Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3   >   >>

[RP] Sernin, Cyprien, Augustin...c'est des potes.

Asphodelle
[Saint Sernin]

«La mort du petit cochon»


Dans cette cour prêtée l'arc bandé grince de ce petit bruit particulier, tandis que les fibres de chanvre supportent la traction, qui peut aller jusqu'à plusieurs dizaines de livres, 79 pour les plus puissants.
La main est douée pour l'épée, elle aime le lancé des petits couteaux, le maniement de la sica et le mouvement du poignet du fléau. Mais ce pourquoi Asphodelle était le plus douée, bien plus qu'en tout, c'était l'arc.

Depuis bien loin, c'est le rang des archers qu'elle rejoignait.

Et Hercule allait mourrir comme un cerf.

Elle adresse silencieusement sa prière, très sérieuse, remerciant le petit cochon d'offrir sa vie pour nourrir l'humanité féroce, lui accordant honneur et respect, et tandis qu'elle laisse parcourir cette douce sensation liée à l'utilisation de l'arme et sa concentration, le barbillon file et se fiche.

Shtoooonk ....Shbourf !

La nuque sciée proprement, il ne restait plus qu'à saigner.
La tenancière et son mari aidera pour le reste.

La prochaine fois elle embauchera quelqu'un quand même.




«Dieu Premier servi !» Jeanne d'Arc

"Je suis Toulousaine, mais Guyenne, je t'aime".

Le lendemain sonne l'halali pour la surface douce de l'Eau.
Le sourire s'étire, aux vues de ce qui l'attends là-bas, et de qui l'attends aussi.
Elle sera pressée de rentrer, mais elle va adorer passer là-bas.
Elle y sera "elle", et à premier abord, ça fera un bien fou. Elle y sera quelqu'un qu'on accepte, du bout de ses orteils jusqu'à l'infini de sa chevelure. Elle ignorait jusqu'à présent, ce que ça pouvait vouloir dire. Elle avait toujours été du camp des oppresseurs, et passer dans celui des opprimés était bon pour l'âme. Elle remerciait le Ciel de le lui faire comprendre, et d'en connaître la sensation.

Son sac de voyage est chichement rempli -
"savon? j'ai! petits culottons? j'ai! fouet? j'ai! shnapps? ....qu'est-ce que j'ai à siffler cet alcool de viking moi...diacode ?!! oh que j'ai !" et après réponse à son frère, tout est dans la place.
Elle emporte de quoi écrire cependant, pour une raison bien particulière.


C'est sûr : elle sera pressée de rentrer, mais "Guyenne je t'aime".

_________________
Youp...youp...youp...
Asphodelle
«Leçon numéro deux : "j'existe"»


A peine posé le pieds à Toulouse, et la voila qui se déshabille déjà !
La tenue de religieuse tombe sur la couche de cette chambrée, si petite qu'elle se baigne dans son pieu et se couche dans son baquet. Soigneusement, elle la range car elle sera reportée plus tard à Saint Cyprien. Elle sent le cheval mais...elle n'est pas sale, il faut économiser les petites affaires, plus le choix !
Son bagage défait et tous ses biens rangés - dont la petite chose rouge ramenée de la roulotte de Kronembourg - elle s'habille enfin....après avoir évolué toute nue comme un ver dans sa cage. Asphodelle aime les bains et la nudité.

C'est la tenue de caserne qu'elle enfile désormais, et après avoir fini sa dernière michotte un peu dure, elle s'en va faire ses corvées militaires.

Avant de sortir elle s'aperçoit qu'en peu de temps elle n'a fait que réunir toutes les composantes de son ancienne vie...Eglise, Ambassade, et maintenant Armée.

Cependant....un trait différait fortement de son passé. Désormais elle pouvait faire ses propres choix sans avoir à en référer à un Supérieur qui contrôlerait sa vie. Elle n'était plus un pion, ni un jouet, ni une chose sans âme et sans volonté. Elle n'avait pas peur des murs de la Foy, car elle brise les murs si elle entends les briser.

Elle était ce qu'elle aimait être. Elle faisait ce qu'elle aimait faire. Elle cherchait ce qu'elle devait.
"Elle"...

Leçon numéro 2 : "j'existe".

_________________
Youp...youp...youp...
Asphodelle
«Trente points à la femme il faut pour être belle,
Trois de blancs, trois de noirs, trois de rouge couleur,
Trois de courts, trois de forts, trois de longue valeur,
Trois grêles, trois serrés, trois de large modèle,
Et trois moyens encor, le tout parfait en elle...» Philibert Bretin - Poesis amoureuses (1576)



Hier, la roue de la fortune s'est arrêtée, bouche bée, les oiseaux migratoires ont perdu leur chemin, estourbis, les neiges éternelles ont douté de leur éternité, hier, l'univers n'a plus vu où se trouvait le fil de la conviction.
Hier, Asphodelle s'est réveillée morte.


L'haleine froide respire sous sa porte comme la truffe humide d'une bête faramine. Le jour était tombé et avec lui ce fut la cascade des degrés. Un jour maussade et gris, qui porta fort sa louange à novembre, avait enchappé les heures refusées au soleil. Las de lutter, les rayons s'étaient noyés en fin d'après-midi dans des lambeaux arrachés de fuschia pâle, plombés de grises mines par un front lourd et bas, vaporeux et promesse d'eau au midi.

Elle découvrait l'hiver à Toulouse.
C'était le souffle de la Garonne qui joue dans les ruelles, qui de baisers évaporés laissait trainer sa tulle sur les passants, à petite maille pour n'en point laisser aucun sans trembler. Ce brouillard chargé d'eau glacée imprégnait les vêtements, et laissait la peau gelée, et celle-ci écaillait chaque jour plus sous les corvées.

Le labeur fini, elle prends son mal en patience et ne se révolte pas, mais elle accueille d'un regard réprobateur les fendilles rosacées qui lui brûlaient le dessus des mains. Le battage de l'eau lorsqu'elle lave son petit linge, et la suée lorsqu'il faut partir fagoter, le coup de rein lorsqu'elle coupe son bois, trop souvent, car elle n'a rien pour l'entreposer, et les confections de petits outils, des paniers, qui coupent, usent, entaillent sa peau...elle ne vivait pas, elle survivait, comme les petites gens, se levant tôt et s'astreignant à la tâche, sans se plaindre et durement. Elle pourrait choisir plus simple, se faire payer une rente par son frère, qui était Seigneur de terres riches en Bourgogne, et vassal d'une Duchesse, elle pourrait en demander à son Puissant cousin d'Empire, qui a plus d'or et de couronnes que le Monarque, mais elle tient à faire durer la lutte, elle souhaite rester ou redevenir la petite Asphodelle qui courrait parmis les landes de la Rhune et jouait dans les cours d'eau. Une vie pauvre, simple, mais où elle faisait corps avec la Terre, avec les émotions et l'inctinct de survie, s'accrochant aux pupilles du Créateur, et l'inspection de l'âme était régulière.


Hier, Asphodelle a reçu la visite du Comte Lazlo Dracula, ce reflet comme un frère du Prince de Valachie, ce Voïvode invocateur de dragon. Il avait le poison qu'il fallait pour l'envoyer ad patres.


Près du feu elle reste, loin de sa porte trop mince, elle rajoute des charbonettes, et porte sa préparation au bain-marie. Elle a froid, elle a eut froid depuis hier. Tout le jour, l'enveloppe fraîche suçait son énergie, la laissant tremblante et figée dans sa glace. La glace était partout, elle tombait en neige depuis le plafond, elle mordait dans le film doux de son cocon. C'était le rite de passage. Il fallait traverser les vastes plaines enneigées, glacées, gelant les pieds. C'était le rite, où à la porte on vous balance un plein seau de neige, avant d'avancer nue sous un temps polaire, les flocons dans les cheveux. Il y avait ce chemin de supplice pour l'extraire de son oeuf, pour sa renaissance. Il fallait congeler, rendre aux abysses de la Banquise celle qu'elle était, et qu'elle ne sera plus jamais. Il fallait confier ce précieux et si pur état aux tombeaux de glace du Pôle, où le mystère perdurera, où elle pourra encore et chaque jour, lui rendre un culte dans ce Temple taillé à même l'iceberg. L'équilibre menacé, elle suit avec constance les étapes dictées par son âme, où elle pourrait en chercher la corde, et d'un coup de pied dans le tabouret, s'y pendre comme une voleuse.

Le Comte a percé sa peau fine, et changé son sang, il a marqué de son âme son corps souple, et a pris la sienne en échange. Un papillon aux ailes fragiles, une délicatesse toute en femme, une caresse, dans les mains d'une force de la nature, d'un reptile à grandes dents, qui de ses doigts refermés sur la prisonnière, peut l'écraser, faire éjecter son souffle de ses poumons, briser ses petites ailes et éparpiller ses fines écailles.

Nue devant le feu, il faut finir de passer la rivière, franchir le Rubicon, et passer une autre sape, enfiler un autre costume. Elle se bouchonne à l'eau de concombre, qu'elle avait faite tantôt et gardée dans une seille. Il le faut bien, elle n'a plus d'eaux florales.
Avec force elle frotte d'un bouchon de paille jusqu'à ce que la peau en soit rouge, déjà mordue par le froid. Elle prends soin d'éviter les tétons et leurs alentours sensibles. Et s'observant ainsi dénudée, elle voyait bien qu'elle n'avait plus seize ans. Le temps accomplissait son outrage, il y avait moins de finesse, plus de cicatrices, et de fatigue aussi. Mais elle se rendait compte que si ses seins étaient moins fermement campés comme de petits soldats, ils étaient devenus plus lourds aussi, plus ronds, plus épanouis. Elle leur découvrait un côté bravache et insolent, avec leur aréole brune et leur peau de satin, propre à faire rudement et proprement bander un homme. En posant ses mains, et recouvant d'icelles ses courbes et ses vallons, elle se voit différemment déjà et la transformation termine ses apointements de crysallide.
L'île se découvre une autre religion, où les promesses de son âme embrasse celles de son corps, chaud et vivant, respirant comme une bête.

La mixture d'amandes douces et amères, de miel et d'un soupçon de menthe poivrée, venait de finir de chauffer au bain-Marie. C'est un réconfort que ce baume, qui réparera les fissures de l'ouvrage, et gardera sa peau douce pour un autre labeur. Car le Dracul ne se contente pas de toutes les chairs, il lui fallait garder beaux dons et beaux morceaux en sacrifice. Et sur son autel, Asphodelle désormais y faisait résider son Pays.
Si ce n'est la Transylvanie, en tout cas le mystère de la grande Forteresse, est propre à éloigner les minettes, car il perce et découpe, et le froid de sa mise n'admet pas de doutes. Le Dracul est le Dracul, et au bout de ses chaînes à présent....un Polyommatus Icarus.

_________________
Youp...youp...youp...
Asphodelle
« Le coup de collier...on le met, ou on le prends dans la gueule»


En prières, puis chaudron-marmite, au petit matin ramassage des bénéfiques, à la porte la grande carline, toute la journée est spirituelle.

La plume court fébrilement. Les sourcils froncés et la bouche boudeuse, elle s'astreint à sa tâche, car la nouvelle année sera importante.
Il reste quelques coudées, mais son esprit est trop lent. Il prends le temps de décortiquer, de faire sien les textes, de les comprendre, avant d'en souscrire la Règle.



Citation:
Chapitre II: Prière et Communauté

Règle numéro II.

1. Soyez assidus à la prière aux heures et aux temps fixés, car il est dit : "la vie vertueuse est un idéal vers lequel l’homme doit tendre. Et, dans son chemin, il peut s’aider de la prière. La prière peut en effet être le moyen pour tous de renforcer cet amour lorsque cela est nécessaire."(Vita de Christos, ch. XIII)

2. Dans l’oratoire, faites uniquement ce à quoi il est destiné et d’où il tire son nom. De la sorte, un frère qui aurait le temps et le désir d’y prier, même en dehors des heures prescrites, ne sera pas gêné par d’autres qui penseraient devoir y faire autre chose.

3. Lorsque vous priez Dieu par des psaumes et des cantiques de louange, que vive dans votre cœur ce qui est formulé par vos lèvres. Aussi, pour qu'elle soit sincère, ne récitez pas le Crédo sans le ressentir, et priez en libre-choix d'autres récitations, si celles-ci atteignent votre coeur jusqu'à celui du Créateur.

4. Il ne faut chanter que le texte destiné au chant. Mais ce qui ne se trouve pas écrit pour être chanté, ne doit pas être chanté. Si vous désirez créer un chant, partagez-le avant.



Ainsi que fait, fait comme pour la I.

Citation:
Chapitre II: Prière et Communauté

Temps fixes pour la prière communautaire.
Possibilité de prière individuelle.
Loi fondamentale de la prière.
Directives pratiques pour le chant des psaumes et des hymnes.

_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Ce fut avec une serrure, délicatement entourée de papier, que la Sauterelle déambula dans les rues de Toulouse. Le précieux dans la main, elle cherchait le nom de la rue qui correspondait à l'adresse de la commande.
Elle déchiffrait les noms nettement plus vite maintenant qu'il y avait à peine quelques mois. C'était un réel bonheur de pouvoir se déplacer, sans alpaguer des passants pour qu'ils la renseignent.
Etant donné que "qui chercher, trouve", elle fini par trouver le Blaireau vérolé, et la masure d'Asphodelle, avec le conduit de cheminée qui était un peu tordu.
Le prix comprenait la confection d'une serrure et sa pose.
Une sacoche pendait à son flanc, comprenant quelques pinces, clous et autres joyeusetés de forgeron.
C'était sa toute première en fabrication de serrure et sa toute première en pose de serrure.
Elle espérait ne pas faire un massacre et fracasser la porte d'entrée de la jeune femme. Sans porte, une maison était nettement moins sûre mais aussi nettement moins chaude en période hivernale.

Elle toqua à attendit qu'on lui ouvre. D'un coup de reins, elle redressa la sacoche vers sa hanche.


C'est le forgeroooonnnn!
_________________
Asphodelle
Elle s'accordait un moment, dans son tumulte, une pause entre ses activités énergivores et aussi, nervivores si tenté que le mot puisse exister : rendez-vous ayant été pris avec Calico pour fixer le passe-droits-si-tu-l'as-tu-passeras à sa porte, actuellement barrée d'un chevron, fort pour l'intérieur, peu pratique pour fermer depuis l'extérieur.

Sur sa couche, elle regardait les solives du plancher haut...quelques brins de paille s'échappaient par les interstices des planches. Des rongeurs y avaient fait leur nid, parfois elle entendait couiner là-haut. De petits mulots, des loirs sans doute encore. Tout le monde cherchait à s'abriter du froid, et bien que de guingois, l'âtre qui faisait four chauffait bien, si ce n'était parfois les courants d'air, le pire qu'elle ne pouvait empêcher.

Elle songe à ces dernières semaines...elle ne peut s'empêcher de les considérer avec un léger sourire...
Etait-ce le moment enfin, d'y croire? La lumière claire et blanche qui inonde son intérieur peu noble, lui semblait surréaliste, tout lui semblait surréaliste...c'était l'invitation d'un nuage sur lequel elle se couchait le soir, et qu'elle rejoignait à la première pensée du jour.

Etait-ce enfin son tour? le Créateur avait-il dans sa grande bonté, fait dévier les chemins, jusqu'à leur croisement, des chemins initialement rendus impossible? l'infaisable rendu possible? l'incongru conçu réalisable? la détresse ouverte à la lumière? les peines et les résignations, qui rangent les attentes dans du papier sépia, ce que l'on pense alors passé, deviendrait futur? Une musique orientale, un retour vers le Chat Noir?

L'éclat de la prunelle se fait plus brillant, le sang se dilue dans les épices, la peau se dore des rayons d'or sur Galahad...

Elle était effrayée, mais au fond d'elle, elle l'acceptait, elle était prête à cela. Il n'y avait pas de logique, c'était écrit sur les arabesques de ses pieds.


C'est le forgeroooonnnn!

L'appel de Calico la soustrait à ses rêveries de jeune fille, et c'était bien : à son âge, s'éterniser en plans vaporeux n'étaient plus tellement permis.

Elle ouvre, et sourit :


Bonjour Chevalier Calico...elle ne savait trop si elle devait l'appeler d'une façon ou d'une autre. Et prit le parti de la plus haute appellation.

Elle avait croisé seulement la jeune femme, mais elles n'avaient eut l'occasion de se rencontrer vraiment.
Asphodelle se sentit, pour la première fois, un peu honteuse de la modestie de son logis. Elle trouvait à Calico une lumière particulière, il n'était pas utile de chercher à le lui faire étayer : lumière du regard, du visage, ou de l'âme...elle n'en avait pas la moindre idée. Mais Calico avait un truc qui causait au sixième sens de l'Augustine.

Elle montre l'huis en épaisses planches clouées par de gros clous en couches croisées, et le chambranle, qui avait été renforcé par un poteau pour soutenir la structure poteaux-poutres qu'elle avait rapporté en seconde ceinture.


Vous pensez...que ce sera bon? vous souhaitez boire quelque chose avant? j'ai fait chauffer du lait, et du miel...j'ai un peu de vin chaud aussi...

Asphodelle n'avait pas de copines. Elle avait l'amitié de la Blanche, mais elles avaient toujours été séparées en distance. Alors Asphodelle ne savait pas s'y prendre...elle se sentait un peu cruche quand elle savait pas s'y prendre.
Les relations sociales ça s'apprends, ça se cultive, et puis ça s'oublie.

_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Asphodelle n'était pas à proprement parlé une étrangère pour Calico. Elles se connaissaient ou plutôt elles s'étaient croisées.
....
....

Ah bien y réfléchir, non elles ne se connaissaient pas...Enfin pas vraiment. Bon on va pas épiloguer vingt ans.

Asphodelle savait que la Sauterelle était chevalier et l'accueilli comme tel.

Calico suffira. Je crois que nous ne sommes pas de celles qui s'emberlificote avec des titres.

Lors d'échanges épistolaires, Asphodelle avait montré qu'elle non plus, ne s'attachait pas à ce genre de chose. Cette façon d'être avait amené Calico a penser, que son interlocutrice était une personne simple.

Immédiatement mise dans le vif du sujet, la jeune femme montra l'objet à travailler. Calico observa le tout, secouant la porte en l'ouvrant et la fermant.
C'est alors qu'Asphodelle l'invita à prendre un petit quelque chose. Calico rêvait où la jeune femme semblait nerveuse?
A coup sûr elle devait avoir peur que la forgeronne ne lui fasse une grosse merdasse avec sa porte. Elle devait se la jouer pro pour gagner sa confiance et espérer avoir de nouvelles commandes.

Un lait chaud avec du miel, ça sera vraiment parfait. Je vous remercie vous êtes bien aimable.

Asphodelle semblait douce et gentille en même temps, elle la voyait mal se mettre à l'insulter et lui cracher dessus sans aucune raison.
Mais elle lui fit bon effet tout de même.


Avant que je m'attèle au travail, regardez...

Elle déballa la serrure flambant neuve avec la clé qui allait avec. Oui c'était tout de même mieux d'avoir une serrure avec la clé.

Voici votre commande.

La brunette ne lui dirait pas que c'était la toute première. On ne disait pas ce genre de chose au bailleur de la commande, en tout cas, Calico s'était appliquée.


_________________
Asphodelle
Elle va chercher ça direct...un lait chaud, et du miel.
Le godet rempli du liquide fumant, elle y ajoute la touche de miel et....et....

Arrêt sur image : une cabane, à elle, bientôt une serrure, à elle, une boisson chaude et sucrée à partager...elle se retourne, et pose deux yeux de chat sur la jeune femme.

Elle regarde sa porte, elle est dans la lumière, sur le seuil, et elles pourraient bien papoter des heures non? elle pourra fermer cette porte et elles se raconteront tous les potins de Toulouse !
Ca monte depuis le coeur jusqu'à la gorge, ça sonnerait comme "et vous savez quoi?..."...ou comme "vous connaissez pas la meilleure?! ..." Non non...c'est pas comme ça que deux copines se causent : "Cali ma caille faut que j'te raconte un truc qu't'y croiras pas d'tes yeux vus !..." "tu sais c' que j'me dis...." "le soir..." "un matin..." "oui mais moi je..." "tu penses?..." "haaaaaaaaaan c'est fouuuuuuuuu...." ....

....

Mais rien ne sort...elle a un sourire résigné et amusée d'elle-même, et lui apporte son lait chaud.
Ses considérations sont du reste bien balayées quand elle voit la fourniture commandée :
Dieu de Dieu de bon Dieu!!! C'est la plus belle serrure et la plus belle clé que j'ai jamais vues de ma vie !!! avant de s'apercevoir qu'elle a frisé le blasphème et de se signer rapidement avant d'embrasser sa croix de bois.

Ce n'était pas une réaction surfaite, c'était qu'Asphodelle a jamais eut de maison qu'à elle. Bien qu'à Jérusalem elle était chez elle, elle partageait ses pièces avec plusieurs femmes. Elles allaient au bain ensemble et se coiffaient les cheveux, peignaient leur peau, dansaient et s'occupaient des mômes qui étaient un peu à toutes.

En Occident, elle a eut deux maisons : en Normandie, au tout début, rapidement abandonnée, et puis à Sion. Des maisons pas meublées ou casi...pas chauffées...humides et sans entretien. La première l'accueillit trois mois, la seconde....quelques semaines? sur un an et demi...elle n'était jamais chez elle. Une mission? elle venait de rentrer? pas grave : "j'y vais!!" A son retour de son périple méditerranéen, elle ne finit plus que louer des chambres à la semaine...et partit huit mois d'affilée en escorte. Après, elle a eut des appartements au Mont Saint Michel, chez Alcalnn...et voila.

Ici, depuis son arrivée, c'était l'expérimentation de la stabilité. Les commerçants commencent à la connaître, elle se tisse des habitudes, réapprends les gestes de ménagère, croise les gens et le lendemain ils étaient sûrs de la recroiser. Le matin, elle se lève et ne révise pas son sac...le soir elle se déshabille pour se coucher. Elle a une adresse fixe....enfin deux...son cheval s'empâte au lieu de s'épuiser.

Elle apprends la sédentarité, et la serrure est le symbole de cette large pause dans son âme d'aventurière solitaire. La serrure, c'était peut-être que finalement elle avait cessé de courrir seule.


Vous avez gravé votre nom? votre travail est magnifique... et...je dois vous commander autre chose....elle eut un petit sourire pétillant avant d'ajouter : un double. Pour la clé.
_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Asphodelle et Calico n'étaient pas des amies et pourtant, sans même se connaitre, elles partageaient beaucoup. Les deux jeunes femmes n'avaient pas la moindre idée que leur caractère et leur vie avaient tant de points communs.
Tout comme Asphodelle, Calico n'avait jamais eu vraiment eu des chez elle, sauf depuis qu'elle était chez les Bouillon. Arpentant les rues depuis son plus jeune âge, elle avait vécu de menus larcins jusqu'à se retrouver dans la troupe des brigands de Thoros.
Au fil du temps, elle avait intégré l'équipe d'Eusaias dans sa quête de trône usurpé pendant la fronde. Elle était bien jeune. Depuis elle avait appris bien des choses, rencontré bien des gens, avait grandi, avait muri,...
Dix huit printemps en avaient fait une jeune femme forte mais un peu solitaire. Les relations avec les gens n'étaient pas vraiment son fort mais son courage et sa loyauté en avait fait un Chevalier.

De Chevalier à forgeron il n'y avait qu'un pas. Un grand pas. Plutôt un grand écart mais cela ressemblait bien à la Sauterelle. Aujourd'hui installée, une forge, un champs, elle n'était plus une apatride.
Un lait chaud au miel l'attendait, si ça ce n'était pas la grande vie, alors elle ne comprenait rien.

Asphodelle semblait très satisfaite du résultat et Calico heureuse que son travail soit apprécié. Quand la proprio se signa, la brunette fit de grand yeux mais ne dit rien. Athée, Calico avait juré à Agnès que si un jour elle voyait des signes du Très Haut, elle se convertirait mais jusqu'à preuve du contraire, elle ne croyait que ce qu'elle voyait. Le Très haut l'avait oublié tout au long de sa vie alors pourquoi elle adorerait cet être?

Cela fait plaisir de voir que mon travail est autant estimé. J'ai fait un petit C sur le côté. C'est pour Calico.

Etait ce besoin de la signaler? Asphodelle n'avait rien d'une débile, elle avait surement compris ce que le "C" signifiait.
Elle prit le godet chaud et l'entoura de ses mains pour récupérer la douce chaleur.

Je vous remercie.

Elle trempa les lèvres savourant ce parfait breuvage puis posa le godet sur le rebord de la fenêtre, n'osant rentrer vraiment à l'intérieur pour le déposer sur un meuble.

Une autre commande? Parfait.
Mais il vaut mieux attendre que je vous pose la serrure, peut être?


Elle la sonda de ses grands yeux azurs. Et si elle s'y prenait comme un sagouin pour poser la serrure, lui massacrant sa belle porte...
Asphodelle serait nettement moins enthousiasme à lui repasser une commande.

_________________
Asphodelle
En guise de réponse, Asphodelle ajoute : Je veux que vous signez...tous vos ouvrages...comme si quelque part, elle n'avait pas entendu la dernière question. Ou "feignait de". Bref pour le coup on dirait un peu une mémé un peu sénile, ou sourde, ou bien les deux, ou encore une étrangère qui ne parle pas français, tandis qu'elle hochait la tête, souriante comme une Mamassita Berbère cherchant à déclarer qu'il faudra de la pisse de chameau pour rendre ses cheveux plus forts et plus brillants...mais si mais si "ma fille"!! Très bon très bon pisse de chameau !

Alors...elle se demande si elle ne va pas la gêner à la regarder travailler. C'est que des fois c'est plus embarassant qu'autre chose. Alors elle part chercher contenance, et s'aperçoit qu'elle n'a plus le petit secrétaire/table qu'elle a explosé y à deux semaines.

Euh alors...faire mine de faire quelque chose d'intéressant en l'attente...mmmm...oh tiens...elle va faire style qu'elle est hyper douée en broderie...enfin...plutôt à repriser ses fonds de culotte.

Tandis qu'assise sur le lit, elle passe le premier fil, elle tire dessus, deux petits coups, repasse, tire, deux petits coups...et par le silence...se dit qu'il faudrait remplir la conversation, mais...mais sans gêner la jeune femme.

Elle hésite, ouvre, puis referme le bec...aussi concentrée sur le forgeron qu'elle l'ait sur le fil...peut-être moins d'avantage. Ouvre...puis referme. Au bout d'un moment, elle lance, nerveuse :


Et alors...il...il fait beau à Bouillon?

Asphodelle...va te pendre avec ton fil et ta chaussette.


*"et sa chaussette avec ! à la zim boum boum tagada pouêt pouêt" pour ceux qui connaissent la contine ^^
_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Asphodelle avait l'air transportée de joie par sa serrure. Calico se demandait si une serrure pour une ceinture de chasteté ferait le même effet si d'aventure elle avait pareille commande. Pour sur qu'une serrure de porte ou de cassette, remporterait un plus franc succès auprès de la gente féminine.
Il faudrait quand même qu'elle le propose dans son catalogue. Elle pourrait facturer cela un gros paquet d'écus. Les hommes étaient prêts à tout pour s'assurer la fidélité de leur femme pendant leur absence.

La Sauterelle en revint à sa serrure traditionnelle. Auscultation de la porte faite, elle farfouilla dans sa sacoche.
Elle devait fixer une partie dans le mur et une autre partie sur la porte. Le ciseau à bois dans la main, le travail, religieusement débuta...

Et alors...il...il fait beau à Bouillon?

C'est alors que la question surpris Calico. La surpris vraiment. Si bien que le ciseau à bois ripa et termina sa course dans la main gauche, laissée un peu trop prêt de l'objet.

Merdaille!!!!

Du sang coula d'un rouge écarlate. Le reflexe de Calico fut de porter sa main à sa bouche pour arrêter le flux mais déjà des tâches carmins auréolaient le sol.
_________________
Asphodelle
Panique à bord ! elle s'est blessée ! Elle l'avait distraite, et voila !

Posant avec hâte son ouvrage sur son oreiller, elle se confonds en excuses tout en s'approchant de la jeune femme :


Parbleu...par...parbleu...pardonnez-moi...

La blessure saignait, un ciseau à bois était aussi tranchant qu'une bonne dague, Asphodelle le savait pour en avoir manier souvent avec le Compagnon qui l'a élevée à moitié. D'autorité, elle lui prends la main et l'examine. La chair entamée, il fallait passer par une cicatrisation per primam. Echaudée depuis sa propre blessure, elle n'avait pu longtemps rien faire en ce qui concernait les méthodes de cicatrisation. Jusqu'à sa rencontre avec les Arabes et l'Ecole d'Alexandrie. Jusqu'à ce que finalement, elle accepte sa mère en ce côté moins sombre. Elle était ce qu'elle était, mais Abi comptaient parmis les doctes d'Occident en matière de potions et emplâtres. "Avant de savoir faire un poison", disait-elle, "il faut d'abord savoir soigner, guérir avant de savoir tuer".

Asphodelle avait très vite rejeté tout ce qu'elle pouvait de ce monstre dénué de maternité, mais, quand on prends de l'âge, on se rends rapidement compte, que tout ce qui nous parait simple est en fait compliqué, et ce qui semblait compliqué......Avec l'âge, les certitudes de la jeunesse ont tendance à s'estomper. Il n'était pas prévu pourtant qu'Asphodelle finisse, privée de son milieu religieux, d'autant verser vers des pratiques qui sans doute, étaient de plus en plus non conventionnelles. Il était impossible de savoir si elle freinera ses avancées à cette heure. Mais quand un esprit comme le sien est plongé dans un milieu mécréant, ses forces spirituelles se font plus complètes et plus intenses. Alors, elle allait loin dans celles-ci.

Elle cherchait à présent dans les fioles qui tintent sous ses doigts...

Sang-Dragon, armoise, guimauve officinale, gomme arabique - ça de la guimauve elle en avait - et elle se rabat pour finir sur une préparation d'achillée millefeuille, vulnéraire et cicatrisante. Farfouille dans sa malle, en retire une boite qu'elle ouvre, avec charpies, coton de roseau, pinces et forces*, et bandes de lin fine.

Mais avant elle versa de l'eau dans un broc, et y trempa sa saponnaire.

Il faut nettoyer, fait-elle de ses yeux ronds de chat en l'invitant à lui laisser sa main, tandis que les alertes et les boutons du tableau de bord se mettent à clignoter orange :

Première approche sociale avec le terrien : mission compromise, mission compromise, mission compromise...touïïïttouiïtït...

_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Immédiatement Asphodelle se rua sur la jeune Sauterelle. La main fut examinée alors que la brunette faisait une grimace. Cette grimace s'appelait anticipation. A coup sûr, elle allait souffrir.
Elle se souvenait péniblement des plaies qu'elle avait eu lors de son incursion au Maine lorsqu'elle faisait parti de la fronde d'Eusaias. Le coeur navré de Falco avait bien morflé cette nuit là et elle était parmi la troupe.

Les gestes d'Asphodelle étaient posés. La grimace de Calico cessa et elle la regardait. Son attitude était maternelle, ses manières douces.

Il faut nettoyer

Je crois que ce n'est pas très grave et que je garderais ma main.

BEURKkk, elle ne voulait pas ressemblait à Minah, la manchotte de Scath, avec son moignon.

Tandis que la rousse auscultait sa main, elle en revint au sujet antérieur.

Bouillon va très bien.

Elle lui sourit amicalement en la regardait faire.

J'ai été surprise de votre question, c'est pourquoi le ciseau m'a échappé. Je reste souvent dans mon coin, même avec les Bouillonnnants.
Etes vous proche d'eux?


Calico ne connaissait pas tout le monde. Il y avait même des membres qu'elle n'avait jamais rencontré.
La brunette sauta du coq à l'âne en la reluquant. Elle la trouvait si attentionnée que pour elle, cela semblait une évidence.

Vous avez des enfants?

A croire que c'était le moment de l'interrogatoire.

Calico se sentait bien avec Asphodelle. Elle n'avait pas envie de fuir comme bien souvent avec les gens. Cet état de grâce s'était produit peu de fois.

_________________
Asphodelle
A genoux devant la jeune femme, ses mains un peu marquées par le travail, un peu trop blanches peut-être en ce moment, s'affairaient à diriger le soin sur la peau de guerrière du Chevalier.

L'eau qu'elle avait mélangé au savon, coulait dans un joli bruit d'eau sur la peau, et un tampon fibreux dégageait en douceur les saletés, et les débris que le microcosme pouvait laisser sur l'épiderme et empêcher la cicatrisation.

Séchant alors avec un linge propre, elle prépare sa solution sur ses charpies.


Non, je ne suis pas proche des Bouillonnants. Elle imbibe et apprécie le contenu liquide, vivant dans la gorge des fibres et prêt à affluer en surface par quelques pressions.

Ils ne me connaissent pas, ou presque pas. Et moi non plus.
Mais, ils sont la survivance d'un homme qui m'a sauvé la vie.


Elle tapote doucement la solution sur la plaie, et pour ne pas que ça pique se décide à y rajouter quelques gouttes d'huile de rose.
Lorsque je fus présentée à lui, je vivais une grande épreuve.

Elle leva un instant ses yeux sur Calico, et poursuivit ses mots comme son ouvrage :

Vous savez...moi je ne sais pas vivre sans mon culte. Sans offrir des libations à mon Créateur, ma vie n'a pas de sens. C'est comme si, je traversais ce monde, pour y vieillir, et y traîner ma carcasse...mais comme dans d'épaisses nuées immatérielles, et moi, creuse, et vide...seulement destinée à l'étiole, et puis à la mort dans la désespérance. La bande de lin est coupé. Depuis que je connais le sens de la vie, je veux l'appliquer chaque jour, et je veux que mon prochain en fasse autant, parce que...elle sourit...je le sais...j'en suis sûre...il n'y à que l'amour qui peut tout. C'est décrié, c'est moqué et raillé parce que c'est une affaire de tendresse...mais l'amour est aussi une grande puissance, qui donne beaucoup de force, et beaucoup de volonté...c'est la matière divine qui nous compose.

La main est prise avec délicatesse, et la bande de lin épuré passé avec assurance autour de celle-ci, dans un geste mille fois répétés.

Elle adresse un nouveau sourire ensoleillé à la jeune fille, et rajoute :
j'aime Dieu...c'est vraiment le plus chic type de l'univers ! Elle se rembrunit lorsqu'elle continue : Lorsque Rome a agit avec moi avec cruauté, et fourberie...j'ai cru que je m'étais trompé. Je me suis dit : "si Dieu est représenté par la Sainte Eglise Romaine...alors Dieu n'est-il pas un être dénué de compassion? dénué de bonté et de sagesse?" J'ai cessé de fréquenter les églises, je me suis mise à éprouver mépris pour les gens portant soutane, moi qui me suis tant sacrifiée pour eux, pour les protéger ! mes amis ! une carrière politique ! un ancrage social ! ma propre personne ! et jusqu'à mes amours.....Mais ce n'est pas tant ce que j'ai perdu pour eux, qui m'a fait mal...c'est qu'ils venaient de briser mes rêves et mes images...je les aimais, moi...tous ces curés ! tous ces évêques et même s'ils n'étaient pas très reconnaissants car nous n'étions pas payés...je les aimais, vraiment...Mais ils ont brisé quelque chose en moi...ils ont brisé mes convictions que les Hommes pouvaient être bons, que cela était possible. Ils sont apparus dans une autre lumière, et j'ai vu leurs ombres rasantes là où je ne voyais que qualités et ... et admiration !

Je dérivais...comme un bateau solitaire...et je n'avais plus comme ambition que de tenter de voir, si je tiendrai...comme Ambassadrice Royale...comme Maître des Cérémonies....Je me suis mise à une solution d'opium pour dégriser mes jours...et je voyais bien que ma vie ne valait plus rien.
Car la vérité c'est que...
elle fait un petit noeud...quoique je fasse...où que je sois...sans mon culte et sans le Créateur près de moi...elle plonge son regard dans celui de Calico pour s'y perdre un instant, telle un cormoran plongeant dans la mer à l'affût du poisson argenté...je ne parviens pas à être heureuse.

Alors telle une âme en peine, je pleurais mes illusions, et appelais le mal sur mon âme pour un coeur que je sentais brisé.
La nuque ploie au rappel de ce si lourd sentiment. Et puis...elle la relève alors, l'oeil rempli d'espoir...Sa Majesté Eusaias a fait un truc de fou...à peine posé sur le trône, il a pris Courage dans sa main droite - elle mime - et Bravoure dans sa main gauche et il a lancé un appel à changer les choses...Deux mois après mon éviction dans des circonstances plus que douteuses, le Roy de France élu devant Dieu, faisait face à Rome. Elle sourit...j'ai évidemment, regardé attentivement ce qu'il se passait, si son combat était juste...et pour finir, la Croisade sur la France m'a décidée. On m'a placée sur la cathèdre à la place de celui qui avait souillé l'Eglise par ses agissements iniques et tyranniques...et pendant trois mois, j'ai pu voir ce que c'était, que d'être archevêque...ce qui n'était pas fait, les gens à l'abandon, les cures laissées pour compte à des absents et des voyageurs...

Eusaias m'a redonnée la Foy que j'avais perdu. Nous n'avons pratiquement pas parlé, il était Roy et moi je n'étais qu'un...qu'un maladroit chef d'orchestre pour faire de son Sacre une réussite. Mais il ne sait pas combien il me sortit de la tombe que je me creusais. Et que...par l'étude, et depuis, j'ai pu rentré dans des strates fascinantes de la pensée divine.


Elle se redresse et commence à ranger son matériel, avec soin, et ordre.

Même s'il est mort, et même s'il était Roy, et moi simple bâtarde au sang bleu teinté de gueusaille...je conserverai toujours pour sa descendance et ce qu'il laissa, une certaine forme de loyauté et d'affection. Bouillon est son oeuvre et sa Maison. Je sais où sont ceux qui m'abattent, mais je sais aussi ceux qui m'élèvent et m'ont gardé de la mort, même sans le savoir.

Se levant et reposant le tout d'où elle l'avait trouvé, elle ouvre une autre petite boîte contenant des sachets de toile de jute. Les sentant, elle continue son histoire :

Je continue de croire, que le Très-Haut l'a placé sur mon chemin...à quelques mois près...nous nous loupions...et...l'aurai-je combattu? qui serai-je aujourd'hui, si nous nous étions loupés? que serait son oeuvre, si je n'y étais, debout encore sous les coups de butoir romains, à tenter de garder mes chers mousses sous mes ailes? Qui serai-je?...hurlerai-je avec les loups? si j'y avais été, j'aurai mis une telle énergie à détruire ce qu'aujourd'hui je veux porter...mais Dieu me garde de continuer à soutenir la folie...car il n'est plus temps pour cela. Mon âme serait bien noire ce jour...

Se relevant, elle se rapproche de Calico un sachet dans les mains, se lissant son jupon, et s'assieds près de la jeune femme : Je ne suis pas très intelligente, ni très belle...pas très intéressante ni ... flamboyante ou je ne sais...je suis maladroite et bourrue...je n'impose rien et même parfois, on ne me parle pas avec beaucoup de respect...mais.....grâce à lui...à Eusaias...j'aime bien la fille qu'je suis devenue ! elle eut un très large sourire, et un instant le printemps brillait dans la cahutte. Jetant un bref regard sur son sachet : je ne me suis jamais sentie aussi bien et autant à ma place...que près de mes livres, à trouver la paix de l'âme, le pardon, l'amour....et à chercher des pierres pour mon Couvent des Augustins.

Posant sur le bout de son nez le sachet parfumé, elle rappelle : de l'Herbe de Saint Jean...dans le paquet des petites boules...une de chaque en tisane, au réveil...au déjeuner...l'après-midi, et le soir. Pendant quatre jours.

Souriant elle réponds enfin à la dernière question : et...non...ses yeux papillonnent un instant sous l'effet de l'émotion. Elle avait l'âge des femmes qui craignent que leur ventre ne soit devenu sec, et malgré elle, elle tentait de rassembler ses connaissances autour des rites de fertilité. Depuis jeune à trainer une vie dure et peu épargnante, l'ouvrage et les épreuves la faisaient se sentir vieille. Pourtant, elle avait encore un corps jeune ! ses formes étaient là, épanouies bien qu'un peu minces, ces temps-ci...trop de fatigue, trop de soucis et d'inquiétudes...mais ses seins étaient ronds et bien campés, ses yeux grands ouverts sur le monde, de leur menthe ourlé, en deux amandes bien gentilles, son ventre appelant encore au désir et à la caresse, un petit monde un peu rond, doux comme une tendresse...La vie portait pourtant sur les êtres, le fardeau de ses rudesses. Les façades tenaient face au vent, mais que de courage sans doute, pour ne pas lâcher prise, et se laisser emportés. Et lorsqu'on ne le sait pas, on ne voit que deux menthes en amandes bien gentilles, et on ne voit pas le courage derrière empesé.

Je n'ai...jamais été mariée.
Elle reprit doucement la main comme pour voir que tout fut bien fait.

Vous le montrerez demain, à votre médecin. Ne faites pas la brave...les colosses aussi peuvent mourrir rien que de se piquer sur les ronces. Et c'était vrai !
_________________
Youp...youp...youp...
Calico
Sa main dans les siennes, Asphodelle la soignait. Cela lui rappelait le moine qui l'avait suturée et bandée en Touraine où se déroula sa convalescence en suivant Eusaias. A en croire ses paroles, aujourd'hui encore c'était une fervente croyante qui l'avait soignée.
Calico était athée ou plutôt elle croyait en une chose, elle.
La vie ne lui avait jamais fait de cadeau et elle se dit que forcément le Très haut n'existait pas sinon il serait venue l'aider.

La croyante et l'impie étaient réunies aujourd'hui et avaient été réunies sans le savoir autour d'un homme qui changea leur vie. C'était encore un point commun étonnant.

Asphodelle se livra tout en désinfectant la blessure à la main de la Sauterelle. Calico écoutait les paroles de la jeune femme comme si elle buvait de l'eau au ruisseau après une longue traversée du désert. Elle sentait qu'Asphodelle ouvrait son coeur et que ce n'était pas une habitude. Calico plongea dans ce coeur ouvert, touchée par ce récit emprunt d'une belle aura d'amour et de partage.

Elle repensa à son Roy. Cela lui faisait du bien mais lui faisait mal en même temps. Sur son lit de mort, elle était présente alors qu'il rendait son dernier souffle. Lui le fort, le corbeau, le puissant, avait cessé de respirer. Inerte....Son coeur se serrait si fort que c'était comme si tout le sang partait instantanément du corps de la brunette. Elle l'avait tant aimé et elle ne savait pas si il en avait été conscient. A cet instant, elle pensa que peut être cela ferait plaisir à Asphodelle de voir son trésor. Les reliques du Roy qu'elle gardait plus jalousement que si c'était le Saint Suaire. Une phalange du Roy qu'il lui avait donné via son testament. Il était peut être trop tôt pour partager ce moment.

La rouquine parlait si bien. L'écouter était comme écouter un rossignol. Elle était faite pour partager. Calico n'était pas croyante et pourtant elle ressentait toutes les émotions que lui faisait partager Asphodelle. C'était si chaleureux. Son regard d'azur virevoltait entre sa main qui peu à peu ne lui faisait plus mal et son hôtesse qui se confiait. A aucun moment le chevalier ne l'interrompit. Cette histoire était sans doute une des plus belle qui lui avait été donnée d'entendre puis déjà la fin. Calico en aurait bien écouter pendant des heures sans se lasser.

Apshodelle s'arrêta et un sachet d'herbes fut donné. Calico la regarda intensément comme rarement elle avait regardé une personne. Peu de personne dans sa vie n'avait eu un véritable impact sur la brunette, peu de personne avec un aura qui brille comme une douce lumière qui ne fait pas mal aux yeux quand on la regarde mais qui, au contraire, apaise.


Vous m'avez fait partager une belle histoire Apshodelle. Vraiment belle.

Elle soupira assez fortement pour faire osciller ses épaules.

J'ose vous dire que je ne suis pas croyante. Je ne dois pas être une personne assez bonne, ou assez importante pour que Dieu s'intéresse à moi. Il ne m'a jamais guidée. Vous savez quand j'étais enfant....

C'était la première fois que la Sauterelle s'épanchait sur son passé.

...Je priais. Oh! je ne disais pas des choses bien intelligentes mais je lui disais que j'aimerais bien qu'il me fasse monter vers lui pour être heureuse ou quelques fois, je lui demandais qu'il me trouve une famille, ou qu'il fasse que j'ai chaud quand c'était l'hiver.

Elle sourit un peu tristement.

Le genre de bêtises que demandent les enfants seuls surement, mais jamais il n'a fait quelque chose. J'ai du toujours compter sur moi.
Alors je crois en moi et je sais que si j'ai faim, froid, ou quoi que ce soit, moi seule pourra y pourvoir mais en écoutant votre histoire, je me dis qu'il n'était pas auprès de moi mais qu'il avait l'air d'être auprès de vous.
Vous semblez proche de lui que s'en est émouvant. Je ne vais jamais à l'église, je me souviens pas y être vraiment rentrée.

Si elle s'en souvenait mais péchait par omission puisqu'elle n'allait pas dire à Asphodelle qu'elle pillait les tronc des églises quand elle était bien jeune pour subsister.
Même si elle était débrouillarde et faisait preuve d'une certaine intelligence, la pauvre Sauterelle était bien inculte sur certains sujets, dont la religion.

J'ai déjà vu la Reyne Agnès prier avec la rouge mais ce n'était pas dans une église. Je n'ai jamais trop cru à ce genre de chose mais ça semble leur faire du bien. J'ai dit un jour à ma Reyne que si je voyais trois miracles, alors je changerais d'avis et je me mettrais à croire.
J'ai décidé que mettre Eusaias sur mon chemin avait été un miracle mais il y en eu pas d'autres au contraire, le Très Haut me l'a arraché alors qu'il avait tant à faire. Il était bon et il voulait que la France brille au firmament mais au lieu de cela Rome l'a épuisé.


Asphodelle était assise à ses côtés, Calico se sentit très proche d'elle au point de la prendre dans ses bras mais l'espace qu'elle mettait entre elle et les gens en général prit le dessus et elle n'en fit rien.

Alors, nous avons un homme en commun que nous avons aimé.

Son Corbeau magnifique....

Vous êtes une belle personne Asphodelle. Ne laissez personne vous dire le contraire et vous ferez une maman merveilleuse.

Elle lui montra sa mimine bandée en la bougeant devant ses yeux et son sourire en dit long.

C'est gentil à vous. Je vous promets de soigner cela. Je ne tiens pas à attraper la gangrène, j'ai envie de mourir vieille, ça serait le luxe absolu.

La Sauterelle se mit à rire.

Mais je mourais jeune, on m'a dit ça une fois en me faisant les lignes de la main.

La brunette redevint sérieuse.

Asphodelle, je suis désolée pour votre serrure mais je ne pourrais terminer le travail du coup. Je...Comment dire.

Dans sa tête, les mots moulinèrent pour trouver une issue.

J'ai passé un moment vraiment peu ordinaire. Il faudra que je vous raconte ma rencontre avec Eusaias et combien cela à changer ma vie à moi aussi mais cela nous permettra de nous revoir lors d'une prochaine rencontre.

Calico avait trouvé en Asphodelle une amie, du moins c'est ce qui s'en approchait le plus sachant que Calico n'avait que peu d'amis, voir très peu, voir très très peu...


_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)