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[RP] Je suis le cœur brisé d'Ombeline *

Umbra
[Tu m’as rencontré à un moment étrange de mon existence.]**

A l’aube de mes treize ans, le Mal était jugé incurable. Elle avait tant empiété sur mon existence, qu'elle en était, je crois, mon essence.

[1458, Couvent de Dunkerque]

Dans une minuscule pièce baignée d’obscurité, on y voyait étrangement plus clair :

De toute façon, c’est de ta faute si on est ici !

Ma voix fébrile de jouvencelle sanglotant dans les ténèbres du mitard résonna et percuta les pans de mur vide. Me prenait-on pour une folle ? Qu'importe... J'étais consciente que là-bas, les murs avaient des oreilles. Et bien plus encore.

Quelques heures plus tard, mes grands yeux noirs boursouflés de larmes se plissèrent lorsque que l’huis du cachot s’ouvrit.


Et j’espère que cette fois-ci, ça t’aurait servi de leçon, Ombeline ! Tu ne dois pas abîmer ta tenue de la sorte...Maintenant, va la rapiécer !

Oui, soeur Marie-Claire. Je vous le promet.

D'un revers de manche effilochée, j'avais séché mes larmes et disparaissais dans les couloirs du couvent quand un cri perça le silence de mes pas.

Ombeline ! Qu’as-tu fait ?! Seigneur tout puissant...Montre-moi tes mains !

La religieuse, tenant en main un livre des vertus dont la tranche était souillée de sang, inspecta mes doigts entaillés.

Bon Dieu mais pourquoi t’es-tu blessé ainsi ?!

Mais ma mère... répondis-je, penaude, c’est le Très-Haut qui m’a puni pour avoir déchiré ma bure.

Un sourire faussement désolé naquit aux coins de mes lèvres tandis que la nonne me traînait jusqu'à l'infirmerie. Mes sombres iris scrutaient le carmin maculant mes mains, une sensation étrange au creux du ventre et une lueur inquiétante au fond des yeux.

Tu es contente de toi?

A qui parles-tu, Ombeline?

*Citation du film Fight Club adaptée pour les besoins du RP.
**Citation du film Fight Club.

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.opaline.
Treize ans.
Il t'aura fallu treize ans pour qu'Ombeline cesse de lutter.
Treize ans pour qu'elle prenne pleinement conscience de ta présence. Treize ans, à ses côtés. A surveiller son sommeil autant que son éveil. A guetter ses moindres et faits et gestes. A s'assurer qu'elle prenait la direction que tu avais choisi pour elle.
Treize ans. Pour la faire grandir. Mûrir. Sous la houlette d'une femme qu'elle seule peut voir, entendre et comprendre.
Treize ans, pour éduquer Ombeline dans l'ombre du mal, à l'abri du bien.





[1458, Couvent de Dunkerque]



Etrangement, c'est toujours lorsqu'elle était seule qu'Ombeline prenait conscience de ta présence à ses côtés. Elle avait rarement de doux mots à ton égard mais la colère valait mieux que l'indifférence et tu en avais pris ton parti. La colère était d'ailleurs l'essence même de votre relation.

De toute façon, c'est de ta faute si on est ici!

Erreur. Le mitard est dans le couvent. Et de tout ce qui était arrivé dans la vie d'Ombeline depuis sa naissance, une seule chose n'avait pas été dans ton contrôle, celui de la faire grandir dans un couvent. Le mitard... était peut être l'endroit où tu te sentais le mieux, et la violence qui précédait votre présence icelieu était tellement jouissive que tu ne l'en appréciais que plus.
L'arrivée de la soeur mis fin à ton bonheur. Sa présence agissait comme un rabat-joie dont tu te passerais bien. Tu as toujours eu cette crainte que l'une des religieuses t'enlève ta protégée. Mais tu remerciais Dieu de les avoir faite assez idiotes pour croire que le mitard suffirait.


Mais ma mère... C’est le Très-Haut qui m’a puni pour avoir déchiré ma bure.

Tu ne peux t'empêcher de sourire du coin des lèvres. Un sourire discret et bizarrement sombre. Le Très haut... Ombeline comprenait-elle enfin la présence d'un être supérieur à ses côtés ?


Tu es contente de toi?

Tu ne répondras pas. Tu as la patience dont manque cruellement ta protégée. Tu as l'importance qu'elle veut bien te donner. Tu as la force qu'elle n'a pas prise et l'immoralité qu'elle prendra avec le temps. Tu as la maîtrise qu'elle n'aura jamais tant que tu seras à ses côtés.
Mais tu as surtout la satisfaction où elle a la brimade. A chacune d'elle tu mourrais, à chacune d'elle tu renaissais plus vicieuse encore. Ressuscitée.*

Allez Ombeline, sois sage et raconte à la Soeur d'où vient ce sang sur tes mains et je ne dirais rien, ou presque...



* : citation tirée de Fight Club, changée pour le RP.
Original : " Chaque soir je mourrais et chaque soir je renaissais... Ressuscité.
Umbra
"Seigneur, grand Dieu admirable, secourez-moi, votre serviteur.
Toute indigne que je sois, délivrez-moi de tout danger.
De la mort de l’âme et de celle du corps, des embûches de mes ennemis tant visibles...qu’invisibles."*


Paume contre paume, agenouillée au pied de mon lit, je recitais comme chaque soir cette vaine prière. Je sentais dans mon dos Sa présence. Mes litanies devaient surement la blesser mais à l’époque, il me restait encore une once d’espoir. Après avoir passé l’après-midi à l’infirmerie puis dans le bureau de la Mère Supérieure, j’avais rejoins ma chambrée sans prendre le temps de manger. Je ne sais plus si ce fut à cause des inlassables remontrances des religieuses sur mes actes ou de la colère de mon Alter Ego que j’avais, d’abord, incriminé avant d’ignorer mais toute la nuit, je me tordis de douleur.

J’avais retiré les frais bandages de mes mains pour en observer les entailles à la lumière d’une flamme flageolante. Nul ne reflétait aussi bien le trouble torturant mon âme que les sillons carmins dessinés au creux de mes mains. Semblable à de précieux rubis, en ultime offrande au Tout-Puissant, j’avais souhaité offrir mes larmes de sang. Toutes mes suppliques n’avaient jamais fonctionnés ni même, mes pleurs alors...

Cette idée avait traversé mon esprit avec une évidence déconcertante. Lorsqu’elle me fut insufflée, mes doigts réagirent presque instinctivement, se heurtant avec dextérité à la tranche du Livre des Vertus. Les fines pages cisaillaient parsimonieusement ma peau juvénile, teintant le papier de vermeil.

Ce soir là, je m’endormais en position foetale tant les maux me courbaturaient le bas ventre. Le traits crispés, je ferma les yeux en louant n’importe qui de me venir en aide. Ma dernière vision fut celle d’Opaline à mon chevet.


Mon idole ne me répond pas. Mon Seigneur ne me sauve pas.**

Un cri perçant déchira l’aube. Mes sombres yeux s’écarquillèrent d’effroi devant la tâche de sang maculant ma chaisne. Paniquée, je vérifiais que les plaies superficielles de mes paumes ne s’étaient pas rouvertes et comme je le pensais, déjà les cicatrices se refermaient. Des aiguilles me perforaient le ventre, me clouant au lit.

Opaline, je vais mourir ! Il m’a puni ! Pourquoi ?! Pourquoi moi !

J’éclatai une énième fois en sanglots devant elle. Elle, qui me connaissait dans tous mes états. D’habitude, j’avais le réflexe de l’accuser à tord ou à travers parce que je savais que c’était de sa faute mais cette fois-ci, j’étais persuadée qu’elle était innocente. J’étais terrifiée et je souffrais, je n’avais qu’elle à qui me raccrocher. Toute ma confiance et mon espérance se tournaient alors vers mon Double. Elle, qui avait toujours été présente pour moi, me sauverait. J’en étais certaine.

Cependant, ce qui survenu les quelques heurs suivantes, je ne m’en rappelle plus du tout comme si... Elles avaient été effacées de ma mémoire ou pire encore, que je ne les avais jamais vécue.


*Paroles de la chanson "Adonaï" de ETHS, modifiées pour le RP.
** Paroles de cette même chanson.

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.opaline.
Tu n'es pas responsable.
Tu n'es pas responsable.
Tu n'es pas responsable.
Non tu n'es pas responsable et tu te le répètes indéfiniment dans ta tête jusqu'à t'en persuader. Pour la première fois Ombeline souffre et tu n'es en rien responsable de sa douleur.

Tu es impuissante.
A sa souffrance. A cette douleur qui déforme ses traits. A ses gémissements.

Mais Ombeline le sait. Elle sait que ce n'est pas toi qui cause ses maux. Et tu en viens à te demander si le Tout Puissant n'est pas en train de reprendre ses droits. De remettre dans le bon chemin cet enfant que tu as toi même élevé. Tu te demandes si cette fois tu n'es pas allée trop loin. Si tu n'as pas atteint tes limites. Ses limites. Si cette fois ta protégée s'en sortira.

Tu tournes en rond, tu observes les yeux révulsés d'Ombeline et tu ne prends plus aucun plaisir à entendre ses sanglots.

Prendre sa place. Ton obsession. Elle ne survivra pas, et tant qu'elle se battra, tu ne pourras la contrôler.
Tu observes tes mains et ravale toi même un sanglot, tes plaies ne se sont pas rouverte et pourtant tu vois que sa chemise est maculée de sang. Incrédule ton regard vagabonde de ses jambes aux tiennes.
Un cri plus fort que les autres déchire la nuit, brisant le silence du monastère. Il faut agir... Et c'est Ombeline qui trouvera la solution, serrant toujours plus fort son drap autour de son cou... Tes battements cardiaques s'accélèrent, les siens diminuent. Ses yeux se révulsent lorsqu'enfin ses mains relâchent l'étoffe de coton.
Tu es plus vivante que jamais.

Ta main se pose sur le tissu de ta chaisne, maculée de sang, punition divine. Les douleurs s'embrasent, tu te plies en deux. Déos se venge ou...

Eclat de rire dans la chambre. Profond, rauque, celui qui file des frissons. Chaque pic ressenti dans ton bas ventre te rende un peu plus vive. Tu profites de l'instant. Car même s'il n'est que douleur il fait de toi un être vivant, et ce qui coule entre tes cuisses n'est rien en comparaison de ce que tu ressens.

Tu es une femme aujourd'hui. Mais bien plus que ça, c'est Elle qui est une femme. Elle qui bientôt devra quitter le couvent pour vivre sa vie. Elle qui bientôt devra se fondre dans la masse. Elle qui n'avait déjà pas grand monde devra ne compter que sur toi pour grandir.

Et comme une mère qui découvre les premiers mots de son enfant, tu t'extasies devant les premières menstrues de ta protégée. Tu sais qu'il faut marquer le coup, les autres fois ne seront pas une surprise. Et Ombeline n'est pas toujours aussi calme lorsque tu disposes de son corps. La dextre se glisse sous les tissus et le carmin sur ton index dessine un vague dessin, remontant sur la hanche, le ventre, contournant la naissance d'un sein, explorant l'opale de son cou. Deux simples "O" entrelacées sont posées à l'ouverture de sa chemise. Posées, griffées, marquant la chair indélébile de l'histoire de sa vie. O,pour Ombeline, O, pour Opaline. Elle&Toi, à vie.

Tu t'amuses un long moment sur ce corps que tu ne connais que trop bien. Jusqu'à ce que la lassitude reprenne le dessus. Alors tu t'apaises. Tu laisses ce coeur reprendre ses battements habituels, tu effaces ce sourire de ton visage pour laisser peu à peu réapparaitre sa moue fatiguée. Alors seulement Elle reviendra.



Allez Ombeline,reviens. Reviens et souffres, souffres un peu, j'aime tellement ça !
Umbra
C’est étrange ce flou en moi. Comme si des brides de mon existence ne m’appartenaient pas. Mon corps les a pourtant vécu mais...Où étais-je ?

Je repris connaissance dans un râle de douleur. Ce fut une jeune fille apeurée et honteuse que Soeur Marie-Claire vint rassurer au bord de son lit. Son regard effaré à ma vue recroquevillée ne m’aida pas à me calmer et il fallut du temps pour que je comprenne ce que je devais à cette heure matinale...


Je suis une femme, Opaline.

Nue devant le miroir, je m’observais ou plutôt, je me décortiquais. Mes hématites glissaient de ma longue chevelure charbonneuse à mon regard tout aussi sombre. Me claquant légèrement les joues pour faire rosir mon teint opalin, je mordis aussi ma lèvre inférieure pour en raviver la couleur rougeoyante. Mon attention chutait alors sur mon long cou pâle aux clavicules saillantes. Mes sourcils s’arquèrent ostensiblement à la vue des O entrelacés sur mon buste encore dénué de rondeurs féminines. Griffée au sang, malgré les jours passant, la marque ne paraissait pas vouloir s’estomper. Mon oeillade sévère se riva dans l’angle du miroir pour fixer la fautive. Sans un mot bien évidemment car intimement, cette trace me réconfortait. J’entreprenais de poursuivre mon autopsie quand résonna derrière mon dos :

Ombeline, vous n’êtes pas encore prête ? Il faut vous hâter sinon les produits ne seront pas frais !

Je me hâtais de me vêtir car aujourd’hui était un jour particulier. Pour la première fois, j’allais franchir les remparts du couvent pour aller au marché. J’étais à la fois excitée et anxieuse. Mes pensées se perdaient dans toutes les rumeurs et les à priori que j’avais entendu sur l’extérieur et j’en venais à délaisser ma moitié. Panier au bras, les portes s’ouvraient enfin devant moi.

*

A mon retour, à peine quelques heures plus tard, il me semblait déjà voir le monde différemment.

Opaline, tu aurais du nous accompagner ! C’est tellement vaste dehors ! Les gens grouillent de partout ! Tu aurais du voir ça ! Il y avait des garçons ! Des enfants et des vieillards !

Je m’esclaffais de cette première once de liberté. Je me sentais revivre sachant maintenant que derrière les murs qui me retenaient s’étendait un autre univers. Bien des choses m’avaient marqués lors de cette sortie. Tant que je ne trouvais plus mes mots pour expliquer toute la surprise...et l’effroi que je venais de vivre. Sous l’étrange regard de mon alter ego, je reprenais lentement mes esprits. Je la voyais là seule et triste alors que j’avais eu la chance d’accompagner la religieuse. Elle me faisait beaucoup de peine à cet instant. Je tendis alors ma main vers sa joue et mes doigts effleurèrent la vitre froide de mon reflet...
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