[RP ouvert]Un bain ?

Une malédiction, à la mine décréptie, bonne à coucher par terre, pleine de terre sortait toute sa rage. Elle fulminait, elle pestait. Le petit homme pointait du doigt la porte d'une taverne.

J'Y - VEUX - PAS - DE - BAIN !

Et pourtant c'était une véritable infection. Depuis son bain forcé dans l'abreuvoir il n'en avait plus repris. Heureusement qu'une armée lui était passé dessus, car inconscient ses médecins avaient pu ôter une bonne couche de crasse. Mais il gambadait déjà depuis deux semaines, et le seau de purin lancé par Enjoy n'avait rien arrangé.
Bref, il puait. Et il était incroyablement résistant à tout chantage. Son ours Navet avait encore plus triste mine. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux, et faire prendre un bain à son ours, serait... affreux !
Mais son odeur devenait insoutenable pour son entourage et bientôt le complot ne tarderait pas à lui tomber dessus.
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Caché derrière un buisson, j’observe le Truc qui s’agite sous mon nez. En parlant de nez, mon pauvre tarin crie au drame devant la puanteur dégagée par la bestiole de cinq ans. C’est fou ça, comment un chiard de moins d’un mètre de haut peut puer autant ? Et surtout, comment sa famille peut le laisser dans un tel état de décomposition (comment ça j’y vais fort ?) ? Remarquez, ça ne m’étonne même pas. Hier j’ai eu un aperçu des plus flippants. Entre ma femme qui veut apprendre à des canards à voler en les jetant du haut d’une falaise (mieux vaut que je m’occupe des finances, pas vrai ?), sa cousine qui veut m’arracher les oreilles pour les bouffer, son autre cousine qui veut mes pieds et…Ouais, bref. Elles veulent toutes bouffer une partie de mon corps, famille de cannibales moi je vous le dis. Je comprends pourquoi le mari de la rousse accouchée s’est « perdu » en Anjou, à sa place je me serais même perdu chez les Papous. Mais bon, tout le monde n’a pas mon QI.
Ah mais j’y pense, vous voulez peut-être savoir pourquoi je suis planqué derrière un buisson alors que le bon sens me pousserait à aller me perdre dans les bras de Léan ou d’Aphrodite. Plusieurs raisons. La première est que j’ai appris qu’il était exclu de perdre le marmot en forêt et que, par conséquent, mon nez devrait s’y habituer. Ça, déjà, c’était pas vraiment envisageable. La deuxième ? Allonger mon espérance de vie. En effet, si je débarrasse le gosse de sa crasse, les femmes Corleone oublieront peut-être de me buter au cours de la prise. Une semaine à tenir et ensuite…tailloooooo ! La troisième est quelque peu vicieuse, je le reconnais : me venger de ce sale morveux qui, non content de se payer ma tronche, escompte me refourguer ses crottes de nez. Et enfin, la quatrième raison que je ne donnerai même pas sous la torture : sa mère. J’adore les histoires et, plus encore, j’aime les légendes. Rodrielle Corleone en est une et, même si son chiard a quelques cases en moins, il reste son fils. Je n’ai jamais connu la matriarche Corleone mais allez savoir pourquoi, même son cadavre a mon respect. Alors j’ai pas franchement envie que son crado de fils finisse asphyxié sous les relents qu’il dégage.

Hum…

Le « hum » de la réflexion, le « hum » qui m’informe que mon plan est quelque peu tordu et que, finalement, je risque de m’en prendre une par l’Arsenic qui m’a formellement défendu de toucher au mouflet. Tant pis. A pas de loups, je m’avance vers Mal’, profitant de ses cris pour couvrir le bruit de mes pas. Le fameux Navet est saisi brusquement et c’est avec un sourire triomphant que je regarde le marmot Corleone.

C’est qui qui a le joli petit Navet maintenant ?

Retenant de justesse un éclat de rire, je fais mine d’aller déposer une bise sur la tête de l’ours. Mauvaise idée. Si le gamin pue, l’ours schlingue à mort. Famille de tarés… Ils ont dû sacrifier l’odorat pour fortifier un autre de leurs sens. Sourire mesquin aux lèvres, j’agite la bestiole en peluche au-dessus de la tête du petit.

Ecoute-moi bien, Malecrado. Tu vas me suivre et tu vas prendre un bain sinon Navet finit brûlé. Et en plus, je pisserais sur ses cendres.

Qui a dit que menacer un gamin était mal ? Pas moi en tous cas.
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Alors qu'il était tout occupé à fulminer contre l'ennemi, un autre plus retors lui arracha Navet des mains. Il suivit l'ours du regard, lequel s'envolait dans les airs, l'air désespérément haut.
Le mioche ouvrit de grands yeux ronds, la bouche bée. Non mais qu'est-ce qui se passe !
L'apparition d'une trogne déjà croisé changea son étonnement en un regard noir. Il fronça les sourcils, serra les poings, et toisa depuis le bas l'homme qui avait OSE s'en prendre à son deuxième. Oui le deuxième du capitaine des pirates. Fin roi des pirates pardon. Bref.

DONNE ! CI - MON - CO - PAIN !

A chaque syllabe, le mioche sautillait, bras en l'air pour tenter d'attraper vainement son ours. C'était sa Mama qui lui avait donné. Autant dire que la valeur avait triplé depuis que celle-ci avait passé l'arme à gauche.

T'y a pas le droit !

Le garnement donna un formidable coup de pied, à la mesure de sa force de 5 ans, dans le tibia du type. Et recommença, et encore, jusqu'à ce quelque chose l'arrête ou que Navet lui soit rendu.

T'y RENDS !
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Fleur avait déserté le feu de camp pour cause beignets. Ceux qu'elle avait n'étaient plus très frais, ils dataient de l'avant-veille. Mais qu'importait, la Fée les aimait. Ayant avalé la quasi intégralité de sa réserve, elle s'amusait à en imbiber un dans un mélange liquide de valériane, de myrte, d'estragon et de bigaradier. Pourquoi tremper un beignet aux pommes dans un somnifère ? Parce qu'elle s'ennuyait. Aussi, lorsqu'un hurlement lu parvint aux oreilles, la Fée se redressa aussitôt, son intérêt éveillé. Qui égorgeait-on ?
Bondissant sur ses pieds, l'Ortie se dirigea, beignet en main, vers la source du tumulte. Pour découvrir, à son grand étonnement, un Mal' en train de frapper Niallan. Et celui-ci agitait loin au-dessus du nez du gamin le Navet de ce dernier. L'ours contre... un bain, d'après ce qu'elle en comprenait.

Niallan, c'pas très gentil, fit-elle en attrapant l'ours et en le rendant à Maledic. Oublie ça mon grand, mange un beignet.

Sans attendre qu'il s'en saisisse lui-même, Fleur profita du bec largement ouvert pour lui fourrer le gâteau dans la bouche. Se glissant près de son époux, le Lutin se haussa sur la pointe des pieds, sourire aux lèvres.

Ca devrait pas tarder à faire effet. R'garde bien.
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Allez, plus haut ! Encore un petit effort microbe.

J’étais réellement plié de rire, tellement bien que je manquais à plusieurs reprises d’abaisser l’ours à la hauteur du mioche. Une gaminerie de plus à ajouter à mon actif, j’avais l’air d’un grand con comme ça mais je m’en foutais, je m’amusais. J’avais toujours pensé détester les chiards et puis Lexi était arrivée, balayant mes certitudes d’un seul sourire. Maintenant il y avait ce troll de moins d’un mètre, braillant et gesticulant comme pas possible pour une peluche puant encore plus que lui. Je l’aime bien, finalement…
…ou pas. Il est violent ce con ! Un pur Corleone ! D’ailleurs, ça m’étonne qu’il n’ait pas encore émis l’idée de me bouffer l’une ou l’autre partie du corps, c’est peut-être juste un vice féminin.

Je rendrai quand tu auras pris un bain !

Sauf qu’apparemment ma femme n’est pas d’accord avec mes manières éducatives. Elle me fait perdre toute crédibilité en rendant la peluche au morpion et c’est avec l’air d’un gamin capricieux que je la regarde, bras croisés.

Comment veux-tu que je tienne une semaine avec ça qui se trimballe à côté de moi ? Et puis je peux avoir un beignet moi aussi ou c’est réservé aux crados ?

Bougon, j’allais reprendre la direction du campement mais ça c’était avant. Avant que mon épouse bien aimée ne me témoigne une forme de soutien. Droguer le môme, risqué mais efficace. Goguenard, je fixe le mouflet dans l’attente de le voir s’effondrer.
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