Fleur_des_pois
- {Atelier de Gaia Corleone}
L'atelier était clair, et relativement vaste. La Fée avait besoin d'espace. Les murs de pierres blanches étaient percés de deux fenêtres aux vitres colorées, comme celles des églises. Les rayons du soleil qui les traversaient fragmentaient le sol de pavés rouges de mille éclats verts, jaunes, ou roses.
De chaque côtés des carreaux, des bouquets de fleurs et de plantes séchaient doucement, ni trop à l'ombre, ni trop en pleine lumière.
Contre le mur du fond, une large cheminée pouvait aisément accueillir deux chaudrons. Sur le manteau de bois ouvragé, les bougies se mêlaient aux vases emplis de fleurs.
S'étalant sur presque toute la longueur du mur de gauche, une série d'étagère accueillaient une quantité impressionnante de sachets de toile, de bocaux de verre, de fioles et de flacons.
Près de la porte, dans un panier rond, fermé, deux crapauds coassaient à intervalles réguliers. Une vipère sifflait dans un autre.
Une longue table de bois occupait un tiers de l'espace. Couverte de plumes usagées et de plumes neuves, de sachets vides et de plantes fraiches en vrac. Une pile de parchemins s'y étalait, certains vierges, d'autres couverts d'une écriture ronde et violette. Un pot d'encrier plein faisant le pendant d'un vide au fond couvert de liquide séché. Un alambic trônait en bout de table, aux côtés d'un grimoire et de deux épais herbiers. Un carnet ouvert, un autre fermé, achevait de recouvrir le bois verni.
Sur le banc près de la table, un chaton noir se léchait la patte d'un air distrait, dans un carré de lumière jaune. Sous une fenêtre, deux couvertures superposées servaient de lit à deux chiens au physique étonnant. L'un d'eux, noir et blanc, n'avait que trois pattes, l'autre, marron et blanc, avait les poils hirsutes et rêches. Une oie cancanait dans un coin à la recherche d'un sac de grain jeté dans un coin, près d'un fût. Celui-ci, mis en perce, était empli d'un alcool fort, ambré. La fameuse gnôle d'orties dont Gaia se régalait si souvent.
Assise près du chaton, les jambes repliées en tailleur, Fleur était occupée à rouler une bande de tissu propre. Une tranche de pain couverte de pâté de lapin à portée de main, elle uvrait, attentive et concentrée, la langue coincée entre les dents.
La Fée attendait son cousin, mais ne restait pas inactive. Gabriele était rapide à comprendre, elle avait pu en juger en taverne, l'autre jour. Néanmoins, cela ne signifiait pas que les leçons seraient vite acquises. Entre la théorie et la pratique, il y avait un fossé. De plus, il y avait beaucoup à apprendre. Heureusement, c'était le Printemps. La saison idéale pour se plonger dans l'univers aussi beau que dangereux, des plantes et des fleurs.
Titre : film du même nom