Millerose
Vicomté de Gorbio, sise en Nice, Savoie, ...
"- Etes-vous certaine, Amélie, que ce soit cet homme ?"
"- Absolument Vicomtesse ! Il a une grande réputation. Ma cousine travaille pour une duchesse françoise et elle ne jure que par ses produits. De plus, il parait qu'il est bel homme et ... célibataire !"
Un silence se fit. Le visage de la Vicomtesse se ferma légèrement alors qu'elle trempait sa plume dans l'encrier et qu'elle se mit à écrire sur le papier.
"- Peu importe qu'il soit beau et célibataire, ce n'est pas pour cela que je lui écris et vous le savez bien. Et puis, qu'est-ce qu'un Vicomte du Royaume de France ferait d'une vicomtesse du Saint Empire Germanique ? Non, oubliez ça. On ne tombe pas amoureux ainsi. "
"- Pardon, Vicomtesse, je ne voulais pas ... "
"- Ce n'est rien Amélie. Merci de vos renseignements. Vous pouvez vous retirer. Et faites venir le coursier en partant. "
Parler d'amour lui faisait toujours mal. La jeune femme avait perdu l'homme qu'elle avait aimé si intensément, le père de sa petite Amédiane. Aujourd'hui, elle ne croyait plus du tout trouver un homme charmant et bon. Sa confiance avait perdu toute consistance en les hommes. Sa vie était bien mieux ainsi. Et avec le duc de Nice et ses manigances pour lui nuire, elle n'avait nulle envie de risquer leur sécurité pour quelques sentiments. Pourtant, cette solitude la pesait énormément.
Citation:
Au Vicomte d'Ambrières, Monseigneur Dimaro di Campiglio,
De la Vicomtesse de Gorbio, Millerose di Leostilla,
Monseigneur, nous prenons la plume ce jour suite aux conseils d'une couturière de notre connaissance. Il s'avère que votre réputation vous précède, faisant le tour du Royaume de France ainsi que du Saint-Empire. L'on nous a fait grand compliment de vos uvres en matière de dentelles et de linges.
Nous avons le plaisir d'avoir nos terres non loin de la mer et nous cherchons une tenue appropriée pour profiter pleinement de cette opportunité. Si, par bonheur, vous étiez capable de nous fournir une parure à notre convenance pour cet été, quel que soit le prix, nous vous serions grés de prendre commande. D'autres commandes pourraient succéder à celle-ci si nous étions amené à faire affaire.
Notre coursier est à votre disposition pour toute communication. Il saura se monter digne et discret.
Mes hommages les plus sincères.
Que le Très-Haut veille sur votre personne et votre famille
Millerose di Leostilla
Fait à Gorbio, le 28 Avril 1462.
De la Vicomtesse de Gorbio, Millerose di Leostilla,
Monseigneur, nous prenons la plume ce jour suite aux conseils d'une couturière de notre connaissance. Il s'avère que votre réputation vous précède, faisant le tour du Royaume de France ainsi que du Saint-Empire. L'on nous a fait grand compliment de vos uvres en matière de dentelles et de linges.
Nous avons le plaisir d'avoir nos terres non loin de la mer et nous cherchons une tenue appropriée pour profiter pleinement de cette opportunité. Si, par bonheur, vous étiez capable de nous fournir une parure à notre convenance pour cet été, quel que soit le prix, nous vous serions grés de prendre commande. D'autres commandes pourraient succéder à celle-ci si nous étions amené à faire affaire.
Notre coursier est à votre disposition pour toute communication. Il saura se monter digne et discret.
Mes hommages les plus sincères.
Que le Très-Haut veille sur votre personne et votre famille
Millerose di Leostilla
Fait à Gorbio, le 28 Avril 1462.
Le scel apposé, le coursier attendait déjà à la porte depuis quelques minutes. La jeune femme avait mis son temps pour écrire ces quelques phrases anodines et commerciales. C'était bien la première fois qu'elle se sentait presque gênée d'écrire une lettre de ce type. Elle avait pesé chaque mot, évitant tout doute possible, aucune familiarité, aucun doute sur ses intentions. Les mots de la gouvernante lui revenaient pourtant régulièrement en tête, ce qui avait perturbé son écrit.
La vicomtesse se leva et remit le pli au jeune homme.
"- Porte ceci dans le Maine, au Vicomte d'Ambrières, Monseigneur Dimaro. Tu devrais le trouver sans trop de difficulté. Réponds à ses questions mais sans en dire trop non plus. "
"- Bien ma Dame. "
Elle garda un regard inquiet sur le jeune homme qui venait de partir rapidement. Millerose rejoignit la fenêtre pour le voir quitter les écuries et partir au grand galop. Elle ne pouvait plus revenir en arrière.
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