Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP] Nuit de Juin, Reception

Alphonse_tabouret
L’arrivée d’Adelaïde délaya brièvement son attention, parfumant comme toujours à sa vision, les saveurs tendrement passées des souvenirs, alimentant un peu plus la bonhommie inhabituelle du comptable, et s’il avait eu une seule chose à regretter à cet instant ci, cela aurait été la présence Castillonne que l’entichement ridicule de son empoisonneuse privait du régal de voir autant de femmes apprêtées dans un périmètre aussi restreint, car s’il fréquentait les bordels depuis une décennie désormais, il ne se lassait jamais du travail d’orfèvre réalisé par certaines femelles pour ramener le désir de l’effeuillage toujours plus près des frontières envisagées.

La main serrée de Riesling s’ajouta à la somme encore mince d’observations glanées depuis l’apparition, chat dont l’œil voguait souvent aux premières frondaisons par soucis d’amasser çà et là divers échos à ses interrogations, s’attardant le luxe de l’appréciation une fois la méfiance nourrie, incorrigible animal dont les autres éprouvaient toujours les travers les plus fermement liés à sa chair. Le trait d’humour l’effleura à peine, sans pour autant le prendre mal, indifférent au sarcasme tout comme à l’ironie dès qu’ils lui étaient destinés, mais toujours intéressé de son emploi et des circonstances qui l’affutait, aimant chez ses semblables cette faculté à exprimer plus qu’ils n’auraient souhaité dire. Son sourire s’élargit doucement, signe que la boutade n’était point mal prise, mais plus important encore, que la spontanéité de la donzelle trahissait surement son ignorance de la dualité abritée en ces murs, lacune rassurante, toujours, lorsqu’il s’agissait de garantir la vertu des secrets abrités derrière la façade huppée du bordel.
Au sourire moqueur de la rousse, il répondit par l’insolence du sien, quand les courbes de Sybil venaient déraisonner sa peau d’une main encore sage, débauchant dans le premier geste de cette complicité à la fois tronquée et pourtant tangible, nivelant sur plusieurs étages et le contentement et la coalition, un frisson à la surface d’envies boudées récemment par les récents aléas fluctuant de sa vie. Les femmes et leur joyeuse multiplicité étaient depuis quelques semaines devenues un met dont il festoyait peu, réservant ses quelques heures de liberté à son fils, aux courtes nuits de son amant, aux retrouvailles épisodiques d’avec Axelle, et, un instant, l’ idée de toucher un corps auquel il n’avait encore jamais accusé sa concupiscence l’effleura distraitement, rehaussant au pli de son sourire, les crocs animaux.


"Si vous en recrutez encore, j’aimerais être une de vos filles. J’cause pas d’ennui, j’suis sage et disponible."

Dans l’ombre de Riesling apparut la silhouette de la soubrette, qu’Alphonse gratifia d’un geste de la tête, étonnement rassuré par cette présence discrète mais immuable, dont les pas avaient cessé un temps de résonner dans les couloirs de la maison avant de revenir bruisser aux oreilles félines, berceuse qui lui rappelait leurs arrivées proches en ce lieu de perdition et le laisser y puiser une source de réconfort inattendue.


Ma chère, distiller quelques vérités pour dissimuler un mensonge plus gros que vous est certes assez plaisant, mais à mon sens, pas la meilleure façon de vous présenter,
rétorqua-t-il enfin, espiègle, en faisant signe à Adelaïde de remplir les verres vides autour de lui, car s’il la concevait possiblement putain sous peu à même ce comptoir, la moue naturelle de son visage et l’abandon de ses propos n’auguraient ni la sagesse, ni la docilité.

Tu as déjà vendu ton corps ?

La question de Sybil l’amusa dans sa facilité à délaisser le superflu pour passer à l’essentiel des jeux dans lesquels elle évoluait, le bon sens de la putain revenant mettre la conversation dans ce qu’elle avait de plus professionnel quand le chat étirait tout juste l’ombre de ses griffes dans les grèves neuves que présentait le caractère de Riesling, soumis au silence et par l’attente de la réponse, et par les dents blanches de la blonde venant cueillir, délicates, la ligne de son oreille.
Sa main, propriétaire pour l’heure, décomplexée des barrières jusque-là bêtement respectées des toquades nobiliaires, duelliste propre dont les habitudes le menait à ne pas saper les éveils quels qu’ils soient, pour préférer l’embrasement dévorant des consciences tout justes écloses, s’achemina volontairement vers l’intérieur de la cuisse blanche jusqu’à s’approprier d’une main la suave rondeur, la pulpe des doigts encore sages et pourtant déplacés dans leurs frôlements à peine perceptibles au bas du ventre tendre de Sybil, les yeux noirs ne lâchant pas le visage poétiquement anguleux de sa flamboyante voisine.


Forte en gueule, inexpérimentée, débutante, indisciplinée, têtue… peu m’importe qui tu es … Montre-moi juste ce que tu penses, ce qui te gêne, les limites que tu imposes à ton corps et au mien… Amuse-moi pour commencer, après, peut être, m’intéresserai je à ton nom…

_________________
--Adryan
[Au bar, avec Sybil, Riesling, Adélaïde et Alphonse]

Nul sourire. Nul rire. Nulle parole. Ni même la moindre remarque acerbe. La Blonde le boudait toujours. Le Castillon aurait haussé les épaules, certain que cette lassante obstination à lui tirer une tronche de trois mètres de long allait finir par lui passer, si en s’arrachant de ses flâneries, son regard ne s’était posé sur le curieux manège se livrant à ses yeux. Dans un froissement de sourcils interloqués, Adryan observa le corps comptable et les courbes blondes s’appeler et se trouver, et la main féline s’inviter au ventre courtisan. Du froncement immergea l’accent circonflexe d’un sourcil nauséeux. Quelques semaines à peine auparavant, c’était bien la bouche d’Etienne qui avait embrassé les lèvres ourlées de Sybil. A quoi la jeune femme s’amusait-elle donc à courir d’un homme à l’autre du bordel ? Les lui fallait-elle tous pour glaner quelques robes de plus ? Certainement Adryan aurait-il poussé la réflexion plus loin si devant ses yeux, dès qu’il pensait à la Nymphe, ne dansait inlassablement que le minois de cette jeune fille fragile et innocente, perdue dans le marasme libidineux des clients du Paradis. Cette vision tenace avait encore le pouvoir de lui cacher le visage de la femme qu’elle était devenue. Si l’entêtement à ne vouloir garder que cette facette de Sybil était tout aveuglé quand la femme devant lui étincelait de tout ce qui l'agaçait chez les femelles, leurs caprices, leur jalousie, leurs manigances, il n’en restait pas moins ancré dans sa volonté la plus farouche à refuser d’égratigner ce souvenir choyé au creux de sa mémoire.

L’ombre de la soubrette lui fit relever la tête. La petite chose haute comme trois pommes avait enfin regagné le bercail après une longue absence, et contre toute attente, sa présence lui arracha un sourire qui même bref n’en fut pas moins sincère. Mais ce fut une autre femme qui enchaina toute son attention. Sa remplaçante derrière le comptoir. Et laissant le couple incongru à ses démonstrations provocantes et à l’examen scrupuleux et inquisiteur de la Rousse, ce fut sur Adélaïde que les prunelles grises délestèrent toute leur concentration, épiant chacun des gestes, scrutant chacun des mouvements d’un regard juge et intransigeant. Etude longue et minutieuse jusqu’à ce que la voix tranche d’un laconique.


Une gorzalka* s’il vous plait.

L’alcool était assez rare pour constituer un test parfait des connaissances de la donzelle, de même que le ramequin de miel ou quelques piments qui se devaient d’accompagner la commande. Et qu’importait alors que cette boisson ne soit pas au gout castillon, quand en outre de son implacable perfectionnisme pour la tenue du bar, Adélaïde, pour la seule faute d’être protégée d’Alphonse, ne profiterait d’aucune clémence.

[*Premier nom de la "vodka boisson" en Ukraine qui fut mis en place sciemment pour la différencier de la "vodka" qui était à l'époque un médicament.]
Adelaide.
Alphonse n'avait pas besoin de mots pour faire savoir ce qu'il désirait à cet instant précis, remplir les verres posés sur le comptoir, ce qui tombait plutôt bien puisque c'était dans ses attributs. Elle stoppa de suite son nettoyage pour s'emparer d'un geste fluide d'une bouteille d'alcool fort et vider le liquide dans les contenants. La bouteille fut reposée sous le comptoir en attendant qu'elle resserve plus tard pour d'autres clients. Elle aurait bien fait la fouine pour écouter ce qu'il se disait entre son guide et les deux femelles qui l'entouraient, juste pour assouvir une certaine curiosité malsaine, mais elle n'en ferait rien, elle n'était pas là pour ça. Si on voulait parler, se confier à elle, on viendrait la voir. Adélaïde était une femme attentive et toujours prête à tendre l'oreille pour écouter une âme en peine ou une quelconque joie.

Il y avait pleins de choses à faire, faire l'inventaire des stocks, passer des commandes, être à l'affût des nouveautés, une idée fleurit dans son esprit. En faisant des mélanges, d'alcool et de jus de fruits ou de sirop, cela devait donner de bien bons résultats. Il faudrait qu'elle fasse des tests sur la question et qu'elle se renseigne sur ce qui se faisait déjà dans le domaine. La Flamboyante n'était pas une experte dans le métier, mais elle ne demandait qu'à apprendre, qu'à enrichir son savoir pour se perfectionner encore et toujours.

Elle sentait bien ce regard pesant sur elle, un regard de jugement, un regard qui la scrutait sans gêne, observant chaque fait et geste qu'elle pouvait avoir, comme s'il était prêt à lui bondir dessus à la moindre faute. Une voix se fit entendre puis c'est sans perdre de temps qu'elle servir Adryan d'un verre de gorzalka. Concernant les alcools, elle avait quelques connaissances quand même. Jamais elle ne se vanterait de tout savoir sur le bout des doigts. Mais aimant cette boisson et s'étant renseignée, elle n'était pas venue les mains dans les poches ici.


Voilà pour vous.

Ces trois mots furent accompagnés d'un sourire courtois, bien que son regard ne lui était pas des plus plaisants. Bien entendu, elle ne servait pas de petits récipients de miel ou de piments ou de quoique ce soit d'autre comme accompagnement puisqu'elle n'avait pas connaissance que cette pratique était une obligation à chaque commande qu'un client passait. C'est bien connu, il n'y a que ceux qui font rien qui ne font pas de bêtises.

Son regard repartit vagabonder dans la salle.
Riesling
[Comptoir]

C’était toujours amusant, de débarquer dans un groupe. Tous les visages présents aux yeux du Goupil étaient similaires parce qu’inconnus ; se valaient dans leurs actes et leurs intentions. Elle ne soupçonnait rien de ce qui se jouait devant elle, derrière le rideau, absorbée premièrement par son propre dénouement. Quoiqu’en l’occurrence, c’était suffisament clair ; elle observait le manège de la putain et du comptable avec un air hilare, curieux mélange d’une honnêteté trop franche, d’une pointe de mesquinerie et d’une fascination malsaine qu’elle peinait à classer dans l’inventaire des réactions ordinairement à sa disposition. Elle connaissait les soudards des tavernes et les enfarinés des manoirs, les considérant volontiers avec une égale indifférence condescendante. Mais ça, c’était autre chose.

Elle ignora superbement le retour de bâton de ses gentilles exagérations, pour se prendre la question de la courtisane comme un signal paradoxal. Le début des choses sérieuses, en quelque sorte. Riesling redressa froidement sur elle son regard bleu, et la brûlure soudaine dans son ventre. Cette femme-là lui semblait reine en son domaine, le centre des regards, le véritable gardien du lieu. Et difficile à duper, à n’en pas douter. La Rousse avança d’un pas lascif, gronda la réponse de sa voix sévère. « Non. » Elle ne l’avait jamais vendu. Elle l’avait offert, pourtant. Ou échangé, bien des fois. Elle ne portait plus son alliance, mais on devinait aisément à son attitude comme à sa démarche qu’elle avait depuis longtemps délaissé la délicate naïveté des pucelles et des prudes. Le regard affûté occulta sciemment le reste, s’attachant uniquement aux prunelles courtisanes et dégageant sur le visage de la Rousse une risette matoise. Elle était plus surprise qu’impressionnée, présageant avec un naturel tranquille qu’elle saurait très bien s’y faire, si on lui en donnait l’occasion. Les choses de la chair l’amusaient beaucoup, volontiers teintées par l’orgueil du Goupil d’une légèreté distante propre à la laisser seule maîtresse du jeu. Du reste, elle n’avait aucun intérêt à mentir. Ils sauraient. Elle en était persuadée. Tout comme elle était orgueilleusement persuadée de sa propre valeur. Avec une lenteur mesurée elle redressa la tête, adressant cette fois chacun des regards avec un air de défiance égal.

« J’comptais justement sur vous pour y remédier. »
_________________
Gabriele.
    - Avec Daeneryss et Fabian, à l'entrée -


Mon nez se plisse, bien vite arrêté par le bandeau qui dissimule également mes sourcils froncés alors que j'entends un homme nous souhaiter la bienvenue. La frustration d'avoir été privé de ce sens le plus important pour moi est grandissante, je ne songe qu'à le retirer pour enfin découvrir ce qui fait tant de secrets autour de nous. Je me fais la promesse de crever, plutôt que de vivre un jour avec ce dérangeant handicap. Si je venais à devenir aveugle, il fallait que je m'assure que quelqu'un finisse le travail et m'achève pour de bon ; mais je ne suis pas un idiot, je ne demanderais pas à la Nordique si cela arrivait : elle serait trop contente de pouvoir profiter de moi sous toutes les formes, ainsi que de mes faiblesses. Non, il me fallait quelqu'un qui exécuterait la tâche sans rechigner, et dont je pouvais être certain de l'efficacité. Gaïa ! Ma cousine ferait l'affaire à merveille. Elle saurait trouver de quoi faire ça en douceur.
Vous voyez à quoi je pense d'être ainsi privé de ma vue ? Non, ça ne peut pas continuer comme ça...Je veux l'enlever, ce bandeau, mais j'ai promis à ma compagne, et trahir ma promesse est impossible, Corleone n'a qu'une parole. Alors je prends sur moi, encore un peu.


« - Dae...Où sommes-nous ? Et c'est qui, lui ? »

Les questions continuent, et l'absence de réponse aussi. A qui tendrait l'oreille, il pourrait m'entendre râler à voix basse, comme un gamin de qui l'on garde la sucette trop loin pour qu'il puisse l'attraper.

    - A l'intérieur -


Les effluves qui parviennent à mes narines sont entêtantes, enivrantes, et me rappellent des souvenirs que je n'arrive pas à identifier. Bien entendu, comme tout jeune homme, il m'était arrivé de fréquenter les bordels quelques années auparavant. Pas que j'avais besoin de payer pour pouvoir avoir une femme dans mon lit, car il me suffisait de décider que ma proie m'appartiendrait pour que de fait elle finisse dans mes bras, mais j'aimais le raffinement de certains établissements, italiens pour la plupart, qui me permettait de me détendre en bonne compagnie. C'était d'ailleurs dans un bordel que j'avais retrouvé mon père en pleine action, soignant un gros bourgeois qui a trop joué au plus malin.
Mais puisque je n'étais plus entré dans un tel endroit depuis plusieurs années, impossible d'en reconnaître les particularités olfactives.


« - Hm... »

Quelque chose...Comme dans les églises. Ah. De l'encens, oui, c'est ça. M'aurait-elle emmenée me confesser avant les noces ? C'était sûrement ça, c'était pour ça qu'elle m'enlevait mon épée et ma dague, elle me mettait à nu parce que dans une église...
Non. Une église était un lieu froid, où les voix se transforment en échos, où le silence est d'or, au cas où leur Dieu se mette à leur parler, sait-on jamais. Ici, il y avait une espèce de brouhaha incessant, un fond de conversation que j'essayais d'isoler pour savoir de quoi il était question, en vain. Le tout était trop dense.
Mais enfin, la cécité me quitta. La lumière fût. Je mis quelques secondes à m'habituer à la restitution de mes yeux, c'est que j'avais commencé à me faire à son absence. Non pas que la lumière soit aveuglante – le cas de le dire, tiens -, au contraire, l'ambiance feutrée était des plus agréables.

« - On est dans un... »

Je lance un regard interrogatif à la Nordique. J'attends qu'elle confirme, qu'elle m'explique. Dans ma tête, tout est encore un peu flou.
Dis-moi quelle est la suite du programme, ma Méchée.

_________________
--Sybil
[Comptoir]

Elle sourit, là, tout contre l'oreille du Chat, lorsqu'elle sentit une main s'aventurer contre sa cuisse, et même au delà. Une petite impulsion, qui ne se traduit que par une inspiration un peu plus profonde qu'à l'accoutumée, et pourtant, la délicieuse mécanique se met en marche. Contre la nuque d'Alphonse, les doigts se font un peu plus incisifs.

Mais il en faut plus pour déconcentrer l'esprit rompu aux jeux des corps de la courtisane. Abandonnant le profil du comptable, elle tourne à nouveau son visage vers la rousse. Et sourit, amusée. Elle a de la répartie, cela lui plait. Non, vraiment, Étienne n'aurait aucune raison de s'opposer à son intégration au sein de l'Aphrodite. Elle apprendrait. A se taire quand il le faut, notamment. Sybil lui apprendrait, s'il le fallait.

La réponse se fait attendre. Doucement, et après un « merci » à la barmaid, elle porte son verre à ses lèvres, et savoure une nouvelle gorgée, sans vraiment savoir avec quoi Adélaïde a rempli son verre.


- Ce sera à Étienne d'en décider.

Lui vient une question. Était-ce différent de ce qu'on appelle « faire l'amour » hors les murs ? Sans doute. Sinon les hommes ne se presseraient pas en aussi grand nombre aux portes du bordel. Il devait y avoir quelque chose de différent. Elle ne sait pas quoi, mais est persuadée de l'existence d'une telle différence.

- Il faudra apprendre.

Rome ne s'est pas faite en un jour, et on ne devient pas courtisane en relevant simplement son jupon. Ce n'était pas les années de formation d'une geisha, mais elle, pour qui l'apprentissage de la lecture et de l'écriture avait été une sorte de révélation, y était plus peut-être que nulle autre en ce lieu attachée.

Distraite un instant de ses pensées, elle fait dévier son regard vers Adryan. En conciliabule avec sa boisson, le Castillon ne semble pas avoir sa tête des bons jours. Un espèce de sourire satisfait vient un instant flotter sur ses lèvres, avant que son attention soit à nouveau monopolisée par autre chose. La porte du bordel vient de s'ouvrir sur un couple, et l'homme a l'air quelque peu désorienté. Amusée, elle les observe, tandis qu'une main caressante dévale le dos d'Alphonse, pour venir insidieusement se glisser sous sa chemise.
Alphonse_tabouret
[Au comptoir]


Il y avait chez les femmes quelque chose de plus amusant à contempler que les combats de coqs auxquels ses congénères se livraient sans qu’il n’y trouve jamais le gout d’y participer, orgueilleuses danseuses dont les orchestrations s’harmonisaient continuellement de leurs corps, arme première quand l’homme lui, n’avait besoin que de son statut pour se joindre à la parade, et lorsque ce fut l’ignorance la plus féminine qui accueillit ses propos, il s’en amusa, ajoutant au portrait qui se dressait devant lui, tantôt subtil, tantôt grossier, toujours agressif, une ombre portée de plus pour ajouter de la netteté aux traits, peu concerné par son rôle inexistant dans la conversation, animal convaincu que l’essentiel était d’entendre, au chaud des ombres, oreilles avant d’être paroles, meuble discret jusque dans le nom dont il avait hérité. Exclu du symposium, son regard se désintéressa momentanément de l’apprentie, flottant brièvement sur le dos Castillon avant de cueillir l’ensemble du salon d’où émergeaient de nouveaux clients qu'il salua d'un sourire. Riesling avait choisi son interlocutrice, persuadée que le pouvoir y résidait, signe indubitable de l’aplomb qu’avait gagné la catin à ses côtés et du chemin parcouru en ces murs, fleur ayant pris des épines, mais n’en demeurant pas moins délicieusement fraiche et suave, que cela soit au parfum ou au toucher.
La main de la blonde s’insinuant sous le lin de sa chemise amena un frisson à courir le long de son dos, chair de poule délicate qui lui prouvait, s’il en avait eu besoin, que ce soir, l’alcool et la chair s’harmonisaient merveilleusement. Resserrant l’emprise de son indécente main pour lover définitivement Sybil contre lui, ventre à ventre, il s’immergea avec une joie enfantine dans toute la cruauté de son rôle, frôlant de son nez celui de la putain, et usant d’une voix douce, basse, dont chaque mot était adressé à l’oreille trainante d’Adryan et de sa vodka dans leurs dos, délayant la prose dans l’ordre convenu :

Que diriez-vous d’aller voir ce dont nos hôtes ont besoin pendant que je tiens compagnie à notre voisine, Sybil ? La moue doucement boudeuse que prirent les lèvres courtisanes amena son sourcil à se hausser d’un étonnement factice mais dont il était nécessaire d’user quand bien même le Castillon ne les regardait pas encore, comédien émérite qui n’avait jamais eu le loisir d’être lui ailleurs qu’entre les bras de quelques rares, s’appliquant à ce que la clientèle ne pâtisse nullement du jeu de faux semblants dont, enfants mauvais, Sybil et lui avaient établi les règles selon les lois cruelles de la conspiration, visant avec une précision d’orfèvre, une seule et unique âme parmi toutes celles présentes quand bien même elles assisteraient à ce jeu de dupes. Dextre et senestre s’arrimèrent au cou délicat, en délayant la ligne de quelques baisers pour gagner l’oreille quand il maintenait les hanches entre ses cuisses, profitant de la hauteur du siège pour assoir la pression nécessaire. Ses yeux noirs rencontrèrent le profil nobiliaire quand il découvrait les crocs, attentif la moindre ondulation possible, cherchant encore les limites à franchir pour s’assurer le spectacle dans toute sa largeur, et asséna, pour lui bien plus que pour l’actrice lovée contre lui :Ne me forcez pas à devoir vous mater pour profiter de mes largeurs, Sybil… Votre peau bleuit comme un rien, vous le savez bien… Il redressa la tête, lentement, s’approchant des lèvres et s’y attardant, jouant du croisement des souffles, un instant léger, avant de happer l’inférieure dans ce qui aurait pu n’être qu’un jeu lascif mais appuyant jusqu’à la morsure qui fait naitre le glapissement discret de la proie qui ne sait plus où se situe le jeu et la douleur.
Au travail, lui suggéra-t-il avec une froideur à ce point maitrisée qu’elle sonna plus durement n’importe quel ordre qu’il aurait pu donner, posant de ce fait aux oreilles de leur victime, le premier affront à l’entêtement qu’ils avaient eu à bâtir un monde clôt où les catins n’auraient jamais à travailler pour d’autres qu’elles-mêmes, libérées des souteneurs et des passes obligatoires, dépendantes d’elles seules et plus des autres.

_________________
Camillle_
[Comptoir]

Plongée dans une nouvelle préparation, Camille en oublie le temps et l’agitation qui naît au-delà du plancher. La courtisane muée en herboriste, avide de connaissance et d’ivresse, s’évade au détriment de ses obligations. Mais alors que certaines plantes sont écrasées, séchées et macérées, une servante l’interrompt.

Pardonnez-moi, Camille...Mais, ils sont déjà tous prêts...Les clients arrivent. Hâtez-vous...

Ainsi donc l’Aphrodite avait déjà ouvert ses portes. Négligence.

Prise au dépourvue, elle s’active et range avec minutie ses bocaux avant de regagner l’étage et de se préparer avec hâte. Lavée et séchée, les cheveux naturellement lâchés, elle revêt une robe suggestive. Dernier achat audacieux et échancré qui dévoile la naissance d’un prénom indélébile niché sous le sein gauche. Le buste divisé en deux pans, englobe les monts ambrés tandis qu’au-delà de la taille, la robe se fait plus chaste. Suggérer et non tout dévoiler. Courtisane et non putain. Désormais prête, elle déverse quelques gouttes de jasmin sur sa peau. Le geste devient rituel et prémices d'envies interdites. Prête, le palpitant s’anime, la chaleur envahit ses tempes et pourtant ce ne sont pas les clients qui embrasent ainsi l’esprit de la courtisane. Il est son unique Perte. Toutefois,comme par sadisme, son regard sombre se perd sur cette chemise masculine qui mal dissimulée, avoue son addiction.

Pauvre folle…Regarde toi...Ton esprit se disperse….Plantes et Interdit…Tu en oublies tes obligations et tes dettes. Jamais tu ne sortiras d'ici...Jamais tu ne pourras la revoir si tu continues ainsi. Reprends toi !

L’intérieur de sa joue est mordu avec force et c’est anxieuse qu’elle s’avance au Salon. Ils sont déjà tous là, ou presque. Elle inspire et s’avance à son tour, esquissant un sourire amical à Fabian qu’elle n’avait plus revu depuis quelques temps. Cherchait-il à se faire oublier ? Lui en voulait-il pour son propre silence ? Ou était-elle la seule et unique fautive ? Assurément. Un couple de client s’aventure d’ailleurs à l’intérieur du lupanar et c’est réservée, qu’elle se contente de les saluer d’un hochement de tête. Décidément, se rapprocher du seuil de la porte lui semblait être une quête impossible. Entre l’accueil et le Salon semblait exister des entraves qui au-delà de l’esprit enchaîne jusqu’au corps des courtisans. Toutefois, elle insiste, le cherche du regard comme pour se rassurer alors qu’elle reste incapable de le rejoindre. Condamnée.

Les courtisans sont déjà tous prêts, les clients arrivent et c’est résolue et coupable que la serveuse réalise que ses obligations la contraignent jusque dans ses moindres désirs. Amitié, Interdit…Tout cela ne semble être que distractions malsaines et destructrices. Pourrait-elle un jour sortir de ces murs et oublier sa condition de putain ? Illusion.

Le corps se tourne et la courtisane regagne malgré elle le comptoir. Pourtant, parmi les visages présents, un seul semble la rassurer et l’apaiser. Inconsciente, elle aimerait se loger entre ses bras et oublier jusqu’à cette révélation amère, mais professionnelle, elle se retient et dissimule jusqu’à son trouble. Se tournant vers la barmaid et Riesling, elle enchaîne.

Camille….Ravie de vous rencontrer. Pourrais-je avoir un verre de vin, s’il vous plait ?

_________________
Lev.
{ Douce Approche D'un Destin scellé en un Parchemin }

Lev prend entre ses mains le parchemin. Il ne sait pas les mots qui peuvent y être écrit. Il en connait l'aboutissement, une décision, un choix. Il revient en soirée par l'entrée usuelle de la Clientèle pour se présenter au Portier. Perdu dans ses pensées, il a le sentiment de revivre cette scène pour la deuxième fois, tel du déjà vécu. Il n'y changera rien au scénario. Il connait l'issue de son passage à cette entrée où ce sera lui, qui dorénavant, se tiendra à accueillir. Prendre l'air est une manière pour lui, de trinquer, à son avenir. Il aurait pu certes, rester au sein de l'Aphrodite, pour prendre place à son travail d'office. Lev n'est point homme à tout raser, ravager sur son passage. Il a une forme de respect inconditionnel devant toutes situations. Le jeune homme ne s'en défait que rarement. Il n'y fera pas défaut pour cette occasion.

Il a fait un effort sur sa tenue. Il a pu choisir avec ses maigres économies, une chemise mieux taillée à son gabarit pas si imposant en carrure mais en taille. Non point trop large, elle dessine pile poil, sa physionomie svelte d'un félin aux abois. Main agrippée sur le butoir, il refait geste pour geste, le bruit à la porte de la Maison Haute. Un regard baissée dans l'attente sur le parchemin tournant entre ses doigts, à peine du bout des doigts.

Lev relève la tête. Serein. Au fond de lui, heureux, exalté dont il cache si bien la pulsion au sein de ses veines de son sang. Un sourire simple. Un visage avenant. Des yeux fendue en amande. Bien figés sur la porte.
Daeneryss
~ Avec Gabriele ~

Mon sourire s'étire au fur et à mesure que je sonde le regard de mon autre et surtout de la détresse de ce dernier à comprendre l'endroit dans lequel nous nous attardons. Nul doute, c'est bien ici que la soirée se déroulera et c'est ici que les conditions de notre couple allaient changer un peu. Les interrogations dans son regard ne sont que bonheur à mes yeux et l'entraîner vers le Salon du Lupanar était pour moi un réel bonheur, qui devait - à cet instant précis - se lire sur mon visage comme dans un livre ouvert. Nulle excuse ni détournement, pas de contrainte ni de retenue, si c'est à l'Aphrodite que nous étions, c'était bien pour que les dernières barrières de nos vices s'écroulent et brûlent comme les portes des Enfers. Pas de retour en arrière, ma main passée dans le dos masculin, alors que cette fois le salon était ce qui s'offrait à nous, mon regard se porta sur des personnes déjà présentes. Deux hommes, dont un à qui je rendis le sourire de politesse, et des femmes bien entendu. Courtisans, clients... Tout dans cet endroit me donnait envie d'en connaitre davantage et c'est les azurites brillants que j'entraîne mon Corleone vers le comptoir.

- Peu importe où nous sommes ne crois tu pas ? N'es-tu pas à ton aise ici ?
Tout en lui souriant, ma main effleurait le bois du comptoir où mon regard se porta et se fixa sur la barmaid. Mince sourire de circonstance.
- Pourrions nous avoir deux verres de vin s'il vous plait? Monsieur, ici, semble en avoir besoin pour reprendre ses esprits... N'est ce pas ?

Ce que j'aime défier le Mâle... Je sais qu'à ce moment précis, l'orgueil corleonien est piqué au vif. Peut-être me foudroiera-t-il de ses émeraudes pour me remette à ma place que je ne conserverai pas bien entendu, préférant mille fois le jeu de la provocation. Je ne suis étrangement pas mal à l'aise ici, même plutôt en confiance, et ma main - rebelle tentatrice aux envies déplacées - se glisse sur la chemise italienne, tout en jouant au passage avec les liens qui la ferment, tirant ça et là sans pour autant ne rien délier. La soirée ne fait que commencer. Autant la vivre pleinement.

- Considère ça comme ton cadeau de mariage Gabriele. Ce soir sera ton soir, et je tiens à ce que ce masque crispé quitte définitivement ton visage. Nous sommes ici pour profiter, de tout. De ce vin, de cette ambiance feutrée, de la beauté des courtisans et courtisanes, de nos envies... mêmes les plus inavouées. Et je sais que tu en as. Tout le monde en a...
La proximité n'est pas une limite à notre tenue ici, aussi n'ai-je aucun problème à me rapprocher de lui, emprisonner doucement le lobe de son oreille de mes nacres pour lui infliger la légère pression de la morsure dominante, tout en portant désormais mon regard sur les autres, dont nous ne sommes pas si loin après tout.
- Je vais t'offrir tout ce que tu désires. C'est bien ça le mariage non? Regarde-les, comme elles sont belles... Si j'étais un homme, je les trouverai sublimes : leur regard déterminé, leur voilage transparent... Elles ont un pouvoir énorme. Et tu le sais autant que je le sais. Alors cesse ces questions qui te torturent plus que de raison, ton unique inquiétude ce soir ne doit être que la suivante : combien de fois la petite mort t'emportera dans son sillage ce soir?

Cela n'avait duré que quelques secondes, alors que mon souffle avait caressé sa peau d'une chaleur sûre et déterminée. Désormais, je voulais qu'il prenne totalement possession de ses moyens, aussi ce fut un ravissement que de voir la boisson arriver. Tout en me redressant pour sourire avec une assurance presque éhontée, je m'écarte du Corleone. Juste un pas, rien de plus. Échange de bons procédés, breuvage contre récompense, je m'empare de mon verre que je lève légèrement à son honneur. C'est drôle, je sais qu'une multitude de choses doivent lui traverser l'esprit. Certaines raisonnables, d'autres beaucoup moins. Peut-être se dit il que j'ai perdu la tête, sans doute n'envisage-t-il même pas vraiment l'idée que j'ai en tête. Tant mieux. Qu'il se fasse des idées, son plaisir n'en sera que plus démesuré.
_________________
--Adryan
[Au bar, avec Sybil, Riesling, Adélaïde, Camille, Alphonse et des futurs mariés bien particuliers]

Le verre fut servi, assorti d’une ébauche de sourire castillon, agréablement surpris que la donzelle derrière le bar ait un minimum de connaissances pour assurer un service correct. Du moins dans l’immédiat. Certaines finesses qui assuraient la réputation du luxueux établissement lui échappaient pourtant. Elle apprendrait. Il aurait pu lui glisser à l’oreille ses premiers conseils mais, dans son dos, la voix agaçante du comptable lui piqua l’oreille. Instinctivement, le regard gris se posa sur le couple qui pénétrait l’établissement dans un curieux colin maillard prometteur de bien des lubies tordues. Certainement le Castillon se serait-il diverti à observer le curieux manège si un murmure trop indiscret pour échapper à son ouïe aiguisée malgré le brouhaha, ne lui avait vrillé les tempes.

« Ne me forcez pas à devoir vous mater pour profiter de mes largeurs, Sybil… Votre peau bleuit comme un rien, vous le savez bien… »


Sur l’instant, Adryan cru divaguer et déformer le sens mots de l’odieux félin, mais l’ordre qui suivit sonna comme un coup de marteau, enfonçant le clou dans les profondeurs de son ébahissement. La poigne castillonne comprima le verre cristallin, manquant de peu de le faire éclater sous la pression du gant de cuir noir. Le sous entendu était net. La menace sacrilège tout autant. Depuis qu’il avait franchi le seuil de l’Aphrodite, alors que Quentin en tenait encore les rênes, au contraire de ces bouges immondes pullulant dans les quartiers sordides de la capitale, à l'Aphrodite, les catins étaient libres de leur travail. Mais le murmure flirtait avec des griefs bien plus lourds encore, avouant que les coups avaient déjà été portés quand la faiblesse de la peau nacrée de Sybil à bleuir était sue. Les mâchoires se crispèrent, rageuses, et le verre vidé d’un trait. L’alcool lui brula la gorge comme une claque qui eut cependant le mérite de réserver quelques instants à la réflexion avant d’envoyer son poing voltiger dans la mâchoire féline.

Trop.

Si la simple vue d’Alphonse n’éveillait à la bouche nobiliaire qu’un gout amer d’avoir tant pris de plaisir entre ces bras à ce point méprisés, il n’en connaissait pas moins le Comptable et ses valeurs. Fourbe, agaçant, arrogant, impertinent, il l’était. Brutal et violent, il ne l'était pas. Evidemment, sept jours avec une démente dans une cave puante auraient pu le briser au point de sombrer dans des penchants abjects quand déjà, sa raison était suffisamment dérangée aux yeux d’Adryan, pour que la vie de la folle soit non seulement épargnée, mais en sus s’abrite sous le toit même du lupanar. Mais jamais, le Castillon en aurait mis sa main à couper, le Chat n’aurait ainsi bafoué la mémoire de son ancien amant. Pour une raison qui lui échappait totalement, Alphonse, sournois émétique, se jouait de la naïveté de Sybil à ne pas le connaître assez. Mais pourquoi ? Le verre claqua sur le marbre du comptoir qui, trop malmenée par l’ire castillonne, se révolta en se fendillant sous le regard d’acier. Si à cet instant, la chemise comptable fut épargnée d’une empoignade déterminée à l’envoyer valser sur le mur pour arracher des aveux, ce ne fut que pour éviter l’esclandre. Professionnalisme gluant devant les hôtes du bordel. Si ce fut le devoir qui sauva le comptable, ce fut le parfum de jasmin qui engourdit les sens aristocratiques.

Elle était là. Il le savait avant même que Sa voix ne coule à ses oreilles. Avant même que le regard gris ne se relève sur Elle. Et un instant, tout fut oublié, drogue fantasmatique à Elle seule. De Sibyl et sa mine renfrognée. D’Alphonse et ses manigances incompréhensives. Du départ de Dacien et l’agacement qu’il n’avait pas manqué de provoquer, tel un dernier salut à ce qu’il était. Plus rien. Il n’y eut qu’Elle. Camille. Son regard. Sa bouche. Sa réserve. Sa pudeur. Et Adryan s’y accrocha, tel un mirage de réconfort dans ce monde qui ne savait que l’agacer et dévorer sa tranquillité de mesquineries usantes. Pourtant le regard trop vif se déroba, s'échappant douloureusement à la tentation de la prendre par la main pour l’arracher à ce marasme et replongea sur le verre ébréché.

Une chose cependant était certaine, ce soir ou un autre, le Comptable aurait à s'expliquer.
--Sybil
[Au comptoir, avec Alphonse et Riesling, puis Daeneryss et Gabriele.]

C'était vieux comme le monde, l'histoire de la pute amoureuse de son maquereau. Et diablement efficace, pas que pour faire avaler des couleuvres au Castillon. Combien de ses congénères s'étaient laissé prendre à ce piège ? Par bonheur, naître putain, et l'Aphrodite, l'avaient sauvée de cette condition misérable. L'argent qu'elle gagnait ici n'était qu'à elle. Aussi, quand Alphonse se mit à jouer les proxénètes, elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire, qu'elle cacha à Adryan en détournant la tête. Se reprenant bien vite, elle s'amusa ensuite à lui servir une jolie moue boudeuse, celle d'une enfant capricieuse. Mais comme prévu, il se montra inflexible. Prenant grand soin de ne pas poser les yeux sur son « ami », par peur d'être déconcentrée par une trop grande curiosité, elle fit mine de se soumettre, baissant sagement la tête en bonne enfant obéissante, ce pendant que la main glissait hors de sous la chemise du Chat. Et puis la dextre s'éleva, pour venir cueillir son menton. Un baiser posé sur ses lèvres, les yeux clos, débordant d'une sensualité presque timide. Et à voix basse, mais suffisamment intelligible, elle ajoute :

- Viens me regarder. Je ne penserai qu'à toi.

Puis, dans le creux de son oreille, dans un murmure trop faible pour que quiconque hormis son destinataire puisse l'entendre :

- S'il est encore là lorsque j'en aurai fini... Venez marchander, et empochez le tout.

Mais Dieu seul savait si cela serait utile, car Camille venait de faire son entrée. Le test allait enfin pouvoir prendre toute son ampleur. L'amie serait-elle encore oubliée au profit de l'amante, même maltraitée et sur une mauvaise pente ? Dernière chance pour Adryan. Elle aurait bien le temps de voir s'il méritait l'affection qu'elle lui portait en dépit de tout plus tard. L'heure à présent était venue d'aller s'occuper de ces nouveaux clients. Un dernier sourire à son maquereau de comédie, avant de s'avancer vers les deux tourtereaux, son verre à la main. A pas légers, elle approcha. Les premiers instants étaient toujours les plus décisifs, surtout lorsqu'il s'agissait d'un couple, les attentes, et surtout les goûts, de l'un et de l'autre pouvaient différer. Il n'en resta pas moins qu'elle leur sourit, avant de fixer Daeneryss, puis Gabriele dans les yeux. Ce pendant que, de sa voix chaude et grave, elle leur glissait un :

- Bonsoir.

Ce rapide coup d'oeil lui avait permis, plus que précédemment, de pouvoir se faire une impression globale de leur allure. Et elle pourrait s'estimer chanceuse s'ils finissaient par la choisir, ils étaient tous deux séduisants comme le diable. La nuit augurait donc d'être délicieuse, et avoir raison d'Adryan serait la cerise sur le gâteau.
--Angella





Les sons, les odeurs, les regards furtifs, souvent les plus lourd de sens, tant de choses auraient pu lui manquer, mais jamais autant que cette mascarade jouée avec un zèle tout particulier, qu’elle sentait destiné a quelqu’un de tout proche, la Barmaid ? Après tout … ou alors, Adryan, un geste brusque semblait répondre par l’affirmative, a peine perceptible par les profanes, le marbre adorée claqua suffisamment, expliquant a la soubrette que les murs avaient vu bien des choses durant son absence.

Un nouveau visage fit son apparition, se présenta sous le nom de Camille, nomination bien sage pour une catin, sans honte aucune, les turquoise de la soubrette jugèrent la nouvelle arrivante, s’attardèrent quelque peu sur la nommée Sibyl, sans oublier celle qui semblait être la barmaid, trop d’inconnus, bien trop pour un premier soir, la petite chose est perdue, sa silhouette sombre bat en retraite derrière le comptoir, abri illusoire, sans pour autant perdre de vue le nouveau jouer venu s’offrir de lui même, se remémorant ses premiers jours au bordel, ses premiers humiliations, toutes ces choses entrevues derrières les portes mal fermées, moments ou les yeux chastes de la soubrettes s’ouvrirent sur bien des choses.

Quoi de plus instructif sur une catin, que de la voir a l’œuvre, la petite chose tachait de connaitre un peu mieux ces visages, observant avec attention sa manière de faire, connaitre l’ennemis pour mieux le servir sans toute fois se refuser un petit plaisir pour son retour.
- Pourrais-je avoir un verre d’hydromel s’il vous plaît.


Gabriele.
    - Avec Daeneryss, au bar -


En effet, il me faut un temps pour réaliser l'endroit où je me trouve en excellente compagnie. Je suis un peu déboussolé, sans doute parce que jamais je n'aurais imaginé que ma future femme puisse un jour me mener de son plein gré et sans influence de substances...illicites, dans un endroit où je devenais à la fois la plus convoitée des proies, et le plus habiles des chasseurs. Mais ça, elle le savait, car dans le cas contraire, pourquoi choisir un tel endroit ?
Mon regard tatoué la quitte un instant, pour parcourir l'intérieur d'un œil nouveau. Les tentures, le sol, les meubles, tout respire le raffinement, à l'instar des bordels italiens où j'ai passé de si nombreuses soirées plus jeune. Ça ne peut être qu'un lupanar, les femmes aguicheuses, les hommes attentifs, la sensualité qui se dégage de chaque être présent dans la salle, même cette jeune femme chargée de nous servir à boire. Tout est chaleureux, propice à l'épanouissement des plus secrètes ferveurs.

Elle a emmené le loup dans une fausse bergerie. Est-ce que ces femmes sont des agneaux, ou bien des louves, elle aussi ? Je détaille chaque femme d'un regard expert, les hommes sont laissés de côté, ils ne m'intéressent pas. Je ne suis pas de ces hommes qui goûtent à tous les plats qu'on leur propose. Je préfère infiniment la douceur des demoiselles, et le galbe rond et parfaitement harmonieux de leurs courbes.
Il n'y qu'à voir, ma splendide compagne, sûrement ce qu'il existe de plus beau et de plus désirable sur cette terre, celle qui d'un geste, d'un regard, sait allumer le feu en moi. La seule qui ait su dompter mes instincts les plus bestiaux, et ma propension à vouloir séduire le plus de femmes possible. Avec elle, plus besoin de chercher ailleurs : elle comble tous mes désirs. Elle sait prendre tous les masques des différentes amantes que j'aurais voulu avoir, pour les détrôner allègrement en se plaçant au-dessus. Elle incarne la douceur de nos ébats, l'amour de notre union, mais aussi toute la bestialité de nos sangs mélangés, mon indocile soumise.

Quelle douce tentation...Je me retourne vers la barmaid, récupère le verre de vin commandé par celle passée experte dans l'art de la provocation. Ma main libre glisse sur la silhouette sculptée par la route de ma future Corleone alors qu'un sourire s'étire à mes lèvres, léger, sous la morsure dominante, dont elle sait que je me vengerai. Tu sais bien, mon amour, que ce masque d'insoumise je peux le faire tomber à n'importe quel moment, de mille façons différentes.
Néanmoins, la perspective de la soirée à venir fait monter sur mon échine un frisson d'excitation. Te rends-tu compte de ce que tu veux m'offrir là, ma Méchée ? Tu veux m'offrir une extase dans les bras d'une autre. Et ta jalousie, où est-elle dans cette histoire ? Toi qui brûlait pourtant il y a peu de savoir qu'une autre femme a touché mes lèvres des siennes.
Qu'est-ce qui a changé, donc ?

Une voix suave me sort de mes pensées, et fait poser mon regard vert sur son origine. Celle qui habitait les genoux de l'autre homme lorsque l'on a libéré mes yeux de leur carcan de tissu. Je sonde un instant le regard qui soutient le mien, assuré, confiant. Elle est belle, cette courtisane-là, aussi succulente que possible. Mes yeux dévient sur le corps que le tissu laisse deviner.
A mon goût. Daeneryss le sait.
Je pose mon verre, enserrant un peu plus la taille Nordique, mes mains négligemment posées contre ses hanches.


« - Buena sera signorina. Je suis Gabriele Corleone, et voici Daeneryss, ma fiancée. » L'accent est chantant, alors que je présente avec fierté celle qui dans quelques jours serait la seule détentrice de ma vie. A nouveau mon regard croise celui, dans l'attente, de la courtisane. « C'est vous que nous voulons. »
_________________
Riesling
[Comptoir - Adryan, Alphonse, Sybil & le couple, Adélaïde, Angella]

De l’innocence émérite du regard en biais.

Ou, en d’autres termes, comment toucher avec les yeux.

Au milieu du ballet étrange des courtisans, du personnel et des clients, Riesling eut soudain une conscience aiguë de sa propre chair et du fait qu’elle seule ne touchait rien, étrangère encore totale au lieu dont elle ignorait tout hormis l’entrée et le hall. D’une atmosphère qui pouvait être oppressante comme réconfortante, comme on s’enroule douillettement dans les langes délicates qui formeront bientôt un linceul. Elle reporta ses opales glacées sur la Sybil, en acquiesçant. D’autres décideront, quand elle apprendra. Elle apprendrait. Elle observait, le coin droit de son museau affûté étiré dans un rictus matois, et se dit qu’elle aimait cela. Elle aimait la drôle de pièce jouée devant elle, pantomime à ses yeux puisqu’elle n’en saisissait pas les paroles tandis que les gestes, eux, étaient plus qu'expressifs, entre le comptable, la blonde et le courtisan. Les murmures lascifs et le verre brisé qui hurlait avec insolence les pensées qu’on taisait. Le Goupil ignorait les enjeux mais se repaissait superbement des ressentis comme un récipient pouvait s’emplir d’eau.

Son entrevue n’était pas terminée ; ses preuves étaient encore à faire. La jeune femme destina un signe de tête tranquille aux nouveaux arrivants, et réitéra d’une voix trainante son salut et l’énoncé de son pseudonyme. Cette fois encore cependant elle ne s’attarda pas sur les visages. Pas tant qu’elle n’aurait pas de certitudes ; c’était sa condition. La jeune femme aimait à faire comme si son temps était précieux. Elle marqua un temps de pause, en observant les courtisanes. Elles étaient belles. Evidemment. Elle le dit d’ailleurs, inclinant la tête de côté sans pudeur aucune, comme on détaille une statue d’un œil englobant et appréciateur. « Y’a qu’ici qu’on peut voir des femmes comme ça. » Des femmes payées pour. S’amusaient-elles ? A son tour la rousse se saisit d’une coupe sans se soucier du contenu et la porta à ses lèvres pour en boire une gorgée, avant de s’asseoir avec nonchalance près du comptoir – en tout point comme si sa place avait toujours été à cet endroit. Son regard bleu restait fixé sur le ballet de l’entrée : le couple au bandeau, l’approche de Sybil, la démarche, le croisement des regards, des gestes ; ce qu’on pouvait penser sans le dire et inversement ; maintenir encore un fourreau de faux-semblants. C’était pourtant l’instant qui lui semblait le plus réel ; Riesling avait réintégré son corps, étonnamment plus alerte et consciente lorsqu’il s’agissait de devenir spectatrice que comédienne. D’autant que le rôle lui était imposé ; se contenter de regarder n’avait jamais été son fort. Pourtant elle voulait voir la suite, son regard vorace refusant de se détacher l’espace d’un instant des gestes exécutés comme réprimés, dont elle ignorait les justifications qu’on pouvait professer à voix haute.

Sans cesser d’observer donc, interlocutrice désagréable dont le regard ignorait superbement le vôtre, elle but une nouvelle gorgée et entrouvrit les lèvres pour glisser à l’oreille du comptable quoique sans discrétion aucune : « Quand est-ce que j’peux avoir une entrevue avec qui de droit, vous pensez ? »

C’est qu’elle serait presque pressée.
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)