Zephyre
"Il se fit un soir. Il se fit un matin. Sixième jour." *
Elle, c'est l'aube du sixième mois qu'elle aurait voulu voir se lever. Mais en l'état actuel, seules les ténèbres épaisses dans lesquelles elle venait de sombrer s'avéraient être son univers. Un tourbillon l'avait happée. Et le trou noir s'ouvrait sous ses pieds. Béant. Luxovore. Ne restait de la lumière qui la portât jusque-là que... le néant. Et dans son esprit, le vide intersidéral. Le Chaos venait de trouver une nouvelle âme à avaler dans le crépuscule des sentiments unilatéral.
L'ondée orbitale en pluie diluvienne cessa enfin. Regard circulaire sur le théâtre des évènements. L'Etoile avait filé. Par sa faute. IL lui aurait pourtant décroché la Lune. Elle, froidement, gardant les pieds sur Terre, lui avait asséné le coup de grâce de la disgrâce. Pourquoi ?
Si un jour l'on vous offre de vous dévoiler l'un des plus grands mystères qui régissent le monde, celui de l'esprit féminin, faites-moi signe ! Je suis preneuse. Elle aussi d'ailleurs. Ne comprenant toujours pas ce qui la conduisit vers sa perte.
Hagarde, la Ventée, dont le souffle n'était plus que filet expiatoire d'une vie moribonde, s'aventura au dehors. Le Zef s'éleva. Une nuit, profonde, venait de s'abattre. Comme si le Ciel lui était tombé sur la tête. Quoiqu'en la matière, IL avait bien plus à réceptionner.
Errante de l'âme, un voile, lacté, opacifiant la visibilité, c'est sans savoir vers où ses pas se dirigeaient qu'elle alla. Quand les brumes s'emparent de vous, rien ne peut plus les transpercer. Le soleil viendrait, un jour. Un rai les pourfendrait. En attendant...
D'obscures pensées, troublées par le silence assourdissant des mouvements noctambules de la vie en latence d'un jour nouveau, la conduisirent jusqu'à la chambre... ce qui fut leur chambre. Il ne dormirait pas là ce soir. Il n'y dormirait plus jamais. La nuit serait longue, et la déserrance serait son lot pour un moment.
Le mantel jeté sans précaution aucune sur la couche, froide, vide, le coeur étreint, les entrailles pourrissant de l'intérieur, laissant les ultimes braises se consumer jusqu'à mourir comme ces astres qui s'éteignent avec dignité dans une débauche de couleurs et de chaleur annonciatrice de la glaciation à venir, la Tempête qui avait encore causé des ravages prit place à la table, comme tétanisée.
Ne lui restaient plus que les mots pour changer d'atmosphère. En chapelets ou en guirlandes. En corolle ou en atoll. Brillants au firmament. Ou mourant dans l'encre. Ne réclamant qu'à jaillir, naissant dans le feu de sa peine, pépinière fertile incandescente pour faconde dégénérescente.
Un sillage, étiré de la pointe d'une plume comme façonnée dans les forges vulcaines, et voici que s'élance le premier jet d'une longue salve. Avec pour seul récipiendaire un velin qui étouffera ses cris de détresse, sa souffrance... ou ses espoirs. Point de moitiés à l'horizon. Point d'ami(e)s. Une solitude voulue, et assumée.
Une perle de rosée s'écrase négligemment, balayée d'un revers, maculant le support d'un cratère impraticable. Elle s'enferme dans sa bulle la Ventée.
Bordeaux, le 16 février 1462
Cher Journal,
Page blanche quand je broie du noir. Hier soir j'ai créé un séisme.
Volontairement ? Non ! Enfin, si. Un peu.
Si je m'en veux ? Oui ! Enfin, non. Si peu.
Il fallait que ce soit dit. Même si je n'ai pas tout dit.
Tu me diras : "il faut toujours garder la tête haute et tourner ses yeux vers la lumière".
D'accord. Mais... elle s'éloigne la lumière, invariablement. La rotation sur son axe l'attire dans le lointain.
J'ai la tête en implosion, si tu savais. Mais toi, non, décidément, tu n'en puis rien deviner. Pas plus que tu ne peux comprendre les soubresauts qui ont pris possession de mon esprit depuis plusieurs jours, semaines, ce poison lancinant que sont les pensées pernicieuses qui s'insinuent quand le doute a creusé son sillon.
Qu'as-tu à ajouter ? Crois-tu me réconforter ?
Va au Diable ! Tu n'es qu'un bout de papier !
Geste rageur qui fit faire à l'ouvrage un vol plané. Atterrissage tout en brutalité sur le parquet. Il s'en fallut de peu qu'il ne côtoie le Phénix dont les cendres se répandaient dans l'âtre. Consternation pour constellations de mots perdus, épandus, éperdus.
Un main tremblante le ramasse au sol, avant de le porter à sa poitrine. Celle-là même dont elle L'a privé.
Et tandis qu'elle s'étend sur le lit abandonné, une voix résonne à ses oreilles :
Est-ce vraiment de cette vie-là dont vous rêvez ?
C'était un soir. Il y a moins d'une semaine. Et à Bazas... le BIG BANG venait d'éclater.
Elle, c'est l'aube du sixième mois qu'elle aurait voulu voir se lever. Mais en l'état actuel, seules les ténèbres épaisses dans lesquelles elle venait de sombrer s'avéraient être son univers. Un tourbillon l'avait happée. Et le trou noir s'ouvrait sous ses pieds. Béant. Luxovore. Ne restait de la lumière qui la portât jusque-là que... le néant. Et dans son esprit, le vide intersidéral. Le Chaos venait de trouver une nouvelle âme à avaler dans le crépuscule des sentiments unilatéral.
L'ondée orbitale en pluie diluvienne cessa enfin. Regard circulaire sur le théâtre des évènements. L'Etoile avait filé. Par sa faute. IL lui aurait pourtant décroché la Lune. Elle, froidement, gardant les pieds sur Terre, lui avait asséné le coup de grâce de la disgrâce. Pourquoi ?
Si un jour l'on vous offre de vous dévoiler l'un des plus grands mystères qui régissent le monde, celui de l'esprit féminin, faites-moi signe ! Je suis preneuse. Elle aussi d'ailleurs. Ne comprenant toujours pas ce qui la conduisit vers sa perte.
Hagarde, la Ventée, dont le souffle n'était plus que filet expiatoire d'une vie moribonde, s'aventura au dehors. Le Zef s'éleva. Une nuit, profonde, venait de s'abattre. Comme si le Ciel lui était tombé sur la tête. Quoiqu'en la matière, IL avait bien plus à réceptionner.
Errante de l'âme, un voile, lacté, opacifiant la visibilité, c'est sans savoir vers où ses pas se dirigeaient qu'elle alla. Quand les brumes s'emparent de vous, rien ne peut plus les transpercer. Le soleil viendrait, un jour. Un rai les pourfendrait. En attendant...
D'obscures pensées, troublées par le silence assourdissant des mouvements noctambules de la vie en latence d'un jour nouveau, la conduisirent jusqu'à la chambre... ce qui fut leur chambre. Il ne dormirait pas là ce soir. Il n'y dormirait plus jamais. La nuit serait longue, et la déserrance serait son lot pour un moment.
Le mantel jeté sans précaution aucune sur la couche, froide, vide, le coeur étreint, les entrailles pourrissant de l'intérieur, laissant les ultimes braises se consumer jusqu'à mourir comme ces astres qui s'éteignent avec dignité dans une débauche de couleurs et de chaleur annonciatrice de la glaciation à venir, la Tempête qui avait encore causé des ravages prit place à la table, comme tétanisée.
Ne lui restaient plus que les mots pour changer d'atmosphère. En chapelets ou en guirlandes. En corolle ou en atoll. Brillants au firmament. Ou mourant dans l'encre. Ne réclamant qu'à jaillir, naissant dans le feu de sa peine, pépinière fertile incandescente pour faconde dégénérescente.
Un sillage, étiré de la pointe d'une plume comme façonnée dans les forges vulcaines, et voici que s'élance le premier jet d'une longue salve. Avec pour seul récipiendaire un velin qui étouffera ses cris de détresse, sa souffrance... ou ses espoirs. Point de moitiés à l'horizon. Point d'ami(e)s. Une solitude voulue, et assumée.
Une perle de rosée s'écrase négligemment, balayée d'un revers, maculant le support d'un cratère impraticable. Elle s'enferme dans sa bulle la Ventée.
Bordeaux, le 16 février 1462
Cher Journal,
Page blanche quand je broie du noir. Hier soir j'ai créé un séisme.
Volontairement ? Non ! Enfin, si. Un peu.
Si je m'en veux ? Oui ! Enfin, non. Si peu.
Il fallait que ce soit dit. Même si je n'ai pas tout dit.
Tu me diras : "il faut toujours garder la tête haute et tourner ses yeux vers la lumière".
D'accord. Mais... elle s'éloigne la lumière, invariablement. La rotation sur son axe l'attire dans le lointain.
J'ai la tête en implosion, si tu savais. Mais toi, non, décidément, tu n'en puis rien deviner. Pas plus que tu ne peux comprendre les soubresauts qui ont pris possession de mon esprit depuis plusieurs jours, semaines, ce poison lancinant que sont les pensées pernicieuses qui s'insinuent quand le doute a creusé son sillon.
Qu'as-tu à ajouter ? Crois-tu me réconforter ?
Va au Diable ! Tu n'es qu'un bout de papier !
Geste rageur qui fit faire à l'ouvrage un vol plané. Atterrissage tout en brutalité sur le parquet. Il s'en fallut de peu qu'il ne côtoie le Phénix dont les cendres se répandaient dans l'âtre. Consternation pour constellations de mots perdus, épandus, éperdus.
Un main tremblante le ramasse au sol, avant de le porter à sa poitrine. Celle-là même dont elle L'a privé.
Et tandis qu'elle s'étend sur le lit abandonné, une voix résonne à ses oreilles :
Est-ce vraiment de cette vie-là dont vous rêvez ?
C'était un soir. Il y a moins d'une semaine. Et à Bazas... le BIG BANG venait d'éclater.
Genèse 1 : 31