Clemee Il en est ainsi dans ce magnifique royaume, sous le bon plaisir du divin qu'une femme puisse présider à l'entrée d'une personne dans la grande famille religieuse. Venant d'un comté un peu plus misogyne, une fois face à Enduril, je me mis à rougir. Non pas que l'idée me déplaît ou m'indispose.. Ne suis-je pas en études pour devenir la plus grande médicastre du pays? Mais la situation me semble étrange. Je sais que je vais rapidement m'y faire, surtout face au ton doux et apaisant de la diaconesse, et à son sourire charmant.
Avant de lui répondre quand au lieu, je me permets de regarder la foule qui assiste à ce baptême, et, ne voyant encore personne sur les bancs, je reviens vers elle en souriant pour avouer:
"Je ne crois pas avoir prévenu grand monde, un endroit plus intime semblera convenir parfaitement, il me semble."
Un regard pour une quête d'approbation à Arcadhias plus tard, c'est mon nom qu'on demande, et je ne peux m'empêcher de rougir de plus belle, de ne m'être point présenter plus tôt. Je manque aux politesses les plus formelles. Sans doute un peu à cause de la nervosité du moment.
"Je me nomme Clémée d'Escayrac, selon le nom de mes feus parents."
Fixant mes pieds de honte, et ayant parlé d'une petite voix, je ne sais comment ce nom chéri dans mon cur réussi à raisonner dans la maison du Très-Haut, mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir alors qu'une femme que je ne connais point s'approche pour s'adresser à notre diaconesse. Ces propos me firent rougir d'autant plus et je me permets de répondre la première:
"Vous ne dérangez pas, nous vous invitons même à rester si vous le souhaitez. Vous assistez à mon baptême. Cet évènement mérite d'être partagé. Et sachez que si mariage il doit y avoir, ce n'en sera certainement pas un caché, mais bien visible ou le comté entier sera invité!"
Hé oui, pour moi ce sera un moment de joie que tout le monde devra partager pour de bon. Pour l'heure je préfère le calme et le la solennité du moment en présence du Très-Haut.
Actarius Il était à Montpellier depuis quelque temps désormais. Les travaux sur son hôtel particulier progressaient à vive allure grâce à l'aide remarquable des manouvriers et charpentiers de la capitale. L'Euphor pouvait ainsi pleinement profiter de son retour sur sa terre natale, l'esprit presque tranquille. Car au nord, la guerre avait été déclarée au Berry. Chose au combien déplaisante qui doublait, voire triplait son pain quotidien en terme d'investissement et n'était pas loin de quadrupler la mise en terme de demandes et de courriers attendant une réponse. Loin de flâner dans les ruelles de la plus importante ville de France, il passait donc le plus clair de son temps dans l'auberge qu'il avait louée durant le temps des travaux sur sa demeure. L'établissement ne payait pas de mine et pourtant il était donc devenu un des centres névralgique de la surveillance du Royaume de France, où se bousculaient un certain nombre de messagers chaque jour et parfois même la nuit.
Et quand on était aussi bien renseigné, quand on avait connaissance des déplacements militaires, des manoeuvres de la racaille, on manquait toujours d'être au courant des événements qui touchaient l'entourage. Il fallut ainsi un sérieux concours de circonstances pour que le Phoenix apparût dans l'édifice religieux au moment même où allait être célébré le baptême de sa médicastre attitrée. Ce jour-là, il avait bénéficié d'un répit inespéré et avait décidé de mettre à profit ce temps libre pour aller se recueillir et prier pour son épouse, qui ne manquerait certainement pas de rejoindre le front prochainement. Il escomptait également s'en remettre au Très-Haut pour la conception d'un héritier et faire brûler quelques cierges. Bref, il s'était rendu à l'église à des lieues de songer à son écuyer et à sa médicastre.
La surprise le cueillit, lorsque, après s'être signé, il releva le regard et aperçut ses deux compagnons de mer, mais aussi de terre, ainsi que le héraut et l'ancienne Comtesse du Languedoc. Il remonta la nef, la curiosité animée, et finit par planter sa haute stature non loin de ce petit attroupement.
Bonjorn ?
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Actarius Sa première réaction avait été la surprise. Celle de voir ces personnes réunies dans ce lieu. La seconde fut une forme de méfiance, née d'un passé un peu trop houleux pour le pousser à faire comme si de rien n'était. Il ne réagit ainsi à l'accueil tant de la diaconesse que de l'ancienne Comtesse que par un sobre et léger hochement de tête ni hostile, ni amical. Mais il ne s'attarda guère sur elles et se tourna vers son écuyer, qui se fendit d'une salutation cordiale et de quelques mots d'explication qui eurent le don d'arquer les sourcils broussailleux du Languedocien. Perplexe, il n'en fut pas vexé pour autant et répondit à l'invitation qui lui fut faite par un léger sourire. Un baptême à la sauvette donc. Cela avait le mérite de l'originalité, la pratique s'appliquant ordinairement plutôt aux mariages interdits. Ainsi donc, rejoignit-il la chapelle où il s'installa sans se formaliser de cette situation étrange, de ce hasard curieux, propre à l'amener à penser qu'il ne s'agissait pas là réellement d'une coïncidence. De quoi mettre à mal en somme son inclinaison à ne pas verser dans ce type de superstition.
Puis, au fond de son coeur, cela le réjouissait. Ce baptême lui paraissait être un premier pas vers un mariage heureux. La proximité de la médicastre et de son écuyer ne lui avait guère échappé, d'autant plus aisément qu'elle avait été trahie à plusieurs reprises par courrier. Le brave jeune homme était transporté, il était passionné et la douce Clémée semblait tout à fait en mesure de lui apporter de cette tempérance qui lui faisait parfois défaut. Il ne jugeait pas méchamment à ce propos, puisqu'il partageait le même penchant à l'emportement, nuancé toutefois et par l'expérience et par cette capacité à ne pas garder rancune éternellement. Bref, les circonstances étaient plutôt agréables et il profiterait de ce sacrement avec une profonde bienveillance avant de demeurer seul, de se recueillir et de prier pour son épouse. Son regard se posa sur Clémée, l'héroïne du jour. Qui serait le parrain ou la marraine ? Il s'excluait automatiquement puisqu'il n'avait pas été prévenu, il excluait l'officiante. Ne restaient donc que la Vicomtesse ou le Montpelliérain. N'ayant eu vent d'aucune relation spécifique entre la future baptisée et l'ancienne Comtesse, il finit par l'écarter également. Ce serait donc le promis. Intéressant.
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Actarius Depuis leur première rencontre lors de joutes... en Champagne si ses souvenirs étaient bons, il avait eu de la sympathie pour la médicastre. Il fallait dire que son écuyer avait su vendre le talent de cette dernière et la présenter de telle manière qu'il aurait été difficile de la percevoir comme une monstrueuse mégère. Il avait découvert une femme attentionnée, soucieuse du bien-être d'autrui, efficace dans la pratique de sa fonction et non dépourvu d'un certain caractère. Elle avait du répondant, au-delà de cette timidité apparente, pour sûr. La mission en caraque avait montré plus d'une fois qu'elle savait titillé Arcadhias et non sans un certain art. Amusant.
Aussi, lorsqu'elle s'avança vers lui, qu'elle le cueillit par surprise en lui demandant de devenir son parrain, il ne resta silencieux que quelque instant avant d'accepter. A la vérité, il ne pensait pas être ou pouvoir être le meilleur parrain qui fût, mais le fait d'être pris à l'improviste l'empêcha de s'enfuir en pensées et de finir par trouver plus de raisons de décliner que de consentir. C'était le propre d'une nature telle que la sienne, prompte à s'enthousiasmer, et susceptible de s'assombrir lorsque les réflexions se multipliait. Il se leva donc et accompagna son acquiescement par quelques paroles ensoleillées de son accent d'oc.
J'accepte avec plaisir et vous remercie pour l'honneur que vous me faites par cette demande.
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Clemee C'est d'un immense sourire que je remercie celui qui vient d'accepter cette lourde responsabilité. Je trouve à peine les mots que je m'empêche de bafouiller pour finir de le convaincre qu'il n'a pas fait un mauvais choix avant de me retourner vers l'officiante et de lui répondre, ravie et émue:
- Le Très-Haut, dans son immense bonté, me fournit deux parrains pour m'accompagner sur la voie aristotélicienne. Deux hommes que j'admire et respecte plus que quiconque et en qui j'ai toute confiance pour cette mission : Arcadhias de Vaudalm et Actarius d'Euphor.
On fait simple pour les noms, car il m'est avis que le Très-Haut est capable de faire fi des titres et distinctions ici lieu.
Il me tarde maintenant de vraiment commencer la cérémonie de baptême, en espérant qu'aucun imprévu ne retarde le tout. Encore que, quelques entrées fortuites ne seraient pas de refus. Ce n'est sans doute qu'une impression mais si peu de personnes en ce moment solennel me laisse croire que l'événement est secret. Pourtant, qui a-t-il de plus public que de rentrer dans cette grande famille? Entourée de tant de bonnes gens, qui plus est. Je me mets a secrètement espérer que la dame blonde ne regrette pas de devenir la seule assistante passive du moment, et note au fond de ma petite tête d'aller, plus tard, la remercier chaleureusement de sa présence et, pourquoi pas essayer de faire plus ample connaissance. Vraiment, aucun souvenir d'elle ne me revient en mémoire. mais ce sera pour plus tard. Pour l'instant, une autre tâche de grande importance m'attend.
Je retourne donc vers Enduril, me plaçant tout proche d'Arcadhias parce que sa présence me rassure, et j'attends calmement, ou aussi calmement qu'il m'est possible, la suite des événements.