--Adryan
*Multatuli
La patience était une vertu bien rare chez le Castillon. Pourtant, invraisemblablement, il en avait fait preuve durant les trois jours quil avait délibérément laissés trainer depuis cette fameuse soirée où un honteux attrape-nigaud avait vu le jour au bar du lupanar. Si la tapette à souris sétait vilainement refermée sur les doigts castillons, elle avait néanmoins échoué à lui happer le poignet tout entier. Des deux comploteurs, Alphonse avait été le seul démasqué, bien que les raisons de cette pantomime demeurent opaques à la clairvoyance discutable dAdryan. Sybil, quant à elle, bénéficiait de la naïveté nobiliaire à croire que lamitié se dédouanait des mufleries, fourberies et autres bassesses du même acabit.
Dans lesprit dAdryan, les choses étaient limpides. La blondine, dans sa candeur de jeune fille en fleur nayant jamais rien connu dautre que les complotages et le sordide des bordels, sétait, - Dieu seul sait comment - entichée du comptable. Et le comptable, pour une raison plus hermétique encore que les astuces de Cupidon, se jouait de cet attachement, feignant une violence qui, malgré tous les efforts déployés pour la rendre crédible, navait pu duper le nobliau. Il nen restait pas moins que Sybil était manipulée, et Adryan, en bon crédule quil était, sen outrageait.
Mais toute patience, et en premier celle dAdryan, avait ses limites. Trois jours à se torturer les méninges étaient largement suffisants, alors même que, paranoïaque en puissance, la sincérité de Camille, quand elle recourait à la drogue pour se dévoiler et soffrir, se voyait remise en question à grands coups de massue dans le cur. Mais de cela, il était bien évidement impensable den parler à la Concernée sans se dévoiler lui-même bien plus quil ne lacceptait. Mettre les choses au clair avec la blonde nétait pas plus concevable. Celle-ci faisait preuve dune réserve dopiniâtreté impressionnante à lui faire la gueule. Par ailleurs, il devait bien avouer que cette bouderie interminable ne lincitait guère à lamabilité et aux câlineries de tous poils ou plumes. Définitivement, les femmes, quelles soient amies ou aimées avec déraison, étaient les pires maux sur terre.
Ne restait donc plus quAlphonse pour le soulager de quelques-uns de ces obsédants interrogatoires intérieurs. Alphonse. Cet homme que, depuis noël, Adryan évitait soigneusement, soucieux du risque de retrouver dans ce visage détesté, léclat qui lui avait fait perdre la raison dans une débauche des sens aussi éphémère que bestiale. Losmose charnelle découverte, le plaisir pris et repris, navaient quenflé le dédain comme un furoncle purulent, menaçant à tout instant de déverser son pus sur le précaire équilibre maintenu à grand renfort de contenance des deux hommes. Plus aveuglé que jamais par sa morgue, tous les mots qui sortiraient de la bouche du comptable, nauraient aux yeux du noble que lapanage dune fiente mensongère et fourbe.
Pourtant, adossé dans le couloir menant au bureau du comptable où il ne manquerait de porter ses pas nonchalants, Adryan lattendait, tête baissée et bras croisés. Calme. Bien trop calme.
La patience était une vertu bien rare chez le Castillon. Pourtant, invraisemblablement, il en avait fait preuve durant les trois jours quil avait délibérément laissés trainer depuis cette fameuse soirée où un honteux attrape-nigaud avait vu le jour au bar du lupanar. Si la tapette à souris sétait vilainement refermée sur les doigts castillons, elle avait néanmoins échoué à lui happer le poignet tout entier. Des deux comploteurs, Alphonse avait été le seul démasqué, bien que les raisons de cette pantomime demeurent opaques à la clairvoyance discutable dAdryan. Sybil, quant à elle, bénéficiait de la naïveté nobiliaire à croire que lamitié se dédouanait des mufleries, fourberies et autres bassesses du même acabit.
Dans lesprit dAdryan, les choses étaient limpides. La blondine, dans sa candeur de jeune fille en fleur nayant jamais rien connu dautre que les complotages et le sordide des bordels, sétait, - Dieu seul sait comment - entichée du comptable. Et le comptable, pour une raison plus hermétique encore que les astuces de Cupidon, se jouait de cet attachement, feignant une violence qui, malgré tous les efforts déployés pour la rendre crédible, navait pu duper le nobliau. Il nen restait pas moins que Sybil était manipulée, et Adryan, en bon crédule quil était, sen outrageait.
Mais toute patience, et en premier celle dAdryan, avait ses limites. Trois jours à se torturer les méninges étaient largement suffisants, alors même que, paranoïaque en puissance, la sincérité de Camille, quand elle recourait à la drogue pour se dévoiler et soffrir, se voyait remise en question à grands coups de massue dans le cur. Mais de cela, il était bien évidement impensable den parler à la Concernée sans se dévoiler lui-même bien plus quil ne lacceptait. Mettre les choses au clair avec la blonde nétait pas plus concevable. Celle-ci faisait preuve dune réserve dopiniâtreté impressionnante à lui faire la gueule. Par ailleurs, il devait bien avouer que cette bouderie interminable ne lincitait guère à lamabilité et aux câlineries de tous poils ou plumes. Définitivement, les femmes, quelles soient amies ou aimées avec déraison, étaient les pires maux sur terre.
Ne restait donc plus quAlphonse pour le soulager de quelques-uns de ces obsédants interrogatoires intérieurs. Alphonse. Cet homme que, depuis noël, Adryan évitait soigneusement, soucieux du risque de retrouver dans ce visage détesté, léclat qui lui avait fait perdre la raison dans une débauche des sens aussi éphémère que bestiale. Losmose charnelle découverte, le plaisir pris et repris, navaient quenflé le dédain comme un furoncle purulent, menaçant à tout instant de déverser son pus sur le précaire équilibre maintenu à grand renfort de contenance des deux hommes. Plus aveuglé que jamais par sa morgue, tous les mots qui sortiraient de la bouche du comptable, nauraient aux yeux du noble que lapanage dune fiente mensongère et fourbe.
Pourtant, adossé dans le couloir menant au bureau du comptable où il ne manquerait de porter ses pas nonchalants, Adryan lattendait, tête baissée et bras croisés. Calme. Bien trop calme.