Hel.
- C'est pas croyable de tomber sur des villes comme ça. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi, encore, je suis partie de mon cocon, de mon confort, de ma vie dans le Grand Nord. Je ne comprend pas réellement mes motivations qui m'ont poussé à partir à l'aventure. Enfin, si. Trop de maux, de souffrances, des choses irréversibles qui forgent notre caractère d'un peut plus. Si ce Sloskva ne m'avait pas abimé de la sorte, me prenant et me jetant dans les braises affolées dans l'âtre. S'il ne m'avait pas défiguré de la sorte, si la moitié de mon visage n'était pas composé de chair calcinée, de cicatrices et de bouts d'ossements visibles de l'extérieur. S'il ne m'avait pas imposé ce surnom de fortune qu'est Hel et devenir la risée, la crainte de ma ville. Je n'en serai pas ici, à moisir dans un pays Franque qui ne m'apportera rien de plus que le dédain à octroyer aux gens un poil trop honnêtes qui s'y trouvent et se content fleur bleue et se font la Cour avec une passion et une politesse à toute épreuve qui fait gerber. Je me suis bannie seule. C'est moi qui ai prit cette décision de merde. Faut que j'apprenne à assumer. Putain, par tous les Dieux, j'en crèverai bien un ou deux de ces bouseux franques de merde qui sourient comme des puceaux affreux. Allez, du courage. Loki veille sur moi. Je parviendrai à me sentir bien. D'une façon ou d'une autre.
Les pensées d'une fille qui ne vit que de rage, de haine et de dédain envers les autres. Une femme au caractère bien trempé qui doit alors refaire une vie à l'étranger. Elle avait beaucoup navigué pour parvenir jusqu'ici. Prenant la Mer du Nord, puis passant par les fleuves diverses et variés. Un peu de route et la voici, par pur hasard, à Argonne. Une petite ville Champenoise sans charme particulier. Si ce n'est sans doute l'architecte qui fait toquer cette brunette. Rien à voir avec les huttes de par chez elle. Tout n'est pas de bois ni de terre. C'est fait en dur par ici. En dur pour des coeurs mous et tendres.
Durant son voyage, elle eu l'occasion d'apprendre un peu de ce langage franque. Rien de bien follichon, des termes ci et là à force d'écouter les marins et les voyageurs du coin. C'est assez simple d'apprendre une langue, il suffit d'écouter, de s'imprégner, de voir bouger ces lèvres et d'imiter. Juste imiter, toujours imiter. C'est ce qu'elle fit. Ce qu'elle tenta de faire. Et y parvient suite à quelques jours de galères. Non, elle n'est pas sortie d'affaire, elle galère toujours et sera toujours à l'écart des autres avec son accent à couper au couteau et ses phrases qui ne veulent, parfois, souvent, rien dire de fort concret. Au moins, on l'a comprend un minimum, et c'est pas une sinécure. Et si elle fait rire certains, elle n'hésite pas à taper du poing là ou ça fait mal pour qu'on la respecte.
Elle passe donc le plus clair de son temps en taverne, juste pour apprendre le langage ainsi que les coutumes. Se fondre dans la masse. Pas évident pour une jeune femme qui a un charisme de boeuf et une allure très étrange. Vêtue de simples fripes décadentes et d'une mèche recouvrant perpétuellement la partie gauche de son visage, se la caressant bien souvent comme pour bien cacher une réalité qu'elle ne saurait montrer à la face du monde.
C'est donc là qu'elle pourra déjà voir ce que sont réellement les français. Le premier endroit où elle s'arrêtera réellement, bien longtemps, bien sagement - ou pas- et pourra commencer à juger, à apprendre, à comprendre. Les premières entrevues n'étaient pas pour lui convenir. Vraiment pas. Ses craintes étaient fondées. Elle mit cela sur la cause d'une religion à icône unique. Aduler un dieu qui n'est qu'amour n'aspire alors pas la crainte ni même le respect pour soit même. Ça se cache sous des vérités épineuses et chastes. Ça reste ennuyeux et courtois. Puis, ça se donne des prétextes pour s'embrasser, se sauter dans les bras, se caliner sans aller franchement plus loin. Il y a des non-dits, des sujets facheux et tabous. Ils vivent tous dans le mensonge, soit-disant par convenances, mais c'est là que le bas blesse et crée réellement un manque, un trouble, un écart entre chacun. La brune ne pouvait alors décemment comprendre ce genre de choses.
- Que Thor les foudroie tous. Ces cloportes ne savent se comporter correctement en société. On me surnomme la Sauvage. C'est qu'ils ne se sont pas assez bien regardé. Ils ne sont pas moins barbares que je le suis. Ce ne sont que des masques ensanglantés par l'orgueil. Des idiots qui se jouent de réputations acquises sur des mensonges frelatés. Des crétins à la prétention égoïste qui se courent à la suite pour obtenir un bien piètre plaisir. Ça se languit, ça sourit, ça pleure, ça a peur. Des mal-baisés qui se prennent avec passion et en caresses interminables alors que des griffes et canines acérées permettraient tellement de faire brûler la rage, la fougue et l'animal qui sommeille en nous. Car oui, je suis un animal, comme l'homme qui se trouve à mes côtés. Nous sommes faits pour être ensemble et jouir d'une vie idéale de désirs et plaisirs assouvis. Toujours en quête d'achèvement. Toujours à la recherche de l'orgasme, de l'extase, pour se rapprocher des dieux. Du Valhalla.
De fait, elle se trouvait froide et distante, ne cernant pas réellement ces gens là, ces étrangers, ces sauvages barbares qui manquent de conviction. Elle ne se cachait aucunement pour montrer ce à quoi elle pensait, heurtant les sensibilités diverses. Rien à foutre, elle dit ce qu'elle pense, franchement, que ça plaise ou non. Peut-être qu'elle n'aura pas bonne réputation, passera pour une vilaine. Elle n'en a cure. Elle continuera à passer du temps en taverne pour s'abreuver de bières gratuites tout en se lissant les cheveux et en écoutant ces frêles âmes palabrer d'idioties tout en répondant sans même chercher à réellement parler leur langue.
- -Hm. Ja.
Ça, c'est juste pour dire qu'elle veut bien encore de la bière!
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