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[RP] Jour de soldes (c'est le Comte qui offre !)

Desiree.
Après avoir abandonné Justine et le Comte dans la salle de la taverne, la blondine était partie, sa lettre de change à la main, pour aller se changer.
Resserrer sa natte, n'en déplaise aux soignants. Voire la remonter en chignon. Se serrer dans sa plus belle robe. Celle à la mode de Flandre.

Offrir une robe à Justine. Grand dieux.
Elle ferait mieux de choisir sur catalogue et de commander aux doigts d'or, mais impossible. Si le Comte avait réclamé une robe, il allait falloir en choisir une ce matin, houspiller le tailleur pour qu'il fasse les retouches dans la journée, et que Justine la porte au soir.
Donc payer cher.
Donc informer la comtesse de ça. Donc, techniquement, informer la comtesse qu'Enzo avait des vues sur la petite blondinette. La Comtesse le savait déjà certainement, puisque la petite est blonde et belle, mais lui en apporter la confirmation, ça ne faisait pas plaisir à la Première Dame.

Et elle allait surveiller la "petite" Justine comme le lait sur le feu.
Et l'informer des lubies du comte, peut être.

En attendant, il allait falloir trouver une jolie robe.
Fichtre.

La Blondine finit de nouer les rubans de ses mules de soie, y attacha les semelles de bois, et sortit toquer à la porte de la demoiselle de compagnie.


Justine ? Es-tu prête ?
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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Juzstine
Justine avait quitté le comte dans la salle de taverne où ils avaient bu une infusion de menthe forte, en tête à tête avec lui après le départ de Désirée. Justine parce qu’elle aimait boire cela le matin et le comte pour se remettre de sa soirée d’anniversaire qui avait été semble-t-il un peu excessive. Il avait avoué avoir abusé de tout, et la jeune blonde n'avait pas cherché à savoir ce que ce "tout" englobait, mais il était manifeste que l'alcool avait coulé à flot ce qui l'avait encouragée à partager sa tisane avec le comte pour tenter d'aider à calmer ses maux de tête.

En se préparant, Justine songeait que chaque malheur pouvait cacher de bonne chose. Si son escorteur n’était pas tombé malade, les forçant ainsi à s’arrêter à Poligny, elle n’aurait jamais croisé la comtesse, ni sa première dame de compagnie qui avait émis l’idée de l’embaucher, ni le comte qui avait concrétisé l’offre. Et non content de lui avoir fait cette proposition avantageuse, il avait décidé ce matin d’offrir une robe à Justine, soit il était très riche, soit il était très généreux, soit il était encore ivre, soit elle n’en savait rien et après tout elle n’allait pas se torturer l’esprit à chercher à comprendre les motivations de cet homme. Depuis leur rencontre, il se montrait charmant avec elle, respectueux et agréable, et elle mesurait sa chance d’avoir croisé la route du comte et de la comtesse, sans ce coup du destin jamais son père n’aurait pu espérer une place dans une maison de si haute noblesse pour sa fille.

Elle ouvrit la porte de sa chambre et sourit à Désirée.

Là où Désirée avait les cheveux bien serrés et remontés, ceux de Justine flottaient librement dans son dos, comme son âge et son statut de jeune fille sans mari le lui permettaient. Ne voulant pas paraître trop sortie de sa campagne à côté de la très élégante première dame de compagnie de la comtesse impériale de Solms, Justine avait passé sa plus jolie robe, elle ferait malgré tout certainement pâle figure en comparaison mais elle n’avait pas mieux. Elle se rappela que sa mère lui avait souvent répété qu’elle pouvait compenser ce qui lui manquait en paraitre par son allure, son sourire et ses manières, et la jeune fille aimait bien le croire.


Je vous suis, madame Désirée.
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Desiree.
En route jeune fille !

La blondine savait déjà vers quel coin entrainer la demoiselle de compagnie, elle avait un peu exploré le cœur du village, avait repéré un tailleur tout à fait honnête.
Et autant commencer par ça, pour que la robe soit ajustée au soir.
Et le reste des échoppes était non loin.

Quelques pas au soleil plus tard, et elle avait déjà l'impression que son cerveau suintait par toutes les fractures de son crâne.


Voilà, ici nous devrions trouver ce qu'il faut. Bien sur cela sera moins bien que du sur mesure, mais pour l'instant, cela fera l'affaire.

Elle poussa la porte et salua le tailleur.

Bonjour. Nous venons pour trouver une robe à cette jeune fille. Laine très fine, il faut que cela soit léger, pour porter à la belle saison. Sortez ce que vous avez de mieux.

Le lin, ce n'était pas assez luxueux pour une jeune fille de la maisnie de Montbray-Sempère. Le chanvre encore moins, bien sur. Et la soie, un peu trop, dans un premier temps. Le coton encore plus.
De la laine, la plus fine, cela serait parfait. Et puis tout le monde sait que c'est la laine qui régule le mieux la température du corps. Chaud quand il fait froid, léger quand il fait chaud.
Justine n'aurait plus qu'à choisir entre les quelques modèles les plus beaux que le tailleur sortirait.

La blondine observa les modèles, caressa les textures, fouilla dans les galons différents, et finit par se tourner vers la demoiselle de compagnie.


Trouves-tu quelque chose qui te plait ?[/b]
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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Juzstine
Justine avait emboité le pas de la première dame avec bonne humeur, souriante comme elle l’était souvent en public tout en gardant une petite distance, que l’on ne se méprenne pas sur ses sourires qui n’étaient pas une invitation mais bien une forme de politesse et d’élégance. Cette sortie avec Désirée tombait à pic pour la jeune fille qui tentait de cacher son impatience et sa curiosité concernant le couple qu’elle servait désormais et leur maison, elle avait posé quelques questions au comte qui avait répondu de bonne grâce mais elle n’osait pas l’interroger au plus au risque de le harceler ou de dépasser les limites de la correction.

Désirée n’était pas noble, elle était même finalement bien moins haute dans la hiérarchie sociale que Justine, mais au sein de la maison, elle était au-dessus d’elle, ainsi était la règle et la jeune fille l’acceptait sans en être choquée. Plus tard, Justine se marierait, avec un noble comme elle et elle dirigerait sa propre maisonnée, son domaine même peut-être, comme sa mère le faisait auprès de son père, comme la comtesse le faisait certainement avec le comte, comme toutes les jeunes femmes nobles étaient amenées à le faire. Pour l’heure, elle était encore en apprentissage et elle espérait bien gagner en assurance et perdre un peu de ses habitudes de fille de la campagne où la noblesse était plus simple.

Justine écouta Désirée expliquer au tailleur ce qu’elle souhaitait pour elle puis, comme la première dame, glissa ses mains sur les tissus, tâta la douceur de la matière, admira les coupes, jaugea la finesses des broderies, la qualité de l’exécution finale. Comme elle se doutait que la première dame n’aimerait pas qu’elle se montre trop décolletée, trop serrée, trop voyante, elle lui indiqua deux modèles, l’un bien trop extravagant, et elle le savait, et un autre bien plus raisonnable mais qui saurait souligner modestement, mais élégamment, sa silhouette et mettre en valeur ses yeux qui hésitaient entre le vert et le bleu, un peu de la couleur de ces pierres venues de Turquie que l’on appelaient turquoises. Demander beaucoup pour obtenir ce qu’elle voulait, une technique vieille comme le monde et Justine se doutait que Désirée ne serait pas dupe, mais peut-être ferait elle semblant pour que chacune garde sa place sans perdre la face. Les autres modèles étaient bien moins tentants et il fallait bien faire honneur à la maison du comte de Solms, et à sa grandeur lui-même qui lui avait demandé de choisir un modèle qu’elle porterait avec plaisir, et comme c’était ses écus à lui, il fallait bien obéir.


J’aime beaucoup celle-ci et celle-ci. Du violet et du bleu, c’est harmonieux, vous ne trouvez pas ? Et j’ai cru entendre que c’était des couleurs qui plaisaient à la fois au comte et à la comtesse.

Elle sourit à son interlocutrice avant de reprendre.

Cela fait longtemps que vous êtes au service de la famille de Montbray-Sempère ? Ils ont été tous les deux très généreux avec moi en m’acceptant au sein de leur maison, surtout que l’on m’a dit que cela ne c’était pas très bien terminé avec l’ancienne dame de compagnie de la comtesse. Ils ne me connaissent pas et il n'est jamais facile d'accorder sa confiance à une inconnue, cela m'a beaucoup touchée.

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Desiree.
Oui, c'est bien. L'autre est un peu troooop... tu vois ?
Ceci dit, ces fioritures, c'est très joli, mais peut être qu'il vaudrait mieux que tu sois déjà mariée pour porter une tenue telle que cela, tu ne crois pas ?


Un sourire, pour répondre au sourire.

J'ai connu le Comte il y a fort, fort longtemps. A peu près à l'époque où il était fiancé à la donzelle que nous avons croisée hier.

A l'époque, Enzo était soucieux de ne point blesser une fiancée* meurtrie par le viol au soir des noces. Elle l'avait même vu à plusieurs reprises*.

Mais nous n'étions pas réellement des amis, nous avons juste eu quelques contacts... professionnels.
Je l'ai revu il y a près d'un an à Genève, où je vivais, et j'y ai rencontré son épouse. J'aime beaucoup le Comte, mais plus encore la Comtesse. Cette femme est extraordinaire.
Et puisque tu es à son service...


La blondine effleura du bout des doigts une autre robe, rouge celle là. Simple, presque un bliaud à l'ancienne, comme en portaient parfois les vieilles femmes. Trop démodé pour Justine. Dommage, ce rouge là était très beau. Elle l'écarta pour passer à une robe de coupe plus proche de la mode italienne, avec des manches à crevées. Très belle, mais trop femme.
Finalement, le choix le plus judicieux restait celui de Justine. La borgne apprécia la finesse de la jeune fille, la subtilité aussi dans sa manière d'amener les choses.


Je me permets de signaler que tu dois avant tout être fidèle à Madame. Enz... Monsieur le Comte est un homme très admirable, au sens littéral. Il est beau, jeune, riche, puissant, arrogant et séducteur. C'est très facile de tomber amoureuse de lui. Elles le sont toutes. Si tu veux rester spéciale à ses yeux, d'ailleurs, tu ferais mieux de ne pas céder à ses avances, si un jour il t'en fait. Et de ne jamais lui répéter le conseil que je viens de te donner, bien sur.

Cette phrase là avait été prononcée très bas, en chuchotis infime, et loin, très loin des oreilles du tailleurs, envoyé chercher un galon pour la robe violette et bleue. Jamais la blondine ne se serait permis d'en parler plus fort.

Tu découvriras vite que Madame n'est pas une femme que l'on se contente de servir. On s'y attache. Vraiment.
Et pour répondre à ta question première, c'est par amitié que je me suis plus ou moins imposée auprès de Gabrielle. Le Comte a cédé à notre lubie, pour ma plus grande joie : c'est moi qui vais gérer toute la garde robe de Madame, ainsi que ses suivantes. Dont tu fais partie, ma jolie.


Elle finit par prendre la robe des mains du tailleur, qui semblait un peu trop ravi d'avoir une donzelle si mignonne à habiller.

Permettez, je vais le faire moi même. Montrez nous où nous pouvons nous installer pour qu'elle se change.

C'est qu'il s'agissait d'essayer la robe, puis de percher Justine en hauteur afin que le tailleurs puisse ajuster la tenue à sa taille.

Allez viens, Justine, je vais t'aider à te changer. Tu ne peux pas enfiler ça seule.

Et de l'entrainer vers le lieu désigné par le marchand.

Tu as d'autres questions ?


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* ouvrir le forum 2 avant de cliquer sur le lien
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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Juzstine
Bonne pioche, Désirée est bavarde, sans manquer de respect à ses maitres ni trop en dire, mais elle parle, ce que Justine trouve rassurant, elle n’aurait pas aimé travailler dans une demeure où tout se cache et se tait. Et puis, parler c’est se rapprocher et Justine se sentait un peu seule parfois dans cette nouvelle ville et ce nouvel environnement, et Désirée était la plus proche d’elle de tous les gens qui servaient le couple comtal, et même si elle était sa supérieure, la jeune fille espérait développer une relation agréable à défaut d’amicale avec la première dame.

Pourquoi voudrais-je être spéciale aux yeux du comte ? Il se montre très gentil avec moi, et je reconnais qu’il a un physique avenant, mais il me semble que c’est un peu léger pour éprouver de tendres sentiments à son égard.

Cette phrase là fut aussi prononcée à voix basse et Justine n’ajouta rien sur le sujet. Elle ne pouvait raisonnablement pas dire à Désirée que les gestes du comte à son égard la questionnaient, la troublaient bien un peu aussi, parce qu’elle ne savait pas s’il avait une arrière-pensée ou si elle se faisait des idées et se méprenait sur ses sourires, ses frôlements et ce baiser léger qu’il déposait sur sa joue pour lui souhaiter la bonne nuit après l’avoir raccompagnée devant sa chambre le soir.

La comtesse m’impressionne un peu. Ne lui dites pas, je ne voudrais pas qu’elle pense que j’ai peur d’elle, ce n’est pas tout à fait cela, mais elle impose le respect et l’admiration. Elle me semble très digne.

Justine suivit Désirée à l’abri des yeux un peu trop curieux et des mains un peu trop baladeuses du tailleur et commença à défaire la robe qu’elle portait afin de pouvoir l’ôter et passer la nouvelle.

Vous savez madame Désirée, je suis bien consciente de la chance qui est la mienne d’avoir pu entrer dans cette maison, et je sais aussi qu’elle ne se représentera pas deux fois, je vais m’efforcer de les servir du mieux que je peux sans les décevoir.

Plus la famille est de haute noblesse, plus les alliés et les amis de la famille le sont aussi, et plus les jeunes filles de plus bas niveau comme Justine ont des chances de croiser un jeune homme à marier dont le rang peut permettre de s’élever socialement. Pour Justine ce n’était ni cynisme ni ambition, mais elle avait été élevée dans cette idée et on lui disait souvent qu’elle avait un atout non négligeable, celui d’être suffisamment gracieuse et bien faite pour que les regards masculins s’attardent sur elle. L’espoir d’un bon mariage restait présent et même si la jeune fille n’était pas pressée, savourant cette parenthèse de liberté entre l’autorité d’un père et celle d’un mari, elle savait que cela arriverait.

Justine sourit à Désirée alors que la robe glissait sur le sol, la laissant en simple chemise de lin grège.


J’ai eu un léger aperçu de la garde robe de la comtesse, pour qui aime les vêtements ce doit être un bonheur, et une belle responsabilité. Mais vous avez tellement de goûts dans vos toilettes que cela n’a rien d’étonnant que l’on vous ait confié ce poste.

La jeune fille se pencha pour que la première dame puisse l’aider à essayer le modèle choisi, c’était toujours toute une affaire entre les jupons, les rubans, les lacets, les manches ajustées et le plus la robe était jolie, le moins elle était simple à enfiler.

Des contacts professionnels ? Dans quel domaine sa grandeur et vous faisiez-vous affaires ?
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Desiree.
Et vas-y que ça jacasse, que ça piaille, et que ça enfile des robes et des rubans. Deux filles dans une boutique de fringues. Normal.

Elle éluda les premières questions, sur le comte. Il serait toujours temps d'en parler plus tard, loin des oreilles curieuses.
La dernière question la troubla un peu plus. Et fit naitre un sourire malicieux sur le visage balafré.
Un chuchotis s'échappa à nouveau.


Je te dirais ça en sortant.

Et de l'entrainer à nouveau vers le tailleur, pour les retouches. Il n'y en eut pas trop à faire, et si le tailleur fut houspillé continuellement pour aller plus vite, faire attention à où il posait ses paluches, qu'il se dépêche encore, et qu'il avait intérêt à avoir fini les dites retouches avant la fin de la journée.

Lorsque ce fut fait, Désirée entraina Justine vers la sortie, la rue, et quelques emplettes dans sa confiserie préférée plus tard, elles étaient installées dans un petit coin tranquille, à l'ombre du chaud soleil de mai.


J'étais catin. C'est la réponse à ta question sur mes relations professionnelles avec le Comte. La maisnie le sait, la Comtesse est au courant également, mais la réputation de leurs grandeur impose un silence total à ce sujet en dehors d'eux. Mais toi, tu le sais. Aussi si un jour tu te poses des questions sur ton corps, celui des hommes ou les relations amoureuse, tu sais que tu peux venir me trouver sans honte. Un secret est un secret, et les catins sont les meilleures gardiennes de secrets au monde.

Elle croqua une dragée.

Sers toi.
J'ai deux enfants. Artur et Iseult. Évite de prononcer le nom de ma fille devant la comtesse, elle en a perdu une en couches qui aurait du porter ce nom là. Mes enfants ont tous les deux le même père. Il s'appelle Thorvald, je ne suis pas mariée avec, mais cela aussi on évite de le mentionner.
Et si je te conseille de te méfier du Comte, c'est parce qu'il aime les blondes, terriblement, il aime plaire, trop, et séduire. Il est adorable et beaucoup de jeunes filles, même nobles, seraient prêtes à lui offrir ce qu'elles ne devraient donner qu'à leur époux. Ou à un homme qu'elles aiment sincèrement, à la rigueur. Cependant le Comte n'est amoureux que de la Comtesse. Aussi est-il illusoire de croire qu'en se laissant séduire, on gagnera son cœur. C'était le sens de ce que je voulais dire, tout à l'heure.
Tu comprends ?


Sourire de l'ex maquerelle. Bien sur qu'elle comprenait. La question n'était que rhétorique et Justine avait déjà démontré qu'elle comprenait.
Mais la blondine était si désespérément décidée à garder la demoiselle vierge jusqu'au mariage qu'elle était prête à tout. Un peu trop, même, comme le prouveraient les événements de la soirée.


Tu es une jeune fille adorable. Ravissante. J'aimerais tellement que tu restes longtemps auprès de la Comtesse... Nous avons vraiment besoin de toi, tu sais ?

Message subliminal : si tu cèdes au Comte, tu devras quitter le service de la Comtesse.
Mais plus elle découvrait la jeune fille, plus la première Dame sentait que celle ci était fiable, fidèle, dévouée, et ayant très fortement conscience de son intérêt.

Hop, une autre dragée, et une lampée d'hypocras léger, à même le petit flacon ouvragé.

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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Juzstine
On arrête de discuter le temps des retouches, juste « oui, je suis bien dedans », « non cela ne serre pas trop », « oui, ce galon ira fort bien », « merci », « au revoir » avant de suivre Désirée, de faire une pause dragées et de s’arrêter à l’ombre pour enfin poursuivre cette discussion. A la réponse de Désirée elle ne s’attendait pas, Justine, et il lui faut toute la force de son éducation pour ne pas bêtement ouvrir la bouche en écarquillant les yeux comme l’idiote du village. Ce n’est évidemment pas que le comte eût fréquenté, ou fréquente encore, des catins qui choque Justine, mais bien qu’une fille de joie, même retirée du métier, puisse se retrouver à la prestigieuse fonction de première dame de compagnie et responsable de la garde robe d’une comtesse impériale. Surtout en ayant couché avec le comte, quoique sur ce dernier point, la jeune fille avait eu vent des capacités d’acceptation des infidélités de son mari par la comtesse puisque le comte lui-même lui avait dit avoir plusieurs maitresses dont une qui lui avait donné une bâtarde qui vivait avec sa mère au sein même de sa maison.

C’est fort gentil à vous, madame Désirée, mais je ne pense pas venir vous trouver pour discuter de ces choses là. Et puis, je ne suis pas si ignorante.

Bien sûr qu’elle l’était, mais elle ne savait pas à quel point, Justine connaissait la théorie de certaines choses, savait fort bien de quoi il fallait se méfier et ce qu’il fallait fuir, avait même pu constater par elle-même quelque phénomènes physiologiques tant masculins que féminins et avait une fois échangé un baiser avec l’un de ses prétendants, mais elle n’était alors encore qu’une enfant. Justine n’avait jamais vu le loup et gardait bien caché sous ses jupons et entre ses cuisses bien fermées le trésor qu’était sa vertu, et elle était fort décidée à le veiller farouchement.

Elle prit une dragée à l’invitation de la première dame et laissa le sucre fondre et couler dans sa gorge avec un plaisir non feint, jamais auparavant elle n’avait eu la chance de goûter ces petites friandises sucrées, mets bien trop raffinés pour espérer trouver cela à la table paternelle.


Merci. Oui, je comprends. Et je ne dirais rien de ce qui se passe au sein de la maison, je n’ai pas pour habitude de colporter ce que je sais et ce que je vois.

Evidemment que le comte ne serait jamais amoureux d’elle, et qu’elle ne le serait jamais de lui, il fallait être bien bête pour se laisser piéger et imaginer des imbécilités pareilles, il état marié de surcroit, à quoi donc servirait d'aimer sans retour possible? Et Justine était bien décidée à ne pas céder s’il s’avérait que le comte ait des vues sur elle ce qu’elle ignorait encore. Il faudrait évidemment le cas échéant réussir à exprimer un refus sans se retrouver à la porte ce qui serait peut-être un peu délicat mais elle y arriverait, du haut de l'inexpérience sentimentale de ses quasi dix-sept ans, elle n’en doutait presque pas.

Elle sourit à sa supérieure.


C’est gentil de me dire cela, mais je ne sais pas si je mérite tous ces compliments. Soyez assurée que je ferais en tout cas de mon mieux pour vous satisfaire, vous et la comtesse.


Et le comte ? Devait-elle satisfaire le comte ? Et jusqu'où devait-elle aller pour sa satisfaction? Justine préférait ne point y songer pour l’heure, chaque chose en son temps, elle sourit de nouveau à Désirée et croqua l’amande de sa dragée, levant son visage vers le ciel, la lumière vive du soleil lui faisant cligner ses yeux clairs.

L’été approche. Je me demande à quoi ressemble un été en ville.
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Desiree.
Eh bien je vous avoue que moi aussi.

Un sourire. Une dragée. Cette demoiselle est vraiment parfaite. Désirée l'adore déjà. Pourvu qu'elle reste longtemps.

La borgne sourit de l'air surpris de la demoiselle à ses révélations. Désirée a toujours préféré jouer carte sur table, dans le travail. En tant que supérieure en tous cas. DU temps où elle était catin employée, l'essentiel de sa vie consistait à rester la favorite de la maquerelle.
Reste la favorite, c'est restée encore mieux protégée.


Je viens tout juste de m'installer à Dijon. Enfin il y a quelques mois, mais assez peu finalement, moins d'une demie année. Mais ces quelques mois furent plus riches que l'année entière qui les a précédée.

Nouveau sourire.

Il me tarde un peu de voir à quoi ressemblera Dijon cet été. Peut être qu'on pourrait demander au Comte de donner un bal chez lui ? Ca serait follement amusant, qu'en pensez vous ? Un bal, avec toute la noblesse du duché ! On y mangerait des sorbets !


Des sorbets. Elle avait découvert ça à Genève, où la glace, plus proche, était aussi moins chère. Elle en avait dévoré tout l'été. Ceux aux myrtille ayant sa faveur. Cette touche de mauve, bien sur, dans la glace, et ce subtil goût sucré, acide. Cela lui allait si bien.
Elle était persuadée qu'Enzo avait la fortune nécessaire pour arroser toute la noblesse bourguignonne de sorbets le temps d'un bal.
Ça au moins ça en jetterait.
La famille serait comme qui dirait installée dans son milieu.


Oh oui on lui demandera d'organiser un bal ! Cela vous plairait ?

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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
Juzstine
J’aime beaucoup danser, l’on dit même que je suis assez gracieuse.

Justine sourit à Désirée, il ne faut pas se vanter de ses dons, mais indéniablement, Justine avait celui de la danse, une des rares distractions à laquelle personne ne trouve rien à redire et dans laquelle le corps peut s’exprimer dans une contrainte et une rigueur qui avait toujours plu à la jeune fille. Elle était enthousiaste à l’idée d’un bal, elle imaginait que les fêtes données par le comte et la comtesse de Solms devaient forcément être somptueuses, en tout cas d’un niveau incomparable avec ce qu’elle avait connu chez elle. Justine hésita puis décida finalement de passer sous silence son ignorance totale de ce qu’était des sorbets, pour que l’on puisse servir cela à une assemblée de nobles bourguignons, dont il était connu que certains comptaient parmi les plus puissants du royaume de France, forcément cela devait être un met tout à fait extraordinaire. Elle demanderait à la comtesse, ou au comte, passer pour une ignorante devant bien plus titrée qu'elle était un peu moins gênant que devant une ancienne catin, même aussi sympathique et agréable que Désirée.

J’ai hâte de voir la demeure de leurs grandeurs, et Dijon aussi, je suis parfois allée à Reims mais assez rarement, mon père dit que les villes sont des lieux de débauche. J’espère qu’il ne refusera pas au comte mon engagement à son service. Je débute tout juste mais je suis déjà attachée à la comtesse qui se montre très bonne avec moi.

Si Justine était impressionnée par la comtesse, étonnament plus que par le comte, elle appréciait qu’elle lui reconnaisse de l’esprit et qu’elle ne la cantonne pas aux tâches les plus ennuyeuses et les plus ingrates comme elle s’y était attendue, étant la dernière arrivée dans la maison. Pour l’instant, la comtesse était encore en convalescence et se reposait beaucoup, mais elle avait parlé d’emmener Justine chevaucher ce que la jeune blonde avait pris comme une marque de confiance. Quand la comtesse ne la regardait pas, Justine se laissait aller à l’observer et songeait que plus tard, c’est à cela qu’elle voudrait ressembler, l’incarnation de la noblesse élégante et digne.

Madame Désirée, la comtesse m’a demandée de me présenter à sa chambre après son repas, en début d’après-midi, je voudrais bien ne pas arriver en retard.

Parce que si la comtesse avait de la prestance, Justine pressentait aussi qu’elle avait un caractère fort et elle aimait autant éviter de se la mettre à dos alors que leur relation débutait tout juste et semblait relativement bien engagée. Il serait dommage de tout gâcher pour avoir été trop bavarde.
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Desiree.
Grands Dieux oui, ne te mettons pas en retard, ma chère !

Et la voilà debout, à ramasser ses petites affaires, ses dragées, son flacon, et on range tout cela dans la grande bourse de soie, on fixe le tout à sa ceinture.
Il est temps d'y aller.

La borgne sourit à la jeune fille, si désireuse de bien faire.
Fichtre, il ne faudrait pas qu'elle soit en retard. La Comtesse serait fâchée.
Il serait de bon ton aussi que la première dame n'oublie pas que si elle jouit de certaines libertés, de parole comme d'actes, ce n'est pas le cas de toute la maisnie, et des demoiselles de compagnie encore moins.


Si nous sommes en retard, je dirais à la Comtesse que je t'ai retenue. Ne t'inquiète pas.


Sur le chemin du retour, elle prend le bras de sa comparse.
celle qui serait presque le plus proche d'une amie au sein de la maisnie.
Sauf que l'une est noble et l'autre pas. Et que la hiérarchie de la maison inverse les rôles.
Dommage.
Peut être qu'elle n'aura jamais vraiment d'amie, du coup. Hormis celle qu'elle a laissé à Paris, qui est partie, perdus, disparue. Morte surement.

Voilà. Encore trois minutes de marche, et elles sont à l'heure pour le rendez vous avec la Comtesse.

File vite. J'irais chercher ta robe retouchée ce soir. Tu pourras la porter devant le Comte, ainsi.


La borgne a déjà tourné les talons. Dans sa chambre, elle se dévêt, et s'allonge. La lumière est encore bien vivre, pour son petit crâne cabossé.
Elle se reposera donc jusqu'à ce qu'il soit temps d'aller chercher la fameuse robe.

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©Linda Ravenscroft, création Atelier des Doigts d'Or.
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