Asphodelle
Elle écoute la jeune femme, et sans doute y avait-il un fond de cette lucidité propre à faire plier les combattants, car entre le regard de Calico et ses mains jointes sur ses cuisses, il y eut de nombreux allers-retours.
Tout était fragile, comme une membrane d'oeuf. C'était une course à travers bois. Les sentiers filent sous les pas, planqués sous les fougères. Rapidement, tout ce que l'on regarde est égal, un arbre est comme un autre, le genévrier est le même que celui croisé au dernier embranchement...rapidement, on se perds.
Telle était la vie à la recherche véritable du Très-haut. Une suite constante de doutes, et de chemins proposés.
On s'écorche les genoux sur les ronciers, son visage est fouetté par les brindilles, rien jamais, n'est en paix. Et quoiqu'il arrive, on avance, on avance....Mais où est donc, cette vérité que l'on nous promet quand tout saigne? Où sont donc ces éclats de paix dont on nous abreuve par les crédos, les chants sacrés, les phrases bienheureuses de Saints martyrisés pour avoir accès à ce Paradis qui semble si loin, et si près? Où est donc la route, celle qu'Il veut et celle où l'on sait que tout au bout, le sourire du Créateur vous accueillera? Car dans ce monde de fureur, tout le monde hurle et fait du bruit, à chacun sa Foy sera la plus belle, la plus vraie, celle qui est juste et qui est sorti du sein de Dieu ! Tous laisse exploser leur opposition et c'est le fer qui croise au final, et c'est lui qui soumet, c'est le fer qui oblige les masses, qui leur fait plier la nuque ! Où est le Très-haut dans toutes ces turpitudes, quand il dit à ses Créatures de l'aimer seulement, et de s'aimer les unes les autres?
"Paix, paix, il n'y à pas de paix"...et non....il n'y avait pas de paix.
Alors Asphodelle ne juge pas Calico.
Son coeur se serre pour elle, petite fille perdue et courageuse, qui brave la vie l'air de rien. Chevalier et guerrière sans en faire des tonnes, quand d'autres ont besoin de vivre dans des armures clinquantes et dont il faut bien entendre le cliquetis des plates, remarquer combien large est l'épaulière, et combien le plastron est luisant. Calico traverse ce monde, loyale, et droite sur sa ligne. Et c'est cela, qu'Asphodelle a lu dans ce visage à la peau claire : cette fragilité que dessine une vie peu facile, et cette force qu'elle a su extraire de ces embûches. Un regard peu sûr sur les grandes affaires spirituelles, dont le charivari étourdit, mais le coeur humble. Une main qui se laisse soigner sans protestations, mais une main qui peut brandir la lance et se jeter dans la bataille et à nul autre ne va autant de vaillance !
Alors que Calico se tenait là, persuadée d'être malaimée du Créateur, le coeur d'Asphodelle lui criait tout autre chose. La certitude en était si poignante, qu'un doux sourire heureux n'eut rien besoin d'autres pour naître naturellement.
Et c'est absolument convaincue, qu'elle serra l'épaule de la jeune femme, et qu'elle lui assura la chose suivante :
En réalité, Calico....si Dieu devait choisir ici entre vous et moi, pour entrer en Paradis, tandis que l'autre devrait peiner encore pour le trouver...ce serait vous qu'il choisirait, sans l'once d'une hésitation. Et son choix serait juste, vraiment juste....oh oui...tellement juste.
Elle souriait encore, d'une joie sincère de savoir l'âme de la jeune fille si affectionnée du Créateur, et ce, sans que la moindre sensation de doute ne puisse l'en détourner. Elle l'ignorait, parce qu'elle se trouvait toute petite, et trop insignifiante pour le Tout-Puissant, mais pourtant....Dieu n'avait que faire des énervés, des forcenés, de ceux qui brandissent sa volonté à tout bout de champ, comme si ce fut une pièce de vaincu à exhiber en vainqueur...sa volonté ! et qu'est-ce qu'ils en savent ces Jean-foutre de la gouaille de bénitier de ce qu'il veut ?! Il leur envoie un pli tous les matins envoyé en recommandé direct missioné par un Archange lorsqu'ils ont le cul sur les chiottes peut-être? Dieu aime les âmes douces, qui se voient petites alors qu'il les voit si grandes. Dieu aime ceux qui doutent, mais qui continuent de l'aimer quand même, à leur manière.
C'était rare de rencontrer un être si peu pétri de vanité. Tout le contraire de ce qui chute lourdement, et qui meurt dans l'organique de leur matière.
Asphodelle était devenue compliquée. Elle ne regrète encore aujourd'hui pas ses choix, ni même sa carrière, passée, et celle d'aujourd'hui, mais elle était devenue elle aussi, une brandisseuse de pièce de vaincu, exhibée en vainqueur. Elle n'était pas parmi les créatures les plus aimées du Créateur. Ce qu'elle défendait actuellement lui semblait juste, mais elle s'abimait dans ce qui précisément, devait lui permettre de continuer la lutte : la fierté !
Elle le savait d'autant plus qu'elle ne put que se trouver irradiée par cette innocence qui était venue poser sa serrure, et qu'elle avait perdu, il y à si longtemps.
Calico la voyait comme une belle personne...mais elle se garde bien de lui dire qu'elle se sentait parfois ne rien valoir de mieux que "les autres". Pour autant, le compliment la toucha profondément malgré son jugement sur elle-même : ces tronches de fromage blanc clairsemés d'inquiétudes tenaces sur leur valeur, ça ne sait jamais être en paix avec soi-même.
J'ai hâte de savoir comment vous avez rencontré Feue Sa Majesté. Elle eut un sourire peu convaincu..."Feue"...mais moi je dis, que tant que son oeuvre est debout, il est encore vivant !...derrière son sourire elle laissa flamber un instant le ravage brûlant de sa détermination : et je ne la laisserai pas s'effondrer sans me battre ! Ceux qui l'affublent de leur colère pour avoir agit comme des ânes quand il fallait agir comme des anges, je ne les laisserai pas l'imprimer dans l'Histoire comme un Anti-Roy ! Et en réponse à leur vue courte et à l'étroitesse de leur raisonnement, un jour, j'en ferai un Saint ! La menthe de son regard s'était tourmentée d'un ciel d'orage, un court instant...parce que...ça tombe bien, "me battre", c'est tout ce que je sais faire de ma foutue vie ! Mais elle se mit quand même à rire, se moquant de sa propre ritournelle. Surtout la tronche de la Curie devant une annonce faisant du Blanc-Combaz un Saint...alors là c'était sûr : c'était pas le Super-Anathema qu'elle prenait, c'était le Giga-Supra-Anathema Super Plus 2000 ! Wouualou le bûcher !
Elle se retourne et prends une petite bourse déposée sous son oreiller. Puis elle se lève et prends la bassine d'eau, la posant sur sa hanche ronde :
Ne vous en faites donc pas, pour ma serrure. Même si pas accrochée, elle est magnifique. Vous reviendrez quand vous serez guérie, nous aurons ainsi l'excuse pour nous retrouver. Tendant la bourse : et ça, c'est pour votre peine. Les deux. Prenez ou vous me fâcherez. Les jeunes filles ont besoin d'argent pour un tas de choses que les mecs n'ont pas ! et même si vous n'en avez pas besoin, c'est pas grave...par principe, une jeune fille a quand même besoin d'un tas de choses que les mecs n'ont pas ! même quans elle n'a besoin de rien !
Adage Asphodellien pur premium.
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Youp...youp...youp...
Tout était fragile, comme une membrane d'oeuf. C'était une course à travers bois. Les sentiers filent sous les pas, planqués sous les fougères. Rapidement, tout ce que l'on regarde est égal, un arbre est comme un autre, le genévrier est le même que celui croisé au dernier embranchement...rapidement, on se perds.
Telle était la vie à la recherche véritable du Très-haut. Une suite constante de doutes, et de chemins proposés.
On s'écorche les genoux sur les ronciers, son visage est fouetté par les brindilles, rien jamais, n'est en paix. Et quoiqu'il arrive, on avance, on avance....Mais où est donc, cette vérité que l'on nous promet quand tout saigne? Où sont donc ces éclats de paix dont on nous abreuve par les crédos, les chants sacrés, les phrases bienheureuses de Saints martyrisés pour avoir accès à ce Paradis qui semble si loin, et si près? Où est donc la route, celle qu'Il veut et celle où l'on sait que tout au bout, le sourire du Créateur vous accueillera? Car dans ce monde de fureur, tout le monde hurle et fait du bruit, à chacun sa Foy sera la plus belle, la plus vraie, celle qui est juste et qui est sorti du sein de Dieu ! Tous laisse exploser leur opposition et c'est le fer qui croise au final, et c'est lui qui soumet, c'est le fer qui oblige les masses, qui leur fait plier la nuque ! Où est le Très-haut dans toutes ces turpitudes, quand il dit à ses Créatures de l'aimer seulement, et de s'aimer les unes les autres?
"Paix, paix, il n'y à pas de paix"...et non....il n'y avait pas de paix.
Alors Asphodelle ne juge pas Calico.
Son coeur se serre pour elle, petite fille perdue et courageuse, qui brave la vie l'air de rien. Chevalier et guerrière sans en faire des tonnes, quand d'autres ont besoin de vivre dans des armures clinquantes et dont il faut bien entendre le cliquetis des plates, remarquer combien large est l'épaulière, et combien le plastron est luisant. Calico traverse ce monde, loyale, et droite sur sa ligne. Et c'est cela, qu'Asphodelle a lu dans ce visage à la peau claire : cette fragilité que dessine une vie peu facile, et cette force qu'elle a su extraire de ces embûches. Un regard peu sûr sur les grandes affaires spirituelles, dont le charivari étourdit, mais le coeur humble. Une main qui se laisse soigner sans protestations, mais une main qui peut brandir la lance et se jeter dans la bataille et à nul autre ne va autant de vaillance !
Alors que Calico se tenait là, persuadée d'être malaimée du Créateur, le coeur d'Asphodelle lui criait tout autre chose. La certitude en était si poignante, qu'un doux sourire heureux n'eut rien besoin d'autres pour naître naturellement.
Et c'est absolument convaincue, qu'elle serra l'épaule de la jeune femme, et qu'elle lui assura la chose suivante :
En réalité, Calico....si Dieu devait choisir ici entre vous et moi, pour entrer en Paradis, tandis que l'autre devrait peiner encore pour le trouver...ce serait vous qu'il choisirait, sans l'once d'une hésitation. Et son choix serait juste, vraiment juste....oh oui...tellement juste.
Elle souriait encore, d'une joie sincère de savoir l'âme de la jeune fille si affectionnée du Créateur, et ce, sans que la moindre sensation de doute ne puisse l'en détourner. Elle l'ignorait, parce qu'elle se trouvait toute petite, et trop insignifiante pour le Tout-Puissant, mais pourtant....Dieu n'avait que faire des énervés, des forcenés, de ceux qui brandissent sa volonté à tout bout de champ, comme si ce fut une pièce de vaincu à exhiber en vainqueur...sa volonté ! et qu'est-ce qu'ils en savent ces Jean-foutre de la gouaille de bénitier de ce qu'il veut ?! Il leur envoie un pli tous les matins envoyé en recommandé direct missioné par un Archange lorsqu'ils ont le cul sur les chiottes peut-être? Dieu aime les âmes douces, qui se voient petites alors qu'il les voit si grandes. Dieu aime ceux qui doutent, mais qui continuent de l'aimer quand même, à leur manière.
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Asphodelle était devenue compliquée. Elle ne regrète encore aujourd'hui pas ses choix, ni même sa carrière, passée, et celle d'aujourd'hui, mais elle était devenue elle aussi, une brandisseuse de pièce de vaincu, exhibée en vainqueur. Elle n'était pas parmi les créatures les plus aimées du Créateur. Ce qu'elle défendait actuellement lui semblait juste, mais elle s'abimait dans ce qui précisément, devait lui permettre de continuer la lutte : la fierté !
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J'ai hâte de savoir comment vous avez rencontré Feue Sa Majesté. Elle eut un sourire peu convaincu..."Feue"...mais moi je dis, que tant que son oeuvre est debout, il est encore vivant !...derrière son sourire elle laissa flamber un instant le ravage brûlant de sa détermination : et je ne la laisserai pas s'effondrer sans me battre ! Ceux qui l'affublent de leur colère pour avoir agit comme des ânes quand il fallait agir comme des anges, je ne les laisserai pas l'imprimer dans l'Histoire comme un Anti-Roy ! Et en réponse à leur vue courte et à l'étroitesse de leur raisonnement, un jour, j'en ferai un Saint ! La menthe de son regard s'était tourmentée d'un ciel d'orage, un court instant...parce que...ça tombe bien, "me battre", c'est tout ce que je sais faire de ma foutue vie ! Mais elle se mit quand même à rire, se moquant de sa propre ritournelle. Surtout la tronche de la Curie devant une annonce faisant du Blanc-Combaz un Saint...alors là c'était sûr : c'était pas le Super-Anathema qu'elle prenait, c'était le Giga-Supra-Anathema Super Plus 2000 ! Wouualou le bûcher !
Elle se retourne et prends une petite bourse déposée sous son oreiller. Puis elle se lève et prends la bassine d'eau, la posant sur sa hanche ronde :
Ne vous en faites donc pas, pour ma serrure. Même si pas accrochée, elle est magnifique. Vous reviendrez quand vous serez guérie, nous aurons ainsi l'excuse pour nous retrouver. Tendant la bourse : et ça, c'est pour votre peine. Les deux. Prenez ou vous me fâcherez. Les jeunes filles ont besoin d'argent pour un tas de choses que les mecs n'ont pas ! et même si vous n'en avez pas besoin, c'est pas grave...par principe, une jeune fille a quand même besoin d'un tas de choses que les mecs n'ont pas ! même quans elle n'a besoin de rien !
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