Umbra
... Il n'y a qu'un anneau.
LOmbre avait feint une énième maladie pour interdire laccès à sa chambrée pendant deux longues journées. Si elle avait pu se montrer persuasive envers le tenancier et son employée, la Noiraude savait pertinemant quune petite tignasse rousse viendrait crocheter sa serrure pour lui venir en aide. Cette dernière trouverait, elle-aussi, un stupide prétexte pour la rejoindre et quand la porte souvrirait, ce serait une pièce vide à lâtre éteint et un lit fait qui laccueillerait... La couardise de lainée blesserait une fois de plus la témérité de la cadette.
Capuche sur la tête, brides au poing, Umbra faisait avancer au pas sa monture sous une pluie torentielle. Malgré les précédentes journées prometteuses dun été radieux, aujourdhui, le ciel était gris de nuages et les cieux, noir de reproches. Les cordes deau glissaient sur une cape élimée, redessinant la frêle stature de la sombre cavalière. Les iris de jais fixaient le vague tandis que bottes et rênes guidait le destrier. Ombeline imaginait Triora languissant sur le seuil dune chambre abandonnée. Elle revoyait lexpression de son regard difforme où tristesse et rage se mêleraient dans les pupilles anarchiques.
Pardonne-moi, petite soeur...
Le murmure sessouflait dans le vacarme ambiant de la radée. Le coeur gros, elle poursuivait tout de même sa route car à son terme, son palpitant ne tambourinerait que de plus belle. Voilà maintenant quelques temps que la Bâtarde délaissait sa soeur pour retrouver Ernst. Sous couverture des travaux du Kraken, le bras droit rejoignait le rhénan dun bout à lautre du royaume par tout temps et sans hésitation aucune. A huis clos, la mercenaire se lovait amoureusement contre sa carrure rassurante ainsi le secret de leur relation était jalousement gardé.
Laprès-midi débutait à peine et le temps ne sétait pas amélioré quand la Corneille franchit les grilles du domaine Von Zweischneidig. Le regard éteint sembrasa dune lueur à lapproche de limposante bâtisse tandis que tout son être frissonna dimpatience. Les talons sur les flancs du cheval lui ordonnèrent larrêt et la Boiteuse descendit de lanimal sellé. Le faciès encapuchonné se releva sur les haut pans de mur pour en jauger leur splendeur mais une poignée de gouttes sécrasant sur ses joues lui fit vite baisser la tête.
LOmbre sapprocha de lentrée et quand le fronton la protégea assez des trombes deau, elle retira sa capuche. Un sourire fendit ses lippes plates quelle sintima de faire disparaitre aussitôt dans le grand col trempé de pluie. Un râclement de gorge pour chasser toute nervosité et quatre coups secs retentirent sur lhuis. Face au domestique accourant, la Noiraude aux traits impassibles, se présenta froidement:
Le bonjour... Veuillez annoncer à sieur Von Zweischneidig la viste d'Umbra, je vous prie.
Et dans lencadrement languit un court instant, la Corneille à linstar de sa cadette à cent lieues du domaine.
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LOmbre avait feint une énième maladie pour interdire laccès à sa chambrée pendant deux longues journées. Si elle avait pu se montrer persuasive envers le tenancier et son employée, la Noiraude savait pertinemant quune petite tignasse rousse viendrait crocheter sa serrure pour lui venir en aide. Cette dernière trouverait, elle-aussi, un stupide prétexte pour la rejoindre et quand la porte souvrirait, ce serait une pièce vide à lâtre éteint et un lit fait qui laccueillerait... La couardise de lainée blesserait une fois de plus la témérité de la cadette.
Capuche sur la tête, brides au poing, Umbra faisait avancer au pas sa monture sous une pluie torentielle. Malgré les précédentes journées prometteuses dun été radieux, aujourdhui, le ciel était gris de nuages et les cieux, noir de reproches. Les cordes deau glissaient sur une cape élimée, redessinant la frêle stature de la sombre cavalière. Les iris de jais fixaient le vague tandis que bottes et rênes guidait le destrier. Ombeline imaginait Triora languissant sur le seuil dune chambre abandonnée. Elle revoyait lexpression de son regard difforme où tristesse et rage se mêleraient dans les pupilles anarchiques.
Pardonne-moi, petite soeur...
Le murmure sessouflait dans le vacarme ambiant de la radée. Le coeur gros, elle poursuivait tout de même sa route car à son terme, son palpitant ne tambourinerait que de plus belle. Voilà maintenant quelques temps que la Bâtarde délaissait sa soeur pour retrouver Ernst. Sous couverture des travaux du Kraken, le bras droit rejoignait le rhénan dun bout à lautre du royaume par tout temps et sans hésitation aucune. A huis clos, la mercenaire se lovait amoureusement contre sa carrure rassurante ainsi le secret de leur relation était jalousement gardé.
Laprès-midi débutait à peine et le temps ne sétait pas amélioré quand la Corneille franchit les grilles du domaine Von Zweischneidig. Le regard éteint sembrasa dune lueur à lapproche de limposante bâtisse tandis que tout son être frissonna dimpatience. Les talons sur les flancs du cheval lui ordonnèrent larrêt et la Boiteuse descendit de lanimal sellé. Le faciès encapuchonné se releva sur les haut pans de mur pour en jauger leur splendeur mais une poignée de gouttes sécrasant sur ses joues lui fit vite baisser la tête.
LOmbre sapprocha de lentrée et quand le fronton la protégea assez des trombes deau, elle retira sa capuche. Un sourire fendit ses lippes plates quelle sintima de faire disparaitre aussitôt dans le grand col trempé de pluie. Un râclement de gorge pour chasser toute nervosité et quatre coups secs retentirent sur lhuis. Face au domestique accourant, la Noiraude aux traits impassibles, se présenta froidement:
Le bonjour... Veuillez annoncer à sieur Von Zweischneidig la viste d'Umbra, je vous prie.
Et dans lencadrement languit un court instant, la Corneille à linstar de sa cadette à cent lieues du domaine.
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