Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP Ouvert] Une touche provençale à la sauce béarnaise

Melech
Orthez, encore un patelin bien loin de la mer pour le Mel. Surtout depuis qu'il avait gagné un nouveau navire aux cartes. Mais les derniers événements avaient changé sa main et même s'il ne le dirait jamais -jamais, non mais notez bien le "jamais" celui qu'on doit jamais dire, toussa toussa... ça fait beaucoup de jamais d'un coup là, non ?-, il s'inquiétait pour sa cousine.
Bon, d'un autre côté, c'était la famille contre la liberté, dans un certain sens c'était une liberté contre une autre.

Orthez, donc. La ville avait fini par s'attirer une certaine forme d'intérêt pour le brun et, bien qu'elle n'arriverait jamais à s'attirer autant d'égard qu'une ville portuaire, le fait d'avoir laissé le second de son équipage prendre le capitanat en échange d'un pourcentage de chacune des prises paraissait de moins en moins stupide au pirate.
Il avait rapidement fait le tour de cette ville forestière pour en découvrir la majorité des échappatoires et des bordels, deux choses importantes s'il en était. La grande majorité de l'or qu'il récoltait aux cartes et autres jeux de hasard si peu hasardeux était directement écoulée dans le premier bordel qu'il avait trouvé, endroit où l'une des filles avait retenu son attention -je vous passe les détails ? Ouai, j'vais les passer, on va se faire censurer sinon et c'est pas le but !

Mais Mel savait pertinemment que, s'il ne voulait pas finir fou, il devrait rapidement changer ses journées, la routine étant pour lui une forme de mort avancée. Il se souvint alors d'une autre promesse qu'il avait faite à sa cousine : lui apprendre à chanter ivre et se laisser peindre, pas ivre... Ou alors, si ? Voilà qui pourrait être intéressant, de la peinture ivre ! Le brun ouvrit donc sa bourse un matin de Juin pour se rendre compte qu'il ne lui restait plus tant que cela. Il passa donc cette matinée à se remplir les poches de diverses manières toutes plus immorales les unes que les autres. Ce fut vers l'heure du déjeuner qu'il jugea avoir enfin assez pour acheter quatre caisses de la meilleure gnôle de ce patelin forestier.

Enfin, enseveli sous les caisses d'alcool, il se rendit à l'atelier de sa cousine, atelier qu'il n'avait d'ailleurs toujours pas pris le temps de véritablement observé de jour, la visitant souvent le soir entre une partie de cartes et un pillage de convoi ou d'entrepôt avec les autres joueurs. Les mauvaises habitudes ayant la vie très très dures.
Sa botte alla à la rencontre de la porte plusieurs fois avant que le brun ne lance au vent, estimant que Lou, si elle n'était pas dans son atelier, n'était pas bien loin, pari risqué !


Lou ! C'l'heure d'la peinture ! J'suis dans mon plus beau jour c'te jour !

Et il l'était le bougre ! Il s'était dégoté une paire de braies de forestier et les bottes qui allaient avec, en revanche, il n'avait pas trouvé de chemise à sa taille aussi gardait-il toujours la vieille qui n'allait absolument pas avec le reste.

Allez Lou, ça commence à êt' lourd là !
_________________
Lou_audrea
Fraichement installée dans sa dernière demeure, chemin des Pendus à Orthez - ouais ça s’invente pas ça !-, Lou investissait les lieux tranquillement, plaçant les rares meubles en sa possession au gré de son œil averti.
Bien que gueuse de son état, arranger les riches intérieurs était un de ses petits hobbies. Ses propres moyens ne lui permettaient pas de voir trop gros, trop grand, mais le résultat demeura coquet et chaleureux lorsque sa tâche fut achevée.
Elle avait réservé une pièce de cette bicoque pour y installer son petit atelier privé. Oh, elle en avait un magnifique à l’Académie, et se plaisait souvent à y travailler oui, mais celui-ci lui permettrait d'oeuvrer à l’abri des regards quand elle le souhaiterait, ou uniquement à la vue des voisins curieux lorsqu’elle serait installée dans la petite cour extérieure. C’est d’ailleurs ce qui avait attiré la Rouquine quant au choix de sa maison, elle ne payait pas de mines mais grâce à ce petit espace fermé par un mur bas en pierres de taille et surmonté par une clôture en fer forgé, elle dégageait un charme particulier. Dans un coin trônait fièrement un hêtre qui offrait une large part d’ombre à la cour et serait probablement le refuge idéal face à un soleil parfois abrutissant.

Bref, on pouvait s’y sentir bien, elle-même s’y plaisait, Selee ne râlait pas plus qu’à l’accoutumée, elle en avait donc conclu que tout roulait. Que demander d’plus ? Bah en fait, un peu d’action, ça s’rait pas de refus !
Car la bête noire de notre chère bipolaire était l’inaction, pendant ses phases de rejet social la petite avait tendance à faire des conneries, à tester ses limites, et pouvait aller jusqu’à risquer sa vie bêtement.
Alors quoi d’mieux à faire pour occuper une manuelle, folle de surcroit, que de lui coller ses outils dans les pattes et de la faire bosser ? Rien, si ce n’est une idée royale qu’elle ne tarderait pas à mettre en pratique le moment venu.
Mais en attendant, le cousin Mel, lui, l’avait compris -et certainement depuis longtemps- qu’il fallait tuer l’ennui avant qu’il ne tue Lou.

Cependant c’est une Rousse quelque peu surprise qui ouvrit la porte au Brun, elle ne s’était pas attendue à recevoir de la visite en journée. Et puis à chaque fois qu’ils se posaient quelque part le pirate disparaissait et la laissait vivre sa vie, ponctuant simplement le temps par l’envoi de quelques volatiles ultra rapides ou d’un bref passage nocturne. C’était ça les Aurhel, ensemble, mais toujours très libres de leurs mouvements. Elle savait pertinemment de quelle manière le cousin occupait son temps, mais ne cherchait jamais à mettre le nez dans ses affaires. Elle n’allait pas se compliquer encore plus la vie avec ses magouilles.
Les sourcils froncés, Lou prit une caisse de gnôle des bras de Mel pour le soulager, simple réflexe avant de le questionner…


Bah qu’est-ce que tu fous là ? Et euh… c’est quoi tout ça ? Tu comptes ouvrir une taverne ?

Elle maintint la porte avec son dos, lui laissant le passage libre pour pénétrer dans l’atelier.

Restes pas là maint’nant ! Entre didiou ! Dis-moi ce qui t’amène…

Lou déposa rapidement la caisse pleine et fit s’entrechoquer les bouteilles, une légère grimace de soulagement se dessina sur le visage de la petite, constatant qu’elle n’avait rien brisé. Du moins pas encore…
Elle referma la porte derrière Mel, et posa sur lui un regard piqué par la curiosité.

_________________
Melech
Ouvrir une taverne ? Pis quoi après, d'venir un bon p'tit politique et sucer des vieux pour avoir un hochet à agiter d'vant d'aut' p'tits politiques ?

Le claquement de langue qui suivit indiqua que même lui ne trouvait pas sa blague, ou du moins l'idée qu'elle évoquait, drôle. Mais cela ne l'empêcha pas d'entrer pour autant, bien au contraire, se soulager du poids des caisses -déjà diminué grâce à Lou- commençait à l'encombrer. Il posa sa cargaison à côté de la caisse tout juste déposée sans faire aucunement attention à la casse, après tout, il n'avait pas pris autant de bouteilles pour s'inquiéter de l'état de quelques unes.

Tu t'rappelles d'quand on avait causé d'peinture et d'chansons ? J'suis là pour ça !

Passer par quatre chemins pour arriver à ce qu'on veut dire ? Très peu pour le Mel qui n'en voyait absolument pas l'utilité. S'il avait quelque chose à dire, il le disait, s'il avait quelque chose à cacher, il ne disait rien mais jamais il ne mentait. Valeur familiale toussa toussa, plusieurs fois cette valeur de vie lui avait valu des soucis mais il s'en était toujours plus ou moins tiré sans casse à chaque fois. Tout cela n'étant pas d'une importance à toute épreuve, revenons en plutôt à ce qui nous intéresse !

C'pas mal ici, j'avais jamais pris l'temps d'voir complèt'ment.

Comme je l'ai énoncé précédemment, le brun n'avait jamais vraiment pris le temps de venir en journée visiter sa cousine mais tout ayant son exception, nous pouvons à présent le voir observer l'ameublement de la pièce dans laquelle ils se trouvaient alors qu'il déposait -manière mec, donc ça tient plus du "j'balance là, ça trouvera bien sa place tout seul"- la sacoche qui ne le quittait pas bien souvent puisque remplie du butin de la plupart de ses méfaits sur le premier meuble ayant assez d'espace libre pour ladite sacoche.
Enfin, il se retourna vers Lou, un grand sourire sur les lèvres et s'approchant d'elle pour faire la chose la plus éloignée de l'idée qu'on pourrait se faire du pirate en ne le connaissant que peu : il l'étreignit avant de lui faire une bise bien de chez eux.


J'vois qu'tu t'es bien installée. Tu t'plais ici ?

Notons cependant que même une question aussi banale que ça ne cache pas toujours de sens caché comme on pourrait le penser aux premiers abords. La banalité était une chose que Mel trouvait prodigieuse à observer et à retranscrire parfois car, bien qu'étant issue d'une famille modeste, il avait toujours pris soin à ce que sa vie ne soit pas une simple imitation de celles de toutes les autres personnes qu'il pouvait croiser, il trouvait pourtant que de plus en plus les gens faisaient la même chose : politique, armée, champs. Il n'y avait plus de place à l'amusement et au hasard, tout se devait d'être réglé et précis comme les cloches d'une église pour les messes.

Tu vas m'faire visiter avant qu'j'me désape pour qu'tu m'peignes ?

Oui, le nu c'est beau, surtout avec un Aurhel en modèle et une autre en artiste, pouvez pas imaginer !

Mel attrapa deux bouteilles dans la caisse la plus proche de lui et les sabra de manière experte avant de tendre une des deux bouteilles à sa cousine.


J'te dérange pas au moins ?

Oui, l'idée de la déranger ne lui venait qu'à cet instant, mais elle repartit aussitôt et ce fut avec le même sourire ravageur que celui qu'il affichait souvent qu'il fit passer cette question.
_________________
Lou_audrea
A défaut de faire rire la Rouquine, la blague de Mel provoqua un mince sourire qui fut rapidement chassé par un vague souvenir, celui d’une soirée, non deux soirées, et l’une comme l’autre s’étaient terminées dans les vapeurs d’alcool et les idées délirantes.
Comté du Maine, deux ou trois mois plus tôt, Lou avait promis devant témoins (ou pas je me souviens plus) qu’elle ferait de Mel sa pièce de maître, un nu, un vrai, qu’elle ferait encadrer et ainsi décorerait ad vitam aeternam la capitainerie de son futur navire. Oui à l’époque il en cherchait un, de navire, son coup de poker gagnant arriverait des semaines après ça.
Pour le coup des chansons, fallait passer à une autre histoire, toujours sur fond d’ivresse publique, où ils s’étaient promis de se payer une beuverie à coup de chansons… tout ça à cause d’un mec qui trinquait en disant «santons ! »… des fous imbibés, que je vous disais, leur en faut pas plus !
Lou ignorait comment le pirate avait fait l’amalgame entre ces deux promesses éméchées, en tous les cas il était là. Avec plusieurs caisses de gnôle et l’envie de mettre à exécution les choses.


‘Tin mais j’me souvenais même plus d’ça moi… C’est dingue la mémoire que t’as…
Sélective hein, ouais j’sais, c’est de famille…


Elle partit dans un rire clair puis opina du chef en réponse à la question sur son installation.
Une semaine qu’ils étaient là, à tout casser…


Ca fait un peu tôt pour t’dire, mais ouais, j’me plais bien. Enfin tu m’connais, j’trouverais bien un truc pour râler d’ici peu…
Mais la maison est chouette, j’suis contente ! Et c’est pas rue d’Paris ! Parce que avant d’la trouver celle là j’me suis payée de la rue pourrie, y’a qu’ça ! Ché pas qui était l’gars qu’s’est occupé d’nommer l’tout, mais s’est pas foulé. Mettre du Paris à tout va, j’en ai eu la nausée…


Un bref frisson d’écœurement chatouilla l’échine de Lou, on pouvait lui demander plein de trucs à la petite, mais vivre dans une rue à la gloire parisienne, très peu pour elle.
Elle était née et avait vécu dans chaque bastion indépendantiste et francophone. En dehors de la Bretonnie. Mais promis elle irait un jour, ne serait-ce que pour en apprendre la langue, fascinante pour la linguiste qu’elle était.
Alors on ne la referait plus, ce n’était plus à son âge qu’on lui ferait changer d’avis. Paris c'était pourri!


Maint’nant si tu veux visiter te gêne pas, j’peux préparer mon matériel le temps que tu t’mettes à… ton aise. Pis tu sais bien que tu m’déranges jamais, auquel cas, j’aurais pas ouvert la porte.

Nouveau rire. C’est en s’emparant de la bouteille parfaitement sabrée -regard et moue d’approbation à l’attention de Mel, l’était doué le bougre- qu’elle prit conscience qu’elle allait passer une bonne partie de sa journée, voir de la nuit avec un mec à poil. Il n'y avait rien de grave ni d’exceptionnel dit comme ça, mais elle n’était pas sûre que son Blond apprécie ses activités. Il n’y avait rien à craindre évidemment, on a beau savoir que la moitié du Royaume est infesté de relations incestueuses des plus assumées, il n’en était rien pour les deux compères. Ouais c’est fou… j’trouve aussi ! Enfin ça aurait peut être le don de réveiller l’amant. Oh oh !! Conseil royalement appliqué en fait… une pierre deux coups, c’est qu’elle s’impressionnerait presque !
Elle avala une longue rasade du tord-boyaux, et manqua rapidement d’air tant la mixture était forte.


Rhhaa ça arrache ton truc !! Hmm j’sens que ça va mal se terminer encore c’t’histoire…

Elle marmonnait plus pour elle que pour Mel. Et secoua la tête avant de reprendre une gorgée, à un débit plus mesuré, pour se donner du courage... Et du cœur à l’ouvrage !
Lou commençait déjà à fouiner dans ses affaires, et sortit un châssis de grande dimension, au moins trois coudées en longueur, et le plaça sur un chevalet libre de sa main libre, l'autre toujours occupée par la boisson.


Là !
D’jà une chose… Tu sais c’que c’est d’poser pour quelqu’un ? Va falloir que tu tiennes ta pose jusqu’à ce que je donne le dernier coup d’peinture ! C’est contraignant, j’risque d’être chiante si tu bouges… Je t’préviens d’avance !


Elle poussa le Brun qui se trouvait devant son armoire à couleurs, son petit trésor de peintures, c’est que ça valait son pesant d’or tout ce matériel. La rouquine s’empara de quelques pots avant de se retourner vers Mel.

Et euh tu veux qu’on fasse ça où ? J’vais pas t’mettre sur mon lit, ça finirait en meurtre…

Moment d’intense réflexion.

Euh… j’sais pas…

Inefficace, certes. Coup d’œil rapide aux alentours, rien ne trouvait grâce au regard de Lou.

Ca t’dérange pas si on s’installe dehors ? J’crois pas avoir vu trop d’passage dans le coin… pis les gens n’verront rien probablement. J’aurais une meilleure lumière. Qu’est-ce que t’en dis ?

Mah oui soyons fous ! Peignons des hommes nus en plein après midi de juin au milieu d’Orthez.
Elle était belle la touche provençale à la sauce béarnaise, nan?…

_________________
Melech
Aujourd'hui, une nouvelle histoire : celle de la mémoire de Mel ! Commençons tout de suite en spécifiant bien qu'il ne se souvient généralement que des choses drôles ou de celles qui peuvent lui rapporter de l'argent, le reste passant à la trappe même si, par le plus grand des hasards, il entendait parler d'une guerre en préparation ou de la mise à sac de quelques villages que ce soit.
Maintenant que la précision est faite, nous pouvons revenir à quelque chose de plus commun, on aime le commun ici. Il fut d'ailleurs représenté par un rire plus gras que clair mais accompagna plutôt bien celui de sa cousine.
Puis vint le sujet fâcheux : Paris. Le brun détestait presque autant la royauté que sa cousine, si ce n'était qu'il aimait leur or. Oh, il avait bien du se faire noter dans quelques papiers de représentant d'un loi déchue depuis longtemps. Mais il s'en foutait.


Oh, t'sais moi Paris, à part leur or, j'm'en passe bien. Mais si on m'propose d'aller leur pisser à la gueule j's'rai l'premier à l'faire !

Oui, bon... Aucun rapport avec le nom des rues mais la liaison pouvait rapidement se faire : aller pisser dans les rues Parisienne du patelin ! Non, il ne le proposera pas.

S'tu veux on peut aller pisser sur les bicoques des rues d'Paris après ?

En fait si, idée drôle, idée proposée ! Notons tout de même le visage enjôleur accompagnant l'idée comme si de rien n'était. Le tout accompagnait d'une rasade de gnôle. Gnôle dont il ignorait d'ailleurs le nom, il pouvait avoir été arnaqué à la pisse de cheval qu'il ne l'aurait pas su. On tourne vachement autour de la pisse j'ai l'impression là ? Bouah, on s'en fout !
Le Brun, libre de toute maladie de l'esprit -on y croit pas mais c'est pas grave-, ôta sa chemise pour en recouvrir sa besace, des fois que quelqu'un entrerait pour fouiller la maison durant l'artisanat et se lança dans l'exploration de la, petite mais néanmoins pattée Aurhel, maison de sa cousine. Sa cabine lui manqua alors un court instant, court instant qui se remarqua dans son regard bleuâtre alors que l'ombre de la mélancolie passa aussi rapidement qu'une tortue rentrant chez elle ou le temps que peut mettre un ortie pour se retourner ? Au choix !


On a quand même un p'tit goût d'la casa, ça fait d'bien !

Combien de temps qu'il ne l'avait pas vu ? Qu'elle ne l'avait pas vu non plus ? Çà c'était une vraie question ! Depuis quand les gens n'avaient-ils pas vu leurs familles ? Ah oui, non, entre inceste et familles entièrement décimées les gens ont plus ce qu'il faut, mais chhht !

Continue d'boire, ça va s'faire tout seul à ta gorge.

Il suivit d'ailleurs son merveilleux, si si merveilleux carrément, conseil et bu une nouvelle gorgée de pisse de cheval à la gnôle, ou gnôle à la pisse de royalistes ? Bref ! Il laissa place à Lou pour la préparation à la peinture.

Ben ! Sur qu'j'sais c'que c'est ! J'ai d'jà vu des gens en peinture, tu vas en avoir pour quoi ? Dix minutes pour quelqu'un d'facile à peindre. Moi j'suis impossible à peindre, on l'sait donc ça va t'prendre vingt bonnes minutes. T'vois, j'sais dans quoi j'm'embarque !

Oui, bien sur garçon ! On y croit. Sa notion du facile à l'impossible est pourtant une notion à retenir.
La réflexion qui suivie l'amena à plusieurs idées toutes plus saugrenues les unes que les autres. Comment pouvait-il refuser une telle proposition, il mettrait la ville forestière à genoux devant sa grâce et alors les petites querelles stériles des femmes couchant avec d'autres hommes pendant que leurs maris se tapent tout autant de femmes, parfois même les femmes des autres mais restons amis, ce sont elles les garces ! -Notez ici le passage de la grâce à la garce.


Dehors, ça m'va ! J'mett'rai c'te patelin à genoux devant ma splendeur retranscrite !

Ce fut d'ailleurs sur ses paroles qu'il dégagea ses bottes dans un coin et laissa tomber ses braies au sol et prit les devants vers l'extérieur sans aucun trace de pudeur ou de gêne. La bouteille était, elle, toujours là.

On va faire bouger les choses, Audrèa ! On va instaurer les valeurs des Aurhel !

N'oublions d'ailleurs pas de bien vérifier que les gens n'étaient pas tous dans quelques tavernes isolés les uns des autres à boire seuls plutôt que tous ensemble autour d'une même table ou qu'ils n'étaient pas, tout simplement, perdu dans leurs trop grand château aux salles toutes plus secrètes que les autres.

Avuèi* peinture sur toile en plein air ! L'artiste ne va pas tarder à sortir de son atelier, venez admirer la magnificence de son art !

Il en faisait carrément trop, mais qui pourrait lui en vouloir d'avoir des idées de ce genre ? Peut-être les politiciens occupés à se sodomiser entre eux pour avoir une part du gâteau de son voisin ? Ou bien les familles nombreuses d'attardés issus d'inceste ? Non, il devait bien rester des gens conscients des valeurs Aristotéliciennes, quelque part ! A moins qu'ils ne soient tous corrompus là-bas aussi ?



avuèi = aujourd'hui (occitan)
_________________
Lou_audrea
Pisser sur les bicoques, nan mais tu m’as regardé ? Tu m’as prises pour un de tes matelots.
J’sais qu’on a tendance à l’oublier parfois, mais j’suis une femme, une femme ça fait pas c’genre de choses, pis j’suis pas équipée pour !!


Mel et ses propositions à la con, des fois ça fait mouche, des fois ça plante. Et Lou leva les yeux au plafond, à la fois amusée et exaspérée par son manque de tact et de bienséance. Pas qu’elle fut un exemple, mais Mel, c’était Mel, c’était donc pire !!
Elle prit une nouvelle rasade à sa bouteille, une petite grimace pour la forme, parce que dans le fond ça piquait et elle l’abandonna un instant sur un meuble pour s’emparer du chevalet et de la toile qu’elle déposa dans la cour, face à l’arbre.
A peine sortie, déjà revenue.


Tu surestimes mes capacités Mel, je suis peut être douée mais viens pas à m’coller des pouvoirs surhumains que j’n’ai pas. J’suis rousse je te rappelle ! Si je peux éviter un feu de joie où j’serais l’invitée d’honneur, j’préfère…

Lorsqu’elle eut terminé de réunir couleurs et pinceaux, Lou rejoignit le pirate qui gambadait déjà en tenue d’Adam, bouteille à la main.
La vision de son cousin dans son plus simple appareil ne fit pas sourciller la Rouquine, sans vouloir choquer qui que ce soit ou vous faire imaginer des soirées du genre« Rome Antique », mais c’est qu’elle en avait vu d’autres.
Cependant la désinvolture avec laquelle il évoluait dans sa cour la fit pouffer de rire, et l’entendre haranguer la foule fantôme d’Orthez la fit rire à gorge déployée.


Nan mais t’abuse là, pas la peine d’ameuter les gens non plus. On va nous prendre pour des fous !

Ce qu’ils étaient en somme, mais comme on dit… plus on est d’fous, plus on rit ! Ou pas. Enfin eux, pour le coup, ils se marraient bien.
Elle termina d’arranger sa place de travail, elle retourna brièvement à l’intérieur de la maison pour récupérer un tabouret puis revint à son modèle.


Je crois qu’il faut quand même que je te précise qu’un tableau de cette envergure ça peut m’prendre plusieurs heures. Alors autant s’y mettre tout d’suite !!

Sans attendre elle poussa Mel en direction du pied de l’arbre.

Tiens tu vas t’mettre là, c’est PAR-FAIT. Bouge pas, j’reviens !

Elle disparut encore une fois pour revenir les bras chargés d’un drap blanc qu’elle déposa sur l’herbe.

Allonge-toi là-dessus !
Et essaie de prendre une belle pose, sois classe, sois beau, pis tu bouges plus quand j’aurais trouvé ce que je veux ! Comprés *?!


Elle était exigeante, et chiante, surtout quand il s’agissait de peinture, elle l’avait prévenu, et il n’avait encore vu !

*Compris en occitan

_________________
Melech
L'appel à la foule ne semblait pas porter ses fruits, à croire que la ville était véritablement déserte et la désertion d'une ville était souvent à l'image d'un duché, Mel le savait et il s'en amusait même. Trop de politique tue la politique, et la politique tuait à coup sur l'intérêt des habitants pour toute chose.

Dans le jardin, après son annonce, il se retourna vers une Lou installant ses affaires.


J'crois qu'le patelin est mort, y a pas un rat, z'ont tous quitté l'navire.

Puis de s'approcher d'elle en buvant une nouvelle goulée de gnôle. Bien sur, d'un point de vue extérieur -inexistant, ce qui retire tout le piquant de la situation-, la scène pourrait être comprise tout autrement : ensorcellement ! Non, relation ! Non, non, possession par le Sans-Nom ! En fait, je crois que l'idée d'une peintre et de son modèle ne viendrait à aucune personne pouvant passer à ce moment précis, tristesse que cette conclusion !

T'vas pouvoir user d'la magie Aurhel en toute tranquillité, Audrèa.

Bon, parler de magie Aurhel était totalement extrême, voir même complètement disproportionné mais le commun des populaces ne connaissant -et donc ne reconnaissant- plus le talent, le nouveau petit nom à la mode est "sorcellerie".

J'suis tout à toi pour l'restant d'ma vie, tu l'sais qu'tu peux prendre ton temps !

OK, OK, là il parle de leur lien familiale et de l'amour -toujours familiale, notez- inconditionnel qu'il portait à cette famille qui était la sienne. Je sais, ça peut paraître bizarre dis comme ça, mais je le rabâche encore et encore pour que ça rentre bien : les Aurhel ne sont pas des incestueux-manipulateurs-menteurs-excréments de vache folle-tout ce qui vient à l'esprit pour critiquer le royaume et ses habitants. Ils sont simplement des Artistes.
Vous avez vu, je critique, bouh c'pas bien !

Lorsque Lou le plaça devant l'arbre, le brun revint à son idée précédente.


D'ailleurs, j'suis sur qu'tu peux pisser d'bout, suffit qu'tu t'entraines un peu. J'ai d'jà vu des donzelles le faire. Et elles visaient mieux qu'la plupart d'mes matelots.

Ce simple souvenir le lança dans un fou rire qu'il eut du mal à contenir. Qu'il n'essaya, en fait, absolument pas de contenir ce qui se combina plutôt mal au "ne bouge pas" mais la perfection était toujours là, elle ne pouvait pas être partie ailleurs, caractéristique commune de la famille que la perfection dans l'imperfection.

Le rire du brun cessa finalement alors qu'il s'allongeait sur le drap dans une position pour le moins... J'vous laisse imaginer, mais c'est un truc qui ferait jaser encore plus !


C'est plutôt doux, c'est fait en lin ?

Oui ! Même les pirates connaissent la douceur, et pas uniquement celles des cuisses d'une gueuse dans chaque port.

Alors qu'est-c'qu'tu dis d'cette pose là ? Avec la bouteille la comme ça j'pourrai boire pendant qu'tu peins mais faudra m'la changer d'temps en temps, hin.

Il ne fit même pas allusion aux autres exigences de sa cousine, la classe et la beauté étaient toujours de vigueur même dans le plus simple appareil !

Il bougea une jambe et tourna légèrement la tête.


Ou alors comme ça, c'pas mal comme ça ?

Rapidement pourtant il bougea à nouveau, inaugurant ainsi une nouvelle position.

En fait, j'étais mal installé, j'aurai pas t'nu. Comme ça !?

Imaginez un peu deux perfectionnistes se lançant dans la même entreprise et vous aurez le début de l'idée de ce que les deux cousins vivaient depuis leur enfance.
_________________
Lou_audrea
Oui là ! c’est bien, bouge pu ! Atta….

La Rouquine manipulait son cousin comme s’il avait été une poupée. Poussant un bras. Ramenant une main. Et elle lui releva le menton, lui fit pencher un peu la tête. Elle plissa les yeux.
Pause.
Elle jaugea le résultat et recommença son petit manège, pis le Brun qui bougeait et parlotait, et qui ne l’aidait pas. Bah ça commençait bien !


Rhaaa mais cesse donc de gigoter !!! Comment veux-tu qu’on arrive à quelqu’chose….

Rebidouillage, on pousse, on relève, et on s’agace. Et enfin THE pose, la perfection.

CHUUUT !! Là c’est bon !!

Et comme pour acquiescer à la requête de Melech, Lou retourna chercher une caisse pleine dans l’atelier et la déposa à proximité de la saynète, puis un dernier aller-retour pour récupérer la bouteille qui avait été entamée par ses soins.
L’artiste repris une dose de courage liquide, la boisson se faisait de moins en moins agressive et coulait dans son gosier comme de l’eau. Elle s’installa derrière sa toile, abandonna la gnôle au profit de ses pots de couleur.
Elle avait opté pour de la peinture à l’huile, composée essentiellement d’huile de lin et de pigments, mélangés et malaxés, ces composants forment une pâte facile à étaler et à combiner. Idéal pour un portrait.

Mais c’est sur le fusain que sa main s’arrêta. Les prunelles dorées scrutèrent le corps de Mel, ainsi que son environnement proche, Lou jeta avec une grande légèreté les premiers traits de son œuvre, en traça le croquis : ce premier essai n'avait pas besoin de correction, ni de fini.
Et pendant un instant le temps fut suspendu, elle n’entendait plus rien, ni le piaillement des oiseaux, ni le bruit des sabots frappant le sol au passage d’un cavalier pressé.
Le plaisir qu’elle éprouvait au moment de créer quelque chose, que ce soit une peinture ou autres, était un sentiment tout à fait égoïste.
Même son propre modèle, aussi splendide et bruyant qu’il était ne la déconcentra pas.

Une fois l’esquisse terminée, elle s’empara des couleurs déposa quelques noisettes sur sa palette dans l'ordre qu'elle jugea le plus convenable pour les nuances. La palette, outre les couleurs, portait deux godets, dont l'un contenait de l'huile d'œillette pour laver les pinceaux chaque fois qu'ils allaient cesser de servir pour appliquer une couleur, et l'autre de l'huile grasse, à laquelle elle ajoutait un peu de vernis, pour rendre les couleurs plus transparentes.


Vlà tu peux t’reposer un peu, et boire…

Il faut dire qu’il faisait extrêmement beau et chaud en ce début du mois de juin, sûr qu’il aurait mieux valu qu’ils fussent à la citronnade… mais nan… D’ailleurs la vision de la belle Rousse perdit en netteté lorsqu’elle prit une énième rasade à sa bouteille.

Alleeeez hoooop ! Le plus difficile est à v’nir ! R’mets toi bien !

Enfin l'opération dernière, la plus délicate, celle qui échappait à toute description comme à toute recette, consistait à poser les couleurs sur la toile : la touche, c'est l'écriture du peintre, c'est la frappe de son esprit.
Et le ballet des pinceaux, passant de la palette à la toile de chanvre, débuta…

_________________
Melech
La pose qu'il devait garder pour sa cousine n'était pas si intenable qu'il l'aurait pensé de prime abord. Elle était même plutôt agréable et propice à quelques fantaisies à l'esprit des... Ah bah non, c'est vrai qu'il n'y a personne.
La situation n'était donc propices qu'aux seules fantaisies du Brun lui-même qui ne pouvait se voir entièrement, bien qu'il eut aisément le loisir d'observer et de traquer le moindre défaut de ce qu'il voyait de son corps. Évidemment, cette traque fut vaine et il ne trouva rien pour lui déplaire.
Un moment, il crut avoir trouvé un étrange point noirâtre sur sa cuisse gauche mais en le fixant intensément et en se concentrant du mieux qu'il put afin de le faire disparaitre... le moucheron s'envola.

Bien évidemment, le temps passant et la chaleur de plus en plus pressante lui asséchait le gosier, chose qui n'était pas pour lui plaire bien au contraire. Mais il était venu en toute connaissance, ou du moins approximative, de cause et il ne décevrait pas sa cousine. Cet exercice de pose lui rappelait vaguement les fois où il avait dû attendre, caché sur son propre navire, que les flottes royales passent leur chemin avant de pouvoir retourner à l'action. Jouer à la statue n'était donc pas une nouveauté pour lui malgré son tempérament hyperactif et la vie qui allait avec. Mais lorsqu'il devenait une statue, il ne faisait pas aussi chaud et ce n'était pas non plus en pleine journée, peut-être qu'une peinture à la lune aurait été jolie aussi ? Non, non ! Faire plaisir à l'artiste, voilà la raison de sa présence ! Il y avait aussi le côté de pouvoir exposer son corps à la vue de tous, qui était un plaisir en soi mais c'était là bien plus égoïste. Comme lui en somme, égoïste sur les bords mais prêt à tout pour la famille.

Et ça, ça s'appelle la dévotion ! Encore un terme qui a été remplacé par un autre, un peu comme les artistes devenu des sorciers, la dévotion est devenue du léchage de fondement.

Alors qu'il commençait à se perdre dans la contemplation des ébats de deux moustiques au dessus de lui, Mel fut rappeler à la réalité par sa cousine lui autorisant une pause dans sa pose -c'est à dire à haute voix ça- et, surtout, à boire. Première chose qu'il fit d'ailleurs, se brulant ainsi le gosier asséché en buvant bien trop vite plusieurs gorgée de la gnôle qu'il avait ramené. Ceci ajouté à la chaleur presque étouffante le fit chanceler lorsqu'il se releva pour s'étirer et faire quelques pas de dégourdissement.


Alors, ça va, j'suis pas trop dur à r'présenter ? T'as pas eu d'soucis avec l'bestiole sur ma guibole t'aleur ? Nan parce que j'l'ai fait partir rien qu'avec ma tête hin !

Ou bien le moucheron était parti vivre sa vie ailleurs, c'était une option aussi. Mais laissons sa petite victoire au pirate !

La prochaine ce s'ra au clair d'la pleine lune !

Oui, il parlait bien de la prochaine fois qu'il poserait pour elle. Chose qui, dans son esprit engourdi par l'alcool et la chaleur, pas comme ses jambes qu'il vient de dégourdir donc, était tout à fait clair et ne demandait aucune précision. C'est qu'il fallait le suivre le Mel.

R'prendre la pose, oh là ! J'sais exactement comment qu'j'étais posé, ça va pas être difficile du tout !

Et pourtant... Ce le fut bien plus qu'il ne l'aurait imaginé : reprendre la position exacte, membre par membre, le tout alors que l'alcool commençait à se frayer un chemin dans son cerveau. Une fois qu'il eut fini, une envie soudaine de se gratter lui arriva.

Attends, attends !

Et il se gratta l'entre-jambe, en toute dignité. Après avoir soulagé cette démangeaison, il reprit une nouvelle fois la pose, plus facilement cette fois.

C'est bon, on peut r'prendre.
_________________
Lou_audrea
Certaines personnes dans la vie ont un don, parfois le destin leur permet d’exploiter ce dernier et d’en vivre. Mais avant d’en arriver à exceller grâce à ses capacités innées, il fallait tout de même passer par des années d’apprentissage et de pratique. La chance de Lou avait résidé dans le fait que ses parents avaient sentit très tôt qu’elle possédait quelque chose que les autres n’avaient pas, et s’étaient employés à l’aider à le développer plutôt que de la marier bêtement et asseoir leur position bourgeoise ou leurs relations commerciales.
Ils lui offrirent tout ce dont elle avait besoin pour s’exercer, l’avaient encouragé à agrandir ses connaissances, ils l’avaient également poussé au voyage afin d’ouvrir ses horizons et ses champs d’inspirations. Comme elle s’était éprise des arts, elle s’était également éprise des langues et des belles choses.

Le temps défila et laissa Lou jouer de ses mains avec la matière lorsque le pinceau ne suffit plus, et apporta à la toile la couleur qui lui avait manqué. Elle restituait la scène, et ce malgré les grammes d’alcool dans ses veines, ses gestes semblaient ordonnés et précis. En tout cas pendant un premier temps.
Elle s’accorda d’aborder à donner le ton général, puis s’était vite retrouvée à jouer des détails, cherchant l’ombre juste par rapport à l’angle de la lumière du soleil. Un jeu interminable puisqu’à mesure que le temps passait l’astre déclinait lentement.
Elle retranscrit avec un réalisme prodigieux chaque contour du corps de Mel, sa nonchalance légendaire et son regard... ce regard qui semble te dire "merde" à chaque fois que tu le croises. Le travail lui prit quelques heures, ce fut long, et ponctué par de belles rasades de tord-boyau.

Enfin à cette heure avancée, l’œuvre au regard de l’artiste valait bien n’importe quelle toile de maître, et elle en était pas peu fière la demoiselle. Certainement repasserait elle encore sur l’ensemble, plus tard, lorsqu’elle serait seule face à la peinture.
La lumière commençait à manquer de toute façon, et le pirate ne tiendrait certainement plus très longtemps ainsi.


Bon j’crois que j’ai fini, là j’peux pas faire plus, ou mieux… Mais j’peux probablement faire pire !
J’pense que j’me suis plutôt mal débrouillée…T’as l’droit d’jeter un coup d’œil s’tu veux !


Elle se poussa, manqua de perdre l’équilibre dans la manœuvre et laissa Mel juger du résultat.

C’pas forcément fini-fini, hein, j’pense que j’reverrais ça un peu plus tard…
Pis faudra l’faire encadrer, ça sera plus pratique pour l’mettre dans ta cabine ! Haha !


La Rouquine n’était plus très fraîche, les prunelles ambrées avaient du mal à s’accrocher aux objets, sans doute avait-elle trop forcé sur l’état de concentration dans l’après-midi.
Ouais, nan… elle était juste bourrée.


Un jour ça vaudra d’l’or toussa ! Quand j'serais claquée probablement, mais c'pas grave!!
Ah tiens !!! J’ai faillit oublier d’signer encore !


Elle s’empara d’un pinceau fin, qu’elle trempa dans un peu de peinture et signa d’un L et d’un A entrelacés…
_________________
Melech
Il y a des jours comme celui de cette petite aventure où l'on se dit "Aujourd'hui, je vais faire quelque chose de grand, peu importe ce qui se dressa entre moi et mon objectif !" et la plupart du temps, la personne s'étant promis une si belle journée finit au comptoir de la taverne la plus éloignée de la ville et considère ce changement d'habitude comme exceptionnel, la difficulté de la chose résidant dans ce changement précis, il arrivait à certain d'abandonner, disant que cela leur était impossible, qu'ils ne pourraient se résoudre à changer ainsi.

Lorsque Mel se releva, une fois que son artiste de cousine lui donna confirmation que le travail était fini, il s'étira tout d'abord une nouvelle fois, longuement, le corps assommé par l'inactivité de plusieurs heures mêlées à l'alcool et la chaleur, certes bien moins étouffante que lors de la première pause.
Une fois ses étirements, tous plus gracieux les uns que les autres notons-le -car même si le pirate était un familier à l'alcool, il n'avait malheureusement pas la résistance à toute épreuve des personnes buvant ledit alcool comme s'il se fut agit de petit lait-, terminés, le brun s'approcha de la toile afin de prendre connaissance des détails et de l'inquiétude, nan parce que c'est de ça qu'il s'agit, de sa cousine concernant une finition ultérieure.

Ce qu'il vit le choqua.


Merde, Audréa, c'est un miroir ça, où qu'elle est la peinture ?

Oui, bon, l'alcool aidait fort visiblement sur le choc.
Après avoir plissé les yeux afin de se concentrer et ainsi dissiper le léger voile qu'il voyait -regard rapide autour de la peinture pour la confirmation- partout : il était ivre.


Y a pas b'soin d'finition plus ultérieurement, on dirait qu'je bouge avec moi, regarde.

Il but une gorgée à la bouteille qu'il avait pris durant son étirement avant de reprendre l'étude de la toile.

J'veux aucunes finitions ! Ça r'transcrit tout à fait bien c'qu'on voulait montrer à tous !

Si si, c'est un compliment ça. Il focalisa ensuite son attention sur sa cousine. Focaliser... Oui, il lui fallait bien ça.

On f'ra en sorte qu'ça vaut d'l'or avant qu'tu claques ! On va faire tourner les r'lations !

L'idée de voir une peinture de lui dans les plus grandes collections lui plaisant énormément, le brun se trouvait fort motivé pour mettre en oeuvre ce qu'il venait d'énoncer.
La réaction première fut d'ailleurs de prendre la rousse dans ses bras et de lui coller une bise sur chaque joue.


C't'une promesse que j'te fais, là !

Et il y a des jours où l'impossible est réalisé par une personne qui ne savait pas que l'impossible existait. Et cette personne pouvait aller jusqu'à changer la donne.
_________________
Lou_audrea
A voir la réaction de Mel, la Rouquine sourit jusqu’aux oreilles, et puis elle finit par rire franchement en le voyant zyeuter la toile comme si elle avait été un miroir.
Rhaa l’alcool, qu’est-ce que ça peut rendre bête. Mais au moins ils étaient contents, et finalement c’est tout ce qui comptait en cet instant.


Les relations… hin hin, c’t’une bonne idée que t’as là !

Des relations ? Quelles relations ? Parce que bon, acquiescer c’est bien joli, mais des relations, la petite, elle n’en avait pas vraiment, même si par la force des choses, ça finirait bien par arriver.
Ceci dit, cela ne sembla pas l’inquiéter, et dans le fond elle s’en moquait.
La seule et unique récompense pour le travail accomplit se trouvait là, dans le regard de Mel, éblouit par le résultat. Et il en allait de même avec tout le reste de sa clientèle.
Clientèle, encore une fois, oui et non, faudrait déjà qu’elle la fasse payer la populace, et c’était encore loin d’être le cas. Le prochain but de la Lou serait sûrement l’édition tarifaire de ses services !
En tout cas la promesse de Mel ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde, juste celle d’une barrique de gnôle, dont elle reprit une rasade à la volée.


Vas, tu peux aller t’rhabiller ! Maintenant il nous reste encore pas mal à boire à l’intérieur… pis j’ai envie d’chanter !

Crois-moi, une fois qu'tu commences à chanter, tu t'arrêt'ras pu !

Évidemment les chansons, ça Lou n’avait pas oublié, et pour bien se mettre dans le bain, lui vint un air aux accents de son pays. Elle entonna à pleine voix un hymne à l’Occitanie, ameutant tout le quartier, tout en rangeant son matériel et en mettant à l’abri sa dernière œuvre…
De son côté, le brun avait renfilé son pantalon, à défaut du reste, la température n'étant pas descendue assez bas pour qu'il s'embête à trouver dans quel sens se mettait sa chemise. Bien qu'il aurait tout aussi bien pu rester nu, après tout, il était aussi à l'aise dans une tenue que dans l'autre et le résultat si quelqu'un entrait aurait été drôle à voir.
Bien sûr, affirmer qu'ils ne s'arrêteraient pas était une idiotie sans nom, il faudrait bien qu'ils s'arrêtent pour vider les bouteilles de gnôle mais cela n'empêcha pas de se lancer en chœur avec sa cousine.
Chœur ponctué de pauses afin d'ingurgiter une nouvelle fois de l'alcool, voir même parfois de chanter en buvant, ce qui donnait un résultat assez surprenant, salissant certes, mais surprenant.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'unisson des voix Aurhel ne brisa aucune vitre, Mel ne jura par contre pas sur le fait qu'elles n'aient pas tremblé.


Se sabiatz , Mon pais
A ni nom ni Frontièra
Dins lo vèrs s'espandis
D'una fola epopèia

Se trapa pets camins
Dins los sang de las pièras
Dins lo caud del rasim
Dins l'amar de l'albièra

Se sabiatz , Mon pais
S'escond per las genèstas
Dins la flore qu'espelis
Dins lo cor de las bèstias
Dins l'ombra que blanquis
Dins l'autan que despelha
Dins la doçor d'un nis
O lo pols d'una fuèlha.


Pendant que les paroles commençaient à prendre un sens dans l'esprit de Mel, ce dernier aidait Lou à ranger ses petites affaires, restant plus figé comme une statue les bras remplis à attendre que sa cousine n'arrange les choses comme elle le souhaitait qu'à proprement parler "ranger", mais entre chanter et subir le courroux de sa cousine ivre à cause d'un pinceau aux poils tordus dans le mauvais sens, il préférait chanter !
Après tout, les morts ne pouvaient pas être dérangés et vu l'activité inexistante dans l'après-midi après son appel aux foules, il se laissait aller à sa voix la plus forte.


Mon pais es aval
Al mièg d'una carrièra
Ont dançan tres enfants
Per un sou dé misiéra
Es aval dins lo crit
D'un freta-sauvatons
Que rebala vencit
Sens espèr de retourn

Mon pais es al fons
D'una preson de trévas
Que n'an per tot resson
Que lo marcha o créba

Mon Pais es pertot
Ont son los privats d'ésser
Sens papièrs ni aunor
Sens ostal o sens tèrra…


Et le reste de la chanson occitane mourut avec les Aurhel qui disparurent derrière la porte de la maison…



-Post écrit à quatre mains-

Traduction :
Si vous saviez, mon pays
Il n’a ni nom ni frontière
Il s’étend dans les vers
D’une folle épopée

Il se trouve sur les chemins
Dans le sang des pierres
Dans le chaud du raisin
Dans l’amertume de la gelée
Si vous saviez, mon pays
Il se cache dans les genêts
Dans la fleur qui s’épanouit
Dans le cœur des bêtes

Dans l’ombre qui blanchit
Dans le vent d’autan qui dépouille
Dans la douceur d’un nid
Ou le souffle d’une feuille

Mon pays est là-bas
Au milieu d’une rue
Où dansent trois enfants
Pour un sou de misère

Il est là-bas dans le cri
D’un traîne savates
Qui erre vaincu
Sans espoir de retour

Mon pays est au fond
D’une prison de fantômes
Qui n’ont pour tout écho
Que le marche ou crève

Mon pays est partout
Où sont les privés d’être
Sans papiers ni honneur
Sans maison ou sans terre […]

Lo Meu País de La Talvera

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)