Matouminou
Elle joignit son rire à celui de Miss, parce que ce n'était pas faux qu'elle avait un peu fanfaronné.
Toutefois, elle n'allait pas reculer, bien qu'en y regardant de plus près, elle s'aperçut qu'il était quand même un peu haut ce mât.
- Bon...ben...euh...j'y vais alors!
Stromb serait là qu'il ricanerait, sans toutefois être plus étonné que ça, et sans doute penserait-il qu'une fois de plus sa femme s'était mise dans le pétrin.
De plus, la tenue de la brune n'était pas du tout, mais pas du tout adaptée, car ce jour là elle étrennait son dernier achat: une splendide houppelande, bleue comme le ciel totalement dégagé, car un petit vent soufflait, faisant fuir le moindre nuage.
Elle se mit à réfléchir très vite. Un mât valait-il une houppelande? Elle grimaça, un instant, elle imagina l'enlever, mais très vite, elle oublia cette idée. Si la vue d'une femme légèrement vêtue en aurait réjoui plus d'un, cela n'aurait pas du tout été du goût de son époux qu'elle s'expose ainsi. De plus, elle n'était pas vraiment certaine que même en lui expliquant que c'était pour la ville de Narbonne, il hocherait la tête, compréhensif.
Elle sourit à Miss qui attendait qu'elle se décide et finalement décida de tenter l'ascension ainsi vêtue.
Elle se mit devant le mât et d'un mouvement souple elle prit son élan et s'élança pour attraper le mât. Très vite, elle comprit que sa houppelande loin de la gêner, l'aidait plutôt. En effet, le tissu se plaquant contre le tronc et en annulait les effets glissants du savon.
Dire que ce fut un jeu d'enfant pour atteindre la cime aurait été exagéré. Matou était souple, ses bras et ses jambes musclées par de longues marches, pourtant, grimper aux arbres remontait à son enfance. C'est donc plus la rage de réussir qui la fit progresser lentement. Et suant, soufflant, elle y parvint.
Estimant qu'elle n'aurait qu'à tendre une main pour attraper un des objets convoités, elle n'avait pas réalisé que le petit vent gentillé en bas, l'était un peu moins à quelques mètres de haut. Les cuisses serrées autour d'un mât qui commençaient à lui faire mal et les bras qui, eux aussi, commençaient à crier grâce, elle leva les yeux vers la roue qui avait été posée sur le haut et autour de laquelle pendaient divers objets. Elle reconnut un magnifique jambon, des cruches qui devaient contenir de l'alcool ou de l'huile d'olive, une tresse de ce qui lui sembla être de l'ail. Et tout ceci bougeait plutôt fortement au gré du vent.
Elle se risqua à détacher une main, et à la tendre vers le jambon: c'est son volcan qui serait heureux si elle l'attrapait!
Voilà maintenant qu'elle manquait de souffle, et qu'elle sentait ses forces s'amenuiser. Le vent se fit plus violent, faisant se balancer les objets de façon anarchique.
- GNIIIIIIIIIIIIIIIII.........PFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF
Elle se sentait frustrée d'être si près et de ne rien pouvoir attraper. Finalement, ses dernières forces la lâchèrent, et elle capitula. Lentement, elle se laissa glisser par à coup, ayant une pensée pour sa houppelande qui n'en sortirait pas indemne.
Lorsque ses pieds sentirent le sol ferme, elle reprit sa respiration, des méches de cheveux étaient collées à ses tempes et sa houppelande, déchirée par endroit, la fit grimacer.
Elle regarda Miss:
-Heyy, t'as vu je suis arrivée en haut mais euh...le vent...arff....j'ai tout de même gagné un truc non????
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