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RP - La petite boutique des horreurs

Fleur_des_pois
    {Atelier de Gaia Corleone}


L'atelier était clair, et relativement vaste. La Fée avait besoin d'espace. Les murs de pierres blanches étaient percés de deux fenêtres aux vitres colorées, comme celles des églises. Les rayons du soleil qui les traversaient fragmentaient le sol de pavés rouges de mille éclats verts, jaunes, ou roses.
De chaque côtés des carreaux, des bouquets de fleurs et de plantes séchaient doucement, ni trop à l'ombre, ni trop en pleine lumière.

Contre le mur du fond, une large cheminée pouvait aisément accueillir deux chaudrons. Sur le manteau de bois ouvragé, les bougies se mêlaient aux vases emplis de fleurs.
S'étalant sur presque toute la longueur du mur de gauche, une série d'étagère accueillaient une quantité impressionnante de sachets de toile, de bocaux de verre, de fioles et de flacons.
Près de la porte, dans un panier rond, fermé, deux crapauds coassaient à intervalles réguliers. Une vipère sifflait dans un autre.

Une longue table de bois occupait un tiers de l'espace. Couverte de plumes usagées et de plumes neuves, de sachets vides et de plantes fraiches en vrac. Une pile de parchemins s'y étalait, certains vierges, d'autres couverts d'une écriture ronde et violette. Un pot d'encrier plein faisant le pendant d'un vide au fond couvert de liquide séché. Un alambic trônait en bout de table, aux côtés d'un grimoire et de deux épais herbiers. Un carnet ouvert, un autre fermé, achevait de recouvrir le bois verni.

Sur le banc près de la table, un chaton noir se léchait la patte d'un air distrait, dans un carré de lumière jaune. Sous une fenêtre, deux couvertures superposées servaient de lit à deux chiens au physique étonnant. L'un d'eux, noir et blanc, n'avait que trois pattes, l'autre, marron et blanc, avait les poils hirsutes et rêches. Une oie cancanait dans un coin à la recherche d'un sac de grain jeté dans un coin, près d'un fût. Celui-ci, mis en perce, était empli d'un alcool fort, ambré. La fameuse gnôle d'orties dont Gaia se régalait si souvent.

Assise près du chaton, les jambes repliées en tailleur, Fleur était occupée à rouler une bande de tissu propre. Une tranche de pain couverte de pâté de lapin à portée de main, elle œuvrait, attentive et concentrée, la langue coincée entre les dents.
La Fée attendait son cousin, mais ne restait pas inactive. Gabriele était rapide à comprendre, elle avait pu en juger en taverne, l'autre jour. Néanmoins, cela ne signifiait pas que les leçons seraient vite acquises. Entre la théorie et la pratique, il y avait un fossé. De plus, il y avait beaucoup à apprendre. Heureusement, c'était le Printemps. La saison idéale pour se plonger dans l'univers aussi beau que dangereux, des plantes et des fleurs.


Titre : film du même nom
Gabriele.
L'idée avait été émise, quelques jours auparavant. Et pourquoi pas un Atelier, dans notre quartier, pour nous permettre d’œuvrer en toute tranquillité, sans avoir les casse-pieds pour venir nous interrompre ? Pas les membres du Clan, bien sûr, mais les autres, les gens extérieurs, qui n'étaient utiles que morts pour servir à nos petites expériences. J'en étais à m'imaginer toutes sortes de petites tortures, ou des dissections en tout genre, pour pouvoir découvrir comment c'était, dedans. J'étais curieux de nature, et plus les mois passaient, pire ça devenait. Au contact de la Nordique, et mon sang aidant, j'avais pris goût aux sévices corporels qui étaient encore plus doux sur mes victimes lorsqu'accompagnés de quelques piques mentales, choisies avec soin.
Le temps passant, mon passe-temps de faire souffrir avait évolué, me tournant vers les différentes façons de soigner. Pas pour les appliquer sur ces gens de l'extérieur qui ne comptaient pas, non, mais bien pour réserver mon savoir à ceux qui le méritaient vraiment : mon clan. Par chance, mon propre père en savait long sur le sujet, et avait commencé à m'enseigner quelques rudiments de la médecine, me conseillant même certains ouvrages en grec ou en latin, où je pourrais étancher ma soif de connaissance.

Pas assez encore. Les différentes façons de soigner m'avait inéluctablement amenées à m'intéresser aux plantes. Sources de folies comme sources de douceurs, douleurs et apaisements. Un joyeux paradoxe qui me plaisait beaucoup, puisqu'étant moi-même profondément tout et son contraire.
Les plantes, à la fois poisons et remèdes, mort et vie. Mon padre, encore une fois, m'y avait initié, m'avait enseigné les propriétés vénéneuses et curatives de quelques unes, racines ou feuilles, tout en me faisant ingurgiter certains poisons à faible dose pour provoquer chez moi une immunisation lente, mais salvatrice en cas d'empoisonnement réel. De la vie à la mort, il n'y a qu'un pas après tout, et si la mithridatisation peut permettre d'éviter de faire ce pas de trop, et bien je me montrais prompt à l'accepter. C'est ainsi que l'arsenic, la belladone et quelques autres substances de la même famille avaient peu à peu pris leurs habitudes dans mon organisme, tant et si bien que je finissais par ne plus en sentir les effets lorsqu'à faible dose, je les laissais courir mes veines.

Gaïa. La cousine, le Lutin, qui savait toujours tout sur tout, lorsque ça concernait les plantes, et plus généralement les soins. J'en étais venu à l'admirer, à lui poser mille questions pour apprendre encore et toujours plus. Lorsque mon Padre se montra trop faible pour s'occuper des nôtres, j'avais supplié la Fleur de revenir, de nous venir en aide. J'avais une confiance totale et absolue en elle, et elle avait accepté.
Oh. Il y avait bien eu cet épisode...où elle avait fourni à Daeneryss la drogue nécessaire à me priver de mes mouvements mais non de mes sens, la chorydale, mais c'était après tout de bonne guerre, et je ne pouvais pas lui en vouloir, d'autant qu'elle s'était ensuite relativement bien rattrapée en me trouvant la substance...idéale, pour ce que j'avais réservé à la future Corleone.
Et puis, surtout, elle s'occupait du mariage, et ça...Je ne pourrais jamais assez l'en remercier. Découvrir que ma famiglia mettait autant d'entrain à cette union ne pouvait que me rendre fier.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas dans l'optique de parler de l'événement grandiose que serait mon mariage que je venais la trouver, mais pour tout autre chose.


«- Gaïa ? Me voilà. »

Apprends-moi.
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Pour toute réclamation, merci de vous adresser à LJD Tigist
Fleur_des_pois
Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille, à distiller la grandeur, et même à enfermer la mort dans un flacon...

Les joues arrondies par le morceau de pain qu'elle mâchonnait, Gaia se tourna vers la porte. Gabriele venait d'entrer. Souriant tout en avalant, la Fée lui fit signe de s'approcher.
Ainsi donc, son cousin désirait apprendre. Si au départ, elle avait hésité, l'Ortie avait depuis changé de sentiments. Son cousin ne désirait pas prendre sa place. Il n'y aurait jamais qu'une seule maîtresse empoisonneuse au sein de la Famiglia. Et elle aurait sans doute besoin d'aide si d'aventures, les siens étaient blessés. Même Gaia ne pouvait pas soigner tout le monde en même temps.


Entre, entre !

Décroisant les jambes, Fleur repoussa les bandes qu'elle roulait. Bondissant vers la cheminée, elle ranima le feu en y jetant quelques bûches. Un chaudron, plein d'eau, laissait s'échapper quelques volutes de vapeur blanche. L'autre, relégué dans un coin, était vide. Il serait utile en son temps.
Puisant à l'aide d'une coupe, un peu de vin dans un tonneau en perce, Fleur tendit le breuvage à son cousin. Il n'était pas dit que Gaia manquerait aux devoirs de l'hospitalité.


Assieds-toi, je t'en prie.

Le Lutin se laissa tomber elle-même à la place qu'elle venait de quitter. Par où commencer ? Une visite des lieux ? Gabriele en aurait vite fait le tour. Tirant vers elle l'épais herbier, elle en tapota la reliure de cuir, usée aux coins. Se saisissant, après une fouille rapide, d'un carnet aux pages vierges, fabriqué par ses soins, elle le tendit à son cousin. Une plume de cygne et un pot d'encre furent ajoutés.

Tu pourras noter là-dedans. Ne le confie jamais à quiconque. Ne t'en sépare jamais. Et si possible, use d'un code compréhensible de toi seul. Le secret des plantes se confie de bouche à oreille, et si un ignorant venait à utiliser tes connaissances... Ce serait désastreux.

Fleur adressa un sourire à Gabriele. Buvant une gorgée de vin, elle réfléchit un instant. Par où commencer ? Par quoi Isolda la Guérisseuse avait débuter son enseignement, lorsqu'elle avait versé son savoir dans l'esprit de son apprentie, sept ans auparavant ? Ce n'était pas par les plantes à proprement parlé. Tout d'abord, elle lui avait fait consulter l'herbier. Puis les livres. Mais avant tout cela, il y avait eu autre chose encore. Son regard brun tomba sur les bandes à demi enroulées qui jonchaient la table. Puis sur les étagères pleines à craquer. Un léger sourire étira ses lèvres roses.

Avant d'apprendre à tuer, il faut apprendre à soigner. On ne peut s'octroyer le droit d'abréger une vie que si l'on sait comment en sauver une autre. C'est ainsi que j'ai appris, et c'est ainsi que je vais t'apprendre. Mais avant toutes choses... Gaia regarda attentivement son cousin, plissant légèrement les paupières. Il faudra que tu me promettes que tout ce que je vais t'apprendre ne sortira pas d'ici. Les secrets doivent rester secrets. Il faudra que tu me promettes aussi de suivre mes conseils, et mes ordres si je t'en donne. Et il faut que tu ais conscience d'une chose, Gabriele... Si Rome ne s'est pas construite en un jour, ton savoir ne sera pas complet en une semaine. Et il faut que tu saches aussi que les premiers temps, ce savoir ne sera que théorique. Nous passerons à la pratique lorsque tu m'auras prouvé que tu sais la technique.

De nouveau, un sourire se peignit sur le minois du Lutin. Ces conditions étaient importantes. Le mystère, le secret, étaient parties intégrantes de son enseignement. La patience l'était également. La Nature allait à son rythme, pas à celui des Hommes. Après tout, elle-même avait mis cinq longues années pour tout apprendre. Cinq années difficiles, pénibles, dures. Mais elle avait un don. Isolda le lui répétait souvent, tout comme les empoisonneuses qui lui avaient donné la leçon une fois que la Guérisseuse l'eut chassé de chez elle. Elle avait du talent, du doigté, et assez d'imagination pour concocter quelques poisons de son invention. Les plantes n'avaient pas de secret pour elle, ou si peu.

Es-tu prêt, mon cher cousin, à te plonger dans l'univers fascinant des poisons et des remèdes ?

Harry Potter à l'école des sorciers - J.K. Rowling
Gabriele.
L'endroit ressemblait trait pour trait à son occupante. Un atelier qui peut paraître simple, discret, mais qui recèle des milliers de secrets, pour certains plus effrayants les uns que les autres. J'étais entré dans la pièce en y appréciant l'ambiance, et je comprenais que celle-ci n'était présente que parce que le Lutin aussi s'y trouvait. Ma cousine avait cet effet sur les gens, si elle savait sans aucun doute dispenser la Mort de dix mille façons différentes, c'était pour mieux se sentir en vie, et c'est de cette dernière qu'elle irradiait sans cesse, ne pouvant que m'arracher un sourire alors que je m'approchais d'elle, sans pour autant arrêter de jeter des coups d'oeil curieux partout autour de moi.

Si on devait lister mes qualités, je pense que l'on pourrait commencer, après la beauté, par citer ma curiosité. C'était sans aucun doute un des nombreux traits de caractère que j'avais hérité de mon père. Tout m'intéressait, et encore plus lorsque ça pouvait m'être utile pour faire souffrir, ou pour venir en aide aux miens. Là, en l’occurrence, ça remplissait ces deux conditions, c'était donc deux fois plus attisant pour mon envie de connaître.

« - Grazie Gaïa. »

Récupérant le breuvage offert par ma cousine, je pris place à ses côtés, repliant mes jambes en tailleur comme elle le faisait elle-même. Je récupère le carnet, la plume et l'encrier, et dépose le tout sagement devant moi, prêt à noter chaque détail qui pourrait m'être utile. Dans ma tête, déjà, je commence à réfléchir à ce fameux code. Je pourrais écrire en Italien, mais ce serait trop simple, n'importe qui pouvait parler italien de nos jours. Non, ce n'était pas une bonne idée. Mais alors...Quoi ?
Un sourire éclaire mon visage. Ça y est, j'ai trouvé. Ce sera donc un mélange de plusieurs langues, celles que j'avais appris au collège, et que mon padre m'avait aidé à perfectionner. Italien, français, grec et latin. Voilà qui devrait suffire à semer le trouble dans l'esprit de ceux essayant de me déchiffrer. Je redresse la tête, indiquant à ma cousine que j'ai fini de songer, bien que cela n'ait pas duré plus de quelques secondes.

Mon regard, comme aimanté par celui de mon enseignante, le suivit pour se poser sur les mêmes objets qu'elle, me demandant à quoi telle ou telle chose pouvait bien servir. Si c'était quelque chose qui pourrait servir à sauver, ou à tuer, ou peut-être les deux, va savoir. Beaucoup de plantes possédaient après le tout le pouvoir de guérir comme d'ôter la vie. C'est ce qui les rendait si intéressantes, si...passionnantes.
Attentif, les deux oreilles bien ouvertes, j'écoutais les recommandations de la Fée, acquiesçant de la tête à chacune d'entre elle. S'il pouvait m'arriver de passer pour un gamin parfois, par rapport à certaines de mes actions, je n'en restais pas moins respectueux, et surtout avide de commencer à apprendre tout ce qu'elle pouvait m'enseigner. Je suivrai chaque demande à la lettre, je m'appliquerai pour être l'élève modèle dont pouvait rêver Gaïa.


«  - Bene. Promeso. Je serai patient. Et je suis plus que prêt ! »

Vas-y, cousine, déverse donc ton savoir...Je suis là pour le boire jusqu'à la dernière goutte pour qu'il fasse partie de moi, comme il fait partie de toi.
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Fleur_des_pois
Qu'est-ce donc qu'une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus ?

Un sourire fit tressaillir la commissure des lèvres de la Fée. Il était prêt et avait soif d'apprendre. Elle saurait lui livrer ses secrets. Ou du moins une partie. Savoir était une chose. Tout le monde pouvait apprendre. Mais le reste... La magie de cette connaissance, ce n'était pas donné à tous. C'était ce qu'Isolda n'avait eu de cesse de lui répéter. Ne pas se contenter de la connaissance. Aller plus loin, toujours plus loin. Au-delà des limites.
Pianotant sur l'épais herbier, Gaia se tourna vers son cousin. Tous les savoirs ne résidaient pas dans les livres, après tout.


Tout d'abord, commençons par quelques conseils. Achète-toi une besace en cuir, solide. A l'intérieur, doit toujours être présent des bandes de tissu propre, et bouilli, que tu conserveras dans un sac en toile, bouilli aussi. Une fiole d'alcool fort, comme de la gnôle. Un aiguille et du fil. Jamais tu ne dois manquer de ces éléments là. Dis-moi, Gabriele, pourquoi faut-il que le tissu et le sac soient bouillis ?

Questions de bases, pour le commencement. Viendraient ensuite quelques vérifications d'usage. Tout d'abord, apprendre à son cousin les premières nécessités. S'il ne les connaissait pas déjà.
A quoi s'attaquer ensuite ? Les soins. Comment soigner un mal de crâne ? Un mal de ventre ? Une blessure ? Fallait-il enseigner les plantes ou les réflexes que doit avoir un médicastre et un guérisseur habile et rapide ? Quelles étaient les priorités de Gabriele ?
Le Lutin se rétablit sur ses pieds, et s'approcha du chaudron. Les volutes de fumée s'accrochaient à ses épais cheveux noirs. Des perles d'eau minuscules s'y agrippaient peu à peu.


Il existe trois méthodes de préparations, pour les plantes. L'infusion. La décoction. La macération. L'infusion, tu connais. Il suffit de faire bouillir de l'eau, et d'y ajouter ensuite les plantes, une fois l'eau hors du feu. La décoction, il faut mettre les plantes dans l'eau pendant qu'elle chauffe, sur le feu. La macération, c'est le même principe. On met des plantes dans l'eau, mais cette fois-ci à froid. Si les deux premières méthodes sont relativement rapides, en général, pour une macération, il faut laisser les plantes toute une nuit. Ces trois possibilités cependant ont la même faille. Le temps. Le temps est leur ennemi. Elles ne se conservent que quelques heures, au plus un jour.

Fleur désigna l'alambic, posé en évidence. S'approchant de l'appareil, elle l'effleura du doigt, presque amoureusement.

On peut extraire aussi les principes actifs avec ceci. Sais-tu me le nommer ? Et peux-tu me donner deux façons de conserver les préparations, telles que l'infusion, la décoction ou la macération, pour qu'elles durent dans le temps ?



Ralph Waldo Emerson
Gabriele.
Les premières recommandations tombèrent, et je les buvais, avidement. On pouvait me reprocher, parfois, de manquer de sérieux, de ne pas réfléchir avant d'agir, je le reconnaissais et j'étais capable lorsque c'était nécessaire, de me remettre en question afin de pouvoir réparer mes erreurs. Mais lorsqu'il s'agissait de l'avenir de mon clan, de son bien-être et de sa prospérité, je savais faire preuve d'un zèle sans pareil.
L'idée du sac me fit doucement sourire. Avec ça, et pareil attirail, on pourrait dire que j'étais vraiment le sosie de mon Padre. Papà avait toujours un sac, et dedans, toutes les choses que venaient d'énumérer Gaïa, entre autres. Lui conservait également de très nombreuses fioles contenant décoctions et autres poisons, ainsi que d'autres, vides, pour faire ses préparations. Son père...Il me manquait, parfois. Il n'y avait pour ainsi dire pratiquement aucun homme dans le Clan, et je me sentais souvent cerné, et seul. Mon père me comprenait, et m'aidait à me sentir utile. Bien sûr, cela, je n'en avais parlé à pratiquement personne. Seule Dae, ma Daeneryss, avait su voir ce qui me travaillait.


« - Bene. Hm...Allora, je dirai que c'est pour éviter la propagation des germes ? Enfin. Je pense. Je sais que le tissu qui est bouilli est aussi plus imperméable. »

Je regarde ma cousine, attendant le verdict, avec un intérêt certain. Je n'ai pas été sûr de moi dans ma réponse, et pour cause, je ne la connais pas exactement, mais puisque je suis là pour apprendre, je vais le faire. Je fonde pour l'instant mes connaissances sur ce que j'ai pu lire, ou sur des simples suppositions de ma part. Restait à espérer que mes suppositions ne soient pas trop idiotes.
La suite m'intéresse au plus haut point. Je me suis mille fois demandé comment l'on pouvait faire ressortir l'effet des plantes. Je savais, bien sûr comment fonctionnait l'infusion, les deux autres méthodes m'étaient beaucoup moins familières.
Consciencieusement, je notais les informations délivrées dans le carnet que m'avait confié Gaïa, dans une écriture que je serai le seul à pouvoir comprendre. Oh, ce n'était pas des choses pour ainsi dire primordiales, mais je tenais malgré tout à m'en souvenir.

Ma prise de note terminée, je relevais les yeux sur l'objet dont il était question à présent, et un léger sourire encore prit place sur mes lèvres. J'avais déjà vu ça quelque part. En Italie. Le mot d'ailleurs, fuse dans ma langue natale. Je ne savais pas comment le dire en français.


« - Distillatoio...Ca sert pour faire l'alcool aussi, no ? Comment ça fonctionne ? »

A nouveau, une expression de concentration intense apparut sur mon visage. Comment conserver ? Là...C'était une bonne question.

« - Hm...Papà garde ses préparations dans des fioles en verre. Sinon...Hm. Le froid peut-être ? »
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Fleur_des_pois
Non.

La réponse fusa, un peu sèche peut-être. Contournant la table, Gaia s'empara d'un bocal transparent, contenant une matière brune qui ne laissait aucun doute quant à son identité. Il ne s'agissait de rien d'autre que de bouse de vache, ramassée par la Fée spécifiquement pour les cours qu'elle offrait à son cousin. Posant le récipient brutalement devant lui, elle l'ouvrit, l'air dégouté. Cette moue méprisante ne trouvait pas son origine dans l'odeur nauséabonde qui s'échappait du bocal.

Tu vois ceci ? Tu sais ce que c'est, pas besoin d'expliquer.

Le Lutin se pencha. Se saisit de sa dague qui gisait sur la table. Et d'un mouvement précis et rapide, s'entailla la paume de la main gauche, y dessinant comme un croissant de Lune écarlate.
Grimaçant à peine, toute à sa tâche, Fleur tamponna un morceau de bande sur la bouse.


Tu comprends ? Si tu n'ébouillantes pas tes linges, ils seront pleins de microbes. Me soignerais-tu avec ce bout de chiffon souillé ? L'appliquerais-tu sur une plaie profonde ?

Serrant son poing pour maintenir le sang dans sa main, le Lutin referma le bocal de l'autre. Imbibant un morceau de tissu de teinture d'ail, l'Ortie désinfecta la blessure tout en continuant son cours.

Certains médicastres estiment que pour soigner les plaies, il faut appliquer un cataplasme de cette matière-là, fit-elle en indiquant la bouse. Bien évidemment, de telles pratiques sont utiles si le but est de faire passer le blessé de l'autre côté. Mais si on veut soigner, et soigner vraiment. Il faut d'abord désinfecter comme je l'ai fait. Teinture d'ail, ou alcool par exemple. La procédure varie ensuite selon le type de blessure. En tout cas, faire bouillir ses bandes et les conserver dans un étui bouilli lui aussi permet de limiter la propagation des microbes infectieux. Tu comprends ?

Presque distraitement, Gaia noua la bande autour de sa main. La coupure n'était pas profonde. Il n'y avait pas lieu de s'inquiéter.
De nouveau, la Fée prit place devant l'alambic. Lentement, elle en sépara les éléments. La chaudière. La grille. Le serpentin. L'essencier. Ôtant délicatement quelques tisons brûlants de sous le chaudron qui bouillonnait dans l'âtre, le Lutin les déposa dans un brasero, près de l'alambic. Ajoutant quelques petits morceaux de bois pour faire partir un léger feu, Gaia s'empara ensuite de la chaudière, qu'elle emplit à moitié d'une eau provenant d'un seau.


C'est un alambic. Effectivement, on s'en sert pour faire de l'alcool aussi. Elle déposa avec précaution l'alambic sur le brasero. Tout d'abord, de l'eau claire. Ensuite, on installe la grille. Les plantes ne doivent pas entrer en contact avec l'eau, sauf quelques cas précis. Avec les racines, les écorces, les poudres, ou les fleurs très délicates. Dans ces quatre cas, il faut plonger les plantes dans l'eau. Fleur installa ensuite la grille quelques centimètres au-dessus de la surface liquide. La distillation peut mettre entre trente minutes à plusieurs heures. Ca dépend de la fleur et de la quantité. J'ai ici de la menthe poivrée fraichement cueillie. La Fée recouvrit la grille d'une épaisse couche de feuilles vertes. Ne surtout pas les couper ni les hacher, ça leur fait perdre de leur substance.

Gaia referma la bombonne et s'approcha des étagères. Elle choisit un fiole vide, au verre couleur d'émeraude. Retournant s'asseoir, elle déposa le récipient près de l'alambic en fonctionnement.

Dans quelques temps, ce que l'on nomme le distillat passera dans le serpentin. Le serpentin, comme tu le vois, est plongé dans l'eau froide. C'est ainsi que la vapeur est refroidie. Ensuite, distillat tombera dans l'essencier. Il suffira alors de séparer l'huile de l'eau restante. Et c'est ainsi qu'on obtient des huiles essentielles. On peut conserver l'eau, leurs effets sont aussi efficaces.

Croisant de nouveau les jambes en tailleur, Gaia rejeta sa longue chevelure de jais en arrière. Tapotant de son ongle la couverture de cuir usée de l'herbier posé devant elle, la Fée fronça légèrement les sourcils.

C'est une des deux méthodes de conservation dont je te parlais. Les huiles se conservent deux années. L'autre, c'est l'alcool, le meilleur étant le vin. Mélanger par exemple une infusion à une bouteille d'alcool permet de les conserver sans mal plusieurs années. Toutefois... Bien que les huiles soient très efficaces, ce n'est pas ma méthode préférée. Pour la bonne raison qu'en comparaison de la quantité de plantes utilisées, le rendement est faible, et donc onéreux. Je vends les huiles bien plus chères que les simples produits.

Puis, réalisant que peut-être, elle avait parlé trop vite et sans s'arrêter, le Lutin se tourna vers son cousin.

As-tu des questions ?
Gabriele.
La magie des plantes.
Tuer, guérir, provoquer des effets tant désirables qu'indésirables, tant de contraires qui m'attiraient vers l'un et vers l'autre, inexorablement. Je ne réussirai jamais à m'en désintéresser, même si au départ je ne souhaitais vraiment que pouvoir soigner les miens, je ne vais certainement pas cracher sur un petit extra. Pouvoir tuer et faire souffrir des jours durant grâce à une bonne dose de poison, un cocktail de mort dispensé généreusement, réveillait en moi les plus bas instincts de tueur.

La réponse sèche de Gaïa m'a légèrement laissé perplexe. Je n'ai visiblement pas donné la bonne réponse, mais je ne pensait tout de même pas en être si éloigné. Visiblement si. Je sais que je suis en apprentissage, et qu'il est normal de ne pas tout savoir, mais à en juger la réaction de la cousine, je devais être sacrément ignorant pour le coup.
Je ne veux pas la décevoir. Elle m'a donné une chance que je ne veux en aucun cas gâcher. Alors je me reconcentre, trempe la plume dans l'encrier et note les précisions données par le Lutin, tout en fronçant le nez en la voyant s'entailler d'une part – alors que nous aurions parfaitement pu trouver un pauvre bougre pour servir de cobaye dans les rues de la Cour des Miracles – et en voyant qui plus est sa main s'approcher d'un peu trop près d'une bouse de vache aux senteurs bien trop relevées à mon goût. Je ne suis pas un idiot, j'ai lu dans certains livres qu'un cataplasme d'excréments fraîchement printaniers pouvait amener la guérison mais je n'y apporte aucun crédit. La saleté amène les infections et la maladie, ce qui mène en général à la mort. La merde – disons le clairement – est ce qu'on fait de mieux dans le genre saleté.


« - Sì, comprendo. Il faut que ce qu'on utilise pour soigner soit le plus propre possible pour protéger le patient des infections, et éviter d'utiliser de la merde anche. Teinture d'ail ou alcool. Bene. »

Tout en l'écoutant, je notais également chaque précision dans mon carnet. Je voulais retenir chaque leçon, et pour se faire le mieux était encore d'avoir un rappel à l'écrit. Mais je ne pouvais m'empêcher de relever la tête de temps à autre pour la voir faire son bandage d'une main sûre et experte, c'était un geste tout naturel pour elle, il fallait que ça le devienne pour moi également.
Alors qu'elle s'affairait à défaire chaque élément de l'alambic, j'en fis un rapide croquis duquel je faisais partir des flèches des éléments importants, notant leurs noms à mesure que mon enseignante les énumérait, et numérotant les étapes de la fabrication. Curieux, je me levais ensuite pour observer l'alambic de plus près, et la réaction qui était entrain de se produire. Mentalement, je m'appliquais à comprendre le fonctionnement, la place de chaque pièce et son utilité. Le procédé me paraissait en effet très long, et coûteux. Il fallait énormément de plantes pour une fiole si petite d'huiles essentielles.
Revenant me mettre assis, je notais les quelques observations que j'avais pu faire, avant de relever un regard curieux sur Gaïa.


« - J'ai une question : Quand on mélange l'infusion à l'alcool, ça ne réduit pas son efficacité ? Si c'est le même rendement, pour une conservation égale, alors en effet, je ne vois pas bien l'intérêt d'utiliser l'alambic, alors que l'infusion est beaucoup plus rapide, moins compliquée, et qu'il n'y a pas vraiment besoin de matériel, à part de l'eau chaude. Parce que bon...L'alambic là, c'est quand même assez imposant. Pas pratique quand on voyage. »

Je m'imaginais bien trimbaler tout ça en charrette de ville en ville tiens. Niveau discrétion pour les prises de mairie, on repasserait. Avec toute cette ferraille, on m'entendrait arriver de très très loin.


« - Sinon, j'ai bien compris le reste, je pense. J'ai tout noté. Est-ce qu'il y a des plantes qu'il vaut mieux n'utiliser qu'en huiles essentielles particulièrement ? Et, puisque c'est de l'huile, admettons...ça ne risque pas de se voir dans le cas d'un empoisonnement ? Dans un liquide ça risquerait d'être repérable, non ? »
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Son élève prenait des notes. Un bref sourire étira les lèvres du Lutin, qui l'espace d'un instant, se perdit dans une sorte de nostalgie. Elle se souvenait de ses propres débuts. Ses tâtonnements maladroits, ses remarques stupides. Non que Gabriele posât des questions stupides. Il était adulte, et capable de réflexion. Heureusement plus qu'une enfant de onze ans. Mais elle, à l'époque, lorsqu'il lui avait fallu apprendre et comprendre... Comme elle eut du mal avec le concept de la mort, elle qui était si pure... Du moins, aussi pure qu'une Corleone puisse l'être. Mais elle avait appris. Et plus elle apprenait, plus elle se gorgeait de ce savoir ancestrale, plus sa beauté s'épanouissait. Comme si, en faisant le mal autour d'elle, les dieux l'avaient récompensé en lui offrant un visage frôlant la perfection. Comment alors pouvoir changer de cap, elle qui avait toujours été si vilaine jusqu'alors ? Son chemin semblait tout tracé. Naturel. Evident. Celui de Gabriele l'était moins, évident. Ce n'était pas les plantes qui étaient venues à elles, c'était lui qui était venu aux plantes.

La Fée secoua légèrement sa tête aux boucles de soie brune. Répondre aux questions, expliquer à l'élève, dispenser son savoir presque infini. Un autre sourire illumina les traits de Gaia. Son cousin ne voyait pas encore, n'anticipait pas. Il n'avait pas l'esprit assez ouvert. Ce n'était pas un manque d'intelligence, Fleur estimant son cousin doué de facultés mentales très satisfaisantes. C'était tout simplement qu'il n'était pas encore... imprégné comme elle l'était, elle qui était gorgée jusqu'aux yeux de plantes et de racines en tous genres.
Elle s'approcha de lui, se redressa, quitta le banc et partit chercher une tasse d'eau, un godet de vin, et une fiole d'huile, qu'elle posa devant son cousin. Elle le regarda intensément, comme s'il allait comprendre seul les méandres de l'esprit lutinien.


Tu me demandes quel intérêt il y a à conserver les plantes dans le vin. Entres autres. Commençons par ceci.Elle désigna le godet de vin et la tasse d'eau. Imagine-toi dans l'urgence. Quelqu'un - l'un des nôtres - est blessé. Il souffre. La douleur est insupportable. Ne vaut-il mieux pas avoir une bouteille de vin pleine de produit pour l'apaiser, plutôt que de devoir faire bouillir l'eau, laisser infuser, et refroidir au besoin ? Imagines-tu ce que cela donnerait dans le cas d'une macération qui doit rester au repos toute une nuit ? Elle lui adressa un sourire léger. Quant à l'huile... Ah. L'huile. Tu apprendras avec la pratique. Il ne s'agit pas de voyager avec un alambic, mais d'être assez prévoyant pour avoir fait ses mixtures avant. Mais regarde... et comprends.

Gaia déboucha le flacon d'huile essentielle, et en répandit une goutte sur le dos de la main de Gabriele. Du bout de l'index, elle fit pénétrer le produit en cercles concentriques. Les yeux rivés sur son doigt qui tournait, elle expliqua à voix plus basse, presque avec révérence.

Imagine une victime... N'importe qui. Mettons un homme influent. Il fait goûter ses plats, ses boissons. Se méfiera-t-il cependant d'une huile pour lui détendre la nuque ? Surtout si une pauvre demoiselle qui semble bien malheureuse la lui vend. Elle lui proposera même de l'appliquer. Pour le détendre. Et lui, pauvre homme qui s'imagine passer le reste de la nuit avec cette pauvresse qui ne peut rien lui refuser, ignore encore que les doigts agiles et protégés par une paire de gants, par exemple... sont en train de lui étaler soigneusement de la digitale. Et comme tu le sais peut-être, un simple contact avec cette plante nuit gravement à la santé.

Elle pouffa de rire, enchantée que son esprit tortueux ait pu lui souffler pareille façon de tuer quelqu'un. Gaia, depuis longtemps, avait perdu toute forme de conscience. Elle n'avait donc aucun soucis à envisager les pires tortures.

Et enfin... Non. Aucune en particulier à absolument utiliser en huile. Il y a des extraits plus durs à obtenir, quand il s'agit de racines, ou d'écorces. Tout dépend du problème. Une foulure par exemple, se soignera avec de l'huile de lavande, quand on utilisera cette même lavande en infusion pour aider quelqu'un à trouver le sommeil. Autres questions ?
Gabriele.
Gabriele Corleone n'est pas pur.

Je suis un concentré de vices à l'état brut. Jeune, avant de découvrir quelle puissance coulait dans mes veines, je n'étais attiré que par la luxure et la beauté, me saoulant de bon vin dans les bras de belles femmes, les faisant jouir de mon arrogance. A chaque jour suffisait sa peine, et je mettais beaucoup d'ardeur à l'ouvrage. C'était l'avant Corleone. L'avant Spiritu Sanguis. J'avais bien changé à présent, et même si je m'amusais encore parfois à abuser de mon pouvoir de séduction, je jouais à présent dans une toute autre cour.
La cour des Grands. La cour des Miracles, aussi.

J'ai découvert au contact de cette famille qui m'était quelques années auparavant complètement inconnue que la jouissance n'est pas toujours sexuelle. J'ai appris à jouir de la souffrance des autres, de ces victimes choisies sans critères particuliers, juste parce qu'elles se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment. Au départ, il ne s'agissait que de ceux m'ayant contrariés. A présent...Qu'importe le visage anonyme, du moment que je pouvais jouer des heures durant. Mes préférés étaient les hommes, assez bien bâtis, ceux qui résistaient le plus longtemps avant de rendre l'âme. J'ai appris que la souffrance est un art. On la dispense comme on peint une toile magnifique. Les miennes sont de carmin.

Mon regard se pose un instant dans celui, perçant, de ma cousine. Elle est perturbante, parfois, mais je reste studieux et ne montre pas mon trouble. Mon nez à nouveau se fronce dans une moue pensive alors que je regarde les récipients qu'elle vient de ramener. Tout s'imbrique dans mon esprit à mesure que les explications s'égrainent. Je comprends enfin. Il m'en aura fallu du temps, mais je sens que le déclic vient d'avoir lieu. Je me souviens mon père et toutes ses mixtures toujours prêtes à l'avance. Je me souviens Fleur qui faisait de même.
Anticiper.
Je le note dans mon cahier. En gros.


« - Gagner du temps. Aller au plus rapide, au plus efficace. Sì. La préparation avec l'alcool permet d'agir immédiatement. »

Les yeux suivent les mouvements du Lutin. La goutte d'huile essentielle qui pénètre dans sa peau sous l'action de la main féminine. J'acquiesce en silence, comprenant bien toutes les explications mais ne souhaitant pas briser immédiatement le caractère presque mystique de l'opération. L'huile disparaît dans les pores de ma peau qui l'absorbent totalement.
Enfin, mon regard remonte vers le sien, avec un léger sourire.
« - Je connais les effets de la digitale. » J'ai passé de nombreuses heures à retenir les effets de quelques plantes. Leurs effets bénéfiques, d'une part, mais aussi ce qu'on peut en tirer comme réaction nocive. Mon sourire est teinté de sadisme, à l'instar de celui de ma cousine. On ne se refait pas. Certains qualifient le poison d'une arme de lâche et de trouillard, je la considère plutôt comme une forme distinguée de donner la mort. L'élégance et l'intelligence dans une arme qui ne laisse aucune trace et qui ne peut être anticipée, ni parée.

«  - Dis-moi Gaïa, quelles sont d'après toi les huiles essentielles à toujours avoir sur soi ? Continue de m'apprendre. Je veux connaître tous les effets. »
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Fleur_des_pois
Si Gabriele avait pratiqué séduction et oisiveté durant sa vie, cela n'avait jamais été le cas de sa cousine. Lorsqu'elle ignorait encore son nom, elle avait aspiré à s'en forger un elle-même. Elle refusait de n'être personne. Et lorsqu'Enjoy l'avait trouvé, la Fée avait déjà une petite réputation. Elle était l'Empoisonneuse, la virtuose des poisons, qui transformait un vin exquis en boisson meurtrière, sans que le goût n'en soit altéré. On mourait en savourant le bouquet du sang de la vigne, sans se douter que dans les veines se figeait notre propre sang. Et puis, elle avait été révélée. Fleur des Pois n'était plus l'orpheline, elle avait des racines. Et quelles racines ! Elle était Gaia Corleone. Son nom seul faisait trembler. Patronyme adoré qu'elle rendit plus terrifiant encore, avec l'aide des mixtures qu'elle confectionnait. Elle s'amusait des rumeurs, en créait même parfois. Elle voulait être crainte autant qu'elle avait été maltraitée, enfant. Elle voulait susciter le désir autant qu'elle avait susciter l'indifférence. Elle voulait entrer dans la légende, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Elle ne voulait pas que son nom soit oublié. Et sa grande beauté l'y aidait, indubitablement. Les regards de convoitises des hommes qu'elle croisait, les commandes qui affluaient. Gaia Corleone était en train de forger son histoire. Et elle la forgeait dans l'or.

La Fée sortit de sa rêverie en secouant légèrement la tête. La question de son cousin lui fit froncer légèrement les sourcils. Songeuse, elle établissait mentalement une liste. Qu'avait-elle elle-même comme huiles, toujours sur elle ? Quelles étaient celles qu'elle ne prenait qu'occasionnellement ? De quoi soigner, apaiser, soulager... Mais aussi assassiner avec art, troubler les sens, faire perdre l'esprit. Toutes ces fioles qui tintaient joyeusement dans sa besace. Toutes ses fioles qui ne la quittaient pas.


La menthe poivrée, répondit-elle soudainement. Pour les maux de tête. La lavande, pour calmer et apaiser. La digitale, pour les cas d'urgence ou les imprévus. De manière générale, je prépare davantage d'huiles pour apaiser que pour faire souffrir. Parce que j'utilise ces huiles pour la Famiglia. Tout ce qui permet de soigner ou d'apaiser, je l'ai avec moi. Du thym, aussi, à glisser dans un lait chaud agrémenté de miel, contre les maux de gorge. Tu vois, toutes ces sortes de petits maux, j'ai de quoi les apaiser, tout le temps.

Gaia le voyait bien, son cousin aspirait réellement à savoir. A tout savoir. Elle étudia quelques secondes les traits réguliers de son visage, la forme de ses lèvres. La couleur vert foncé de son regard. Sa beauté, en un mot. Elle se souvenait qu'elle avait affirmé devant l'orgueilleux Niallan qu'elle n'avait jamais vu plus bel homme que son cousin. C'était toujours vrai. Et s'il n'avait porté le même nom... S'il n'avait pas été épris d'une autre... La Fée aurait-elle tenté quelque chose avec son propre cousin ? Après tout, sourit-elle intérieurement, c'était pratique courante, et cela ne pouvait que rajouter de l'éclat à son nom. Un homme digne de sa beauté... Quel dommage qu'il ait déjà offert son cœur à une autre, finalement.

Si tu cherches une façon de réduire l'espérance de vie d'une femme coquette... Il te suffit de glisser un poison dans un parfum. L'odeur du parfum masque celle du poison, si jamais il y a odeur. Et en répandant sur sa peau ce qu'elle croit être un simple parfum, tu la tues. Ce sera long, ou rapide, selon la plante et la quantité qu'elle met. Mais l'effet est assuré, et la mort parait d'autant plus naturelle. Vois-tu ? Les plantes t'offrent cette possibilité. Pouvoir éliminer quelqu'un sans jamais te faire prendre. Et une façon d'agir multiple. Et maintenant... Nous allons passer à l'étude de cas. Prenons... le mal de crâne. Saurais-tu me donner le nom de plantes susceptibles de soulager la douleur ?
Gabriele.
Elle est belle quand elle réfléchit. Elle est belle tout le temps.

Le temps de sa réflexion, ma plume trempe à nouveau dans l'encrier mit à disposition. Je sais que dans quelques secondes, le temps d'un battement de cœur à peine, la liste viendra, et je pourrais à nouveau m'abreuver du savoir dispensé comme on le ferait d'une source en pleine canicule.
Si elle savait comme dans mon esprit, il y a exactement le même raisonnement que dans celui, quoi que déjà plus construit, du Lutin qui me fait face. Je veux me forger ma propre réputation, une réputation qui soit du métal le plus précieux et le plus solide possible. Je connais la réputation de ma cousine, et maître d'apprentissage dans ce domaine sans limite qu'est celui des plantes et de leurs effets. J'ai aussi entendu les rumeurs qui courent à propos des actes plus ou moins avouables qu'elle aurait commis. Se retirer un fœtus du ventre pour le dévorer...Qui irait croire cela ? N'importe qui avec un minimum d'éducation verrait qu'il s'agit là d'un conte urbain. N'importe qui connaissant un tant soit peu la belle Fée, saurait qu'elle ne se mutilerait pas pour si peu, alors qu'il existe des façons beaucoup moins sanglantes de faire, par le simple usage d'une plante abortive.

Voilà, on y arrive. La liste. L'encre file sur le carnet, le noircissant à vue d’œil. Je connais déjà les effets de plusieurs d'entre elles. La menthe poivrée et la lavande, je les utilise régulièrement. Le thym, ça m'est arrivé parfois, mais plutôt en infusion lorsque Arsène était malade, notamment.
«  - Bene. Je pourrais me servir de ton alambic pour préparer des huiles pour moi ? Je ne sais pas trop où en trouver un autrement. » Au pire, je trouverai bien un parfumeur quelque part dans Paris. Je sais que ces gens-là utilisent souvent ce procédé pour créer leurs senteurs. Mais je doute que ma cousine me refuse cette faveur, elle ne m'avait pas montré tout cela pour ne finalement pas m'accorder de pouvoir m'en servir par moi-même.
Menthe poivrée, lavande, thym. Pour l'urgence. Je préparerai également une bouteille ou deux de vins avec de quoi calmer un cheval, sait-on jamais, quand on vit avec un Clan dont les membres ont la fâcheuse tendance à toujours se blesser au mauvais moment, il vaut mieux être prévoyant. J'avais appris cela grâce à l'absence de Gaïa et celle du Padre, ce qui me laissait face aux maux de mon Clan, car je m'étais alors retrouvé le seul à pouvoir m'occuper des blessures mineures en tout genre.

Les regards se croisent à nouveau, je me demande quelles sont tes pensées, Lutin. Je suis certain qu'elles ne sont pas si éloignées des miennes lorsque je me perds sur les traits de ton visage que beaucoup disent maudit. Ils n'ont rien compris. La beauté n'est pas une malédiction. C'est tout le contraire. Lorsqu'on sait s'en servir, elle est le plus beau don sur terre, avec celui de la connaissance.
« - J'ai l'impression que les plantes offrent absolument toutes les possibilités qui soient, cugina, arrête moi si je me trompe. »
L'étude de cas à présent, qui me fait légèrement sourire. J'avais beaucoup étudié les plantes dont elle me demandait à présent la liste. Ma sœur avait subi pendant longtemps des maux de crâne que je m'étais efforcé d'atténuer, je m'étais donc forcément renseigné sur le sujet. Fleur, te rends-tu compte comme nos beautés sont similaires. Et si...Mais on refait le monde, avec des si. Tu m'hypnotises. Je ferme les yeux une seconde, avec un air amusé. Décidément, me voilà bien faible face à ma propre cousine. Le temps d'un souffle, je me reconcentre, et ouvre la bouche afin d'énumérer les fameuses plantes de l'étude. Le « cas d'école », comme on dit.

«  - Et bien, il y a déjà, comme tu l'as dis, la menthe poivrée et la lavande. J'aime bien l'écorce de Saule blanc aussi. Il y a la camomille qui peut apaiser. L'aubépine pour les plus violents maux de tête. La valériane et passiflore pour augmenter les effets. Hm...Je crois que c'est tout ce que je connais. »
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Fleur_des_pois
Lorsqu'elle était enfant, Fleur prenait les papillons pour des fées. Dès que les beaux jours revenaient, elle s'échappait du couvent, délaissant les tâches difficiles qu'on lui ordonnait d'effectuer. Elle profitait du départ des nonnes pour leur petit potager pour s'enfuir en forêt. Le balai tombait alors de ses petites mains et percutait le sol dans un claquement. Fleur savait qu'en rentrant, elle serait battue avec le manche de ce même balai, mais peu lui importait. Elle se précipitait sous le couvert des arbres, s'asseyait près d'une gerbe de fleurs sauvages, et se laissaient approcher par les papillons. Parfois, quelques-uns venaient se poser sur ses doigts, ou dans sa chevelure. Emerveillée, l'enfant en oubliait de respirer et restait là, des heures, en compagnie des insectes colorés. Et bien des heures plus tard, elle rentrait au couvent, où Sœur Marie-Simone l'attendait, bâton en main. Jamais à l'époque elle n'aurait pu imaginer que bien des années plus tard, elle serait connue sous le sobriquet de « la Fée » et qu'elle serait autant redoutée qu'elle avait craint les Sœurs.

Mon alambic ?

Gaia jeta un regard étonné à Gabriele. Il comptait donc réellement l'utiliser ? L'espace d'un instant, l'Ortie avait oublié que son cousin aspirait à en savoir autant qu'elle. Ce savoir, qu'elle avait jalousement gardé. Ce savoir, qu'elle destinait à sa fille, lorsqu'elle en aurait une. Ce savoir, voilà que son cousin voulait le percer. Il ne pouvait pourtant n'y avoir qu'une seule empoisonneuse chez les Corleone. C'était son domaine, son territoire. Sa vocation. Mieux encore, c'était elle-même.
Elle se reprit, secouant la tête. Avant d'en savoir autant qu'elle-même, Gabriele avait bien du chemin à parcourir.


Oui. Bien sûr.

La Fée n'était pas seulement douée pour les plantes. Elle était une véritable virtuose. Certains composaient des airs de musique qui faisaient tournoyer le monde entier. Gaia, elle, confectionnait ses potions comme s'il s'était agi d'un opéra. Les nuances, les effets, la couleur, le goût, tout était étudié. Même le flacon dans lequel il serait conservé ou livré était rigoureusement choisi. Il n'y avait aucune fausse note. Tout était parfait. Tout était toujours parfait, dès lors qu'il s'agissait des poisons de Gaia.

Nous nous rendrons dans la ville de Paris, pour que tu te procures le tien.

Prêter à Gabriele son alambic, c'était comme si un musicien virtuose prêtait à un novice sa viole personnelle. Elle connaissait son outil, pouvait prédire à la seconde le moment où la première goutte d'huile tomberait dans le verre. Il fallait que Gabriele ait le sien propre. Elle le lui commanderait elle-même si besoin était.
Attentivement, l'Empoisonneuse écouta son cousin répondre à sa question. Il avait de bonnes bases. Mais ne connaissait pas tout encore.


C'est bien. Tu aurais pu aussi citer la fumeterre. C'est une plante commune que l'on trouve au bord des chemins. J'en ai un croquis dans mon herbier. On la consomme en infusion, ou en teinture mère. Tu n'as pas cité le romarin, qui est pourtant un excellent remède. Il suffit de faire infuser la plante, de se couvrir la tête d'un linge et d'en respirer les vapeurs. Tu vois, toutes les plantes ne se consomment pas. Certaines s'inhalent. Il y a la cannelle, aussi. Il suffit de la réduire en poudre, de la mélanger à un peu d'eau et d'appliquer la mixture sur les tempes, la nuque et le front. Et puisque nous venons d'aborder les huiles essentielles, une association d'huile de millepertuis et de gaulthérie est très efficace et surtout très rapide.

Du bout des doigts, Gaia caressa son herbier. Un livre qu'elle avait fait par ses soins, dessinant elle-même et notant les effets des plantes. Il lui avait fallu bien des années et des heures de cueillette pour emplir le grimoire.

Des questions en rapport avec les maux de tête ? Sinon... Comment soignes-tu un mal de gorge ?
Amalio

    Un son étouffé mais lourd provint de la porte, qui s'ouvrit sous le poids d'Amalio, médecin du clan et subtil empoisonneur lui aussi : celui-ci manqua de s'étaler sur le sol mais se rattrapa tant bien que mal, en quelques pas maladroits. Il paraissait épuisé, et lorsqu'il releva la tête son visage était bien trop pâle pour un homme à la peau tannée de soleil et de voyages.

    - Gaïa...

    Il respirait profondément, un peu trop rapidement, comme si le simple fait de tenir debout lui coûtait; sa main tremblait contre le bois de la porte qu'il venait de refermer derrière lui. Ses yeux brillaient d'un éclat fiévreux bien différent de celui qu'ils portaient habituellement. Un regard à son fils, qui se tenait là, puis son attention se reporta sur l'Empoisonneuse... la soigneuse. Celle qui partageait, avec lui, la science des plantes et des poisons. Celle à qui il faisait toute confiance. Celle qu'il considérait comme largement son égale... malgré quelques années d'expérience en moins.

    - Gaïa. Aide-moi.

    Son souffle accéléra encore, comme si l'aveu le terrassait, et appuyant son dos contre un mur, il se laissa glisser contre le sol en se retenant à peine. Depuis combien de mois luttait-il contre le poison insidieux qui rongeait son corps et sa force ? Impossible de les compter... cela faisait presque un an. Peut-être deux. Leandro avait eu le temps de grandir... oui... peut-être même déjà trois ans ? Non... deux... Enfin... Leandro, bébé, puis... trois ans ?

    Il n'avait jamais su pourquoi, ni comment, l'un des flacons qu'il s'était procuré s'était avéré être... autre chose que ce qu'il devait être. Quelque chose qu'il ne connaissait pas. Quelque chose qui ne sentait rien et qui avait la même consistance qu'un des poisons ordinaires qu'il s'inoculait à petites doses pour s'en prémunir. De longues années de ce traitement avait si bien endurci son corps qu'il n'était plus guère sensible aux poisons communs, mais ce jour-là, il avait réagi si violemment qu'il avait immédiatement compris qu'on l'avait trompé sur la marchandise. Pourtant, le pourvoyeur était de confiance... impossible pourtant de reprendre le dessus sur le poison qu'il avait ingurgité en préparant l'un de ses savants mélanges. Il s'était effondré, terrassé, moins d'une heure après l'avoir bu, et sans avoir réussi à composer un antidote. C'est qu'en créer au hasard n'était pas la manière la plus efficace de procéder !

    Il avait tout essayé en quelques jours... toutes ses fioles de soin pour les poisons communs ou relativement élaborés... tout ce qu'il avait sur lui, dans cette chambre d'auberge miteuse... avant de n'être plus capable de rien. Il avait rassemblé ses dernières forces pour refaire son baluchon et disparaître dans la forêt, où un moine l'avait trouvé quelques jours plus tard, agonisant dans une vieille cabane. Il avait été soigné tant bien que mal par le brave homme, incapable de faire le moindre geste pour l'en empêcher, et de toute façon pas si désireux de crever alors qu'il avait une femme enceinte à retrouver, et des mômes à surveiller, et un clan à patriarcher. Ainsi, après de longs mois de soins et de repos, il avait fini par retrouver assez de forces pour sortir, puis pour reprendre la route et rejoindre son clan... mais le poison, comme une maladie incurable, était incrusté au plus profond de ses chairs, et il ne parvint jamais à s'en débarrasser... Et ainsi, parfois, lorsque la fatigue ou une blessure affaiblissait le grand Italien, il était terrassé par l'insidieux poison. Cela faisait... déjà... au moins deux ans...

    L'esprit confus se répandit comme une flaque visqueuse sur l'âme exigeante du médecin. Le grand corps du soldat finit par plier : il acheva de rejoindre le sol en se couchant sur le côté, sentant un grand vide envahir son regard; le temps de poser la main pour se retenir et...

    Amalio perdit conscience.


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Gabriele.
Parfois, j'aimerais pouvoir entrer dans cette tête. Ma cousine avait toujours l'air plongée dans son monde. Un monde qui dépasse celui que nous connaissons, bien terne j'imagine par rapport à celui qu'elle s'est créée. Je songeais parfois à lui demander à quoi elle pouvait bien penser, mais j'imaginais alors la réponse peut-être incompréhensible pour moi, et je me rappelais finalement que laisser leur jardin à mes proches n'étaient pas une mauvaise chose. Ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ?
Ma cousine avait-elle compris qu'au-delà du savoir qu'elle possédait et dont j'aimerais connaître toute la teneur, c'est également pour être avec elle que je lui avais demandé d'être mon enseignante ? Au départ, c'était uniquement pour mieux comprendre cette femme, pour apprendre à connaître une cousine dont je n'avais entendu que le nom, un jour. Je n'aspirais absolument pas à lui voler sa place. Au mieux à en savoir assez pour me sentir utile au Clan. Voilà. C'était pour cette raison que je passais tout mon temps soit à lire, soit à m'entraîner dans divers domaines. Je faisais mes expériences. Je composais ce qui serait mon bagage de départ pour pouvoir avancer sur le chemin du savoir. Il est long, je le sais. Je n'ai pas peur de ce qui m'attend, mon apprentissage durerait le temps qu'il faut, je suis jeune et je sais que j'ai encore la vie devant moi.


« - Grazie cugina. Nous irons rapidement, ainsi je ne toucherai pas trop à ton matériel. Je me mets à ta place. Tu ne dois pas être très enthousiaste à l'idée que des mains étrangères touchent ce qui t'appartient et que tu as apprivoisé toi-même. »

Un léger sourire pour elle. Comme lorsque l'on apprend à se battre avec une arme, il vaut mieux avoir la sienne, comme – la comparaison était excellente – un maître apprend à son élève à jouer d'un instrument. Débuter est une bonne chose. Mais débuter dans de bonnes conditions est mieux. Je ne veux pas empiéter sur son territoire. Je veux juste apprendre.
Mon regard s'attarde sur les traits parfaits de ma cousine. Son regard profond qui semble toujours savoir ce que je cache, son sourire tantôt rieur, tantôt moqueur ; ses lèvres ourlées que j'ai souvent rêvé d'embrasser ; ses pommettes rosies juste comme il faut. Je secoue à nouveau la tête. Il faut que j'arrête de la voir ainsi. Elle est ma cousine. Mon sang. Je suis marié. J'aime ma femme. D'où me vient alors cet insidieux désir ? M'aurait-elle jeté un sort comme les rumeurs la croient capable de faire ? Je ne crois pas aux rumeurs. Les faits sont pourtant là.
Je me reconcentre, écrivant les précisions que me donne la Fée concernant les plantes pouvant soigner les maux de tête sur mon cahier. J'étais loin de tout savoir en effet. Ayant fini de noircir les quelques lignes, je relève le regard sur elle.


« - Pas de question, no. Je pense avoir bien compris...Les maux de gorge ? Hm...Les feuilles de ronce en infusion. On peut ajouter aussi de la mauve ou des clous de girofle. La camomille aussi, bien sûr et le thym ainsi que la sauge. Je crois que... »

Ma tête se tourne vers l'entrée, attiré par le bruit sourd qui en provient. Et quelle stupeur de voir mon père arriver. Lui que je n'avais plus vu depuis des mois, que je pensais entrain de cuver dans un tonneau, ou occuper à culbuter l'une ou l'autre catin. Mais non...le voilà, et un sourire naît sur mes lèvres, avant de se transformer en moue inquiète en voyant qu'il n'est pas dans son état normal. En quelques mois, il semble avoir pris dix années.
Lorsqu'il s'était fait de plus en plus discret, j'avais soupçonné l'empoisonnement. Les symptômes, l'affaiblissement, les douleurs qu'il semblait constamment supporter...J'étais persuadé qu'il y avait quelque chose de plus qu'une fatigue passagère. Je l'avais bien sûr confié à ma sœur, mais sans plus m'étaler sur le sujet. Lorsque, comme lui, on pratique la mithridatisation, les risques de mal faire un dosage sont toujours présents.


« - Papà ? »

Quelque chose ne va pas...Pour qu'il en vienne à demander de l'aide, c'est que mon père ne doit vraiment pas aller bien du tout. Mes sourcils se froncent, alors qu'il glisse au sol, et plie sous le poids de sa souffrance. Je suis déjà debout, je ne m'en suis même pas rendu compte. En moins de trois secondes, je suis à ses côtés. Une de plus, et ma main rejoint son front brûlant. Mon regard se tourne alors vers le Lutin, la mâchoire crispée de celui qui essaie de ne pas paniquer de la situation.

« - Il est brûlant...Je crois que c'est le poison. »
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