Lililith
... ou garde le silence. »
Euripide, Fragments.
Cela faisait déjà un bout de temps que la mini-Corleone ne pipait plus mot. Elle avait fini par trouver une tablette de cire, c'était plus pratique - mais moins amusant - que de dessiner au charbon sur les tables. Enfin, « trouver ». Elle écrivait donc dessus, ne faisant pas de phrases complètes, se jouant de son silence, préférant regarder les Grands sempêtrer dans leurs mots qui ne faisaient que dire du vide. Ils se débrouillaient comme ils pouvaient, mais elle ne disait plus rien. Le plus souvent, elle dessinait, parce quécrire lui faisait craindre de faillir à sa promesse : après tout, les lettres faisaient des mots
Le couteau avait été rangé à la taille, précieusement, comme chaque soir. Lentraînement avait été intensif ; Nizam sétait décidé à la battre. Peut-être pour récupérer sa dague ? Comme pour le narguer, cest elle quelle avait utilisé. Elle avait cru avoir le dessus à un moment, mais le Grand était bien trop fort pour elle et lavait mise hors-jeu peu de temps après le début du combat. Rageusement, elle sétait relevée et avait fait face. Au bout de plusieurs fois où elle sétait retrouvée à terre, elle avait fini par abandonner.
Et maintenant, elle sétait un peu éloignée du campement. Oh, pas beaucoup, parce que bientôt serait lheure découter les directives de Joy. Elle avait sifflé son chat - seul bruit qui sortait encore de sa bouche avec ses rares rires et ils sétaient installés, lui assis, elle en tailleur, autour de la dague quelle venait de planter dans le sol. Bref moment de solitude, dintimité entre deux êtres qui se confrontaient à tout instant au silence.
Les Grands ne comprenaient pas. Et elle ne voulait pas leur expliquer. LÉtoile serra la tablette à sen faire mal les doigts. Sa manière à elle de crier. Et cela faisait autant de bien. Puis elle sallongea, levant la tête vers le ciel et lobservant. Le ciel aussi était silencieux... Aucun oiseau. Peut-être quils avaient froid ? Peut-être quils avaient peur deux ? Quoi de plus normal, après tout
Ils étaient Corleone.
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Euripide, Fragments.
Cela faisait déjà un bout de temps que la mini-Corleone ne pipait plus mot. Elle avait fini par trouver une tablette de cire, c'était plus pratique - mais moins amusant - que de dessiner au charbon sur les tables. Enfin, « trouver ». Elle écrivait donc dessus, ne faisant pas de phrases complètes, se jouant de son silence, préférant regarder les Grands sempêtrer dans leurs mots qui ne faisaient que dire du vide. Ils se débrouillaient comme ils pouvaient, mais elle ne disait plus rien. Le plus souvent, elle dessinait, parce quécrire lui faisait craindre de faillir à sa promesse : après tout, les lettres faisaient des mots
Le couteau avait été rangé à la taille, précieusement, comme chaque soir. Lentraînement avait été intensif ; Nizam sétait décidé à la battre. Peut-être pour récupérer sa dague ? Comme pour le narguer, cest elle quelle avait utilisé. Elle avait cru avoir le dessus à un moment, mais le Grand était bien trop fort pour elle et lavait mise hors-jeu peu de temps après le début du combat. Rageusement, elle sétait relevée et avait fait face. Au bout de plusieurs fois où elle sétait retrouvée à terre, elle avait fini par abandonner.
Et maintenant, elle sétait un peu éloignée du campement. Oh, pas beaucoup, parce que bientôt serait lheure découter les directives de Joy. Elle avait sifflé son chat - seul bruit qui sortait encore de sa bouche avec ses rares rires et ils sétaient installés, lui assis, elle en tailleur, autour de la dague quelle venait de planter dans le sol. Bref moment de solitude, dintimité entre deux êtres qui se confrontaient à tout instant au silence.
Les Grands ne comprenaient pas. Et elle ne voulait pas leur expliquer. LÉtoile serra la tablette à sen faire mal les doigts. Sa manière à elle de crier. Et cela faisait autant de bien. Puis elle sallongea, levant la tête vers le ciel et lobservant. Le ciel aussi était silencieux... Aucun oiseau. Peut-être quils avaient froid ? Peut-être quils avaient peur deux ? Quoi de plus normal, après tout
Ils étaient Corleone.
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