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[RP] Un éclat de verre pour une âme brisée.

Floscel
Ne me parlez plus d'elle


Qu'il était étrange de ressentir l'aire de la chambre se rétrécir à vue d'oeil. Les murs se rapprochaient les uns des autres, pièges implacable. La chape recouvrait Charli jusqu'à le noyer sous un amas de bois et de torchis. Il avait beau relever la tête, la mélasse le recouvrait, l'empêchant de reprendre son souffle et l'engloutissant à chaque brassée. Le tunnel s'amenuisait à mesure qu'il se débattait dans on antre. Du clair à l'obscur, le jour éteignait sa flamme à la bougie de son âme. L'eau de son passé a affluait, et forçait le passage jusqu'à sa gorge, le faisant suffoquer. Un gargouillis sombre s'échappait de sa gorge. Le bras tendu vers le plafond semblait se jeter dans un ultime et vain espoir de se raccrocher à la vie. Et la vie s'échappait par tous les pores de sa peau. Le flot de ses regrets s'engouffrait dans le trou béant de sa bouche, étouffant le moindre cri d'alerte.

La pipe encore fumante trônait sur le meuble à proximité du lit. Dans son foyer, une lueur perfide, un brasier de scrupule luisait dans la nuit profonde de ce printemps trop alerte. Le bois sculpté, plus ou moins finement, narguait l'oeil du moins averti. La tromperie flottait en volutes de fumée autour de l'antre du Diable. Un échos, grésillement infime de la branche végétale appelait à la consumer un peu plus. Elle susurrait à l'oreille son envie, son besoin d'une aspiration nouvelle. Le piège se refermait alors. L'être démoniaque s'engouffrait dans la bouche puis la gorge. L'armée de morts vivants hurlant en brandissant l'arme. Elle brisait les premières résistance et s'engouffraient plus avant, membre viril dans la moiteur humide d'un berceau féminin. La brèche suffisait. Il suffisait de si peu. La hargne des soldats d'un autre monde s'éparpillait alors dans tout l'être. Chaque artère de la forteresse était prise d'assaut. Puis advenait le château cérébral. Les coups de bélier, sourds, implacable. Le chemin qui s'ouvrai, quelle que fut la résistance, jusqu'à l'oubli, la capitulation.

Une main attrapa le verre et le lança contre le mur. Le verre, mal travaillé, se brisa contre le mur et laissa l'empreinte du désespoir sur le torchis. La porte claqua dans un grand bang qui fit vibrer le chambranle. L'ombre, dans le couloir, étendait ses ailes en direction de Charli. Il courut et dévala les escaliers quatre à quatre. De son passé, il ne restait qu'un bruissement de coeur, un battement fugace qui lui titillait la tempe. Il se retrouva bientôt dans la rue. L'air fétide s'engouffra dan ses poumons. La tiédeur amère le revigora. Adossé au mur extérieur de la demeure qui accueillait les turpitude de sa vie, le brun respira à plein poumon. L'envie de mourir le pris comme une envie de vivre. Il était là, simplement lui. Les fêlures à fleur de peau. La lune accompagna le hurlement de son âme torturée.

Spiritu Sanguis ou la tiédeur du liquide visqueux qui coule de la plaie des âmes.



RP ouvert à tous les états d'âmes, la rues étendra ses bras et blottira en son sein les rencontres de celles et ceux qui le souhaiteront.
Camillle_
Tenue masculine, chapeau enfoncé sur les tempes cachant chevelure et traits fins, Camille arpente les ruelles de ce quartier malfamé. Sur sa route, gueux, miséreux et putains de bas étages dont la vulgarité et les courbes flétries ont tout à envier aux courtisanes de l’Aphrodite. Pourtant, transparente et légère, Camille se faufile entre les plaintes et les menaces, esquivant les gestes pervers et les coupe-gorges pour finalement freiner sa marche devant une bâtisse dont la structure correspond à celle qu’on lui avait dépeinte. Ce mendiant lui avait promis qu’elle trouverait son bonheur ici-lieu. Alors, postée contre un mur, elle attend et guète les allées et venues. Il lui avait décrit un homme aux cheveux courts et dont la carrure semblait être taillée et faite pour le travail d’homme de main. Néanmoins, il avait également mentionné son goût pour les femmes et son appétit insatiable, ce à quoi la Sombre avait répondu avait un sourire intéressé. Homme de main ou courtisan, ce dernier avait pour lui deux qualités qui étaient à même de lui ouvrir les portes de l’Aphrodite. Il restait donc à savoir quel domaine correspondrait le plus à sa personnalité et à ses attentes.

Les minutes passent, tout comme les heures et la patience de l’ancienne serveuse devenue courtisane malgré elle est soumise à rude épreuve. Remontant le col de sa chemise, elle inspire alors qu’au loin, cette attente finit par se faire repérer. Deux gus s’avancent, penauds et titubants et la lippe de Camille est mordue sous l’appréhension. A ce même instant, un homme s’empresse de quitter la demeure et l’esprit de la Sombre s’aiguise. Cheveux courts, forte carrure. Peut-être lui ?
Mais le temps de l’analyse s’écourte. Les gueux la rejoignent et à leurs interrogations et menaces, elle ne répond rien. Sa bouche reste close alors que ses iris sombrent n’ont de cesse de dévisager cet homme qui semble être celui pour qui, elle a quitté sa prison dorée. Une main se pose sur son épaule, grasse et épaisse et à ce geste, elle se contente simplement de la repousser. Ainsi, alors que d’autres plus sanguins auraient pu répondre par la menace ou par les coups, Camille se montre docile et ferme à la fois. Elle le sait, elle n’est ni une bagarreuse, ni une héroïne et jouer aux inconscientes ou aux effarouchées n’aurait qu’attisé la rage de ces deux compères.

Faisant fi de leur manière et de leur corps qui se posent de part et d’autre du sien, elle relève le visage et l’interpelle. Charli ?!...La bouche s’ouvre enfin et le prénom est lancé à l’adresse de cet homme qui semble se perdre dans les limbes. Aussitôt, il relève la tête et croise son regard. Pour sûr, le mendiant ne s'était pas trompé. Une idée audacieuse émerge alors de son esprit. Si elle n’avait effectivement pas la carrure pour se défendre par elle-même, elle pouvait encore tester celle de Charli. Après tout, si les dires étaient fondés il pourrait être l’un des futurs gardiens de l’Aphrodite. Oui vous ! J’ai un marché à vous proposer !

A ce moment, la voix de la courtisane se fait plus fourbe, légèrement inaudible, alors qu’elle passe outre son caractère effacé pour provoquer les deux comparses. Laissez-tomber…vu votre état, vous allez venir trop vite et j’aurai perdu mon temps…Il y a d’autres putains qui sont prêtes à tout, même à perdre quelques minutes. Jamais la jeune femme n’avait osé parler de la sorte, préférant au contraire se faire oublier plutôt que de provoquer ennuies et violences mais pour échapper aux couches et aux clients, elle était prête à tout.

"A toi de jouer…Charli.
Gagne ta place...".

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Floscel
Alors qu'il appuyait les mains contre le mur, Charli releva la tête en entendant son prénom. La nausée attendrait encore un peu avant de déverser sa puanteur contre le sol qui ne demandait pas tant de considération. Le brun observa le manège des deux crapules autour de la silhouette androgyne. Vu leur attitude, les vêtements masculins devaient renfermés une proie d'un tout autre acabit. Charli se redressa, chancela légèrement, ce qui l'obligea à faire un pas en arrière. Il dû froncer les sourcils pour obliger sa vue à se fixer sur le trio qui le dérangeait en pleine perdition. Forcément, il grogna. Il y avait des soirs, comme celui là, où l'humeur n'y était pas. Charli avait toujours aimé le calme. Il avait pousser le vice jusqu'à adopter une certaine forme de mutisme. Il n'y avait bien que l'alcool, additionné de quelques plantes et autres poudres plus malsaines les unes que les autres, pour le sortir de sa réserve devenue habituelle. A force de s'obliger à la retenue, Charli en avait développé ce qu'on pourrait appeler une double personnalité. Il avait fini par élever un monstre dans la cage des bas-fonds de son esprit. Lui, qui pouvait avoir l'apparence d'une homme discret, voir trop gentil et inexpérimenté de prime abord, voyait se développer une grande agressivité dans des cas pas si extrêmes que ça. La plupart du temps, il lui suffisait de quitter les lieux pour aller s'isoler et vomir la part de cruauté qui sommeillait en lui. Il n'en avait pas toujours le temps ou l'envie. C'était une nuit qui réunissait les deux éléments propices à l'expression de sa nature profonde.

Fils d'une italienne qui l'avait abandonné à un père incompétent, petit-fils d'un boucher allemand, le côté Lisreux de Charli avait tendance à s'exprimer brutalement. Il avait hérité, de sa moitié di Drago, le physique de rital qu'il arborait. Brun, yeux bleus, une certaine élégance dans ses bons jours, la partie émergée de l'iceberg n'était pas la plus désagréable. A le connaître, on aurait pu croire qu'il cachait la laideur des états de son âme sous l'emballage d'un italien futile et matérialiste. Il avait beau avoir la peau hâlée de ses origines, il n'en maîtrisait pas la langue. Le jour, il n'était qu'un jeune homme comme les autres. Il savait se montrer courtois et, même si sa conversation était pauvre de son manque de pratique sociale, il pouvait s'entretenir d'un grand nombre de sujets sans perdre pied. La nuit, il n'était ni gris ni chat. Pour peu qu'une poussière d'amanite ou qu'une goutte de belladone ait croisé sa route, il devenait Charli Lisreux. Les antécédents génétiques d'une famille, qui tenait plus de la psychopathie que du repas du dimanche devant un gigot, refaisaient surface à grands coup de griffes dans ses tripes. Charli luttait comme il le pouvait, avec force. Il abusait d'une médecine qui ne faisait, en définitive, qu'empirer son état.

D'un pas lent, il approcha du groupe d'importuns. Il avait suffi, au deux malandrins, de voir les traits tirés et les cernes qui ornaient son visage pour entamer un mouvement de repli. Quand on vit dans un quartier malfamé, on a tendance à développer certains réflexes de survie. Bien que Charli ne soit pas une montagne de muscle, il avait malgré tout la carrure suffisante pour en impressionner plus d'un, surtout lorsqu'il s'agissait de deux pourceaux. Le ténébreux avança jusqu'à l'inconsciente qui avait prononcé son prénom. Les deux compères avait déjà pris leurs jambes à leur cou. Nouveau dans les rues de Spiritu Sanguis, il était encore l'inconnu dont certains pouvaient avoir peur. La main gauche du Lisreux se lança à l'assaut de la gorge fragile qui lui faisait face. La poigne était sûre sans être écrasante, juste assez resserrée pour ne pas laisser échapper sa proie. Charli approcha son visage, qu'éclairait un sourire carnassier, jusqu'à ce que ses lèvres frôlent l'oreille qu'il espérait attentive.


Qu'est-ce qui t'fait croire qu'tu seras mieux lotie avec moi qu'avec les deux pouilleux?
Camillle_
Ils fuient ? Les iris de Camille s’écarquillent devant cette fatalité à laquelle elle ne s’était pas préparée. Blasée, elle les suit du regard jusqu’à ce que leurs ombres finissent par s’estomper. Sur le coup, la courtisane reste dubitative. Comment allait-elle pouvoir juger son talent de combattant si par un simple regard et roulement d’épaules, les gueux s’enfuyaient la queue entre les jambes ? Surprise, dépitée, elle le reste également quand la main de Charli empoigne avec fermeté sa gorge. Prise au dépourvue, elle s’empresse de poser sa main contre la sienne alors que le murmure du combattant se perd déjà contre son oreille. Effrayée ? Non. Intimidée ? Peut-être.

Toutefois, elle n’était pas là pour en découdre avec lui, bien au contraire mais cette main posée là, sur sa gorge, lui rappelait des souvenirs qu’elle préférait enterrer. La main libre de l’ancienne serveuse se porte alors sur l’entrejambe de Charli pour y exercer la même pression, la même entrave. Elle n’a pas de temps à perdre en menace ou en courbette et si sa poigne était capable de tremper les cuisses de certaines femmes, Camille quant à elle, préférait la douceur. Courtisan ou homme de main, pour l’instant la poigne pouvait aussi bien servir aux clientes qu’aux gueux.

Rangez votre main et… je range la mienne….Le murmure se perd, agacé et freiné par cette main qui l’incommode. Devenir…un homme de main ou un…courtisan…dans un bordel reconnu et …luxueux de la Capitale…Cela vous tente ?

Non, elle n’est pas là pour proposer ses cuisses mais bel et bien une proposition. A lui de saisir cette occasion et de baisser cette main. Sereine, la jeune courtisane se surprend à penser à Adryan. Qu’allait-il penser de ses sorties nocturnes, de ses initiatives qu’elle se plaisait à garder secrète. Il avait fait d’elle une courtisane et pourtant, mal à l’aise dans ce rôle, elle cherchait à se défendre dans un autre domaine. Ainsi, si la Maison Haute lui procurait dégoût et état d’âme, la Maison Basse quant à elle parvenait à la réconcilier avec son passé et son envie d’écus. Mais les risques encourus quant à eux n’étaient pas mesurable…La main posée sur celle de Charli se retire et ses iris sombres cherchent à croiser celui du Damné.

"Qu'ais-je à craindre finalement ?"

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Floscel
L'éclat malsain dans le regard du Lisreux n'en finissait pas de scintiller. Le sourire carnassier s'étira un peu plus lorsqu'il sentit la main agripper son héritage. Charli dévisagea la jeune femme devant lui. Il pencha la tête à droite puis à gauche tel un animal dont la curiosité aurait été attisée. Il se demanda lequel des deux pourrait perdre à ce genre de défi. La nuque se briserait-elle avant que sa propre douleur ne devienne insupportable. Les vikings buvaient un mélange d'amanite tue-mouche et de cervoise avant le combat. Ca leur permettait de ne pas sentir la douleur, ni la peur. Charli utilisait ce poison pour dormir sans faire de rêve. Ce soir-là, il en avait ingurgité. Il aurait fallu de peu de chose, d'un agacement plus fort qu'à l'accoutumée, et la demoiselle qui lui faisait face aurait perdu la vie sans qu'il n'esquisse la moindre grimace de douleur. Il fallait croire que, malgré tout, Charli était dans un bon jour. Peut-être qu'il était encore, tout simplement, trop tôt pour qu'il n'ait déjà franchi le point de non-retour. Toujours est-il que la pression exercée par la main du brun se relâcha lentement. Cette dernière finit par retrouver, pantelante, le côté du corps auquel elle était attachée. Charli soupira légèrement. Le chat se serait bien amusé avec la souris. Ce ne serait pas pour cette fois, visiblement. Un fin sourire, narquois cette fois-ci, étira ses lippes.

Si tu m'veux comme courtisan, va falloir lâcher c'que tu tiens ... Ca pourrait servir. Sinon ...

Charli se pencha sur le côté afin d'avoir une meilleure vue sur les deux fuillards qui disparaissaient déjà dans une rue adjacente. Il reporta ensuite son attention sur la téméraire de la soirée.

Tu comptais pas sur eux pour qu'je joue au preux chevalier, dis-moi. J'dis pas, t'es pas mal. On pourrait sûrement s'amuser ensemble. Par contre, la prochaine fois qu'tu cherches un alibi, rappelle-toi qu'ce genre de types s'attaque volontiers à une femme ... Beaucoup plus rarement à un homme.

Les quartiers considérés comme malfamés ne devaient, bien souvent, leur réputation qu'à un groupe assez restreint de personnes. Il suffisait, d'une bande, d'un groupe, d'un clan, d'une entité quelque peu charismatique pour donner ses lettres de noblesse ou d'infamie à un groupement d'habitation. Au tour de se noyau gravitait les charognards et autre opportunistes sans gloire. Il était parfois plus nombreux mais jamais plus dangereux. Ils étaient ceux qui accouraient pour faire les poches des personnes à terre, leur couper les doigts pour récupérer la moindre babiole. Certains satisfaisaient même leurs besoins de luxure nécrophile ne pouvant s'offrir, par l'argent ou par la gloire, la moindre ribaude fut-elle défigurée et édentée. On pouvait, d'une certaine manière, les comparés à une bande hyènes. Ils rôdaient là et glapissaient par l'odeur du sang alléchés. Ils encourageaient leurs idoles, les flattaient et les remerciaient bassement lorsque ceux-ci les autorisaient à se bâfrer des miettes. Les charognards, bien que putrides de leur couardise crasse, étaient également les meilleurs guetteurs. Aucun "étranger" ne pouvait s'aventurer dans un quartier sans que sa présence n'eut été repérée puis dénoncée par l'un ou l'autre de ceux-là. Enfin, dans ce microcosme de misère sociale, venait ceux que l'on appelait les villageois. La grande majorité habitait ici depuis des générations. La misère accueille la misère et infime est le nombre de ceux qui peuvent se sortir de ce bourbier. Ces gens-là vivaient avec la violence et la peur comme voisine. Il ne devaient leur immunité qu'à la localisation de leur habitation dans ces lieux de perdition. Et encore, parfois devait-ils payer leur tribu à la caste des pouilleux à la salive gluante et fétide.

Charli continua de dévisager celle qui lui faisait face. Son esprit commençait à se calmer. Le sourire avait disparu de son visage. Le faciès qu'il offrait était désormais impassible. Elle avait risqué gros à venir le chercher ici. La proposition était alléchante. Le Lisreux fronça légèrement les sourcils. Ca puait l'arnaque à plein nez. Nombreux était celles et ceux qui louaient leur corps pour quelques pièces et qu'on ne revoyait plus, du jour au lendemain. On retrouvait, parfois, un corps le long de la seine, des organes en moins. Tout se trafique, tout se vend tant qu'il y a un acheteur, le corps humain ne faisait pas exception. Les courtisanes et leurs homologues masculins faisaient des prises de choix pour certains organes. Il suffisait juste de s'assurer qu'ils n'étaient pas atteints d'une trop vilaine maladie. Charli n'était pas le plus beau de tous mais il avait son charme. Un vieux fou aura pu vouloir son visage, ses muscles en imaginant qu'ils feraient de très bons élixirs de jouvence. Et ça encore, ce n'était rien comparé à ce que pouvait faire certains bouchers. La liste des sévices était proche de l'infini. Il suffisait d'être un tant soit peu tordu pour trouver une bonne raison d'arracher un oeil à une être vivant plutôt que mort. Pour les courtisans, certains attributs masculins étaient également très recherchés. Charli croisa les bras.


Pourquoi moi?
Camillle_
La main se retire enfin de sa gorge et l’esprit de la courtisane s’apaise. S’il était aisé pour Charli d’intimider par quelques regards de simples gueux, qu’en serait-il avec de véritables brigands ou parasites ? L’Aphrodite attirait des hommes avides d’expériences interdites, des hommes dont la fortune autorisait bien des vices, mais parmi eux, se nichait des pervers dont les pratiques outrepassaient la santé même des courtisanes. De même, la Maison Basse dévouée aux accords licencieux permettait aux brigands et aux hommes peu respectueux de pénétrer dans la demeure et certains, trop gourmands, se risquaient à monter les étages pour rejoindre celles dont les flagrances se perdaient jusqu’au sous-sol du bordel. C’est donc pour ces personnes-là, que l’Aphrodite avait besoin d’hommes de mains. Adryan, Hubert, Etienne, Fabian, ils étaient les gardiens et les acteurs de la sécurité de l’Aphrodite mais les rumeurs courent et la réputation du bordel n’est plus à faire. Curieux, avides, le lion frappe la porte en bois avec une fréquence plus soutenue et les yeux, intéressés arpentent à loisir les coins et recoins de l’Aphrodite. Il fallait un courtisan, un homme de main et pourquoi pas les deux.

On m’a vanté vos mérites. Simplement. Elle pose sa main sur son torse et l’invite à reculer légèrement alors qu’elle range dans son chapeau quelques mèches volages. Ensuite, ce que j’ai pu saisir à pleine main pourrait plaire à certaines clientes, mais ça ne fait pas tout et rien n’est gagné d’avance. Outre les "on dit" il nous faut être certain de vos talents et votre capacité à satisfaire pleinement une femme. Reste à savoir si vous êtes intéressés.Camille l’observe et reste muette un instant. Elle n’est pas devin et ne saurait deviner cette détresse, cette personnalité étrange qui semble faire partie intégrante de sa personnalité mais elle décèle déjà cet ennui qui semble doucement le ronger. La lassitude est une tare qu’il est difficile de combattre, mis à part en s’exposant volontairement. Vous aurez votre chambre, profiterez des locaux et des serviteurs qui répondront à vos attentes, vous pourrez prendre les femmes comme bon vous semble et être payé pour le faire…Une aubaine non ? Et au besoin, vous pourrez assurer la sécurité de l’Aphrodite et montrer à qui de droit que vos muscles ne servent pas qu’à intimider de simples poltrons. Vos gérez vos écus mais vous serez redevable pour le gite et le couvert. Et puis qui sait…Vous pourrez peut être vous perdre dans la Maison Basse et assurer ma protection quand j’irai chercher quelques fournitures auprès de contacts peu recommandables. Alors ?

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Floscel
On lui avait vanté ses mérites. C'était assez flatteur. La réputation fait partie des ses choses qui vont et viennent telle la marée. Charli esquissa un léger sourire. On pouvait y lire une pointe de fierté entachée du doute qui restait persistant. La flatterie était une arme comme les autres, une des plus efficaces dans la bouche d'une femme. Charli était courtisan. D'aucun aurait même dit prostitué. Après tout, courtisait-il vraiment? Certainement pas au sens propre du terme, ou alors ne s'agissait-il juste que de l'or, sonnant et trébuchant, qui découlait de la sueur qu'il dépensait à sa tâche. Simplement. La main gracile vint se poser sur son torse, lui imprimant un mouvement qui le fit reculer d'un pas. Le brun n'avait pas résisté à la pression. La suite n'effaça pas son sourire. Tout juste le changea-t-elle en y ajoutant une pincée d'amusement. Le temps d'observation fut mutuel. Les raisons n'en était pourtant probablement pas les mêmes. Charli tentait de la déshabiller du regard. Il se demandait ce que pouvaient cacher les vêtements masculin. A première vue, la demoiselle n'avait rien d'une madone aux seins lourds et aux hanches propices à l'enfantement. Elle n'avait rien de la bourgeoise, cliente habituelle, qui quémandait, plus que de l'affection, qu'on l'assaille à grands coups de butoir. Elle n'avait rien, non plus, de cette femme de militaire qui recherchait l'exotisme d'une peau halée pour y planter griffes et crocs avides d'une gourmandise au goût salé. A bien la regarder, Charli eut l'impression qu'elle n'était qu'une poupée, pas mieux que lui, tout juste bonne à satisfaire les désirs lubriques d'un nobliau ventripotent qui suintait la fortune graisseuse. Elle avait cette apparence fragile de celle qu'on aime à protéger en attendant d'elle des remerciements buccaux à la hauteur d'une ceinture desserrée. Peut-être faisait-il fausse route.

Me tester? Hm ... Ca paraît logique. Et qui va le faire? Toi?

Puis elle énuméra une longue liste, plus ou moins exhaustive, de conditions et autres volontés particulières. Charli entrevit les chaîne qui commençaient à le river au mur. Le métal froid des liens de fer se refermaient sur ses poignets et ses chevilles. Il avait chassé l'idée de perdre un ou plusieurs organes. A la place, une laisse métallique, quel que fut la qualité du métal, lui était proposée.Il serait payé en chair fraîche, pourrait forniquer à satiété. Le sourire se teinta de dépit. La demoiselle ne devait pas être courtisane. Ils sont peu nombreux, dans ce métier, à exercer pour le plaisir. Il y a, parfois, mais ceux-là n'ont généralement pas besoin d'argent. Charli ne baisait que par son enveloppe charnel. Son âme restait enfermée dans les vêtements qu'il ôtait avant la débâcle des sens. Il calculait ses mouvements, comptait les respirations, chronométrait l'espacement des soupirs. Prendre les femmes comme bon lui semblait était loin d'être une aubaine. S'il n'avait pas la nécessité de manger pour vivre, il exercerait dans d'autres domaine. Pour le moment, il avait toujours choisi la facilité. La première l'avait abordée. Elle avait, ensuite, parlé de lui à une amie. De salon de thé en diverses réceptions, Charli avait parcouru la France et l'Empire des bras de l'amie d'une amie à la couche d'une connaissance vague, allant même jusqu'à servir de paiement à une dette qu'il n'avait lui-même pas contracté. Puis il y avait eu Paris et un de ces quartiers à la réputation qui n'était plus à faire. Ici, il pouvait fuir sa triste réalité et se laisser aller à être lui-même. Le Sombre fronça légèrement les sourcils.

Je ne quitterai pas ce quartier. Ici je suis chez moi et ce n'est pas négociable. Qu'on me paye bien et je pourrai faire l'effort d'obéir. Je n'appartiendrai pas à l'Aphrodite et resterai libre de mes allées et venues. Si t'as besoin de moi dans tes déplacements, je t'accompagnerai. Alors?

Après la défiance, venait le temps de la négociation.
Camillle_
Le tester ? Lui ? Et puis quoi encore. Cette main sur sa gorge avait su inhiber tout désir et toute envie de rencontre charnelle. Toutefois il y aura bien une courtisane ou une cliente volontaire à l’Aphrodite. Mais pour l’instant, ce n’est pas cela qui l’intéresse mais bien sa réponse quant à son engagement et force est de constater que Charli est enchainé à sa liberté et à ce quartier telle une mouche sur une merde. Elle ne pouvait le blâmer. Camille allait devoir le caresser dans le sens du poil si elle désirait parvenir à ses fins.

Si tu ne désires nullement t’engager à l’outrance et quitter ses murs, tu seras payé comme nous payons les mercenaires ou les hommes de mains lambda. Si elle connait le tarif de base ? Et si l’Aphrodite a déjà fait appel à des mercenaires ? Non. Mais ça, il l’ignore. Normal. Au moins tu ne seras pas rattaché à l’Aphrodite, tu travailleras quand nous aurons besoin de toi et tu repartiras avec ton dû. Quant au paiement, il me semble logique de te proposer une courtisane ou des écus. Et pour ton aide, je l’accepte volontiers mais de toi à moi…Ne pose plus ta main sur ma gorge. Si tu tiens à ta liberté, je tiens à mon souffle et à mon espace vital.

"Évite de me rappeler ce passé."

Son aide, elle en aura besoin et s’il savait effrayer quelques gueux avec un regard, il pourrait repousser les plus envahissants à l’aide ces muscle. Enfin, elle l’espère. Ainsi, ses expériences resteront secrètes et ses aventures à l’extérieur de la Maison Basse seront sécurisées. Prudence est mère de vertu. Elle inspire doucement et un sourire se dessine sur son visage. Marché conclu ?

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Floscel
Charli resta quelques temps dubitatif. Les substances qu'il avait ingéré peu de temps avant faisaient encore bien leur office et son esprit restait passablement embrouillé. La proposition restait alléchante, quel que soit son rôle au sein de l'Aphrodite. Après tout, il en vint à se dire qu'il était peut-être temps pour lui d'arrêter toutes ces conneries. Il avait envie de vivre d'une autre manière et, qui sait, de fonder une famille. Charli secoua la tête. Décidément, il faudrait qu'il pense à arrêter les mélanges psychotropiques. Comme si un homme comme lui pouvait fonder une famille. Idée futile, rêve inaccessible, voilà ce que c'était. Il en ferait la triste constatation bien assez tôt. Charli inspira profondément par le nez.

J'y repenserai demain. Là, il est trop tard. Si vous me voyez à l'Aphrodite, c'est que j'ai accepté votre offre.

Charli fit alors volte-face. Une main se plaque sur un oeil pour le frotter. Les maux de tête revenaient tels un cheval au galop. Il tourna légèrement la tête vers la jeune femme.

Faites attention à vous en repartant.

Ce furent ses derniers mots avant de s'enfoncer dans la noirceur d'un angle de rue. La nuit lui porterait conseil, il l'espérait. Pour l'heure, c'était surtout de sommeil dont il avait besoin.
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