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[RP] Ramponneau, grimpe aux rideaux

Umbra
La Corneille avait ôté son sombre plumage. Epars au milieu d’une chambre, son linceul noir gisait à terre. Dans un cocon de literie luxueuse, l’Ombre était nichée aux creux d’imposantes brindilles : les bras de son amant. Ce fut une respiration plus forte qu’une autre qui la sortit d’un profond sommeil. Il y avait des lustres qu’elle n’avait pas aussi bien dormie, se sentant presque aussi revigoré que la Belle au bois dormant. A son tour, elle soupira d’aise avant d’ouvrir ses paupières sur ce décor inconnu. Bien vite le rêve se transforma en cauchemar. Un fin rayon de soleil froid aveugla la "princesse" tandis qu’on couronna sa tête d'un étau. La douleur insupportable la rendit nauséeuse. Umbra eut bien vite fait d’extirper son visage des oreillers : à coups sûr, elle allait crever…ou juste dégobiller. Finalement ni l’un ni l’autre, un violent haut le cœur lui soulèva le poitrail mis à nue et l’éternelle question du lendemain de soirée arrosé :

Bordel, c'est quoi l'embrouille ?

Où étaient les combles de son taudis parisien ? Pourquoi la vermine ne rongeait-elle pas le parquet branlant de sa cahute? Le tic-tac des gouttes extérieur ne résonnaient plus à l’intérieur de son unique pièce ni ne le trempaient les jours de pluie. Non, ce matin, il faisait beau. Les prémices du printemps s’annoncaient cléments. Sa paillasse miteuse fut troquée contre un énorme lit comme elle n’en avait jamais imaginé auparavant. Les pierres de ses pans de murs défraichis se seraient-elles subitement transformées en une prison dorée ? Une oeillade à demi-émergée lorgna le blond à ses côtés : rêvait-elle encore éveillée ? L’unique main agrippa jalousement les draps pour voiler sa petite poitrine à la vue du regard azuré.

Merde…

Avant les réjouissances, ce fut la panique totale dans la caboche embrumée. Ombeline n'avait pas digérée les souvenirs de la veille, ni cuver son alcool d’ailleurs. Ce ne fut pas un langoureux « Bonjour mon amour » qui ronronna sensuellement aux creux des oreilles du Von Z.. Ce fut un braillement d’une voix éraillée qui grinça comme une porte :

Ernst ! Que s'est-il passé?!

Instinctivement, la Bâtarde pointa le fautif –parce que oui, il en faut bien un dans l’histoire- de sa senestre crochetée seulement là…Les iris de jais s’écarquillèrent à la vision du moignon tout aussi nue que le reste de son être.

AH !

Pire qu’un cri de stupeur, ce fut un cri d’horreur qui perça la chambre tantôt paisible à souhait. Le regard fouilla les ramages bruns au sol. Là ! Entre son chemisier et une botte, le gantelet convoité. La Manchote ne chercha même pas à savoir pourquoi SES affaires étaient éparpillées de part et d'autres dans la chambre alors que celles du Rhénan…Bah, n'était pas sur lui non plus, d’ailleurs ! Le cerveau baignant dans un mélange d’alcools douteux, l’Ombre ne réfléchit pas à tout ça. Elle voulait, d’abord, voiler sa nudité, c’est-à-dire rhabiller son poignet gauche. Après, ils auraient tout le loisir de se remémorer leur folle amnésie dans le lit. Entrainant le drap dans son élan telle la traine d’une jeune mariée, Umbra s’élança vers son gantelet de cuir qu’elle sertirait à son moignon aussi solennellement que l’alliance glissé au doigt d’une jouvencelle en émoi…

En cette action pleine de grâce et de légèreté, il fallait donc voit une éclopée dont la patte folle était barrée d’une large cicatrice calcinée, se prenant les pieds dans la literie qui lui servait d’armure. Par chance, elle ne se vautra pas lamentablement. Cependant, lorsque le « précieux » fut en sa possession, il fallut se rappeler que c’était une manchote qui tentait vainement de lacer un brassard de force à son poing manquant. De là, découlait, évidemment, tout le charme d’un déhanché vu de dos : le bassin creusé se tortillant alors qu’elle galèrait à se ganter. Mais après cette lambada frénétique en solo, ce fut une jeune femme au regard de braise –oui car ses yeux brillaient encore de la cuite de la veille, comme si le surplus d’alcool dans son sang s’évacuait aussi par sa substance lacrymale- qui s’en retourna auprès du germain.

Toute la délicatesse d’un compliment coquin sur la nuit idyllique s’effondra en un rauque et réprimant:


Il faut qu’on parle

Titre by JD Ernst

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Ernst.
La soirée de la veille avait été bien plus arrosée que de raison. Il ne s'agissait, au départ, que de célébrer la mise à l'eau d'une simple maquette. C'était, avant toute chose, le point de départ à une grande aventure maritime. Le Kraken prenait forme et tout ce qui en découlait se profilait dans un avenir radieux. Ernst avait donc décidé d'emmener son bras droit faire le tour des tavernes sises sur les quais. Umbra préférait la prune. Ce fut donc la boisson qui jalonna l'expédition nocturne. Au fur et à mesure que nuit s'était avancée, et que le sang fut à mesure remplacé par de l'alcool, les esprits s'étaient inhibés. Les simples effleurements sobres avaient laissés la place à des contacts plus direct. L'envie et le désir, qu'une certaine pudeur avaient retenu jusqu'alors, s'étaient mués en ardeur que seule une nuit de luxure avait pu sustenter. Mais comme souvent, il y avait un "mais". Ce mais là arriva le lendemain, au réveil. La tête du rhénan lui martelait la tête comme si on avait décidé, par une malice sadique, d'en agrandir le volume et poussant les murs à grand coups de marteau de guerre.

Puis il y eut comme un cri. La voix était connue mais ps encore vraiment définissable. Ernst tenta d'ouvrir un oeil avec grande difficulté. La lumière du jour se faisait aveuglante. Le blond dû s'y reprendre à plusieurs fois avant de discerner une forme floue au milieu de la lumière incandescente du jour. Il vit un corps quitter le lit et entamer une sorte de danse dont il ne maîtrisait pas les pas. Un râlement plus tard, Ernst se frotta les yeux pour tenter d'y voir plus clair. Il commençait à mieux comprendre la situation. Ils se trouvaient dans un de ses appartements parisiens. Celui le plus proche des quais si sa mémoire était bonne. Le von Z fronça les sourcils en tentant de remettre toutes les pièces du puzzle à leur place. Il se souvenait de la maquette, du petit messager, d'Umbra ... Umbra !

Ernst se redressa sur le lit. Le simple drap qui recouvrait ses hanches glissa pour libérer son corps jusqu'aux genoux. Il ne fallut pas bien longtemps au blond pour comprendre ce qui s'était passé. Deux adultes nus, ou presque, dans une chambre au lit défait, visiblement avec des vêtements éparpillés, ça ne pouvait vouloir dire qu'une chose. Pas besoin de sortir de Belrupt pour comprendre que la partie de ramponneau s'était jouée sur la mise de leurs deux corps enlacées. Ernst regarda Umbra. Il lui trouva plus de charme qu'il n'en avait décelé de prime abord. La nudité et les restes d'alcool l'y aidaient peut-être. Il y avait, sans aucun doute, cet état physiologique propre à tout homme et qui le mettait dans certains émois le matin au réveil. Peu habitué à la gêne ni à la pudeur, Ernst ne s'en soucia pas outre mesure. Il se contenta d'observer la brune s'approcher de lui.

Il faut qu'on parle.

Dans d'autres circonstances, il lui aurait demandé si elle ne voulait pas remettre le couvert avant. Il sentit, allez savoir pourquoi, que ce n'était pas le moment le plus opportun. Il se contenta d'hocher la tête. A bien y repenser, il ne regrettait pas. Au contraire, ses vagues souvenirs embrumés lui rappelaient une nuit des plus agréables. Bien qu'ils fussent probablement tronqués par l'alcool, il crû se souvenir de la souplesse remarquable d'Umbra malgré ce corps qui avait visiblement souffert. Ernst se contenta de faire reposer sa tête contre ses mains qu'il avait entrelacées contre la tête de lit en bois. Plus prompt à voir le positif que le négatif et prit d'une envie taquine, il esquissa un fin sourire.

Un problème?
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Umbra
Les hématites scintillantes dérobèrent à la volée l’image de la nudité virile du blond avant de fuir comme un voleur à cette vision indécente. Si le rhénan ne semblait pas gêné à outre mesure de sa posture, l’Ombre, quant à elle, se voilait tant bien que mal derrière le drap translucide. Main plaquée sur le poitrail nu, elle rumina la trouble réminiscence dans son début de soirée. Elle se souvenait vaguement d’une taverne sur les quais, un des lieux de plaisance du Von Z. Umbra se rappela soudainement du goût âpre de la prune qui lui rongea les boyaux mais fausse alerte ! Ca, c’était sur l’instant. Une désagréable remontée d’alcool macéré dans ses tripes l’ébroua à l’instant même où Ernst décida de la taquiner, tant est si bien que la réaction de la Noiraude pu porter à confusion :

Un problème ?... !

Les iris de jais balayèrent grossièrement le bastringue au sol avant de reporter leur attention, lourde de sous-entendus, à l’amant.

Pourriez-vous m’expliquer ce qu’il s’est passé cette nuit ?! J’ai la mauvaise impression de mettre fait torturer le crâne par je ne sais quoi…

Accompagnant le geste aux propos, la dextre lâcha le tissu qui la couvrait pour venir masser ses tempes de la pulpe de son pouce et de son index. Au frôlement de la fine étoffe sur son cuir d’albâtre, ce dernier s’hérissa d’un doux frisson. A moins que le corps trahit l’âme songeuse, d’une tout autre éventualité de fin de soirée. Se râclant la gorge pour chasser l’embarras dans son intonation, Ombeline questionna tout de même :

Pensez-vous que vous et…hum...Moi…Nous… ?

Les petites épaules cernant la frêle carrure de la mercenaire s’haussèrent timidement pour appuyer le non-dit. L’insolence de la truande sans foi ni loi avait dû s’ôter comme un quelconque vêtement par dénuder de fierté, la Bâtarde ne ressemblait qu’à une jeune pucelle - qu’elle était d’ailleurs-. Un léger picotement saisit ses joues rougissantes et avant que le rhénan ne le remarqua, la Manchote se redressa pour venir déposer un suave baiser au coin des lippes masculines. Geste de tendresse ? Certainement pas ! Tout n’était que détresse dans la carcasse avinée…
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Ernst.
Les azures du rhénan se posèrent sur le drap qui cachait comme il le pouvait le corps gracile de la brune. Ernst parcourait du regard les formes que laissait deviner la lumière en contre-jour. Un léger sourire éclaira son visage. Ce sourire était empli de désir. Il n'y avait aucune perversion, aucune lubricité, juste du désir pour ce corps qu'il était sûr d'avoir chéri une partie de la nuit. Bien que les souvenirs étaient encore vague et troublés par l'abus d'alcool, il se souvint de certaines choses. Ses yeux se clorent à demi. Il inspira lentement par le nez et les effluves de la Sombre l'envahirent. Il se souvenait de son odeur, du goût de sa peau. Ernst ouvrit les yeux. Elle semblait presque embarrassée. Cela l'amusa autant que ça l'attendrit. Elle avait définitivement ce "je-ne-sais-quoi" qui lui plaisait.

Pensez-vous que vous et…hum...Moi…Nous… ?

Ernst s'apprêtait à lui répondre lorsque sa bouche fut muselée par un baiser à la commissure de ses lèvres. Ni une, ni deux, il lui agrippa un bras et l'attira à lui. Le geste fut rapide sans être violent. Cette fois, ce fut à lui de l'embrasser mais le baiser fut plus franc et à pleines lèvres. Tandis qu'il la laissait reposer sur son torse, contre son bras, sa main libre glissa sur la peau d'albâtre en partant de l'épaule pour rejoindre la hanche. Sur son parcourt, elle effleura le galbe d'un sein, en dessina les contours dans une caresse subtile avant d'atteindre son but. Prise dans son élan, la dextre se hasarda le long de la cuisse avant de revenir au bassin et de s'y reposer. Ernst pencha lentement la tête pour atteindre le lobe d'une oreille qu'il aspira avant de le relâcher afin de souffler quelques mots.

Très chère Ombeline, de ce que je vois et du peu de souvenir que j'en ai, il me semble évident que nous avons passé une nuit des plus agitée. Pour tout vous dire, l'idée est loin de me déplaire.

Le visage du blond alla s'enfouir dans les mèches brunes et chercha la peau du cou qu'il finit par atteindre. S'ensuivirent quelques baisers déposés avec délicatesse. Lentement mais sûrement, Ernst fit basculer leurs deux corps afin de se retrouver au-dessus de la Ténébreuse. Il l'embrassa alors à pleine bouche et se laissa aller à savourer se baiser qui devenait le scel d'un pacte tacite de sentiments réciproques.
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Umbra
L’Ombre se laissa aller contre la musculature du rhénan quand celui-ci la mena à lui. Pressant sa joue contre son épaule, elle huma le parfum de sa peau, fragrance exquise qui n’invitait qu’à se lover davantage. Des notes entêtantes qui lui inspiraient confiance, presque déjà familières. Quelques secondes, les iris de jais se refermèrent pour profiter de cet instant. Sous la main de l’amant, le cuir d’Umbra savait naturellement réagir : l’épiderme tressaillait en un long frisson comme si chaque grain de peau réclamait l’attention des pulpes aventureuses. La carcasse barrée de cicatrices s’ondulait en de menus rondeurs : des formes féminines encore timides malgré la fin de puberté qu’Ernst se plaisait à redessiner du bout des doigts. La Noiraude n’était ni belle, ni moche, les aléas de la vie avait fracturé son image et le temps avait fait le reste de son œuvre tout simplement. Peut-être cette fragilité avait-elle quelque chose d’émouvant? La blancheur prématurée de sa chevelure procurait-elle un certain charme ?

Le souffle chaud du Von Z. fit vibrer quelques mèches brunes alors qu’au murmure se fut tout l’âme d’Ombeline qui trembla. Venait-il réellement de la nommer par son véritable nom ? Les prunelles obsidiennes s’écarquillèrent alors que le corps se renversait sous l’habilité du blond. Dans cette position, la Bâtarde avait tout le loisir de contempler l’amant qui la surplombait de sa carrure. Il était bien conservé le trentenaire, très agréable à l’œil. En d’autres circonstances et avec un peu plus de témérité, la Manchote aurait sûrement laissé trainer son regard sous les draps, peut-être aurait-elle glissé sa main dans la chevelure claire ou se serait-elle suspendue à son cou pour échanger un énième baiser passionné ?

Cependant, la mercenaire n’était pas sur son terrain de jeu habituel donc peu entreprenante et très méfiante. Là, elle tâtonnait quelques effleurages, picorait quelques embrassades mais jamais n’imposait son désir. Ce matin, c’était la première fois qu’elle se réveillait dans ce genre de situation. La peur mêlée à l’excitation, le tout imbibé des restes de la veille avait tendance à la rendre anxieuse. Si ça n’avait tenu qu’à Umbra, elle aurait quitté la couche sans perdre une seconde et aurait traqué sans relâche son amnésie, retraçant le parcours de sa soirée. Au lieu de ça, elle resta docilement prisonnière des bras du rhénan. Se redressant sur le coude gauche, la Noiraude câlina le torse offert devant ses yeux. Comme un flash-back, elle se remémora soudainement une étreinte bien plus sensuelle où les êtres se frôlaient de tout leur long, les corps exaltant une aura d’envie si explicite que palpable. Le bout de ses lèvres l’échauffa à la réminiscence d’une danse langoureuse liant les deux silhouettes ardentes. Ombeline tordit sa lippe inférieure en la mordillant, le geste se reflétant sur son visage comme une moue envieuse. Rêve ou réalité ? La Bâtarde avait grand mal a scindé les deux si proche mais si loin à la fois.

Dans le fond, l’idée ne lui déplaisait pas non plus. Elle était juste navrée de ne pas se souvenir de cette première fois. Cette ultime étape à laquelle elle n’osait songer dans sa plus stricte intimité, l’aurait-elle franchi sans même pouvoir s’en rappeler ? Des brides plus torrides les unes que les autres défilaient dans ses pensées l’éloignant toujours plus de l’instant présent. La pression se fit inconsciemment plus accentuée. Plus l’envie de quémander, le désir de posséder. Les jambes effilées se glissèrent contre celles de l’amant. La pucelle se mua en prédatrice, indomptable Corneille… La carcasse se rehaussa davantage pour laisser Ernst se repaitre des petites poires tendues à son attention. Les lippes longèrent la joue barbue et au creux de l’oreille masculine, la voix éraillée susurra :


Comment connaissez-vous mon prénom ?

Le ton de l’interrogation suggéra au Von Z. de répondre avec autant de franchise qu’il se jouait de son corps pour l’heure. Ce type de provocation n’étant pas des plus familiers pour la rosière, elle aurait eu surement plus d’impact en lui chatouillant les côtés de la pointe de son crochet. Un nouveau divertissement s’offrait à la Bâtarde, des ébats dont elle ne maitrisait pas les règles. Pour autant, elle comptait bien gagner la partie. Le terrain s’étendait sur les corps entrelacés avec pour simple limite : leurs peaux et les nerfs. Un délassement frôlant la tentation, qui des deux auraient la meilleure main pour remporter cette première manche ?
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Ernst.
Si le souvenir des événements de la nuit réapparaissait par bribes dans l'esprits des amants, force était de constater que les corps, quant à eux, n'avaient rien oublié de leurs ébats. Le corps d'Ernst s'était éveillé aux premières lueurs du matin. Les corps fines d'Ombeline attisaient, à nouveau, la chaleur de la nuit passée. Etait-ce le corps brisé de la brune qui avait une certaine facilité à se démantibuler ou, plus simplement, les jours passés en quasi intimité qui les avaient rapproché? Difficile à dire. Le fait était qu'ils s'étaient retrouvés dans le même lit sans vraiment sans rendre compte. Les premières réactions furent étonnées, méfiantes. Par la suite, et jusqu'à maintenant, leurs corps avaient décidé qu'il devait en être autrement. Ombeline, habituellement timide et réservée, montrait, une fois de plus, qu'elle savait se montrer aguicheuse et féline. Alors qu'elle se redressait, Ernst glissa légèrement afin de goûter les fruits qu'elle lui tendait. Le bout de langue se faisait gourmand et les lèvres agaçait la pointe qui commençait à se dresser.

Comment connaissez-vous mon prénom ?

Un léger sourire éclaira le visage du barbu alors qu'il délaissa son petit-déjeuner. Il remonta le visage vers celui de sa maîtresse. Leurs lèvres se lièrent dans un long et tendre baiser. Ernst se décida ensuite à glisser lentement sur le côté afin de coller ses lippes au lobe d'une oreille Sombre.

C'est vous qui me l'avez donné, très chère. Comment pourrais-je le connaître autrement?

Le sourire devint presque taquin alors qu'il plongea ses azurs dans les iris d'Ombeline. D'un baiser plus appuyé, il la força à s'allonger complètement sur le lit défait. La mémoire des sens reprit le pouvoir. Lentement, Ernst déposa ses lèvres avides sur le corps de la Corneille. Il glissa le long de son corps en couvrant la moindre parcelle de peau de ses lèvres embrassantes. Il souligna le galbe d'une poitrine dont il cherchait le moindre frisson explicite. Il longea les flancs puis le creux de ventre, s'attardant sur le nombril dont il se servit pour définir sa trajectoire d'après. De ses mains, il agrippa le drap non loin et s'en recouvrit le visage. Pour la brune, l'expérience serait en aveugle. Pour le blond, elle serait toute en dégustation, lente et gourmande. Il n'y avait plus ni patron ni bras droit. Il n'y avait plus que deux amants se réveillant d'une ivresse amnésique, deux corps qui se souvenaient l'un de l'autre. Ils s'étaient apprivoisés. Ils n'en restaient pas moins sauvages. La sensualité aidant, le désir attisant, le petit matin voyait revivre le combat de la veille. Le champ de bataille était le même, bien qu'en piteux états. Le von Z espérait bien gagner la première manche pas abandon. Ses mains agrippèrent les fines cuisses de sa compagne, bien décidées à ne pas lâcher prise, tandis que, de la pointe de sa langue acérée, il s'escrimait à faire en sorte qu'Ombeline rende les armes. Le voile de tissu blanc qui le recouvrait lui permettait bien des audaces et couvrait au regard la sournoiserie de certaines attaques. La matinée promettait d'être longue et les corps éreintés.
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Umbra
Donner son nom. Donner son corps. L’alcool avait délié la langue d’Umbra et l’avait rendu généreuse cette nuit là. Cependant, le matin venu, elle vacillait sur la corde raide. Avec la gueule de bois, inutile de préciser qu’elle avait perdu tout son aplomb de la veille. A cet instant, le monde lui semblait très bas, hors d’atteinte. Tout paraissait impalpable, tout sauf lui. Le regard de jais suivit la tête blonde retraçant l’horizon de ses timides courbes et bientôt, un voile blanc vint rompre l’oeillade. La féline devint funambule. Propulsée à mille lieues de la réalité avec pour seule prise les draps blanc à l’instar d’un ciel nuageux. Si le vent lui aurait balayé les cheveux, là, ce fut le souffle de l’amant sur sa peau qui la fit frémir. Un pied s’avança dans le vide et tous les muscles se contractèrent par réflexe, dans les circonstances, le contact de la langue sur la chair produisit cet effet. Lentement mais surement, à tâtons, la Noiraude découvrit un nouveau monde. Peut-être l’avait-elle déjà connu lors de la soirée ? Des cieux à la terre, la vision diffère comme lorsque l’on est ivre ou sobre.

Les prunelles obsidiennes se raccrochèrent vainement aux projections de la silhouette rhénane par la lumière du jour naissant. Ces dernières se mouvaient sous la parure translucide comme l’extension mimant l’ombre de l’acrobate. La traversée débuta alors à l’aveuglette pour Ombeline. La paume se crispa dans les tissus, singulier balancier pour l’artiste. Une errance exquise qui bientôt invita la bâtarde à se déhancher sensuellement. Reproduire une démarche qui n’est pas et insidieusement lâcher prise...

*

A l’ascension, les jambes ne flaggeolaient plus. Il fallait avouer que la Sombre était guidée d’une main de maitre. Si les premiers pas furent fébriles, le reste de la traversée ne fut qu’une langoureuse marche jusqu’à l’extase. Au loin se profilait déjà l’arrivée, l’Ombre devait-elle garder son calme et laisser la chaleur intime dévorer son âme ou atteindre l’autre côté ? Les dernières enjambées furent le supplice qui la mena au délice. Les tibias se nouèrent dans la nuque blonde pour maintenir le plaisir un infime instant. Là-haut sur son fil, l’équilibriste se stoppa, mains au balancier, il profita de l’effervescence du moment : il contempla le ciel à ses pieds, se demandant si la terre s’agitait toujours sous son fil. Moult mètres plus bas, les iris de jais s’écarquillèrent pour se figer au plafond en écho. En parfaite harmonie, ils décidèrent de s’abandonner.

La paume relâcha le drap prisonnier du poing blanchi. Le bassin s’arqua et ce fut une chute libre. Le corps se lova dans un nouvel émoi. Un torrent de sensations inconnues plus enivrantes les unes que les autres. La poitrine se souleva frénétiquement et autant d’envie que de détresse perça sa voix :


Ernst...

Une attraction vertigineuse emballant le coeur de la rosière. Si elle avait su, peut-être se serait-elle rattrapée au fil pour continuer son cheminement vers des territoires inconnus ? Le funambule fendit les nuages et le tissu vola derrière le Von Z, le faisant réapparaitre aux yeux de la Sombre. Le choc peut-il être violent ? Douloureux ? Létal ou surement salvateur ? Ce qui était certain, c’était que la mercenaire fut profondément troublée et qu’importe l’impact, elle voulait retrouver la terre ferme.

Son buste se redressa tandis que la dextre vint cueillir le menton de l’amant du bout des doigts. Les hématites se suspendirent en un dernier espoir au regard azuré quand les lèvres échappèrent un murmure, digne d’un zéphyr emportant le funambule :


Achevez-moi...
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Ernst.
Elle avait décidé de le détacher de sa gourmandise. Ce fut presque à regret qu'Ernst laissa son visage se faire entraîner par la dextre qui l'attirait plus haut. Presque par un sourire de satisfaction éclaira légèrement son visage malgré tout. Elle avait réagi comme il le souhaitait. Son déhanché et ses soupirs étaient là pour le confirmer. Bon gré, mal gré, le rhénan se hissa le long du corps de la brune et joignit leurs lèvres dans un long baiser. L'appel était sans équivoque. La supplication ne pouvait qu'être exaucée. D'une main, Ernst se guida entre les cuisses d'Ombeline et pris possession d'elle délicatement. Il avait remarqué, à la petite tâche de sang sur les draps, qu'il était son premier homme. Aussi, il fit preuve de douceur et de tendresse en s’immisçant entre ses cuisses. Il plaqua son bassin contre celui celui de sa maîtresse.

Le reste fut une danse lancinante. Les corps, collés par le désir, rendus poisseux par la sueur, mêlaient leurs effluves et leurs fluides. Les soupirs répondaient aux déhanchés. Les reins se creusaient. Les regards se croisaient quand le plaisir ne les empêchaient pas de s'ouvrir. Ernst enfouit son visage dans le cou d'Ombeline et le couvrit de baiser haletants. Il se hissa ensuite sur ses avant bras pour mettre un peu d'espace entre eux. Il amplifia alors la cadence et la force de leur étreinte tout en la regardant. Peut-être était-ce là, la raison de sa passion pour la gente féminine. Ernst n'était pas d'un naturel coureur, quoi qu'on en disent et malgré les apparences. Il n'avait jamais rien trouvé de plus beau qu'une femme prenant du plaisir. C'était certainement pour cela qu'il se préoccupait plus du leur que du sien. Il passa une main dans les cheveux bruns et les agrippa légèrement. Il cherchait une fin en apothéose. La montée en puissance était accompagnée de son équivalent physique et Ernst accéléra encore. Dans d'autres circonstances, il se serait probablement arrêté là pour changer de position. Ombeline voulait qu'il l'achève, ce fut ce qu'il fit. Ce fut dans un râle qu'il s'écroula enfin sur elle, le corps trempé par la lutte amoureuse qui avait précédé.

Quelques temps plus tard, Ernst avait demandé à ce qu'on baquet soit rempli. Quand celui-ci fut prêt, il se leva du lit et avança son corps dénudé jusqu'au baquet qui trônait non loin du lit. Le personnel ne s'était pas offusqué de le voir en charmante compagnie, habitué à ne pas poser de question. Le von Z n'était pas un tortionnaire mais chacun savait la place qui lui était réservé. Tout juste le blond avait-il relevé le drap sur le couple pendant le temps des opérations, en profitant pour serrer Ombeline contre son torse. Une fois devant le baquet d'eau chaude, Ernst y plongea lentement en prenant appui sur les bords boisés. La douce sensation de l'eau sur sa peau lui arracha un soupire d'aise. Il tourna alors la tête vers le lit et invita sa maîtresse à le rejoindre. Un bain, c'est quand même mieux à deux.

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Umbra
[L'avantage de la mauvaise mémoire est qu'on jouit plusieurs fois des mêmes choses pour la première fois.*]

Les mots s’étaient-ils échappés par mégarde de ses lèvres ? Comme le voeu d’un enfant crédule, son souhait fut exaucé. En devenant adulte, le petit réalise que ce qu’il a demandé n’était pas ce qu’il voulait car les gouts évoluent au fil du temps qui passe. Malgré toute la douceur du rhénan, l’Ombre ne garda pas l’émerveillement de cette première volonté. Cette nouvelle sensation lui creusa les reins autant que l’emplie : ce fut un bien qui fit mal, un vertige dans les profondeurs. Ses traits se figèrent, quelque part quelque chose se brisa en elle pour faire naitre autre chose. Ainsi la jeune fille devint femme. Amante aimée ou du moins désirée, Umbra se laissa mener toute en caresse vers les abysses d’une ivresse jusque là inconnue. De cette aube là, elle n’oubliera pas le souffle d’Ernst sur sa chair mise à nue, de ses lèvres sur son cuir frémissant, de ses mains sur ses formes d’albâtre.

Un instant plus tard à l’invitation du Von Z., Ombeline le rejoignit dans l’étuve fumante. La tête haute, elle ne semblait pas peu fière de cette aurore tardive. Un nouveau jour se levait pour elle et le soleil redorait son orgueil de plus belle. Les hématites se perdaient dans les traits du blond. Lui avait déjà vécu, elle, venait juste d’apprendre et comme à chaque oeillade qu’elle lui lança, la fierté gorgeait ses poumons. Ernst avait le don de la faire vivre, son unique présence créait en elle une renaissance. Il était le premier à lui insuffler tant d’espoir : ses premiers battements de coeur, son premier baiser, sa première fois, son premier amour. Il était son commencement.

A cette idée, les lippes s’étirèrent en un sourire en coin. La migraine s’était dissipée, l’estomac avait fini de remuer, ne restait que la béatitude grisante d’un lendemain de soirée agitée. Les paupières papillonèrent sereinement, pour la première fois, la Bâtarde jouissait d’une matinée paisible. Elle resta un court instant perdue dans le calme ambiant, profitant de la présence de son amant, de l’eau chaude pour se délacer quand soudainement son visage s’ombragea. Les yeux toujours clos, elle rompit le silence :


Carré d’as, Ernst...Hier, je vous ai gagné au ramponneau par un carré d’as.

Les hématites se rouvrirent sur le faciès rhénan. Une lueur malicieuse éclaira son regard. Maintenant, la mercenaire se souvenait. La veille, alors qu’ils étaient allés se divertir dans une auberge au centre de la Capitale, c’était elle qui avait gagné la partie grâce à quatre figures uniques : Le trèfle pour la chance, le coeur pour l’amour, le pic pour la suite pour vu qu’elle ne reste pas sur le carreau.

* Citation de Friedrich Nietzsche

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