Comment faire pour se glisser dans une soirée mondaine tout en passant inaperçu ?
L'impiccato s'était longtemps posé la question.
Il aimait se fondre parmi les grands qui se pavanaient toujours dans les raouts organisés très régulièrement avec le faste qui accompagnaient l'élite bourguignonne.
Cependant, tout comme les singes, il avait la police aux fesses, et il s'agissait de se montrer discret et malin (oui tout comme un singe, décidément !).
Il attendit donc que la nuit fut bien noire pour approcher de la salle du palais où se tenait le grand rassemblement masqué des nobliaux bourguignons, toujours plus prompts à s'amuser, à se saouler, à se grimer pour pouvoir se regarder dans une glace (Ha ! Qu'ils avaient l'égo modeste !), à se trousser dans les alcôves du palais (sortez couvert et masqué !) et à se goinfrer au banquet payé par les impôts des bourguignons.
Telles les orgies romaines, on se complaisait en décadence et en ripaille sans se soucier du lendemain ou de la plèbe qui trimait aux mines poussiéreuses et harassantes.
Tout comme la civilisation romaine, l'empire viendrait un beau jour à s'effondrer et les belles têtes couronnées et ici masquées, tomberaient au fond d'un beau panier en osier tressé (je connais à ce propos un artisan qui en fabrique de très bonne qualité, me contacter si intéressé !).
L'impiccato appelait à la révolte régulièrement par affiches interposées (il n'était pas assez con pour le dire en face de ses bourreaux qui n'attendaient que çà !) mais il sentait bien que la population était muselée de toute part par un système mis en place pour protéger les valeurs des riches. Le comble du comble était les emplois de miliciens organisés par les riches pour les pauvres qui étaient payés une misère pour garder leurs valeurs. (note : prévoir d'organiser un dîner entre amis en invitant un milicien à la table !).
Il avait donc trouvé un beau déguisement qui lui collait si bien à la peau. Il l'avait confectionné lui-même ne pouvant se permettre de passer par les filières habituelles qui créaient pour les Grands, costumes, bannières, bijoux, armoiries, signatures etc...
Les plus grosses ficelles passaient le plus souvent partout et les nobles en étaient les premiers exemples à bien des égards.
L'impiccato se faufila donc tout habillé de noir par une porte dérobée laissée ouverte par un complice qui avait accès officiellement à la place. Il connaissait en effet quelques personnes au palais qui le renseignaient des faits et gestes du gouvernement bourguignon et des pantins qui gravitaient autour.
Il longea la première muraille dans le noir, il évitait le halo des lampes torches placées ici et là et il s'aventura vers la grande salle somptueuse et luxueuse où le son d'une épinette attirait irrémédiablement le chaland.
Il put éviter sans trop de problèmes les gardes déjà avinés du palais. Après tout, il n'y avait pas de raison qu'ils s'amusent un peu aussi.
Il décida de pénétrer par la porte des cuisines où l'odeur qui émanait lui titilla les narines. Un fumet délicieux s'échappait de la pièce où cuisaient dans la grande cheminée des cochons et des veaux embrochés.
Son accoutrement fit relever les têtes de jeunes commis de cuisine et il en vit blêmir sur son passage. L'avantage d'un bal masqué c'est que personne ne faisait de remarque de peur d'avoir à faire à quelqu'un d'important. Il se permit même de piquer une pomme sur une table sans entendre le moindre : "au voleur !". Il la glissa dans sa besace car pour le présent, il ne pouvait pas la manger.
Il fila vers la salle principale et se fondit parmi les invités déguisés et tous bien propres sur eux.
A présent, où était le vin ?!!!!!!!!!!