cette peine et cette déception dans les yeux de la Méchée, mais non, même ça je n'avais pas réussi à le faire.
La douleur courait à présent dans mes veines, comme un poison contre lequel on ne peut pas s'immuniser. A la question du pourquoi, j'étais incapable de répondre, je ne le savais à vrai dire pas moi-même. Pourquoi un tel moment d'égarement ? Alors que j'aime la mère de mon fils plus que tout au monde, que je n'ai souhaité que la retrouver durant ces longues journées, et ces plus longues soirées encore loin d'elle. Avais-je finalement perdu l'espoir ?

Pourtant, tout ce temps, j'étais persuadé de la retrouver en vie. J'en étais certain. Elle était trop forte pour pouvoir abandonner, trop aimante pour pouvoir abandonner le fruit de ses entrailles. Cet enfant, nous le désirions depuis toujours. De toutes nos éternités, c'était la première fois que l'on nous accordait un tel présent.
Et si c'était pour ça, finalement ? Si nous avions été trop heureux cette fois-ci pour pouvoir rester ensemble ?
Mais d'où venait alors que je me sente si vide sans Elle ?
Eterna...Si tu savais comme je regrette mon geste puérile. Gabriele Corleone n'est pas à la hauteur de celle que tu es devenue aujourd'hui. Dae, comme tu le dis si bien. Tu n'est plus mon éternelle à tes yeux, et pourtant...C'est toujours ta flamme qui brûle dans mon cœur, toujours ton amour qui irrigue mes veines. Et lorsque je te vois, je sais au fond de moi que ce sont toujours nos deux cœurs battant à l'unisson que je sens à mes tempes, que je ressens dans mes tripes.
Lorsque l'azur et l'émeraude se rejoignent, il n'y a toujours que ça qui compte.

Je ne sais pas comment me faire pardonner, je ne sais pas si tu y arriveras un jour. Et pourtant, c'est pour l'éternité que je suis à toi, malgré les faux pas.


    « Il y a l'ombre, et la lumière, au milieu notre trajectoire. » - Saez.

_________________
Daeneryss
Je me souviens de Toi près de moi
Tu m'embrassais pour la première fois
J'ai cette image gravée dans la tête *


    - Grandson -

Dans mes rêves les plus fous, je n'ai jamais aspiré plus à la liberté que ce jour où ces gardes ont posé leurs mains sales sur moi et ma peau fragile couleur de lait, comme des vautours resserrant leurs griffes sur une proie de choix. Tirée, souillée, abimée et même châtiée, je n'avais été rien d'autre qu'un trophée exposé aux yeux de tous. Qu'ils étaient fiers d'exposer une Spiritu Sanguis, ces sales rats. Enfermée dans ma cellule, je ne souhaitais que deux choses : que la peste les emporte avec les pires tourments que la Faucheuse ait pu inventé à défaut de faire de la tortionnaire que je suis, un oisillon à peine sorti du nid ; et revoir les miens. Revoir ceux qui avaient fait de moi celle que je suis, qui m'avaient rendue plus forte et déterminée que jamais et qui m'avait offerte des liens plus puissants que tout : une famille. Des Corleone. Un clan : les miens. Ces raclures m'avaient retiré la chair de ma chair, le fruit de mes entrailles. Le destin lui-même n'avait su se mettre en travers de ce chemin si difficile à atteindre, et eux, pauvres fous sans cervelle, avaient osé me prendre la prunelle de mes yeux. Ils paieront. Un jour, je reviendrais ici. Et je vengerai ces instants volés par tous les moyens possibles et inimaginables.
Allongée parmi cette paille aux effluves douteuses, le plafond de cette cellule avait été la seule libération de mon esprit. Seules les gravures des anciens locataires me donnaient encore la force de croire en une libération future. Proche ou non, un jour le ciel redeviendrait bleu, et le vent s'engouffrerait à nouveau dans mes cheveux pour mieux les envoler dans un tourbillon de fraicheur. Un jour ? Bientôt. Très bientôt.
En attendant, un unique moyen de survivre malgré les sévices : regarder toujours plus loin et croire en un avenir meilleur avec celui qui m'a offert l'amour dans une vie misérable, un avenir radieux, un avenir retrouvé dans un passé tant ruiné que redoré par le fil des années. Deux hommes pour le cœur d'une femme : un amour et un fils. Gabriele et Romeo.


    - Chambéry -

Des jours et des nuits entières à chevaucher, sans pour autant me soucier véritablement du temps qui passe. La seule finalité était d'arriver à Chambéry et Les retrouver.
Des retrouvailles au goût de miel, d'une douceur à laquelle personne ne peut rester impassible, pas même la femme qui s'est vue désabusée par la jalousie destructrice de son fiancé lors d'une naissance. De l'amour infini peut parfois naître la discorde et le chaos, la fin d'une histoire trop belle pour exister aux yeux du monde. Nous avons été cette histoire, nous avons été cet amour, et comme la beauté ne peut qu'être divine, nous, enfant de Déos, avons suscité les colères, et les tourments de toute une ère se sont abattus sur nous. Telle la boîte de Pandore, nous avons souffert des maux, mais nous ne sommes pas les autres et de par notre différence, nous ne pouvons que nous relever et ne faire qu'un. Marcher une fois encore main dans la main. C'est ainsi que j'avais entrevu notre destin jusqu'à ce jour. Ce jour où ma vie a pris une couleur autre que celle de la passion : celle de la trahison.


Je me souviens de nos dernières nuits
De mes silences, de ta jalousie
On s'aimait trop pour ne pas se détruire *


Comme une gifle reçue en plein visage, ses mots résonnaient en moi. D'une vivacité hors du commun, je ne pouvais me défaire de celui qui venait de les prononcer, me brisant le cœur avec une puissance déconcertante. Le bourreau est toujours celui dont on ne se méfie pas et la douleur n'est que plus vive lorsqu'il s'agit de l'être qu'on aime, de l'être à qui on aurait pu offrir un monde pour un simple sourire. J'aurai pu lui offrir des milliers de monde, et des horizons tous différents les uns des autres mais aussi plus beaux à chaque nouveau regard.
Un baiser. Il ne s'agissait que d'un baiser... Une erreur avait-il prononcé pour ne pas me blesser plus que nécessaire. Et pourtant, le poignard enfoncé dans les méandres de mon être n'avait jamais été si douloureux. Une vie entière de torture ne m'aurait pas tuée comme son adultère venait de le faire. L'état second d'un poison. Il avait été faible. Mais comme ces hommes dans le passé, il venait de souiller ma destinée, mon honneur... Il n'y a que peu de personnes qui possèdent encore un sens de l'honneur assez fort pour en faire une ligne de vie, et se battre pour réussir à survivre malgré les difficultés rencontrées n'était pas de tout repos. A mes yeux, il avait commis l'irréparable. Jamais, de toute mon existence, je n'aurais pu imaginer que celui dont je portais le nom à même ma chair puisse me faire ça.

Tout semble s'arrêter. Du vent dans les airs, aux battements de mon cœur. L'air en viendrait même à manquer alors que la simple vision du Tatoué avait été la bouffée d'oxygène la plus salvatrice qui soit. Comme une enfant, les larmes envahissent mes yeux un court instant, mais je suis une femme qui se veut fière. Je suis... anéantie. Mais je le regarde, restant suspendue à ses lèvres, attendant une simple réponse à mon "Pourquoi ?"
Un amour réduit à une vérité plus acérée que jamais, réduit à deux âmes désormais séparées au lieu d'être unies pour toujours et à jamais. Voilà ce que la bêtise de l'homme faible venait de commettre. Une erreur sans nom, peut-être réparable au gré des saisons... Qui sait ce que le temps fait de nous.

Mais aujourd'hui, je ne suis que le Fléau de ma vie. A l'aube de ma fin et au crépuscule que l'amour ait pu connaître. Je suis Daeneryss. Et je suis seule...


Je me souviendrai toujours de nous
De toutes ces images qui me rendent fou
Tu m'as donné ce que je méritais
Aujourd'hui je n'ai que mes souvenirs
Dans ma mémoire que des pleurs et rires
Tout est fini je ne m'y ferai jamais *


* Pour une minute de plus - Madame Kay

_________________
Gabriele.
    « J'ai pas les mots pour exprimer la puissance de la douleur,
    J'ai lu au fond de tes yeux ce que signifiait le mot malheur »*

Le dicton dit que ce qui a été cassé ne peut plus être réparé. Je ne sais pas si cela est une vérité universelle ou non, mais je compte bien me battre pour prouver que ce n'est qu'une vaste plaisanterie.

Je méritais la souffrance que j'endurais à présent, loin de celle que la belle Nordique avait dû ressentir. A chaque fois que je voyais son regard glacial posé sur moi, je sentais ce poignard s'insinuer avec force dans mes entrailles, jusqu'à me donner la nausée ; et pourtant je continuais de l'aimer, avec une intensité sans commune mesure.
Entre nous deux, il y avait quelque chose...d’indicible. Même dans la séparation, nous restions malgré tout attirés comme seules pouvaient l'être deux âmes complémentaires. Chaque regard que nous échangions était empli d'amour, même si elle se refusait catégoriquement à écouter son cœur, y préférant le contrôle que pouvait lui offrir sa tête.
Nous nous attirions, nous repoussions pour mieux se provoquer à nouveau. Chaque jour qui passait était à nouveau l'occasion de se rapprocher un peu plus, ou un peu moins. Cette femme me rendait complètement fou, je la désirais comme je n'avais jamais désiré personne. Cela n'est pas nouveau, la Nordique a toujours été l'objet de mes fantasmes.


    « Je n'ai trouvé que ma main pour poser sur ton épaule,
    Attendant que les lendemains se dépêchent de jouer leur rôle »*

A chaque fois que je pensais à ce que j'avais osé lui faire, je me sentais à la fois honteux et sale. Je ne réalisais pas combien un simple geste pouvait impacter sur notre vie. J'avais souillé la pureté de ce que nous pouvions ressentir l'un pour l'autre, la sainteté de notre Amour. Celui avec un grand « A ». J'avais détruit l'incassable.
Lorsque je la voyais, forte dans sa détresse, je ne pouvais que me maudire d'avoir un jour été faible. Pour nous protéger tous les deux, j'aurais dû être fort, pour nous préserver, j'aurais dû mettre en application ce dont je me vante toujours. La vérité, c'est que tout ce dont ma propre famille m'avait accusé s'était révélé juste, par ce simple acte qui risquait de me faire tout perdre. Égoïste, arrogant au possible, chouineur lorsque quelque chose n'allait pas comme je voulais. Un nid à emmerdes. Peut-être que même Enjoy avait eu raison, finalement.
Mon amour propre venait d'en prendre un sacré coup. Mais je me foutais de mon amour propre comme de ma première paire de braies, seul l'amour que je pouvais ressentir pour la Nordique était important. Elle, elle seule et mon Clan. Les deux seules importances de ma vie. Pour eux, je grandirai. Pas demain, dans un mois ou une année, non : Aujourd'hui.


    « J'ai pas les phrases miracles qui pourraient soulager ta peine,
    Aucune formule magique parmi ces mots qui saignent,
    Je n'ai trouvé que ma présence pour t'aider à souffrir,
    Et constater dans ce silence que ta tristesse m'a fait grandir. »*

Mes journées à présent ne se résumaient qu'à deux choses : Lire, et patienter dans l'espoir de voir la méchée franchir la porte de la taverne. Les sujets de lecture ne changeaient pas. Des livres en grec, en latin, des ouvrages de médecine, des recueils de plantes avec leurs effets qu'ils soient bénéfiques ou, au contraire, nocifs.
Et quand la Belle franchissait enfin l'entrée, absolument tout disparaissait autour d'eux. Il n'y avait qu'eux deux, et le reste du monde. J'avais promis, je lui prouverai qu'elle pouvait à nouveau me faire confiance, que j'avais toujours souhaité qu'elle soit la seule, l'Unique. Cette fois-ci, nous vivions un rêve éveillé, nos corps s'embrasaient à chaque regard, et les gestes suivaient nos envies les plus secrètes. Le cœur prenait le dessus sur l'esprit, et l'effervescence que nous nous étions efforcés de garder en carcan venait d'exploser, à l'abri de tous les regards.
En cachette, Gabriele et Daeneryss retrouvait enfin leur identité. Complets. Enfin, nous pouvions laisser libre l'amour que nous éprouvions l'un pour l'autre, refoulé depuis de trop longs mois. Le Nord et le Sud sur la ligne éphémère d'un équateur de plaisir. La chaleur qui se dégageait de nous faisait fondre toutes nos barrières, faisant tomber tous les masques, tous les non-dits.

Il n'y a plus qu'eux. Eux et leur Eternité qui débute à nouveau. Daeneryss et Gabriele, une fois encore.


*Grand corps malade
_________________
Daeneryss
    D'avoir mis mon âme dans tes mains
    tu m'as froissée comme un chagrin
    et d'avoir condamné nos différences
    nous ne marcherons plus ensemble *

Quoi qu'on en dise, l'humanité par son lot d'amour connaît son lot de faiblesses. A partir du moment où on s'attache à quelque chose ou quelqu'un qui nous rend plus fort, il faut aussi s'attendre à devenir mille fois plus faible lorsque cette même attache nous pousse dans nos retranchements. C'est ainsi en tout cas que j'étais devenue. Dépendante, d'un amour puissant et inconditionnel, sans lequel je ne saurais poursuivre une seconde ma vie. Comme une drogue puissante qui s'immisce dans mes veines, je ressens les effets me parcourir. Tout d'abord un tournoiement, presque comme un vertige, puis des fourmillements dans les membres en commençant par les extrémités, des spasmes et une respiration saccadée, pour ensuite venir me prendre dans mon ensemble. Soumise. Je suis devenue soumise et enchaînée par l'addiction de ma vie. Mais c'est si difficile de vouloir se sevrer... En ai-je vraiment envie ? Je ne sais même plus. Il le faudrait. Je le dois. Je le devrai. Je ne sais pas.

- Tu ne peux pas lui pardonner. S'il l'a fait une fois, il recommencera.
- Ce n'était qu'un baiser, un seul. Une seule faute.
- Tu vas te laisser faire alors ? Et ton honneur ?
- Que vaudra ton honneur une fois que tu seras morte de chagrin ?
- Faible, si tu lui cèdes, voilà tout ce que tu seras.
- Tu regretteras toute ta vie de ne pas l'avoir laissé essayer.
- C'est un infidèle !
- Tu es amoureuse.
- Tu peux pas écouter ton coeur, il te l'a brisé...
- Depuis quand écoute-t-on sa tête lorsqu'il s'agit d'amour...? Écoute-moi, je bats toujours...

Assise, recroquevillée, je caresse le tatouage de son prénom et je n'ai de cesse de me torturer. Un combat incessant entre mon cœur et mon esprit. Je ne peux pourtant pas ignorer ces conseils, ils ne sont que les voix de ma raison, éparpillée dans deux parties bien distinctes de mon être. Et pourtant, je n'ai pas hésité une seule seconde à faire graver son nom à même ma peau en preuve de tout mon amour et de mon appartenance. Et lui, avait-il hésité avant de commettre l'irréparable ? Ou avait-il foncé tête baissée vers les lèvres de la blonde, ô combien attirante. Peut-être que si j'avais été un homme, elle aurait pu être celle qui m'aurait plu. Mais à l'heure actuelle, elle est et restera malgré sa gentillesse à mon égard et sa compassion, celle qui représente la trahison et la faiblesse, la Tentation, de celui qui était MON Italien. Pas celui de n'importe qui : le mien.
Nous avions tout pour être heureux, tout. Nous faisions sans doute partie de ceux qui se font envier par leur semblable. Nous n'avions aucune raison de devenir ce que nous sommes devenus. Des inconnus malgré notre passé, car chaque jour nous nous redécouvrons encore. Mon chagrin n'avait pas de limite, mais par fierté je conserve la tête haute avec cet aplomb. Je ne me donnerai certainement pas en spectacle aux yeux des autres.


    les anges sont las de nous veiller
    nous laissent comme un monde avorté
    suspendu pour l'éternité
    le monde comme une pendule qui s'est arrêtée *

Mais les jours passent et le temps me joue des tours. Comme un merveilleux prestidigitateur, je regarde et redécouvre celui qui s'offre à moi avec une dévotion qui pourrait même en faire un soumis. Seuls les regards qu'il ose me soutenir le caractérisent comme ce qu'il est vraiment : Corleone. Il ne baissera pas les bras, il n'abandonnera pas. Je suis devenue le défi à relever, celle qui ose lui résister. Mais pour combien de temps encore... Mes regards, je le sens, se font moins froids face à lui. Ses contacts ne me révulsent plus, ses sourires me redonnent envie de les lui rendre. Peu à peu, je redécouvre des battements plus prononcés du palpitant. Peu à peu, je me sens à nouveau sombrer dans les tréfonds des océans. Vais-je me noyer à nouveau ? Je ne veux pas. Sera-t-il mon unique radeau ? Certainement pas. Et pourtant...

Je n'arrive pas à lutter et je ne sais pas empêcher les choses d'évoluer, puisque désormais comme des enfants nous nous cachons. Comme des ombres filantes, nous nous retrouvons entre deux tavernes, pour mieux échanger une caresse abandonnée sur une joue, où encore un baiser plus suave qu'ils ne l'avaient jamais été. Sommes-nous ce que je crois que nous sommes ? Oui, je le crois bien. Nous ne sommes plus ces deux âmes si pures de l'amour, nous sommes comme ces autres qui s'aiment au départ, avec un petit quelque chose en plus. Nous sommes amants. Au yeux de tous, à la clarté du monde, je refuse toujours qu'il soit le familier, me préservant ainsi la pointe d'honneur qu'il me reste encore. Mais à la nuit tombée, lorsque les regards se perdent dans la pénombre pour mieux souffler les dernières bougies de la nuit, j'accepte à me laisser à lui. Comme perdue entre moi et moi, je mène cette double vie qui me va si bien pour l'instant. Mère le jour, maitresse la nuit. Il ne me reste qu'à espérer, car si la journée nos corps arrivent à se contrôler, la nuit la toile de la tente ne s'est pas épaissie pour étouffer nos soupirs...


- Voix de la tête de Daeneryss
- Voix du coeur de Daeneryss
* Paroles légèrement modifiées de Mylène Farmer - Rêver.

_________________
Gabriele.
    « Les âmes se rencontrent sur les lèvres des amants. »*

Amants perdus, amants maudits.

Parents le jour, mais lorsque le jour tombe, révélant avec les ténèbres grandissantes leur lot de mystères, de secrets, le père et la mère s'embrasaient, pour dévoiler notre vraie nature. Une nature profondément ancrée en nous, dans notre sang même. Un sang que nous partagions à tour de rôle, lorsque lors de nos ébats aussi passionnés qu'intenses, mes canines venaient percer ta chair pour venir recueillir le carmin délicat, et pourtant tellement fort.
Je m’enivrai de son liquide vital, qui réveillait en lui toute la bestialité et la puissance de son propre sang. Corleone, un sang que chacun enviait, jalousait et que tous gardaient précieusement dans leur veine. Mais pour elle, j'étais prêt à partager. Elle a porté notre fils, et en elle vit à présent une partie de moi. Elle n'est peut-être pas Corleone de nom, mais c'est bien la seule chose qui la différencie du reste de la famiglia, car elle en faisait partie, indiscutablement.

J'acceptais de me soumettre à certains de ses désirs les plus fous, au point que je la laissais parfois sur moi assouvir ses pulsions les plus sadiques. Elle m'avait entaillé le torse, lentement, profitant des sensations qu'elle pouvait en ressortir.
Mais tout ce que je pouvais faire, tous les efforts que je fournissais pour lui plaire, la séduire, la rendre plus folle de moi encore. Tout ça n'était pas suffisant, car avec la confiance envolée, une autre chose avait pris le dessus : la jalousie. La jalousie malsaine, maladive, qui la faisait douter de tout ce que je pouvais faire, ne serait-ce que me déplacer jusqu'à la rivière pour me laver. Elle doutait de moi, elle doutait de nous, elle croyait n'être qu'une pâle copie de mes anciennes conquêtes, alors qu'elle était mille fois supérieure à toutes celles que j'avais pu connaître auparavant.
Je suis un séducteur. C'est de notoriété publique, j'ai eu de très nombreuses relations, dépassant sans aucun doute le nombre de femmes que mon père avait pu fréquenter au même âge. J'ai aimé cette période, j'ai aimé le jeu avec toutes ces femmes d'un soir. Mais j'ai changé, mais elle ne veut pas le voir.

Catherina...J'ai déjà avoué beaucoup de choses à la Nordique concernant cette femme. Elle s'est toujours sentie en compétition avec elle. C'est vrai, la nobliote rousse avait eu ce petit quelque chose qui savait électriser les hommes. Les rendre fou. Et c'est ce qu'elle avait fait en buvant mon carmin, autant que je me délectais du sien. Mais le sien me rendait seulement plus sauvage. Celui de Daeneryss complétait le mien, il le subjuguait, le rendait meilleur encore.
Entre elle et moi, il n'y a ni domination, ni soumission. Il n'y a que Nous.
Rien de comparable avec toutes celles que j'avais pu connaître par le passé. Mais cela, elle ne voulait pas le voir, pas le comprendre, trop aveuglée par cette maladie qu'est la jalousie.
Son désir maintenant, me briser le cœur. Son regard glacial, la gifle qu'elle m'avait asséné. Ça ne lui ressemblait pas du tout. Je suis fatigué de faire un pas en avant pour deux en arrière, alors que je ne désire qu'une chose, l'avoir à nouveau à moi.

Eterna...Tu es l'unique, mais ça tu ne veux pas le voir.
Alors je décide de m'isoler. J'ai donc déposé sur la table le paquet contenant les boucles d'oreilles que tu m'as demandé et que je n'ai pas pu te refuser, avec un regard désolé pour toi, et je suis parti. Je suis retourné au campement, m'isoler. Me laisser aller à la douleur de te voir si distante, laisser les faiblesses prendre le dessus à l'abri des regards alors que je fais le fort en apparences.
Plus tard, je me battrai à nouveau. Pour l'heure, je prends conscience que je suis comme elle a dit : faible.
Faible parce que j'aime au point de me damner pour elle.
Faible parce que je l'ai trahi alors qu'elle m'est si précieuse.
Faible pour tout ce que je lui ai fais de mal par mon comportement juvénile.
Faible de l'aimer autant.

Mais si fort...


*Shelley
_________________
Daeneryss
    On a compté les lendemains
    Qui nous restaient mais incertains
    On s'est perdus sur un chemin
    Une inconnue dans le refrain *

Nous.

Que sommes devenus ? Des amis, des amours, des amants, des emmerdes... Nous nous attirons pour mieux nous éloigner, comme des aimants qui se retournent pour mieux se repousser, nous ne cessons d'aller et venir. Nous nous perdons dans les flammes d'un bucher énorme, qui nous consume plus que n'importe quoi d'autre. Et pourtant, je ne sais pas ce qui m'arrive. Je crois d'abord à une erreur. J'évite son regard pour mieux m'y reperdre, m'y noyer à nouveau et je me sens tirer dans les tréfonds. Qu'est ce qu'il me dit ? Pourquoi me dit-il ça...? Son unique but dans la vie n'est autre que me détruire désormais ? Tu es devenu, avec moi, ce que tu as toujours été pour les autres. Tu es Corleone. Et comme un félin en chasse, je ne suis que la petite souris que tu souhaites attraper pour mieux t'épancher d'une soif insatiable. Tu y as gouté, à ce sang. Tu t'en es délecté. Et j'ai commis l'erreur de t'écouter, de me faire faible aux appels incessants de mon désir. Et moi aussi, j'ai rassasié ma curiosité en entaillant ce corps si parfait : le sien. Le mien. Son corps n'est autre que le refuge de mon âme, où j'aime me libérer lorsque les eaux sont troubles. Son corps, mon éternel sépulcre...


    Puisqu'on se perd pour mieux s'unir
    Puisqu'on ne tient plus au présent
    Le moindre souffle nous détruit
    Et nous disperse avec les vents *

Quel est donc ce feu si étrange qui me transperce le corps au point de me mettre à genoux ? Quel est ce vice qui me dévore au point de me faire montrer les dents à celui qui n'est autre que mon amant ? L'homme que je chéris, celui pour qui je donnerais ma vie, le père de mon enfant... Il ne peut y avoir qu'une solution : mon amour pour lui n'est que poison. Le découvrir si intensément n'a été que le début de ma perte. Ô douce folie de ma vie, vois ce que l'Amour m'apporte. Par ces vents, loin, il me transporte et me ballote dans une danse où je ne suis que la marionnette d'un artiste aux talents malsains et vicieux. Il me possède, il me détient. Il est en moi, je le sens bien. Si près, mais pourtant si loin que ma main ne peut même pas se refermer sur son bras.
Loin.
Incertains.
Démoniaques.
Empoisonnés.
L'ombre de son corps me rappelle que je ne cède pas à la folie à l'état pure, mais bien à un poison qui s'immisce en moi avec puissance. Je ne saurais dire quel est le moment le plus difficile à vivre : se sentir posséder contre un gré évident par ce vice qui s'imprègne dans la plus petite parcelle de mon être et s'y loge tel un hôte indésirable, forçant tout sur son passage, détruisant tout sur son chemin ? Le voir ne pas comprendre pourquoi une telle réaction s'empare de moi au point de me rendre mauvaise et irritable, intransigeante et exécrable ? Me sentir totalement à la merci de ce poison qui coule dans mes veines et se répand, cruel venin.
La liberté de chacun s'arrête là où commence celle des autres, et je venais de franchir les plates-bandes d'un terrain plus que glissant. Tirée vers le fond sans un espoir de revoir la lumière de la lucidité, je me vois - telle une spectatrice - m'enfoncer dans les limbes. Je sais que jamais nous n'en sortirons indemnes, car la vie est ainsi faite. Le feu ne peut pas toujours être maîtrisé comme on le souhaite et, aujourd'hui, face à Lui, je ne maîtrise plus rien. Tout est terminé. Je le sens, je le sais. Elle est là, en moi.

Jalousie, pourquoi me tiens-tu...?

Ne sommes nous pas assez torturés par les maux de nos éternités pour que tu te mêles à cette danse aux notes trébuchantes ? La mélodie ne peut continuer lorsque tu diriges la symphonie. Je t'en conjures, vas-t-en. Pars, et ne reviens jamais.


    Si on s'accorde un peu de temps
    Pour réfléchir tout simplement
    Avant de n'être que des perdants
    Au goût amer qui s'en ressent
    Avant l'orage qui lui n'attend
    Au grand jamais le temps d'attendre *

Mais il est déjà trop tard....
Trop tard pour rattraper les erreurs commises avec inconsciences et pour commettre les méfaits les plus calculés pour déclencher en lui le monstre italien. Par trois fois déjà, ma main s'est abattue sur la joue de l'amant. Par trois fois déjà, sa fierté lui fut voler, comme mon honneur souillé. Fou. Enragé. Telle une bête qui se transforme, j'assiste impuissante à ce jeu de mains, jeu de vilains que nous nous affligeons. Je ne suis que l'ombre de moi-même depuis que la jalousie s'est glissée entre nos draps. Et pourtant, ce feu qui m'irradie éveille mes sens et n'a jamais été aussi salvateur. Savant bonheur de deux âmes torturées par un passé trop souvent envié. Cette fois, nul ne nous enviera. Et pourtant, nous serons plus vivants que jamais. Fous, dans les plus intimes délires. Assoiffés, dans les moindres de nos désirs. Déchainés, durant toutes les nuits à venir.
Si la Lune nous donne la partition à jouer, l'astre solaire reste encore celui que nous maîtrisons le moins. Ce n'est pas tant des autres que nous nous cachons, mais bel et bien de nous-mêmes, qui nous découvrons sous un nouveau jour, encore et toujours. La fierté prend peu à peu sa place au sein du combat Nord-Sud, qui n'a de cesse de devenir chaque fois plus rude. Comme dans un jeu, nous avions les cartes en main. Le tout était de savoir si oui ou non, le bluff serait de mise...


    Tous ces mensonges que l'on déguise
    Nous laissent un beau jour sans défense
    Puisqu'on se perd pour mieux s'unir
    Puisque l'on s'aime toujours autant *


* Auden - Pour mieux s'unir

_________________
Gabriele.
    « I'm not a perfect person
    There's many things I wish I didn't do
    But I continue learning
    I never meant to do those things to you
    And so I have to say before I go
    That I just want you to know 

    I've found a reason for me
    To change who I used to be
    A reason to start over new
    and the reason is you »*

La jalousie.

C'est donc de ce feu là que nous brûlions aujourd'hui. Dans ses veines, je l'avais bien remarqué grandir et prendre une place peut-être trop importante, mais que pouvais-je y faire ? C'est de fantômes que la Nordique est envieuse, d'anciennes conquêtes qui n'ont à présent plus aucune importance, et qui n'en avaient d'ailleurs déjà pas beaucoup lorsque je prenais ce qu'elles avaient à offrir sans rien donner en retour.
J'étais ainsi, quelques années en arrière. Inconscient, arrogant, égoïste, préférant mille fois jouer avec les sentiments de ces dames plutôt que leur offrir un semblant d'affection. Jamais je n'avais offert mon cœur à une de ces femmes, et dans la mélodie qu'il nous arrivait de jouer, je ne jouais que la montée crescendo vers une apothéose tout éphémère puisque mes partenaires ne jouissaient de mes talents qu'une ou deux fois chacune. L'important : Faire partager la musique au plus de femmes possible.

Celle avec qui j'avais le plus partagé restait encore cette Catherina, démon sensuel aux cheveux de feu avec qui j'ai partagé ma folie le temps d'une danse. C'était ainsi, je ne pouvais pas revenir en arrière pour changer cela. La nobliote cachait un côté sombre, une noirceur que je commençais moi-même à l'époque à toucher du doigt. Elle avait même, elle aussi, porté un jour le sang Corleone, le carmin qui fait ma plus grande fierté, mais la rousse avait ruiné tout cela, portée par le côté destructeur qui la caractérisait, et mon côté séducteur, maladif. Entre elle et moi, jamais d'amour, jamais de possession totale, débridée. Toujours ce contrôle que je m'imposais pour ne pas sombrer dans le malsain d'une femme qui, de toute évidence, n'aurait jamais pu porter le nom de Corleone. Elle était à mille lieues d'une femme du Clan.

La rousse venue Nord était complètement autre. Avec elle, tout était intensément différent. Je la découvrais mais je me découvrais en même temps, tel que j'étais capable d'être lorsque je voulais à tout prix garder l'amour d'une femme...Non. Son amour à Elle. Je me découvrais amoureux.
Le partage, l'attention, l'émotion, tout ce qui m'avait toujours fuis jusqu'à là me revenait de plein fouet dans le visage. Mon passé s'efface pour laisser place à mon avenir, cette femme qui me rend aussi intelligent que stupide, selon les moments.
Capable de tellement de bien, et de faire tellement de mal en un laps de temps si court. Je me découvre paradoxe, je me découvre rêve et cauchemar, enfer et paradis. Je me découvre cette nouvelle addiction, au sang qui coule dans les veines nordiques. A la profondeur du regard azuré qu'elle pose sur moi, qu'il soit empli de reproches ou brûlant d'amour.
Je me damne et me condamne pour une seconde de plus à ses côtés, juste une encore, un souffle pour me maintenir en vie.

Le soleil pour témoin, elle prend sa vengeance. Une vengeance aux reflets carmins. Elle ne pouvait pas choisir meilleur moyen pour m'humilier, rien de mieux pour montrer la supériorité féminine à user de moyens toujours plus fourbes pour obtenir ce qu'elle veut. Elle me drogue, m'enlève tout ce qui fait ma force et mon orgueil, piétine ce qui me sert de fierté.
Je suis livré à tous ses désirs, aussi pervers soient-ils, et elle en profite. Elle me marque, affirme aux yeux du monde entier que je suis sa propriété. Elle me domine, fait de moi un vulgaire mannequin, m’enivre de son désir. Je ne l'ai jamais tant détesté, je ne l'ai jamais tant haï, je ne l'ai jamais tant aimé. Elle me torture, elle fait de moi un objet, et pourtant je n'arrive pas à ne pas aimer ça. J'aime son initiative, son emprise sur moi. J'aime la façon dont elle me blesse, dont ses lèvres recueillent mon liquide vital si précieux, j'aime son regard dur sur moi. Je chéris plus que tout les lettres de sang qu'elle trace au fil de mon corps, au fil de sa lame.


« - Je t'aime...Garce. »


Les mots résument si bien ce qui nous anime. On s'aime, on se déteste, on s'attire et on se repousse, on se blesse...Mais on aime ça. Si fort. On ne peut plus se passer l'un de l'autre, on ne peut plus imaginer une vie sans le goût du sang de nos veines. Un goût d'acier, un goût de Mal, d'Interdit. Un goût...divin.
Totale soumission insoumise, nous sommes à tour de rôle dompteur et dompté, nous nous complaisons et nous abîmons dans ce vice délicieux qui nous pousse toujours un peu plus sur la voie du sadisme le plus pur et le plus malsain qui soit. Malsain ? Pas tout à fait. Juste Corleone.
C'est si bon de se faire mal.
La dernière séance de torture, la vengeance nous ramenant à égalité, ma décision est prise, immuable et arrêtée : Elle deviendra Corleone. Elle sera ma femme, entière et soumise, débridée et dominante. Elle sera tout ce que nous sommes, et nous ferons un à nouveau, pour une éternité supplémentaire, mais celle-ci mille fois plus intenses que toutes celles que nous avons déjà vécues.


    * Je ne suis pas un être parfait,
    Il y a de nombreuses choses que je regrette d'avoir fait,
    Mais je continue d'apprendre.
    Je n'ai jamais voulu te faire tout ce mal
    Il faut que je te dise avant de m'en aller,
    Je veux seulement que tu saches que...

    Je me suis trouvé une raison
    De changer celui que j'étais autrefois,
    Une raison de repartir sur de nouvelles bases,
    Et cette raison, c'est toi.

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Daeneryss
    Darf ich hier neben dir sein ?
    Warum willst du mich ?
    Warum bin ich die Eine ?
    Warum sagst du mir : Ich liebe dich. *


Je n'étais pas prête à comprendre ce qui m'avait poussée à commettre ça, poussée par mes Démons intérieurs, je n'avais fait qu'écouter ce que Jalousie et Vanité m'avaient soufflé au creux de l'oreille. Bouleversée, malsaine, déterminée et haineuse, mes sourires n'avaient été que la façade de mon entreprise. De cette confiance suffisamment puissance et inébranlable pour qu'il puisse douter de moi : et je l'avais fait. Tout comme lui. J'avais dépassé les limites de l'entendement, négligeant mon cœur en ce instant. Seul le fléau dévastateur de ma jalousie était le bienvenu. C'est ainsi que tout se passe, que tout s'enchaîne alors que je lui souris, alors que je lui offre ce verre qui sera sa perte. De ce breuvage, tu te délecteras. De ce goût, tu te satisferas et féliciteras mon choix. Et bien vite tu comprendras que tu es le jouet entre mes mains expertes, la petite marionnette que je manie avec agilité. Tout du moins, le temps de ce spectacle.
Je ne pouvais que sourire lorsque son corps se faisait tombeau de sa volonté, alors que je me dénudais pour mieux le dominer. L'utile à l'agréable, je l'avais dénudé aussi. Me satisfaire de cette vue si parfaite, de ce torse à la musculature taillée... Mon désir ne faisait que s'accroître, un désir refoulé trop longtemps désormais depuis que nous nous étions retrouvés : le faire mien. Pas de mariage ni de belle promesse, mais un Apollon paralysé par de la Chorydale - Merci Gaïa - et une lame aiguisée prête à entamer sa chair. Mon diminutif avait été gravé sur l'étendu de son être : un D dans la gorge, un A sur le torse et un E en trophée proche du bas ventre. Si le Corleone était déjà le plus beau des hommes, il n'en était pas moins maintenant la plus belle réalisation de tous : une œuvre parfaite. Et bien que son regard fut aussi tranchant que ma dague, le temps panserait ses plaies. Nos plaies, et nous offrirait les cicatrices nécessaires à notre reconstruction. Tout vient à point et dans ses émeraudes, je scrute déjà son désir de vengeance. Chaque chose en son temps et je sais que le mien est compté...

Alors pourquoi donc n'ai-je aucune crainte lorsque je me trouve en son étroite compagnie ? Pourquoi est ce que je ne ressens nulle hésitation lorsque ses mains glissent sur mon corps avec cette dextérité qui lui est propre, effeuillant un par un le peu de vêtements que je possède ? Parce qu'auprès de lui, je n'ai qu'une peur : le perdre. Alors les vices peuvent bien devenir notre lot quotidien, les sévices peuvent arpenter nos jeux troublants, j'accepte de me faire sienne, en mêlant mon corps au sien, aussi souvent qu'il le désire, aussi souvent que nos corps ne résistent pas à cette attraction aimantée, aussi longtemps que nos enveloppes charnelles nous permettent de tenir debout. Mais il aura sa vengeance... À son tour de me faire payer le prix de mon affront, me faisant comprendre qu'il ne peut être à moi si je ne suis à lui. Entièrement sienne. Pour de bon. Un G ornera donc ma peau au creux de ma poitrine, la souffrance accélérant mon cœur autant qu'il possède encore mon corps. Union, fusion, amour et damnation... Je t'ai voulu et ne regrette en rien nos choix étranges. Nous ne sommes plus faits pour être autrement que "Nous", amoureux et indissociables dans les pires actes. De notre feu naîtra de grands brasiers, de nos corps secoués par le plaisir naîtront de grands tremblements de terre, de nos cris soupirés naîtront l'amour d'une descendance certaine...

Ce jour est neuf car à la clarté des flammes qui brûlent ta demande en épousailles, je n'ai plus peur de toi. J'ai compris que nos destins seraient liés pour encore bien des éternités et le sourire que tu me fais arborer en me passant cette bague, malgré la fraîche nocturne, équivaut à toutes les tortures passées refoulées, mais surtout à un avenir commun mêlé à jamais par un seul et même nom : Corleone.
Tu me désires autant que je te veux. Notre condamnation ne sera autre que la perpétuité, car je promets en ce jour - tout en te souriant et dans mon esprit - que tu es encore à des lieues de savoir à quel point je pourrais te surprendre. La vie ne sera pas un long fleuve tranquille, car je veillerai à ce que nous tanguions au rythme endiablé des naufragés prêts à vivre leurs derniers instants. Intensément tienne... Je serai ta Corleone. Et tu seras MON homme.



* Wer bin Ich - Lafee.
Ai-je droit d'être ici à tes côtés ?
Pourquoi veux tu de moi ?
Pourquoi suis je l'élue ?
Pourquoi me dis tu : Je t'aime.

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