Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP]L'horloge tourne...*

--La_platine
Novgorod la Grande. République autonome, baignée par la rivière Volkhov et dirigée par Nikolaï Ivanovitch Novgorod, Knèze(1) élu par le Vetché(2). Chef naturel tant que charismatique, fier descendant d'autres Princes avant lui mais, l'avenir m'apprendra qu'il sera le dernier de sa lignée à trôner en ces terres hostiles.


[Un messager vient d'arriver, j'ai 12 ans
Envolée ma naïveté, j'suis plus une enfant.
L’horloge tourne, les minutes sont nocives
Et moi je rêve d’accélérer le temps.]


Ce soir-là, notre Père nous fit appeler dans le petit salon. Il siégeait dans son fauteuil, imposant mais non moins gracieux ; Mère, belle comme le jour, assise à l'accoudoir, nous souriait avec bienveillance comme toujours, et sa simple présence savait nous tranquilliser... L'atmosphère pesante, chaque fois qu'il exigeait un conciliabule, la dernière fut témoin d'un départ deux ans plus tôt, celui de notre aîné.
Notre fratrie se composait de quatre enfants, Nikolaï, Vladimir, Sergueï et moi. Nos personnalités différaient, de par nos âges sans doute... aussi, Niko' réputé dur quand Vlad' était sensible, Serg' et moi étions les plus semblables mais tout cela viendra plus tard dans mon récit.

Pour l'heure, notre géniteur nous observait, un vélin entre les mains et, bientôt, la nouvelle tomba comme un couperet... Notre frère avait disparu. Nous savions son voyage périlleux puisqu'il partait en guerre contre les éventuels envahisseurs, venus de l'ouest(3) ; nous pensions qu'il nous reviendrait, marqué par les combats bien sur mais victorieux.
Nikolaï. Grand et solide, à l'image des hommes de notre peuple ; la chevelure longue des régnants, aussi claire que les blés ; les yeux d'un gris argenté, profonds et limpides. Chasseur émérite, lutteur inébranlable ; il rappelait les félins sibériens, puissants et féroces, de sorte qu'il en gagna le surnom : Le Tigre.

Les larmes coulèrent, les miennes et celles de Vladimir... peut-être savait-il, dés lors, qu'il serait le prochain, sûrement même. Le patriarche m'invita d'un clin d’œil encourageant et je m'installais sur ses genoux pour entendre ses projets. Ainsi, notre frère partirait le lendemain à la recherche de l’aîné. Il s'effondra sous le regard courroucé de Père et celui, affligé, de Mère.
Sergueï et moi étions impuissants à modifier les desseins paternels, il était autoritaire et ne souffrait la moindre rébellion... si nous l'aimions, nous n'en demeurions pas moins, respectueux mais davantage encore, effrayés par ses colères et notre frère le savait.
Vladimir. Une silhouette androgyne, filiforme ; la crinière d'une blancheur neigeuse qui lui descendait à mi-dos ; les prunelles aussi bleues qu'un ciel d'été, translucides et pénétrantes. Doux comme un agneau, fragile comme un pétale ; Passionné d'étoffes, efféminé et raffiné, de sorte qu'on l'affubla d'un qualificatif : l'alambiqué.

Ce soir-là, j'aurai voulu remonter le temps, bien avant le départ de Nikolaï, quand ma vie n'était qu'un long fleuve tranquille... quand je n'étais qu'une fillette innocente mais, surtout, ignorante.


[Un messager vient d’arriver, j’ai 13 ans,
On l’a fait sans se protéger mais j'vois pas l’offensant,
L’horloge tourne, les minutes sont acides
Et moi je rêve de remonter le temps.]


Nikolaï senior tenait la cité d'une main de fer, juste dans ses sentences mais imperturbable dans ses décisions, et le peuple de l'aimer tant qu'il le craignait. Ses hommes veillaient au respect des règles édictées par les anciens et perpétuées par notre géniteur, pendant que la douce Svetlana(4) s'attachait à m'enseigner les rudiments de notre statut.
Ainsi, je partageais mon temps entre la discipline, l'instruction, la broderie... parfaite petite poupée, vêtue de toilettes somptueuses, coiffée de rubans assortis et usant d'un vocabulaire soutenu, digne de ma noblesse.

Les rares temps libres, je les passais auprès de Sergueï. Il mettait un point d'honneur à m'épargner les horreurs qui nous entouraient... ainsi, je n'assistais pas aux exécutions des criminels, je méconnaissais les difficultés vécues par la gueusaille et j'imaginais, sottement, que les Dieux nous bénissaient de leurs bienfaits. Candide jeune fille, j'en oubliais presque l'absence de nos frères ; il était mon autre, je l'aimais.

Sergueï(5). Mon alter ego, mon unique. J'ignorais, alors, qu'il était finalement voué à succéder... Dans cet optique, il subissait un entraînement draconien dont il me taisait les souffrances, toujours pour me préserver de la dureté paternelle ; ce dernier, figure de proue que j’idolâtrais encore un peu, malgré l'éloignement des deux aînés, à cause desquels, il était devenu spartiate et violent sans qu'on ne s'en offusque officiellement.

De jour en jour, nous nous étions rapprochés. D'utérin, il fut protecteur ; de protecteur, il fut amour ; d'amour, il devint naturellement amant. A l'époque, je pensais les découvertes partagées, d'un an plus vieux, mâle de surcroît, peut-être n'était-ce qu'une illusion et, qu'en réalité, il avait plus de pratique que moi ; je ne le saurai jamais et j'avoue égoïstement, que je m'en moque.
Ainsi, les baisers langoureux remplacèrent les câlins fraternels ; les caresses lascives disparurent au profit d'étreintes passionnelles... union lubrique des corps concupiscents. Notre relation, bien qu'incestueuse, nous procurait un tel bonheur que nous méprisions jusqu'à la discrétion... et Mère l'apprit.

Dès lors, mon « jumeau » fut envoyé par-delà les frontières... le commerce comme alibi qu'il maîtrisait les langues étrangères et c'était l'avenir de notre splendide Cité selon notre géniteur. J'en fus profondément marquée mais le pire restait à venir et, rapidement, je n'eus d'autre occupation que l'attente de leurs retours.
Elle ne divulgua jamais les arguments engendrant son évincement, notre Père sourd à la relation fusionnelle qui me liait à Serg' ; sans doute serions-nous morts dans le cas contraire.

Prisonnière d'une cage dorée, je vivotais au rythme d'un sablier imperceptible tandis que mon giron s'étoffait d'un fruit inattendu, à l'abri des regards... aussi surprenant, celui de notre Mère l'imitait sagement, à la vue de tous.


[Un messager vient d’arriver, j’ai 14 ans,
9 mois se sont écoulés et un nouvel enfant,
L’horloge tourne, les minutes se dérident
Et moi j'oscille, flexible j'accuse le temps.


Une jolie petite fille qu'on m'arracha sitôt venue au monde... les semaines suivantes, j'ai cru mourir mais la Mère Nature en avait décidé autrement. Je n'ai jamais revu l'enfant, ni ma génitrice d'ailleurs ; personne ne saura jamais qui avait enfanté la Princesse, hormis mes parents et moi. L'on fêta la nouvelle malgré l'absence des concernées, félicitant le Knèze de sa fertile épouse, le flattant de sa virilité et de redoubler d'offrandes aux Dieux lors du banquet afin de lui octroyer davantage de réussites. En avait-il seulement le mérite ? Je les ai maudit, à cet instant, de me l'avoir volée sans le moindre scrupule ; je les ai maudit, à cet instant, de leur mensonge éhonté. Pourtant, jamais je n'ai trahi ce secret qui nous liait d'insalubrité. L'éducation ne fut pas vaine, la famille primait plus que l'individualité et je taisais ma douleur pour la souveraineté de notre sang, pour la mémoire des mes frères que je pensais définitivement disparus.

J'assistais au banquet en digne héritière. Certains s'interrogeaient quant à ma longue absence, les études furent avancées et mon sourire terminait d'entériner la curiosité... l'orage passerait, je le croyais.


[Un messager vient d’arriver, j’ai 17 ans,
Un tsunami a tout emporté, même les jeux d’antan,
L’horloge tourne, les minutes irréversibles
Et moi je rêve que passe le mauvais temps]


Trois ans se sont écoulés. Mon univers s'est considérablement modifié et mon apprentissage est tout aussi différent... Oubliée la broderie, terminées les belles toilettes, abandonné le confort feutré ; exercices armés, vêtements de cuir, quartiers vivables en caserne.
Père m'imposa une préparation drastique, tant physiquement que psychologiquement... j'évoluais en environnement masculin, je percevais l'animosité des uns comme la perversité des autres ; la rudesse paternelle s'étoffait des assauts multiples dont je devais me libérer sans broncher. J'ai pleuré, souvent, au cours des premiers mois... puis, les larmes se sont taries, à l'instar de mon organe vital devenu aride. Il me voulait guerrière, je suis devenue cruelle ; ils m'ont voulue docile, je suis devenue redoutable. La glace, le feu... dangerosité d'une brûlure, destructrice et funeste.

Bientôt, les émotions me furent étrangères, les sentiments inexistants. Plus rien n'avait d'importance que la réussite, préserver l'honneur Novgorodien, la fierté d'un aïeul diminué par le temps et l'absence de ses fils ; la folie s'était présentée quelques mois auparavant, quand le silence fraternel avait eu raison de sa patience et mon mentor n'avait, dés lors, eu de cesse d'ajouter aux exigences.
J'ai essuyé les railleries de mes compagnons, les jalousies et les colères aussi ; j'ai émasculé certains d'entre eux, j'ai brisé des cœurs et favorisé quelques élus... Garce selon les uns, Grâce selon les autres, mais crainte de tous ; c'était l'essentiel pour moi, l'objectif pour mon père qui me vouait à sa succession. Créature issue de son cerveau dérangé, il m'avait modelée à son image et je n'étais plus que mépris, arrogance et violence.

Quand il me dévoila ses projets, je n'eus pas la moindre réaction ; impassible, je me suis contentée d'acquiescer en silence... La nuit drapait la cité de son manteau sombre, j'observais la lune et, curieusement, le souvenir de notre radieux passé me revint. Mon avenir se scella dans l'obscurité.


[Un messager vient d’arriver, j’ai 18 ans,
Mon innocence a déserté, et moi je crie vengeance,
L’horloge tourne, mon âme se suicide
Et moi je crève, je crève du bon vieux temps.]


Ironie du sort. C'est le plus proche collaborateur de Père qui me donna l'illusion d'un futur conjugué... Son omniprésence lors des dernières années ; il avait été mon maître d'armes, mon entraîneur particulier, mon confident. Ma confiance lui était acquise comme celle de mon mentor, j'en avais fait un frère de substitution et, je crois, que le patriarche le considérait presque comme un fils... qu'il n'était pas. Officiellement, il restait dans l'ombre de notre rang, obéissant aux ordres comme les hommes de la garde personnelle ; officieusement, il faisait des propositions, donnait son avis et, même, se permettait-il parfois de contredire le noble chef. J'en souriais, souvent. Perspicace, notre Knèze avait toujours tu mon accession au trône, je l'étais bien moins que lui à l'époque.

Notre relation se modifia. Il m’entraîna insidieusement dans le vice, la perversion, la luxure... assurée de sa loyauté, je n'ai pas perçu le danger ; je l'ai laissé se jouer de moi, il a souillé mon corps, il a violé mon âme... Mon lignage m'a valu de perdre totalement mon humanité, il était dévoué mais n'entendait pas échouer si près du commandement. Il m'a tuée une seconde fois.

Je n'étais plus qu'une coquille vide... comment mener un peuple, diriger une armée, garantir la sécurité et la prospérité d'une cité quand on est incapable de se protéger soi-même ? Dans ma caboche dorée, c'était impossible. J'ai quitté Novgorod sans me retourner, un soir comme tant d'autres... je n'imaginais pas, alors, que je ne reverrai jamais mes parents...

J'avais fait du chemin depuis Novgorod. J'avais suivi la Volga, rejoint le Caucase et, de là, traversé la mer Noire pour la Bulgarie... L'escale me fut enrichissante puisque j'y faisais la connaissance d'une semblable. Maribel. Elle fut ma complice, mon amie, mon égale, ma sœur. Nous partagions les mêmes vices, des souffrances similaires, un passé douteux dont nous n'aspirions qu'à faire le deuil...
Ebène quand j'étais Platine, des prunelles sombres à l'inverse des miennes ; nos physiques différaient où nos caboches dérangées nous unissaient... des contraires si semblables.

Et puis cette nuit de débauche. Le réveil en Empire.

Sion. Petite ville enclavée d'Helvétie, calme et trop tranquille, à l'époque. Peut-être est-ce différent aujourd'hui, je n'y suis jamais retournée. Cependant, elle fut le témoin silencieux d'un nouveau départ, d'une nouvelle vie. Une page s'était tournée, avec elle, la fin d'une histoire et la continuité d'une autre...

Quand ? Comment? Pourquoi ?

Quelle importance... Mon orgueil démesuré aura sans doute pesé aux épaules de mes proches ; je n'éprouve, pourtant, ni regret, ni remord. Unique blessure, à jamais béante, celle de ne t'avoir serrée dans mes bras, ne serait-ce qu'une fois.
Mais, si tu as lu ces quelques lignes, tu connais la suite.... Aujourd'hui, Ma Douce, c'est à toi d'écrire l'histoire !


[Un messager vient d'arriver, j'ai 30 ans
30 ans de liberté, mortel aboutissement,
L'horloge tourne, les minutes sont fictives
Et moi je n'existe, que dans l'esprit des gens...(6)]



1 - Knèze ou Kniaz: titre de noblesse valant prince/duc/comte
2 - Vetché : assemblée populaire, haute autorité de la république
3 - Envahisseurs : scandinaves dans l'idée, mais des teutons aussi au fil des années
4 – Svetlana : mère de la fratrie, si ce n'était pas clair^^
5 – Serguei : pas de descriptif afin d'éviter la moindre offense qui irait à l'encontre du RP actuel du personnage
6 – L'horloge tourne – Mickael Miro... honteusement détournée pour les besoins du RP
Nikita.novgorod
Novgorod la Grande. Il y a quelques années. Une petite Princesse sourit au miroir, ou plus exactement, à la femme qui se tient derrière elle. La voix de l'adulte résonne en douce mélodie dans la chambre et la blondinette l'écoute religieusement en se laissant coiffer docilement. L'on peut entendre l'agitation extérieure... Les passes d'armes qui se déroulent dans la cour, les piétinements des domestiques dans les couloirs mais, surtout, le timbre rauque du Knèze, dont la puissance vocale écrase les bruits alentours d'autorité.


Que tu sois jolie, que tu sois laide
Que tu t'en balance ou qu'ça t'importe
Avant qu'tu m'oublies ou que tu décèdes
Ouvre-moi ta porte
Je voudrais te prendre dans mes bras


Le père est diminué. La mère est affaiblie. Chaque jour qui passe menace d'être le dernier mais ils affectent le contraire... Au centre de leur attention, une précieuse perle de 13 ans qu'ils élèvent depuis sa naissance sans qu'on ait jamais su la vérité. Aux yeux de tous, l'enfant est la dernière née d'une fratrie dévastée ; les aînés disparus qu'on les a pleurés longtemps dans leur royaume, comme les femmes du cercle en portent encore le deuil.

La jeune fille tranche dans l'ambiance macabre. Candide et curieuse, elle s'esbaudit de toutes les découvertes et, souvent, le sourire habille son minois juvénile... mais pas ses dernières semaines. Le froid s'est invité plus sûrement mais ce n'est pas des températures qu'il s'agit ; les hivers sont rudes ici et les Hommes sont façonnés à ce climat austère, la Mère Nature y veille. C'est au sein même du clan qu'un voile polaire s'est posé et, bientôt, il les enveloppera un à un et les emmènera avec lui de l'autre coté...

On l'y prépare doucement, chaque instant... depuis toujours, sans doute. N'est-ce pas le cycle de la vie que de finir par la mort ? Son innocence affichée n'obture pas sa conscience et la Blondeur d'en avoir souvent devisé, tantôt avec la gouvernante, tantôt avec ses cousins. Sa famille lui manquera, la seule qu'elle connaisse ; des générations réunies, mais surtout, cette jeunesse Novgorod qui aura partagé ses années et, avec laquelle, les bêtises paraissaient si amusantes.


Que tu sois putain ou religieuse
Que tu sois faible ou que tu sois forte
Avant que ton bout d'cimetière se creuse
Ouvre-moi ta porte
Je voudrais te prendre dans mes bras


Un vélin scellé des armes familiales. Le patriarche y tenait. D'une écriture assurée, il a encré les mots ; ceux-là qui conclurent la conversation, agitée, d'une matinée s'annonçant pareille aux précédentes mais qui, finalement, ancra l'avenir proche de la Poupée Russe à d'autres contrées.
Une tapisserie brodée. La douce épouse la lui avait confiée. L'arbre généalogique présentait quatre générations, quelques ramifications attendaient qu'une aiguille y ajoute une éventuelle descendance ; les branches concernant la fratrie semblaient érodées du toucher, encore et encore, par les doigts d'une mère éplorée.

L'escorte considérable. Les bagages colossaux. Et c'est une caravane impressionnante qui traversa la Russie occidentale jusqu'à la mer d'Azov... Le voyage se poursuivrait en bateau pour rallier Istanbul et la Capricieuse d'apprendre, à ses dépends, qu'une surcharge n'était pas acceptable et qu'il lui fallait abandonner ce qui faisait son quotidien. La garde réduite à quelques hommes et une unique malle navigua sur la mer Noire pour faire escale en Turquie.
A mesure qu'elle avançait, l'impatience plus présente... Elle souffrait le périple comme une plaie ouverte qui ne parvenait pas à cicatriser ; trop longue, trop lente que cette nouvelle embarcation sans le confort dont elle était coutumière et l'adolescente de désespérer d'apercevoir un jour les côtes françaises.


Que tu te trouves lâche et qu'tu t'en veuilles
Ou que ça t'indiffère totalement
Avant que tout l'monde à part moi
Ne porte ton deuil
Je voudrais te prendre dans mes bras


La Gascogne. Sur le quai, un homme dont la silhouette lui en rappelait d'autres, malgré sa délicatesse... Le vent animait sa chevelure platinée ; son physique contrastait dans le paysage, tellement différent des autochtones au teint halé. Elle sut, dés lors, que c’était lui et de lui tendre le message paternel sans un mot. L'oncle Vladimir lu les directives, d'un silence partagé. Un nouveau jour naissait, une nouvelle vie pour la blondinette.

D'une patience infinie, il lui enseigna les us et coutumes d'un pays inconnu ; il lui apprit la langue, les croyances... il s'attacha à poursuivre l'éducation reçue auparavant, certain d’œuvrer à lui ouvrir les portes de la bonne société. Lors des pauses qu'ils s'octroyaient, il répondait gentiment aux nombreuses interrogations de la Curieuse ; il lui expliquait ses frères, sa sœur, et lui racontait leurs aventures qu'il ne manquait pas d'embellir. Après plusieurs mois, il lui conta l'histoire de l'Asmodée et cousu de ses mains, la cinquième génération Novgorod sur la tapisserie : Elle, qui n'eut plus qu'un objectif, les retrouver.
Aux heures pleines, il était donc un tuteur attentif à sa jeune nièce ; malheureusement, il menait une existence dissolue et, le soir venu, se perdait en débauches multiples.
Ainsi, il oscillait d'un extrême à l'autre. Des relations sodomites, gorgées d'ivresses monumentales et, le plus souvent, enveloppées de brumes opiacées. Ses travers lui valurent quelques déconvenues et finirent par le rendre à ses ancêtres... Une nuit d'excès, un bain de minuit et il se noya sous le regard indolent de son amant, trop défoncé pour esquisser le moindre geste.

La jolie Perle en gardera une haine viscérale aux comportements qu'elle qualifie de déviants. Chargée de ses maigres trésors en balluchon, elle quitta la ville pour une nouvelle exploration...


Même si tu t'fous de c'que je pense
Même si t'es méchante comme dix
Même si ton monde entier
Ne sait pas que j'existe
Je voudrais te prendre
Je voudrais te prendre
Parce que t'es ma source et mes racines
Parce que t'es ma cigogne et mon chou
Parce que dans ton ventre il y a
Mon pays d'origine
Je voudrais te prendre dans mes bras


Le Royaume s'avéra plus grand qu'elle n'imaginait. Elle apprenait les difficultés, la faim et la fatigue... toutes ses choses dont elle ignorait jusqu'à l'existence, toujours choyée par sa famille et de comprendre la solitude comme le besoin. Le chemin de croix débutait vraiment ; l'épopée maritime plus agréable qu'on veillait à son bien être alors qu'elle se pensait en enfer... Mais isolée, étrangère et sans fortune, elle mesura sa chance passée ; les anciens dieux la mettaient à l'épreuve, sans doute.

La Guyenne, puis le Limousin... Le découragement s'insinuait, au détour d'une escale ou d'une rencontre ; elle parlait peu et ne se découvrait pas quand, par chance, elle croisait quelqu'un. Elle s'étonnait souvent des désertions, les cités dénuées d'âmes qu'on les désignerait fantomatiques sans les cultures ou élevages. Sa conclusion fut d'une logique implacable, un Seigneur tyrannique qui effrayait son peuple. Candeur.

Le Berry, la Touraine... ou était-ce le Poitou ? Son sens de l'orientation laissait à désirer ; l'impulsivité de la jeunesse, elle allait de tours en détours pourvu qu'elle n'avance. Un comté, puis un autre qui, tous, lui apparaissaient semblables ; l'accent des populations en indice d'une frontière passée, un courrier de la douane pareil au précédent qu'elle se persuada bientôt de l'omniscience d'un seul et unique douanier pour tout le pays. Innocence.


Que je sois ton regret le plus tendre
Que je sois ton plus mauvais souvenir
Que je me sois fait donner ou vendre
J'ai jamais cessé d't'appartenir !



L'Anjou. La Blondeur poussa la porte d'une taverne et ce fut la révélation... Le puzzle débuté trois ans plus tôt prenait forme, enfin. Une brune qui l'accueillit, une pièce trouva sa place ; une rousse un peu barrée et c'est un morceau supplémentaire qu'elle posa. A l'instar d'une partie d'échecs, les pions se mouvaient ; cavaliers louvoyaient, tours dissimulaient mais c'est le Roy qui fut la clé.

Elle avait posé ses valises à Saumur, comme sa famille avant elle... Sa quête n'aboutissait plus guère depuis quelques temps ; les indiscrétions et autres confidences plus rares qu'elle avait harcelé de questions ses maigres connaissances. Le groupe était parti depuis peu, elle s'efforçait de remplir les trous quand les réponses manquaient ; attablée, elle grattait un parchemin entre deux lectures et il entra.

La flamme vacilla, il était assis près d'elle avant qu'elle n'esquisse un mouvement ; hypnotisée par la silhouette si caractéristique à son peuple... quelques mots suffirent à abattre ses fortifications, un même langage et la solution au casse-tête. La petite Perle était parmi les siens, auprès du chef de famille Novgorod ; Nikolaï déverrouillera l'héritage maternelle et comblera les vides laissés par son lourd secret... elle se familiarisera avec les femmes gravitant autour de son oncle ; elle deviendra tata d'une jolie fillette et, bientôt se découvrira une réelle tendresse pour l'adorable Sasha, ainsi que pour sa mère.

Son voyage s'achevait. La boucle était bouclée, trop tard pour qu'elle n'embrasse jamais Natasha... son précieux courrier posé contre son cœur.

Je voudrais te prendre...
Je voudrais te prendre
Je voudrais te prendre dans mes bras
Et me reconnaître dans tes yeux
Je voudrais te dire que j't'en veux pas
Même si y a des soirs où je t'en veux
Que tu te sois damné les entrailles
Ou que tu m'aies fait des demi-frères
Si tu te présentes aux retrouvailles
Je veux que tu m'serres
Je veux que tu m'serres dans tes bras !!! ...

_________________
Nikita.novgorod
Je suis le fruit d'une blessure
Le souffle d'un trop long combat
Dans le silence et sans injure
J'ai grandi dans des draps de soie
Je suis née sans éclaboussure
Regardez-moi, rien ne se voit
Je n'en serai jamais trop sure
De vous à moi, je ne sais pas


Les mois se sont succèdés. La jouvencelle se familiarisait à sa terre d'adoption ; elle apprenait l'Anjou et ses particularités... pour le moins surprenantes parfois, amusantes ou, plus sûrement, effarantes. La Punaise n'en comprenait pas toujours le fonctionnement, les angevins empreints de folie pour la plupart mais, curieusement, cette singularité lui convenait. La famille vivait sereinement et c'était bien là, l'essentiel.

Au fil des saisons, les visages différaient. Quelques belles rencontres dont elle gardera un souvenir impérissable, d'autres qu'elle a déjà oubliées... Sa quête identitaire terminée, elle apprit la nature humaine pourtant. Tantôt le mensonge et l'hypocrisie, tantôt le respect et l'amitié. Les échanges musclés, parfois alcoolisés et, souvent hilarants ; un procès burlesque, une fugue cocasse...

Mais si je m'en sors
Sans bleu au corps
Etre normale pour être bien
Effacer quelques lignes de ma main
Et si je m'en sors
Je veux encore, sentir la chaleur
De ce beau matin, ensemble, alliés
Contre un drôle de destin


Je ne connais pas le plus dur
Je n'ai pas vraiment de blessures
Sans vous je n'existerais pas
Sans vous je ne me connais pas.


Bien sur, les Aînés les ont retrouvés.... Le duo blondin en escale alanguie, la caboche dorée couvant le secret espoir de vaincre un plantigrade semant la terreur en Toulousain. La récompense ne fut pas telle qu'elle l'imaginait, la colère Tigresque en lieu et place d'une éventuelle richesse. Celle-la raflée par une vieille à la gouaille certaine, qu'elle aura effrayé l'animal de son timbre nasillard... comment ça mauvaise foi ?!

Qu'à cela ne tienne ! La Blondeur a la mémoire sélective et, la mésaventure passée que sitôt oubliée... d'autant qu'avec l'aide précieuse du petit Tsar, elle aura su échapper aux courroux rouquinesque de sa « Mère ».
La sécurité du giron familial fût goûtée à sa juste valeur par les jeunes Novgorod et le retour en Anjou, des plus instructifs.

De cette histoire qui me touche
C'est qu'il n'y a rien à regretter
Quelques silences au fond de moi
Quelques silences et c'est comme ça


Ni remord, ni regret. Le letmotiv maternel en héritage... aussi, la vie se poursuivait tranquillement pour la petite Perle. Entourée et choyée par sa famille, bien qu'elle s'en défende à grands renforts de caprices aux prétextes puérils.
Ainsi, elle se devait d'être assidue aux études selon Nikolaï ; se devait d'être exemplaire pour ses cousins selon les Sorcières – comprenez Carensa et Ode ; se devait d'être, finalement, la jeune femme de noble naissance... C'était sans compter ses rêves, ses aspirations et, surtout, son esprit de contradiction.

Ce soir, assise près de l'âtre, elle échappait à la surveillance des « vieux », partis en escapade et savourait un nectar quelconque. Songeuse aux derniers mois. Un fin sourire s'invita au minois et de sortir le nécessaire à l'écriture...


Citation:
A toi, l'Ancêtre,
De moi...


Et si je m'en sors
Un peu plus forte
Etre normale pour être bien
Effacer quelques lignes de ma main...


... mais pas toutes.

_________________
Nikita.novgorod
Être une « Princesse », c'est pas facile tous les jours... on ne soupçonne pas les difficultés rencontrées par les descendantes, alors celle de la Platine, je vous laisse imaginer le bordel !
Primo, elle n'a pas oublié d'hériter de la modestie Novgorodienne. Ouais, la perfection parfaitement parfaite, toussa toussa.
Deuxio, elle est surprotégée par son Oncle. Lequel est plus proche de l'ours dérangé pendant l'hibernation que de l'être humain, le pelage en moins mais quant au caractère, c'est similaire.
Tertio, elle utilise sa tête, ou croit qu'elle le fait. Et ça, ben ça fout les jetons, parce que le mono neurone, il turbine à plein régime. Et bizarrement, deux fois plus vite qu'on lui passe toutes ses illuminations, pour ne pas dire caprices.

Résultat... c'est la foire à la connerie !


Je me suis gavée de vatrouchka*
J'ai tout fumé la Rachacha**
Puisque tu n'seras plus jamais là
J'ai éclusé toute la Vodka
J'ai pleurniché pour un rafiot
Maint'nant j'ai un très gros bateau
La caboche toute pleine de complots
Tantôt débiles tantôt géniaux...


Dans l'absolu, les desseins, ourdis sous la crinière aurifère, sont plus souvent pourraves qu'ingénieux mais ça, évidemment, elle ne l'admettra jamais. Dans son esprit dérangé, elle est la réincarnation d'un génie d'antan... lequel ? C'est toute la question. Elle ne le sait pas encore mais finira bien par trouver.
Pour l'heure, l'Anjou, ses guerres, son indépendance et ses buses sont loin... la famille s'est installée en Guyenne. Ce qui, au passage, n'était déjà pas une idée lumineuse, mais le duché a l'avantage d'être ouvert sur l'océan, et c'est sans doute, ce qui explique la prolifération de mollusques et autres gastéropodes.
L'environnement perfide n'aura su qu'encourager la Blondeur dans ses délires improbables... elle redouble d'inventivité, surtout quand il s'agit d'emmerder le monde.


J'ai même épousé un Barbu
Qui adhère à mes coups tordus
Et comme tu es toujours mourue***
Moi je dépense tous tes écus
Je ne connais pas la modestie
J'use régulièrement de mépris
J'en fais baver au pauvre Benjy
En véritable petite Chipie


Évidemment, l'époux n'est pas le seul à subir les humeurs platinesques, non, ce serait trop simple ! Tout le monde y passe sans la moindre distinction, pas de jaloux, elle n'est pas sectaire...
C'est Viki, avec laquelle l'engueulade n'est jamais loin, entre deux murges. C'est Trudy, qu'elle fait tourner en bourrique sans scrupule. C'est Talya, qui la frustre à gloutonner toutes les chouquettes. C'est Niko', qu'elle n'hésite pas à faire banquer, lors de ses crises d'achats compulsifs. C'est Verra', qu'elle asticote volontiers, pour le simple plaisir. C'est Carrie, qu'elle inonde de pleurnicheries afin d'étoffer sa garde-robe. C'est Sasha, qui la rend aussi puérile et pénible qu'une gamine pourrie gâtée... en fait, personne n'échappe à l'orgueilleuse Chienlit. On fera l'impasse sur le traitement accordé à ceux qu'elle ne souffre pas et, ils sont nombreux. Ouais, pour ça aussi, elle tient de sa mère !


D'façon j'serai toujours la plousse belle****
Sinon je l'imposerai à coups d'pelle
Aidée de l'Escladoudou-époux
Ils finiront tous à genoux !

Fallait pas périr, tu vois,
Il est beau le résultat
Je fais rien que des bêtises
Des bêtises... sans Natasha.


En résumé, elle est créative... ou pas. Les mois se sont écoulés, la Platinette a changé. Elle a pris en maturité dans certains domaines, elle a perdu sa candeur dans d'autres. Elle est passée de jouvencelle à épouse, d'insouciante à érudite, de Pépée à Capitaine...

D'ailleurs, elle monte à bord du vaisseau... ce soir, une nouvelle aventure débute. Encore une illumination blondesque.


    - Tu vois Maman, on l'a eu ce putain d'rafiot...



*Vatrouchka
**Rachacha
*** j'assume mes horreurs^^
**** spéciale dédicace à Daisy

_________________
Nikita.novgorod
Toute la famille est partie*
Mon cœur s'est recroquevillé
Mes vacances, c'est toujours ici
Mes projets, c'est fabuler
Mes amours, c'est résister


Alexandrie n'est plus qu'un lointain souvenir... des années à se focaliser sur cette entreprise, à batailler pour le rafiot, à dépenser une partie de son héritage pour qu'il ne reste, finalement, quasiment rien de l'aventure, hormis de ravissantes tenues et autres étoffes colorées. Au fil des semaines, elle les a vus partir, Andreï et Niko' d'abord, bientôt imités par Carrie, Verra et les petits, puis ce fut le tour de Viki'... Aussi narcissique soit-elle, ils ont laissé un grand vide qui l'a plongée dans une profonde mélancolie, aussi elle a tenté de combler ce désert, à trimer la journée durant et s'abrutir dans les bouquins jusqu'à plus d'heure...

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi


Trop égocentrique, probablement... A se lamenter sur son sort, à déplorer l'abandon n'existant que dans son esprit, elle a négligé l'essentiel, son Autre.

L'erreur.

Si leur histoire a longtemps reposé sur des malentendus, leur mariage était une certitude... Les sentiments sont nés à force de pratique, ils se sont souvent cherchés, parfois engueulés pour, finalement, s'aimer. C'est ancré en elle, comme un second souffle, qu'elle n'est jamais si vivante qu'auprès de lui. Et jamais si trompée qu'avec lui ! Elle se rêvait couronnée, la voilà Reyne... des cocues !
Pourtant bonne élève, celle qui, autrefois, frisait l'hystérie au moindre contact, baignait maintenant dans les abysses luxurieuses, élaborées par son Homme. Malléable et curieuse, la Blondeur est ainsi passée du coté obscur, sans opposer quelque résistance puisqu'elle l'a dans la peau... accablant constat, dont il se flatte, peut-être...


Et le temps défile comme un grain
Et moi je suis à la fenêtre
Je suis si peu défiante que demain
Une coureuse passera peut-être
Sans que je sache la reconnaître


Combien y sont passées ? Qu'importe en vérité, c'est toujours la première fois la plus douloureuse... mais comme toutes initiations, elles restent enracinées au neurone, pareilles à ces cicatrices qui vous démangent, alors qu'elles datent d'une autre vie. Ainsi, la Punaise s'est vengée -ce qui est très mature, oui-, ensuite, elle a hurlé et peut-être même cogné, celle d'après a valu quelques jours difficiles à Benjy, des privations possiblement et quelques vacheries novgorodiennes assurément... Drapée de dignité atrophiée, elle ne fait plus d'éclat aujourd'hui. Elle écoute, sans cri, sans heurt. Elle encaisse péniblement, consciente de la faiblesse masculine, sitôt qu'une paire de mamelles se dévoile un peu trop.

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi


A l'hiver dernier, elle l'a cru. Oui, elle a cru que ce serait l'ultime, que la croisière en orient détruirait les erreurs passées, annihilerait les pulsions lubriques ... candeur, candeur. Six mois. La moitié d'une année sans crise à déplorer, ou rien qui ne mérite d'y revenir. La moitié d'une année enchanteresse, rythmée par les vents marins, l'exploration des contrées lointaines, les réparations du bateau -vachement moins glamour-, le retour au bercail... Et le relâchement, qu'elle a surestimé la valeur accorder à leur union, qu'elle a supposé leurs sentiments jumeaux. Le nombrilisme blondesque, pernicieux complice à la débauche masculine, l'associé du diable à son insu... L'époux adultère a encore frappé... encore oui, qu'il n'est plus novice dans ce domaine et la Slave, d'avoir déprécié ses capacités à fauter. L'usage voudrait qu'elle pardonne, comme elle l'a fait à mainte reprise, sauf qu'en l’occurrence, la félonie se conjugue au pluriel...

Mon cœur est misérable, en lambeaux
Et je laisse passer le vent
Mes envies s'étouffent, je leur tourne le dos
Et je m'endors accueillant
Le chaos des sentiments

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi

Si, maman, si
Si, maman, si
Maman, si tu voyais ma vie
Je pleure comme je ris
Si, maman, si
Mais mon avenir reste gris
Et mon cœur aussi


Elle conspire, elle prémédite... ouais, la Platine est sournoise. La faim justifie les moyens épicétout ! Depuis, Talya a pris la route, elle aussi.

*Honteusement modifiée pour les besoins du RP
Edit pour correction de coquille

_________________
Le_poison
Un monde parallèle. L'enfer pour certains, le paradis pour d'autres. Des dédales de couloirs, où résonnent les soupirs et autres gémissements plaintifs. Une ombre en parcourt l'immensité fébrilement, forme éthérée baignée d'une lumière diaphane qui semble chercher son chemin, ou quelqu'un :

    - Vladimir ! Quelle chance !
    - Hein... quoi ?
    - Pourrais-tu prévenir ta sœur que...
    - Ma... ma sœur ? Hors de question, vas-y toi même!
    - Humpf... non je ne peux pas... j'ai la trouille du... du Prince démon.
    - Ahah ! C'est pas d'lui qu'il faut avoir peur, mais d'Elle ! J'irai pas, elle va encore m'engueuler
    - Justement. Pitiééééé Vladimir... fais-le pour la petite !
    - Oh mon di... oh ! Elle est en danger ?
    - Heu... non !
    - Elle est blessée, c'est ça... oh mon di... hum!
    - Bah non !
    - Elle est mOoooOrteuhhhh ! Oh non... ne me dis pas que...
    - Mais non ! Vacherie, c'est vrai ce qu'on raconte, t'es un hystérique toi... elle a juste besoin d'Elle!

C'est ainsi que le Novgorod, vexé et proche de la syncope, quitte son alcôve douillette et se meut dans les ténèbres du labyrinthe... il en connaît les profondeurs par cœur, pour s'y rendre régulièrement en quête de sa frangine, mais n'est pour autant pas plus à l'aise. D'une nature craintive, il appréhende toujours de croiser l'un des résidents de l'hypogée, quartier V.I.P. -Véritable Incarnation du Péché- de ce royaume occulte. A proximité d'une chambre, il ralentit l'allure afin de se motiver :

    - Courage mon vieux... quand faut y aller ! Nouchka?


Alanguie de vapeurs opiacées, la Platine exprime sa contrariété d'un grognement, avant de se lover contre la silhouette étendue près d'elle. La brume s'étire alors jusqu'à l'envelopper, pour se diluer contre la tignasse aurifère, ultime preuve de la présence Slave... Au bord de la crise de nerfs, l'involontaire parasite insiste pourtant:

    - Nouchka... steuplait...c'est urgent...
    - Quoi... tu t'es encore pété un ongle Vlad'?
    - Que... qu'est-ce... hein, mais non... c'est...
    - Mhm... s'tu viens m'emmerder pour parler chiffons ou d'tes tifs, j'brûle ta piaule et ta crinière avec!
    - Han... tu n'oserais pas ! Un ricanement lui fait écho, ne laissait aucun doute quant à l'audace sororale, aussi il abrège rapidement C'est notre petite Perle!


Il n'en fallut pas davantage avant que le Poison n'abandonne son partenaire, ne bouscule son frère et ne quitte les limbes pour, bientôt, poser l'ambre sur la belle endormie... la Spectrale repousse une mèche dorée, le souffle chaud d'affection maternelle se fait murmures, alors qu'elle s'invite aux rêves de sa progéniture... Ma Princesse... tu es trop fragile, trop naïve pour croire encore que la vie est un conte de fées. L'Homme est un loup pour l'homme, nous sommes des prédateurs, des bêtes parmi les bêtes... Les doigts vaporeux effleurent le minois séraphique d'une caresse fantasmée. D'en sourire tendrement. Le temps s'écoule au rythme des songes nichés aux corps paresseux, les époux blottis l'un contre l'autre pour ne former qu'une chimère amorphe, dont elle jauge le profil mâle d'un regard torve... Ma Douce, l'infidélité n'est rien d'autre que du libertinage à sens unique, penses-y. L'amour te forge comme il te détruit, nombre d'embûches sur son chemin, des succubes à foison dont tu devras t'accommoder... ou tamiser tes émotions, fragmenter tes sentiments, sacrifier tes engagements. L'individualisme est salvateur parfois...


Une légère brise accompagne son départ, les silhouettes léthargiques s'animent à peine, juste ce qu'il faut pour couvrir les dermes de l'épaisse couverture.

_________________
Nikita.novgorod
Parfois je pense à toi sur ma monture*
Le pire, c'est les voyages, c'est d'aventure
Une chanson fait revivre un souvenir 
Les questions sans réponse, ça c'est le pire


Le tournoi helvète vient de se terminer. Ils ont sitôt pris le chemin du retour, afin de panser les blessures et, accessoirement, remplir les estomacs, dans la première ville. Fribourg fourmille d'individus de tous horizons, les tavernes ne désemplissent pas... En arpentant les rues pour rejoindre l'écurie, elle perçoit les éclats de voix ou de rires qui en émanent. Là, au travers de fenêtres crasseuses, quelques inconnus alors que plus loin, les visages ne le sont pas, ou plus, selon les récentes rencontres... Dans celle-ci, la silhouette de son époux se découpe sans qu'elle ne s'y attarde, il est probablement en bonne compagnie, comme c'est devenu coutume. Aussi, elle poursuit sa route jusqu'à s'installer près de sa jument et reposer le corps, mis à mal les nuits précédentes.

Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi si t'étais là?


Un fin sourire anime le minois, à peine, quasi imperceptible... les pensées s'évadent aux lointaines contrées, de celles qu'on fantasme, romanesques et fantastiques. La Blondeur murmure, faiblement pour ne pas être entendue d'éventuels passants, dans sa langue maternelle, afin de ne pas être comprise de quelques curieux, et s'adresse à Elle, qu'elle est probablement seule à ressentir, à croire toute proche...

Je me raconte des histoires pour m'endormir
Pour endormir ma peine et pour sourire
J'ai des conversations imaginaires
Avec toi, qui n'est plus sur la terre


La Petite Perle s'épanche à l'oreille chimérique, Lui narre ses exploits, rares. Ses échecs, nombreux. Ses espoirs, disparus. Ses désillusions, accrues... Oui, la langue se délie aux accents slaves, les mots s'écoulent des pulpeuses, sans crainte, sans retenue, au besoin de confidences inaltérables par quelques traitrises. Inconsciemment, la Platinette se libère de la fièvre toxique qui l'habite à chaque nouvelle crise. Indésirable parasite qui se nourrit des émotions pour se muer en poison destructeur...

Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi si t'étais là?


Le canasson renâcle. Les paupières dévoilent l'ambre alors qu'une mèche aurifère s'agite d'une légère brise... le sourire se fait plus franc. Le minois irisé s'habille du masque choisi, à l'heure où les compagnons ne tarderont plus. L'esprit revient au présent, au réel, aux épreuves qui l'attendent encore... Genève, pour commencer, où la cousine félonne se meurt. Soupirs. Nulle nouvelle durant l'escapade, elle en déduit que la Faucheuse profite de la danse, encore. Aussi, ils ne traîneront pas, afin de ne pas provoquer les Moires, lesquelles gagnent toujours. Paradoxalement, la détermination se taille la part du lion au retour du Petit Caméléon!

Je m'en fous si on a peur, que j'tienne pas le coup
Je sais que t'es pas loin, même si c'est fou
Les fous, c'est fait pour faire fondre les armures
Pour faire pleurer les gens, sur leur monture.

Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que tu me vois ?
Qu'est-ce que tu dirais, toi si t'étais là ?
Est-ce que ce sont des signes que tu m'envoies ?
Qu'est-ce que tu ferais, toi si t'étais là?


*Sensiblement modifiée pour coller au RP

_________________
Nikita.novgorod
*

Fermer les yeux pour sortir des ténèbres... C'est un concept, ouais... Sa façon à elle d'écouter cette voix, rassurante, salvatrice, issues des profondeurs obscures, des tréfonds de l'âme, des secrets du palpitant. Comme chaque fois qu'il s'essouffle, la poitrine libère l'appel, hurlement chimérique d'un être à la dérive...

    - Mama...


Les défunts veillent sur les vivants... elle ne les pleure pas, jamais. Ce n'est qu'une étape, un passage, une boucle temporaire. Une vie pour une vie... Des mondes parallèles qui, parfois, se rejoignent à la faveur d'une saison, de l'alignement des planètes, d'une volonté... Comme l'on croit aux dragons, aux fées, aux licornes, elle croit aux fantômes. Elle croit à Son fantôme.

Le seul et unique regret de sa courte vie. L'absence d'une mère. Elle ne l'assume pas et, pourtant, n'en porte pas la responsabilité... étrange culpabilité qui l'habite soudainement, dés lors qu'elle ressent le manque, plus douloureusement, au cœur déjà atrophié.
Alors elle fait le vide, l'esprit vagabond s'évade à d'autres cieux... elle s'ignore, l'espace d'un instant, d'une heure, d'une nuit peut-être. Le temps ne compte pas, il ne compte plus. Paupières closes sur prunelles éteintes, l'utopie d'un échange murmuré aux accents slaves, d'une voix douce et tranchante, d'une étreinte éthérée.

La vie s'échappe d'un soupir avant que les poumons ne se révèlent, dans un sursaut. Instinct de survie qui l'enchaîne au monde, à cette existence privée de la présence essentielle, de l'épaule indispensable, de cette main qui semble épouser sa joue, brûlante tant elle est glaciale... La conscience s'accroche à l'onirique, encore un peu, juste un moment. Parce que l'Ange soulage les douleurs, dissipe les craintes, éclipse les doutes... Parce qu'Elle sait annihiler les peurs, détruire le poison, encaisser les coups...

Un bruit. Ou bien est-ce sa propre voix. Senestre se pose inconsciemment au ventre arrondi, l'écho à l'enfant qui l'appelle à son tour, à sa façon. Une alarme. Pour la ramener à cette réalité qu'elle voudrait fuir, qui l'effraie, la consume lentement. L'ambre se dévoile alors, s'ouvre à ce qui l'entoure, s'ancre aux ombres qui disparaissent bientôt ... La silhouette se découpe peu après dans une ruelle, quand la tyrannie de son petit occupant, l'a menée en balade nocturne.

_________________
Nikita.novgorod
Cette année, je vais aimer quelqu’un qui me mérite : Moi.*

Adossée contre un arbre, la tête posée à l'écorce, elle flatte distraitement la bestiole installée sur ses cuisses... les prunelles dorées embrassent la voûte céleste, et plus particulièrement l'astre nocturne, alors que l'esprit vagagonde à d'autres contrées, d'autres dimensions.
D'aventures en mésaventures, de voyages en sédentarité, de solitude en compagnies, pas un jour ne passe sans que le Slave ne pense à Elle, cette mère absente et, pourtant, si présente à l'esprit tant qu'au palpitant... ce soir ne fait pas exception.

Voilà dix-huit mois, environ, sa vie prenait un virage inattendu... le tournoi en point d'ancrage, peut-être. Un fin sourire habille le minois, tandis qu'inconsciemment, senestre vient tâter les côtes endolories par la dernière participation, dérangeant l'animal qui file se réfugier dans la roulotte, toute proche.


    - Tssss, bestiole ingrate!


Sans grande conviction, elle râle surtout contre elle-même... de cette nature trop candide qu'elle peine à museler, de l'organe vital trop sensible qu'elle peine à murer, et qui lui ont valu quelques déconvenues cuisantes. Les plaies sont cicatrisées depuis longtemps, sans que la Blondeur n'oublie jamais, malgré sa capacité à tourner les pages. La mémoire est sélective, aussi les souvenirs restent ancrés, comme autant de petits tiroirs verrouillés dans la caboche aurifère... Si seulement elle écoutait les Aînés, elle s'éviterait bien des déceptions, mais non, tellement têtue qu'elle fonce pour, inexorablement, se viander salement.

Elle les entend encore, les « on t'avait prévenue », tantôt dépités, tantôt irrités... ces simples mots qui vous agacent et vous donnent envie d'envoyer chier tout le monde, car vous savez pertinemment qu'ils ont raison. Une mèche, échappée du chignon, s'anime alors sous une brise légère et la Slave de concentrer son attention aux murmures du vent.


    - Mama, ja dumaju, čto ponjala èto vremja.**


Ah ça, ce n'est pas une flèche quand elle s'y met, et force est de constater que dans certains domaines, elle est lente, très lente même... pourtant, le dernier semestre aura été particulièrement instructif, la disparition masculine, le poutrage sauvage et, plus sûrement, la perte de l'enfant, n'y sont pas étrangers d'ailleurs. La poitrine blondesque se serre en songeant au séjour angevin, un sanglot meurt dans la gorge gracile avant d'exhaler un soupir... l'avertissement Novgorodien est totalement intégré maintenant, révélant le raisonnement maternel, quant à ses choix passés et la Perle d'en épouser la direction, sans toutefois en suivre la voie.

    - Ne verʹ v ljubovʹ i ne poddavajsja ej.***


Le souffle chaud caresse sa joue alors, qu'au loin, des voix lui parviennent, ses compagnons de route approchent et la Platinette de quitter son appui, un tendre sourire aux lèvres... demain, elle écrira peut-être à l'amie saumuroise, afin de l'interroger. Sept mois d'incertitude, c'est long.



*Orange is a new black
** Maman, je pense avoir compris cette fois.
*** Ne pas croire à l'amour ou ne pas lui céder.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)