Hel.
- «Je suis toi, tu es moi. Moi dans toi, toi dans moi. Nous.»
Même pas le temps de répondre qu'un baiser sulfureux, fulgurant s'en vient empoigner le faciès brun. Incroyable que dans un laps de temps aussi court, empêchant la moindre parole de filtrer hors des lèvres à semi-calcinées, qu'un tel revirement de situation prend place entre ces deux femmes de caractère. De surprise, un petit couinement parvint aux oreilles adverses, mais comme à son habitude, elle s'enflamme, elle virevolte entre les courbes charnues de sa compagne d'alors. C'est aussi simple que ça, un partage de pulsion, un partage des sens, une alliance parfaite entre le feu et la glace. Une osmose qui laisse entrevoir, pour les imaginations les plus prolifiques, quelques masses nuages d'un plaisir bouillonnant. La glace se rompt par le feu mais ne saurait perdre son avantage, s'avouer vaincue. C'est ainsi que le corps s'élance vers l'autre, que les phalanges agrippent, griffent, fendent. Les caresses sont fusionnelles, tout comme le baiser et les langues qui se lient et s'amusent en une danse virevoltante. C'est tout un corps qui frétille, qui bat de tout son saoul. Se vide d'un souffle chaud et se remplit de ce que l'autre à de plus beau, de meilleur à offrir.
C'est là que tout s'arrête mais continue à s'enchaîner de plus belle. Une étrangère bien connue qui vient dévêtir sans qu'une brune têtue ne dise quoique ce soit. Dans sa coutume, on prend tout ce que l'on veut, sans demander, juste en agissant. La Rousse le fait si bien, ne quémande pas et ne couine pas en faisant des suppliques désinvoltes. Elle agit en maîtresse dans cet acte. Si bien que la prunelle s'offre aux autres sans qu'un battement de cils ne se fasse. La Sauvage ne résiste, apprécie même ce passage et ce regard sur elle. Comme un regain de confiance vis à vis de sa condition physique. Ça fait tant de bien, et on peut le voir sur une gueule d'ange diabolisée par l'envie, le désir et les pulsions qui en découlent. Dans sa tête tout se prépare à vive allure, elle sait déjà qu'elle agira et qu'elle s'en laisserait partir les doutes et les questionnements existentielles pour vivre à fond avec son reflet. Partager bien plus que des poings et des contacts douloureux.
- -Min gud.
Mon Dieu que je pâlis à te voir si belle que les traces du temps ne sauront déloger la moindre parcelle de ton charme, de ton hardiesse à entretenir ce qui fait de toi une merveille pour les yeux, pour le toucher. Ces cicatrices que tu arbores fièrement telle une viking parfaite, les offrandes des combats menés avec brio. On voit que tu es une guerrière, que tu es forte, que tu as laissé couler le sang sans aucune pitié jusqu'à faire en faire jaillir le tiens dans une saillie de lames folles. Ce que tu me rends folle. Je me prépare à trembler de toutes mes forces, voulant m'offrir à toi, m'ouvrir à ce que tu es et à ce que je suis.
Je baiserai violemment cette croix au milieu de ton ventre, signe d'un néfaste aussi purulent que nos brûlures non méritées. Tu verras, tu ne la sentiras plus, plus jamais. Ce sera ta force, notre force. Je l'aime déjà, même si c'est là le symbole d'une croyance que je n'aurai jamais et que tu n'as plus. Nous l'aimerons. Je pense même que ma langue saurait apprécier de chatoyer les contours boursouflés de cette vilaine estafilade croisées. T'en penses quoi? Serait-ce une douce idée?
Je te veux.
-Chut.
Ne laisse choir que le son de tes gémissements.
Toutes les deux nues, faisant fi des convenances. Il semblerait que dans le coin on ne fait que rejeter les êtres qui s'associent dans le plaisir d'un même sexe. On parle même de faire brûler les dépouilles de ces malades, de ces tarés habités par le Sans-Nom en personne. La brune, elle, ne connaît pas le Sans-Nom et trouve ça complètement stupide qu'une personne sans nom puisse dire quoique ce soit et, surtout, puisse prendre place dans notre corps. Elle n'aurait pas faux, elle n'a pas faux tant qu'elle ne connaît pas concrètement la réelle valeur du diabolique. Mais là, c'est le feu qui l'attire et tout cet attirail naturel. C'est l'oeil brillant qui ne cesse de parcourir le corps de son reflet. Elle lui ressemble vraiment beaucoup, sauf qu'elle n'a que cicatrices, les brûlures s'arrêtent là où celle de la Nordique continuent. Sur tout le corps, entièrement de la moitié gauche. C'est ainsi, elle n'a pas échappé à l'Enfer.
Un sourire vint poindre à l'horizon, l'oeil brillant s'extasiant des mets proposés. Une langue telle d'une vipère venant serpenter les courbes de ses propres lèvres pulpeuses. Elle se goûte avant de goûter l'autre avec un appétit d'ogresse qui sera difficile à rassasier tant les possibilités sont infinies dans cet univers là. D'un rapprochement, de doigts qui viennent se lier aux coups anciens reçus par l'autre. D'une caresse infiniment douce qui se termine en quelques sillons creusés par des griffes acérées et bestiales. Elle ne connaît que la bestialité dans l'acte, non pas la passion. Passion est un mot inconnu dans son vocabulaire, mais avec une Française, certainement les choses paraîtront différentes. D'une autre saveur qui pourra la conquérir.
Aussi, violente, elle appuie une paume sur la poitrine accueillante de l'adversaire. Une paume qui appelle son autre à prendre une toute autre position. Sourire toujours de mise, le regard perçant l'autre. L'envie se lit, le désir frémit. Virevoltante, c'est un corps qui s'enjoint à l'autre. La concentration s'empare du visage, les tempes sont baignées dans une réflexion intense alors qu'une légère voix aigüe et animée d'une pulsion hormonale puissante se laisse entendre. Ce genre de petit cri qui indique fermement l'état de contentement d'une part et l'excitation qui en survint. Sur un tableau que l'on peint, on voit apparaître une rencontre avec l'autre monde. Ça se glisse, comme le pinceau sur toile. Ça tâche, tout comme la peinture. Ça se délecte du regard, du toucher, de l'ouïe. Art abstrait que l'on manipule dans le réalisme le plus pur. C'est une sensation qui s'empare alors que l'une et de l'autre. C'est une symbolique ferme.
- Laisse-moi entrer à l'intérieur de toi.
En d'autres termes, elle aurait pu dire [i]"j'vais t'prendre". Mais elle se contente d'être silencieuse dans l'acte et la contemplation, alliant effectivement ses "charmeuses" dans la captivité du miroir. Trouvant ainsi une confortable assise, une bousculade des émotions, une interprétation du bonheur. Animale, telle une louve, cela peut être violent, ou intense, tout est selon. Les canines pointent en dehors, trouvent la chair dans un impact affriolant. Ça se goûte, ça se jauge, ça s'entre-dévore, ça s'entre-déchire. Intimité des cuisses entrouvertes laissant jaillir l'afflux d'un spiritueux si doux, si onctueux, si délicieux. Tant et si bien que les deux s'embrassent. Une cuisine des plus gastronomiques. Les lippes parcourent la peau, la peau laisse quelques traces sanguines, les baisers pleuvent, les morsures aussi. La machoire n'est pas épargnée, les lèvres de la Flamboyante tout autant. Course effrénées entre les mains qui s'agitent et la tête qui ne sait plus où en donner dans cet élan d'affection qui trouble une Brune entêtée et aveuglée à présent par ce qu'elle veut. Ce qu'elle veut avant tout pour elle, que pour elle. Même si le sentiment de partage survint peu à peu. Comme un intrus perfide.
La sueur s'invite à l'effort. Le repos ne parvient pas dans les gestuelles octroyées sans retenues. Les gouttes pleuvent sur le front, grandissent sur les joues jusqu'à mourir dans la cavité buccale. Une descente bien employée jusqu'au fondement d'une vie. Sensation d'y être Narcisse devant sa fontaine, à se complaire devant son image. La même. Tendre baisers devant son auto-portrait.[/i]
- Et là, tu ne pourras pas dire que je ne fais pas d'efforts pour te plaire, mon amour.
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